suisse suisse - Midnight Sun Gallery

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suisse suisse - Midnight Sun Gallery
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SUISSE
SUISSE
LE MATIN SAMEDI 6 FÉVRIER 2016
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SAMEDI 6 FÉVRIER 2016 LE MATIN
LA BEAUTÉ SAISIE
DANS LE FROID
PHOTOGRAPHIE Surgis du blanc, les animaux polaires figés par l’objectif de Vincent Munier deviennent des estampes. Des images sublimes qui appellent à préserver la nature.
il aime plus que tout
se perdre dans les
déserts glacés, ce
n’est pas par masochisme. Le photographe animalier Vincent Munier
aime ces contrées hostiles où,
pourtant, des espèces résistent et
S’
survivent. Pour trouver le loup
blanc, que personne n’avait plus
immortalisé depuis 25 ans, il n’hésite pas à partir seul, des semaines,
avec un traîneau, sur les pistes de
ses proies. C’est autant une traque
de la beauté sauvage qu’une recherche personnelle sur lui-même.
De ce travail de plusieurs années, la plupart du temps en solitaire, il en a tiré un livre, «Arctique». Mais sa plus récente expédition l’a emmené à l’opposé du
globe, en Antarctique. «J’ai été
invité dans le cadre du projet
Wild-Touch, du réalisateur de
«La marche de l’empereur», Luc
Jacquet.» L’idée était de donner
carte blanche, c’est le cas de le
dire, à des photographes et réalisateurs pour mettre en avant le
manchot empereur.
La curiosité des manchots
Pas évident, pour le solitaire vosgien Vincent Munier de se
retrouver trois mois
avec une équipe
d’une dizaine de
personnes et des
scientifiques dans
«ARCTIQUE»
Ed. Kobalann
Expo «Arctique/Antarctique», Galerie
Midnight Sun, à Morges (VD), jusqu’au 12 mars
Photos Vincent Munier, Yvain Genevay
PHOQUE BARBU Malgré son nom, c’est la moustache de cet animal de l’Arctique que
Vincent Munier prend en gros plan. L’une de ses rares photos où le blanc ne domine pas.
g Comme ils ne sont
OURS POLAIRES C’est le seul animal que Vincent Munier n’a pas approché directe­
ment. Les photos sont prises depuis un bateau, car le risque d’attaque est trop grand.
pas chassés, ces animaux se laissent
approcher»
Vincent Munier, photographe
la base de terre Adélie. «Mais j’ai
inversé mes horaires, partant la
nuit à la rencontre des manchots.»
Et, contrairement à l’Arctique, pas
besoin de traquer ces animaux. «Je
ne m’éloignais pas à plus de 5 km de
la base. Quand ils me voyaient arriver, debout comme eux, ils s’approchaient, curieux, mais pas effrayés, car ils ne sont pas chassés.»
La difficulté n’était donc pas
dans l’approche, mais dans la
beauté de l’image. «Contrairement à d’autres brèves rencontres,
ici j’avais tout le temps et me trouvais au milieu d’eux. Il fallait donc
trouver des angles différents.
J’adorais les moments de tempête,
car ils disparaissaient presque
dans le blanc. Ce qui m’a le plus
touché chez eux, c’est leur solidarité, leur manière de se regrouper
pour se protéger du froid.»
Des dangers pèsent sur la nature,
dont le réchauffement climatique.
Mais Vincent Munier n’est ni un
scientifique ni un photojournaliste. «Je n’aime pas photographier
les drames ou les dégâts causés par
l’homme. Je cherche à montrer la
beauté du monde, dans l’espoir
qu’elle sensibilise les gens.»
Ses photos, en tout cas, sont appréciées et se vendent cher.
«C’est, avec les livres, ma seule
façon de financer mes expéditions.
Les gens qui les achètent sont donc
un peu mes mécènes.»
● MICHEL PRALONG
[email protected]
MANCHOTS EMPEREURS Passant des heures au milieu d’eux, le photographe privilégiait les moments de tempête, qui les faisaient ressortir tels des fantômes.

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