philosophant, considèrent la Nature comme Ie premier principe, ou

Transcription

philosophant, considèrent la Nature comme Ie premier principe, ou
JACQUES BARRAU
Écosystèmes,
Le
point
civilisations et sociétés humaines :
de vue d’un naturaliste
Sans doute cette 6tiquette de naturaliste dont je me pare, parce que faisant
de I’histoire naturelle, prete-t-elle aujourd’hui à l’équivoque : les r6cents et
pr6sents d6bats sur les rapports Homme f Nature suscit6s par les interrogations
6cologiques d’une humanit6 inqui6te de ses chances de survie ont en effet permis un puissant retour d’un naturalisme iddologique qu’illustrent bien, par
exemple, les dernidres prises de position d’un Serge Moscovici 1.
Voici donc A nouveau confondus sous un meme vocable, ceux qui, comme
moi, font m6tier d’6tudier et classer objets et pb6nom6nes naturels et ceux qui,
philosophant, considèrent la Nature comme Ie premier principe, ou qui pr6conisent I’llensauvagement&dquo; comme seule voie de salut offerte aux hommes de
notre siecle!
L’homme exclu de la nature et la c3eshumanisation des sciences natoreHes
p6res anciens de I’histoire naturelle que je professe avaient une approche
holistique des 6v6nements et objets qu’ils observaient, I’homme n’6tant point
exclu de la Nature qu’ils 6tudiaient et interprétaient : chacune des plantes
inscrites au livre sacr6 de 1’Hermes Trism6giste avait ainsi des correspondances
dans la sphere c6leste, le règne animal et Ie règne min6ral, des ressemblances
humaines, r6gissait organes et fonctions humaines, justifiait des interdits alimentaires, etc. Bref, les hommes 6taient int6grds a une Nature alors magique.
Yinrent des penseurs de la Gr6ce antique qui s6par~rent et oppos6rent
faut-il 1’ecrire?
Homme et Nature, esprit et mati~re, et ce courant
Les
-
-
s’accentua a 1’ere chr6tienne.
Dans son effort de mise en ordre de la Nature, 1’histoire naturelle alla de
son cote se sp6cialisant mais, pr6occup6e de pratique et d’applications, elle mit
du temps a se detacher de 1’Homme. Cependant, 6tudiant de plus en plus objets
et ph6nom~nes naturels en eux-memes et pour eux-memes, les sciences naturelles qui se developpaient ainsi en vinrent, au 18e siecle, a chasser elles aussi
22
I’Homme de la Nature tout en se d6marquant des futures sciences humaines,
tandis qu’elles s6paraient les objets de leurs etudes sans trop se pr6occuper de
leurs interrelations. On aboutit progressivement a une telle atomisation des
connaissances que des savants en vinrent a s’interroger sur les moyens
possibles d’assembler les pi8ces innombrables du puzzle issu de cette sp6cialisation. D’ou par exemple en 1865, les interrogations d’un Tremaux 3 qui,
comme celles de Cuvier, m6ritarent la critique de Marx et d’Engels. Peu apres,
Haeckel,
en
1869, inventait 1’ecologie.
Perspective nouvelle ouverte aux sciences de la Nature, cette écologie eut
cependant bien du mal a prendre en compte les hommes et leurs activit6s, si
c’est encore souvent Ie cas aujourd’hui
ce n’est en les consid6rant
comme
perturbateurs du cours normal des choses d’une Nature devenue pour Ie moins
chim6rique!t
Pare de la pens6e occidentale, Socrate avait affirm6 que le destin de I’Homme
dchappe au monde et l’id6e avait fait 6cole! Aussi n’6tait-it gu8re possible
dans nos civilisations d’envisager que les hommes puissent Etre plus ou moins
soumis aux lois de Ia Nature; la vive reaction &dquo;possibiliste&dquo; aux exces m6ca-
-
,
nistes du &dquo;d6terminisme&dquo; ratzelien est donc d’autant moins surprenante que
le simplisme de cette premi6re d6marche 6cologique en sciences humaines pretait fort a critiques fondees.
Tout ceci fit que, jusqu’a un bien proche hier, gens des sciences naturelles et
gens des sciences humaines, dans leur majorite, se refusaient a envisager d’un
point de vue 6cologique les hommes, leurs soci6t6s et civilisations.
Une
exception : la dimarche 6cologique de 1’anthropologie
americaine
Pourtant, au cours du premier quart de ce siecle, outre-Atlantique ou 1’anthropogéographie de Ratzel avait trouv6 6cho, quelques chercheurs en sciences
humaines, C. Wissler par exemple 4, avaient sugg6r6 1’existence de possibles
entre la distribution de traits culturels et les conditions du
milieu naturel. Ces timides propos 6cologiques furent un temps couverts par
la grosse voix du fameux anthropologue A.L. Kroeber, possibiliste affirme,
qui, tirant argument du fait qu’en milieux identiques on trouvait des cultures
différentes, affirma 5 que &dquo;les causes imm6diates de ph6nom6nes culturels
sont d’autres ph6nom~nes culturels&dquo;.
Surtout apr6s la derniere guerre s’affirma cependant aux États-Unis une
nette tendance a prendre en compte une perspective dcologique dans 1’analyse
anthropologique. C’est alors qu’apparut l’icologic culturelle de Julian Steward 6, puis 1’etfino-ecologie liée à l’école d’ethnoscience qui se forma autour
de chercheurs tels H.C. Conklin, C. Frake, W. Sturtevant 7, puis enfin une
école ecologiste en anthropologie autour de chercheurs tels A.P. Vayda et
Roy A. Rappaport 8.
Si je me suis un peu 6tendu sur ce qui s’est pass6 outre-Atlantique en matière
correspondances
-
23
d’6cologie en sciences humaines, ce n’est pas pour sacrifier a quelque snobisme
am6ricanomane. En fait, il faut, je crois, s’arreter aux raisons de ces developpements dont l’impact a ete sensible hors des Etats-Unis, meme chez nous of
pourtant Ie dogme possibiliste interdit longtemps toute interpretation tant
soit peu
6cologique
Les raisons
En
en
possibles
mati6res humaines.
de
IlinterdiscipHnarit6 amiricaine
du
Nord, 1’adoption de perspectives 6cologiques en sciences
doute due, du moins en partie, au fait que les exigences
technologiques pionnieres de la mise en exploitation de 1’espace nord-amdri-
Amdrique
humaines fut
sans
cain conduisirent vite a des inventaires de 1’environnement naturel et de ses
ressources. En traductions cartographiques, ils facilit8rent des comparaisons
avec les donn6es socio-culturelles fournies par les etudes des soci6t6s am6rindiennes entreprises parall6lement aux pr6c6dentes dans des buts qui ne
furent pas toujours d6sint6ress6s. La population autochtone avait d’ailleurs
tr6s t6t retenu 1’attention blanche ne serait-ce que parce qu’elle 6tait une gene
a l’implantation europ6enne, et on 1’etudia donc. La diversite des soci6t6s
am6rindiennes et leur distribution dans les vastes 6tendues nord-am6ricaines
firent qu’on disposa assez tot d’une somme de donn6es pretant a comparaison.
Ceci peut expliquer d’ailleurs la d6marche de Lewis H. Morgan 9, qui, Ie fait
m6rite d’etre iappel6, ne negligea point les bases mat6rielles de la vie des
soci6t6s qu’il etudia.
Bref, outre-Atlantique, la s6gr6gation entre sciences naturelles et sciences
humaines parait avoir 6t6 moins accentu6e que chez nous. A cet 6gard, il est
significatif de constater que, il y a plus d’un demi-si6cle, I’anthropologue
C. Wissler cite plus haut, se soit servi dans ses recherches comparatives des
cartes climatiques et floristiques dress6es par la Ecological Society of America.
Presque au meme moment, paraissaient d’ailIeurs les notes du botaniste et
agronome E. Lewis Sturtevant sur les plantes alimentaires 1°, notes qui, dans
leur forme originelle, comportaient une masse de donn6es ethnologiques et
linguistiques.
Il est tout aussi significatif que, a la fin du siecle dernier, 1’ethnobotanique
ait ete inventee par le botaniste et g6n6ticien Harshberger parce que des arch6ologues lui soumirent des restes v6g6taux provenant d’un site amerindien protohistorique. J’ai d6jh signale dans cette meme publication 11, l’origine am6ricaine de cette efhnobotaniqzie mais aussi de 1’etlznozoologie, de l’ethnobiologie,
liste a laquelle on pourrait ajouter 1’ethno6cologie et 1’etlrfroscie~rre plus haut
cit6es. Tout ceci pour dire qu’il y cut aux Etats-Unis un d6veloppement pr6coce
d’une interdisciplinarit6 en sciences humaines.
La formation scolaire am6ricaine parait d’ailleurs mieux pr6parer les futurs
6tudiants des universit6s a aborder leurs sp6cialisations a venir avec un bagage
24
pluridisciplinaire cons6quent; 1’aeuvre d’un H.C. Conklin est ainsi marqu6e
par les connaissances naturalistes de cet anthropologue.
Il se peut aussi que, dans la soci6t6 universitaire am6ricaine, les pressions
magistrales n’aient pu s’exercer comme chez nous au point de longtemps
interdire ou .de fort ganer 1’exploration d’avenues nouvelles en sciences
humaines quand celle-ci s’6cartait de la voie suivie par les maitres qui faisaient
ou d6faisaient les carrieres et n’aimaient guere qu’on ne respectat point les
divisions disciplinaires consacr6es par le bon usage acad6mique!
Le durable
probl~me
des rapports
Nature/Culture
Ce que je viens d’6crire ne doit pas faire penser que, aux ttats-Unis, ces sciences
humaines succomb~rent pour autant et tcujours aux tentations du d6terminisme
extreme ou du biologisme. Meme le geographe Ellsworth Huntington 12 , qui
commit pourtant bien des bevues m6canistes, admettait qu’il y avait &dquo;interaction entre I’h6ritage biologique, 1’environnement physique et la dotation
culturelle&dquo;. Quant a Julian Steward 13, il 6crivait que
&dquo;1’homme n’entre pas sur la scene 6cologique comme le ferait un autre organisme dont les
relations avec les autres organismes reinvent de ses caract6ristiqucs physiques [..,] L’homme
y introduit un facteur super-organique, sa culture, qui affecte et est affectee par la totalit6 du
réseau vital&dquo;.
Nous retrouvons la le probl6me du rapport Nature/Culture qui a pes6 et
pese si fort dans tous les d6bats, toutes les recherches sur les relations entre
les hommes et leur environnement naturel.
Dans 1’enseignement am6ricain des sciences humaines, il 6tait d’usage de
faire appel a un exemple image comparant ce rapport entre Nature et Culture,
infrastructure et superstructure, a un layer cake dont facteurs naturels, technologiques, 6conomiques, sociaux, id6ologiques... formeraient des couches super’
pos6es.
A cette image trop statique, j’en préférerai plut6t une autre qui comparerait
tel syst~me d’interrelations complexes et dynamiques a celles existant entre
les horizons d’un sol en place et avec la roche-m6re qui porte ce sol et dont ce
dernier est en bonne partie issu. Cette roche-mare serait ici la Nature et i’horizon
de surface le niveau id6ologique de la Culture. J’ajouterai que, comme dans
un sol, il peut y avoir 6rosion et transfert ailleurs de tout ou partie du sol,
de m~me qu’il peut y avoir alluvionnement par des mat6riaux exog~nes qui
n6anmoins peuvent affecter la roche laiss6e en place et Etre affect6s par elle.
Quand A.L. Kroeber, plus haut cite, voulut d6montrer les risques d’erreur
d6terministe en anthropologie, il prit, entre autres exemples, celui des indiens
du sud-ouest des Etats-Unis; il 6crivait ainsi a ce propos 14 :
un
&dquo;Les indiens du sud-ouest ne se sont pas mis à cuItiver parce que la Nature les a incitds à faire
cette invention. Ils n’ont d’ailleurs rien invcnt6. Un peuple lointain fut l’inventeur et l’inven-
25
tion parvint dans le sud-ouest par une s6rie de contacts tribaux successifs. Ces contacts, qui
spécifique de I’agriculture du sud-ouest, constituent un facteur social
humain, un facteur de culture ou de civilisation. Le milieu climatique ou physique n’eut rien
à faire dans cette histoire, si ce n’est de rendre quelque peu difficile 1’agriculture dans I’aridit6
du sud-ouest sans pour autant l’interdire...&dquo;
sont donc la cause
Ce genre de raisonnement conduisait Kroeber a affirmer,
plus haut, que seul le culturel engendrait le culturel.
comme
je
1’ai
dit
L’ineluctable
.
perspective 6cologique
Ce propos de Kroeber est, a mon avis, un peu sommaire. En effet, dans le
cite par Kroeber, si 1’on veut comprendre le processus en cause, il est important, je dirais meme essentiel, de :
1) connaitre les conditions 6cologiques de 1’invention lointaine,
2) elucider les conditions d’adaptation technologiques successives aux divers
milieux naturels rencontr6s sur la voie de diffusion,
3) appr6cier les modifications successives des techniques culturales et de la
fore 6conomique au cours de ses transferts et adaptations,
4) dtudier enfin Ie fonctionnement de 1’6cosyst6me domestique issu de cm,
cas
processus.
’
Je n’6num6re ici a dessein que des consid6rations technologiques et écologiques mais elles ne sont pas sans rapport avec le socio-culturel.
Quand en region p6riarctique, on observe des Yakoutes, jadis chass6s des
steppes environnant le lac Baikhal, 6levant a grand-peine dans de v6ritables
&dquo;hippotrons&dquo; des chevaux 6conomiquement et technologiquement inutiles
mais continuant a jouer un role rituel et social primordial 15, on peut certes
parler de d6sadaptation ou d’aberration 6cologiques. It n’en reste pas moins
vrai que l’importance du cheval dans la civilisation et la pens6e des Yakoutes
s’explique par leur milieu steppique d’origine et par leur adaptation pastorale
initiale a
ce
Quant a
pens6e occidentaies, elles sont pour le
justement remarquer A.G. HaudricourP6,
par les conditions dans lesquelles apparurent, il y a quelque dix mille ans, la
c6r6a]iculture et 1’61evage d’ovins et caprins dans le sallus proche-oriental
dont les pelouses de c6r6ales sauvages pr6figuraient a la fois nos champs et
nos prairies.
Conklin ~’, et Geertz 18, ont montré que le jardin des essarteurs de la foret
tropicale insulindienne copiait en la miniaturisant la structure de 1’6cosystdme
g6n6ralis6 ambiant. Ceci am~ne a rappeler que 1’homme ancien trouva ses
premiers outils dans 1’arsenal naturel des moyens de production et prit dans
cette derni~re les mod6les de ses premi6res inventions. A cet 6gard, je trouve
significatif que, dans les ecosystemes relativement spécialisés du &dquo;croissant
moins
.
milieu.
notre civilisation et notre
marqu6es,
comme
1’a fait
26
~ fertile&dquo; proche-oriental, il soit ainsi pass6 du saltus à l’ager tandis que, dans les
ecosystemes généralisés des tropiques malaysiens, il passait du silva a l’ hortus.
La nature du rapport aux organismes appropri6s puis domestiqu6s dans
ces environnements diff6rents a certainement engendr6 des attitudes, comportements et modes de pens6c humains, eux aussi diffdrents, comme l’a montre
Haudricourt 19.
Paysages et icosystzmes
Puisqu’il vient d’Etre question d’écosys/ème, je dois dire que, comme naturaliste, je suis gene par la distinction que font certains g6ographes frangais
Gourou, par exemple 2° --- entre écosystème et paysage parce que ce dernier
est un am6nagement voulu par les civilisations et transform6 par elles.
Si l’on consid8re - et c’est mon cas-que 1’Homme fait partie de la Nature
et que, de ce fait, des qu’on étudie les rapports des hommes h leurs milieux
naturels, on a n6cessairement affaire a une &dquo;nature&dquo; qui est &dquo;historique&dquo; et
une &dquo;histoire&dquo; qui est &dquo;naturelle&dquo; ~, je vois mal comment se justifie la distinction, si ce n’est qu’en ne voyant que 1’aspect &dquo;historique&dquo; du paysage.
Un ensemble biotope/bioc6nose meme depuis longtemps occup6, transform6,
am6nag6 par les hommes est un 6cosyst~me au m6mc titre qu’un autre de ces
systemes of les hommes sont absents ou peu nombreux ou encore simples
passagers; un champ de bl6, une haie, un bosquet, un verger, un jardin public,
une steppe paturee, un jardin vivrier dans la for8t tropicale sont des 6cosyst~mes aussi bien qu’une toundra ou une taiga p6riarctique ou encore une aire
de foret 6quatoriale inhabit6es.
En d’autres termes, un &dquo;paysage&dquo; anthropique ou un element de ce paysage
peuvent Etre consid6r6s dans une perspective 6cosyst6matique. Qui plus est,
le proc8s dont est issu un tel amenagement m6rite aussi d’Etre analyse d’un
point de vue 6cologique. Prenons par exemple une aire cultiv6e aujourd’hui
en bl6, en Beauce ou dans une autre region c6r6ali8re : un tel vaste champ monovarietal, soigneusement d6barrass6 de ses &dquo;mauvaises herbes&dquo; est un ecosysteme
domestique hyperspécialis.é; c’est le produit d’une longue marche sp6cialisatrice, celle du progres agricole, dont, dans ce cas, les d6buts se situent au n6o]ithique dans Ie sallits du &dquo;croissant fertile&dquo;. La productivité d’un tel dcosyst6me tr6s specialise, donc instable et vuln6rable, ne peut Etre maintenue que
par des apports constants et croissants d’6nergic. C’est Ih une exigence ecologique a laquelle les hommes ont r6pondu par le progres de leurs sciences et de
leurs techniques; tandis que s’affirmait ainsi cette maitrise humaine du &dquo;naturel&dquo;, les hommes subissaient aussi dans leurs attitudes, comportements et
idiologies 1’influence de leurs rapports avec les autres organismes de leur bioc6nose, rapports qui, notamment aux d6buts domesticateurs, furent en bonne
part imposes par les conditions du milieu naturel.
Pour interpreter un &dquo;paysage&dquo; c6r6alier comme la civilisation &dquo;c6r6ali6re&dquo;
-
27
a laquelle it
correspond, on doit donc envisager la s6rie d’adaptations écologiques ethnobiologiques dont ils sont issus, sans pour autant reduire l’interpr6tation a cette seule d6marche 6cologique.
et
La valence
ecotogique humaine
Quant a cette d6marche 6cologique il faut bien dire qu’elle se heurte avec
1’Homme a un probl~me particulier pose par la tr8s grande capacite de ce
dernier a peupler des milieux dinerents : un 6cologiste dirait que 1’Homme a
une valence ecologique 6lev6e, qu’il est euryece!
Dans leurs deplacements et colonisations, les hommes - Julian Steward
ne se s6par~rent point de leur bagage culturel, particuli~re1’avait not6 22
ment de leur technologie inventde ou acquise et de leurs modes de perception
et d’interpr6tation de 1’environnement. Comme 1’6crivait Ie regrett6 ethnobotaniste canadien Jacques Rousseau 23, les &dquo;colons [...] apportent avec eux leur
6cologic&dquo;. 11 sum d’un regard sur les entreprises coloniales d’hier et d’aujourd’hui pour trouver de frappantes illustrations de tels comportements &dquo;ethnoecocentriques&dquo; aux cons6quences souvent d6sastreuses! Mais le fait que les
hommes b6n6ficient d’un acquis culturel issu en bonne part d’adaptations
anciennes a d’autres environnements ne les affranchit pas totalement de
contraintes des 6cosystdmes of ils viennent s’ins6rcr. Tout au plus cet acquis
accroit-il leur valence écologique et peut-il leur donner un plus grand 6ventail de
choix possibles quant a leur insertion dans leurs nouveaux milieux naturels.
A propos de ces choix et de ces possibilit6s, je crois qu’une des grandes
faiblesses du possibilisme, au moins dans ses formes extremes, a 6t6 de surestimer la libert6 d’intervention de 1’Homme dans la Nature, d’un Homme agissant, a ses yeux comme conqu6rant en terre 6trang6re! De s6v6res rappels a
l’ordre, dont certains tres actuels, montrent assez qu’il y a des regles 6cosyst6matiques fondamentales qu’il convient de ne pas transgresser.
Si, par ailleurs, on se livre a une simple 6valuation probabiliste des possibilit6s offertes par les divers et nombreux 6cosyst6mes de la biosphere, on se
rend vite compte que le nombre et la nature de celles-ci varient sensiblement
d’un 6cosyst6me;h I’autre. On est donc bien conduit a tenir compte des donndes
6cologiques comme a considerer les contraintes et effets qu’ont exerce
et exercent ces divers milieux sur les hommes, leur vie, leurs activit6s et leur
pens6e. Ces hommes mod6lent 1’environnement comme ils sont model6s par
ce dernier, autant dire qu’ils font leur histoire mais dans des 6cosyst~mes qui,
meme amenages ou transform6s, 1’ont conditionnde et la conditionnent en
bonne partie.
-
28
Civilisations, soci6tis
et
ecosyst~mes
Quand Gourou nous dirt 24, que &dquo;le paysage humain [...] s’explique surtout par
des facteurs de civilisation&dquo;, ce n’est pas faux, bien sur, mais je crois entendre
Kroeber 25. Et la d6f!nition de civilisation donnée par Gourou et cit6e par Dollfus 2G, &dquo;ensemble des techniques par lesquelles sont r6gl6s les rapports des
hommes avec le milieu et les rapports des hommes entre eux&dquo;, me conduit
n6cessairement a prendre en compte les influences environnementales dans la
gendse de ces techniques comme dans les rapports entre hommes entre eux et
avec la Nature.
Une fois de plus je renverrai a cet 6gard aux 6crits d’Haudricourt2’, tant mes
propres recherches m’ont conduit dans la voie trac6e par ce linguiste, ethnologue et naturaliste.
Les comportements, attitudes et modes de pens6e qui plongent leurs racines
dans de lointains rapports des hommes aux autres composantes d’écosystèmes
giniralisis peuvent 6tre fort différents de ceux originellement issus d’écosystemes spécialisés; pour reprendre les expressions d’Haudricourt 28, &dquo;aetion indirecte negative&dquo; dans le premier cas, &dquo;action directe positive&dquo; dans 1’autre ont
des prolongements socio-culturels qu’illustrent bien les oppositions entre d’une
part les civilisations horticoles de 1’Asie et l’Oc6anie et d’autre part nos civilisations agricoles et pastorales ~. Les rapports des hommes aux plantes et aux
animaux, domestiqu6s ou non, qu’ils utilisent, ne sont en effet pas etrangers
aux rapports des hommes entre eux.
Quant a l’organisation sociale des groupes humains, Ie naturaliste que je
suis trouve normal qu’elle puisse Etre envisag6e dans une perspective écologique. Comme le note Robert McNetting 3° a propos des soci6tds de chasseurscueilleurs :
&dquo;La fluidit6 de la composition du groupe local parmi les chasseurs-cueilleurs est a I’evidence
corr6lation avec 1’environnement et avec la iaille du groupe humain qui 1’utitise. Temporaire ou permanent, un mouvement de gens d’une bande ou d’un camp primaires A un autre
est un moyen d’ajustement rapide de la taille du groupe aux ressources disponibles, que
ces changements soient causes par une abondance ou une raret6 locale des ressources alimentaires ou par des variations d~mographiques au sein des groupes.&dquo;
en
Il est assez evident qu’une structure organisationnelle rigide serait en contradiction avec Ie besoin de mobilit6, de fluidité qu’exigent nature et distribution
des ressources spontan6es utilis6es par I’Homme dans la plupart des 6cosystemes a chasseurs-cueilleurs.
J’6cris a dessein &dquo;la plupart&dquo; car il est des 6cosyst~mes off cette mobilite
s’impose moins ou ne s’impose pas; c’est le cas par exemple des forets mar6cageuses a palmiers-sagoutiers Metroxylon de la Nouvelle-Guin6e; en termes
de ressources alimentaires d’usage humain, en l’occurrence le sagou, la productivit6 de ces peuplements v6g6taux relativement homogènes est telle qu’elle a
permis, semble-t-il, 1’existence de cueilleurs s6dentaires, vivant en villages et
29
6changeant le surplus de leur cueillette contre,
qu6es par des groupes voisins.
par
exemple, les poteries fabri-
Ces deux cas, au niveau de la cueillette, montrent au moins qu’il peut y avoir
correlation entre les ph6nom8nes sociaux et les 6cosyst6mes ou its se produisent.
Aper~us 6coarch6ologiques
On peut d’ailleurs se demander si, a I’~re pr6-culturale et pr6-pastorale du
Proche-Orient pr6historique, 1’existence de quelques gros villages ne pourrait
s’expliquer par une abondance et une permanence localis6e des ressources de
la cueillette et de la chasse.
L’arch6ologie apporte d’ailleurs d’int6ressantes pieces au dossier ici en
d6bat. C’est ainsi que les fouilles de Richard S. MacNeish et son 6quipe au
Mexique 3t, a Tehuacdn, ont permis d’etablir une s6quence, résumée sur le
tableau ci-apr~s, riche d’enseignements. On ne peut en effet qu’Etre frapp6 par
la correlation qu’elle établit entre 1’evolution du mode d’exploitation des ressources naturelles, du d6veloppement des moyens de production et le d6veloppement social. Plus la maitrise des hommes sur leur environnement s’accentue
et plus se developpent, se structurent, s’intradiversifient les soci6t6s qu’ils forment.
La &dquo;r6volution neolithique&dquo; culturale et pastorale du Proche-Orient et ses
offrent bien des arguments comparables, dont cette marche
a 1’urbani5ation qui commence par la s6dentarisation g6ndralis6e en villages
prolongements
des premiers agriculteuis.
Dans de tels proc6s, il a pu arriver que les d6veloppements sociaux conduisent a des structures pesantes et rigides entrainant rupture par disproportion
avec le mode d’utilisation des ressources naturelles. On peut se demander si
1’effondrement de la civilisation Maya fond6e sur 1’essartage ne pourrait s’expliquer, au moins en partie, par une telle contradiction 3~.
Civilisations et sires
icologiques
Puisque, en matiare de civilisations et soci6t6s humaines, il vient d’6tre, trop
bri6vement, question de successions 6volutives, peut-Etre n’est-il pas inint6ressant d’envisager celles-ci comme on le ferait de seres 6cologiques. Pour plus
de clart6, rappelons ce qu’on entend par sere en empruntant a P. T7uvigneaud ~,
la definition qu’il en donne : &dquo;La succession qui part du substrat denude pour
aboutir au ’climax’ 34, et qui englobe tous les stades, depuis les pionniers,
est une
’s~re’ ; le cours normal d’une ’s~re’
tion&dquo;.
A voir
ce
qui
s’est
pass6
en
va
de la d6nudation a la stabilisa-
histoire humaine
quand rapine
et
profit furent
30
8
N
en
~-<
Rt
8
x
C-4
C)
’O
u
C
ca
o
.x
9J
E
U
14.)
-a
U
I=
:3
;3
4
31
cause, on serait tente de dire qu’une sere anthropique suit exactement ]a
succession inverse! Quelques tragiques exemples coloniaux sont notamment ]A
pour le montrer.
Ce qui est plus frappant, c’est le fait que la demarche domesticatrice aille
du diversifi6 au sp6cialis6 : evolution du champ plurisp6cifique au champ monovari6tal, disparition de multiples vari6t6s de plantes cultiv6es et de nombreuses
races d’animaux domestiques, etc. D’ou l’inqui6tude qui a rdcemment pouss6
a la cr6ation de &dquo;banques de g6nes&dquo;, conservatoire d’esp~ces, vari6t6s et races
domestiques pour parer a I’appauvrissement g6n6tique li6 a une specialisation
en
et une
homog6n6isation généralisées.
-
Les icosystimes domestiques tendent souvent au &dquo;sp6cialis&&dquo;’, donc à 1&dquo;‘instable&dquo; et au &dquo;vuln6rable&dquo;, ce qui exige
comme je 1’ai d6jh indiqu6 une
depense constante et croissante d’6nergie pour maintenir leur productivite,
d’of la m6canisation agricole, l’usage d’engrais, de pesticides... Que ces derniers se trouvent gEn6s ou rendus impossibles et Ie systeme se reproduit mal ou
ne peut se reproduire; la crise actuelle montre assez la realite de ce probleme.
Il n’est pas possible d’entrer ici dans le detail de 1’6nonc6 de ce dernier et de
ses possibles solutions mais je remarquerai au passage que cette specialisation
a des 6chos culturels. Ne serait-ce qu’au niveau du savoir populaire des choses
de la Nature traduit par ses taxonomies et nomenclatures : Margaret Mead me
faisait remarquer que, pour les Blancs d’Australie, tous les Eucalyptus sont
gum parfois affect6s d’une 6pith6te descriptive et elle opposait a cette pauvret6
la richesse des nomenclatures aborigenes. Que dire de la France of tant de
noms vernaculaires de plantes sauvages ou domestiques sont tomb6s dans
l’oubli, quand, dans les flores, ils n’ont pas 6t6 remplac6s par d’ineffables
inventions de cuistres ne se contentant pas d’un bin6me linn6en : morelle tubereuse pour la pomme de terre, par exemple! Ceci pr6terait a sourire s’il n’y
avait point Ih signe d’un divorce a la fois avec la Nature et avec la Culture.
-
-
La Nature per~ue et comprise
Les
Pygmees africains qui
avec leur écosystème en connaissent
voient dans la for6t une sorte de mere
nourrici~re et protectrice. Les essarteurs africains voisins
nouveaux venus
sentent
dans
l’inconnu
et
la
considèrent
comme
une
adversaire
aux multis’y
mal6fices
et
n’ont
de
cesse
leurs
clairieres.
ples
d’61argir
Pour les Melanesiens de la Nouvelle-Cal6donie Ie &dquo;s6jour paisible&dquo;, c’est
Ie village paysage et ses abords cultiv6s; ailleurs, c’est le domaine inqui6tant
de 1’inattendu des bois et des friches 35. Les colons blancs qui vinrent dans cette
ite ne virent dans ses savanes que pature a bovins.
Que dire de la perception de I’environnement naturel chez les urbains et les
ruraux frangais? On y trouverait bien d’autres exemples comparables, a com-
toutes les
he font
qu’un
composantes bioc6notiques
et
-
-
32
mencer
par les curieuses visions de la for6t que
peuvent avoir certains forestiers
professionnels1
Tout ceci pour souligner
ception de l’environnement
comprendre les rapports
It
.
au
1’importance des recherches sur la perlesquelles je vois mal comment on pourrait
6cosystames, soci6t6s et civilisations humaines.
passage
sans
entre
la mati6re d’avoir recours aux froids inventaires de savants
souvent
h6ritiers de cette vieille attitude consistant a exclure
6cologistes trop
les hommes de leurs 6cosystdmes.
On peut meme aller plus loin en remarquant que des calculs sur la carrying
capacity ou sur la circulation de 1’6nergie dans un systame agricole donn6, s’ils
sont d’une incontestable utilit6, et meme, je dirais, essentiels, ne suffiront point
si l’on ne sait comment les hommes concern6s pergoivent et interpr6tent leur
environnement et ses ressources, comment et pourquoi its en sont arriv6s à
cette perception et a cette interpretation ainsi qu’au comportement correspondant.
A ce propos, je noterai que, dans les d6marches 6cologisantes de
1’anthropologie, il y a parfois une tendance regrettable a simplifier
1’6nonc6 des probl6mes : on escamote volontiers 1’6conomique, ou l’on
en traite insu~samment, et on ignore trop souvent 1’historique.
Il faut bien conclure cette imparfaite et d6sordonn6e r6flexion au fil de la
plume. Pour Ie &dquo;naturaliste&dquo; que je suis, 1’evident postulat n6cessaire a toute
recherche embras~ant les soci6t6s humaines et les 6cosyst6mes auxquels elles
appartiennent, est pr6cis6ment 1’appartenance de 1’Homme a la Nature. Mais,
si 1’on veut élucider les influences 6cosyst6matiques sur Ie d6veloppement des
forces productives et.donc sur le d6veloppement social, on ne peut se contenter d’une perspective limitee a l’interaction 6cosyst6mes/civilisations. Il faut
prendre en compte a la fois I&dquo;‘histoire naturelle&dquo; et la &dquo;nature historique&dquo;,
c’est-a-dire le d6veloppement historique non s6par6 d’une Nature dans lequel
il s’inscrit tout en s’y traduisant par une maitrise croissante, une gestion et
une transformation de cette derniere.
ne
suffit pas
en
.
Jacques Barrau (n&eacute;
en
1925), Ma&icirc;tre de
Conf&eacute;rences et Sous-Directeur du Laboratoire
d’Ethnobotanique du Mus&eacute;um National d’Histoire Naturelle de Paris, fait des recherches
sur la botanique économique, l’ethnobotanique, l’icologie du domaine malayo-océanien
et sur l’icologle de la domestication des plantes et des animaux. Publications : Subsistence
agriculture in Melanesia (1958J ; Subsistence agriculture in Polynesia and Micronesia
(1960) ; Les plantes alimentaires de l’Oc6anic, origine, distribution et usages (1962) ;
&dquo;L’humide et le see : An essay on ethnobiological adaptation to contrastive environments
in the Indo-Pacific&dquo;, in: A.P. Vayda (ed.), Peoples and cultures of the Pacific (1968) :
&dquo;Domestication, écologie et conditions d’apparition du pastoralisme nomade&dquo;, irr: Etudes
sur les soci6t6s de pasteurs nomades (1974J.
33
Notes
1. Cf. S. Moscovici, Hommes domestiques et hommes sauvages, Paris, UGE 10/18, 1974.
2. Cf. L. Bejottes, Le livre sacr&eacute; de l’Herm&egrave;s Trism&eacute;gite et ses trente-six herbes magiques,
Paris, &Eacute;d. des Trois Mondes, r&eacute;&eacute;d. 1974.
3. P. Tr&eacute;maux, Origine et transformations de l’Homme et des autres &ecirc;tres, Paris, Hachette,
1865.
4. Cf. C. Wissler, The American Indian, New York, D.C. McMurtrie, 1917, et The relation
of nature to man in aboriginal America, New York, Oxford University Press, 1926.
5. A.L. Kroeber, Cultural and natural areas of North America, Berkeley, Calif., University
of California Press, 1939.
6. Cf. entre autres publications J. Steward, Theory of cultural change, Urbana, III., University of Illinois Press, 1955.
7. Cf. W. Sturtevant, "Studies in ethnoscience in transcultural studies in cognition",
publi&eacute; sous la direction de A. Kimball Romney et R.C. d’Andrade dans American
anthropologist 3 (2), 1966; cf. aussi C.O. Frake, "Cultural ecology and geography",
American anthropologist, 1964.
8. Cf. A.P. Vayda et R.A. Rappaport, "Ecology, cultural and non cultural", in: J.A.
Clifton (ed.), Introduction to cultural anthropology, Boston, Mass., Houghton Mifflin, 1968.
9. Cf. L.H. Morgan, Ancient society, Londres, Macmillan, 1877.
10. Cf. E.L. Sturtevant, "Sturtevant’s notes on edible plants", in: U.P. Hedrick (ed.),
Report of the New York Agricultural Experiment Nation for the year 1919, twenty seventh
Annual Report of the New York Department of Agriculture, vol. 2, part 2, Albany, Ind., J.B.
Lyon.
11. Cf. J. Barrau, "&Eacute;cologie et Anthropologie, Sciences Naturelles et Sciences Humaines,
opposition, discordance ou possible concert?", Information sur les sciences sociales 13 (4/5),
1974.
12.
13.
14.
15.
16.
Cf. E. Huntington, Mainsprings of civilization, New York, John Wiley, 1945.
Cf. Steward, op. cit.
Cf. A.L. Kroeber, Anthropology, New York, Harcourt and Brace, 1923.
. C.D. Forde, Habitat, economy and society, New York, Dutton, 1963.
Cf
Cf. A.G. Haudricourt, "Domestication des animaux, culture des plantes et traitement d’autrui", L’Homme 2 (1), 1962.
17. Cf. H.C. Conklin, "An ethnoecological approach to shifting agriculture", Transactions of the New York Academy of Sciences, 2nd series, 17, 1954.
18. Cf. C. Geertz, Agricultural involution, the process of ecological change in Indonesia,
Berkeley, Calif., University of California Press, 1963.
19. Cf. Haudricourt, op. cit.
20. Cf. O. Dollfus, "Espaces et soci&eacute;t&eacute;s, le point de vue d’un g&eacute;ographe", Information sur
les sciences sociales 14 (1), 1975, pp. 7-20.
21. Cf. K. Marx et F. Engels, L’id&eacute;ologie allemande, t.1, Feuerbach, &Eacute;d. Sociales, 1968.
22. Cf. Steward, op. cit.
23. Cf. J. Rousseau, "Des colons qui apportent avec eux leur &eacute;cologie", dans : J.M.C.
Thomas et L. Bernot (&eacute;ds.), Langues et techniques, Nature et Soci&eacute;t&eacute;, II : Approche ethnologique et approche naturaliste, Paris, Klincksieck, 1972.
24. Cf. Dollfus, op. cit.
25. Cf. Kroeber, op. cit.
Cf. Dollfus, op. cit.
27. Cf. Haudricourt, op. cit., et "Nature et culture dans la civilisation de l’igname, l’origine des classes et des clans", L’Homme 4, 1964.
28. Cf. Haudricourt, 1962, op. cit.
29. Cf. J. Barrau, "Plantes et comportements des hommes qui les cultivent", La Pens&eacute;e
171, 1973.
26.
34
30. Cf. R. McNetting, The ecological approach to cultural study, McCaleb Module in Anthropology, No. 6, Reading, Mass., Addison Wesley.
31. Cf. R.S. MacNeish, "Ancient Mesoamencan civilization", Science 143, 1964.
32. Cf.
&agrave; ce sujet G.L. Cowgill, "The end of the classic Maya culture: A review of recent
evidence", Southwestern journal of anthropology 20, 1964.
33. Cf. P. Duvigneaud, La synth&egrave;se &eacute;cologique. Paris, Doin, 1974.
34. Bioc&eacute;nose en &eacute;quilibre avec les facteurs abiotiques, dont surtout le climat; c’est le
stade le plus stable, Ie plus complexe et le plus diversifi&eacute; dans une succession.
35. Cf. Haudricourt, 1964, op. cit.