À l`écoute de la Torah. Introduction au judaïsme
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À l`écoute de la Torah. Introduction au judaïsme
170 À l’écoute de la Torah. Introduction au judaïsme André Paul Collection « Initiations » Paris, Cerf, 2004. 216 p. 171 ~~.... j ,a .- ~ _ , , - - . ill ~ . __ . > I’~-- I ~~--.’I.. ~...-- ’1> - - .. Berouryah, fille de Rabbi Hananyah ben Téradyon et épouse de Rabbi Méir, qui apprit trois cent traditions auprès de trois cent maitres en un seul jour» (Talmud « Bavli, Pesahim 62b ; voir aussi Berakhot 10a ; ’Erouvin 53b-54a; ’Avodah zarah 18a, la lé- gende infamante rapport£e par Rashi dans son commentaire à ’Avodah zarah 18b étant, manifestement, misogyne et tardive). Et même si Ie cas de Berouryah pourrait êtrejugé comme £tant l’exception qui confirme la règle, en réalité, pour reprendre le_jugement £mis par un très grand connaisseur du judaisme rabbinique, l ’Axn£ricain 172 de deux messies distincts,1’un sacerdotal et I’autre royal) constitue l’un des paradoxes les plus intéressants de I’histoire du judaisme en terre d’Islam. 11 est d’autant plus regrettable que les études karaites ne suscitent, désormais, que tres peu d’intérêt chez les sp6cialistes du judaisme médiéval et moderne. Les lecteurs et les lectrices qui voudraient en savoir plus peuvent consulter avec profit 1’ouvrage de r6f6rence de Meira Polliack (6d.), KaraiteJudaism: A Guide to Its History and Literary Sources (Leiden et Boston, Brill, 2003), ou la monographie r6cente de Fred Astren, KaraiteJudaism and Historical Understanding (Columbia, S.C., University of South Carolina Press, 2004). Chaque chercheur a, comme il se doit, son lot d’idiosyncrasies plus ou moins b6nignes. Dans le cas du pr6sent auteur, la plus étonnante est celle qui le pousse à transcrire le mot hébreu et aram6en miqra’/miqrâ (d6riv6 de la racine QR’), qui d6signe un « texte lu à voix haute » et, par extension,1’« tcriture », par Mikerd - (96 -97 et passim), avec l’insertion de la voyelle « e » entre la premi~re et la deuxième consonne du radical. Dans la meme veine, signalons le traitement différentiel inflig6 à « Gemar£ » (206) et à « Gu6nizah (207) ou aux consonnes postvocaliques, qui sont tant6t spirantisées, comme, par exemple, le «kh» » de «Hékhalôt» » (208), tant6t non spirantisées, comme le k - » de « Halakah » (207). Parmi les quelques corrections mineures à apporter lors d’une réédition éventuelle, au milieu de la p. 94, il faudra lire, « Il manque en effet les livres d’Esther et de Ruth» (et non « Judith », qui est, de toute façon, absent du canon h6braique), et ~ la p. 132, n. 3, « Ad Paulinum ». Il ne fait aucun doute que le pr6sent ouvrage d’initiation rendra de grands services aux lecteurs et aux lectrices en quête de renseignements ponctuels sur le judaisme rabbinique. Ce qui est, en revanche, plus problématique est la perspective globale qui se d6gage d’un tel parcours, l’impression qu’il peut donner que le judaisme rabbinique ne soit, somme toute, qu’une cr6ation entièrement nouvelle et tardive (1’« « inventeur» de la Torah orale), sans trop de rapports avec la culture qui I’a pr6cédé. Bien évidemment, tel n’est pas le cas et le volume aurait certainement beaucoup gagn6 en perspicacité et profondeur, si I’auteur avait pr~t6 plus d’attention aux continuités existantes entre le judaisme du Second Temple et son successeur rabbinique. Malheureusement, à en juger d’après son avant-dernier ouvrage,Jésus Christ, la rupture. Essai sur la naissance du christianisme (Paris, Bayard, 2001), I’auteur semble davantage intéressé à d6ciire le caractère novateur et antagoniste de chaque mouvement issu du creuset du Second Temple. La remarque suivante est révélatrice de son 6tat d’esprit. De nouveaux maitres à penser, chevaliers du petit écran relay6s par une presse complice et une 6dition complaisante, ont récemment troubl6 bien des esprits. Par un chœur postiche de personnalités instituées mais aux voix séquestrées, ils ont fait proclamer que le christianisme n’avait acquis d’identité que tard, ne s’6tait vraiment s6par6 du judaisme qu’au cours du lie siècle. Toute ma d6monstration va dans le sens oppose. Je m’inscris donc en faux contre ces assertions que l’histoire des doctrines, on l’aura vu, suffit à r6futer. (196-197, n. 4) 11 y a de fortes chances que, parmi les personnalités vis6es, se trouvent G6rard Mordillat etJérôme Prieur, les deux réalisateurs de 1’excellente s6rie t6l6vis6e Corpus Christi, qui a contribu6 à relancer aupres du grand public francophone le d6bat sur le j6sus historique et ses rapports avec la religion et la culture qui 6taient les siennes. Libre à Andr6 Paul de ne pas partager les opinions de ces « chevaliers du petit 6cran -» ou d’autres « personnalités instituées [ ] aux voix », que cela soit dit en passant, tout sauf séquestrées », il n’en reste pas moins que, dans tout d6bat scientifique digne de ce nom, nous sommes cens6s discuter de faits, de données, de m6thodes, ... 173 de probabilit6s et d’interprétations et non nous laisser aller au dénigrement gratuit des collegues qui ne sont pas de notre avis. Une d6monstration qui ne prendrait en compte aucune critique ou approche alternative ne saurait démontrer que l’isolement et l’opiniatret6 de son auteur. Engageons donc André Paul a entrer positivement en dialogue avec ne fat-ce que le tres s6rieux François Blanchetière, auteur d’une impressionante Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien (30-135) (Paris, Cerf, 2001), dans laquelle il parvient a des conclusions (voir SR 33 [2004], 237-240) diamètralement oppos6es à celle de I’auteur de A l’écoute de la Torah. Pierluigi Piovanelli Département d’Études anciennes et Sciences des religions, Université d’Ottawa Scripture on the Silver Screen Adele Reinhartz Louisville, KY: Westminster John Knox Press, 2003. ix + 217 p. Unless movie goers are revisiting an old classic like The Ten Commandments (1956) or sampling the recent block buster The Passion of Christ, they do not readily analyze movies for their biblical content or how they affect American culture with Scripture. Does the Bible not have a place in Hollywood then? In Scripture on the Silver Screen, Adele Reinhartz (University of Ottawa) contends that although &dquo;the epic film genre&dquo; which &dquo;explicitly sets out to retell biblical narratives&dquo; may be a thing of the past, the Bible has a life in the cinema. Whether explicitly portrayed in Coneheads, Sling Blade and Spider Man or alluded to through quotations in Liar, Liar, the Matrix (1999), Deep Impact (1998), Agnes of God (1985), Breaking the Waves (1996) or Frankenstein (1931), the Bible is on the silver screen; movie goers are not always cued to its presence (1-3). Reinhartz analyzes 12 popular movies, many hardly regarded as religious, to show that even in the most unlikely of films, the subtle and often explicit presence of the Bible on the silver screen need not escape the observant eye. The author’s understanding of the Bible, of course, is far more sophisticated than that of movie makers. Her analysis of the films forms 12 chapters in Scripture on the Silver Screen, all of which begin with a biblical reference that provides an entry gate into the film. The Bible is keyed to each film under a schematic &dquo;Use of the Bible&dquo; which is dissected into Plot and Character as well as Themes. She gives a brief summary of the movie, discusses the pertinent themes, and shows ways in which the film draws on biblical narratives. The Truman Show and the great escape from paradise recast the Genesis creation myth. The star, Truman, played by Jim Carrey, grew up all his life unknowingly living in a world that the creator-producer Christof has made. Christof, acting as God, guides and directs Truman, the created Adam and Eve and the Seaheaven Island, &dquo;the best place on earth&dquo; (9), a paradise much like the primeval Garden of Eden. When Truman discovers the truth about life, however, he leaves his &dquo;paradise,&dquo; where everything is secure and predictable, to embark on a journey into the unfamiliar; there he ultimately suffers. His &dquo;crucifixion, like that of Jesus, merely heralds his triumphant departure from the world as he has known it to a fuller, more complete life&dquo; (17). The theme of escape dances through several other movies, often alluding to the biblical Exodus. Adam and Eve left the garden, the Israelites left Egypt and in Shaw-