Séance 6 LA4 - LYCEE ET CFA JEANNE D`ARC

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Séance 6 LA4 - LYCEE ET CFA JEANNE D`ARC
Séance 6
LA4 Le monologue de Solange
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Objectifs : Analyser les procédés et les fonctions du monologue. Repérer et analyser les procédés
du théâtre dans le théâtre. Prendre conscience du caractère subversif du texte.
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Support : Les Bonnes de Jean Genet, depuis « Solange : Hurlez si vous voulez ! » jusqu'à « Elle va
sortir »
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Questions préparatoires :
1- En étudiant les marques d'énonciation, déterminez quels sont les différents destinataires de ce
monologue et quel type de relation Solange instaure avec eux ?
2-A l'aide des didascalies et du discours de Solange, expliquez pourquoi on peut parler ici de théâtre
dans le théâtre ?
3- Quel portrait est fait de chacun des personnages mis en scène (appuyez-vous sur les champs
lexicaux) ? Que peut-on en déduire sur la portée (le sens général) de ce monologue ?
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I) Le monologue, moyen d'expression du délire de Solange. ...
Solange endosse plusieurs personnalités et s'adresse à plusieurs destinataires.
La didacalie initiale indique le désir de Solange de s'enfermer dans son propre délire. Alors que
juste avant Claire l'avait appelée par son prénom « Solange ».
Monologue = incommunicabilité entre les deux soeurs => Solange nomme sa soeur Madame alors
que sa soeur a cessé de jouer. Elle est seule (Madame s'aperçoit de ma solitude …)
Glissements énonciatifs sont le signe d'une confusion d'identité :
Solange parle en son nom propre à sa patronne (représentée par Claire même si celle-ci ne joue
plus), puis elle associe Madame et Claire (VOUS ne saurez rien) = violence de Solange est autant
orientée vers sa patronne que vers sa soeur = elle substitue son désir de tuer l'une à celui de tuer
l'autre (ce n'est qu'en parole, projection fantasmatique)
Ensuite elle prend l'identité de Madame.
Enfin elle prend l'identité d'une meurtrière (« Je suis l'étrangleuse »), puis revient à sa propre
identité.
Elle s'adresse également à plusieurs destinataires : à Madame, au commissaire et à sa soeur.
Cependant, comme si elle avait peur de perdre son identité, elle répète plusieurs fois son propre
nom.
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II) Du théâtre dans le théâtre.
Nous assistons à plusieurs saynètes dont le metteur en scène est Solange.
Elle commence par jeter Claire par terre et la met dans le rôle de Madame, morte.
Elle impose des costumes en fonction des scènes à jouer.
Elle fixe les rôles et définit les rapports entre les personnages qu'elle incarne et ceux à qui elle
s'adresse, elle donne les indications dans l'espace et les attitudes, en fonction des scènes.
Elle organise les différentes scènes : « le dernier cri de Madame », la scène du cimetière où
Madame reçoit les condoléances pour le décès de sa bonne, La scène de l'arrestation et de
l'interrogatoire => elle mêle discours direct et indirect ce qui permet aux spectateurs et aux lecteurs
de connaître la teneur des échanges et d'imaginer aisément les scènes.
Actrice, elle prend en charge plusieurs rôles : celui de la bonne qui assassine sa maîtresse, celui de
Madame, celui de la domestique défiant ses anciens patrons et enfin celui de Mademoiselle Solange
qui étrangla sa soeur. Elle se prépare pour affronter la foule et le bourreau. Elle s'adresse aux
spectateur : « Vous la voyez vêtue » … Elle met en scène devant et pour les spectateurs les
funérailles de Claire et sa marche vers l'échafaud.
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III)Dénonciation et révolte sociale
Solange fait un portrait d'une société artificielle, dans laquelle chaque personnage est un stéréotype.
Madame : délicate, pure, fragile, objet de luxe, mondanité.
Dénonce l'hypocrisie de ses patrons (ironie) Madame à l'enterrement et Monsieur qui est trop bon.
=> fausseté de cette bourgeoisie
=> c'est elle qui fait preuve de délicatesse (en taisant leur motifs et leurs explications et en
expliquant le véritable amour de Claire pour sa patronne).
Elle rappelle sa condition de domestique, courbée, rabaissée. (anaphore : soumission « penchée »)
Par son acte meurtrier elle se libère de cette condition « je suis l'égale de Madame » + « tête haute »
avec sa nouvelle identité «(meurtrière) elle peut tout oser, mettre au défis sa maîtresse, qu'elle
rabaisse d'ailleurs en l'assimilant à la seule famille des bonnes (enterrement + ma fille). Elle porte
d'ailleurs le rouge (couleur de la noblesse) + refuse les robes de Madame (mépris).
De plus elle utilise un langage qui se trouve dénué de marqueur social (reproche fait à Genet sur le
manque de réalisme)
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Conclusion : Dans cette scène, la révolte de Solange se manifeste contre un société qui, selon
Genet, défend en apparence le principe d' égalité, mais multiplie les inégalité réelles.