TCHAD Rapport Mensuel sur la Sécurité Alimentaire Mars 2007

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TCHAD Rapport Mensuel sur la Sécurité Alimentaire
Mars 2007
La sécurité alimentaire est rassurante pour la majorité de la population en ce mois de mars 2007, où les récoltes de la culture de berbéré (la contre‐saison) continuent de renforcer l’approvisionnement des marchés. Les disponibilités auto produites sont également renforcées par les importations, notamment celles en provenance du pipeline des humanitaires en faveur des zones d’accueil des réfugiés et personnes déplacées. Toutefois, cette situation globalement rassurante révèle aussi quelques disparités. Du point de vue d’accessibilité aux céréales, l’excèdent de deux années consécutives a permis d’assurer un approvisionnement régulier dans la plupart des marchés. Suite à la nouvelle récolte additive de la culture de berbéré, une tendance à la baisse des prix a été observée en cette période post récoltes des céréales pluviales et des nouvelles récoltes de la culture de berbéré sur les principaux marchés céréaliers du pays. Cette tendance à la baisse des prix est relativement exceptionnelle en cette période de l’année, et s’explique par l’effet conjugué de deux années excédentaires et de l’amorce des cultures de berbéré. Ceci a permis à l’Office National de Sécurité Alimentaire (ONASA) de reconstituer le stock national de sécurité alimentaire à travers une campagne d’achat qui ayant débuté en décembre dans la zone soudanienne et qui se poursuit jusqu'à nos jours. L’éleveur vendeur de mouton, en dépit de la perte de son pouvoir d’achat due à la baisse normale du prix de mouton après les grandes fêtes de fin d’année, continue à profiter d’une meilleure accessibilité des céréales avec la baisse anormale des prix des céréales. Calendrier saisonnier Poursuite des cultures céréalières de décrue
Entretien des cultures de maraîchage
Janvier 2007
Février 2007
Récolte par endroits de sorgho de décrue
dans le Salamat et les régions de Fianga,
Pala et Léré
Début de préparation des champs
pluviaux en zone soudanienne
Mars 2007
Pousuite des récoltes de
sorgho de décrue
Les disponibilités alimentaires La production céréalière brute définitive du Tchad pour la campagne 2006/07 estimée par la Division des Statistiques Agricoles s’élève à 1 991 122 tonnes métriques (TM), soit huit pour cent supérieure à celle de 2005/06, qui était également une bonne année, et 29 pour cent à la moyenne des cinq dernières années (Graphique 1). Le niveau actuel du stock national de sécurité est reconstitué à hauteur de 14 250 TM, essentiellement composées de maïs, mil et sorgho. L’objectif retenu par le gouvernement tchadien se situe à un seuil de 35 000 TM de céréales pour cette année. Ce seuil est possible du aux prix bas des céréales et à un budget excédentaire grâce aux recettes pétrolières. Le pipeline alimentaire des agences humanitaires en faveur des réfugiés et des personnes déplacées renfermait près de 15 841 TM pour les trois prochains mois (mars à mai). On s’attend aussi à l’arrivée de 14 000 TM à partir du corridor libyen et de 1 320 TM de celui de Douala. Le pré positionnement vise à éviter les ruptures d’approvisionnement des sites et des FEWS NET Tchad
N’Djaména
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Graphique 1. Résultats définitifs des productions céréalières 2006/07 comparées aux productions antérieures (TM).
Campagne
Mil
2006/07
2005/06
Moyenne
2001/02-2005/06
546 953
578 303
510 171
2006/07 vs
2005/06 (%)
2006/07 vs
Moyenne (%)
Sorgho
Maïs
Riz
772 608
582 565
556 820
173 684
201 305
119 818
112 380
148 702
114 796
383 632
338 918
233 890
-
-5
33
-14
-24
13
-
-22
8
7
39
45
-2
64
-
-42
29
Berbéré
Fonio
4 068
Blé
Total
1 865 1 991 122
2 402 1 852 195
3 214 1 542 776
Source: DPA/DSA camps de fait de l’interruption des voies de communication avec l’installation de la saison pluvieuse entre avril et juin. Ce pipeline devrait normalement couvrir les besoins des populations réfugiées et déplacées actuellement ciblées jusqu’en Octobre 2007. Malgré les disponibilités alimentaires globalement bonnes en mars, des groupes de populations, souvent dans un état de vulnérabilité relative, sont identifiées et le suivi de leur situation alimentaire s’avère nécessaire. Suivi des zones à risque d’insécurité alimentaire Situation alimentaire des zones à faibles couvertures de besoins alimentaires La situation alimentaire dans les préfectures relativement déficitaires en céréales (Guera, Kanem, Batha, Tandjilé, Logone Occidental, Logone Oriental et Moyen Chari) se caractérise par la faiblesse des stocks autoproduits suite aux déficits pluviométriques locaux. Pour pallier aux déficits par rapport aux besoins alimentaires annuels, les populations de ces zones s’adonnent à différentes formes de stratégies plus ou moins sévères en fonctions de la situation des stocks auto produits. En cette période, où l’approvisionnement du marché est relativement bon, les stratégies sont beaucoup plus axées sur la recherche d’une source de revenu pour l’achat de céréales sur le marché pour la consommation quotidienne, voire même renforcer les réserves auto produites pour se prémunir en période de soudure. Cette diversification en source de revenu, mise en apport alimentaire, est assurée essentiellement par le petit commerce, la pratique des cultures de rentes de contre saison, l’artisanat et la main d’œuvre salariée. Situation alimentaire des réfugiés dans les camps En dépit de l’insécurité sociale croissante dans la zone des réfugiés, la situation alimentaire dans les 12 camps de réfugiés soudanais demeure rassurante. Les respects des délais des distributions, tout comme la valeur calorifique de la ration autour de 2000 Kcal/personne/jour, ont contribué à cette situation. La distribution en vivres du mois de mars 2007, planifiée pour quelques 224 700 réfugiés, a mobilisé plus de 3700 TM et s’est déroulée sans incident majeur. En terme de perspectives, le stock actuel de vivres disponibles permet de couvrir les besoins alimentaires de trois mois; tandis que la partie du pipeline attendue à partir du corridor libyen et du port de Douala pourrait à terme permettre une couverture des besoins allant jusqu’en Octobre 2007. Toutefois, les difficultés relatives à l’accès à l’eau potable persistent en dépit des efforts entrepris. Ceci est d’autant plus préoccupant que les besoins s’augmentent avec la rentrée de la saison chaude au moment où les niveaux des nappes phréatiques se rabattent le plus. Les rations d’eau potable disponible par personne par jour sont de l’ordre de 11 litres, huit litres et six litres, respectivement, dans les camps d’Amnabak, Iridimi et Touloum. Le standard acceptable d’eau potable retenue par les agences humanitaires sur place est de 15 litres par personne par jour. Réseau de Systèmes d’Alerte Précoce Contre la Famine
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Par ailleurs, la dégradation de la situation sécuritaire dans le Département de Dar Tama risque d’affecter l’accessibilité de certains camps du nord Est, malgré les disponibilités des vivres en stocks pré positionnées. La relocalisation de quelques 22 staffs des agences humanitaires travaillant sur place suite à cette détérioration sécuritaire rendrait difficile l’assurance des services essentiels au profit de ces camps. En perspectives, les disponibilités alimentaires devraient s’accroître avec le pré positionnement des vivres et autres denrées des réfugiés avant l’installation de la saison pluvieuse qui limitera sérieusement l’accès de la région. Contrairement aux réfugiés soudanais de l’est du Tchad, ceux centrafricains des quatre camps du Sud, semblent mieux s’adapter et intégrer car les conditions climatiques (zone soudanienne) et les ressources naturelles sont bien favorables qu’à l’est du Tchad. La visite de quelques camps par une partie de la mission FEWS NET/CILSS/FAO/Ministère de l’Agriculture au début du mois de mars confirme le bien être des populations et l’allure d’un quartier presque urbanisé des camps dotés de services de base comme l’eau potable, l’énergie, l’audiovisuelle, etc. En début mars, la détérioration de la situation sécuritaire au nord de la Centrafrique et le banditisme grandissant (« coupeur de route »), enclenchaient de nouveau l’afflux des populations centrafricaines au sud du Tchad dans la sous préfecture de Goré. La récente mission conjointe FEWS NET/CILSS/FAO/Ministère de l’Agriculture a pu constater l’arrivée, au début du mois de mars, de plusieurs familles, principalement des peulhs, et composées majoritairement de femmes et d’enfants, au près du poste militaire Tchadien à la frontière. Il reste impératif de les enregistrer et les admettre sur des sites viables avant les premières pluies qui arrivent dans cette zone en avril. Aussi, la construction des magasins de stockage pour protéger les stocks humanitaires au niveau des camps s’avère nécessaire et urgente. Situation alimentaire des populations déplacées internes Les statistiques sur les IDPs restent toujours difficiles à cerner avec précision du fait de la relative mobilité de ces derniers mais aussi de la détérioration de la situation sécuritaire dans la zone sud est qui, souvent, ne permet pas l’accès à certains sites. La dernière réunion de coordination et de concertation sur la situation des IDPs, fait à mi‐mars, avance le chiffre de 130 194 personnes, sans inclure la zone d’Adé. Concernant la situation alimentaire des IDPs, bien que relativement maîtrisée suite aux mesures d’atténuations actuellement en cours, mises au point par les agences humanitaires et le gouvernement tchadien, la situation alimentaire dans certains sites demeure préoccupante et mérite d’être suivie avec attention. Selon le « screening » nutritionnelle du mois de fevrier 2007, ayant touché les sites de Gouroukoun, Habilé et Koubigou, Aradib et Koloma, ainsi que les trois villages d’accueil des trois premiers sites, le taux de malnutrition aigue global (MAG) des sites et villages concernés est de 7,4 pour cent contre 7,7 pour cent en janvier 2007. L’amélioration du taux de MAG pourrait avoir, entre autres explications, la série de distributions de vivres, les prises en charges nutritionnelles dans les centres de santé dont a bénéficié les IDPs de ces sites précités, mais aussi les efforts dans l’approvisionnement en eau. Toutefois, les sites de Habilé et Koloma ont présenté des taux de MAG respectifs de 9,9 pour cent et de 11 pour cent en mars, une augmentation des taux de 6,8 pour cent et 9,6 pour cent, respectivement, en janvier 2007. La situation nutritionnelle au niveau de ces deux sites nécessite, donc, un suivi particulier. La distribution débutée dans la première quinzaine de février vient de s’achever en ce début du mois mars à Dogdoré où 24 400 bénéficiaires ont reçu la dotation couvrant un mois de besoins en vivres. Situation alimentaire des populations hôtes Les populations hôtes continuent de bénéficier de certains avantages liés à la présence des camps de réfugiés ou de sites de déplacées (distributions alimentaires passives, réalisation d’équipements tel que forage, soins sanitaires, petit commerce etc.). Cependant, la suspension à ce jour des activités de « Food for Work » dans certaines zones où le degré d’insécurité est jugé élevé constitue un manque à gagner d’accès à la nourriture. Les perspectives alimentaires pour ce groupe dépendront essentiellement de l’évolution de la sécurité et de la poursuite des actions d’atténuation en cours qui tiennent de plus en plus en compte des besoins spécifiques liés à ce groupe. Toutefois, la perturbation des circuits d’approvisionnement, si elle persiste suivant l’insécurité, pourrait aboutir à des prix élevés qui réduiront le pouvoir d’achat des populations autochtones. Réseau de Systèmes d’Alerte Précoce Contre la Famine
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Analyse des prix des céréales Graphique 2. Prix moyens mensuels du mil sur les 4 principaux marchés du
D’une manière générale, le mois de Tchad. Mars 2006 à Mars 2007
mars est caractérisé par une tendance à la baisse des prix du mil plus accentuée que celle de la moyenne des cinq dernières années aux marchés urbains suivi par le FEWS NET (N’Djamena, Moundou, Sarh et Abéché). La diminution du prix moyen du mil est la plus significative à Moundou (14 pour cent) et à Sarh (15 pour cent) et moins significative à N’Djamena (1 pour cent) et à Abéché (3 pour cent), où l’insécurité est plus forte et cause les interruptions des voies de communication. Toutefois, les variations de prix ne sont Sources: SIM/FEWS NET. Analyses FEWS NET
pas homogènes par rapport à l’année dernière sur l’ensemble des quatre Graphique 3. Termes d'échanges mouton/mil sur le marché de N'Djamena,
marchés suivi par FEWS NET Mars 06 à Mars 07
(Graphique 2). Sur les quatre marchés supervisés, deux sont en baisse à cause de la production excédentaire, un est stable et un est en hausse plus ou moins à cause de l’insécurité. La tendance générale des prix du premier trimestre est, cependant, à la baisse. Termes d’échanges Le prix moyen du mouton est de 20 000 Fcfa/tête en mars, soit une légère baisse (six pour cent) assez normale par rapport au mois de février où il était de 21 250/tête (Graphique 3). Au 20 mars 2007, l’équivalence d’un Sources: SIM/FEWS NET. Analyses FEWS NET
mouton en kg du mil se situe autour de 119 kg. Elle enregistre une baisse assez normale de sept points par rapport au mois de février, où elle se situait autour de 128 kg. Cela s’explique par la baisse normale du prix du mouton et la légère hausse (un pour cent) dans quelques endroits du prix du mil. Les détenteurs de bétail voient leur pouvoir d’achat se dégrader. L’équivalence mouton/mil est comparable à celle de l’an passé en septembre et novembre. Réseau de Systèmes d’Alerte Précoce Contre la Famine
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