Ce n`est donc pas la critique du virtuel comme forme d
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Ce n`est donc pas la critique du virtuel comme forme d
Ce n'est donc pas la critique du virtuel comme forme d'anticipation (ce qui pourrait même être créatif, l'homme peut y projeter ses craintes et ses désirs tout comme il le faisait avec les outils de création dont il avait plus ou moins l'entier contrôle) mais comme substitution et clone de la vie entre les mains du contrôle social que critique Baudrillard. L'acteur Mastroianni avait un jour déploré le retour de notre époque à un certain moyen-âge, qui dans ses références italiennes, équivaut à une période d’obscurantisme et de mysticisme dans lequel la majorité de la population était plongée durant la féodalité en Europe. Il en parlait à propos de la permanente recherche de fuir la vie réelle et de l'entretien par les spectacles de cette dynamique, qu'il jugeait néfaste. Nouvelle mystique, nouvel obscurantisme, la récupération des nouvelles technologies de l'image au cinéma paraît combler un manque : moins les gens ont de prise sur leur vie quotidienne, plus ils s'accrochent à ce qu'on leur montre, la fuite dans le virtuel, le dogme du « ce qui apparaît est vrai » est un placebo, une méthode Coué de la survie. Il s'agit donc d'une évolution du pouvoir dont le cinéma technocratisé est à la fois l’instrument et le reflet. Baudrillard l'évoquait dans son étude de la séduction, séduction que l'on peut rapporter à l'attraction que suscite la technologisation de l'image : « La séduction représente la maîtrise de l'univers symbolique alors que le pouvoir ne représente que la maîtrise de l'univers réel » (« De la séduction »). Toutefois, Baudrillard semble conclure, dans son pessimisme bon enfant, en disant qu'il faut espérer que « la misère du monde soit tout aussi visible dans la ligne et le visage d'un mannequin que dans le corps squelettique d'un Africain. » (« Cool Memories IV »). Bibliographie : Baudrillard, Jean : Le Système des objets (1968), éd. Gallimard, Paris. La Société de consommation (1970) Pour une critique de l'économie politique du signe (1972) Le Miroir de la production (1973) L’Échange symbolique et la mort (1976), éd. Gallimard, Paris. La Consommation des signes (1976) À l'ombre des majorités silencieuses (1978) De la séduction (1979) Cool Memories (1980-1985) Simulacres et simulation (1981) À l'ombre des majorités silencieuses (1982) Cool Memories 2 (1987-1990) La Guerre du Golfe n'a pas eu lieu (1991) L’Illusion de la fin ou la grève des événements (1992) Fragments, Cool Memories 3 (1991-1995) Le Crime parfait (1995) Écran total (1997) Car l'illusion ne s'oppose pas à la réalité (1997) Le Complot de l'art (1997) Illusion, désillusion esthétiques (1997) L’Échange impossible (1999) Sur la photographie (1999) Cool Memories IV (2000) Le Complot de l'art, entrevues (2000) Power Inferno ; Requiem pour les Twins Towers ; Hypothèse sur le terrorisme ; La violence du Mondial, éditions Galilée, (2002) L’Esprit du terrorisme (2002) La Violence du monde avec Edgar Morin ; éd. du Félin, Paris ; (2003) Le Pacte de lucidité ou l'intelligence du mal (2004) Cool Memories V (2005), éd. Galilée, Paris. Oublier Artaud, avec Sylvère Lotringer (2005) Pourquoi tout n'a-t-il pas déjà disparu ?, éd. de L'Herne (2007 ; 2e éd. revue et corrigée, 2008)