Rions un peu avec le ministre provincial de la santé
Transcription
Rions un peu avec le ministre provincial de la santé
RIONS UN PEU AVEC LE MINISTRE PROVINCIAL DE LA SANTÉ PHILIPPE COUILLARD Texte de Léo-Paul Lauzon, professeur au département des sciences comptables et titulaire de la Chaire d’études socio-économiques de l’Université du Québec à Montréal Comme il faut s’éclater de temps en temps dans la vie, je poursuis ma série d’articles des «Rions un peu…» dans laquelle je vais vous démontrer comment nos élus font leur matamore avec le monde ordinaire et les syndicats en déréglementant le marché du travail afin de rendre les travailleurs plus flexibles et plus souples pour les «adapter» à la dite mondialisation et en les taxant, au nom de la lucidité, toujours plus de façon régressive par la tarification de services publics comme le transport en commun, les frais de scolarité et de garderie, l’électricité, les autoroutes, la santé, l’assurance-médicaments, etc. Par contre, ils sont plus serviables, toujours au nom de la lucidité et du «gros bon sens», avec les entreprises et les notables qu’ils inondent de subventions, de congés et d’abris fiscaux tout en fermant les yeux sur l’évasion fiscale que ces princes pratiquent dans les paradis fiscaux à coup de milliards de dollars par année. La fraude fiscale dans les paradis fiscaux ça doit être fait, je suppose, pour le bien des générations futures et pour contrer les effets du vieillissement de la population. Quoique les rois fassent, ils le font toujours avec compassion, c’est ce que Bush appelle le capitalisme de compassion et le ti-coune à Jean Charest, le libéralisme social. Continuons, si vous le voulez bien, avec Philippe Couillard, le préféré de ces dames. La propagande de nos médias d’information Voyons un peu ce que vos médias d’information préférés ne vous disent pas, et décortiquons ensemble ce qu’ils vous disent dans le but de vous laisser dans l’ignorance, de vous anesthésier, de vous «brainwasher» afin que vous soyez totalement résignés et soumis. C’est toujours ce qui arrive dans les pays, comme ici au Canada et au Québec, où il y a une concentration excessive de la presse contrôlée par des multinationales qui profitent au premier chef du ratatinement de l’État. Par exemple, au mois de mai 2007, Statistique Canada rendait publique une étude majeure que Le Devoir titrait ainsi : «Les riches sont plus riches, les pauvres plus pauvres. Et la classe moyenne est une espèce en voie de disparition». La Presse a réservé qu’un minime encart à cette recherche importante et le Journal de Montréal absolument rien. Tout simplement écoeurant. Par contre, la moindre crotte pondue par le Fraser Institute, par l’Institut économique de Montréal ou par une banque, ou la moindre déclaration de ti-clins comme Gilbert Rozon et Lucien Bouchard est largement couverte par ces deniers. Naturellement, on a eu droit à aucun éditorial sur cette étude de Statistique Canada de la part d’André Pratte, de Claude Picher et d’Alain Dubuc de La Presse ou de Joseph Facal, de Benoît Aubin et de Jean-Philippe Décarie du Journal de Montréal. Ben non, ce genre de recherche va à l’encontre de ce qu’ils tiennent à tout prix à vous faire croire et de ce qui est voulu et exigé par leurs maîtres. De petits caniches édentés, dégriffés et dégossés. Un autre exemple. Des économistes de banque, du patronat et de service comme Pierre Fortin dit le bonhomme sept heures, ne cessent de réclamer des baisses d’impôts pour les entreprises, ce que évidemment vos gouvernements ont fait récemment afin supposément de stimuler l’investissement, la création d’emplois, la compétitivité, la croissance, etc. Il y a juste un hic à toute cette patente à gosses, c’est que tout est faux, comme l’a démontré, après d’autres organismes comme l’Organisation mondiale du commerce et The economist, la revue d’affaires américaine Business Week dans son numéro du 20 novembre 2006 dans lequel il est écrit noir sur blanc «There’s only weak evidence that tax cuts really have a big impact on growth». Salament, je ne prends pas comme référence un brûlot marxiste mais bien la revue d’affaires la plus vendue aux States. Qu’à cela ne tienne, on continuera à vous remplir comme des valises avec la connivence de vos aimables journalistes, chroniqueurs et éditorialistes. Comme l’a si bien dit le cinéaste Pierre Goupil de l’Itinéraire, «leur vérité est un mensonge». Un autre exemple, si vous me le permettez : l’entreprise canadienne Sherrit International vient d’investir plus d’un milliard$ à Cuba dans le pétrole, les mines et l’électricité. Son président, Ian W. Delaney a dit que Cuba était le pays avec lequel il préférait travailler. Cette importante nouvelle n’a pas retenue l’attention de nos médias. Ce n’est pas le genre d’information qu’ils veulent véhiculer sur Cuba. Ils préfèrent véhiculer des saletés sur Cuba et de plus en plus maintenant sur Hugo Chavez et le Venezuela. Le merveilleux monde des douces pharmaceutiques Dans un article de La Presse du 27 mars 2002 intitulé : «Médicaments : la hausse des coûts partagée en trois», le gouvernement péquiste d’alors, avec Bernard Landry comme premier ministre et Pauline Marois comme ministre de la santé, venait de décider de partager la facture supplémentaire à l’assurance-médicaments entre les usagers, les compagnies pharmaceutiques et l’État. La réponse des multinationales étrangères pharmaceutiques n’a pas tardé à venir, comme le laisse voir le titre de cet article de La Presse du 14 mai 2002 : «L’industrie pharmaceutique rejette tout partenariat avec Québec». Ce n’est pas le genre de partenariat ou de PPP que les affairistes recherchent. Ils ne veulent jamais partager les coûts, qu’ils laissent au monde ordinaire. Ils veulent seulement la poule aux œufs d’or par le biais de la privatisation, de la soustraitance, de l’impartition, etc.. Réaction alors de la suave Pauline Marois, la même qui nous implore maintenant de cesser d’avoir peur du succès et des multinationales, parue dans La Presse : «Le régime d’assurance-médicaments pourrait être abandonné. Les Québécois devront accepter d’en assumer les coûts s’ils décident qu’il soit maintenu, déclare Pauline Marois». La courageuse Pauline s’écrase vite et docilement devant les pharmaceutiques et joue des bras avec le monde ordinaire en y ajoutant un peu de chantage qu’elle n’oserait jamais faire à ces créateurs de pauvreté plus que de richesse que sont les pharmaceutiques. Non seulement elles ont refusé de participer à ce «partenariat» de partager les coûts avec le gouvernement péquiste, mais Landry et Marois ont répliqué en augmentant leurs subventions pour les enrichir encore plus. Qui a payé la facture d’après vous? Au tour maintenant de l’intrépide et beau parleur ministre libéral de la santé, Philippe Couillard, de se frotter aux pharmaceutiques comme le laisse voir le titre de cet article de La Presse du 14 novembre 2003 : «Prix des médicaments : Québec tiendra tête aux pharmaceutiques». Un autre qui va faire dans ses culottes et que de beau parleur deviendra un peu plus tard leur haut-parleur. Oh, oh, entre-temps, le Journal de Montréal du 10 mars 2004 nous a appris que : «Le député libéral de Nelligan William Russel démissionne pour un poste de lobbyste», dans l’industrie pharmaceutique s’il vous plaît, afin je suppose, de mieux servir les intérêts supérieurs de la collectivité et non les intérêts particuliers des pharmaceutiques. Un autre élu qui devient lobbyste après les péquistes Guy Chevrette chez les papetières, Michel Clair dans la santé privée et Lucien Bouchard, Bernard Landry et Pierre-Marc Johnson qui vendent maintenant leurs précieux services à des gros bureaux d’avocats, les champions du lobbysme au pays et dans le monde et les libéraux André Bourbeau chez Sky Power et l’éolien privé et Pierre Corbeil pour une compagnie minière. Et puis, bang, coup de théâtre : «Médicaments : Québec abolira le gel des prix», titre de l’article du Devoir du 17 décembre 2004 et par après que dites-vous du titre de cet article de La Presse du 18 juin 2007 : «Les pharmaceutiques forcent la main au gouvernement. Certains médicaments pourront coûter jusqu’à 140% de plus». Dites merci au bon docteur Couillard d’avoir cédé aux pharmaceutiques. C’est pour vous qu’il a fait ça. Un peu de gratitude serait de mise. Croyez-moi, les pharmaceutiques n’ont pas eu à forcer ben fort, si vous vous posez encore la question! Dans les faits, il s’est avéré que des médicaments ont augmenté de plus de 300%, occasionnant une hausse du coût des soins de santé publique au Québec de plusieurs dizaines de millions par année. Vous le savez bien ou vous devriez commencer à le savoir, quand les coûts de notre système de santé publique augmentent à cause du prix des médicaments pratiqué par les «pôvres» pharmaceutiques, de la rémunération de nos bons médecins qui avoisine le salaire minimum et de la présence accrue du privé créateur de richesse pour tous, ça énerve moins les petits monstres à batterie qui prédisent l’apocalypse pour le dit système de santé public comme Claude Castonguay, Lucien Bouchard et Pierre Fortin. Eux préfèrent culpabiliser le monde ordinaire par le biais du vieillissement de la population. De vrais charlatans que nos gouvernements aiment bien consulter malgré tout parce que c’est le type de conseils et de recommandations qu’ils veulent recevoir : tarifier notre système de santé publique et le privatiser à leurs bons amis. Les libéraux et les péquistes ont fait montre de plus de courage pour tenir tête et plumer les employés de l’État. Dans l’article de Denis Lessard de La Presse du 18 juin 2007, il est dit dans la section «ruptures de stock artificielles» que «des pharmaceutiques avaient exigé des hausses importantes. Leurs médicaments étaient introuvables au Québec alors qu’ils se vendaient ailleurs». Voilà des compagnies qui, avec la complicité tacite de vos élus, posent sans aucune retenue des gestes criminels. Des compagnies pharmaceutiques qui n’ont de privé que le nom puisqu’elles sont financées à plus de 80% avec des fonds publics, c’est-à-dire votre argent. Puis, lorsqu’elles font une découverte financée par les deniers publics, elles tiennent la population en otage en ne vendant leurs médicaments qu’à leurs conditions et à leurs gros prix démentiels. Faut arrêter ce chantage tout de suite en mettant sur pied Pharma Québec, une société d’État qui appartiendrait à tous et qui ferait que l’on serait un peu plus libre et un peu plus maître de notre destinée et moins exposé au chantage abject de ces criminels qu’il faudrait emprisonner et pour très longtemps en plus de ça. Si seulement on n’avait pas privatisé Biochem Pharma à des parvenus comme Francesco Bellini qui l’a vendue à des Anglais puis est allé s’installer en Alberta avec «nos» millions afin de ne pas payer d’impôts. Faute de pouvoir venir à bout des mammouths pharmaceutiques, La Presse titrait : «Québec veut sensibiliser la population au coût des médicaments», ce qui revient à dire «soumettez-vous à vos maîtres et payez bande de caves afin d’engraisser ces gros cochons corporatifs. Le doux collège des médecins Face à la pénurie chronique du nombre de médecins au Québec, pénurie artificielle créée de toutes pièces par le Collègue des médecins et la Fédération des spécialistes, le titre de cet article du Journal de Montréal du 23 avril 2007 dit tout de la bravoure de notre ministre de la santé : «Couillard impuissant». Il est écrit dans cet article que : «Le ministère de la Santé dit avoir une réelle ambition (sic) d’impliquer davantage de médecins étrangers au Québec, mais il souligne que ce pouvoir de reconnaissance appartient au Collège des médecins. Nous ne pouvons pas nous impliquer au-delà de leur pouvoir». Bande de menteurs et de lâches. Arrêtez donc de rire du monde. Pas nécessaire de chercher bien longtemps et bien loin pour contredire le beau barbu à Philippe Couillard. En effet, même pas un mois avant, soit le 30 mars 2007, on pouvait lire dans l’article du Journal de Montréal intitulé : «L’Ontario recrute six fois plus de nouveaux médecins que le Québec», que : «Alors qu’on compte 500 nouveaux médecins par année au Québec, l’Ontario a annoncé, hier, qu’elle en avait recruté 3000 depuis un an. Il faut dire que 63% des nouveaux médecins ontariens proviennent de l’extérieur de la province. Encore plus surprenant, près de la moitié des nouveaux médecins proviennent d’autres pays». Ce qui est possible en Ontario est impossible ici. Vraiment ignoble, et je choisis mes mots. Selon l’Institut canadien d’information sur la santé, c’est au Québec que l’on retrouve le moins de médecins étrangers, tel que signalé dans l’article de Mathieu Perreault de La Presse du 26 octobre 2007. Même s’il y a pénurie de médecins au Québec, on rapporte que «Pour immigrer au Québec : Mieux vaut être boucher que médecin», tel était le titre de l’article du Devoir du 18 septembre 2007. Alors qui mène au Québec? Les pétrolières, les banques et les papetières comme nous l’avons vu dans mes autres articles et les pharmaceutiques dans ce texte. Faut nous prendre vraiment pour des imbéciles et faire preuve de mépris envers la population pour venir nous dire que le gouvernement du Québec ne peut rien face au syndicat des médecins alors que durant la même période, dans la province voisine, le gouvernement de l’Ontario a réussi à juguler rapidement la pénurie de médecins. Ça, ça fait partie du modèle québécois que les lucides tiennent à nous imposer à tout prix. Mais, ce genre de soumission face aux puissants de ce monde n’est pas du tout décrié par nos faiseux de tout poil. Avec un minimum de courage de la part de politiciens vraiment au service des intérêts supérieurs de la collectivité, oui on pourrait agir, pour le mieuxêtre de l’ensemble, en mettant à leur place les médecins, les pharmaceutiques, les pétrolières, les banques, etc. Mais, vous préférez élire des gouvernements au service des intérêts particuliers des profiteurs et des filous. Et, n’oubliez pas de continuer à chialer contre les syndicats et les assistés sociaux, supposément les privilégiés de la société, que beaucoup d’entre vous chantent en chœur. Faites donc, un coup parti, comme l’ADQ de Mario Dumont qui veut absolument serrer la vis aux assistés sociaux (La Presse, 18 novembre 2007) et «slaquer» la vis des pharmaceutiques, des juges, des pétrolières et des médecins afin de les aider à mieux vous «entretenir». Au moins, Philippe Couillard et Jean Charest ne sont pas ingrats avec nos cerveaux et nos bienfaiteurs et trouvent toujours de l’argent pour leur démontrer leur immense reconnaissance de daigner nous servir, comme le montre le titre de ces cinq articles : - «Médecins spécialistes / Entente : jusqu’à 150 000$ de plus par année», le Journal de Montréal, 9 septembre 2007. Pendant ce temps-là, on gèle le salaire des fonctionnaires, faute d’argent qu’ils disent; - «L’entente avec les spécialistes coûtera 1 milliard par année», La Presse, 18 septembre 2007. Ça, c’est pour les spécialistes seulement. Avec ça, on peut bien ne plus avoir d’argent pour les nids-de-poule et les viaducs qui tombent; - «Les millions pleuvent sur les omnipraticiens. La hausse de revenus annoncée pourrait atteindre 30% d’ici 2016», le Devoir, 20 novembre 2007. Les millions pleuvent pour les omnipraticiens et les pluies acides pour les autres; - «Salaires : les médecins choyés par Québec», le Journal de Montréal, 20 novembre 2007. Faut choyer les médecins et les juges et «chopper» les assistés sociaux et les chômeurs; - «Les juges font encore sauter la banque. Ils obtiendraient une «rétro» de 60 500$ après avoir touché une première de 145 000$», le Journal de Montréal, 17 octobre 2007. Après tout, les juges ne sont pas des «cotons».