Allemagne : Un vent nouveau de libéralisme
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Allemagne : Un vent nouveau de libéralisme
Dossier Officine Allemagne Un vent nouveau de libéralisme Les réformes de la santé ont secoué le monde officinal allemand. De nouveaux modèles s’imposent dans ses rangs. La concurrence fait rage dans le secteur. A vec un réseau de 21 500 oicines dont le CA moyen est légèrement supérieur à celui de leurs homologues françaises (1,5 million d’euros), les pharmacies allemandes assurent 84 % de la distribution des produits pharmaceutiques. A leur côté, 30 000 autres points de ventes (droguistes, GMS, magasins diététiques) couvrent 2 % du marché, les pharmacies d’hôpital assurant le solde (14 %). Si la nationalité et le diplôme allemands sont requis pour exercer, le monopole oficinal est plus limité qu’en France. Pris en étau entre les caisses d’assurance-maladie, qui leur imposent depuis peu des prix discountés 1, et les laboratoires dont les prix des produits sont de plus en plus encadrés, les pharmaciens allemands ont vu leurs marges s’éroder depuis 2 000 sous l’efet des multiples réformes engagées dans la santé. Bloquées à 3,8 milliards d’euros depuis 1992, ces marges n’ont pas évolué (hormis une pointe à 4,1 milliards en 2001), tandis que les dépenses pharmaceutiques des caisses ont grimpé de 16,7 milliards à 24,7 milliards en 2007. « Pas moins de 20 mesures de régulation des dépenses de médicament afectent notre secteur », conie Heinz-Günter Wolf, le président de l’Union fédérale des syndicats allemands de pharmaciens (ABDA), qui critique vivement la « contribution solidaire » des oicinaux au rétablissement des comptes de la Sécu allemande. Contre offensive sur le Web Une contribution qui a atteint un nouveau pic avec le récent système des « contrats de discounts » qui afecte directement les oicinaux : au nombre de 224 sur l’ensemble du pays en novembre dernier, ces contrats concernent 41 des 60 génériqueurs allemands, pas moins de 12 123 médicaments, soit entre un et 2 574 médicaments par fabricant. Un système bureaucratique sans précédent, qui n’est pas sans poser des problèmes de livraison des produits concernés, ajoutés à ceux de commande ou de stockage par les oicinaux, sans compter les variantes extrêmes dans les délivrances de produits entre assurés, voire encore les diicultés croissantes dans l’observance des traitements par ces derniers. Autorisés depuis 2004 à vendre leurs médicaments par correspondance (OTC en direct et princeps après réception de l’ordonnance) et à les aicher sur des sites Internet, les 36 PHARMACEUTIQUES - DÉCEMBRE 2007 pharmacies allemandes se sont progressivement lancées dans ce nouveau mode de distribution qui concerne 1 400 « Versandapotheken » (ou oicine de vente à distance) et 4 % du marché total des produits qui y sont vendus (35 milliards d’euros). Mais la vraie révolution du secteur oicinal a été engagée par le Hollandais Doc Morris, spécialiste de la vente par Internet et autorisé en juin 2006 par le ministère de la Santé du Land de la Sarre à ouvrir une succursale à Sarrebruck. Malgré une contre-ofensive juridique marquée de l’ABDA, Union fédérale des syndicats d’oicine, qui se livre depuis à une véritable guerre de communiqué contre Doc Morris, ce dernier, racheté en mai dernier par le groupe Celesio, poursuit une politique active d’implantations de pharmacies, en franchises et sous enseigne « Doc Morris-Apotheke ». L’Objectif poursuivi : ouvrir 500 points de vente d’ici 2012 et proiter du vent de libéralisme et d’ouverture à la concurrence qui soule en Allemagne. Dernière innovation lancée en novembre : des « kiosques pharmaceutiques Internet », les premiers installés en gare à Munich, permettent à des assurés de scanner leur ordonnance, de la transmettre par le Web et de recevoir le lendemain leur médicament par la poste, moyennent un rabais de 30 %. Le modèle ne concerne pour l’heure que les produits de médication familiale. En attendant d’autres ouvertures… n Jean-Jacques Cristofari (1) Cf Pharmaceutiques n°151 de novembre 2007