Echec, réussite, résilience. Marie

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Echec, réussite, résilience. Marie
Echec, réussite, résilience. Marie-Josée BERNARD.
L’échec et la réussite : deux côtés de la même médaille de l’apprentissage de la
progression dans la vie et pourtant tant de tabous !
Dans une société qui développe le culte de la performance, du succès et de la
« toute puissance »,il est difficile de donner une place et une valeur justes à la
notion d’Echec…
Le mot lui-même d’origine persane, évoque en premier lieu la notion de « roi
menacé » qui prend son sens dans le jeu du même nom. On parle d’Echec et
mat, pas de lien direct à cette époque avec le fait de ne pas réussir…
Le verbe « échouer » vient du vocabulaire de la navigation : » toucher le fond
par accident… »
L’Echec et la réussite ne sont pas des attributs liés à une prétendue identité :
les « gagnants », d’un côté, « les perdants » de l’autre ! Non la vie humaine
dans sa richesse et sa complexité, la vie professionnelle nous expose tous de
façon inattendue et souvent aléatoire à différentes formes d’adversité : sociale,
éducative, religieuse, familiale, ethnique, psychologique, professionnelle.
L’échec est une conséquence à un moment donné d’une série possible
d’événements et de circonstances souvent multiples.
Lorsque l’Echec survient il peut avoir une force très variable en fonction de sa
nature même et de la personnalité et de l’histoire de chacun.
L’échec peut être un traumatisme pour certains, une épreuve majeure ou
mineure, une opportunité, pour d’autres…
Lorsqu’il est ressenti et vécu comme violent c’est parce qu’il a atteint
l’intégrité de la personne, son sentiment d’estime de soi. Le traumatisme agit
comme une intrusion violente psychique et émotionnelle.
Face à cette intrusion le premier mouvement est la défense, elle peut prendre
plusieurs formes : la colère, le déni, le repli sur soi, l’auto-dévalorisation, le
clivage, etc. Ce processus défensif n’est lui-même qu’une étape pas un état qui
doit rester durable.
Pour qu’il y ait transformation, reconstruction, résilience il faut à la fois
restaurer le sentiment d’estime de soi, d’auto-efficacité, de faisabilité et
retrouver la confiance en soi et dans les autres, en retissant les liens avec
l’extérieur, l’entourage. La résilience est une dynamique qui mobilise à la fois
des processus internes, intrapsychiques, qui ne peuvent se mettre réellement
en place que dans des liens sociaux de bienveillance et d’accompagnement, et
donc mobilise aussi des processus externes, des relations sociales ouvertes et
intelligentes.
Pour qu’il y ait résilience, il faut des « tuteurs »… et des victoires.
La résilience est une transformation, pas simplement un simple retour à une
forme d’équilibre antérieur difficile à définir. Les épreuves nous transforment
dans la mesure où elles permettent un apprentissage de soi et donne un sens
plus large aux événements et épreuves.
« Ni acier, ni surhomme, le résilient ne peut échapper à l’oxymoron dont la
perle d’huître pourrait-être l’emblème quand un grain de sable pénétre dans
une huître et l’agresse au point que pour s’en défendre, elle doit secréter la
nacre arrondie. Cette réaction de défense donne un bijou dur, brillant et
précieux. » Boris Cyrulnik.

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