Atelier méthodologique de la filière mangue au Mali

Transcription

Atelier méthodologique de la filière mangue au Mali
Atelier méthodologique de l’étude de
la filière mangue au Mali
Situation de la filière mangue au Mali
Dr Lamissa DIAKITE, Agro-économiste
IER/ECOFIL
Bamako, le 01 avril 2015
I. Généralités sur la mangue
• La mangue, fruit du manguier, est originaire d'Asie,
• Il appartient à la famille des Anacardiacées, comprenant
environ six cents espèces regroupées dans soixante-quinze
genres botaniques.
• Certaines sont uniquement ornementales, d'autres sont
comestibles et économiquement importantes.
• Il a été introduit au Mali à Kita en 1890, sa propagation
dans les différentes régions du Mali n'a pas connu de
difficultés majeures.
• La collection de manguiers de l'Unité des Ressources
Génétiques compte actuellement cent variétés provenant
d’Amérique, d'Asie et d'Afrique. Elle est unique en Afrique
de l'Ouest.
II. Description de la filière mangue au
Mali
(1) Le planteur /producteur:
 La production de mangue du Mali est essentiellement
localisée dans le District de Bamako et les régions de
Koulikoro et Sikasso .
 Les vergers de manguiers sont en général de petite taille
en moyenne au tour de 3 à5 ha, avec parfois de petits
vergers de 0,5 ha.
 Les vergers de plus de 50 ha sont des cas rares qu’on ne
rencontre que dans la région de Sikasso( préfectures de
Bougouni et Yanfolila)
(2) Les pisteurs:
• L’approvisionnement en mangue est assuré auprès des
producteurs de la zone par l’intermédiaire des pisteurs;
• Ils font par leurs propres moyens: la récolte, l’achat et le
transport des fruits du verger à la station pour les revendre à
l’exportateur après triage par celui ci.
• De plus en plus, au moment de la commande de mangues,
l’exportateur prête gratuitement aux pisteurs des caisses de
récoltes gerbantes pour s’assurer de la bonne qualité des fruits.
• Parfois il peut aussi en fonction du degré de confiance et de
l’acuité du besoin d’approvisionnement en fruits, consentir une
avance au pisteur pour les achats de mangues.
• Mais le montant de cette avance ne dépasse pas en général le
prix moyen d’une livraison par pisteur.
(3)Les demi-grossistes:
• Ils s’approvisionnent généralement auprès des
grossistes et vendent les mangues aux détaillants
étalagistes.
• Les ventes ont souvent lieu au niveau des stations, à la
gare ou sur les marchés.
• Il existe des relations fonctionnelles entre les demigrossites et les grossistes.
(4)Les grossistes:
La vente de gros se fait dans les magasins de stockage loués
à cet effet sur les places des marchés.
Ce sont généralement les lieux d’approvisionnement des
commerçants des pays voisins ( Côte d’Ivoire, Mauritanie,
Sénégal,…) et d’autres commerçants locaux.
Les grossistes se confondent souvent aux exportateurs.
(5) Les exportateurs:
Il existe deux associations d’exportateurs de fruits et
légumes en l’occurrence:
• AMELEF(association malienne des exportateurs de fruits et
légumes ) crée sous l’égide du centre malien du commerce
extérieur et regroupant plus de 2/3 des exportateurs ; et
• APEFEL ( association professionnelle des exportateurs de fruits et
légumes) de création regroupant les plus gros exportateurs par
avion avec à son actif la moitié du volume annuel global des
exportations.
• En règle générale, l’entreprise d’exportation de mange dispose
d’une station de conditionnement avec un personnel
essentiellement journalier et quelques temporaires (parmi les
plus expérimentés) associés au staff.
(6) Les détaillants:
• Ils s’approvisionnent généralement auprès des
grossistes. Les mangues sont pour la plupart
données à crédit aux détaillants selon une
convention verbale. Le règlement se fait après la
vente des mangues soit à la fin de la journée, de
la semaine au plus. Les détaillants sont présents
sur les marchés et à travers les villes pour vendre
les mangues en tas ou à l’unité. Les femmes sont
majoritaires avec plus de 60 % des détaillants. La
particularité est que les femmes sont mobiles et
de déplacent à travers les villes pour vendre les
mangues.
(7) Les transformateurs:
• La transformation de la mangue au Mali est encore
aléatoire. Les transformateurs sont généralement
des unités de transformation travaillant de manière
artisanale pour la grande majorité, elles achètent les
écarts de tri pour les transformer très souvent en
mangues séchées. Les mangues sont découpées en
tranches qui sont séchées à l’aide des séchoirs. La
transformation industrielle de la mangue n’existe
pratiquement plus avec la cessation des activités de
la Société Malienne de Conserve (SOMACO). Dès
lors, on assiste a une multiplication des petites et
moyennes entreprises dans le secteur de la
transformation. Elles sont pour la plupart
artisanales.
• L’approvisionnement en emballage :
(8) Le fournisseur de carton:
• L’approvisionnement des stations en cartons a été
longtemps assuré par la société malienne de
d’emballage en papier carton (SOMEPAC ). Mais cette
unité industrielle qui dispose d’un monopole de fait a
eu souvent des ruptures d’approvisionnement en
papier ; ce qui est gênant pour les exportateurs de
fruits et légumes.
• Et au cours de la campagne 2002 ces exportateurs ont
dû s’approvisionner à l’extérieur( à la SONACO en
Côte d’ivoire, la Rochette au Sénégal ou en Europe par
l’intermédiaire de leur client) la SOMEPAC ayant été
en arrêt total.
(9) Les transporteurs:
(9.1.) Le transporteur aérien
• La capacité offerte sur les avions passagers est de
l’ordre de 48 tonnes par semaine sans compter la mise
en place d’un cargo pour une surcapacité
supplémentaire de 50 tonnes par semaine en cas de
besoin.
• Mais cette possibilité n’est pas exploitée, faute de
demande.
• A cause de la faiblesse des moyens financiers pour le
paiement direct du fret aérien, les exportateurs ont
coutume de demander à leur client européen, la mise
en place d’un accord de port dû moyennant le
paiement d’un droit de 4% du montant du fret à la
compagnie de transport.
(9.2.) Le transporteur maritime:
• Le coût élevé du fret aérien rend ce mode de transport
moins compétitif et amène les exportateurs à s’orienter
vers le transport maritime par conteneurs réfrigérés
transportés par voie terrestre au port d’Abidjan.
• Les premières tentatives à partir de Bamako avec la
compagnie de transport et de transit MAERSK Mali sa
ont souvent connu quelques difficultés liées au délai du
transport très long avec des risques de hausse
incontrôlées de température dans les conteneurs( Arrêts
aux différents ports pour faire du cabotage).
• En effet cette durée a été souvent de l’ordre de3à 4
semaines contre 7 à 9 jours d’Abidjan à Marseille ou
Dieppe pour les bateaux de l’O.C.A.B en Côte d’Ivoire.
(9.3.) Le transitaire:
• Il est le prestataire de service chargé de mener
à bien les formalités du commerce extérieur,
de douane et de transport.
• Par ailleurs pour résoudre le problème de
manque de chambre froide au niveau des
stations de conditionnement, il a été
recommandé aux transitaires de se doter en
équipement frigorifique.
(10) Le mandataire:
• La vente à la commission est actuellement la
forme la plus utilisée par les exportateurs de
fruits et légumes.
• Le mandataire dit client est donc plutôt un
prestataire de service qui vend et prélève une
commission de 10% sur le prix de vente de
la mangue avion et 8% pour la mangue
bateau. Cette formule évite au transitaire
tous les risques de manque de qualité ou de
chute du cours de la mangue.
(11.) Les consommateurs:
• Le consommateur est un des acteurs
déterminants de la filière. Tous les acteurs
interviennent pour satisfaire les besoins des
consommateurs tant en quantité et en
qualité de la mangue. Ils sont à l’intérieur
comme à l’extérieur les principaux acteurs de
la filière mangue.
(12) Les services de recherche :
• Ils sont chargés de la génération des technologies
appropriées pour un meilleur développement de la filière
mangue.
• Il s’agit de la sélection et de la création variétale, des
techniques culturales, des techniques de protection, de
transformation et de commercialisation de la mangue.
• Le principal acteur de la recherche agricole au Mali est
l’Institut d’Economie Rurale qui a une équipe de
spécialistes travaillant sur la mangue.
• En plus de la recherche nationale, les résultats de
recherche au niveau régionale et internationale sont aussi
utilisés avec l’introduction des technologies de l’extérieur.
La plupart des variétés améliorées sont des introductions
de l’extérieur.
(13) Les fabricants d’intrants et de matériel
agricole:
• Ce sont les usines et les unités de fabrication des
intrants et du matériel agricole.
• Pour les intrants, la quasi totalité des intrants sont
importés.
• Les intrants sont pour la plus part importés du Sénégal
avec SENCHIM, de la Côte d’Ivoire avec HYDROCHEM,
du Nigeria. Quelques importations moins importantes
proviennent souvent des Pays Bas.
• Il existe des réseaux de forgerons bien formés qui
fabriquent le matériel dans les différents zones de la
CMDT, de l’Office du Niger, de L’Office de la Haute
Vallée du Niger. Ces acteurs manquent de crédits pour
le financement de leurs activités.
(14) .Les opérateurs économiques fournisseurs
d’intrants et de matériel agricoles
• Ils sont chargés de l’approvisionnement des
producteurs en intrants et matériel agricole.
Des tentatives d’organisations de ces
opérateurs existent avec la mise en place du
Réseau des Opérateurs des Intrants Agricoles
au Mali (ORIAM). Plusieurs petites et
moyennes entreprises se retrouvent au niveau
de ce réseau. Tout comme les fabricants, ces
acteurs manquent de crédits.
(15) Les services de vulgarisation et d’appui/conseil
• Ils sont chargés de la vulgarisation des
technologies générées par la recherche, de
l’appui/conseil des producteurs sur les itinéraires
techniques, la transformation, la
commercialisation de la mangue. Parmi ces
services, on peut citer entre autres: les services
techniques de l’Etat comme la Direction Nationale
de l’Appui au Monde Rural (DNAMR), de la Société
Civile comme l’Assemblée Permanente des
Chambres d’Agricultures du Mali (APCAM), des
ONG comme HELVETAS
III. Transformation de la mangue
La transformation de la mangue donne plusieurs
dérivés dont les plus demandés :
 la mangue séchée,
 le jus,
 confiture et pulpe de mangue.
IV. Commercialisation de la mangue
Les Principaux Marchés de Mangue:
• La mangue peut être écoulée principalement sur
deux(2) types de marchés : le marché local et le
marché international.
4.1. Le marché local
• Il est constitué par le marché traditionnel de masse qui est
représenté par les grands marchés de consommation et les
petits marchés disséminés au Mali où sont vendus la
majorité des mangues consommées. Il accueille les
mangues dites mangue locales ;
• Le marché traditionnel de niche qui est représenté par les
points de vente des mangues destinées principalement
aux clients à la recherche de mangues prêtes à être
consommées. Ce type marché de mangue est adapté aux
besoins des consommateurs et aux styles de
consommation dans les villes. Il s’agit essentiellement des
petits détaillants qu’on retrouve aux abords des rues,
ruelles, marchés, etc. de Bamako.
4.2.Le marché sous régional
• Il est constitué par l’ensemble des pays de la sous-région.
La plus part des pays consommateurs sont également des
pays producteurs à l’exception de la Mauritanie.
• En raison de la saisonnalité et de la périssabilité de la
mangue, les niveaux des cours sur l’ensemble des marchés
sont faibles pendant les périodes de forte production
(avoisinant les 100 F CFA / kg au détail) mais peuvent
atteindre des niveaux rémunérations pendant les périodes
de faible approvisionnement (pouvant atteindre les 400
voire 500 F CFA/kg au détail).
• Compte tenu du faible niveau de production en début de
campagne et des coûts d’approche plus élevés, il s’agit des
marchés relativement étroits à volumes limités.
4.3. Le marché International
• Le marché Européen est demandeur en raison du
développement du commerce et la montée de la
multi culturalité dans les villes comme Londres et
Paris. Les principaux marchés sont : la France, la
Belgique et l’Allemagne avec des petites quantités
vendus également sur le marché de la grande
Bretagne.
V. Les Organisations socio-professionnelles de
la mangue
Production
Association des planteurs
Association des producteurs des fruits et légumes
Groupement des planteurs
Commercialisation
Des associations professionnelles d’exportateurs
(AMALEF, GIE FRUILEMA, APELEF)
Transformation
Groupement des transformateurs des produits
Agricoles (GTPA )
VI. FORCES ET FAIBLESSES DE LA FILIERE MANGUE
Analyse de synthèse SWOT : Mangues
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Forces :
Appuis de la filière par le
programme de compétitivité et
de diversification agricole
(PCDA) et par l’institut
d’économie rurale (IER) qui est
un centre de recherche
agronomique.
Terres favorables à la
production de la mangue
Existence des structures
d’encadrement et d’une
interprofession
Disponibilité de la mangue en
quantité
Existence des marchés
Formation de base des acteurs
pour transformer la mangue
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Faiblesse :
Pertes estimées à presque 40 pour cent de la
production malienne
L’insuffisance des stations de conditionnement cause un
grand préjudice à l’exportation des mangues. La
mangue est un produit périssable. Le manque de
soutien à l’investissement
L’insuffisance ou inefficacité des organisations des
producteurs
L’insuffisance d’entretien des plantations
Le caractère saisonnier des produits provoquant une
chute sur le marché
La non maitrise du circuit de commercialisation par
certains exportateurs
L’absence de contrats de ventes formalisés
Le manque d’unités de transformation industrielle
L’absence de statistiques fiables au niveau de tous les
maillons
FORCE ET FAIBLESSES
Opportunités :
Menaces :
 Les autorités politiques
 La croissance sur plusieurs
commencent à s’intéresser à la
années avant l’entrée en
filière
production, la faiblesse des
 Projet en cours (programme de
moyens techniques et la
compétitivité et de
recherche d’une économie
diversification agricoles : PCDA)
d’autosubsistance journalière
pour développer la filière
freinent l’intégration de ce
secteur dans les activités du
milieu rural.
 La concurrence des pays de la
sous-région