Procambarus Clarkii

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Procambarus Clarkii
Réflexions sur la Procambarus Clarkii…
L’écrevisse de Louisiane est un crustacé décapode originaire du continent américain (Mexique,
Louisiane) dont la récente introduction en France, il y a environ 40 ans, est à l’origine de problèmes
pour les écosystèmes aquatiques sans précédents. En effet, cet animal tant au regard de sa biologie
que de son éthologie a bouleversé la qualité des milieux aquatiques via l’accélération de la
disparition des écrevisses autochtones, l’impact sur la vie piscicole et plus particulièrement leurs
fraies (brochets, batraciens), accroissement des risques en matière de sécurité publique (rupture de
digues), accroissement du risque de disparition de certains invertébrés aquatiques (Odonates).
La présence de cette espèce sur le territoire Français semble définitivement acquise. Toutefois il
existe des pistes pour limiter ses effets sur notre patrimoine naturel aquatiques et halieutique. Il
serait vain de vouloir promouvoir la protection des milieux, la gestion patrimoniale, la mise en place
de mesures contractuelles NATURA 2000 si aucunes initiatives significatives ne sont mises en place
pour lutter contre les effets nocifs de la naturalisation de cette espèce dans nos écosystèmes.
Description
L’espèce ne possède pas de crête médiane, elle est dotée de pinces développées avec la présence sur
les doigts fixes de deux bourrelets séparés par de petites excroissances. Le céphalothorax est hérissé
de nombreux petits tubercules présentant un aspect rugueux. La longueur totale peut aller de 100
mm (35g) à 120mm (60g) en moyenne. La coloration dominante est le rouge vineux, toutefois ce
critère n’est pas celui permettant la reconnaissance car elle peut varier du gris au bleu en fonction
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des biotopes. Les critères les plus fiables pour l’identification sont la présence d’ergots puissants sur
les pinces et le rostre en gouttière avec les bords convergent formant ainsi un triangle
caractéristique.
Biologie
L’habitat naturel de cette espèce est le marécage, les eaux calmes, chaudes et peu oxygénées. Cela
correspond en France aux faciès à Brême, c'est-à-dire les milieux de deuxième catégorie piscicole. Les
températures optimales se situent entre 22 et 29 ° C.
Elle a un régime alimentaire omnivore. Ce qui la caractérise c’est son opportunisme alimentaire. Les
végétaux constituent sa source d’alimentation la plus importante. Par contre si elle est mise en
contact avec des invertébrés morts ou vifs, cela constituera pour elle une priorité. Elle peut
également s’attaquer aux œufs de poissons, d’amphibiens et autres crustacés.
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La reproduction. Les femelles pondent, en fonction de leurre taille, de 200 à 800 œufs (l’écrevisse
autochtone Astacus Astacus ou écrevisse à pieds rouges pond quant à elle de 50 à 250 œufs). La
ponte a lieu deux fois par an généralement de juin à septembre. Dans le Sud Ouest la période va de
mai à décembre. La maturité sexuelle est atteinte dés l’âge de 4 à 6 mois (3 ans pour l’Astacus
Astacus).
Les individus vivent de 2 à 5 ans (10 à 15 ans pour l’écrevisse à pieds rouges).
Répartition
Cette espèce d’origine américaine a peu à peu colonisé le monde entier ! Implantée depuis 1930 au
japon (désastre écologique avec des densités atteignant 2t/ha), puis en Afrique et enfin en Europe
via l’Espagne depuis le début des années 70.
Présente en France depuis 1975, sa colonisation a été si rapide que l’on considère qu’elle est
aujourd’hui présente quasiment partout sur l’hexagone. En 2001 une étude de l’ONEMA affirmait sa
présence dans 1 département sur deux. Toutefois une étude ponctuelle en 2008 montrait déjà une
présence significative en Lorraine. Sa limite de colonisation étant les eaux fraîches situées en
altitude.
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Caractère invasif
Ce qui qualifie véritablement cette espèce, c’est sa grande ténacité. Ainsi elle résiste très bien aux
faibles teneurs en oxygène et aux eaux chaudes : des expériences ont été réalisées permettant de
constater une très grande résistance. Des individus confrontés à une teneur très faible en oxygène
(0,5 mg /l) on montrait que seulement 50% des juvéniles meurent au bout de 4 jours confrontés à
une telle concentration. Or les juvéniles sont de loin l’écophase la plus fragile.
Les écrevisses peuvent vivre hors de l’eau pendant plusieurs jours. En effet, leurs branchies sont
maintenues dans une ambiance humide ce qui permet à l’animal de respirer hors d’eau. Ce
phénomène a largement contribué à la propagation de l’espèce via des déplacements de l’animal
d’un point d’eau à un autre (capable de parcourir jusqu’à une dizaine de kilomètres) ou via l’homme
par le transport d’individus vivants (pêcheurs amateurs, pisciculteurs).
De même elles résistent très bien aux températures extrêmes (gel et canicule) grâce au fait qu’elles
creusent des galeries très profondes (jusqu’à 2m de long) dans le sol, les berges et digues. Et elle
peut ainsi survivre plusieurs mois.
De même, introduite en France au début du 20 siècle, les écrevisses exotiques (La petite américaine
Orconectes Limosus, Ecrevisses de Californie Pacifastacus leniuculus et Procambarus clarkii) ont
montré leurs résistances à la peste des écrevisses. C’est pour cette raison même que l’Orconectes a
été introduite dés la fin du XIX, pour palier à l’épidémie touchant les écrevisses autochtones (Pattes
blanches Austropotamobius pallipes , Ecrevisses des torrents Austropotamobius torrentium, Pattes
rouges Astacus Astacus).
Enfin, en condition de stress intense, la Clarkii met en place une stratégie visant à accroitre sa
reproduction… Procambarus Clarkii est capable d’atteindre des densités énormes, 1 à 3 tonnes
d’individus par ha. Sur des cours d’eau secondaires (quelques mètres de large) des densités de plus
10 individus par mètre carré ont été vérifiées (marais de Bruges en Gironde, ou marais de bords de
Garonne à Cadaujac, (jusqu’à 40 individus /m² dans le PNR de la Brière !). Ces chiffres majeurs
semblent se rencontrer de plus en plus fréquemment, confirmant la croissance exponentielle des
populations.
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Cette espèce est donc caractérisée par un développement visant une très grande fécondité, une
niche écologique très large, une hyper agressivité, une grande capacité à supporter les pollutions et
pathologie (mycose des écrevisses). Colonisateur rapide, la Clarkii est une espèce à stratégie r, ayant
un cycle de vie court et un taux de fécondité élevé alors que les espèces européennes indigènes
(comme Astacus Astacus) sont des espèces à stratégie k, présentant une longue durée de vie et une
faible fécondité. En conséquence, l’Astacus est plus compétitive dans les écosystèmes matures tandis
que la Clarkii est plus compétitif dans les habitats perturbés (y compris les zones modifiées par
l'homme tels que les rizières.) Or l’état de la ressource en eau et des milieux aquatiques en générale
est une aubaine pour la Clarkii, et joue de fait un rôle essentiel sur l’explosion de sa population déjà
bien réel… n’est-il déjà pas trop tard ?
Les dégâts liés à la Clarkii
Animal fouisseur, l’écrevisse de Louisiane excelle à creuser des galeries de plusieurs mètres de long.
Avec des densités d’individus toujours plus importantes, un véritable risque pour la sécurité des
biens et des personnes apparait sur les digues d’étangs et les ouvrages de protection contre les
inondations. Dans les lieux où les densités d’écrevisses sont très fortes, ce risque semble bien plus
fort que celui lié au ragondin.
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Les populations d’écrevisses autochtones sont dans un état plus qu’alarmant. L’introduction des
différentes écrevisses exotiques ont quasiment fini d’éradiquer les pattes blanches, (dans une
moindre mesure l’écrevisse des torrents plutôt présente dans des faciès à eau fraiche oxygénée avec
du courant) et pattes rouges via la dissémination de l’aphanomycose dont les écrevisses américaines
sont porteuses saines. Toutefois, la disparition des écrevisses s’est également vue accélérer via
l’agressivité des américaines. La première introduction était la petit américaine (1890 en Allemagne),
celles-ci ont bouleversé la présence des écrevisses autochtones. Toutefois aujourd’hui la Clarkii
montre une telle agressivité qu’elle chasse à son tour l’Orconectes.
Nous avons vu que les écrevisses sont opportunistes en matière d’alimentation. Ainsi, elles exercent
une pression très importante sur les macrophytes. Cela pouvant entrainer la disparation de plus de
90% de la végétation d’une masse d’eau. Ce qui entraine l’appauvrissement des milieux, la
disparition des zones de caches, d’alimentations et de frayères (brochets et cyprinidés) pour la
population piscicole et les amphibiens. Ensuite sa pression va s’exercer sur les invertébrés. Une
densité de 10 individus par mètre carré laisse percevoir la pression que peuvent subir les gammares,
diptères, trichoptères, ou anisoptères… Ainsi certaines espèces ont disparus, l’Agrion de Mercure
(espèce de la Directive Habitat) dans les marais de Bruges. Cette pression s’exerce également sur les
œufs. La Réserve de l’étang de Cousseau en Gironde a vu une diminution de la fraie des brochets à
cause de la pression des Clarkii (la Liste rouge nationale, le brochet fait partie des espèces menacées
en France.).
Exemple dans le monde des dégâts de la Clarkii : au Kenya, elles portent atteinte à la nidification des
Tilapias au point que les pêcheurs professionnels ont vu leur activité totalement perturbée. Au japon,
sa colonisation dans les rizières a provoqué une calamité agricole via une chute de la production et
des ruptures des digues.
Les dégâts des écrevisses américaines, et surtout de la Procambarus Clarkii, sont aujourd’hui connus
par l’ONEMA, Fédérations départementales de Pêche, DREAL… Rapidement la règlementation visant
l’interdiction d’introduction et le transport vivant a été mise en place (1983). Toutefois elle n’a pas
permis d’empêcher sa prolifération.
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Quel moyen pour limiter les effets de l’écrevisse de Louisiane…
Il est bien sur illusoire de penser qu’il existe un espoir d’éradiquer la Clarkii. Les mesures à prendre
doivent permettre à minima le maintien de faibles densités.
Prédation via la faune.
Un des seuls impacts positifs de la prolifération de la Clarkii c’est la manne alimentaire qu’elles
représentent pour l’avifaune (Hérons, Aigrettes,…), loutre, sanglier… Toutefois la pression exercée ne
permet nullement d’envisager un effet sur la dynamique des populations.
La pêche pro et amateur
La prolifération des Clarkii et sa dissémination à travers le globe doit beaucoup à la pisciculture, ce
qui tend à prouver que les écrevisses représentent un produit valorisable (de bien moindre qualité
par apport à l’Astacus). Une illustration du dysfonctionnement actuel est l’importation de Chine de
queues d’écrevisses de Louisiane dans les grandes surfaces Françaises !
La règlementation est telle aujourd’hui qu’elle limite le développement de la pêche professionnelle.
En effet, le transport vif étant totalement prohibé la mise en place d’une filière professionnelle est
pour le moment verrouillée. Toutefois elle reste une piste sérieuse ne devant pas omettre le risque
de la valorisation d’un tel produit par des actifs qui seraient désireux de rendre pérenne les
rendements. Et ainsi une présence plus importante dans les milieux naturels. En effet, il parait
inenvisageable de penser qu’une valorisation rationnelle souhaiterait voir la limitation de la
production. La pression via la capture à grande échelle reste une solution mais cela nécessite un
ajustement de la règlementation et réclame probablement une mise en place par des organismes
publics (FD de pêche, collectivités territoriales, gardes de Réserves Naturelles) qui seuls seraient
habilités à manipuler des pièges. Ici la valorisation économique serait alors accessoire.
Attention toutefois, la pêche à l’aide de nasses, ou engins de pêche représente, un réel danger pour
la faune aquatique en générale. En effet, tout poisson pris avec les écrevisses courre un risque très
fort d’être dévoré vif par les Clarkii dés que leur présence dans les engins devient importante. Or
régulièrement ce sont plusieurs dizaines d’écrevisses qui sont prises chaque jours dans les nasses
ainsi elles dévorent les anguilles et autres cyprinidés pris dans les mailles en même temps qu’elles.
De même, le risque de noyade des cistudes est très grand et oblige une mise en place des nasses de
manière à ce qu’une tortue piégée puisse respirer hors de l’eau. Ce qui limite assurément la manière
dont on peut utiliser ces outils et de fait leurs efficacités.
Quant à la pêche amateur, la prolifération des écrevisses américaines a permis de relancer
sensiblement la pratique (balance à écrevisses). Toutefois cette pression est bien trop modeste pour
envisager qu’elle ait aujourd’hui une influence sur l’état des populations. De plus elle représente un
risque de colonisation dans l’hypothèse d’une carence d’information ou de sensibilisation de la part
des pratiquants en ce qui concerne le transport et le droit de relâcher les espèces vivantes dans
d’autres milieux.
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Usage des produits chimiques
Il n’y a guère de doute quant à l’efficacité de l’usage de tels produits. Toutefois leurs usages dans le
milieu naturel est à proscrire car ils occasionneraient des dégâts bien supérieurs aux bénéfices,
même sur la Clarkii.
Exemple, le fenthion a été testé en France et en Espagne et tend à prouver son efficacité à faible
dose. Les invertébrés n’ont semble t-il pas été gênés, les arthropodes (gammares, Daphnies…) quant
à eux sont touchés autant que les écrevisses. Ainsi l’initiative devient caduque. De plus il a clairement
été mis en évidence qu’une fois le traitement achevé, les écrevisses recolonisent rapidement le
milieu lorsqu’elles sont présentes sur le bassin versant.
Prédation piscicole.
Nous savons que les Clarkii sont le plus à l’aise sur les faciès à brème. Observons les peuplements
piscicoles qui naturellement devraient exercer une prédation sur les Clarkii.
Tableau simplifié des peuplements ichtyologiques types
Niveau typologique
Type de milieu
Espèce
Omble des Fontaines
Chabot
Truite
Vairon
Loche Franche
Ombre Commun
Blageon
Apron
Toxostome
Hotu
Goujon
Chevaine
Lote
Vandoise
Spirlin
Barbeau
Perche
Brochet
Bouvière
Gardon
Carpe
Grémille
Ablette
Sandre
Perche Soleil
8
Zone à Truite
Zone à Ombre
Zone à Barbeau
B0
B1
B2
B3
B4
B5
B6
B7
B8
Source et
ruisselet
Secteur
non ou
peu
piscicole
Ruisseau
issu de
sources
d’attitude
Ruiss
montag
nard
Petite
rivière
froide
Rivière
de pré
montag
ne
Rivière
fraîche
Cours
d’eau de
plaine aux
eaux plus
chaudes
Grands
cours
d’eau
de
plaines
Zone
Brème
B9
à
Bras morts
Noues
Grands cours
d’eau lents et
chauds
truitelles
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Tanche
Brème
Brème bordelière
Rotengle
Poisson Chat
Black Bass
(D’après Verneaux 1981)
Retenons donc que le brochet dans une moindre mesure, le Sandre, la Perche, Silure (figurant pas sur
le tableau, mais inféodé au milieu B7 B8 et B9) et le black bass, sont à priori les prédateurs, voir
super prédateurs qui devraient permettre une limitation des effectifs d’écrevisses. Toutefois il est
important de rappeler que nos milieux aquatiques souffrent d’une dégradation de la qualité de l’eau
et du cheptel piscicole. Or dans le cas des rapports trophiques des espèces entre elles, les prédateurs
figurant au somment de cette pyramide se voient les premiers affectés par cette dégradation qui ne
fait aujourd’hui plus aucune doute. De même rappelons que c’est cette dégradation de qualité qui
est justement à l’origine de la prolifération des clarkii.
Ainsi comme dans le cas de la perche du Nil dans le lac Victoria, la prolifération de l’espèce invasive
est avant tout le fait de la dégradation général de la qualité des milieux aquatiques : produits
phytosanitaires, eaux usées, pompages agricoles ou industriels, usage produits chimiques, usage des
engrais… La règlementation via la Directive Cadre est assurément la preuve de la nécessaire
réhabilitation des milieux.
Des expériences ont été menées sur certaines espèces piscicoles au regard de leur efficacité pour
réguler les populations d’écrevisses de Louisiane. Le silure a prouvé sa qualité de prédation sur les
écrevisses. Toutefois, celle-ci est efficace dans les milieux où les caches sont peu présentes (étang à
fonds plats dénués de souches, d’enrochements, de végétations aquatiques…). De même le sandre a
prouvé ses qualités mais tend à être à l’aise dans les masses d’eau caractérisées par une profondeur
suffisante à cause de sa qualité lucifuge. La perche est très intéressante, toutefois elle semble
s’intéresser à la faune benthique de petite taille (juvéniles d’écrevisses). Cela tient souvent aux
calibres modestes de la perche accentuée ces dernières années par un nanisme fruit des fortes
densités ou du manque de nourriture naturelle. Reste une espèce qui semble présenter un véritable
intérêt et sur laquelle aucune expérience pratique n’a été menée : le black bass à grande bouche.
Cette espèce est à l’aise sur le même faciès que la Procambarus Clarkii. Il affectionne les eaux
chaudes, faiblement oxygénées et supporte bien mieux les dégradations de qualité d’eau que le
brochet. Il est capable de coloniser des milieux très modestes qu’apprécient particulièrement les
écrevisses. Ceux-ci étaient il y a quelques temps encore très fréquentés par les anguilles, toutefois
l’état des populations ne laisse pas présager que celle-ci puisse jouer un rôle de prédation réel sur les
Clarkii.
Ainsi le black bass à grande bouche, figurant dans la liste des espèces autochtones françaises,
présente un caractère suffisant pour aller dénicher les Clarkii même dans leurs caches, à l’inverse du
sandre, et n’a pas de contrainte de taille comme la perche. Le black bass présente une faiblesse ;
celle d’être la dernière espèce prédatrice à se reproduire dans l’année (mai, juin) et elle est ainsi
victime d’une prédation forte de la part des brochets, perches, sandres et silures. De même l’état des
populations très hétérogènes d’un département à l’autre ou d’une masse d’eau à l’autre, permet
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difficilement de constater son efficacité aujourd’hui. Toutefois il présente des dispositions propres à
limiter sensiblement les Clarkii qu’il serait très intéressant d’analyser.
Conclusion :
La Procambarus Clarkii est une composante à part entière du paysage des milieux aquatiques en
France. Son éradication n’est plus à l’ordre du jour. Toutefois il convient de faire un effort pour
limiter sa prolifération à outrance. En effet, limiter les densités est l’enjeu de demain pour la qualité
des milieux aquatiques. Cette réflexion passe part la nécessité de réhabiliter en général la qualité des
milieux aquatiques puisqu’il est le premier facteur de multiplication de la Clarkii. Alors il faut
continuer les progrès sur les réseaux d’assainissement, les stations d’épuration, l’usage des
pesticides et engrais, l’emploi de produits chimiques, la consommation de l’eau… Rien de nouveau.
Aussi nous avons ici un arguent supplémentaire au nécessaire travail de fond à accomplir sur la
protection des milieux aquatiques.
Le grand chantier que représente la réhabilitation des milieux aquatiques peut se voir favoriser via un
effort sur la règlementation, on peut peut-être envisager un piégeage plus fort via les instances
publiques, car relevant assurément d’une utilité publique. Cela passe par l’élaboration nécessaire de
pièges à écrevisses véritablement sélectifs.
Enfin, la nature si l’on ne l’avait pas trop perturbée était capable de mettre en place des mécanismes
de régulation. Les prédateurs les mieux positionnés sont assurément les poissons. Ce n’est pas
seulement une espèce qu’il faut mettre en avant pour jouer ce rôle, mais l’ensemble des prédateurs
qui grâce à leurs répartitions pourront palier à la grande adaptation des Clarkii. La gestion de ces
espèces piscicoles représente ainsi un enjeu de protection des milieux allant bien plus loin que leur
préservation direct. Ainsi une règlementation imposant des quotas de captures drastiques et une
promotion du no kill (anglicisme signifiant la remise à l’eau des poissons après capture) permettrait
sans nul doute une approche cohérente au regard des enjeux de préservation des milieux aquatiques
et de la lutte contre les Clarkii. De même, il serait intéressant d’analyser de plus près le rôle du black
bass contenu du fait qu’il partage naturellement les milieux de prédilection de la Procambarus
Clarkii.
La seule certitude aujourd’hui tient dans le fait que la Clarkii n’attend pas pour continuer son
parcours… Ainsi chaque instant qui s’écoule nous éloigne des pistes visant à contraindre sa
prolifération et les dégâts qu’elle génère.
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