La Norme IS0 15189
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La Norme IS0 15189
38 MANAGEMENT La Norme IS0 15189 : une opportunité pour initier une démarche d’excellence opérationnelle our rappel, l’ISO 15189 est une norme internationale publiée par l’ISO en 2003 revue en 2007 et en 2012, qui spécifie les exigences de qualité et de compétence propres aux laboratoires de biologie médicale (LBM). En France, le Comité français d’accréditation (Cofrac) accrédite sur demande les LBM selon un référentiel qui leur est propre. Cette accréditation est une reconnaissance des compétences techniques. Dans le cadre de la nouvelle loi « Hôpital, patients, santé, territoires » (HPST), cette accréditation est devenue obligatoire. À l’horizon 2013, tout laboratoire, public ou privé, devra démontrer qu’il a entrepris une démarche d’accréditation. En 2016, tous les laboratoires, publics ou privés, de France devront être accrédités ISO 15189. Il peut arriver que la mise en conformité avec une norme soit vécue comme une contrainte, mais ne serait-ce que par son titre « Exigences pour la qualité et la compétence », l’ISO 15189 apparaît immédiatement comme un levier de compétitivité. D’aucuns répliqueront que tout le monde doit appliquer la même norme, mais la différence se fera justement dans la manière dont chacun appliquera cette norme. Et au-delà de la manière, il y a également la philosophie et la mise en cohérence avec la stratégie de l’entreprise. Même si le mot « entreprise » interpelle toujours les acteurs du secteur sanitaire, on ne peut nier La différence se fera dans la manière dont ni la dimension économique de la chacun appliquera cette norme. profession, ni ses contraintes. © Africa Studio P Juin-Juillet-Août 2013[Biologiste infos © alphaspirit Que vient faire une norme métier dans la rubrique management ? La réponse est dans la question, car cette norme se lit en deux parties : exigences relatives au management et exigences techniques. La dimension managériale que nous abordons ici permet de revisiter les processus des laboratoires et leurs pilotages pour atteindre l’excellence dans la qualité, mais aussi l’efficacité et la performance. La mise en place de cette norme est une occasion naturelle d’initier une démarche d’amélioration continue. La mise en conformité avec une norme peut être vécue comme une contrainte mais elle apparaît surtout comme un levier de compétitivité. En rentrant dans le volet « Exigences relatives au management », le lien se fait rapidement entre l’excellence opérationnelle et les chapitres 4.1 à 4.15. Sans être exhaustif, on peut citer l’organisation et le management, le système de management de la qualité, la maîtrise des documents, le traitement des réclamations, l’identification et la maîtrise des non-conformités, l’amélioration continue, etc. L’intérêt d’une démarche d’amélioration continue Derrière les appellations « démarche d’amélioration continue », « programme d’excellence opérationnelle », « Lean Management » ou encore « Lean Six Sigma » se cachent des réalités différentes en fonction des choix de l’entreprise, et en fonction du métier. Certaines entreprises choisissent même des appellations dénuées de connotation méthodologique, comme « Chantier d’organisation mutuelle pour un traitement efficace » (Comte) par exemple. Nous allons ici détailler l’approche méthodologique la plus complète qu’est le Lean Six Sigma. Le Lean Six Sigma est une plate-forme d’excellence opérationnelle et de progrès continu issue de la fusion de deux approches complémentaires qui relient les notions de productivité (le Lean) et de qualité (le Six Sigma). La fusion de ces deux méthodologies permet 39 MANAGEMENT Samuel ESSAKA EKEDI © MacX de répondre de manière efficace à la totalité des problématiques de fonctionnement d’une entreprise. Le succès du Lean Six Sigma repose entre autres sur la dimension participative qui permet à chaque collaborateur de faire remonter ses idées d’amélioration, et de contribuer ainsi à la réussite collective. La particularité du Lean Six Sigma par rapport à d’autres approches est que sa mise en œuvre s’appuie sur les véritables experts du métier que sont les biologistes de terrain, et que sa démarche se déploie de manière holistique, s’intéressant au LBM dans son ensemble. Dans le cadre d’un projet Lean Six Sigma, les attentes et besoins des clients sont transcrits en éléments quantifiables pour ensuite définir de manière détaillée l’enchaînement des processus macro et micro qui permettront de délivrer des produits et services avec des critères de qualité et de coût convenus. La performance à chaque étape du processus est ainsi analysée, et les sources de dysfonctionnement identifiées pour apporter des solutions à court et moyen terme. La plupart des projets ont un retour sur investissement dans l’année avec des coûts de mise en œuvre très faibles en comparaison d’un investissement matériel ou logiciel. L’optimisation des processus est complétée par La particularité du Lean Six Sigma est que sa mise en oeuvre s’appuie sur les biologistes de terrain et que sa démarche s’intéresse au LBM dans son ensemble. un travail sur le pilotage des activités à destination du management de proximité qui permet à la fois de pérenniser les bénéfices du projet, d’accompagner les collaborateurs dans le changement et surtout de traiter de manière réactive les dysfonctionnements futurs qui sont transformés en opportunités d’amélioration. Il s’agit donc d’une démarche globale de transformation d’entreprise nourrie de l’intérieur pour garantir sa pérennité et ses résultats. Les opportunités qu’offre la norme Au-delà des aspects techniques des démarches d’amélioration continue décrites plus haut, rappelons le défi de la simplification qui s’impose à tous pour une meilleure réactivité dans la conduite des opérations. Nous pouvons revenir sur quelques-uns des bénéfices directs d’une démarche d‘excellence opérationnelle : des gains de productivité rapides (en moyenne 18 % avec retour sur investissement de six à 10 mois), une amélioration sensible de la qualité de service pour les clients, une intégration du pilotage de la performance dans les pratiques managériales, des organisations dés-imbriquées permettant des évolutions notables, etc. Avec l’ensemble de ces éléments, le lien se fait naturellement entre la mise en conformité avec la norme et une opportunité de prendre de l’avance sur la qualité et la performance dans un environnement économique très compétitif. Après avoir fait le lien entre les chapitres allant de 4.1 à 4.15 de la norme et la mise en œuvre d’une démarche d’amélioration continue, il serait dommage de simplement se contenter de documenter l’existant. La norme est aussi La performance est analysée à une opportunité de mieux structurer les chaque étape du processus. présentes opérations et préparer sereinement l’avenir. © chany167 Directeur associé chez OpEx Management Comment initier une telle démarche L’initiation d’une démarche d’excellence opérationnelle commence toujours par une sensibilisation du top management. Il s’agit d’une démarche globale de transformation d’entreprise qui doit être portée au plus haut niveau de l’entreprise. Un des grands intérêts est surtout de s’assurer de la cohérence de la démarche avec le plan stratégique de l’entreprise. Beaucoup d’entreprises reportent souvent le lancement d’une telle démarche parce qu’ils veulent d’abord sécuriser la mise en œuvre de leur plan stratégique, mais il ne s’agit pas toujours d’une approche gagnante. L’expérience nous montre qu’une démarche d’excellence opérationnelle est un catalyseur pour toutes les autres initiatives de l’entreprise et qu’elle peut donc être activée à tout moment. Si l’on est convaincu de la démarche à l’issue de la sensibilisation méthodologique, il convient de se faire accompagner par un praticien expérimenté pour décliner la stratégie d’entreprise sur le programme et pour définir un plan d’action associé. L’étape suivante concerne la formation des chefs de projet pour permettre de bâtir l’expertise méthodologique en interne pour la mise en œuvre de la démarche. Parallèlement à cette étape, on identifie un ou deux projets pilotes qui permettront de valider les choix méthodologiques et de tester sur le terrain l’impact des initiatives liées au programme sur le management de proximité par exemple. Un exemple de projet pilote peut être l’amélioration du pré-analytique mais les sujets sont variés, l’identification et la maîtrise des non-conformités sont une bonne source de projets sans compter les processus majeurs qui régissent le fonctionnement des laboratoires ou encore l’impact d’une implémentation multi-sites sur leur efficacité. Q SOURCES Norme_ISO_15189 www.axess-qualite.fr/norme-iso-15189.html www.iso15189.fr/autoeval.php Biologiste infos[Juin-Juillet-Août 2013