AprèslaGrèceetl`Italie,laFrance?

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AprèslaGrèceetl`Italie,laFrance?
(Publicité)
N°5
DIRECTION
BRUNO WALTER
DEUX CD
PLUS
UN LIVRET
UNIQUEMENT EN FRANCE
MÉTROPOLITAINE
Vendredi 11 novembre 2011 - 67e année - N˚20779 - 1,50 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr ---
Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz
Après la Grèce et l’Italie, la France ?
Dette italienne
Fonds de stabilité
1 924
1 000
1 727
366
Dette grecque
Montants
en milliards
d’euros
Dette française
t La Grèce, incapable de s’entendre sur un gouvernement
de coalition, s’enfonce dans la crise politique
t La défiance des marchés à l’égard de l’Italie s’accroît malgré
la transition politique et les engagements pour la rigueur
t L’écart des taux d’intérêt entre la France et l’Allemagne
se creuse à vive allure. Le doute sur la dette française s’instille
L
a tension monte en Europe. L’effet domino
de la crise de la dette semble ne pas vouloir
s’arrêter. Tandis que la Grèce s’enfonce dans
un pitoyable vaudeville politique, où trahisons et
rebondissements empêchent la formation d’un
nouveau gouvernement, le cas de l’Italie devient
préoccupant.
Les taux d’intérêt exigés par les marchés sur la
dette italienne ont crevéle seuil de 7% et serapprochent des niveaux qui étaient ceux du Portugal et
de l’Irlande quand ils ont dû faire appel à l’aide
européenne. L’Italie inquiète, car sa dette de
1 924 milliards d’euros pose à l’Europe un problème cinq fois plus lourd que celui de la Grèce.
Le FMI et Bruxelles accroissent leur pression
sur l’Italie. L’après-Berlusconi commencerait par
un gouvernement de transition mené par l’ancien commissaire européen Mario Monti.
Les marchés instillent désormais le doute sur
la qualité de la dette souveraine de la France. Jeudi
matin, l’écart entre les taux français et allemand à
10 ans a atteint 1,59 point de pourcentage contre
0,3 en mai, un record depuis la création de l’euro
en 1999. p Pages 2 à 5 et analyse page 25
748
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Comment l’affaire de Karachi
devient un scandale politique
Les Franciliens, otages d’un
RER au bord de l’implosion
La Grande Guerre complète et
proprette au Musée de Meaux
Enquête A l’origine, c’est une enquête antiterroriste.
Puis les découvertes du juge Trévidic font ouvrir
une enquête sur un éventuel financement illégal
de la campagne de M. Balladur. Or, les intermédiaires
mis en cause viennent de lancer les juges sur la piste
d’un second réseau, chiraquien celui-là. Page 15
Reportage Trois millions de voyageurs empruntent
chaque jour le réseau RER saturé. A Gare-du-Nord,
à Sucy-en-Brie ou à Bourg-la-Reine, l’exaspération est
la même devant des retards, synonymes de chefs de
service bougons le matin et d’enfants qui se languissent
à la garderie le soir. Sans compter les grèves. Page 24
Inauguration Le nouveau Musée de la Grande Guerre
ouvre ses portes à Meaux, le 11 novembre.
Le lieu joue sur le spectaculaire et l’exhaustivité, grâce
à un fonds d’une grande richesse. Mais il est desservi
par une muséographie datée et l’oubli des souffrances
des combattants. Page 27
Le Monde des livres
Dieu soit loué, nous avons l’AIEA!
S
UK price £ 1,50
Nairobi
ouvenez-vous. C’était le
5 février 2003, six semaines
avant l’invasion de l’Irak.
Colin Powell, le secrétaire d’Etat
américain, énumérait au Conseil
de sécurité de l’ONU les éléments
de « preuve » qui, selon l’administration Bush, démontraient que
l’Irak poursuivait un programme
nucléaire militaire.
Schémas à l’appui, il parlait de
tubes d’aluminium et de tentatives d’approvisionnement du régime de Saddam Hussein en uranium provenant du Niger. Pourtant, dans les mois qui suivirent,
aucune trace ne fut trouvée de
programmes d’armes de destruction massive dans les sables de
Mésopotamie.
Une voix avait, déjà, exposé la
supercherie. Ou plutôt une organisation : l’Agence internationale
de l’énergie atomique (AIEA). En
janvier 2003, puis encore le
Africains
sans clichés
à Paris Photo
7mars 2003, son directeur, l’Egyptien Mohamed ElBaradei, dénonçait les manipulations de l’équipe Bush. Il disait notamment
deux choses : les tubes d’aluminium en question n’étaient pas
utilisables dans un programme
nucléaire et « les documents sur
(…) des transactions d’uranium
entre le Niger et l’Irak ne sont pas
authentiques ».
Il ne se trouva personne, au
sein de l’administration américaine de l’époque, pour écouter cette
Editorial
voix. La guerre d’Irak, qui a coûté
la vie à environ 100 000 civils
dans le pays et à plus de 4 400 soldats américains, fut déclenchée
sur des mensonges.
Il n’est pas inutile de rappeler
ces faits, au moment où la crise
autour du nucléaire iranien
connaît un nouveau pic de tension. Que dit, aujourd’hui, l’AIEA
sur l’Iran ? Dans son dernier rapport, remis le 8 novembre, l’agence de vérification de l’ONU fait
part de ses « sérieuses préoccupations » à propos de travaux iraniens « spécifiquement liés à l’arme nucléaire ». Elle détaille pour
la première fois les recherches
menées par la République islamique sur des composants en uranium métal, des explosifs et le
dessin d’une ogive nucléaire.
Bref, la quête par l’Iran de la
technologie et du savoir nécessaires à la production de l’arme
suprême est constatée. Ce qui
n’est pas démontré, en revanche,
c’est l’existence d’une décision
politique iranienne pour aller au
seuil de sa capacité nucléaire –
voire jusqu’au bout du processus.
C’est là, depuis une dizaine d’an-
nées, le grand suspense de cet
imbroglio.
L’AIEA, créée en 1957 à l’initiative du président américain Dwight Eisenhower dans le cadre de
son programme d’« atomes pour
la paix », est plus que jamais la gardienne du traité de non-prolifération. Elle est chargée de vérifier, à
travers le monde, que la technologie nucléaire n’est pas détournée
vers des fins militaires. Ses pouvoirs d’inspection ont leurs limites, car ils dépendent en partie du
bon vouloir des Etats. L’Iran continue d’ailleurs de les entraver.
Mais l’Agence demeure la vigie
indispensable, dont la crédibilité
ne peut être mise en doute, comme le démontre la précision de
son dernier rapport. L’AIEA avait
établi la vérité en 2003 sur l’Irak.
A propos des agissements de
l’Iran, sa parole est le seul repère
fiable et indiscutable. p Page 8
Les petits diamants
de Le Clézio Le Prix Nobel
de littérature sort un recueil
de délicieuses nouvelles.
Philosophie des maisons
Un essai de Benoît Goetz.
Histoire «1914. Les atrocités
allemandes.» Supplément
Le regard de Plantu
L
e Grand Palais, à Paris,
accueille, jusqu’au 13 novembre, Paris Photo, le rendezvous des collectionneurs d’art photographique. L’Afrique y est à
l’honneur avec de splendides portraits réalisés en studio dans les
années 1940-1970, proposés à des
prix abordables. p Lire page 26
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(© Francis Demange)
Spécial cameroun
Pages centrales
Grasset
Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,50 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,50 ¤, Malte 2,50 ¤,
Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,
0123
page deux
Vendredi 11 novembre 2011
La crise en Europe
Quand la fille de Raul Castro
se lance sur Twitter
M
ariela Castro Espin, la
fille du président cubain
Raul Castro, a ouvert un
compte sur Twitter, mardi
8 novembre. « Je suis en train d’apprendre. Bientôt vous aurez plus
de nouvelles », a-t-elle écrit dans
son premier message.
Personnalité très médiatique,
Mariela Castro est à la tête du Centre national d’éducation sexuelle,
à La Havane. Elle n’hésite pas à
accorder des entretiens à la presse étrangère, alors que les hauts
fonctionnaires fuient les caméras
et les micros. Elle défend les gays
et les transsexuels. Grâce à son
entregent dans les hautes sphères du pouvoir, les opérations de
changement de sexe sont désormais admises à Cuba.
En octobre, elle avait profité
d’un voyage à Amsterdam pour
visiter le Quartier rouge, connu
pour ses filles en vitrine. Lors
d’un entretien enregistré à Radio
Nederland, elle avait parlé de ses
rencontres avec les prostituées.
« J’admire et je respecte la façon
qu’elles ont trouvée pour exercer
dignement leur travail sexuel »,
avait-elle dit.
Ses déclarations ont suscité la
polémique. Dans les années 1960,
Fidel Castro s’exprimait en ces termes : « Notre tourisme était un
tourisme pour la prostitution.
Aujourd’hui à Cuba il n’y a rien de
cela, et il n’y en aura plus jamais. »
Hélas, depuis vingt ans, les « jineteras » (« cavalières «) ont fait de
nouveau de Cuba une destination prisée du « tourisme sexuel ».
« Je suis en train d’écrire sur
mon récent voyage en Hollande et
au Quartier rouge. J’informerai
sur ce que Radio Nederland n’a
pas dit », a annoncé Mariela Castro sur Twitter. La blogueuse et
twitteuse Yoani Sanchez, bête noi-
re de la Sécurité de l’Etat, qui l’accuse de promouvoir une « cyberguerre », a immédiatement réagi :
«Bienvenue au pluralisme de Twitter. Ici, personne peut me faire taire, me refuser l’autorisation de
voyager, ni l’entrée. »
Yoani Sanchez ne s’est pas privée d’interpeller la fille de Raul
Castro : « Comment peut-on prôner l’acceptation dans un seul
domaine ? La tolérance est totale,
ou alors elle n’existe pas. » Mariela Castro lui a répondu du tac au
tac : « Ta vision de la tolérance
reproduit les vieux mécanismes
de pouvoir. Pour améliorer tes
“services” tu devrais étudier. »
Transition dynastique
L’échange a provoqué une
explosion de messages d’opposants et de partisans du régime.
Avec les premiers, Mariela Castro
n’a pas pris de gants : « Méprisables parasites, vous avez reçu l’ordre de vos employeurs de me
répondre à l’unisson et selon un
même scénario ? Soyez créatifs. »
Un diplomate en poste à
La Havane estime que l’exposition médiatique de Mariela Castro est un écran de fumée, destiné
à occulter la « transition dynastique » en œuvre à Cuba.
Elle contraste en tout cas avec
le profil bas adopté par son frère
Alejandro Castro Espin, colonel
du ministère de l’intérieur, proche collaborateur du chef de
l’Etat, et par le colonel d’armée
Luis Alberto Rodriguez Lopez-Calleja, marié à leur sœur Deborah
Castro Espin, PDG de GAESA, holding des entreprises contrôlées
par les militaires. « M. Gendre » a
fait son entrée au comité central
du Parti communiste de Cuba,
lors du congrès d’avril. p
Paulo A. Paranagua
Les indégivrables Xavier Gorce
Entretien L’écrivain Vassilis Alexakis observe la crise qui frappe son pays
natal, pointant la responsabilité des Grecs et de leurs gouvernants, mais
aussi l’arrogance des puissances européennes, qui nourrit le nationalisme
«On a un grand besoin
d’impassibilité en ce moment…»
Pourquoi y a-t-il en Grèce une telle
défiance vis-à-vis de l’Etat ?
Le rêve de toutes les familles en Grèce
était que leurs enfants deviennent fonctionnaires. La défiance des Grecs vis-à-vis
de l’Etat, c’est celle qu’ils peuvent avoir
vis-à-vis d’eux-mêmes, parce qu’ils se
connaissent. Quant à la défiance vis-à-vis
de l’impôt… A Athènes, on sait qu’à chaque
fois qu’il y a un contrôle fiscal, le but, c’est
de s’arranger avec l’agent du fisc et de lui
donner une somme de la main à la main.
C’est le système !
Comment ressentez-vous les critiques
contre votre pays ?
L’arrogance des grands pays est insupportable. On dirait que Sarkozy considère
Papandréaou comme un de ses préfets…
Cela alimente le nationalisme.L’idée d’une
perte d’identité gagne du terrain, et c’est
une aberration, car l’Europe fait partie de
la culture grecque. Il est difficile de demander à la Grèce d’être raisonnable alors que
le pays est à cheval sur deux cultures opposées : une culture classique de liberté d’esprit et une culture orientale, dogmatique
qui est celle de l’Eglise orthodoxe.
L’Eglise peut-elle venir à l’aide du pays ?
L’écrivain franco-grec Vassilis Alexakis. PHILIPPE MATSAS/OPALE
J
ournaliste,écrivainetréalisateurfranco-grec,VassilisAlexakisestnéàAthènes en 1943. Ses livres ont été récompensés par de nombreux prix, dont le
Grand prix du roman de l’Académie
françaiseen 2007 pourAp. J.-C. (Stock).
Comment vivez-vous la situation de la
Grèce ?
Je suis condamné à lire des articles économiquesquejenecomprendspas…Jesuis surpris de voir que les économistes, qui ont ruiné une foule de gens, continuent à nous
expliquer ce que l’on doit faire. Le moment
est venu de donner la parole à des philosophes, des sociologues, des historiens.
LaGrèce pourraittirer parti de cette situation pour convier, sur une île de la mer Egée
par exemple, des sages de toute l’Europe,
voire de toute la planète, pour essayer de
«L’Eglise pourrait redorer son
image en aidant. Mais depuis
l’époque byzantine, elle a toujours
appris à prendre, jamais à donner»
voir quel genre de vie nous voulons. La Grèce pourrait pendre une initiative, parce
qu’au fond le seul capital qui lui reste, ce
sont ces philosophes présocratiques qui
disaient une chose admirable : il faut à tout
prix préserver son impassibilité. On a un
grand besoin d’impassibilité en ce moment.
Est-ce la faute des Grecs, ou de l’Europe ?
C’est largement de la faute des Grecs,
mais nous sommes victimes de nos traditions. Ma grand-mère, invitait toute sa
famille le premier du mois dans un restauSociété éditrice du « Monde » SA
Président du directoire, directeur de la publication Louis Dreyfus
Directeur du « Monde », membre du directoire, directeur des rédactions Erik Izraelewicz
Secrétaire générale du groupe Catherine Sueur
Directeurs adjoints des rédactions Serge Michel, Didier Pourquery
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Médiateur Pascal Galinier
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0123 est édité par la Société éditrice du «Monde» SA
Durée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : 149 017 497 ¤. Actionnaire principal: Le Monde SA.
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94852 Ivry cedex
rant et elle y dépensait la moitié de sa pension en une soirée. Au fond, je ne peux pas
lui donner tort : ces dîners comptent parmi les meilleurs souvenirs de ma vie.
Vous sentez-vous solidaire de vos compatriotes ?
Les principaux responsables de la crise
sont les gouvernements successifs de la
Grèce. Dans les années 1980, le premier
ministre Andréas Papandréou (Pasok),
promettait au peuple de faire sa fortune,
or déjà, à cette époque, les caisses étaient
vides. La responsabilité des gouvernements est tragique. La Grèce a vécu hors de
la réalité et cela atteint le paroxysme avec
les Jeux olympiques de 2004. On a fait
comme si on pouvait organiser tout cela.
Or les JO ont laissé une dette de 20 milliards d’euros que nos petits-enfants vont
devoir payer.
Quand j’étais enfant, mon père avait si
peu d’argent qu’il était obligé d’aller sur le
mont Hymette, à trois heures de marche,
pour cueillir des herbes sauvages que l’on
mangeait. J’ai l’impression que la Grèce
est en train, tout doucement, de remonter
sur le mont Hymette…
Les Grecs ont-ils la classe politique la
plus médiocre d’Europe ?
Tout est du même niveau en Grèce. La
médiocrité de la télévision, du monde politique, l’affairisme… Cela reflète un état
d’esprit plus général. Quand on nous dit
que l’on a trafiqué les statistiques pour
masquer la dette, c’est vrai, mais je me dis
aussi que la ruse et le mensonge font partie de la tradition grecque : c’est par la ruse
que les Grecs sont entrés dans Troie et que
Zeus a abusé d’Europe…
Assurément, car elle est richissime. Elle
a soutenu toutes les dictatures que le pays
a connues, elle les a même bénies. Aujourd’hui, elle pourrait redorer son image en
aidant. Mais depuis l’époque byzantine,
elle a toujours appris à prendre, jamais à
donner. En Grèce, l’Eglise est le premier
propriétaire terrien et la plus grosse entreprise. Le conseil d’administration de la
banque nationale est présidé par le primat
de l’Eglise grecque parce qu’ils sont parmi
ses principaux actionnaires. Et l’Eglise
gère bien mieux sa fortune que l’Etat.
N’y a-t-il pas deux Grèces, celle des îles
qui ne s’en sort pas trop mal et la Grèce
qui souffre, celle des fonctionnaires,
des retraités, des étudiants ?
L’argent du tourisme profite à certains,
mais pas au pays. Dans les endroits très
touristiques, il y a évidemment beaucoup
d’argent.Mais je ne vois pasl’argent de Delphes, de Santorin ou de Mykonos. La Grèce
est un pays de montagnes, elle en a autant
que la Suisse, mais c’est la Grèce. C’est la
Suisse, sans l’horlogerie.
La solidarité qui s’accentue entre les
générations à cause de la crise a des effets
très négatifs. Les femmes reviennent
vivre chez leurs parents. L’influence étouffante de la famille va encore s’accentuer,
avec la nostalgie de l’époque où la Grèce
était pauvre, où l’on vivait ensemble et où
on partageait le bol de lait avec le voisin…
Aujourd’hui, il existe une tendance à se
replier sur soi qu’il faut absolument éviter. Le prochain premier ministre grec
naviguera à vue sur un bateau comme
celui d’Ulysse. Mais je voudrais qu’on l’attache au mât pour qu’il n’écoute pas les
sirènes qui incitent la Grèce à s’isoler. A
chaque fois que le pays l’a fait par le passé,
la situation est devenue pire que la catastrophe qu’elle voulait éviter. p
Propos recueillis par Alain Beuve-Méry
Le plan iconoclaste des «sages» allemands
C’EST L’IDÉE qui pourrait réconcilier les
Etats-membres de la zone euro. Dans son
expertise annuelle, parue mercredi
9 novembre, le conseil des sages du gouvernement allemand en matière économique a élaboré un mécanisme qui échafaude une voie possible vers une sortie de
la crise de la dette. Et ce en contournant
ce que l’Allemagne considère comme un
effet pervers des Eurobonds et du rachat
des obligations d’Etat par la Banque centrale européenne : la suppression de toute incitation à la discipline budgétaire.
Le « Pacte de remboursement des dettes » est inspiré, précisent les sages, du
plan de restructuration de la dette américaine après la guerre d’indépendance
(1775-1783). Alexander Hamilton, alors
ministre des finances, voulait éviter que
le jeune Etat américain ne mette en jeu sa
réputation par une décote de sa dette. Il
crée en 1792 un fonds de remboursement
considéré comme « un des programmes
financiers les plus efficaces de l’histoire ».
Structure de défaisance
L’idée est de créer une sorte de structure
de défaisance dans laquelle seraient transférées toutes les dettes d’Etat dépassant le
critère de 60 % du PIB fixé par le traité de
Maastricht. Ce fonds serait garanti par
tous les membres de la zone euro. En
même temps, chaque pays s’engagerait
dans une «voie de consolidation» et les dettes transférées devraient être remboursées
dans un délai de vingt à vingt-cinq ans.
Ce pacte offrirait la possibilité aux
membres de la zone euro de couvrir leurs
besoins de financement grâce au fonds,
et ce aussi longtemps que le cadre de
financement le permet. Comme les dettes seraient transférées dans le fonds non
pas immédiatement mais de manière différée, de fortes incitations à la discipline
fiscale seraient maintenues.
Les sages calculent que, pour l’année
2011, la structure de défaisance contiendrait pour 2 300 milliards d’euros de dette
souveraine. L’Allemagne et l’Italie en
seraient les plus gros contributeurs avec
25% et 41 % du total (21,6 % pour la France).
Les dettes émises par ce biais, sûres, permettraient de stabiliser le système financier européen. Le système empêcherait ainsi tout transfert de dette d’un pays vers un
autre, sauf en cas d’incident de paiement.
Présenté mercredi à Angela Merkel,
l’idée des sages n’a pas reçu les faveurs de
la chancelière : celle-ci voit de nombreux
obstacles, notamment constitutionnels, à
sa mise en place. p
Cécile Boutelet
(Berlin, correspondance)
l’événement
0123
Vendredi 11 novembre 2011
3
La crise en Europe
Mario Monti entre en scène en Italie
La promesse de Silvio Berlusconi de quitter le pouvoir n’a pas réussi à lever tous les doutes
M. Berlusconi de quitter le pouvoir par la porte pour revenir par
la fenêtre, ils ont fait capoter cette
perspective et signifié clairement
leur préférence pour une transition douce et rapide bousculant
les habitudes italiennes.
Mais pas plus que les places
financières, l’homme de la rue en
Italie ne semble encore prendre
pour argent comptant la promesse de M. Berlusconi de quitter son
poste. Prenons notre voisin de
Rome
Correspondant
L
e président de la républicaine italienne, Giorgio Napolitano, a engagé une course de
vitesse avec les marchés. Alors
que ceux-ci font battre chaque
jour de nouveaux records aux
taux d’emprunt italiens à la Bourse de Milan, il a décidé de brûler
les étapes pour accélérer la transition à la tête de l’exécutif et réduire au maximum le délai de la crise
politique. Le fait que cette initiative vienne d’un homme de 86 ans,
ayant passé l’essentiel de sa carrière politique dans les rangs du Parti communiste, n’est pas le moindre des paradoxes péninsulaires.
Mercredi 9 novembre, il s’est
engagé à trois reprises pour rassurer les places financières, la Commission européenne et le Fonds
monétaire international, qui ont
l’Italie dans le collimateur. La première pour clarifier ses prérogatives en matière de formation d’un
nouveau gouvernement et confirmer que l’actuel président du
conseil, Silvio Berlusconi, démissionnera bien après le vote définitif des mesures de rigueur et de
relance. Une manière d’écarter la
rumeur selon laquelle le Cavaliere avait décidé de s’accrocher au
pouvoir en faisant traîner une
manière de « démission lente »
pour mieux être en mesure de
peser sur le choix de son successeur.
La seconde a consisté à faire
pression sur les présidents de la
Chambre des députés et du Sénat,
ainsi que sur les présidents de
groupe afin de faire adopter dans
les plus brefs délais ces mesures
de rigueur et de relance, contenues dans un amendement à la loi
de finances. Ces dispositions
reprennent les engagements présentés par le gouvernement à la
M. Monti apparaît
depuis le début
de la crise politique
comme la solution
idéale pour rassurer
les marchés
Nommé sénateur à vie par le président, Giorgio Napolitano, Mario Monti est pressenti pour succéder à Silvio Berlusconi. MONASSE TH/ANDIA.FR
Commission le 26 octobre (libéralisations et privatisations) à l’exception du recul de l’âge du départ
à la retraite et de l’assouplissement des règles de licenciement.
Il est prévu que les élus de la gauche et du centre soient présents le
jour venu dans l’Hémicycle pour
garantir le quorum, mais qu’ils ne
prendront pas part au vote.
Enfin, dernière manœuvre
plus inédite : M. Napolitano a
nommé Mario Monti sénateur à
vie. Pour la presse italienne, cette
nomination apparaît comme une
préinvestiture pour l’ancien commissaire européen (1994-2004) et
recteur pendant cinq ans de la
prestigieuse université milanaise
Bocconi. « Monti sur le terrain »,
titrait jeudi 10 novembre au
matin le quotidien de centre gauche, la Repubblica ; « Vers l’investiture de Monti », renchérissait le
conservateur Corriere della sera.
Agé de 68 ans, lombard, ancien
élève, à l’université Yale, du Prix
Nobel d’économie James Tobin,
M. Monti apparaît depuis le début
de la crise politique comme la
solution idéale pour rassurer les
marchés et engager les réformes
nécessaires à la tête d’un gouvernement de « large entente », qui
serait soutenu par le Peuple de la
liberté, la formation de M. Berlusconi, l’Union du centre, le Parti
démocrate, et peut-être même la
Ligue du Nord.
Dans une intervention, le
4 novembre, il a annoncé la couleur en se disant favorable « à un
Un effondrement italien fragiliserait les Etats-Unis
QUE LA CRISE DE LA DETTE en
zone euro enflamme l’Italie, troisième économie de la région, et
c’est le choc aux Etats-Unis. Un
choc similaire à la faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers en
2008, « la » référence absolue en
matière de catastrophe financière,
à en croire les déclarations de
l’agence de notation de crédit Moody’s, mercredi9 novembre.
« Toute contagion de ce qui se
passe en Europe passerait en premier lieu par le système bancaire»,
explique Stephen Hess analyste
spécialisé des Etats-Unis chez Moody’s cité par Reuters.
Pour l’heure, les choses restent
sous contrôle outre-Atlantique,
mais «si la crise empire et emporte
l’Italie (…) le système financier américain serait brutalement affecté »,
provoquant un gel du marché
interbancaire comme après la faillite de Lehman, poursuit M.Hess.
Un scénario à la Armageddon, que
Wall Street n’écarte pas totalement. Pour preuve, mercredi, les
indices de la Bourse de New York,
le Dow Jones, le Nasdaq et le S & P
500 ontchuté de 3,20% ; 3,88 % et
3,67 %.
De fait, une déflagration majeure en zone euro, liée à la contagion
de la crise à l’Italie et à ses
1900 milliards d’euro de dette
publique, ne laisserait pas les EtatsUnis indemnes, reconnaît Bruno
Cavalier économiste chez Oddo.
Les calculs sont vite faits : les banques américaines détiennent peu
de dettes souveraines italiennes,
de l’ordre de 15 milliards de dollars
(11milliards d’euros) selon la Banque des règlements internationaux (BRI), rapporte M.Cavalier.
Mais elles ont vendu des produits
dérivés du type des CDS (Credit
default swaps), ces titres d’assurance contre le défaut d’un pays à hauteur de 250 milliards de dollars
poursuit-il. Si Rome est pris dans
la tourmente les banques américaines devraient donc payer la factu-
re en versant les primes d’assurance de ces CDS. A quelle hauteur?
Mystère. Le marché des produits
dérivés est opaque. Mais l’événement entretiendrait sans doute
une psychose entre établissements risquant de geler les prêts
qu’ils s’accordent les uns les autres
menaçant, par ricochet, de gripper
les crédits aux ménages et aux
entreprises.
Last but not least, l’économie
américaine surendettée et convalescente, pourrait perdre sa note
« AAA » octroyée par Moody’s
après avoir été dégradée par sa
consœur Standard & Poor’s… p
Claire Gatinois
gouvernement d’unité nationale
pour faire des choix impopulaires.
Il faut tenir un discours de vérité ».
Le seul obstacle à sa nomination restait au cours de ces dernières heures la préférence de la
Ligue et du Peuple de la liberté
pour des élections anticipées qui
aurait permis aux chefs de ces
deux formations, Umberto Bossi
et M. Berlusconi lui-même, de garder la main sur les investitures. Le
Cavaliere avait déjà désigné le
chef de file de la droite, le garde
des sceaux, Angelino Alfano.
Mais de nombreux députés du
PDL se sont mobilisés pour dire au
futur ancien président du conseil
qu’ils n’étaient pas disposés à
« aller au casse-pipe » en l’état
actuel des sondages qui donnent
le centre gauche vainqueur. Réuni
avec l’état-major de son parti et de
la Ligue, jusqu’à 1 heure du matin
jeudi, M. Berlusconi s’est lui aussi
rangé à l’idée d’un gouvernement
Monti.
Une fois encore, les marchés et
les institutions ont imposé leur
vue. Pas plus enthousiastes à
l’idée de redonner la parole aux
Italiens qu’ils ne l’étaient vis-à-vis
du référendum grec, ils craignent
que l’incertitude politique s’ajoute à la crise financière. Redoutant
une combinazzione, une fausse
sortie de scène qui permettrait à
palier par exemple, un homme
dont la barbe blanche manifeste
de son expérience. « Il nous a
raconté tellement de mensonges,
lâche-t-il en grimpant l’escalier,
mercredi. J’y croirai quand je le verrai quitter le palais Chigi », siège
de la présidence du conseil.
Il est vrai que les Italiens qui
l’ont vu tomber et se relever tant
de fois ont intégré sa réputation
de combattant jamais définitivement vaincu. Déjà démissionnaire en 1995, il revient en 2001 ; battu en 2006, il est de nouveau vainqueur pour la troisième fois en
2008. Ils l’ont entendu promettre
au moins à deux reprises de quitter « définitivement le pouvoir »
dans le cas où il ne tiendrait pas
ses promesses. Désormais, ils veulent voir pour croire.
Illustration de cette méfiance,
un article publié mercredi
9 novembre sur le quotidien en
ligne Il Futurista, proche du président de la Chambre des députés,
Gianfranco Fini, un ancien allié
du Cavaliere devenu un ennemi
opiniâtre : « Il ne faut laisser ni
temps, ni argent, ni espace au Caïman », un des nombreux surnoms de M. Berlusconi, écrit son
auteur. Ce dernier redoute que le
président du conseil utilise ce
délai pour « négocier sa reddition » en exigeant un traitement
de faveur pour ses entreprises ou
un sauf-conduit judiciaire.
Il imagine aussi que le président du conseil en sursis puisse
renier sa parole : «Il y a un an, écritil encore [lors du vote de confiance du 14 décembre], il avait utilisé
ces prolongations pour “acheter”
des élus. Qui nous garantit que le
même scénario ne se reproduira
pas et qu’il ne reviendra pas sur sa
promesse ? Il faut rester vigilant. » p
I MAGINEZ LES SECRETS QU’ELLE CONNAîTRA
LE CRÉATEUR DE LA PERLE DE CULTURE DEPUIS 1893
8 P L A C E V E N DÔM E P A R I S T E L : + 3 3 1 4 2 6 0 3 3 5 5 W W W . M I K I MOTO . F R
TO K YO N E W YOR K P A R I S LONDON CO S T A M E S A L A S V E G A S B E V E R L Y H I L L S
Philippe Ridet
4
0123
l’événement
Vendredi 11 novembre 2011
La crise en Europe
Rome peut
Pour les marchés, la dette française est de
supporter l’envolée moins en moins un placement sans risque
du prix de sa dette… L’écart de taux d’emprunt avec l’Allemagne a atteint un nouveau record jeudi 10novembre au matin
pour l’instant
A
Depuis quinze ans, l’Etat italien
est l’un des moins dispendieux d’Europe
Sans la charge
de la dette, le budget
du pays est
excédentaire,
contrairement à celui
de la France
Désormais placée sous surveillance du Fonds monétaire
international et de la Commission
européenne, l’Italie devrait voir
son Parlement adopter d’ici à la fin
de la semaine les mesures de
rigueur. Un vote à l’issue duquel
M. Berlusconi a promis de partir.
« Rome doit non seulement
annoncer des mesures, mais aussi
les mettre en œuvre », a cependant
prévenu, mercredi, Jean-Claude
Juncker, le patron de l’Eurogroupe.
Caravec l’Italie, dont ladette culmine à 1 900 milliards d’euros – soit
120 % de son produit intérieur
brut (PIB), l’Europe se trouve
confrontée à une dette cinq fois
plus élevée que celle de la Grèce…
Déjà étroite, la marge de
manœuvre du pays s’en trouve
encore plus restreinte par les exigences des marchés qui réclament
à Rome des rendements de 7 %
pour refinancer sa dette. On n’est
plus qu’à quelques encablures des
taux demandésau Portugal et à l’Irlande quand ils ont dû faire appel
à l’aide européenne.
D’ici à la fin de l’année, l’Italie va
devoir emprunter 58 milliards
d’euros pour refinancer sa dette.
« Lever cette somme à 7 % n’est pas
explosif », juge M. de Lucia. Mais
les échéances de 2012 sont bien
plus élevées, le montant des obliga-
RENDEMENT DE L’EMPRUNT
D’ÉTAT À DIX ANS, en %
7,5
7,316
tions arrivant à échéance étant
près de 25 % plus élevé qu’en 2011 :
le pays devra emprunter 231,9 milliards d’euros, contre 157,5 milliards d’euros attendus en 2013.
Avec notamment trois mois extrêmement délicats en février, mars
et avril…
Pour la Péninsule, « une hausse
de 1 point du taux d’emprunt représente une charge supplémentaire
de 4 milliards d’euros », explique
Sylvain Broyer, de Natixis. Si les
taux restaient au-delà de 7 % plutôt qu’autour des 4,5 % prévus initialement, cela pourrait représenter une surcharge financière de 11
à 12 milliards d’euros. Soit près
d’un point de PIB…
L’Italie est certes confrontée
à des taux élevés, à une croissance
molle depuis presque deux décennies, mais paradoxalement l’Etat,
qui se débat avec une dette publique supérieure à 100 % du PIB
depuis le début des années 1990,
n’est pas des plus dispendieux.
Depuis quinze ans, à l’exception des années 2009 et 2010, l’Italie se trouve en effet en « excédent
primaire », ce qui n’est pas le cas de
la France : en clair, si le pays n’avait
pas à payer la charge de sa dette, le
budget italien serait excédentaire.
En 2011 par exemple, le pays
devrait afficher un excédent primaire de 0,9 % du PIB… Un chiffre
que les nouvelles mesures d’austérité sont censées accroître. « Selon
nos calculs, la dette publique peut
rester soutenable jusqu’à un taux
marginal d’emprunt de 9 % pendant un ou deux ans, à la condition
expresse que les mesures d’austérité devant prochainement être
adoptées soient pleinement appliquées, et notamment que l’excédent primaire passe de 0,9 % du PIB
cette année à 5,2 % en 2014 », expliqueainsi LaurenceBoone, chef économiste Europe chez Bank of AmericaMerrill Lynch. Selon ses projections, même en empruntant à un
taux de 6,5 % et avec une croissance limitée à 1 % à l’avenir, l’Italie
pourrait ramener sa dette sous la
barre des 100 % du PIB en 2022.
Reste à savoir si les marchés agiront de façon rationnelle… « Le problème est davantage un risque de
liquidité que de solvabilité : en
clair, les investisseurs voudront-ils
encore du papier italien ? », s’interroge Mme Boone. « Il y a assez peu de
chance d’assister à une détente rien
qu’avec le politique », déplore de
son côté M. Broyer, qui parle
d’« aberration de marché » devant
l’envolée récente des taux italiens.
Et d’appeler à un signe fort de la
Banque centrale européenne, qui
devrait, selon lui, s’engager clairement à acheter massivement de la
dette italienne. « Le salut de l’Italie
est italien, juge-t-il. Mais il se trouve à Francfort, avec Mario Draghi,
le président italien de la BCE. » p
Clément Lacombe
DETTE PUBLIQUE, en % du PIB
125
7,0
120
6,5
115
6,0
110
5,5
105
5,0
100
4,5
95
Février 2011
9 novembre
1999
* prévisions
I
l paniquait les marchés, sapait
la crédibilité de son pays. Il
devait partir pour desserrer
l’étau dans lequel il enfonçait chaque jour un peu plus l’Italie.Au lendemain de l’annonce de la démission prochaine de Silvio Berlusconi de la présidence du conseil italien, les marchés ont pourtant été
pris d’un nouvel accès de fièvre
mercredi 9 novembre. Ainsi, les
rendements des emprunts d’Etat
italiens à dix ans se sont considérablement tendus, pulvérisant un
nouveau record à 7,226 %, contre
6,742 % la veille, 5,907 % deux
semaines plus tôt et 4,815 % le
1er janvier.
« Les marchés se demandent
maintenant qui va gouverner le
pays, avec qui, si des élections vont
avoir lieu », explique Clemente de
Lucia, économiste chez BNP Paribas. « Il y a aussi le problème de
savoir ce qu’un gouvernement totalement nouveau ferait pour résoudre les problèmes structurels du
pays, notamment l’application des
mesures réclamées par l’Union
européenne », complète Benedicta
Marzinotto, de l’institut Bruegel.
2011 2013*
SOURCES : BLOOMBERG ; NATIXIS ; OCDE
vec la violente accélération
de la crise depuis l’été, les
marchés se sont remis comme jamais à faire le tri entre bonne
et mauvaise dette de la zone euro.
A ce jeu-là, la France glisse de plus
en plus du mauvais côté. Une
défiance visible à travers « le
spread », un indicateur que Nicolas Sarkozy avait avoué « observer
tous les matins », lors d’une émission télévisée en 2009.
Le « spread », c’est l’écart de rendement entre les emprunts français et ceux jugés les plus sûrs de
l’union monétaire, à savoir les
Bunds allemands. Or,entre les obligations françaises à dix ans et les
emprunts allemands,l’écart ne cesse de se creuser. Les marchés exigent une prime de risque de plus
en plus élevée pour financer la dette française plutôt qu’allemande.
Jeudi 10 novembre, le spread
entre les emprunts d’Etat français
à 10 ans et le Bund allemand a battu un nouveau record, atteignant
1,64 point de pourcentage. Pour
retrouver un tel écart, il faut
remonter à 1997 – donc avant la
création de la zone euro qui avait
permis à tous les Etats membres
d’emprunter jusqu’à 2009 à des
taux relativement proches.
Cet écart ne s’élevait pourtant
qu’à 0,3 point de pourcentage en
mai. Mais depuis septembre, il n’a
eu de cesse d’augmenter régulièrement, dépassant pour la première
fois un point de pourcentage en
octobre, après que l’agence Moody’s eut décidé de surveiller la
note Aaa, la meilleure possible,
accordée à la France.
« C’est un début de contagion de
ce qui se passe ailleurs, explique
Jean-Louis Mourier, de la société
de Bourse Aurel BGC. Par rapport
Un écart de taux grandissant
« SPREAD » DE TAUX ENTRE LA FRANCE ET L’ALLEMAGNE
3,344
POUR LE RENDEMENT DE L’EMPRUNT D’ÉTAT À DIX ANS, en % 10 nov.
3,3
3,1
2,9
2,7
2,5
2,3
2,1
1,9
1,7
1,5
26 août 2011
France
1,727
10 nov.
Allemagne
30 sept.
31 oct.
SOURCE : BLOOMBERG
à l’Allemagne, tous les pays voient
leur spread se creuser à cause des
énormes tensions en Europe. Mais
dans le cas de la Finlande ou de
l’Autriche, également notés AAA,
l’écart ne progresse pas aussi rapidement que pour la France… »
« Même s’il n’y a pas encore péril
en la demeure, le creusement du
spread ne fait malheureusement
que refléter les écarts de gestion
des finances publiques, explique
Marc Touati, de Global Assya.
Depuis 2001, le déficit a atteint en
moyenne 4,1 % du produit intérieur brut (PIB) en France, contre
2,5 % en Allemagne… »
Dans les faits, le spread est surtout nourri par la baisse historique
des rendements allemands, on
parle d’une « fuite vers la qualité ».
Pour placer leur argent en sécurité,
les marchés achètent massivement des obligations allemandes
à des prix de plus en plus élevés, ce
qui de fait provoque une baisse des
rendements. Pour se financer à
dix ans, l’Etat allemand n’a plus
qu’à servir actuellement un taux
de 1,8 %, contre 2,9 % au début de
l’année. Soit bien en deçà du
niveau d’inflation, actuellement
de 3 % au sein de la zone euro…
Dans les hautes sphères de
l’Etat, on rappelle que les rendements des emprunts français à
Pour placer leur
argent en sécurité,
les marchés achètent
massivement
des obligations
allemandes
dix ans, de 3,32 % jeudi matin, restent à des taux historiquement faibles. On pense aussi que certains
investisseurs ont pu avoir la tentation de rattraper une partie des
pertes subies sur des pays périphériques de la zone euro en vendant
du papier français, qui se négocie
encore à des prix supérieurs
à ceux payés lors de l’émission. Et
d’espérer que la transition gouvernementale en Italie se fasse rapidement et que les mesures d’austérité annoncées soient pleinement
appliquées pour que la pression
sur l’ensemble de la zone euro
retombe.
Mais si les tensions ne s’apaisent pas, les marchés risquent de
partir à la recherche d’une nouvelle cible. « Après l’Italie, on peut imaginer que ce soit l’Espagne ou la Belgique, note M. Mourier, et pourquoi pas la France », dont le secteur
bancaire est aujourd’hui le plus
exposé à la dette italienne.
Mais le creusement du spread
signifie aussi que la France est jaugée sur sa capacité à améliorer ses
finances publiques et préserver
son Aaa. Le tout dans un environnement économique très incertain : mercredi, la Banque de France a indiqué prévoir une croissance nulle au quatrième trimestre.
« Au-delà de trois mois, personne
ne voit plus grand-chose », juge
M. Mourier.
Lundi, Paris a aussi présenté un
nouveau plan de rigueur, destiné
à assurer le retour à l’équilibre des
comptes publics en 2016. Un plan
suffisant pour garder sa note
AAA et rassurer les marchés ?
« Avec ces mesures, la France gardera cette fois-ci sa note maximale,
juge M. Touati. Mais la question
n’est plus de savoir si la France perdra son AAA, mais quand. »
« La France a de facto perdu son
triple A », explique de son côté
l’économiste Jacques Attali au quotidien La Tribune jeudi. Et d’ajouter, tout en appelant à de plus fortes hausses d’impôt : « Inutile de
s’acharner sur cette note. » p
C. L.
Quatre scénarios pour empêcher la contagion
à la Belgique ou à la France de la crise de la dette italienne
Paris et Berlin s’affrontent sur le rôle que doit avoir la Banque centrale européenne
Bruxelles
Bureau européen
L
a zone euro vacille avec la
contagion à l’Italie de la crise
des dettes souveraines. Face
au chaos qui menace l’Union
monétaire, quatre options sont
aujourd’hui sur la table pour tenter d’éviter le naufrage de la Péninsule, et enrayer une propagation
à la Belgique, voire à la France.
Rome accélère les réformes
Sous tutelle de la zone euro et du
Fonds monétaire international
(FMI), le pays est, de l’avis général
et en dépit de son endettement –
soit 120 % du produit intérieur
brut (PIB) – dans une meilleure
situation que la Grèce, l’Irlande, ou
le Portugal, les trois pays déjà sous
programme. Déficit modeste (4 %
de son PIB en 2011), économie
diversifiée, système bancaire solide, il pourrait s’en sortir seul
à condition de mettre en œuvre,
comme l’Espagne de Jose Luis
Zapatero, un plan drastique d’austérité et de réformes.
La Commission européenne et
la Banque centrale européenne
(BCE) ont entamé, mercredi
9 novembre, à Rome leur mission
pour évaluer le programme d’économies et de réformes esquissé
par Silvio Berlusconi, sous la pression de Nicolas Sarkozy et d’Angela Merkel, lors des récents sommets de la zone euro. Le FMI
devrait dépêcher ses experts dès la
semaine prochaine. Les Européens demandent entre autres
d’accélérer les privatisations, et
exigent des mesures « supplémentaires » d’économies pour équilibrer le budget italien en 2013.
Une aide préventive Lors du
récent sommet du G20 à Cannes,
M. Berlusconi a refusé l’offre du
FMI, en association avec le Fonds
européens de stabilité financière
(FESF), en vue de mettre en place
une ligne de crédit de précaution.
Ce prêt, d’un montant d’une cinquantaine de milliards d’euros,
pourrait permettre au pays bénéficiaire de disposer d’une réserve,
pour mieux ménager son accès
aux marchés.
Un tel crédit « n’est pas nécessaire », a affirmé le président du
Conseil italien, à Cannes, quelques
jours avant l’annonce de sa démission. Les dirigeants européens et le
FMI attendent de connaître le nom
de son successeur pour examiner
de nouveau la question avecce dernier. Une telle aide préventive ne
peut pas être imposée à l’Italie, et
ne serait possible qu’en échange
d’un programme d’assainissement négocié avec elle.
Un renflouement en bonne et
due forme Si la situation empire
encore et si l’Italie perdait son
accès aux marchés de capitaux, un
plan d’aide pourrait être mis en
place. Problème : les moyens du
FMI et ceux du FESF sont insuffisants, à ce stade, pour intervenir
rapidement, et sur une durée d’au
moins trois ans, comme c’est le cas
dans ce genre de programme.
La Pénisule aurait aujourd’hui
besoin de quelque 300 milliards
d’euros par an. Or, le Fonds de sauvetage européen ne dispose plus
que de 250 milliards d’euros, sur
les 440 milliards d’euros initiaux,
compte tenu de ses diverses interventions en Grèce, au Portugal, et
en Irlande.
Souffrant d’une récession plus
importante que prévu, Lisbonne
demande d’ores et déjà une rallonge comprise entre 20 et 25 milliards d’euros, en plus des 78 milliards d’euros de prêts décidés en
mai 2011.
Les travaux en cours pour renforcer la force de frappe du FESF,
afinde la porter à plus de 1000 milliards d’euros, sont des plus alambiqués, et ne seront pas bouclés
définitivement avant le début de
l’année prochaine. Les pays émergents ont fait comprendre au sommet du G20 qu’ils préféraient passer par le FMI plutôt que d’abon-
Paris prolonge l’interdiction des ventes à découvert
Le ministre français de l’économie, François Baroin, a prolongé
de trois mois, jeudi 10 novembre,
l’interdiction qui avait été instaurée le 11 août de la vente à découvert en Bourse sur dix grandes
valeurs financières. Ces opérations, effectuées avant de détenir un titre dans l’espoir de
l’acheter ultérieurement à un
prix plus bas, ont été accusées
de précipiter la chute des
actions les plus fragiles et d’aggraver l’instabilité sur les places
financières. Une telle interdiction existe également depuis
août en Italie, en Espagne ou en
Belgique. En France, les valeurs
financières concernées par cette interdiction sont April Group,
Axa, BNP Paribas, CIC, CNP
Assurances, Crédit agricole,
Euler Hermès, Natixis, Scor et
Société générale. – (AFP.)
der un fonds spécifiquement
dédié aux Européens. Face au risque d’un naufrage italien, le G20
a cependant ouvert la voie d’une
prochaine augmentation«si nécessaire » des moyens du FMI.
La montée en puissance de la
BCE Depuis le mois d’août, celle-ci
rachète déjà de la dette italienne,
pour tenter de limiter l’envolée
des taux d’intérêts demandés par
les marchés. Son président, l’Italien Mario Draghi, qui a remplacé
Jean-Claude Trichet le 1er novembre,est prêt à poursuivre ces opérations. Pour lui, elles doivent rester
temporaires en attendant que le
FESF ne prenne le relais, alors que
les dirigeants européens suggèrent, au contraire, à l’institut
d’émission d’amplifier ses programmes de rachat.
Plus largement, un autre débat
est en train de refaire surface dans
les prochains jours au sujet du rôle
de la BCE dans la gestion de la crise.
Paris en tête, nombre de capitales
de la zone euro, et la plupart des
pays du G20, veulent en faire le
prêteur en dernier ressort de
l’Union monétaire.
Dans cette optique, il s’agirait
de transformer le FESF en banque
pour le faire bénéficier des liquidités illimitées de la BCE. L’Allemagne, et la Bundesbank, ne veulent
pas en entendre parler. Elles craignent un retour de l’inflation, si
l’institut d’émission devait faire
tourner la planche à billets pour
renflouer de fait les Etats. La question est explosive entre la France
et l’Allemagne. Mais elle risque de
resurgir si la crise italienne devait
s’aggraver encore. p
Philippe Ricard
0123
événement
Vendredi 11 novembre 2011
5
La crise en Europe
La quête d’un gouvernement
en Grèce tourne au vaudeville
Les deux principaux partis multiplient les annonces contradictoires
D
epuis le début de la crise
grecque, le monde regarde
en direct un pays s’effondrer. Il y a eu la révélation du
maquillage des comptes, de l’ampleur de la dette et du déficit, de la
plaie de la fraude fiscale. Est venu
le temps des mesures d’austérité à
répétition et des manifestations
de plus en plus violentes. Il y a dix
jours, on assistait à l’explosion en
vol du premier ministre Georges
Papandréou, provoquant la panique sur les marchés et la chute de
son gouvernement en annonçant
un référendum.
Il ne manquait que le spectacle
enmondovision des petitescombines d’une classe politique inconscientede sa déconsidération,continuant à jouer comme les musiciens du Titanic. Depuis près d’une
semaine, les tractations pour
accoucher d’un gouvernement de
coalition relèvent davantage du
vaudeville – « Opérette », titre Ta
Néa, jeudi 10 novembre – que de la
tragédie antique, avec ses claquements de portes, ses jeux de
rumeurs et d’intoxications, ses cris
d’orfraies jetés par chacun des
deuxpartis s’accusant d’être lacause de la scène de ménage.
Jeudi matin, leschefs de partisse
sont à nouveau réunis autour du
présidentde la République, Carolos
Papoulias, à la recherche d’un premier ministre qui ferait consensus.
L’ancien vice-président de la Banque centrale européenne, Lucas
Papadémos, revient dans la course
après avoir été le favori du début de
semaine. Les hommes politiques
«Nous n’avons
jamais eu affaire
à des chefs de parti
d’aussi basse qualité »
Elias Nikolakopoulos
politologue
sesententobligésdereveniràla raisonaprèslespectacleaffligeantprésenté mercredi.
Dans la matinée, M. Papandréou avait assuré Nicolas Sarkozy
de la « mise en place imminente
d’un nouveau gouvernement en
Grèce bénéficiant du soutien de la
majorité et de l’opposition ». Des
rumeurs ont circulé toute la journée sur des personnalités différentes,puis enfind’après-midi, lenom
du président socialiste du Parle-
ment, Philippos Petsalnikos, semblait s’imposer. Le rituel se met en
place. Georges Papandréou fait sa
dernière allocution télévisée. Il présente ses vœux au « nouveau premierministre »etassurequele nouveaugouvernement« deconsensus
politique»valancer«unfortmessage que nous, Grecs, savons assumer
nos responsabilités et coopérer ». Il
lerépète auprésidentdela République, qui se dit « soulagé ». AntonisSamaras, chef du parti de droite
Nouvelle Démocratie, et Georges
Karatzaféris, le chef du parti d’extrême droite, les rejoignent pour
finaliserla compositiondu cabinet.
Cette fois, celui-ci est sur le point
d’être annoncé.
Devant le palais présidentiel, les
journalistes égrènent déjà la liste
des prochains ministres. Tout à
coup, un homme à l’allure massive
sort du palais et fonce comme un
sanglier vers les journalistes pour
éructer contre « les jeux tactiques
des deux leaders ». C’est Georges
Karatzaféris, qui est opposé au
choix de M.Petsalnikos. Il n’est pas
le seul. Des députés Nouvelle
Démocratiegrondent, maisc’est au
Pasok (socialiste) que la crise couve
à nouveau.
Le président de la chambre ne
suscite guère l’admiration de ses
pairs.C’estunfidèle d’entreles fidèles de Georges Papandréou, qui l’a
propulséausommetduperchoir.A
60 ans, il est considéré comme un
apparatchik du Pasok. Qui plus est,
il fait partie de la poignée de
conseillers qui ont approuvé l’idée
d’un référendum sur le plan européendu27 octobre,avant queGeorges Papandréou ne l’annonce et
plonge le pays dans cette crise. Exit
Philippos Petsalnikos.
Dans la coulisse, les batailles
font rage. Côté Papandréou, on
cibleànouveauleprésidentdeNouvelle Démocratie, qui aurait refusé
d’abord un gouvernement présidé
par M. Papadémos, tout comme il
aurait refusé une deuxième proposition, avec Evangélos Vénizélos
comme premier ministre et Lucas
Papadémos comme ministre des
finances. A Nouvelle Démocratie,
on soutient que « le Pasok n’a
jamais proposé le nom de Papadémos».Mercredisoir,M.Samarasfaisait savoir qu’il ne s’opposait ni à
M.Papadémos, ni à M. Petsalkinos,
ni à n’importe quel candidat et que
c’était au Pasok de choisir.
«Papandréou cherche de manière désespérée une solution pour
garder le contrôle des événements,
tandis que Samaras tente de ne pas
assumer le choix, pour pouvoir
dire plus tard qu’il n’était pas responsable, analyse le politologue
Georges Séfertzis. Depuis la fin de
la dictature, je crois que nous
n’avons jamais eu affaire à des
chefs de partis d’aussi basse qualité », affirme son homologue Elias
Nikolakopoulos.
Le discrédit d’une classe politique jugée responsable de la situation du pays après des années de
clientélisme, s’est fortement
répandu. Le Pasok et Nouvelle
Démocratie recueillent à eux deux
moins de 40 % des intentions de
vote dans les sondages. « Le bipartisme a pris conscience qu’il s’effondrait. Les hommes politiques grecs
font passer le sauvetage de leurs
deux partis avant le sauvetage de
leur pays. En agissant ainsi, ils ne se
rendent pas compte qu’ils se
condamnent comme le scorpion
qui se mord la queue », explique
Georges Séfertzis. Les partis sont
Le premier ministre grec Georges Papandréou, à Athènes, le 10 novembre. YIORGOS KARAHALIS/REUTERS
très divisés.
Le virage à 180 degrés d’Antonis
Samaras dans son soutien au plan
de sauvetage européen le met en
porte-à-faux par rapport à son discours précédent, fait d’attaques
contre M. Papandréou et les mesures d’austérité. Au Pasok, la bataille
entre les partisans du populisme
façon Andréas Papandréou et les
courants plus modernistes, restent vives, même si elles apparaissent moins à la surface. « Il y a une
division entre ceux qui veulent survivre dans une réalité politique qui
reste celle du XIXe siècle, et qui est
celle qui nous a mis dans la situation dans laquelle nous sommes, et
ceuxqui pensent quela classe politique grecque peut vivre au XXIe siècle», explique la députée Pasok Eléna Panariti, une économiste revenue des Etats-Unis en 2009. p
Deux semaines de crise
27 octobre : Accord européen sur
un nouveau plan de sauvetage à
la Grèce, qui accorde 130 milliards
d’euros et efface 100 milliards de
la dette des créanciers privés.
28 octobre : Nombreuses mani-
festations dans tout le pays, à l’occasion de la fête nationale. Le président de la République est
conspué par des manifestants qui
le traitent de « traître ».
31 octobre : Le premier ministre
Georges Papandréou annonce la
tenue en janvier 2012 d’un référendum sur le plan de sauvetage.
2 novembre : Angela Merkel et
Nicolas Sarkozy pressent
M. Papandréou d’avancer la date
du référendum et de le limiter à
une question sur l’euro.
3 novembre : Le ministre des
finances, Evangélos Vénizélos,
s’oppose à l’idée d’un référendum. Le chef de l’opposition de
droite, Antonis Samaras, indique
pour la première fois qu’il est
favorable à la ratification de l’accord et que son parti est prêt à par-
ticiper à un gouvernement de
transition, sans Papandréou.
4 novembre : Georges Papandréou obtient la confiance du Parlement, après avoir abandonné
l’idée d’un référendum et annoncé qu’il démissionnerait.
6 novembre : MM. Papandréou et
Samaras annoncent qu’ils ont
trouvé un accord. Le nom de
Lucas Papadémos est avancé.
7 novembre : M. Vénizélos partici-
pe à la réunion des ministres des
finances de l’Eurogroupe sans
qu’un gouvernement soit constitué. Les Européens conditionnent
le versement d’un prêt de 8 milliards d’euros à l’acceptation
contresignée par les deux principaux partis du plan de sauvetage.
8 novembre : Antonis Samaras
confirme qu’il soutient le plan,
mais refuse de le cosigner.
9 novembre : Georges Papan-
dréou annonce sa démission et la
formation d’un gouvernement,
qui échoue à la dernière minute.
Alain Salles
zegna.com * Vivre passionnÈment
Athènes
Correspondance
Passion for Life*
Boot LacÈ et Derby ìSplit Toeî
6
0123
international
Vendredi 11 novembre 2011
Violences et intimidations pour éliminer Les couacs
les candidats indépendants en Chine
de la diplomatie
Deux millions de députés doivent être élus d’ici au mois décembre2012 lors de scrutins locaux
française en Tunisie
Alain Juppé a attendu deux semaines pour
féliciter les islamistes de leur victoire électorale
Pékin
Correspondant
S
ur le campus de l’université
des postes et télécoms, dans
le nord-ouest de Pékin, d’immenses banderoles rouges rappellent que le 8 novembre est une
journée électorale : « Appréciez les
droits dont vous disposez ! Faites
un vote solennel ! » Par classes
entières, les étudiants se dirigent
vers un bâtiment où ils glissent
leur bulletin de vote dans l’urne.
Comme des milliers de circonscriptions à travers la capitale, l’université désigne par vote direct
trois députés à l’Assemblée populaire de district – l’équivalent administratifd’un arrondissementparisien – pour un mandat de cinq ans.
Quelque 4 349 sièges sont à pourvoir dans la capitale. Sur le même
modèle, deux millions de députés
seront choisis à travers la Chine
d’ici à décembre 2012, région par
région,au seul échelon administratif (le district dans les villes, et le
comté dans les zones rurales) où le
vote est démocratique. En principe, tout du moins.
Ces « députés du peuple » de
base ont très peu de pouvoirs dans
le système du parti unique. Mais
cette année, les élections ont une
particularité : plusieurs centaines
de candidats indépendants – dont
une trentaine à Pékin – ont mené
campagne sur les réseaux sociaux.
La plupart ayant échoué à se faire
désigner comme candidats officiels, ils espèrent que les électeurs
inscriront leur nom, lors du vote,
dans la case « autre candidat ».
A l’Université des postes et télécoms, l’indépendant dont tout le
monde a entendu parler s’appelle
Xu Zhiyong. Ce professeur de droit
de 38 ans est une figure de la société civile. « J’ai écrit son nom. Beaucoup de camarades votent pour
lui », confie, dans un café discret,
un étudiant de quatrième année.
« Il défend les faibles. C’est quelqu’un de courageux », ajoute-t-il.
La tête de liste des candidats officiels est le président de l’université, Fang Binxing, célèbre concepteur de la « grande muraille virtuelle » chinoise (la censure) et, à ce
titre, bête noire des internautes
chinois les plus rebelles.
Le paradoxe, c’est que Xu
Zhiyong fut déjà élu deux fois
A
A Yichang, dans la province de Hubei, le 16 octobre. MARIANNE BARRIAUX/AFP
député, en 2003 et 2007. Il avait
alors mené campagne avec l’aide
de dizaines d’étudiants bénévoles
et, officiellement nominé comme
indépendant, remporta un siège
haut la main. Sa détention éclair
en 2009 en tant que responsable
légal de Gongmeng, l’association
des avocats dans le collimateur de
la police, en a-t-elle fait un candidat trop embarrassant ?
On tenta de l’empêcher cette
année de s’exprimer en public. Les
étudiants qui s’apprêtaient à
l’aider subirent des pressions. Une
vidéo qu’il est parvenu à diffuser
sur le microblog chinois Weibo,
avant que la censure ne la rende
inaccessible, le montre toutefois
le 7 novembre sur le campus,
entouré de supporteurs et d’un
petit groupe d’étudiants curieux.
« Une élection, ça doit être libre,
ouvert et joyeux. Alors pourquoi
interdit-on la concurrence entre
candidats ? », harangue-t-il. « Il n’y
a que la pleine concurrence qui
crée un véritable choix et permet
de représenter les intérêts du peuple ! Les Chinois sont restés trop
longtemps indifférents au processus électoral », poursuit-il.
Dans un autre message vidéo, il
déplore les « pratiques anormales » de ce scrutin : intimidations,
manipulations des règles électora-
les, violences que lui et les autres
indépendants de Pékin ont subies.
Wu Lihong, une Pékinoise qui
milite contre les expulsions et tentait de se faire élire dans le district
de Chaoyang, a été kidnappée pendant quinze jours, le temps d’être
disqualifiée. Cheng Yuting, un
mannequinde 23 ans dontla candidature avait fait grand bruit sur
Internet, n’a pu obtenir à temps
auprès du bureau électoral de son
Ces «députés
du peuple» de base
ont très peu
de pouvoir dans
le système du parti
unique
quartier les formulaires nécessaires au dépôt de sa candidature.
Xu Chunliu, un jeune journaliste du Web qui pensait avoir ses
chances quand nous l’avions rencontré en mai, est aujourd’hui
dépité. « On est vraiment en position de faiblesse. Tout est faussé, les
règles du jeu, les participants… »,
soupire-t-il.
En septembre, on lui fit savoir
que sa candidature, dans le quartier de Zhongxili, district de Dong-
cheng, ne pouvait être acceptée car
il travaillait trop loin. M. Xu démissionna alors de son emploi au portail Internet Sohu. Le 17 octobre, il
apprit qu’il était qualifié comme
« candidat préliminaire ». La commission électorale lui donna jusqu’au lendemain matin pour réunir les onze recommandations de
résidents qui le soutenaient, le
minimum requis. Grâce à l’aide de
ses supporteurs, il en fournit 22.
Trop peu face aux milliers réunis
par la secrétaire du parti du comité
du quartier, et par le secrétaire du
parti d’une société locale.
Xu Chunliu compte lui aussi
sur ceux qui inscriront son nom
sur leur bulletin – il a fait du porte-à-porte sans relâche. Dans la rue
commerçante de Zhongxili,
devant le panneau où sont inscrits
les 1 500 électeurs locaux, un homme chauve, cigarette au bec, lâche,
gouailleur : « Votez Xu Chunliu !
Les autres, ce sont tous des communistes, lui au moins il a des idées ! »
Un peu plus loin, le bureau de
vote, au rez-de-chaussée d’une
tour est sous haute surveillance :
des individus qui font semblant
de rien sont nonchalamment postés tout le long de la rue qui y
mène, des gros bras du comité de
quartier chargés de la sécurité. p
Brice Pedroletti
Séoul relance en partie son aide humanitaire au Nord
Six millions de Nord-Coréens ont besoin d’une assistance alimentaire d’urgence
Tokyo
Correspondant
S
éoul, qui a annoncé, le
8 novembre, la reprise de son
aide médicale d’urgence à la
Coréedu Nordpar lebiais de l’Organisation mondiale de la santé
(OMS), entend aussi rétablir
d’autresformes d’assistancehuma-
nitaire, notamment par l’entreprise du Fonds des Nations unies pour
l’enfance (Unicef). Ces initiatives,
qui témoignent de la gravité de la
situation humanitaire en République populaire démocratique de
Corée (RPDC), révèlent aussi la
volonté de Séoul de s’orienter vers
une relative détente.
C’est la première fois depuis le
conférence européenne
La meilleure réponse à la crise :
Une Europe forte et unie
lundi 14 novembre à 16h30
par José Manuel Barroso /
président de la Commission européenne
présenté par Emílio Rui Vilar /
président de la Fondation Calouste Gulbenkian
réservation obligatoire au 01 53 85 93 93
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www.gulbenkian-paris.org
naufrage d’une corvette sudcoréenne (46 morts) attribuée à
une torpille nordiste par une commission d’enquête internationale –
accusationrejetée parPyongyang –
et le bombardement de l’île de Yongpyong, en mars et novembre 2010, que Séoul reprend une
aide officielle au Nord.
Séoul a autorisé l’OMS à utiliser
6,9 millions de dollars destinés aux
hôpitaux, très délabrés. En 2009, la
Corée du Sud, qui avait fourni
13 millions de dollars à l’OMS en
assistance au Nord, gela une partie
des fonds non déboursés en raison
de la tension entre les deux pays.
En dépit de la détérioration de la
situation alimentaire, Séoul n’a
autorisé jusqu’à présent qu’une
aide au compte-gouttes fournie
par des organisations privées. «Six
millions de Coréens du Nord ont un
besoin urgent d’assistance alimentaire », a déclaré Valerie Amos,
secrétaire générale adjointe aux
affaires humanitaires et coordinatrice des secours d’urgence des
Nations unies à l’issue d’une visite,
fin octobre, dans les provinces de
Hamgyong du sud et de Kangwon.
« Les populations vulnérables sont
victimes d’une situation dont elles
ne sont pas responsables. Un enfant
sur deux souffre de malnutrition
chronique. » Une situation constatée, en octobre, dans la province de
Hwanghae du Sud par une mission
d’AlertNet, agence d’information
humanitaire de la Thomson Reuters Foundation.
La pénurie alimentaire chronique en RPDC donne lieu à un débat
récurrent sur la responsabilité du
régime et les risques de détournement de l’aide. « Nous ne sommes
pas ici pour juger de la manière
dont sont dépensées les ressources
d’un Etat. Nous ne le faisons pas
pour d’autres pays et il n’y a pas de
raison de commencer en Corée du
Nord », avait déclaré Mme Amos à
l’agence Associated Press à Pyongyang. Des propos interprétés commeunecritiquedel’utilisationpolitique de l’aide alimentaire à la
RPDC,delapartdeSéouletdeWashington qui minimisent la gravité
de la situation dans ce pays.
En avril, le Programme alimentaire mondial (PAM) avait lancé un
appel de 218 millions de dollars
d’aide d’urgence, dont seulement
un tiers a été couvert par des donations. Unicef, pour sa part, n’a reçu
qu’un quart des 20,4 millions de
dollars demandés. p
Philippe Pons
quellebonne distance se placer vis-à-vis de la Tunisie ?
Cette questionpoursuit visiblement la diplomatie française,
hier empêtrée dans la fin de règne
de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali et aujourd’hui embarrassée par la victoire, le 23 octobre,
des islamistes à l’élection de l’Assemblée constituante.
Le ministre des affaires étrangères français, Alain Juppé, a attendu
que deux semaines s’écoulent
après le vote avant de décrocher,
lundi 7 novembre, son téléphone
pour féliciter Rached Ghannouchi,
chef du parti Ennahda, vainqueur
du scrutin. Ce qui en fait l’un des
derniers de la classe européenne.
Certes, les résultats définitifs ne
seront communiqués par la Commission électorale tunisienne que
le 14 novembre, après examen des
recours, mais ils ne changeront
pas la donne. Dès le 28 octobre,
Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, avait reconnu
la victoire du parti islamiste.
« Nous saluons les candidats et
les partis qui ont pris part à ce processus démocratique. Nous félicitons également le parti Ennahda,
qui a recueilli le plus grand nombre
de voix », avait déclaré Mme Ashton,
cosignataire d’un communiqué
avec le commissaire en charge des
AQMI « tire profit
de l’arsenal libyen »
Dans un surprenant entretien au
site mauritanien Agence Nouakchott d’Information, mercredi
9 novembre, Mokhtar Belmokhtar, l’un des chefs d’Al-Qaida au
Maghreb islamique (AQMI), affirme que les « moudjahidins » de
l’organisation djihadiste « sont
les plus grands bénéficiaires des
révolutions du monde arabe parce que ces révolutions ont brisé
les chaînes de la peur ». « Quant
au fait que nous tirons profit de
l’arsenal libyen, c’est tout à fait
normal dans de telles circonstances », poursuit « l’émir », qui nie
cependant toute participation
d’AQMI dans les combats contre
les forces kadhafistes. Mais il
met « en garde [ses] frères
musulmans en Libye de se laisser
avoir par les appels et autres projets de désarmement ». Interrogé sur les quatre otages français
au Sahel, Mokhtar Belmokhtar
fait toujours du retrait des troupes françaises en Afghanistan
un préalable à leur libération : « Il
n’y a jusqu’ici aucun changement dans cette affaire. »
relations avec les pays voisins de
l’Union européenne (UE), Stefan
Füle. « L’UE, ajoutaient-ils, se
réjouit à la perspective de collaborer étroitement avec la nouvelle
Assembléeet les autorités et institutions tunisiennes pour répondre
aux aspirations des Tunisiens à la
démocratie, à la liberté, à la justice
sociale et à la dignité. »
« Comminatoires »
La première réaction française
a été toute autre. Fin octobre,
M. Juppé avait conditionné l’aide
du G8 à Tunis au respect des
valeurs démocratiques. « Nous
allons mettre en place une aide économique massive à la Tunisie,
avait-il affirmé sur France Inter.
Naturellement, cette aide, nous
l’apporterons dans la mesure où les
lignes rouges ne seront pas franchies. » « Je pense que c’est important d’avoir cette conditionnalité »,
avait ajouté M. Juppé, en citant le
respect de l’alternance démocratique, des droits de l’homme, et de
l’égalité hommes-femmes.
Des propos mal ressentis en
Tunisie, et pas seulement parmi
les islamistes. « Comminatoires ! »,
avait tranché le site Internet du
magazine tunisien Leaders. « Sous
Ben Ali, la France voulait nous
envoyer des flics et maintenant
qu’il y a des élections libres, elle
veut conditionner les aides, c’est à
rien n’y comprendre ! », déplorait
un responsable d’un parti progressiste, peu suspect de sympathie
pour Ennahda.
M. Juppé avait pourtant, le
16avril,impriméla nouvelledoctrine du Quai d’Orsay vis-à-vis du
monde arabe : dialoguer « sans
complexe » avec « les courants islamiques ». Et, à deux reprises, l’ambassadeur de France à Tunis, Boris
Boillon,s’est renduausiège d’Ennahda avant le scrutin du 23 octobre,
avec la délégation parlementaire
de l’OTAN, puis seul. Mais, signe
d’un malaise persistant, le diplomate reste interdit de parole dans
la presse, Paris préférant « centraliser » la question tunisienne.
Lundi, le tir a été rectifié, M. Juppé délivrant à M. Ghannouchi un
« message de confiance sans préjugé ni procès d’intention ». L’échange a été « cordial », précise-t-on au
Quai d’Orsay, et M. Ghannouchi a
convié le ministre français à Tunis.
Où l’on n’a pas tout à fait oublié
que le chef de la diplomatie française avait tardé à se montrer, préférant se rendre d’abord en mars
sur la place Tahrir, au Caire. p
Isabelle Mandraud
Le gouvernement turc
face au défi kurde
Par Wendy Kristianasen
NOVEMBRE 2011
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international
Vendredi 11 novembre 2011
Au Mexique, HRW dénonce les dérives
de l’Etat dans la guerre contre les narcos
Dans un rapport, Human Rights Watch fait état de tortures et d’exécutions extrajudiciaires
Mexico
Correspondance
L
es violations des droits de
l’hommeaugmentent dramatiquement au Mexique »,
dénonce Kenneth Roth, directeur
de l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch
(HRW). Mercredi 9 novembre,
M. Roth a remis au président mexicain Felipe Calderon un rapport
alarmant surles exactions des policiers et militaires contre des civils
innocents.
Intitulée « Ni droits ni sécurité :
assassinats, disparitions et tortures dans le cadre de la guerre du
Mexique contre les drogues », cette
enquête de 214 pages s’appuie sur
200 entretiens réalisés auprès des
autorités, des victimes et autres
défenseurs des droits de l’homme,
dans cinq Etats frappés par la violence : Basse-Californie, Chihuahua, Guerrero, Nuevo Leon et
Tabasco. Ce rapport, basé aussi sur
l’analyse de statistiques officielles,
Le président Calderon
va « analyser » le rapport
« La principale menace pour les
droits humains des Mexicains, ce
sont les criminels », affirme le
président Felipe Calderon, après
avoir reçu le rapport de Human
Rights Watch. Le communiqué
présidentiel confirme la création d’un « groupe de travail
conjoint pour analyser le
contenu du document » de HRW.
de plaintes de civils ou de dossiers
judiciaires, révèle les failles de la
stratégie du président Calderon,
qui a déployé 50 000 militaires
sur le territoire depuis fin 2006.
Selon HRW, « cette politique a
exacerbé le climat de violence ». Le
gouvernement
comptabilise
35 000 morts liés au crime organisé entre fin 2006 et fin 2010. L’hécatombe atteint 11 000 assassinés
en 2011, selon le décompte de la
presse. « A ces violences s’ajoutent
les abus des autorités », s’alarme
M. Roth, dont le rapport dénombre plus de 170 cas de torture.
Asphyxie, simulation de noyade, électrochocs, sévices sexuels :
autant de techniques utilisées
pour obtenir des confessions forcées et des informations sur les
groupes criminels. Sans compter
l’implication de membres de la
police ou de l’armée dans 39 disparitions et 24 homicides. « Dans la
majorité des cas, les soldats et les
policiers changent la scène du crime pour faire passer les victimes
pour des agresseurs armés, exécutés par un cartel rival », précise le
rapport. M. Calderon lui-même
martèle que 90 % des tués sont liés
au crime organisé.
HRW assure le contraire : « Les
victimes de ces abus, ou leurs
familles, déclarent qu’elles étaient
innocentes », soulignant que « les
cas répertoriés ne sont pas des
actes isolés ». Entre 2003 et 2006,
691 plaintes étaient déposées
auprès de la Commission nationale des droits de l’homme, contre
4 803 entre 2007 et 2010. Quant
aux enquêtes sur les crimes commis par des militaires contre des
civils, elles sont passées de 210 en
2007 à 1 293 en 2009. « Des pratiques abusives endémiques », selon
HRW.
Malgré l’arrestation de dizaines
de milliers de membres présumés
des cartels de la drogue, le procureur général de la République n’a
lancéque 997 enquêtes pourhomi-
Le rapport préconise
que les militaires
soient jugés par des
tribunaux civils
cide, dont 343 ont débouché sur
une condamnation. Et lorsqu’un
procès est engagé, « les juges
basent leur décision sur des confessions obtenues par la violation des
droits du suspect », souligne le rapport.
Ces abus sont rarement dénoncés par les victimes, qui ne font pas
confiance à la justice. Selon la commission des droits de l’homme de
la ville de Ciudad Juarez (Etat de
Chihuahua), seule une exaction
sur dix fait l’objet d’une plainte.
Sans compter « les pressions exercées par l’armée sur les familles
pour qu’elles abandonnent leurs
poursuites ».
Pour Kenneth Roth, « le système
de justice garantit l’impunité des
soldats, jugés par les tribunaux de
l’armée, malgré l’avis contraire de
la Cour suprême du Mexique ».
Conséquence : « Aucune des 1 615
enquêtes ouvertes contre des militaires, depuis 2007 dans les cinq
Etats étudiés, n’a débouché sur une
condamnation », dénonce HRW,
qui préconise une réforme du
code de justice militaire pour que
les abus des soldats soient jugés
par des tribunaux civils, plus indépendants.
Une autre recommandation
porte sur la présomption d’innocence, garantie par la Constitution
mexicaine : « Le gouvernement ne
devrait plus affirmer que les victimes d’abus sont des criminels,
avant qu’elles n’aient été déclarées
coupables. » HRW incite aussi les
juges à rejeter les confessions obtenues sous la torture.
A la sortie de sa rencontre avec
le président, M. Roth estime avoir
remporté une première victoire :
« Felipe Calderon a admis des exactions qu’il niait auparavant. » Le
chef de l'Etat s’est engagé à créer
une commission, intégrant des
membres de HRW, pour enquêter
sur les cas dénoncés.
Le temps presse pour les victimes, qui gardent longtemps des
séquelles physiques et psychologiques. A l’instar de cet homme qui,
« après avoir subi une simulation
de noyade, n’a pas pu durant des
mois prendre une douche car cela
lui rappelait sa torture », raconte
le rapport, qui précise que « même
prendre un verre d’eau était difficile pour lui. » p
Frédéric Saliba
7
Né à Jérusalem, mais dans
quel pays exactement?
O
ù se situe Jérusalem ? Identitaire, épineuse et quasi
ontologique, la question
est arrivée… jusqu’à la Cour suprême américaine. Fils d’Ari et Naomi, un couple d’Américains,
Menahem Zovotovsky, 9 ans, est
né dans la Ville sainte. Son père,
qui porte la large calotte brodée
typique des partisans du mouvement des colons israéliens du
Bloc de la foi, demande à la justice des Etats-Unis qu’au « lieu de
naissance » de l’enfant, l’administration américaine inscrive, sur
ses papiers officiels : Israël. Or celle-ci s’y refuse, au motif qu’elle
ne peut interférer dans un enjeu
de politique internationale.
Oubliez « le brouhaha politique », a rétorqué, mardi 7 novembre, l’avocat du plaignant devant
la Cour qui statuera ultérieurement. Il ne s’agit que d’une « une
ligne sur un passeport » (américain). D’ailleurs, a-t-il fait valoir,
le Congrès a si bien validé cette
évidence que Jérusalem se trouve
en Israël qu’il a voté en 2002 une
loi imposant au département
d’Etat d’inscrire tout citoyen qui
y est né et dispose de la nationalité américaine comme étant « né
en Israël s’il en fait la demande ».
Oui, mais… en signant cette loi,
l’ancien président George Bush
avait précisé qu’il… ne l’appliquerait pas parce qu’elle interfère
avec l’autorité constitutionnelle
du président en matière de politique étrangère. Son successeur,
Barack Obama, a suivi la même
ligne. « Il est vital que la nation
parle d’une seule voix » et seul
l’exécutif a autorité sur ces cas, a
plaidé l’avocat de l’administra-
tion. Sur ce point, les juges sont
apparus divisés. Le président est
le « seul instrument » de la politique étrangère, indique la Constitution. « Mais seul instrument et
seul déterminant ne sont pas la
même chose », a noté le juge Antonin Scalia. En revanche, la Cour
n’a pas été convaincue par l’aspect « apolitique » de la requête.
Le juge Samuel Alito a noté que
l’intitulé même de la procédure
du plaignant – « La politique américaine concernant Jérusalem, la
capitale d’Israël » – indique explicitement sa nature politique.
Argument apolitique
Et, de fait, Jérusalem n’est pas
reconnue par la communauté
internationale, Etats-Unis inclus,
comme la « capitale d’Israël ».
Non pas parce que l’annexion de
la partie arabe de la Ville sainte
par Israël, en 1967, n’a jamais été
reconnue, mais parce que le statut « international » de Jérusalem
fixé par le plan de partage de la
Palestine par l’ONU en 1947 n’a
jamais été modifié dans le droit
international, et qu’il ne le sera
pas sans un accord politique mettant fin au conflit israélo-palestinien, dont il est l’un des enjeux
majeurs. Apolitique pour apolitique, l’argument du plaignant justifiant sa requête eut été plus
convaincant, a estimé la juge Elena Kagan, s’il avait par exemple
également défendu l’idée qu’un
citoyen américain soit autorisé à
inscrire sur ses papiers administratifs : « Né à Jérusalem, Palestine. » p
Sylvain Cypel
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0123
international
Vendredi 11 novembre 2011
Les républicains accusent
Barack Obama d’«affaiblir»
les Etats-Unis face à l’Iran
Les candidats à la candidature insistent tous sur leur soutien à Israël
au lendemain d’un rapport alarmiste de l’AIEA sur le nucléaire iranien
New York
Correspondant
L
’ambition du régime iranien
de se doter de l’arme nucléaire pourrait-elle constituer un
élément central de l’offensive
républicaine contre Barack Obama, sur le thème annoncé de « l’affaiblissement des Etats-Unis »
sous son administration, dans le
cadre de la campagne présidentielle pour le scrutin de novembre 2012 ? On pensait avoir un
avant-goût de la réponse mercredi
soir 9 novembre, alors que les huit
participants aux élections primaires pour la désignation du candidat du Parti républicain – Mitt
Romney, Rick Perry, Herman Cain,
Ron Paul, Michele Bachmann,
Newt Gingrich, Jon Huntsman et
Rick Santorum, dans l’ordre des
intentions de vote, selon les sondages – s’étaient donné rendez-vous
pour un débat à l’université
Oakland de Rochester (Michigan).
Certes,ilétaitprévudepuislongtemps que la situation économique du pays constituerait le plat de
résistance du débat. Mais, alors que
lerapportdel’Agenceinternationale de l’énergie atomique (AIEA)
émettant ses « sérieuses préoccupations » vis-à-vis du programme de
développement nucléaire de l’Iran
venait d’être divulgué, cette ques-
tion, qu’on aurait imaginée prioritaire au vu de la place que les
médias américains lui ont accordée, a tout simplement été… ignorée des débatteurs commede ceux
qui les interrogeaient. Pas une fois,
en deux heures, le mot « Iran »
n’aura été prononcé.
Il devrait cependant en être
autrement au cours d’une nouvelle
«Qu’il se nomme
Obama ou qu’il soit
républicain,
le président doit (...)
échafauder
une stratégie
post-sanctions »
Elliott Abrams
ancien conseiller de M. Bush
confrontation entre ces huit
mêmes candidats, samedi soir
12 novembre, à l’occasion d’un
débat consacré cette fois-ci
auxquestions de politique internationale.
Avant leur échange de mercredi,
les candidats à la candidature républicaine s’étaient cependant beaucoup exprimés la semaine précédente, réagissant en particulier au
débat en Israël sur l’éventualité de
frappes contre les sites iraniens.
Tous ont insisté sur leur solidarité
avecl’Etat juifet, àl’exceptionnotable de M.Romney, sur la similitude
de leurs points de vue avec ceux
exprimés les jours précédents par
le tandem Benyamin NetanyahouEhoud Barak, bien que les propos
tenus parlepremier ministre israélien et son ministre de la défense
ont fait l’objet de vives réserves en
Israël même.
Le plus clair a été le gouverneur
du Texas, Rick Perry. « Même si
Israël est celui qui commençait une
guerre dans la région, nous ne
pourrions laisser un fou détenir
une arme nucléaire, car nous
savons l’usage qu’il en ferait », a-t-il
indiqué. S’il était élu président,
M. Perry soutiendrait une opération préventive israélienne contre
l’Iran « jusque et y compris par une
action militaire ». Mitt Romney,
comme il était prévisible, est resté
plusvague.Ilfavorise–commel’administration Obama – un renforcement des sanctions tout en « maintenant toutes les options sur la
table», expression consacrée pour
désigner une attaque militaire
contre l’Iran.
Globalement, la ligne qui se
dégage des propos républicains
consiste à stigmatiser Barack Obamacomme ayant«affaiblilesEtatsUnis » en cherchant à affaiblir « le
Mitt Romney, Herman Cain et Rick Perry, le 9 novembre, lors du débat entre républicains. SCOTT OLSON/AFP
principal allié des Etats-Unis au Proche-Orient[Israël]», non seulement
en faisant pression sur lui sur la
résolution de la question palestinienne – un enjeu dont M.Romney
a indiqué qu’il s’en « tiendrait à
l’écart » – mais aussi en se montrant «faible » vis-à-vis de Téhéran.
Plus largement, la stratégie du
bâton et de la carotte, exposée par
M.Obama avant son accession à la
Maison Blanche et durant la première phase de son mandat,
devrait constituer un temps fort de
la critique républicaine.
Interrogé, mercredi 9 novembre, lors d’une conférence organisée par le Council on Foreign Relations, Elliott Abrams, ancien
conseiller-adjoint à la sécurité du
président Bush, évoquait cette
option sans détour. Face à M. Obama, il « commencerait à lui rappe-
ler ses propos initiaux » concernant
l’Iran, la conviction qu’il a propagée qu’il était « possible de parvenir
à un dialogue avec Téhéran ». Il lui
demanderait ensuite s’il les tiendrait toujours. Une réponse positive ferait du président un indécrottable aveugle tant « il est clair
qu’imaginer un accord avec un
régime qui ne respecte rien du droit
international
est
devenu
obsolète ». Une réponse négative
montrerait qu’il a « fait perdre du
temps » à son pays face à la menace
iranienne.
En attendant, les sanctions infligées jusqu’ici par la communauté
internationale n’ont été d’aucun
effetsur «la déterminationiranienne » et la probabilité de parvenir
avec Moscou et Pékin à « des sanctions beaucoup plus fortes » apparaissent faibles, a jugé cet ancien
responsable républicain proche
du lobby pro-israélien Aipac. Dès
lors, et vu que le cyber-sabotage
d’installations atomiques iraniennes, du type de celui que l’on soupçonne Israël et/ou la CIA d’avoir
déjà mené, ne peuvent « au mieux
que repousser les échéances, pas
empêcher Téhéran d’assouvir ses
ambitions », M. Abrams estime
que le prochain président sera
confronté à une nouvelle donne.
Selon lui, « qu’il se nomme Obama ou qu’il soit républicain, il doit
commencer à échafauder une stratégie post-sanctions ». Il n’a pas élaboré plus avant le contenu de ce
concept. Mais cette vision induit
que l’urgence d’une action armée
contre Téhéran, si elle était envisagée, ne se poserait pas avant, au
minimum, plus d’un an. p
Sylvain Cypel
Trou de mémoire en direct pour Rick Perry
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4 Journée-débat
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2011
Cimhèq fçis - 51 bcy - 75012 Pis
Ifmis iviis s www.cip.f
L
e cauchemar de tout responsable politique – souffrir
d’une absence en pleine
envolée oratoire – est devenu
cruelle réalité pour Rick Perry,
l’un des challengers républicains
du président Obama pour l’élection de 2012. Son trou de mémoire, diffusé d’abord en direct mercredi 9 novembre au soir, lors
d’un débat devant des millions
de téléspectateurs, puis démultiplié sur Internet, pourrait compromettre une candidature déjà
affaiblie par ses piètres prestations orales. Pourtant, aucune
question embarrassante ne lui a
En collaboration avec
A suivi un déluge de messages ironiques sur Twitter et de commentaires sur les vidéos montrant en
gros plan l’embarras du candidat.
Quelques secondes de silence
ont ainsi éclipsé le reste du débat
consacré aux enjeux économiques, pourtant centraux. Et probablement compromis les chances
de M. Perry, très conservateur
gouverneur du Texas, de briguer
la Maison Blanche. Signe qui ne
trompe pas : le camp Obama
réserve ses piques à Mitt Romney, ainsi confirmé comme le probable candidat républicain. p
Philippe Bernard
Elena Udrea , une blonde explosive
aux manettes du tourisme en Roumanie
M
En partenariat avec
été posée. M. Perry s’est piégé luimême en déclarant solennellement que, soucieux d’économies,
il supprimerait trois agences fédérales s’il était élu. L’ennui est qu’il
n’a réussi à en citer que deux. « Le
commerce, l’éducation…. », a-t-il
lancé, avant un long silence gêné
au cours duquel il a jeté des
regards désespérés autour de lui,
puis feuilleté ses notes.
L’animateur du débat a tranché : « Vous ne pouvez pas donner
le nom de la troisième ? » Après de
nouveaux efforts, M. Perry a fini
par lâcher : « Je ne peux pas… La
troisième, je ne peux pas… Oops ! »
oulée dans une robe noire en latex, des bottes de
cuir au-dessus des
genoux, Elena Udrea prend une
pose provocatrice, sur un globe
terrestre. Ainsi s’affiche, en première page d’une revue people, la
blonde ministre roumaine du tourisme, avant de poser en Cléopâtre, Eva Perón, Jackie Kennedy,
Margaret Thatcher et Madonna.
C’est un cours d’histoire en images que cette femme donne à ses
compatriotes sans cacher ses
ambitions.
« En Roumanie, nous avons un
défi à relever : voir une femme présidente ou premier ministre, écrit
la ministre dans la légende de sa
photo. Malgré notre société misogyne, nous ne sommes pas loin du
compte. »
A 37 ans, Elena est devenue la
femme la plus populaire de Roumanie. La « blonde », la « femme
fatale », « Udrea Chaos », ou encore la « blonde du président » – en
raison d’une rumeur sur ses
liens présumés avec le chef de
l'Etat Traian Basescu –, fait parler d’elle.
En politique, cette avocate a
zigzagué avec passion : conseillè-
re juridique du secrétaire général du Parti socialiste, elle a rapidement pris un virage libéral et
fini par intégrer le Parti socialdémocrate dont est issu l’actuel
président.
En 2005, elle soutient une thèse en science militaire à l’université nationale de défense de Bucarest et se retrouve aussitôt chef
de la chancellerie présidentielle.
La blonde préférée des Roumains
maîtrise aussi bien ses ambitions
politiques que sa garde-robe.
Circuit Ceausescu
En ces temps de crise financière qui poussent les Etats européens à chercher de l’argent partout où il se trouve, la ministre
du tourisme a annoncé sa stratégie pour remplir les deniers
publics : le circuit touristique
Ceausescu. « C’est extraordinaire
de pouvoir exploiter les lieux où a
vécu le dernier grand dictateur de
l’Europe de l’Est, explique-t-elle.
Depuis sa chute, les gens ont abandonné leur colère contre lui. Et,
pour les étrangers, c’est une idée
fantastique. »
Avec Elena Udrea aux manettes, les Roumains veulent frapper
fort. Les touristes seront invités à
passer un moment dans le
bureau du Conducator puis à
aller sur le balcon où il a tenu son
dernier discours. Ils visiteront la
Maison du peuple, le mastodonte
architectural conçu par Nicolae
Ceausescu et transformé en siège
du Parlement après son exécution sommaire. Pour les amoureux de la campagne, on prévoit
un saut à Scornicesti, le village
natal du dictateur situé dans le
sud du pays. Ceux qui veulent
assouvir des fantasmes moins
politiques pourront louer des
chambres dans les nombreuses
résidences du « génie des Carpates ».
Cette pratique existe déjà car,
en échange d’un bakchich, plusieurs gardiens de ces résidences
fermaient les yeux sur les couples qui voulaient passer une
nuit dans les draps des Ceausescu. Mais Elena Udrea veut en finir
avec ces pratiques et faire rentrer
l’argent dans le budget de l’Etat.
Un bon argument électoral pour
cette femme qui rêve de s’installer dans le fauteuil présidentiel. p
Mirel Bran
(Bucarest, correspondant)
0123
international
Vendredi 11 novembre 2011
L’OTAN en passe de confier le contrôle de
plus de 50% du pays aux forces afghanes
Le président afghan, Hamid Karzaï, doit annoncer l’accélération de la transition le 16novembre
L
’OTAN, soucieuse de sortir du
bourbier afghan, commençait à s’impatienter. Prévue
pour septembre, l’annonce de la
deuxième phase de transfert aux
autorités afghanes de zones sous
contrôle de l’OTAN, devrait finalement intervenir entre le 16 et le
19 novembre au cours d’une Loya
Jirga (assemblée traditionnelle)
convoquée à Kaboul par le président afghan Hamid Karzaï.
Le chef de l’Etat afghan profitera de cet événement pour réaffirmer son autorité en livrant aux
chefs tribaux venus de tout le pays
les détails de ces transferts. Selon
nos informations, le contenu de
cette liste marque un basculement
symbolique important. En effet,
en cumulant la première phase
annoncée, le 22 mars, à celle qui
doit être révélée à partir du
16 novembre, près de 50 % de la
population afghane passera sous
le contrôle effectif des forces de
sécurité de Kaboul.
Dix-huit provinces afghanes
sur trente-quatre seront désormais concernées par ce transfert
de responsabilité : 106 districts
ont été retenus par une structure
mixte afghano-internationale, la
Joint-afghan-NATO Inteqal, « transition » en afghan, Board (Janib),
chargée de gérer cette transition
jusqu’au retrait total de l’OTAN
fin 2014.
Selon cette liste, auquel Le Monde a eu accès, des districts situés
dans les provinces du Sud, de Kandaharet du Helmand, à forte activi-
té insurrectionnelle, figurent dans
cette deuxième phase. Selon un
membre de l’OTAN, interrogé mercredi 9 novembre, « cette décision
a sa cohérence car il ne faut pas garder les secteurs les plus durs pour la
fin, il faut profiter de fait que des
troupes de l’OTAN sont encore présent en nombre dans la région ».
Ce choixrépond aussi aux attentes du commandement américain, dont les troupes représentent les trois quarts des effectifs de
l’OTAN en Afghanistan, de combler le retrait total, depuis juillet,
des soldats canadiens stationnés
dans la province de Kandahar, et
du départ progressif de l’armée britannique d’ici à 2014, basée dans le
Helmand.
L’idée serait également de faire
baisser les confrontations dans
les zones rurales et de laisser la
vie reprendre peu à peu son cours
normal, au risque de laisser les
talibans revenir en force après l’offensive américaine de 2009 et
2010. « On revient doucement vers
un schéma à la soviétique, on tient
les villes et on laisse les campagnes aux insurgés afin de limiter
la casse », décrypte un cadre de
l’ONU à Kaboul.
La cession aux Afghans du district de Saroubi, au nord-est de
Kaboul, contrôlé par les Français,
constitue un autre élément de cetteliste. Egalement soucieuses d’enclencher le retrait militaire français et de recentrer les effectifs restants dans la province stratégique
de la Kapisa, l’armée et la diploma-
tie françaises avaient indiqué aux
autorités américaines et afghanes
que le départ de Saroubi « n’était
pas négociable ». Selon le colonel
Thierry Burkhard, porte-parole de
l’état-major des armées, questionnémercredi,«la situationsécuritaire en Saroubi est maîtrisée et l’autonomie des forces afghanes est assez
satisfaisante pour ouvrir la voie à
ce transfert ».
Au total, quatre provinces entières du nord et de l’ouest ont été inscrites sur cette liste et l’ajout de certainsdistrictsapermisd’encomplé-
«Onrevientvers un
schémaàla soviétique,
ontient lesvilles eton
laisseles campagnes
auxinsurgés»
Un cadre de l’ONU à Kaboul
ter deux autres, Herat et Balkh, qui
avaient été partiellement transféréesauxautoritésdeKaboulauprintemps.Lesud-estdupays,contrairement aux souhaits de Kaboul reste
à l’écart de ces mouvements.
Silesnégociations quiont précédé la rédaction de cette liste ont
donné lieu, cette fois-ci, à moins de
frictions que la première entre
Kaboulet Washington, deschangements sont toujours possibles,
« jusqu’à la dernière minute »,
selon l’expression d’un responsable de l’OTAN à Kaboul.
La constitution de cette liste
doit prendre en compte des considérations très hétéroclites : affirmation de souveraineté de la part
de Kaboul, exigences tribales, messages des grandes démocraties
occidentalesà leurs opinionspubliques et degré d’insécurité dans les
zones concernées. L’objectif de
l’OTAN restant de limiter au maximum les pertes d’ici à 2014.
Selon la présidence afghane, la
LoyaJirga sera «un moment d’affirmation de l’unité du pays ». Elle
devrait ainsi également aborder la
question du futur partenariat stratégique avec Etats-Unis pour les
vingt à cinquante prochaines
années. Selon nos informations,
les questions liées à l’usage de la
torture contre les détenus et des
raids de nuit contre des suspects
ont été réglées. En revanche, celles
de l’installationde bases et du paiement d’un loyer achoppent toujours. La seule armée afghane coûte 5,2 milliards d’euros par an, soit
16 % du budget du pays et le retrait
de l’OTAN constituera une perte de
4,2 milliards d’euros en revenus
générés par la logistique et la soustraitance.
Enfin, la Loya Jirga devrait permettre de désigner le successeur
officiel de Burhanuddin Rabbani,
ex-président afghan (1992-1996) et
chef du Haut Conseil pour la paix
(HCP) chargé de la réconciliation
avec les insurgés, assassiné le
20 septembre. Son fils est pressenti, mais sa nomination fait encore
l’objet de résistances. p
Jacques Follorou
Etats-Unis
Le cerveau présumé de l’attentat
contre l’«USS-Cole» mis
en accusation à Guantanamo
GUANTANAMO. Abd-Al-Rahim Al-Nachiri, 46 ans, le Saoudien accusé
d’être le cerveau des attentats contre le navire américain USS-Cole et le
pétrolier français MV-Limburg, a été formellement mis en accusation,
mercredi 9 novembre, à Guantanamo. Considéré comme un proche
d’Oussama Ben Laden, qu’il aurait rencontré plusieurs fois selon l’acte
d’accusation, il est le premier détenu renvoyé devant la justice militaire
d’exception sous la présidence de Barack Obama. L’attentat contre le
navire américain USS-Cole avait fait 17 morts le 12 octobre 2000 au
Yémen. Le procès débutera au plus tôt en novembre 2012 mais pourrait
être retardé à la demande de la défense, a déclaré le juge, le colonel
James Pohl. Entre-temps, une audience est prévue en janvier 2012. Accusé de complot en vue de commettre des actes de terrorisme, de meurtre
en violation des lois de la guerre, d’acte de terrorisme et d’attentat
contre des civils, Abd-Al-Rahim Al-Nachiri aurait subi des simulations
de noyade dans une prison de la CIA. Il encourt la peine de mort. Il est
également renvoyé pour une tentative d’attentat quelques mois plus
tôt contre un autre destroyer américain, l’USS-Sullivans, à Aden, le 3 janvier 2000. Il sera en outre jugé pour avoir commandité l’attentat contre
le pétrolier français MV-Limburg, le 6 octobre 2002, dans lequel un
marin bulgare avait péri. – (AFP.) p
Syrie Des dirigeants arabes offriraient l’asile à M. Assad
WASHINGTON. Des dirigeants arabes ont indiqué, en privé aux EtatsUnis, qu’ils proposaient l’asile au président syrien Bachar al-Assad pour
le convaincre de démissionner face à la contestation qui agite le pays, a
indiqué, mercredi 9 novembre au Sénat, Jeffrey Feltman, le secrétaire
d’Etat adjoint pour le Moyen-Orient. Au cours de la même audition,
M. Feltman a estimé que la contestation armée contre le régime du président Bachar al-Assad en Syrie était « contre-productive ».
Le même jour à l’ONU, la Syrie a accusé les Etats-Unis de s’ingérer dans
la crise qui agite le pays. Plus de 3 500 personnes ont été tuées en Syrie
depuis le début des manifestations contre le président syrien Bachar
al-Assad en mars. Mercredi, l’ambassadeur de France à l’ONU Gérard
Araud a critiqué « l’indifférence » d’une partie des membres du Conseil
de sécurité face à la répression, son homologue américaine appelant le
Conseil à prendre « ses responsabilités ». – (AFP.)
Israël La Cour suprême confirme la peine de sept ans
de prison pour l’ancien président Moshé Katzav
JÉRUSALEM. La Cour suprême d’Israël a confirmé, jeudi 10 novembre, la
condamnation et la peine de sept ans de prison prononcées en première instance contre l’ex-président israélien Moshé Katzav pour deux
viols et harcèlement sexuel contre deux de ses subordonnées à l’époque où il était ministre du tourisme dans les années 1990, ont indiqué
les médias israéliens. M. Katzav (65 ans) devrait être incarcéré le
7 décembre. – (AFP.)
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9
10
planète
0123
Vendredi 11 novembre 2011
Plus d’une espèce de
conifères sur quatre est
menacée dans le monde
L’Union internationale pour la conservation de la nature
(UICN) vient de publier sa Liste rouge 2011
P
lus d’un mammifère sur
cinq, plus d’un oiseau sur
huit, un amphibien sur
trois sont menacés d’extinction
mondiale : grâce à la Liste rouge
des espèces en danger, que publie
chaque année l’Union internationale pour la conservation de la
nature (UICN), ces proportions
inquiétantes nous sont, hélas,
devenues familières.
On sait moins, en revanche,
que cette menace concerne plus
d’une espèce de conifère sur quatre. C’est l’un des principaux enseignements de la Liste rouge 2011,
dont la mise à jour a été publiée
jeudi 10 novembre. Animaux et
végétaux confondus, cette liste
porte à 61 914 le nombre d’espèces
évaluées sur la planète, parmi lesquelles 3 879 sont « en danger critique d’extinction », 5 689 « en danger » et 10 002 considérées comme « vulnérables ».
Elles ont beau constituer une
ressource essentielle pour l’humanité et une composante critique
des habitats sauvages : les plantes,
jusqu’alors, étaient sous-représentées dans ce gigantesque travail de
recensement. Non pas qu’elles
aient été oubliées. « Il y a eu un gros
effort mené sur les plantes dans les
années 1990, mais avec des critères
moins rigoureux que ceux qui ont
cours aujourd’hui », explique JeanChristophe Vié, directeur adjoint
du programme mondial pour les
espèces de l’IUCN.
Il a donc fallu tout reprendre à
l’aune de cette nouvelle méthodologie. Plusieurs groupes de plantes
sont en cours d’évaluation. Parmi
eux, les conifères, dont le recensement a été terminé cette année.
« On en compte environ 620 espè-
ces dans le monde, soit un chiffre
relativement faible. Beaucoup sont
déjà connus. Autres avantages : les
conifères sont largement répartis
sur la planète et nombre de scientifiques y consacraient déjà leurs
recherches. C’est pourquoi ce groupe a été retenu comme prioritaire », précise M. Vié. Parmi ces
620 espèces, 28 % ont été classées
comme « menacées » et 14 % comme « quasi menacées ».
C’est autour du Pacifique (Amérique, Asie, Océanie) qu’on trouve la plus grande diversité de conifères. Et c’est en Asie tropicale,
bien plus qu’en Europe ou en
Amérique, que se situent les principales menaces.
Agriculture intensive
Un exemple ? Le sapin d’eau
chinois Glyptostrobus pensilis.
Naguère très répandue en Chine et
au Vietnam, cette espèce a vu cette
année son statut passer de « en
danger» à « en danger critique d’extinction ». Principale cause de
déclin : la perte d’habitat au profit
de l’agriculture intensive.
En Chine, il ne subsisterait plus
aucun plant sauvage. Au Vietnam,
très peu d’arbres produisent encore des semences viables. Et la plus
grande des populations, récemment découverte au Laos, a été
détruite après l’inondation consécutive au projet hydroélectrique
mis en œuvre par EDF sur le Nam
Theun, affluent du Mékong qui traverse le pays. Ce qui signifie, précise l’UICN, « que cette espèce se dirige rapidement vers le statut “Eteint
à l’état sauvage” ».
Autre exemple : le Taxus contorta, conifère chinois surexploité
pour la production du Taxol (un
médicament utilisé en chimiothérapie), dont le statut est passé cette
année de « vulnérable » à « en danger ». L’UICN est également très
attentive à l’évolution des conifères de Nouvelle-Calédonie(45 espèces, toutes endémiques), où les
feux répétés, l’exploitation forestière et les décapages miniers ont
détruit des peuplements entiers
au cours des dernières décennies.
Au-delà de ce groupe d’arbres,
les experts de l’UICN pointent de
nombreuses espèces végétales tropicales, également en danger. « La
majorité des plantes à fleurs endémiques des îles granitiques des Seychelles ont été évaluées, et les études actuelles montrent que, sur les
79 espèces étudiées, 77 % font face à
un risque d’extinction », notent-ils.
Menacé à la fois par les feux et la
collecte illégale de ses noix, aux
supposées propriétés aphrodisiaques, le coco de mer Lodoicea maldivica a ainsi vu son statut passer
de « vulnérable » à « en danger ».
«Sur les 380000espèces de plantes décrites, environ 2 000 sont
ajoutées à la Liste rouge chaque
année », commente Tim Entwisle,
directeur de la conservation des
collections vivantes aux Jardins
royaux de Kew Gardens (GrandeBretagne), l’un des établissements
de référence avec lesquels travaille
l’UICN. « Nous estimons qu’une sur
cinq d’entre elles est d’ores et déjà
menacée, et ce avant même que
soit pris en compte l’impact du
changement climatique. »
Autant dire que l’évaluation
exhaustive des conifères n’est
qu’un premier pas dans le recensement des dangers qui guettent le
règnevégétal. Etdoncl’humanité. p
Catherine Vincent
En haut, un caméléon Tarzan « Calumma Tarzan » : « en danger critique d’extinction » ;
en bas à gauche, coco de mer « Lodoicea maldivica » : « en danger » ; en bas à droite, une raie manta
géante : « vulnérable ». PHOTOS JIRN KIHLER, JEAN-CHRISTOPHE VIE, ANDREA MARCHALL/UICN
La nature, un atout pour la Libye
DICTATURES et révolutions ne
sont pas vraiment propices à la
protection de la nature. En Libye,
seuls quatre sites ont été, ou sont
actuellement, déclarés aires protégées. Selon un rapport de
l’Union internationale pour la
conservation de la nature (UICN),
publié mercredi 9 novembre,
24 nouvelles aires marines et
côtières devraient l’être au plus
vite, « du fait de leur valeur naturelle et économique ».
« Je suis conscient que la conservation de la nature ne fait pas partie des priorités actuelles », admet
Alain Jeudy de Grissac, coauteur
de ce rapport et responsable du
centre pour la coopération en
Méditerranée de l’UICN. « Cependant, l’héritage et les ressources
naturelles de la Libye, s’ils sont
gérés correctement, peuvent jouer
un rôle important en garantissant
un meilleur futur pour le pays et
l’environnement méditerranéen. »
Les côtes libyennes abritent des
espèces rares d’oiseaux et de poissons, une vie marine abondante et
une végétation unique. Elles possèdent donc une forte valeur économique, biologique et sociale
pour les communautés locales.
Mais elles sont mises à mal par la
pêche incontrôlée, la pollution
« et une faible conscience des questions d’environnement chez les
décideurs et les populations ».
« Définir les principaux éléments de la conservation est une
étape vitale pour une utilisation
durable des côtes libyennes », renchérit Carl Gustaf Lundin, le directeur du programme mondial
marin et polaire de l’UICN.
Autre élément souligné par ce
rapport : les chances de conservation transfrontalière que présentent la lagune de Farwa et la zone
d’Abou Kammach, situées à la
frontière de la Libye et de la Tunisie – deux territoires connus pour
la productivité élevée de la pêche,
mais aussi pour leur vulnérabilité.
« Une coopération transfrontalière permettrait aux deux pays
d’échanger leurs expériences dans
le domaine de la conservation de
la nature et de protéger cette zone
plus efficacement », estiment ces
experts. Bénéfice supplémentaire
pour ces pays en reconstruction,
ce serait la première fois qu’une
telle coopération existerait dans
la région. p
C. V.
Le changement climatique devrait aggraver l’impact de la maladie du sommeil
Des chercheurs estiment que le parasite transmis par la mouche tsé-tsé va menacer des dizaines de millions de personnes supplémentaires
notifiés à l’Organisation mondiale
de la santé (OMS). Cependant, cette
dernière estime que le nombre
effectif de cas serait de 30 000 par
an. Dans un article mis en ligne,
mercredi 9 novembre, par le Journal of the Royal Society Interface,
Sean Moore, du Centre de contrôle
et de prévention des maladies (Fort
Collins, Colorado), et ses collègues
citent des chiffres encore plus élevés: 70 000 nouveaux cas par an.
La maladie se développe généralement en silence, pendant des
mois, voire des années, sans symptômes.Mortelleenl’absencedetraitement par voie intraveineuse, elle
se révèle une fois que le système
nerveux central est atteint.
La mouche tsé-tsé, qui appartient au genre « glossine », est présente dans trente-six pays d’Afrique subsaharienne. La plus grande
partiedescasseproduitenRépubli-
©2011 Ebel - www.ebel.fr - Réf 1216039
L
a maladie du sommeil, qui
appartient à la dizaine de
pathologies infectieuses qui
risquent de se répandre au-delà de
leur périmètre actuel, du fait du
changement climatique, pourrait
frapper de 46 à 77 millions de personnes supplémentaires d’ici à la
findu siècle. Des chercheurs américains et néerlandais ont montré
que les effets directs des variations
de température sur l’écologie et la
biologie du vecteur entraîneraient
un déplacement de l’aire géographique de l’infection pouvant aller
jusqu’à 60 %. Egalement appelée
trypanosomiase africaine, cette
maladie est due à un parasite, le
trypanosome,transmisparla piqûre de la mouche tsé-tsé.
En 2009, pour la première fois
en un demi-siècle, moins de
10 000 cas de la maladie ont été
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transmettredeuxtypesdetrypanosomes, l’un prédominant en Afriquede l’Ouest et centrale, l’autreen
Afrique de l’Est et australe.
Campagnes d’éradication
C’est à ce dernier type de parasite que Sean Moore et ses collègues
se sont intéressés. Ils ont calculé
que des épidémies de maladie du
sommeil peuvent survenir à des
températures moyennes comprises entre 20,7 ˚C et 26,1 ˚C. La maladiepourraitdoncfaiblirdanscertaines zones, devenues trop chaudes.
Mais un déplacement de l’aire de
distribution du parasite et de ses
vecteurs menacerait de 46 à 77millions de personnes supplémentaires d’ici à 2090. L’OMS évalue à
quelque 60 millions d’individus la
population actuellement exposée.
Spécialiste des trypanosomiases et directeur de l’UMR 177 à l’Institut de recherche pour le développement (IRD, Montpellier), Gérard
Cuny reconnaît l’intérêt de la
modélisation,mais regrette la nonprise en compte dans le modèle de
l’équipe américano-néerlandaise
de deux facteurs : la démographie
et l’humidité : « L’humidité est
essentielle pour la survie des glossines. Par ailleurs, selon les démographes, la population de l’Afrique de
l’Ouest,passéede64millions d’habitants en 1950 à 240 millions en
2000,devrait atteindre617 millions
en 2050. C’est un facteur majeur
d’augmentation de la population
exposée aux trypanosomiases. »
A cela s’ajoutent d’autres paramètres que cite Gérard Cuny : « La
mobilité des populations humaines, la lutte pour les ressources foncières et hydriques, l’instabilité politique,la capacitéde certaines glossines à s’adapter à un milieu urbain.
C’est le cas à Abidjan, à Conakry… »
Le chercheur souligne également
l’importance des campagnes d’éradication des mouches tsé-tsé en
Afrique de l’Ouest pour faire reculer la maladie. M.Moore etses collègues sont conscients des limites de
leur modèle. Ils ont l’intention de
l’étoffer en incluant d’autres paramètres,commel’humidité etla distribution des populations humaines, d’animaux d’élevage – susceptibles, comme l’homme, de servir
de réservoir au parasite – et d’animaux sauvages. p
Paul Benkimoun
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planète
Vendredi 11 novembre 2011
Au Pérou, le conflit minier de Cajamarca Les cales de «Tara»
devient un enjeu politique national
sont remplies de
Les agriculteurs demandent au président Humala de tenir ses promesses et d’arrêter le projet
trésors scientifiques
L’expédition lancée en 2009 a collecté des
milliers d’échantillons de plancton et de coraux
V
Une paysanne plante des graines devant le palais du gouvernement à Lima, à l’occasion de la Journée de la femme rurale. ERNESTO BENAVIDES/AFP
Lima
Correspondance
C
ela fait déjà plusieurs semaines que les agriculteurs des
hauts plateaux de la province de Celendin, dans le nord des
Andes péruviennes, protestent à
cor et à cri contre le « projet
Conga », une mine d’or et de cuivre
qu’ils accusent de mettre en péril
les ressources hydriques de l’ensemble de la région.
Jusque-là, le conflit était localisé à cette région isolée de Cajamarca. Mais depuis quelques jours, le
mouvement a pris de l’ampleur et
pourrait rapidement devenir un
véritable casse-tête pourle gouvernement péruvien du président de
gauche Ollanta Humala.
Mercredi 9 novembre, plus de
15 000 personnes ont manifesté
pour exiger le retrait du projet
minier. « L’eau, oui ! La mine,
non ! », ont scandé les protestataires, tandis que les commerces
étaienttous fermés. «Nous ne sommes pas d’accord pour que les eaux
de la région continuent d’être polluées ou mises en danger », explique le président régional de Cajamarca, Gregorio Santos, qui a appelé à la grève.
Situé à la source de trois bassins
hydriques, le projet minier Conga
prévoit, dans son étude d’impact
environnemental (EIE), d’assécher
quatre lagunes et de transférer
l’eau vers un réservoir qui alimenterait les villages. « Un réservoir
qui sera plus grand que la capacité
actuelle des lagunes », peut-on lire
dans l’EIE. Cette idée ne convainc
pas les paysans qui avouent ne
plus croire en Yanacocha, l’entreprise qui sera chargée d’exploiter
la future mine.
« A part nous prendre notre eau,
Yanacocha n’a rien fait pour nous
depuis qu’elle est arrivée il y a dix-
«Le président doit
choisir entre le peuple
et les investisseurs
financiers»
Marco Arana
Parti écologiste Terre
et liberté
huit ans », soupire un pharmacien
de Cajamarca. Yanacocha, qui
appartient aux compagnies nordaméricaine Newmont et péruvienne Buenaventura, assure pourtant
avoir payé plus de 800 millions de
dollars (591 millions d’euros) d’impôts miniers entre son arrivée
en 1993 et 2009.
La mine emploie des milliers de
personnes mais cela n’a pas suffi à
conquérir des habitants de plus en
plus critiques. « A travers Conga,
les gens rejettent vingt ans de mauvaises pratiques de Yanacocha
dans la région », constate le Père
Marco Arana, qui coordonne le parti écologiste Terre et liberté.
« L’enjeu de la manifestation ne
se résume pas simplement aux
lagunes qui vont disparaître mais
à la recherche d’un nouveau modèle de développement », soutient
Gregorio Santos, qui souhaiterait
que les entrepreneurs investissent dans les forêts ou des barrages hydroélectriques. Le responsable local exhorte le gouvernement
à annuler le projet Conga. « Je suis
sûr que le président Humala, qui a
toujours dit ne pas être lié aux multinationales, va défendre le peuple
de Cajamarca », insiste-t-il.
Dimanche, Ollanta Humala a
semé nombre de doutes auprès de
ses alliés politiques de gauche en
laissant entendre que le projet
minier approuvé en 2010 par le
précédent gouvernement allait se
poursuivre. « Conga a passé de
nombreuses étapes et nous devons
les respecter », a souligné le président. « S’il y a un malentendu, il
fautle résoudrepar la voix du dialogue mais nous respecterons les
contrats qui ont été signés par
l’Etat, qu’ils plaisent ou non », a-t-il
ajouté.
Depuis son investiture, le
28 juillet, le chef de l’Etat n’a cessé
de chercher à tranquilliser les secteurs financiers, inquiets de voir
arriver au pouvoir un ex-militaire
nationaliste. Le conflit de Conga
apparaît aux yeux des entrepreneurs comme « l’épreuve du feu »
pour le président de gauche. « C’est
là que nous allons voir quel type
d’Etat nous aurons dans le futur »,
a jugé Humberto Speziani, le président de la Confiep, le syndicat des
patrons péruviens, pour qui il est
important que Conga et son investissement de 4,8 milliards de dollars sur dix-neuf ans – le plus fort
investissement de l’histoire du
Pérou – soient maintenus.
« On est passé d’un problème
socioenvironnemental à un conflit
politique », estime Marco Arana,
qui prévoit un avenir compliqué
pour le gouvernement, alors que
plusieurs conflits similaires à
celui de Conga ont éclaté ces derniers jours dans le pays. « Ollanta
Humala a une dette électorale
envers les populations qui ont voté
pour lui en pensant qu’il allait protéger leur eau et changer les choses », rappelle M. Arana, qui estime
que le président va devoir choisir
entre le peuple qui l’a élu et les secteurs financiers conservateurs
avec qui il négocie depuis son arrivée au pouvoir. p
Chrystelle Barbier
Bisphénol A: l’Académie de médecine se veut prudente
L’institution juge l’interdiction prématurée, mais appelle à des mesures de prévention ciblées
L
’Académie nationale de
médecine a rendu, mercredi
10 novembre, son rapport
sur les risques cancérigènes posés
par la présence de certains polluants – ou « perturbateurs endocriniens » – dans l’environnement
et l’alimentation. Ces composés
chimiques, comme les phtalates,
le bisphénol A (BPA) ou certains
résidus de produits phytosanitaires (pesticides, herbicides), sont
susceptibles de perturber le système hormonal et d’augmenter l’incidence de certains cancers.
Depuis trente ans, note l’académie, l’incidence des cancers de la
prostate a été multipliée par 5,2
tandis que les cancers du sein ont
doublé. De même, l’incidence des
cancers du testicule a presque triplé chez les hommes jeunes
depuis 1975. Quelle est la part des
perturbateurs endocriniens – et
singulièrementdu BPA, le plus ubiquitaire d’entre eux – dans cette
évolution ? Cette contribution est
« très difficile à chiffrer », notent les
rapporteurs qui insistent sur une
coresponsabilité importante des
sur-diagnostics liés aux programmes de dépistage.
Effet carcinogène
Cependant, l’académie note
« qu’il existe un faisceau suffisant
de données convergentes montrant chez les rongeurs un effet carcinogène du BPA à des doses très
inférieures aux doses journalières
admises chez l’homme ». « Les
effets cancérigènes chez les rongeurs sont retardés après exposition in utero ou post-natale », ajoutent les auteurs, qui ont passé en
revue une part de la littérature
scientifique sur le sujet et ont
mené une série d’auditions.
De même, l’académie note un
lien, chez les agriculteurs notamment, entre utilisation de pesticides et cancer de la prostate – le
même lien n’étant pas démontré
avec les cancers du sein. Face à la
réalité d’« effets à faibles doses (…)
chez les rongeurs, non prévus par
la toxicologie classique (…) observés pour des doses inférieures aux
doses journalières admises (DJA)
par les autorités sanitaires », l’académie estime que « la stratégie
des autorités de toxicologie pour
déterminer les DJA » est « remise en
question ».
Pour l’académie, l’interdiction
du BPA est prématurée en l’absence de solutions techniques de remplacement. Mais des mesures de
prévention doivent cependant
être prises, notamment en direction des personnes à risques : jeunes enfants, personnes atteintes
d’un cancer hormono-dépendant,
femmes enceintes ou allaitantes.
Comme, par exemple, « interdire de chauffer directement les aliments dans les emballages plastiques » dans les collectivités (cantines, cliniques, etc. Ou encore « de
stocker longtemps et à température élevée les eaux minérales dans
les bouteilles plastiques libérant
des phtalates ». Il faudrait également, selon l’institution de la rue
Bonaparte, « conseiller aux caissières manipulant des tickets de caisse thermiques [qui contiennent du
BPA] de porter des gants, surtout si
elles sont enceintes » et éviter le
recyclage des « emballages contenant BPA ou phtalates ». p
Stéphane Foucart
ingt ans à naviguer sur tous
les océans en quête d’avancées scientifiques, cela finit
par user moteur et voiles. TaraOcéans est immobilisée actuellement à San Diego en Californie
pour réparations. Le 23 novembre,
la goélette reprendra la mer et traversera à nouveau l’Atlantique
pour rejoindre son port d’attache,
Lorient, le 31 mars 2012, après une
expédition de deux ans et demi.
A son bord, des dizaines de
scientifiques se sont relayés afin
de procéder à des prélèvements
de plancton dans 133 points du globe. Phytoplancton et zooplancton, à la base de la chaîne alimentaire, représentent 98 % de la biomasse marine et 80 % des organismes unicellulaires sur la planète.
Ils produisent environ la moitié
de notre oxygène et séquestrent la
majorité du carbone. Pourtant, ils
restent largement méconnus.
Ils devraient le demeurer quelque temps encore, ont annoncé
les scientifiques à l’issue de leur
deuxième année de navigation,
lors d’une conférence à Paris, le
9 novembre. Dans leurs malles au
trésor, mises à l’abri dans des frigos refroidis à l’azote liquide, leur
récolte est si riche qu’il faudra
sans doute plus de dix ans pour
l’exploiter.
Virus, bactéries, larves de poissons, copépodes (des tout petits
crustacés), protistes unicellulaires, ce sont des échantillons de
vie en minuscule que l’équipe a
capturés avec ses filtres et sa
« rosette », un prototype qui capte le plancton jusqu’à 2 000
mètres de profondeur, en même
temps qu’il fournit des relevés de
température de l’eau, de sa salinité et de son acidité.
« Nous avons tous les échantillons que nous espérions… Ce qui
nous permet de mesurer l’étendue
de notre ignorance : on en sait
encore moins que ce que l’on pensait, » prévient Eric Karsenti, chercheur du CNRS en biologie moléculaire et codirecteur de l’expédition Tara-Océans, avant de relativiser en citant les premières études déjà publiées par les experts
de Tara dans des revues scientifiques.
Séquençage des génomes
« On a, par exemple, pu évaluer
qu’un litre d’eau de mer contient
entre un et cent millions de virus
géants, dont la plupart sont inédits », rapporte-t-il. A terre, le
plancton a commencé à être analysé avec des microscopes à balayage laser généralement réservés
aux recherches biomédicales. Le
séquençage des génomes des
populations de micro-organismes
présentes dans les échantillons a
été lancé au Génoscope d’Evry,
entre autres centres de recherche
mobilisés. Déjà 6,6 millions de
gènes ont été recensés, la plupart
sont inconnus. Le travail, colossal,
va nécessiter de nouveaux financements. La campagne de Tara va
permettre d’étudier comment le
plancton est transporté par les
courants, quels impacts ont sur
lui le réchauffement de l’eau et l’acidification des océans.
Autres témoins des changements en cours : les coraux, qui
peuvent fournir des indications
sur les variations de température
jusque cinquante ans en arrière.
« Connaître le passé permet de rendre plus performants nos modèles
de calcul pour pronostiquer l’avenir, avance Stéphanie Reynaud,
biologiste au Centre scientifique
de Monaco. Les coraux sont soumis à des stress inédits comme
l’augmentation très rapide du gaz
carbonique dans l’atmosphère. »
La question est de savoir s’ils sauront s’adapter. p
Martine Valo
La mission « Tara »
San Diego
Trajet parcouru
Lorient
Trajet restant (arrivée prévue en mars 2012)
Séisme
La Turquie de nouveau touchée
par un tremblement de terre
Un séisme a causé la mort d’au
moins sept personnes dans l’est de
la Turquie, mercredi 9 novembre.
Des dizaines de personnes sont
coincées sous des décombres.
La secousse, d’une magnitude 5,7,
est survenue à une quinzaine de
kilomètres au sud de la ville de Van.
Le 23 octobre, dans la même région,
un précédent cataclysme avait fait
600 morts.
Depuis, plusieurs centaines de répliques ont été enregistrées et des milliers d’habitants campent toujours
sous des tentes. A Van (photo),
25 bâtiments, dont deux hôtels qui abritaient des journalistes et des
secouristes, se sont écroulés. Dans la nuit, 300 sauveteurs étaient à pied
d’œuvre. – (AFP, Reuters.) p REUTERS
Intempéries Glissement de terrain en Colombie
Un glissement de terrain a enseveli une quinzaine d’habitations, tuant
au moins 48 personnes dans le centre de Manizales, ville située à 287 km
à l’ouest de Bogota. La Croix-Rouge a dénombré 96 victimes dues aux
intempéries en Colombie depuis le début de la saison des pluies.
france
0123
Vendredi 11 novembre 2011
13
Budget: le contre-projet de la gauche sénatoriale
La rapporteure générale a trouvé 5milliards d’euros. Nicole Bricq épargne toutefois les collectivités locales
P
endant que le marathon budgétaire, impacté par le
deuxième plan Fillon, continue à l’Assemblée nationale, la
gauche sénatoriale travaille son
contre-projet budgétaire et fiscal.
Il est inspiré par la rapporteure
générale du budget, Nicole Bricq,
dont les amendements ont été
adoptés mercredi 9 novembre par
la commission des finances.
Après le basculement à gauche
duSénat,lasénatrice PSdeSeine-etMarne avait promis à la droite un
débat « projet contre projet » sur le
budget. Ses amendements sur le
volet recettes du projet de loi de
finances pour 2012, qui visent à
améliorer la progressivité de l’impôt,àcorrigerlesinégalitésouencoreàrenforcerlarégulationfinancière,esquissentdefait unprojetalternatif sur les finances publiques.
Pour ne pas prêter le flanc aux
critiques de la droite, prompte à
moquer l’imagination fertile de la
gauche en matière de créations de
taxes, Mme Bricq a mis ses pas dans
ceux de François Fillon. « En 2012,
le plan du 7 novembre prévoit
5,2 milliards de hausses d’impôt sur
un total de mesures de 7 milliards.
Mes amendements rapporteront
5 milliards. On ne peut pas m’accuser de créer des taxes à tire-larigot », s’amuse-t-elle par avance.
Afin de rétablir la justice fiscale
et d’améliorer le rendement des
impôts,mité par les niches, la sénatrice continue à détricoter la loi
TEPA sur le travail, l’emploi et le
pouvoir d’achat – ce symbole du
sarkozysme triomphant de l’été
2007 – qui coûte encore 9,3 milliards par an au budget de l’Etat.
Ainsi revient-elle surles majorations d’abattements sur les droits
de succession et de donation adoptées à l’été 2007, « à l’exception de
celles en faveur des conjoints ou
pacsés survivants ». D’après les
calculs de la commission, le retour
à la situation d’avant 2007 – 75 %
des successions (et non 95 % comme aujourd’hui) étaient exonérées – rapporterait 2,1 milliards.
De même, la division par deux
des plafonds de déductibilité des
intérêts d’emprunt immobilier
issus de la loi TEPA rapporterait
900 millions en 2012 et 800 en
2013. « La réduction immédiate du
coût de cette subvention improduc-
François Hollande, mercredi 9 novembre, lors d’un séminaire avec une vingtaine d’économistes à la Maison de l’Amérique latine à Paris. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR « LE MONDE »
tive bénéficiant surtout aux ménages aisés est préférable à la nonindexation de certaines prestations
sociales », observe la commission
des finances, qui veut ainsi revenir
sur la désindexation partielle des
prestations familiales et des aides
au logement annoncée le 7novembre. Le même souci affiché de justice a conduit les sénateurs à voter
la mise sous conditions de ressources du prêt à taux zéro (PTZ) et la
suppression du doublement du
coût fiscal des divorces.
Plutôt que d’approuver le relèvement de 19 % à 24 % du prélèvement libératoire sur les dividendes et les intérêts, Mme Bricq
défend une taxation au barème de
l’impôt sur le revenu de ces
mêmes dividendes. Une telle
mesure, estime-t-elle, améliorerait la progressivité de l’impôt en
attendant la fusion de l’impôt sur
le revenu et de la contribution
sociale généralisée (CSG) promise
par le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande.
2013, « année cruciale »
Pour protéger les recettes de
l’Etat, la commission sénatoriale
des finances veut plafonner à 30 %
la déductibilité des intérêts d’emprunt des entreprises, comme en
Allemagne. D’après le Conseil des
prélèvementsobligatoires, une telle mesure, défendue par Jérôme
Cahuzac à l’Assemblée, rapporterait 11,5 milliards en trois ans. La
suppression de la niche Copé et
l’encadrement du régime de l’intégration fiscale appliqué aux grandes entreprises obéissent à la
même logique : lutter contre le
mitage de l’impôt sur les sociétés.
Pour ne pas creuser le déficit en
2013, «année cruciale pour la trajectoire des finances publiques »,
Mme Bricq souhaite réaménager la
taxe imposée aux nouveaux
entrants sur les marchés de quotas
de CO2. Pour marquer son ouverture au monde économique, elle pro-
pose de rétablir les exonérations de
charges en faveur des jeunes entreprises innovantes. Et par souci
d’unemeilleurerégulationfinancière, elle veut taxer les transactions
automatisées sur les marchés. Une
série d’amendements de suppression des 200 millions d’économies
réclamées aux collectivités locales
complète cet ensemble. Mme Bricq,
socialiste et « hollandaise », assure
ne pas avoir «calé » son contre-projet avec M. Hollande. « Il a sa liberté
de candidat. J’ai la mienne. Je ne suis
pas un caporal», dit la sénatrice, qui
estencontactrégulieravecM.Cahuzac. Le 15 novembre, ses collègues
du PS déposeront à leur tour leurs
amendements. Leur philosophie
générale est connue : création
d’une nouvelle tranche de l’IR à
45%à100000euroslapart,indexation du barème de la prime pour
l’emploi, suppression de la détaxation des heures supplémentaires,
réduction de 12 000 euros à 7 000
duplafonddedéductiondesdépensespourlesservicesàdomicile,rétablissement de l’ancien barème de
l’impôt de solidarité sur la fortune
(ISF), taxation permanente des
rémunérations variables des traders, suppression des taxes en
matière d’aide juridictionnelle et
d’accès à la justice… p
Claire Guélaud
M. Hollande défend sa crédibilité sur le terrain économique
DES NUITS PLUS RÉPARATRICES QUE JAMAIS
SUR UN MATÉRIAU RÉVOLUTIONNAIRE ISSU
DES RECHERCHES DE LA NASA
S’adapte parfaitement à votre morphologie
■ Réagit à votre température
■ Allège les points de pression sur votre corps
■ Soutient votre colonne vertébrale dans sa position naturelle
POUR sa défense, il a délibérément joué l’attaque. En proie à un
début d’érosion sondagière et à
des interrogations sur le rythme
de sa campagne, en butte au pilonnage d’une droite qui le brosse en
« commentateur irresponsable »,
François Hollande ne pouvait que
situer la contre-offensive sur le terrain de la crédibilité économique.
La sienne, qu’il tente de mettre en
évidence. Celle du président de la
République, qu’il s’attache à mettre en doute. Voilà, pour le député
de Corrèze, l’essentiel : pas question d’autoriser Nicolas Sarkozy à
endosser le costume du président
protecteur face aux crises.
«La France est-elle protégée?
Non, parce qu’elle n’est pas bien présidée», résumait le candidat socialiste, mercredi 9 novembre, à l’issue d’un séminaire réunissant à
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Paris une vingtaine d’économistes. Pressé d’avancer ses pistes,
M.Hollande se livre plutôt à une
déconstruction en règle du bilan
de son adversaire. Là où M.Hollande avait été moqué par la droite
pour s’être limité à commenter,
depuis sa Corrèze, le G20 de Cannes, il en a méthodiquement critiqué les conclusions.
De la « régulation financière »
aux « hedge funds, cette finance de
l’ombre» au sujet de laquelle « rien
n’a été décidé», de la Chine, qui n’a
fait «aucune concession sur la
valeur et la convertibilité de sa
monnaie» à la «taxe sur les transactions financières», rien, dans le
bilan du sommet cannois, ne trouve grâce aux yeux de M. Hollande.
Lequel propose de réglementer
des produits financiers dérivés,
d’« établir une liste noire des hedge
funds», d’interdire aux banques
de «travailler avec un pays qui abrite un paradis fiscal» et d’instaurer
une taxe sur les transactions financières « le plus tôt possible».
Quant à l’adaptation de ses futures réformes à la conjoncture
M.Hollande a temporisé. « C’est en
fonction de la croissance que nous
pourrons déployer les propositions», a-t-il esquivé. Un peu court.
Mais le candidat socialiste n’a pas
l’intention de se dévoiler avant le
vrai démarrage de la campagne, en
janvier. Même s’il défend pied à
pied sa proposition de recrutement de 60 000 fonctionnaires
par l’éducation nationale, en pointant les «500 milliards de dette
publique contractée pendant le
mandat de Nicolas Sarkozy». « Et
on viendrait chicaner pour 2 milliards ou 2,5 milliards d’euros?»
Le candidat Hollande n’entend
pas accepter cette répartition des
rôles que voudrait lui imposer
l’Elysée. « Il ne peut y avoir des
annonces qui seraient irresponsables et d’autres qui seraient responsables », proteste-t-il. C’est le cœur
du message : « La crédibilité ne se
décrète pas », avance M.Hollande,
qui a bien l’intention de parler à
Nicolas Sarkozy d’égal à égal. p
David Revault d’Allonnes
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Les entretiens du Monde animés
par Thomas Wieder et Gérard Courtois ( Le Monde )
Mardi 15 novembre à 18 h 45 :
Sarah Kazemy, actrice franco-iranienne de « En secret »
Mercredi 16 novembre à 18 h 45 :
Petre Roman, ancien premier ministre de Roumanie
Vendredi 18 novembre à 18 h 45 :
Patrick Rotman, réalisateur, président du jury documentaire
Samedi 19 novembre à 18 heures :
Samir Abdallah, réalisateur égyptien, lauréat du Prix du jury documentaire 2010
«Je sonde, tu sondes... ils votent »
Grand débat animé par Gérard Courtois (Directeur éditorial)
Dimanche 20 novembre à 16 h 15
Entretiens au cinéma Jean-Eustache à Pessac. Accès libre et gratuit
www.cinema-histoire-pessac.com
14
0123
politique
Vendredi 11 novembre 2011
Malgrélespromesses d’unité,laguerredes
nerfsentreM.CopéetM.Filloncontinue
Lesambitions du secrétaire général de l’UMP agacent une partie du mouvement et du gouvernement
L
a majorité présidentielle n’en
finit pas de hoqueter au rythme des tiraillements du duo
infernal Copé-Fillon. L’épisode de
la fédération parisienne de l’UMP,
qui se déchire, et la violente rafale
de Rachida Dati contre François
Fillon à propos de sa candidature
parisienne aux législatives de 2012
– que Jean-François Copé s’est
contenté de juger « excessive » – a
jeté une lumière crue sur les tensions persistantes entre le premier
ministre et le secrétaire général de
l’UMP.Endépitdespromessesrépétées de conciliation, les deux continuentàsetoiser dansuneincessanteguerre des nerfs qui finit paruser
leurs propres amis.
Lundi 7 novembre, lors d’un
point de presse, M. Copé a salué le
«courage politique » du gouvernement face à « l’absence de courage »
du Parti socialiste à propos du plan
de rigueur présenté par le premier
ministre.
Un hommage à M. Fillon qui
n’est pas passé inaperçu à Matignon, mais qui ne suffira pas à calmer la colère du locataire de la Rue
deVarenne.Il aencore entraversde
la gorge le « vrai-faux » entretien de
M. Copé publié dans Le Nouvel
Observateur du 3 novembre, dans
lequel M. Copé reproche à M.Fillon,
en filigrane, son manque de courage. Même si le député de Seine-etMarne conteste les conditions dans
lesquelles ses propos ont été
recueillis et retranscrits, personne
– pas plus ses amis que ses ennemis – ne les juge invraisemblables.
Que M. Fillon et M. Copé n’aient
guèred’affinités, celan’estpas nouveau. Que le culot de ce dernier agace n’est pas non plus une révélation. En revanche, la place prise par
le secrétaire général de l’UMP – qui
a su se convertir en premier hussarddeNicolasSarkozy–dansledispositif de précampagne électorale
en irrite plus d’un. M. Copé n’a pas
que des amis. Il ne se prive pas de
leur donner des coups de griffe.
Ceux-là le lui rendent bien.
Les anciens « chouchous » du
président de la République, qui
n’ont jamais porté M. Copé dans
leur cœur, et les amis de M.Fillon se
chargent de faire circuler les critiques visant le secrétaire général de
l’UMP. Pour eux, l’acharnement de
M.Copécontrelechef dugouvernement fragiliserait la majorité et
inquiéterait les parlementaires,
qui craignent que le poison de la
division ne vienne compliquer une
situation déjà difficile.
Alors ils l’accusent de jouer un
jeu dangereux. «Il n’est pas bien du
tout, il est tellement dans l’obsession de Fillon qu’il dérape », tonne
un ministre de premier plan. « En
soutenant si ouvertement Rachida
Dati contre M. Fillon, il commet une
erreur, juge un autre. Les élus parisiens ne sont pas dupes de ce jeu. »
« C’est dommage, ça ne sert à rien.
Justice
L’affaire du Carlton reste à Lille
La Cour de cassation a rejeté, mercredi 9 novembre, la requête du procureur général de Douai qui, le 25 octobre, avait demandé le dessaisissement des juges d’instruction lillois, chargés de l’affaire du Carlton, au
profit d’une autre juridiction. Le parquet estimait que la présence dans
ce dossier de proxénétisme d’un avocat du barreau de Lille (Me Emmanuel Riglaire) et d’un des patrons de la police du Nord (Jean-Christophe
Lagarde) mettaient en cause « l’impartialité et la sérénité de la justice »,
en raison de leurs liens éventuels avec les juges. « Il faut faire confiance
aux juges, à leur éthique, à leur déontologie », a répliqué l’avocat général
de la Cour de cassation, opposé à ce dépaysement, qui serait selon lui
« une perte de temps évidente ». « La compétence du juge naturel » est
« un principe fondamental de notre droit », a-t-il ajouté. « Le dépaysement doit rester une mesure exceptionnelle à manier avec précaution. »
Par ailleurs, Francis Henrion, le directeur de l’hôtel Carlton, qui avait été
placé en détention provisoire après sa mise en examen pour proxénétisme aggravé début octobre, a été remis en liberté et placé sous contrôle
judiciaire ce mercredi. p Emeline Cazi
L’ancien PDG de Total attendu
le 15novembre au procès AZF
M. Copé et M. Fillon à Marseille, au campus des jeunes de l’UMP, en septembre. J.-C. COUTAUSSE POUR « LE MONDE »
Copé ne peut pas s’empêcher de s’en
prendre à Fillon, c’est un réflexe »,
notait, il y a quelques semaines, le
secrétaire d’Etat au logement,
BenoistApparu.Mêmeson amiBrice Hortefeux exprime quelques
réserves. « C’est le seul point sur
lequel je suis en désaccord avec lui »,
explique l’ancien ministre.
Lors du bureau politique de
l’UMPle26octobre,ChristianEstrosi et Nadine Morano dans un premier temps, relayés par Louis Giscard d’Estaing, Philippe Goujon et
Jean-François Lamour – ces deux
Dans la campagne,
ils vont continuer à
«se tirer la bourre».
Tout en connaissant
les limites à ne pas
franchir
derniers étant partisans de l’arrivéedeM.FillonàParis–,ontdemandé à M.Copé de désavouer Mme Dati.
Mercredi 2 novembre, lors d’un
déjeuner à la questure réunissant
une dizaine de députés de l’UMP
autour du président du groupe,
Christian Jacob, comme celui-ci en
organise régulièrement, le député
de la Savoie Michel Bouvard, proche de M. Fillon, a fait remarquer
que « ces divisions ne sont pas bonnes, notre électorat ne les supporte
pas ». Sans grand succès. « C’est
étrange, je n’ai pas le sentiment que
ce soit le premier souci des députés », note M. Jacob, bras droit de
M.Copé.
Le secrétaire général est également critiqué sur sa gestion à la
tête du parti. D’aucuns le soupçonnent de vouloir en faire une machine au service de sa propre promo-
tion plus qu’au service du président de la République. La convention censée donner la riposte au PS
après la primaire a été jugée « grotesque » par certains. « Il est temps
de passer à autre chose », s’irritait
déjà Alain Juppé lors d’un petitdéjeuner de la majorité, au lendemain de la défaite aux sénatoriales.
Nadine Morano, elle, jugeait, le
14octobre, lors des journées parlementaires à Saint-Cyr-sur-Loire
(Indre-et-Loire), que « le boulot
n’est pas suffisamment fait ». « Le
parti doit expliquer, ce n’est pas les
ministres qui doivent tout porter,
s’emporte la ministre chargée de
l’apprentissage. Où sont les tracts,
les argumentaires, les affiches ? »
Pour elle, les ambitions présidentiellesdeM. Copé pour2017 sont un
facteur de confusion. « Tous ceux
qui essaient de sauter deux haies à
la fois vont se retrouver les deux
genoux à terre», prévient-elle.
Un autre ministre s’inquiète des
risquesde«fragmentation»duparti présidentiel. «Le fonctionnement
d’un parti n’a rien à voir avec un
groupe ou avec un club, note-t-il.
Depuis que Jean-François Copé est à
latêteduparti,lespontsontétérompus avec les radicaux de Jean-Louis
Borlooetl’UMP ressemble de plus en
plus au PS avec ses courants. »
M. Copé balaie ces critiques.
«Mon but est de veiller à ce que tout
le monde se sente à l’aise, affirme le
secrétaire général. On ne peut pas
me faire reproche à la fois d’utiliser
le parti à mon profit et de tenir
compte de toutes les sensibilités. »
Quant aux radicaux, il renvoie systématiquementlaquestion:«Combien ont quitté l’UMP ?»
La loyauté que M. Copé affiche
vis-à-visduprésidentde laRépubliquene suffira pas àle faire aimerde
tous, surtout quand, pendant les
premières années du quinquennat, il s’est appliqué, à la tête du
groupe UMP de l’Assemblée nationale, à faire entendre sa propre
« petite musique ». « Etre le patron
du parti majoritaire est une tâche
aussi ingrate que difficile », admet
M.Hortefeux.
La concurrence entre M.Copé et
M. Fillon risque de continuer, les
deux hommes ayant des caractères
diamétralement opposés et des
positionnements tactiques différents. Dans la campagne à venir, le
chef du gouvernement et le patron
du parti majoritaire vont continuer à «se tirer la bourre ». Tout en
connaissant, l’un et l’autre, les limites à ne pas franchir.
D’abord, éviter les couacs sur les
projets restant à examiner avant la
fin des travaux parlementaires,
notammentsurlestextesbudgétaires. Le changement de majorité au
Sénat impose une discipline à toute épreuve dans les rangs de l’UMP.
Ensuite,lesecrétairegénéraldupartivaêtrejugésursacapacité ànégocier deux obstacles majeurs. Sur le
projet pour 2012, il lui faudra à la
fois défendre le bilan du quinquennat et faire émerger des propositions pour celui à venir, satisfaire
les sensibilités de l’UMP sans que
cela donne un pâle brouet de synthèse.
L’attribution des investitures
pour les élections législatives de
2012, enfin, dans un contexte qui
s’annonce difficile, sera un élémentdéterminant.C’estmêmeprobablement sur cela que M. Copé va
jouer son crédit. S’il arrive à éviter
la multiplication des candidatures
dissidentes et l’addition des rancœurs, il aura franchi une étape
importante. p
TOULOUSE. Thierry Desmarest, ancien PDG de Total, devrait s’asseoir le
15 novembre sur le banc des accusés au deuxième procès AZF à Toulouse.
Mais, contrairement au directeur de l’usine Serge Biechlin et à l’entreprise Grande Paroisse, le groupe pétrolier et son dirigeant ne sauront qu’à
l’issue du procès en appel s’ils sont poursuivis sur le plan pénal. Comme
en première instance, la cour d’appel a décidé de joindre au fond la citation directe déposée par plusieurs parties civiles. L’accusation a cette fois
décidé de se rallier à la demande. Selon l’avocat général Pierre Bernard, la
plainte qui vise Total et son ancien PDG serait recevable dans la mesure
où neuf nouvelles parties civiles se sont constituées après l’instruction.
Jean Veil, avocat du dirigeant et du groupe, s’est à nouveau ému du statut
de «prévenus virtuels» de ses clients. Le groupe pétrolier fait valoir qu’il a
déjà pris en charge les réparations des dégâts causés par sa filiale Grande
Paroisse à hauteur de près de 2 milliards d’euros. Thierry Desmarest était
absent lors de l’ouverture du procès en appel. p Stéphane Thépot
Meurtre d’Océane: un suspect devait
être présenté au juge après ses aveux
Un jeune homme de 25 ans qui s’était présenté volontairement à la gendarmerie de Bellegarde (Gard) a avoué mercredi 9 novembre, être le
meurtrier de la petite Océane, 8 ans, retrouvée morte le 6 novembre,
poignardée et asphyxiée, après avoir subi des attouchements sexuels.
Un test ADN réalisé dans la journée a confirmé ces aveux. Le suspect,
connu « pour ses additions à l’alcool et aux stupéfiants » était un voisin
de la famille de la victime. Selon son avocat, Me Jean-François Corral, il
aurait tenté de se suicider mercredi soir au cours de sa garde à vue. Il
devait être présenté à un juge d’instruction jeudi 10 novembre. p
La Cour de cassation refuse d’annuler
«d’anciennes» gardes à vue
La Cour de cassation a considéré, mercredi 9 novembre, qu’il n’était pas
possible de contester les gardes à vue sans avocat antérieures à la loi du
14 avril 2011, qui impose la présence d’un conseil, en invoquant pour la
première fois la jurisprudence européenne. A l’audience, l’avocat général
avait estimé le 12 octobre qu’il fallait « tirer les conséquences » des développements constitutionnels et judiciaires et les avocats s’attendaient à
ce que les gardes à vue d’avant la loi de 2011 puisse être annulées. «Je suis
très déçu, a indiqué Me Emmanuel Piwnica, cette décision a pour but de
valider les anciennes gardes à vue, d’éviter leur remise en cause rétroactive. » La Cour estime qu’il aurait fallu se prévaloir de la Convention européenne des droits de l’homme devant la chambre de l’instruction
dès2005 et 2009, et les pourvois ont été rejetés. –(AFP.) p
Alpinisme
Deux alpinistes français retrouvés
morts dans les Alpes
Patrick Roger
et Vanessa Schneider
Dans sa mairie, Rachida Dati «placardise» les fillonistes
C
oup de balai dans le 7e arrondissement de Paris. Déjà en
guerre contre le premier
ministre, François Fillon, qui s’est
permis d’annoncer sa candidature
aux législatives dans une circonscription qu’elle considère comme
lui étant promise, l’ancienne garde des sceaux, Rachida Dati, a
entrepris de cogner sur les soutiens de son rival. Maire du
7e arrondissement, elle vient ainsi
de révoquer les délégations de
deux élus fillonistes.
Dans un courrier daté du
7novembre, Rachida Dati signifie
à sa première adjointe, Martine
Namy-Caulier, qu’elle perd la
main sur l’administration générale de l’arrondissement pour occuper un placard: les «questions relatives à la transformation d’immeubles en bureaux ». Une autre élue,
Annick Leroy a vu la maire lui
enlever sa délégation aux affaires
sociales. Mme Leroy va désormais
se consacrer aux questions relatives au handicap. « Je vais pouvoir
créer de belles choses. Dans le 7e, il
n’y a rien concernant le handicap», se console-t-elle.
« Agressivité »
La rupture définitive entre
Rachida Dati et une partie de son
exécutif date de la fin octobre, lorsque 6 des 15 élus de l’arrondissement ont annoncé dans un communiqué leur soutien à l’arrivée
de François Fillon dans la circonscription que l’ancienne garde des
sceaux considère comme sa chasse gardée.
Le 3novembre, lors du vote du
budget de l’arrondissement, les
6 fillonistes s’abstiennent. Une
manière de protester contre
« l’agressivité » dont fait preuve la
maire à l’encontre de leur champion. Laurence Girard, élue socialiste, s’abstient également.
Après trois ans de mandat, l’ancienne icône de l’UMP ne peut
plus compter que sur 5 élus UMP
et 3centristes, dont le sénateur
fraîchement réélu – avec probablement quelques voix de l’UMP–,
Yves Pozzo di Borgo. La majorité
de Rachida Dati peut ne plus tenir
qu’à une seule voix. C’est la légitimité d’une de ces voix que Martine Namy-Caulier a souhaité mettre à l’ordre du jour lors de ce
même conseil municipal.
Pour elle, comme pour la majorité des élus du 7e arrondissement,
le cas de Sonia Leroux, conseillère
d’arrondissement et nièce d’Axel
Poniatowski, député et maire de
L’Isle-Adam, pose problème dans
la mesure où celle-ci a, de longue
date, abandonné son mandat
local.
Absente de la mairie et des
débats municipaux, l’élue laisse
néanmoins sa procuration à Rachida Dati qui s’assure ainsi systématiquement une voix de majorité.
Or, la démission de Sonia Leroux,
entraînerait l’arrivée dans la majorité municipale de Franck Allisio,
président des jeunes actifs de
l’UMP, dont l’allégeance à Rachida
Dati n’est pas assurée.
La maire va désormais devoir
faire avec une majorité précaire,
situation nouvelle pour elle.
Après la législative de 2012, Rachida Dati devra tenir sa mairie du
7e arrondissement encore deux
années. p
Eric Nunès
Recherchés depuis le 3 novembre dans le massif des Grandes Jorasses,,
deux alpinistes français ont été retrouvés morts mercredi 9 novembre.
Les corps du guide de haute montagne Olivier Sourzac, 49 ans, et de sa
cliente, Charlotte Demetz, 44 ans, ont été localisés par un hélicoptère de
la sécurité civile, à 4 050 m d’altitude, mercredi à la mi-journée, avant
d’être redescendu à Courmayeur en Italie. Selon les secouristes, les
deux alpinistes seraient morts de froid. Le guide et sa cliente, elle aussi
alpiniste expérimentée, étaient partis il y a une semaine à la conquête
des Grandes Jorasses, où ils ont été piégés par les intempéries. – (Reuters.) (PHOTO/ JEAN-PIERRE CLATOT/AFP) p
Parti socialiste M. Montebourg réitère son appel
pour une limite d’âge
Malgré les critiques de la direction du PS, le député de Saône-et-Loire a
répété sa demande de fixer à 67 ans l’âge limite des candidats PS aux
prochaines élections législatives (Le Monde du 9 novembre). Dans un
entretien à Lexpress.fr, le troisième homme de la primaire PS estime
que son parti « avait pris des engagements en termes de rajeunissement,
de diversité des parcours et de parité. Et le compte n’y est pas ». Il ajoute
dans Le Parisien : « Le Palais-Bourbon et le Sénat ne peuvent plus être
deux assemblées de retraités ».
société
0123
Vendredi 11 novembre 2011
15
Karachi:lesjugessurlapisted’unréseauchiraquien
Les magistrats demandent l’extension de leur enquête après de nouveaux soupçons de rétrocommissions en 1997
A
près avoir éclaboussé les
balladuriens puis déstabilisé les sarkozystes, l’affaire
de Karachi pourrait maintenant
menacer les chiraquiens. Les
juges Renaud Van Ruymbeke et
Roger Le Loire, chargés du volet
financier du dossier, ont demandé le 3 novembre au parquet de
Paris d’élargir leur enquête à
d’éventuels « abus de biens
sociaux » qui auraient été commis, entre 1997 et 2000, au préjudice de la Sofresa, la société d’Etat
spécialisée dans les ventes d’armes, notamment au MoyenOrient. Selon nos informations, le
parquet de Paris devrait donner
son feu vert aux magistrats.
Ces derniers, qui ont concentré
jusqu’ici leurs investigations sur
d’éventuelles rétrocommissions
qui auraient abondé les balladuriens en marge de contrats d’armement signés entre 1993 et 1995,
alors qu’Edouard Balladur était à
Matignon, s’intéressent désormais à des commissions suspectes
versées après l’élection de Jacques
Chirac, en 1995.
Ils ont été mis sur cette nouvelle
piste par Ziad Takieddine. L’homme d’affaires franco-libanais est
ulcéré d’avoir été mis en examen
pour avoir joué les intermédiaires
dansle contratAgostaavecle Pakistan (ce qu’il conteste vertement) et
dans le contrat Sawari II avec l’Arabie saoudite – dans lequel il assume au contraire avoir joué un rôle.
Désireux de régler ses comptes
avec ceux qu’il estime être à l’origine de ses déboires judiciaires,
M. Takieddine a expliqué aux
juges, lors de ses dernières auditions, qu’après avoir été écarté par
les chiraquiens, suite à l’élection
de mai 1995, il aurait été remplacé
par d’autres intermédiaires. Ces
derniers auraient, selon lui, financé la galaxie chiraquienne. Les
contrats signés avec deux sociétés
écrans, Estar et Rabor, créées pour
recueillir les commissions en marge du contrat saoudien et liées à
M. Takieddine, auraient été
détruits à cet effet.
Dans le plus grand secret,
d’autres structures auraient été
créées pour laisser place à un nouveau réseau voué à financer cette
galaxie et animé, selon les déclara-
Controverse sur
la signature d’un contrat
Des soupçons de financement occulte en marge des marchés d’armement
Ziad Takieddine estime avoir
remporté une victoire judiciaire,
lui qui a toujours juré n’avoir
jamais pris part au contrat Agosta. Outre plusieurs témoignages
et mouvements de fonds attestant du contraire, la justice
détient un contrat, signé le
30 juin 1994, garantissant à
M. Takieddine 2 % du montant
du contrat Agosta. Ce document
comporte une longue mention
manuscrite, des paraphes et
deux signatures : celles d’Emmanuel Aris, ex-responsable de la
direction des constructions
navales (DCN), et de M.Takieddine. Ce dernier, qui conteste
l’authenticité du document,
avait réclamé une expertise portant sur la mention manuscrite.
Celle-ci « n’émane pas de Ziad
Takieddine », a conclu, le 27 octobre, l’experte en graphologie
Christine Jouishomme. Mais Olivier Morice, conseil des parties
civiles, crie à la supercherie, estimant que cela ne prouve rien. Il
va demander un complément
d’expertise portant, cette fois,
sur les paraphes et la signature
apposée au bas du contrat.
L’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine, lors d’une pause pendant son audition du 5 octobre. C. MORIN /IP3
L’AFFAIRE de Karachi, à l’origine
une enquête antiterroriste classique sur un attentat, a viré, au fil
des révélations, au scandale politico-financier. Explications.
Quel lien avec l’attentat de
Karachi au Pakistan ? Le 8 mai
2002, onze employés de la Direction des constructions navales
(DCN) sont tués par l’explosion
d’une bombe à Karachi. Ils travaillaient au Pakistan dans le
cadre du contrat Agosta, signé en
1994, et prévoyant la livraison
par la France de trois sous-marins
pour la somme de 5, 4 milliards
de francs (825 millions d’euros).
Les enquêteurs pakistanais
concluent très vite à la thèse d’un
attentat commis par un kamikaze mandaté par Al-Qaida. Malgré
les invraisemblances émaillant la
procédure, le juge Jean-Louis Bruguière délivre des mandats d’arrêt contre des suspects, à qui l’on
a extorqué des aveux – ils sont
finalement acquittés, en 2009,
par la justice pakistanaise. Un
autre juge antiterroriste, Marc
Trévidic, reprend en 2007 le dos-
tions de M.Takieddine, par AlexandreDjouhri.Cetintermédiaire, intime de Dominique de Villepin, qui
était secrétaire général de l’Elysée
entre 1995et 2002,est legrand rival
de M.Takieddine.
Somme colossale
Les déclarations de M. Takieddine ont été confortées par certaines
découvertes des enquêteurs. Ainsi, lors d’une perquisition réalisée
le 29 avril au siège de la Sofresa, les
policiers de la division nationale
des investigations financières
(DNIF) ont saisi divers documents
signés de la main de Michel
Mazens,l’ancien patronde la Sofresa, chargé en 1995 par le pouvoir
chiraquien de mettre fin aux commissions suspectées d’avoir alimenté le camp balladurien.
Il s’agit notamment d’un avenant au contrat Sawari II. Conclu
en novembre 1994, cet important
marchéprévoyait lavente defréga-
sier et relance l’enquête dans une
nouvelle direction, avec l’appui
actif de l’avocat des familles des
victimes de l’attentat, Me Olivier
Morice. Selon divers documents
et témoignages, l’attentat pourrait avoir une autre origine : il
serait la conséquence du non-versement de certaines commissions dues en marge de plusieurs
marchés d’armement, notamment le contrat Agosta.
ne et Abdul Rahman El-Assir sont
accusés par les chiraquiens,
Dominique de Villepin en tête,
d’avoir contribué, sous forme de
rétrocommissions, au financement occulte de la campagne
malheureuse de M. Balladur. Les
deux contrats ont été signés avec
l’aval de celui qui occupait alors
le ministère du budget, Nicolas
Sarkozy, autre soutien de poids
de M. Balladur.
Comment est apparue la piste
des commissions ? Le juge Trévi-
Peut-on accréditer un financement illégal de M. Balladur ? Fin
dic a replongé dans la guerre qui
opposa, dans les années 1990, balladuriens et chiraquiens. Après
son élection, en 1995, Jacques
Chirac avait ordonné l’arrêt du
versement de commissions prévues dans le cadre des contrats
Agosta et Sawari II (la vente de frégates à l’Arabie saoudite moyennant 20 milliards de francs). Cible
du président, un duo d’intermédiaires imposé fin 1994 dans les
négociations par le ministre de la
défense, François Léotard, allié
du premier ministre candidat,
Edouard Balladur. Ziad Takieddi-
2010, les découvertes du juge
Trévidic ont provoqué l’ouverture d’une enquête distincte, visant
les éventuelles rétrocommissions
qui auraient été distribuées en
marge des contrats Agosta et
SawariII. Confiées aux juges financiers Roger Le Loire et Renaud Van
Ruymbeke, les investigations ont
établi que la campagne présidentielle de M. Balladur est entachée
d’irrégularités. Ainsi, l’origine
d’une vingtaine de millions de
francs en espèces semble éminemment suspecte. Des témoins ont
décrit comment ces fonds, de gros-
tesLafayette au royaumewahhabite moyennant environ 20 milliardsde francs. L’avenant qui intrigue la justice a été signé par
M. Mazens, sous le gouvernement
Juppé, le 14 mai 1997, soit onze
joursavantle premiertourdesélections législatives qui allaient voir
la victoire de la gauche. Ce nouveau contrat a lui-même donné
lieu à trois avenants, étalés entre
juillet 1997 et juillet 2000, en vertu
desquelslasociété Parinvest,domi-
ses coupures en billets neufs,
avaient été apportés dans des valises au QG de campagne. L’explication fournie par M. Balladur selon
laquelle cet argent provenait des
collectes effectuées lors de meetings de soutien n’a pas résisté
aux investigations, pas plus que
la piste des fonds spéciaux,
démentie devant les juges par
celui qui les gérait, l’ancien chef
de cabinet de M. Balladur, Pierre
Mongin. Pour les magistrats, l’hypothèse la plus logique est que
ces espèces soient le fruit de rétrocommissions, versées en marge
de contrats d’armement.
L’entourage de M. Sarkozy est-il
mis en cause ? Ces derniers mois,
l’enquête de MM. Van Ruymbeke
et Le Loire s’est rapprochée de l’entourage du président de la République, avec notamment les mises
en examen, courant septembre,
de Thierry Gaubert et Nicolas Bazire pour « recel d’abus de biens
sociaux ». Le premier, ancien
conseiller de M. Sarkozy au budget entre 1993 et 1995, est accusé
par son épouse, Hélène de Yougos-
ciliée en Suisse, a perçu de la Sofresa un total de 85 millions de francs
(12,9 millions d’euros).
Cette structure, détenue par le
groupe saoudien Al Bughshan,
serait gérée par Wahib Nacer, réputé proche de M. Djouhri. Par
ailleurs, à la même période, une
autre société saoudienne, Issham,
aurait été destinataire d’une somme colossale de 1,3 milliard de
francs (198 000 euros) sur la piste
de laquelle M. Takieddine a aussi
mis les juges, convaincus que là
encore ils remonteront vers le
camp chiraquien.
Récemment auditionné, l’ancien directeur général délégué de
la Sofresa, Jean-Yves Gourcuff, a
déclaré que ce nouveau réseau
avait été imposé en 1997 à
M. Mazens par les autorités politiques, à savoir les chiraquiens.
M. Takieddine, qui a recommandé aux juges de s’intéresser à la
filiale des Bahamas du Crédit agricole par laquelle auraient transité
certaines des commissions suspectes, réclame désormais l’audition de MM. de Villepin, Mazens
et Djouhri.
Dans une note remise le 31 octobre aux magistrats, il explique que
« l’audition de M. Mazens sur ces
questions est essentielle afin qu’il
puisse donner des détails sur le rôle
réel du groupe Al Bughshan et ses
exécutants (Wahib Nacer et
autres) ». « Sans doute pourra-t-il
également vous donner toute explication utile sur ses relations éventuelles avec MM. de Villepin et Djourhi au moins jusqu’à son départ de
la Sofresa en janvier 2006 », conclut
l’intermédiaire. M. Djouhri a déjà
annoncé son intention d’attaquer
M. Takieddine en diffamation. p
Gérard Davet
et Fabrice Lhomme
lavie, de s’être rendu en Suisse à
cette époque en compagnie de
M. Takieddine pour récupérer des
fonds en espèces. L’argent aurait
été remis ensuite à Nicolas Bazire,
alors directeur du cabinet de
M. Balladur à Matignon et patron
de sa campagne présidentielle.
M. Gaubert, qui conteste formellement tout financement politique
occulte, était proche à cette époque de M. Takieddine, comme bon
nombre de sarkozystes (Brice Hortefeux, Jean-François Copé).
Y a-t-il une piste chiraquienne ?
Décidé à contre-attaquer,
M. Takieddine a ouvert un nouveau front en mettant les juges
sur la piste d’un autre réseau qui,
après l’élection de Jacques Chirac
en 1995, aurait été chargé de récupérer des fonds dans le cadre de la
signature d’un avenant au contrat
Sawari II. Dans le collimateur de
l’intermédiaire, son rival, Alexandre Djouhri, et l’ancien premier
ministre Dominique de Villepin.
Cette nouvelle piste semble prise
au sérieux par les deux juges. p
G. Da. et F. Lh.
L’agenda très chargé des avocats de Thierry Gaubert, ancien conseiller de M. Sarkozy
L
es avocats de Thierry
Gaubert cherchent-ils à éviter que cet ex-conseiller de
Nicolas Sarkozy soit jugé durant la
campagne présidentielle? On
pourrait le penser depuis l’envoi,
le 2 novembre, d’une lettre de
Mes Jean Veil et François Esclatine
au tribunal correctionnel de Nanterre, devant lequel leur client
doit comparaître en février2012.
M.Gaubert vient d’accéder à
une soudaine notoriété par sa
mise en examen pour « recel
d’abus de biens sociaux» dans l’affaire de Karachi. Mais la justice
s’intéresse aussi à lui dans un
autre dossier lié au «1% logement», le système de collecte de
fonds patronal pour la construction de logement sociaux. L’enquête avait débuté en 1999. Dix ans
plus tard, le juge d’instruction
Richard Pallain avait renvoyé cinq
personnes, dont M. Gaubert,
notamment pour « abus de
confiance» et « prise illégale d’intérêt» devant le tribunal. L’exconseiller de M.Sarkozy est soupçonné d’avoir tiré profit d’opérations immobilières dans des
conditions irrégulières lorsqu’il
présidait un collecteur du «1% »,
Habitation française.
Le procès aurait dû avoir lieu
en octobre 2010. Mais il a été
repoussé trois fois, à la suite d’initiatives prises par les avocats de
certains prévenus : questions prioritaires de constitutionnalité,
demandes en annulation de l’ordonnance de renvoi, etc.
« Au four et au moulin »
Il y a quelques semaines, de
nouvelles dates avaient été envisagées pour le procès: du 7 au
17février 2012. Mais ce calendrier
pose des difficultés à Mes Veil et
Esclatine, comme ils l’indiquent
dans un courrier à la présidente
de la 15e chambre correctionnelle,
Isabelle Prévost-Desprez. L’un ou
l’autre sont retenus, à partir du
3novembre et jusqu’à la fin
juin2012, dans trois procès chronophages (les affaires AZF, crash
du Concorde et Kerviel rejugées
en appel à Toulouse, Versailles et
Paris). « Il s’agit de dossiers
majeurs pour lesquels nos clients
exigeront légitimement notre disponibilité totale et qui nous interdisent d’assurer simultanément une
défense convenable de M. Thierry
Gaubert», écrivent les avocats.
Leur lettre ne contient aucune
demande de renvoi du procès
Habitation française, mais pour
l’une des parties civiles, il est clair
que les avocats de M. Gaubert tentent d’imposer leur agenda. Pas
du tout, rétorque Me Veil : ils ont
seulement voulu expliquer qu’ils
ne peuvent pas être en même
temps « au four et au moulin ».
L’avocat récuse l’idée selon laquelle il chercherait un « moyen dilatoire» pour repousser l’échéance.
« Il n’est pas pensable un seul
instant que cette procédure soit à
nouveau reportée à une date éloignée au seul motif des trois procès
évoqués par nos confrères», réagissent Mes William Bourdon et Jose-
ph Breham, les avocats d’une des
parties civiles, dans une lettre
envoyée, mardi 8 novembre, à la
présidente de la 15e chambre. Euxmêmes sont confrontés à un agenda chargé en février 2012, « mais
nous nous organiserons », soulignent-ils. Sollicitée par Le Monde,
la présidence du tribunal de Nanterre indique qu’elle souhaite voir
le procès se tenir en février, mais
la décision est entre les mains de
la présidente de la 15e chambre. La
question devrait être tranchée
lors d’une audience dite « de fixation» le 17novembre. p
Bertrand Bissuel
Cameroun
(Communiqué)
Paul Biya réélu officiellement
avec 77,9%
L
e scrutin du 9 octobre est officiellement
comptabilisé. Paul Biya a recueilli 77,9%
des suffrages et 3 772 527 voix. Son principal opposant, John Fru Ndi enregistre
10,71%, soit 578 175 voix.
Plusieurs candidats avaient déposé un recours,
contestant la sincérité du scrutin. La Cour suprême
n’a pas retenu leurs accusations et a validé les résultats officiels.
Paul Biya, à 78 ans, entame donc son 6ème mandat
à la tête du Cameroun. Un septennat placé sous
le signe des « grands chantiers », qui le reconduit
donc jusqu’en 2018, sauf si, comme le pensent bon
nombre d’observateurs, le chef de l’Etat camerounais organise sa succession et passe le flambeau, en
cours de mandat, à celle ou à celui qui aura gagné
sa confiance.
Une large part de la population camerounaise reconnait à Paul Biya d’avoir toujours su maintenir
le pays dans la paix et la stabilité. Un argument
largement développé dans chaque village et dans
chaque quartier par les militants de son parti, le
RDPC. Un argument qui lui vaut, pour une grande
part, ces réélections faciles face à une opposition
divisée et peu crédible aux yeux d’une majorité de
Camerounais.
(Photo Francis Demange)
« C’est nous qui sommes appelés à remplacer
nos ainés en place aujourd’hui »
A
u Cameroun, les jeunes sont les plus touchés par le chômage, ils n’ont connu à
la tête du pays que Paul Biya. Pourquoi,
lorsqu’on les questionne au hasard des
rencontres, sont-ils si nombreux à se déclarer en faveur du chef de l’Etat sortant ? Certains se sont même
regroupés en association pour concrétiser leurs actions en faveur du président. L’association Presby
est l’un de ces mouvements de la jeune génération.
Aujourd’hui, elle est présente dans plusieurs départements du pays. A Kribi, dans le sud du Cameroun,
nous avons rencontré les responsables de cette
association, Presby Océan. Leur leader, Luc Jolinor
Bohongo, président départemental de la « jeunesse
présidentielle de l’Océan » a répondu à nos questions.
Quel est l’objet de l’association Presby ?
Luc Jolinor Bohongo : C’est une association de jeunes
camerounais qui ont opté pour soutenir le chef de
l’Etat dans la mission qu’il a pour la République du
Cameroun. Il s’agit des grands chantiers comme le
social, la santé, la formation, les jeunes etc. Donc
Presby lui apporte son soutien dans le suivi de sa
mission de développement socio culturel de la jeunesse camerounaise.
Quand a-t-elle été créée ?
LJB : Elle a été créée en 1997. Progressivement
ensuite différents bureaux sont apparus dans les
régions.
Comment soutenez-vous le président Biya ?
Quelles sont vos actions ?
LJB : Sur le terrain, nous essayons de faire comprendre à la jeunesse qu’il faut faire des concessions. Nous devons nous organiser, nous impliquer
davantage dans la constitution de l’édifice national
et sur le plan socio culturel. Nous devons participer
à l’agriculture et à l’élevage.
Au niveau scolaire, nous prenons la responsabilité de donner des cours de répétition à nos jeunes
frères qui préparent des examens au lycée.
Parallèlement, nous faisons des visites aux personnes âgées pour leur attribuer de petits dons de
savons et de médicaments.
Aussi, nous récupérons la jeunesse égarée, délaissée, sous scolarisée ou au chômage. Nous lui faisons
comprendre qu’il y a un espoir. La jeunesse devrait
se concentrer sur l’avenir parce que c’est nous qui
sommes appelés à remplacer nos ainés en place
aujourd’hui.
Arrivez-vous à convaincre les jeunes ?
LJB : Oui. Pour le département de l’Océan, nous
avons mis sur pied ce bureau le 16 avril 2010. Il était
composé de 42 membres à l’origine. Aujourd’hui,
nous en avons 1500.
Pourquoi le RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) et pas un autre
parti ?
(Photo Yannick Coupannec)
LJB : Nous ne sommes pas derrière le RDPC. Nous
soutenons l’homme, le président de la République
du Cameroun, Paul Biya. Pas le parti RDPC.
Pourquoi Biya alors et pas un autre homme ?
LJB : Avec lui, il y a eu l’arrivée de la démocratie et
de la liberté d’expression. Il y a beaucoup de chan-
tiers, aujourd’hui, au Cameroun. Il y a des améliorations sur le plan de l’éducation. Au niveau social,
plusieurs centres de santé ont été créés. Dans l’agriculture aussi des structures ont été mises en place.
La microfinance a apporté un soutien dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage.
Il a mis sur pied au mois de février, un recrutement spécial de 25 000 jeunes dans la fonction
publique. Cela ne se passe pas ailleurs. Et le facteur
le plus important, je vais vous le dire, c’est la Paix !
Nous sommes en Afrique, nous voyons ce qui se
passe autour de nous. Pour ne citer que la Libye,
la Côte d’Ivoire, la Tunisie et l’Egypte… Vraiment,
il est l’apôtre de la paix au Cameroun. Pour le
Camerounais, la paix c’est l’idéal. Et dans ce sens,
Biya est incontestable.
La paix n’est-elle pas quelque chose de naturel, un
droit légitime ?
LJB : Oui, c’est un droit légitime. Cependant tous les
dirigeants du monde ne garantissent pas la paix à
leurs pays. Alors que lui, il s’investit beaucoup dans
ce sens. C’est déjà beaucoup pour nous.
Comment voyez-vous l’après Biya ?
LJB : Comme son prédécesseur, il prendra les mesures adéquates pour céder la place à la meilleure
personne. Il peut aussi y avoir une surprise. Mais
sa succession n’est pas une inquiétude pour nous.
Biya est en très bonne forme. Au comice agro
pastoral d’Ebolowa, il a tenu pendant cinq heures
de temps. Et beaucoup de jeunes ne peuvent pas
faire cela.
Quels sont vos moyens financiers ?
LJB : Parmi nous, nous avons des opérateurs économiques, des membres qui sont dans les moyennes
et petites entreprises, des petits commerçants etc.
Nous essayons d’apporter chacun notre contribution pour mettre sur pied certains fonds pour nous
déployer. En même temps nous sollicitons des aides
de nos ainés qui sont dans l’administration et dans
le gouvernement du président de la République. On
a l’appui des élites. Le chef de l’Etat, aussi, il ne nous
oublie pas. De temps en temps, il réagit à l’endroit
de sa jeunesse.
Chefferies traditionnelles :
Rôle central au Cameroun
L
a société camerounaise présente une
organisation sociale et administrative
ancestrale : la chefferie. Selon les ethnies ou les situations géographiques,
le chef traditionnel, qu’il soit sultan, roi ou
encore paramount chief, incarne pouvoir et
autorité sur un village ou même une région.
Ancrés dans la tradition, descendants et héritiers de lignées historiques dont l’origine se
perd souvent dans la nuit des temps, ils sont
les derniers rois du Cameroun. Ils occupent
encore une place primordiale dans la vie
de nombreuses ethnies. Ils sont à la fois les
garants de l’autorité coutumière et les gardiens des valeurs religieuses. Jouant aussi
le rôle d’auxiliaires de l’administration, ils
sont des personnalités importantes pour le
pouvoir central. Les moyens utilisés par les
hauts cadres de l’administration pour accéder à ces fonctions, pourtant héréditaires, en
démontrent le prestige.
royaume des Bamoun, la grande ethnie de
l’ouest.
Les hommes politiques du pays cherchent à
obtenir son soutien. C’est l’un des plus grands
rois du Cameroun. L’autorité qu’il a sur son
peuple explique l’attention particulière que
lui portent les différents candidats lors d’élection comme la présidentielle du 9 octobre
prochain. Et le choix de cet ancien membre du
gouvernement est sans ambigüité. Hier, le sul-
tan était présent aux premières loges du meeting du Rassemblement Démocratique du
Peuple Camerounais (RDPC) entouré de ses
sujets, tous aux couleurs du RDPC. « J’aime
mon sultan le roi des Bamoun. Il est plus important que le président de la République. Je serai prête à voter pour n’importe qui si le sultan
me le demandait », nous déclare Salla, mère
au foyer.
(Photo Yannick Coupannec)
Un ancien ministre
L’actuel sultan de Foumban, Ibrahim
Mbombo Njoya, roi des Bamoun, est un ancien ministre du gouvernement camerounais
resté pendant longtemps au service de l’Etat.
Son palais est à Foumban, la capitale du
Le sultan de Foumban est l’un des plus grands rois du Cameroun.
Cameroun
(Communiqué)
« A partir de janvier, le
Cameroun sera transformé
en un immense chantier »
Cette déclaration du chef de l’Etat camerounais présage de ce que le
Cameroun devrait être au cours des prochaines années. Avec un taux de
croissance de 4% en 2011 et des perspectives plutôt encourageantes à moyen
terme, la réalisation des projets structurants devrait permettre d’améliorer
la compétitivité de l’économie nationale, l’objectif étant d’atteindre une
croissance à deux chiffres pendant la décennie en cours.
P
aul Biya pense que le moment est venu de passer à
l’étape supérieure, celle qui devrait consacrer la réalisation effective des grands travaux, et qui permettra au Cameroun de devenir « une économie émergente à l’horizon 2035 ».
Pour le président camerounais, la politique des « grandes ambitions » du précédent septennat, dont l’objectif était « d’imprimer un nouvel essor à notre économie » et dont la première
étape fut la stabilisation des finances publiques, qui avaient
été mises à mal par les effets de la crise et les contraintes de
l’ajustement structurel, permet désormais d’envisager l’avenir avec optimisme. En témoignent les effets encourageants
de la nouvelle stratégie pour la croissance et l’emploi en place
depuis quelque temps. « La réalisation de ce programme économique nécessite que les efforts soient axés sur l’accélération de
la croissance, adossée à une bonne gouvernance et à une gestion
de réseau routier en bon état de 12% à 55% en bitumant à
l’horizon 2020 plus de 35 000 km de routes en terre, d’aménager 1000 km de voies ferrées et de porter la télédensité
mobile à 65%.
Des projets qui nécessiteront plus de 8 millions de tonnes de
ciment par an, alors que la production nationale est actuellement environ de 1 600 000 tonnes. Ces chantiers et leurs
conséquences sur l’économie permettraient de créer plus de
300 000 emplois directs et indirects, sans oublier leur incidence réelle dans les caisses de l’Etat.
Relance agricole
Pays agricole par excellence, les potentialités agropastorales
restent sous-exploitées, obligeant le Cameroun à importer
pour près de 500 milliards de francs CFA par an de produits
agroalimentaires, ce qui rend d’ailleurs négative la balance
Kribi, où le chef de
l’Etat vient d’ouvrir
officiellement le chantier
du port en eaux profondes.
Dangote annonce
1500 emplois
à Douala
L’entrepreneur nigérian Aliko Dangote et trois
ministres camerounais ont posé la première pierre
d’une nouvelle cimenterie bientôt construite
sur les berges du Wouri, forte d’une capacité de
production d’un million de tonnes par an.
Aliko Dangote est un
industriel nigérian
richissime, 51ème
fortune mondiale
selon le classement
de Forbes.
L
a nouvelle usine du groupe Dangote, livrée dans 18 mois, devrait générer à Douala 200 emplois directs et 1300 emplois de
services assimilés.
Le Cameroun ne disposait que d’une cimenterie produisant
1,6 million de tonnes par an, alors que les besoins actuels se situent à
2,5 millions de tonnes par an et ne cessent de croître.
La nouvelle usine du groupe Dangote devrait donc éviter au
Cameroun, en phase de grands chantiers, d’importantes dépenses
d’importation.Trois ministres ont fait le déplacement pour la circonstance : Badel Ndanga Ndinga, ministre de l’Industrie, des Mines et du
Développement technologique, Bello Bouba Maigari, ministre d’Etat
en charge des Transports, et Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre
du Commerce.
Alhaji Aliko Dangote est un homme d’affaires richissime, 51ème fortune
mondiale selon le classement de Forbes. Son groupe produit 12 millions de tonnes par an et vise un objectif de 16 millions de tonnes.
La Camair-Co
veut contribuer
au décollage
économique
S
stratégique optimale des affaires publiques », a-t-il insisté. Il
est également question de « poursuivre les efforts de renforcement de l’Etat de droit en vue d’assurer la sécurité des biens et
des personnes, l’amélioration de l’environnement des affaires et
l’accès du citoyen à l’information ».
Investissements structurants
Paul Biya, réélu ce mois-ci pour sept ans, est visiblement
déterminé à assouvir un vœu personnel, celui d’entrer dans
l’histoire comme « l’homme qui a apporté la démocratie et la
prospérité au Cameroun ». Dans ce contexte, a-t-il rassuré,
« les “grandes ambitions” d’hier vont devenir les “grandes réalisations” (…), avec de grands projets structurants, dont certains
sont déjà en cours d’exécution, notamment dans le domaine de
l’énergie avec la construction des barrages hydroélectriques de
Lom Pangar, Memve’ele et Mekin, Nachtigal et Song Loulou,
Ndockayo, de la centrale de gaz de Kribi, de la centrale thermique
Ces chantiers et leurs conséquences
permettront de créer plus de 300 000
emplois directs et indirects, sans compter
leur incidence réelle dans les caisses
de l’Etat.
de Yassa et du yard pétrolier de Limbé. Il s’agit, dans le domaine
des transports, de l’aménagement des structures routières, tel le
deuxième pont sur le Wouri, des structures portuaires, avec notamment les ports en eaux profondes de Kribi et de Limbé, ainsi
que des structures ferroviaires, destinées à accompagner l’exécution des grands projets porteurs de croissance. Il s’agit également
de la reprise des activités d’une compagnie nationale de transport aérien avec le lancement de Camair-Co. »
300 000 emplois directs et indirects
En plus des projets énumérés, le Cameroun se propose de
porter les capacités installées de production d’énergie à
3000 MW, contre 933 MW actuellement, de relever la part
des paiements. Le chef de l’Etat a annoncé des grands chantiers dans ce secteur, et la création d’une banque agricole, la
Cameroon Rural Finance Corporation (CARFIC), qui participe de la volonté des gouvernants de donner à ce secteur
vital de l’économie des outils appropriés pour son essor.
A court et à moyen termes, notamment au cours des dix
prochaines années, le Cameroun ambitionne de relever la
croissance à un niveau moyen de 5,5% par an. Il est question
de ramener le sous-emploi de 76% à moins de 50%, et de
réduire le taux de pauvreté autour de 25% en 2020.
L’environnement politique
Le renforcement de la compétitivité de l’économie camerounaise appelle également la modernisation accrue de l’environnement politique. La mise en place d’Elecam, « l’organe indépendant chargé de l’organisation et de la supervision des élections
au Cameroun », s’inscrit dans ce sillage, de même que le renforcement des partis politiques et de la société civile dans la
gestion du processus électoral. Le Cameroun, a souligné Paul
Biya, « dispose d’un cadre légal d’expression des libertés fondamentales » : liberté politique, liberté syndicale, liberté de culte,
liberté d’opinion, liberté de circulation, liberté de la presse et
bien d’autres encore. « Ce dont nous avons besoin aujourd’hui
pour assurer le développement du Cameroun, ce sont, bien sûr,
des hommes et des femmes entreprenants, dotés d’un bon bagage
culturel et technique, mais ce sont également des hommes et des
femmes courageux, nantis d’un bon bagage éthique, moral, voire
spirituel, profondément acquis aux idéaux d’intégrité et de justice, respectueux de la chose publique », a-t-il indiqué.
Education nationale
Pour le reste, le président camerounais a indiqué que l’éducation nationale reste au centre des priorités, un secteur qui
englobe le quart du budget du pays, avec une enveloppe de
plus de 600 milliards de francs CFA pour l’année 2011. Sur
le plan sanitaire, l’on prévoit la construction et l’équipement
des hôpitaux, de même que les logements sociaux restent au
centre des préoccupations, en témoigne la construction actuelle de 10 000 habitats sociaux dans plusieurs villes du pays.
Achille Mbog Pibasso, Douala
ix mois après le lancement des activités de la Compagnie
de transport aérien du Cameroun (Camair-Co), le nouveau
pavillon national commence à marquer son ancrage dans un
secteur des transports aériens particulièrement difficile et
concurrentiel, où près de trente compagnies aériennes desservent le
Cameroun. S’il est vrai que les performances actuelles sont encore
loin d’atteindre la moyenne recommandée par l’Organisation de
l’aviation civile internationale (OACI), qui préconise 66% du taux
de remplissage des avions, celles-ci connaissent une évolution appréciable, puisque le taux de remplissage est passé de 33% il y a quatre
mois à un peu plus de 45% actuellement.
Un troisième aéronef
Pour la direction de cette entreprise publique entièrement contrôlée par l’Etat, l’optimisme est de mise car « la Camair-Co a pris son
envol dans un contexte difficile. J’admets que les débuts ont été difficiles, on décollait parfois avec des avions presque à moitié vides. Mais
aujourd’hui, on sent que de plus en plus de personnes répondent favorablement à nos efforts, et pour ma part je reste optimiste », a confié Alex
Van Elk, directeur général. La compagnie nationale veut renforcer son
positionnement, d’abord en étoffant sa flotte, puis en diversifiant son
plan d’exploitation. Après avoir commencé ses activités avec deux avions, la Camair-Co a pu ajouter un troisième aéronef dans sa flotte, pendant qu’un Boeing 777 est attendu dans les prochains jours. L’arrivée
de ce gros porteur permettra à la compagnie de desservir de nouvelles
dessertes à l’international, puisqu’en plus de Paris, déjà opérationnelle,
d’autres lignes sont au programme, en l’occurrence Shanghaï, Dubaï
et Johannesburg. En attendant, la compagnie camerounaise de transport aérien a annoncé le lancement d’une offensive régionale dont
Douala, la capitale économique du pays, constitue le hub.
Compétitivité et flexibilité
Depuis quelques jours, Libreville au Gabon et Lagos au Nigeria
rejoignent N’djamena au Tchad. Cinq nouvelles destinations sont
au programme courant octobre : Malabo en Guinée équatoriale,
Cotonou au Benin, Dakar au Sénégal, Brazzaville au Congo et Bangui
en Centrafrique. D’ici la fin de l’année, la Camair-Co ambitionne
de couvrir dix pays en Afrique centrale et de l’Ouest, cette région
dénommée « la côtière » qui fut l’un des grands succès de la Camair,
l’ex-compagnie nationale aérienne mise sous liquidation en 2008. Le
service domestique, déjà opérationnel, constitue également un atout
pour la compagnie nationale, dont l’entrée attendue au Clearing
House devrait renforcer la compétitivité.
AMP
Réalisation par
InvestirauCameroun.com
18
0123
société
Vendredi 11 novembre 2011
L’épiscopat réfléchit ADauphine,lespratiques del’association
à l’attitude à adopter Japadmisesencause aprèsun bizutage
La police judiciaire enquête après la plainte d’un étudiant de 18 ans qui a subi des violences
face aux œuvres
«blasphématoires» A
Nombre de responsables religieux hésitent
entre repli, silence, surréaction et dialogue
L
es manifestations organisées
à Paris par des catholiques
intégristes pour protester
contre la pièce de Romeo Castellucci, Sur le concept du visage du fils de
Dieu, se sont invitées dans les
échanges des évêques, réunis en
assemblée plénière, à Lourdes, jusqu’à mercredi 9novembre.
Même si certains prélats jugent
cette polémique « très parisienne »
et «loin des priorités de l’Eglise dans
un contexte de crise économique
mondiale », nombre de responsables religieux, hésitant entre silence, repli, surréaction et dialogue,
sont en quête de réponses à apporter aux auteurs d’œuvres considérées comme « blasphématoires »
par certains de leurs fidèles.
Cette réflexion est jugée
d’autant plus nécessaire que l’activisme, parfois violent, de quelques
centaines de fidèles a semblé prendre de court l’épiscopat, et que
d’autres manifestations sont
annoncéespardesgroupesintégristes. La pièce de Castellucci est jouée
à Rennes dès jeudi ; celle de Rodrigo
Garcia, Golgota Picnic, jugée offensante par des chrétiens, est prévue
à Paris du 8 au 17 décembre.
«Le rapport
à la culture n’est pas
le même chez tous
les évêques»
Mgr Hervé Giraud
évêque de Soissons (Aisne)
Mercredi, dans son discours de
clôture de l’assemblée des évêques,
son président, Mgr André VingtTrois, est revenu sur « le vif émoi »
provoqué par ces œuvres, appelant
à « une réflexion sérieuse sur notre
rapport avec des créations culturelles dont les intentions ou les réalisations offusquent notre amour du
Christ ».
«Nous comprenons le trouble de
beaucoupdevantdesœuvres difficiles à interpréter », indique-t-il. Mais
il demande aussi aux catholiques
de ne « pas se laisser enfermer dans
une forme de débat où l’Eglise se
défendrait elle-même comme un
groupe minoritaire ». « La blessure
[provoquée par ces œuvres] ne doit
pas et ne peut pas se transformer en
violence verbale, et moins encore
physique.Elledoitnourrirnotreprière.» Réagissant aux manifestations
parisiennes, le cardinal avait d’emblée dénoncé les méthodes d’« un
groupuscule lefebvriste qui fait de
la foi un argument de violence ».
Mais des initiatives et des déclarations diverses laissent apparaître
des divergences dans la manière de
répondre aux « agressions » que
constituent,pourcertains,cesspectacles. L’archevêque de Rennes,
Mgr Pierre d’Ornellas, a publié un
longtexte surle sitede son diocèse :
« Il n’y a pas de christianophobie
dans cette pièce de théâtre. Ne nous
trompons pas de combat en luttant
contre une christianophobie à
laquelle on veut nous faire croire.
Manifester contre Castelluci est une
erreur de perspective», juge-t-il.
Mgr d’Ornellas nous indique
aussi: «Il faut sortir de l’irrationnel,
car cette pièce, qu’on l’aime ou pas,
appelle à la raison. » Dans le même
temps, l’archevêque insiste : « Personnen’aledroitaublasphème,personne n’a le droit de blesser la
conscience d’autrui; c’est contraire
à la dignité humaine. » Il incite
néanmoins au « dialogue» avec les
artistes. « L’artiste doit expliquer
son intention, estime-t-il. Ne doit-il
pas aussi prêter attention à la foi
des humbles? »
Certains évêques, comme celui
de Vannes (Morbihan), Mgr Centène, ou de Bayonne (PyrénéesAtlantiques), Mgr Aillet, avaient
soutenu les manifestants parisiens. Mgr Dominique Rey, évêque
de Toulon, réputé conservateur,
s’apprête à publier « une réflexion
sur l’art et la dérision ». «Onnepeut
pas rester inertes et se faire marcher
sur les pieds face à ce qui offense la
symbolique chrétienne, dit-il. Toucher au sacré produit de la violence.
On peut comprendre [ceux qui
protestent]. Mais trop réagir ne fait
que servir la communication de ces
œuvres. Il ne faut ni applaudir ni
crier vengeance, mais susciter la
réflexion des chrétiens sur ce qu’est
l’art, la dérision, la profanation. »
S’enremettant«audroit »,ilpropose de « travailler avec des juristes
pour déterminer quand il y a diffamation ou calomnie ». C’est dans
cet esprit, dit-il, qu’il a soutenu l’Alliance générale contre le racisme et
pour le respect de l’identité française et chrétienne (Agrif) de l’ancien
député européen du Front national
BernardAntony, quia porté plainte
contre la représentation de Golgota Picnic et a été débouté.
« Le rapport à la culture n’est
pas le même chez tous les évêques », reconnaît Mgr Hervé
Giraud, évêque de Soissons
(Aisne). « Sans être naïfs, car certains artistes “nous cherchent”, il
faut parvenir à un vrai dialogue.
Car les gens de culture anticipent
souvent les questions qui vont se
poser dans la société. » Toutefois,
face à une « offense délibérée »,
l’évêque s’interroge : « Faut-il choisir le silence ou demander, comme
le Christ, “pourquoi me frappestu ?”. En tout cas, il ne faut pas sortir le glaive. »
Evoquantce « contexte de cathophobie », une paroisse de Rennes
propose « une alternative artistique » en invitant, jeudi, les fidèles
« choqués par la vision volontairement scatologique de la figure du
Christ[chezCastellucci],àuneMéditation sur le visage du Christ, à partir de l’œuvre de Francis Jammes, Le
Crucifix du poète ». p
Stéphanie Le Bars
n Sur Lemonde.fr
Lire sur le blog « Digne de foi » un compte rendu du colloque du 9 novembre
sur la « christianophobie » en Europe.
près l’ouverture, lundi
7 novembre, par le parquet
de Paris d’une enquête préliminaire, l’étudiant en première
année de licence d’économie et de
gestionà l’universitéParis-Dauphine, victime d’un bizutage lors d’un
« entretien de sélection » organisé
parla Jeuneassociationpourla promotion des activités de Dauphine
(Japad), devait encore être entendu
par la police. Le jeune homme de
18 ans, sur le dos duquel un membre de l’association lui a gravé « en
lettres de sang » l’acronyme Japad,
avait porté plainte le 27 octobre.
Quatre étudiants impliqués dans
l’affaire seront aussi convoqués.
Retour sur un violent dérapage.
Nous sommes le 26 octobre, dans
l’après-midi. Trois jours auparavant, a eu lieu le week-end d’intégration (le « wei » – prononcez
« oueille ») organisé par le bureau
des étudiants (BDE). « On a fait la
fête. Il y avait de l’alcool mais
aucun débordement », confirme
Juliette (tous les étudiants ayant
souhaité garder l’anonymat, les
prénoms ont été changés).
C’est lors de ce week-end que la
victime fait connaissance avec la
Japad,invitéecommed’autresassociations à y participer. Créée en
1981, la Japad est l’une des associationslesplusanciennesdel’université. Elle compte une trentaine de
membres et plus de 300 anciens
élèves. En faire partie, c’est s’assurer des contacts pour sa future vie
professionnelle. Chaque année,
elle organise le Gala de Dauphine –
un énorme succès qui rassemble
quelque 3 000 élèves –, une semaine ski-études ainsi qu’un week end
de « désintégration » pour les masters. Sessponsors sont prestigieux:
BNP Paribas ou encore Carrefour.
Sélective, la Japad fait passer des
entretiens pour intégrer de nouveaux membres. C’est au tour de la
victime. « Comment peux-tu nous
prouver que tu veux vraiment nous
rejoindre ? » lui pose l’un des membres du jury, déjà bien alcoolisé. Le
jeune étudiant montre son torse,
l’acronyme de l’association y est
inscrit. Selon une source proche
du dossier, on lui répond alors :
« Ce n’est pas suffisant ! On veut
autre chose. » C’est là que tout a
dérapé.Lejeune homme est immobilisé et lui sont gravées dans le
dos les lettres Japad avec une capsule de bouteille, l’entaille n’est,
paraît-il, pas très profonde mais
suffisante pour faire jaillir le sang.
« La victime était dans une situation d’anesthésie, sans doute luimême sous l’emprise de l’alcool, car
sur le moment il n’a senti que des
picotements », commente une
source proche du dossier.
Sur le campus de Dauphine, l’affaire a pris une proportion énorme.
Et les langues se délient. Peu d’étudiants affichent leur surprise. La
Japad n’a, semble-t-il, rien à voir
avec les autres associations de Dauphine. « Elle a la réputation d’être
une association aux pratiques brutales, élitistes, sexistes, qui cultive le
secretetladifférence »,indiqueClaire, étudiante en deuxième année.
Certainsde sesmembressont jugés
comme des « gros bras sectaires, fils
à papa, très portés sur l’alcool et au
comportement débridé », pour
reprendrelestermesd’unautreétudiant en troisième année. Certains
osent même le terme de «secte ».
Une fois le « wei » passé, elle
organise des entretiens d’une
quinzaine de minutes pour recruter ses nouveaux membres. Apparemment, les étudiants s’engagent à ne pas raconter ce qui s’y
passe. « Je connais certains d’entre
eux. Ils n’ont jamais rien voulu me
dire. Mais une chose est sûre : pour
entrer à la Japad, il faut être prêt à
subir des choses un peu extrêmes,
relever des défis. L’alcool est une
des composantes de cette association. Après avoir été recrutés, j’ai
vu des types revenir avec la tête
rasée », raconte Hugo.
Félix, diplômé d’un master 1 et
en année de césure, n’aurait pour
rien au monde fait partie de la
Japad. « On m’a toujours dit, n’y va
pas. Ça faitdesannées qu’ils ontune
réputation sulfureuse. » Après ce
«Çafaitdesannées
qu’ilsont une
réputationsulfureuse»
Un étudiant de Dauphine
graveincident,lesétudiantsneveulent pas qu’on assimile Dauphine à
la Japad. « Avec soixante associations,la vie associative de Dauphine
n’a pas d’équivalent ailleurs. Elle
reflète le niveau d’engagement et le
sentiment d’appartenance », souligne Laurent Batsch, son président.
Mais ce culte du secret à ses
revers et les spéculations vont bon
train. « On dit qu’elle fait faire des
trucs invraisemblables, entre humiliation, soumission et sexisme. Je ne
peux pas imaginer que l’étudiant
n’était pas au courant de ces pratiques», indique Julien.
Quoi qu’il en soit, ces mises à
l’épreuve étaient manifestement
connues. « Ça fait des années que
l’UNEF à Dauphine interpelle
M. Batsch sur les pratiques limites
de la Japad. Des humiliations publiques ont été dénoncées dans cette
université. Nous n’avons jamais eu
de réponse de sa part », affirme
Emmanuel Zemmour, président
del’UNEF-ID.Cequedémenttotalement M. Batsch : « Ni l’UNEF national, ni l’UNEF local d’ailleurs très
minoritaires à Dauphine ne sont
venus me parler de ce type d’agissements, ni des autres associations en
général, à aucun moment. Oui, on
raconte des choses mais je n’ai
jamais eu de plaintes. S’il y avait eu
desgestes de cette nature, j’ose espérer qu’il y en aurait eu. On ne radie
pas une association sur des
rumeurs. En revanche, si d’autres
étudiants veulent parler, je souhaite que leurs témoignages soient versés à la procédure. »
En attendant, M. Batsch a radié
laJapad et engagé l’université commepartiecivile auxcôtésdelavictime. Les quatre étudiants seront
prochainement convoqués en
conseil de discipline. Ils risquent
l’exclusion. p
Nathalie Brafman
«Le bizutage est le premier degré des violences de groupe»
Questions à… Samuel Lepastier, psychiatre et pédopsychiatre
Le bizutage est souvent présenté par ceux qui le pratiquent
comme un rite de passage permettant l’accès à un groupe,
qu’en est-il réellement ?
pe le sens des limites. Ils ont l’impression qu’ils ne font que suivre
les autres. S’ensuit, sur le moment
en tout cas, une absence totale de
culpabilité.
C’est une pratique totalement
condamnable, nocive, qui n’est en
rien un rituel d’initiation et qui
n’a aucune valeur culturelle.
D’ailleurs, les ingénieurs ou les
diplômés de grandes écoles ne parlent pas de leur bizutage comme
d’un moment qui a marqué leur
vie. C’est une expression de la violence avec des forts et des faibles.
C’est même le premier degré des
violences de groupe. Des gens qui,
individuellement, se comportent
de façon sensée, perdent en grou-
Pourquoi les étudiants victimes
de bizutage ne disent pas
stop ou tout simplement non ?
Ils sont pris dans un dilemme,
se disent : si je refuse, je serai
considéré comme une poule
mouillée. Alors ils auront le sentiment d’avoir échoué à l’épreuve.
L’alcool ne joue-t-il pas un rôle
dans cette perte d’autonomie ?
Effectivement, il y a de plus en
plus, chez les étudiants, de défonce à l’alcool. Cela explique aussi la
perte d’autonomie, la perte de
libre arbitre. Néanmoins, même
en l’absence d’alcool, la situation
de groupe est considérée comme
psychotisante. Le leader peut
devenir très pervers, les autres suivent en ayant le sentiment de n’y
être pour rien.
Les chefs d’établissement
n’ont-ils pas une part de
responsabilité ?
Evidemment, s’ils étaient plus
fermes, ces pratiques auraient disparu depuis longtemps. Il y a une
très grande complaisance de certains établissements, en particulier de petites écoles, dont les
diplômes n’ont pas une très grande valeur, qui veulent se donner
des allures de grandes écoles en
pratiquant un bizutage.
Quelles peuvent être
les séquelles d’un bizutage ?
On ne peut pas tirer des conclusions. Tout dépend du profil psychologique de chacun. Pour les
plus fragiles, une telle épreuve, au
lieu de contribuer à les faire sortir
de leurs difficultés, ce qui est pourtant le rôle d’un rite d’initiation,
va au contraire les enfoncer et
entraîner des traumatismes plus
ou moins longs. Mais il n’y a pas
que le bizut dans l’histoire. Il faut
aussi s’intéresser au bizuteur. Car
s’il a pris plaisir à humilier, il peut
entrer dans une spirale qui fera de
lui un pervers à vie. p
Les Débats de la Présidentielle
vendredi 11 novembre - 18h20 Eva Joly/ Henri Guaino - Qu'est-ce qu'être Français ?
sur France Inter avec Matthieu Aron de France Inter, Luc Bronner du journal Le Monde
et la participation de Gilles Leclerc de Public Sénat.
A retrouver sur : franceinter.fr, publicsenat.fr et Dailymotion
Propos recueillis par N. Bn
économie
0123
Vendredi 11 novembre 2011
19
En hausse
En baisse
Les cours du jour ( 10/11/11 , 09h47 )
L’inflation – L’indice des prix
Le crédit agricole – En provisionnant une
à la consommation en France, l’un des
baromètres de l’inflation, a augmenté de 0,2 %
en octobre par rapport au mois précédent et
progressé de 2,3 % sur un an, a annoncé, jeudi
10 novembre, l’INSEE.
perte de 60 % sur ses titres d’Etat grecs, la banque a plombé de 637 millions d’euros ses résultats au troisième trimestre. Elle a annoncé jeudi
10 novembre une chute de 65 % de son bénéfice
net trimestriel sur un an à 258 millions d’euros.
Euro
Or
Pétrole
Taux d’intérêt
Taux d’intérêt
1 euro
Once d’or
Lightsweet crude
France
Etats-Unis
1,3633 dollar (achat)
1784,00 dollars
96,19 dollars
3,151 (àdix ans)
1,894 (à dix ans)
«Fannie» et «Freddie», la facture publique s’envole
Depuis 2008, Washington a versé plus de 190milliards de dollars aux deux géants du refinancement de prêts immobiliers
Obama aux emprunteurs « sous la
ligne de flottaison » – dont la
valeur de l’appartement est inférieure au montant du prêt à rembourser – l’effondrement de la
valeur des biens immobiliers est
tel que des propriétaires optent
pour l’insolvabilité.
New York
Correspondant
U
n trou dont personne ne
voit le fond : Fannie Mae,
l’undes deux géantsdu refinancement des prêts immobiliers
aux Etats-Unis, a demandé à l’Etat
fédéral américain, mercredi
9 novembre, une nouvelle rallonge, de 7,8 milliards de dollars dans
le cadre du renflouement financier dont il fait l’objet.
Motif, Fannie a perdu 9,3 milliards de dollars ces neuf derniers
mois, dont plus de la moitié
(5,1 milliards) au troisième trimestre, clos en septembre. Quant à son
frère jumeau, Freddie Mac, il
a annoncé 4,4 milliards de pertes
cet été et se prépare à requérir
6 milliards du gouvernement.
Dans les deux cas, un cinquième
delasommeestdestiné àrembourser l’intérêt de sommes déjà perçues. Si Washington répond positivement– cedontàpeuprèspersonnenedoute–cesmontantss’ajouteront aux 183,8 milliards de dollars
déjà versés par l’organisme public
detutelle,laFederal HousingFinance Agency, pour sauver les deux
réassureurs de la faillite de 2008.
A la différence des autres plans
d’aide mis en œuvre par les administrations Bush puis Obama (dans
le secteur bancaire ou dans l’automobile), dans le cas de Fannie et
Freddie, les injections de fonds
n’ont pas eu l’effet escompté.
Nationalisées de fait en septembre 2008, une semaine avant la
faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers qui allait déclencher
la crise financière mondiale, Fannie et Freddie garantissaient
àl’époque 45 % de la totalité de l’encourt du crédit hypothécaire aux
Etats-Unis, soit 5 300 milliards de
dollars (elles en couvrent 5,7 % de
moins aujourd’hui).
Or si leurs pertes annuelles
cumulées atteignaient alors14 mil-
Longmont dans l’Etat du Colorado, le 21 septembre. De nombreux Américains voient encore leur bien saisi. JOHN MOORE/GETTY IMAGES
liards de dollars, elles pourraient
atteindre 20 milliards en 2011. Une
béance grandissante, donc, que
l’Etat américain ne parvient pas à
combler, après avoir renoncé (du
moins dans l’immédiat) à restructurer radicalement Fannie et Freddie en les démembrant.
Le trou, jusqu’où ? Il y a un an,
une étude du professeur de finan-
ces Anthony Sanders (université
George-Mason, Washington), le
projetait dans une fourchette de
160 à… 1 000 milliards de dollars
dans le « pire scénario ». On reste
loin de cette apocalypse, mais le
plancher est déjà dépassé.
Et le Trésor américain est
confronté à un dilemme infernal.
Ne pas maintenir à flot les réassu-
reurs risquerait de plonger tout le
secteur du crédit immobilier, déjà
atone, dans la crise. Il faut rappeler
que le parc immobilier américain
a perdu 7 000 milliards de sa
valeur depuis 2007.
Maistant que la criseimmobilière perdure, Fannie et Freddie ont
peu de chances de redevenir rentables. D’abord parce que, même si
c’est à un rythme moins soutenu,
le nombre des personnes visées
par une procédure d’expulsion
continuede croître.Et chaquehabitat saisi est revendu entre 30 % et
60 % de sa valeur initiale, ce qui se
traduit par une perte sèche pour
Fannie et Freddie.
Ensuite, malgré les aides
octroyées par l’administration
Convoqués devant le Sénat
Enfin, jamais la confiance des
consommateurs n’a plongé si bas.
Selon une étude de BusinessWire,
86 % des Américains sondés estiment que les prix des appartements continueront de chuter et
37 % qu’investir dans la pierre est
« risqué ».
La situation apparaît si grave
qu’un Greg Lippman, fondateur
du hedge fund LibreMax Capital et
ex-trader vedette de Deutsche
Bank – l’un de ceux qui, parmi les
premiers, joua short contre les
titres subprimes, engrangeant des
milliards en pariant sur leur chute
–, a envoyé le 31 octobre une lettre
à ses investisseurs où il suggère de
procéder à une remise de dette
drastique du montant du capital
pour les emprunteurs hypothécaires surendettés. « D’éminents économistes de droite comme de gauche » sont convaincus que c’est la
seule option pour faire redémarrer un marché qui, sinon, risque de
geler tous lesefforts de relance économique, quels qu’ils soient, estime-t-il.
Fait anecdotique (ou pas ?) : les
patrons de Fannie et Freddie sont
convoqués à venir bientôt témoignerdevant la commission bancaire du Sénat. Ils doivent s’expliquer
sur les bonus qu’ils s’apprêtent à
distribuer à leurs cadres. Malgré
ses pertes, Fannie aainsi provisionné à ce jour 842 millions de dollars
à cet effet. « Mais il ne s’agit pas de
bonus versés aux gens qui ont créé
la crise », s’est justifié Edward
DeMarco, le PDG de la société. p
Sylvain Cypel
Les prix de l’immobilier chinois en baisse En France, la fin du dispositif Scellier
Depuisplusd’unan,Pékinaprisdesmesuresafindefreinerlaspéculation pourrait faire grimper les loyers
Shanghaï (Chine)
correspondance
E
t vous avez la vue plein sud »,
lance, avec assurance, Shen
Mingtan, tendant une brochure qui vante les charmes des
appartements de la résidence.
Comme si de rien n’était. Pourtant,
derrière lui, les maquettes de vente sur plan, recouvertes d’un drap,
rappellent les dégâts subis, deux
semaines plus tôt, lorsqu’un groupe d’acheteurs furibonds est venu
saccager l’agence Longfor.
C’est que les futurs habitants
ont du mal à avaler la soudaine
décote de l’investissement de toute une vie, qu’une affiche au mur
présente comme « simplement le
summum de la résidence de luxe »
– en réalité des tours au nordouest de Shanghaï. Dans la ville la
plus peuplée de Chine, les prix de
l’immobilier baissent, au grand
dam des clients qui ont acheté
juste avant.
Soucieux de freiner la spéculation, le gouvernement a augmenté, depuis un an et demi, la part de
paiement comptant à l’achat d’appartements, imposé de strictes restrictions à l’acquisition de résidences secondaires et testé de nouvelles taxes d’habitation dans plusieurs villes, dont Shanghaï.
Au même moment, les autorités chinoises ont fait de la lutte
contre l’inflation leur principal
cheval de bataille. L’inflation est
retombée à 5,5 % sur un an en octobre, après avoir franchi, en juillet,
un pic à 6,5 %. Pour cela, les taux
d’intérêt de la banque centrale ont
été relevés cinq fois depuis octobre 2010. Résultat, le crédit s’est
asséché, heurtant la frénésie d’investissements dans l’immobilier.
« Cap de rigueur »
Depuis fin 2010, le gouvernement ne publie plus de moyenne
nationale sur les prix des logements. Reste donc à observer dans
combien de villes les prix bougent
sur les 70 suivies par le Bureau
national des statistiques : seules 17
auraient constaté un recul sur le
marché du résidentiel neuf en septembrepar rapportàaoût.AencroirelecabinetprivéSoufun,enrevanche, les prix ont baissé de 0,23 % en
octobreauniveaunational,unetendance vérifiée dans 58 villes sur
100 observées – dont 0,44 % de
recul à Shanghaï.
Les promoteurs ont d’abord
rechigné à s’adapter à cette réalité
avant de s’alarmer du niveau
inquiétant de leurs inventaires. Le
premier promoteur chinois, Vanke, a connu une baisse de 33 % sur
un an des revenus de transactions
enoctobre.SonconcurrentLongfor
a subi un ralentissement de 11,5 %.
Ce qui explique qu’il ait sabré ses
prix dans le quartier de Jiading, où
officie l’agent immobilier Shen
Mingtan : de 18 000 yuans
(2 200 euros) le mètre carré il y a
trois mois, ils sont tombés à 15 000
yuans (1 740 euros). D’où la descente destructrice dans l’agence d’une
bonne centaine de clients qui ont
signé avant la décote. Pour apaiser
les tensions, l’agence a été priée de
maintenir ses prix – alors qu’elle
n’hésitait plus à proposer 12 000
yuansdu mètre carré– et de s’adapter au marché dans la discrétion.
Deuxautres agences immobilières de Shanghaï ont subi des manifestations similaires ces dernières
semaines et une à Hangzhou,
200 kilomètres à l’ouest. Selon
l’agence de presse officielle Chine
nouvelle, près d’un millier d’agences immobilières ont fermé leurs
portes à Pékin faute de transactions depuis le début de l’année
(177 sur le seul mois d’octobre).
Le premier ministre, Wen Jiabao, assure que son gouvernementtiendra « avec fermeté», quitte à « ajuster » certaines mesures
pour soulager certains secteurs.
« Les prix devraient baisser de 5 % à
10 % dans les six prochains mois car
le gouvernement semble déterminé à maintenir le cap de rigueur »,
dit Shen Lan, économiste de la banque Standard Chartered à
Shanghaï. p
Harold Thibault
L’aide fiscale à l’investissement locatif sera supprimée fin 2012
A
ttention, freinage en vue
sur la construction de logements neufs et hausse probable à venir des loyers ! La mise
en garde est lancée par les professionnels du secteur immobilier
àla lecture de certaines des nouvelles mesures d’économies présentées par le gouvernement français
afin de réduire le déficit public.
L’exécutif a décidé de mettre un
termedéfinitif, fin 2012,au dispositif Scellier de réduction d’impôt
sur l’investissement locatif. Il veut
aussi modifier les conditions d’obtention du prêt à taux zéro pour
les particuliers qui accèdent à leur
première résidence principale : il
sera réservé à l’achat dans l’immobilier neuf et, dans certaines
régions, dans l’ancien rénové.
Ces mesures, couplées à la réforme de la taxation des plus-values
immobilières hors résidence principale qui entrera en vigueur le
1er février, vont, selon les spécialistes, considérablement réduire l’activité du marché dans les deux ans
à venir, au moment où celui-ci
commence à battre de l’aile.
Le dispositif Scellier était certes
déjà devenu moins avantageux.
Les particuliers qui investissent
dans un logement neuf, à condition de le louer durant neuf ans, et
sous réserve qu’ils respectent un
plafond de loyer, bénéficiaient
d’une réduction d’impôt. De 25 %
en 2010, celle-ci avait été ramenée
à 22 % en 2011 puis à 14 % en 2012
pour les logements basse consommation, et réduite à 13 % en 2011
puis supprimée en 2012 pour les
autres bâtiments.
L’arrêt de l’aide fiscale à la fin de
l’année 2012 devrait freiner considérablement la construction de
nouvelles habitations. « Il est évident que les programmes pour lesquels les promoteurs possédaient
juste les terrains vont être arrêtés
ou bien revendus différemment,
probablement à des prix moindres », juge Xavier Boutiron, notaire chez Chevreux Notaires.
« Flou »
Marc Pigeon, le président de la
Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), envisage que le nombre de biens neufs vendus chaque
année soit divisé par deux, passant de 115 000 en 2010 (63 %
étaient vendus à des investisseurs) à 60 000 en 2013.
Cette diminution de nouvelles
constructions pourrait entraîner
une hausse des loyers dans certaines régions. « Cela va bloquer le système à des endroits où le marché
locatif est déjà déséquilibré et où il
faudrait soutenir l’effort de
construction, juge Jean-François
Buet, secrétaire général de la
FNAIM. En région parisienne, sur la
Côte d’Azur, ou en Haute-Savoie
comme à Annemasse ou Annecy, la
demande de locations est forte et
on a du mal à trouver des logements. Les prix de location pourraient augmenter dans les zones
où il y a des tensions. »
« D’ici deux à trois ans les prix
des loyers vont augmenter si on ne
construit pas assez », appuie
M. Pigeon, qui constate qu’ils ont
déjà progressé de 30 % en 10 ans.
Mais les professionnels ne
désespèrent pas. Depuis 1995, les
dispositifs d’aide à l’investissement locatif se sont succédé :
Quilès en 1984, Périssol en 1995,
Besson en 1999, régimes RobienBorloo en 2003, puis Scellier en
2009. Et rien n’indique, selon eux,
qu’une décision prise aujourd’hui
par le gouvernement pour faire
rentrer de l’argent dans les caisses
de l’Etat ne soit pas remise en cause après les élections.
« Aujourd’hui, on est dans le
flou. On est partagé entre l’idée
d’acheter des terrains ou d’être
attentiste », conclut M. Pigeon. p
Cécile Prudhomme
20
0123
économie
Vendredi 11 novembre 2011
L’Etatallemands’estrésoluàentrerau
capitald’EADS,cequ’ilavaittoujoursexclu
RÉPARTITION ACTUELLE DU CAPITAL D’EADS, en %
Daimler : 15
Pool bancaire* : 7,5
22,5
22,5
Aucun représentant du gouvernement ne siégera au conseil de surveillance du consortium
Berlin
Correspondance
A
près des mois de tergiversations, le ministère de l’économie allemand a confirmé, mercredi 9 novembre, l’intention du gouvernement de racheter
au groupe Daimler 7,5 % d’EADS.
C’est la banque publique KfW qui
fera l’investissement.
L’urgence avec laquelle la décision a été prise en dit long sur le climat d’instabilité qui règne, côté
allemand, autour du partenariat
industriel avec la France. Depuis
plusieurs mois, Daimler, désireux
de se recentrer sur ses activités
dans l’automobile, martèle sa
volonté de réduire sa participation
dans EADS pour la ramener à 7,5 %,
contre 22,5% il y a cinq ans, afin de
se retrouver au même niveau que
le français Lagardère.
En février 2007, à la suite d’un
premier désengagement, Daimler
avait cédé 7,5% d’EADS à un consortium de banques allemandes nommé «Dedalus », tout en conservant
les droits de vote attenants. Des
15 % restants, 7,5 % étaient en quête
d’un repreneur. Ils tomberont finalement dans l’escarcelle de l’Etat
fédéral.
Pour des raisons juridiques, le
rachat n’interviendra probablement qu’après le 30 juin 2012. Il en
coûtera au contribuable allemand
entre 1,2 et 1,3 milliard d’euros.
Pour le parti libéral FDP, partenaire de coalition de la chancelière
Angela Merkel, cette nationalisation est une couleuvre de plus qu’il
se voit obligé d’avaler. « Par principe», les deux ministres de l’économieFDPsuccessifs,Rainer Brüderle
et Philip Rösler s’étaient déclarés
hostiles à toute montée de l’Etat
dans le capital du consortium franco-allemand.Maislas !Aucun acheteurpotentieln’asu conveniràtouteslesparties enprésence.Ilest vrai
que les candidats ne se sont pas
bousculés. Le Qatar était bien tenté,
mais comment admettre qu’un
fonds contrôlé par un Etat étranger
ait droit de regard sur une entreprise aussi stratégique qu’EADS ?
Dans l’entourage du gouvernement, on estime que l’ouverture
du capital aux Qataris était « du
point de vue politico-industriel, difficilement recevable ». Privilégiant
une solution publique, Daimler
s’est par ailleurs opposé à la candidature d’un de ses sous-traitants.
Or le temps pressait : l’industriel allemand insistait pour
qu’une solution concernant l’actionnariat d’EADS soit trouvée
d’ici la fin de l’année 2011. Et le gouvernement avait épuisé toutes ses
marges de manœuvre : jeudi, la
commission budget du parlement
doit opérer les dernières modifications au budget 2012 et donc provisionner l’argent dont la banque
KfW aura besoin pour le rachat.
0123
Au pied du mur, les alliés politiques de Mme Merkel ont fini par
céder, non sans avoir négocié au
passage quelques compensations.
D’abord en matière de gouvernance : les libéraux ont obtenu que
l’Etat ne s’immisce pas dans la gestion du groupe aéronautique.
Aucun représentant du gouvernement ne siégera au conseil de surveillance.
Équilibre franco-allemand
Le gouvernement s’est égalementengagéàréduiresesparticipationsdansd’autresgroupesprivatisés comme Deutsche Telecom et
Deutsche Post, dont le contribuableallemanddétientencorerespectivement 32 % et 30 % du capital.
Pourlachancellerieetleministèredesfinances,en négociationavec
le ministre de l’économie, l’essentiel est sauf: le sacro-saint équilibre
franco-allemandauseindu consortium est maintenu, chaque pays
En partenariat avec
Conférence
« 1958-2011 : la Ve République ou
la crise permanente »
Lundi 5 décembre à 18 h 30
Flottant
A l’occasion de la sortie du
recueil d’articles « Les grandes
crises politiques françaises »
de 1958 à 2011, Le Monde,
en partenariat avec la Fnac,
vous propose une conférence
sur la politique française de
ce demi-siècle mouvementé.
En présence d’Arnaud
Montebourg, président du
conseil général et député de
Saône-et-Loire, de Bruno Le
Maire, ministre de l’agriculture,
de Jean-Claude Casanova,
président de la Fondation nationale des sciences politiques,
et de Gérard Courtois,
directeur éditorial au Monde.
Une conférence animée
par Raphaëlle Bacqué,
grand reporter au Monde.
Lieu : Le Monde, 80, boulevard Auguste-Blanqui, Paris 13e.
Tarifs : 18  / 12  (adhérents Fnac, abonnés du Monde, étudiants).
Réservation : magasins Fnac ou sur www.fnac.com
Abonnés du Monde, non-adhérents Fnac : appeler le 0892-684-694 (0,34 /min)
**Ouverture des portes de l’auditorium à 18 heures, fermeture à 18 h 45.
49,5
(holding détenue
par l’Etat français)
SEPI
(holding détenue
par l’Etat espagnol)
*En 2007, Daimler a cédé 7,5 % au pool bancaire, mais a conservé
les droits de vote
SOURCE : SOCIÉTÉ
détenant 22,5 % des parts. Selon des
sources citées par l’AFP, Daimler
aurait de son côté garanti de maintenir sa participation de 7,5 % « tout
au long de l’année 2013 » et de «respecter ses engagements à l’égard de
la direction ». Daimler détient deux
sièges (sur onze) au conseil d’administration d’EADS.
Deux ans, un délai bien court
pour régler le problème EADS. Car
au ministère de l’économie, on
assure qu’il n’est pas question pour
l’Etat de conserver cette participation dans EADS à long terme.
D’autant que lors de la création du
groupe en 2000, les Allemands
avaient tenté d’empêcher que
l’Etat Français entre au capital estimant qu’EADS devait être privé.
D’ici là, la quête d’un investisseur pourrait de nouveau virer au
casse-tête : fin 2013, l’accord passé
avec le consortium bancaire, composé de banques régionales, mais
aussi de KfW et de banques privées,
arrive lui aussi à échéance, soit pile
au moment des élections législatives allemandes.
« C’est une décision qui clarifie
l’évolution de l’actionnariat de
contrôle d’EADS en Allemagne et
cela met un terme à l’incertitude
dans laquelle nous vivions », a
apprécié Louis Gallois, le président
exécutif d’EADS jeudi 10novembre
en marge de la présentation des
résultats des neufs premiers mois.
Les prévisions de résultat opérationnel pour l’année ont été relevées à 1,45 milliard d’euros contre
1,3milliard auparavant.
La maison mère d’Airbus a
annoncé que le programme de son
futur long courrier A350 serait
retardé de six mois. La première
livraison est désormais prévue au
premier semestre 2014 et non plus
2013. La décision a été prise suite à
un retard de livraison de certaines
pièces. Une provision de 200 millions d’euros a été constituée. p
Cécile Boutelet
avec Dominique Gallois
Rigueur accrue chez
Air France-KLM
déficitaire cette année
Le groupe a enregistré une perte nette
de 183millions d’euros au premier semestre
D
Auditorium du Monde*
Ouverture des portes à 18 heures**
*Capacité limitée à 150 places.
5,5
Sogeade
Lagardère : 7,5
Sogepa : 15
es chiffres préoccupants
mais pas catastrophiques »
c’est en ces termes que JeanCyril Spinetta, le PDG du groupe
Air France-KLM a résumé, mercredi 9 novembre, la situation de la
deuxième compagnie aérienne
européenne.
Contrairement à ce qui était
encore envisagé durant l’été, le
groupe ne sera pas bénéficiaire,
mais tombera dans le rouge cette
année: ila enregistré uneperte nette de 183 millions d’euros au premier semestre de son exercice
décalé (avril-septembre). Un plan
d’économie et de restructuration
sera donc présenté au premier trimestre 2012.
« L’insuffisance de nos résultats
ces derniers trimestres montre que
nous devons aller plus loin », a indiqué M. Spinetta, avant de présenterles trois priorités fixées au groupe : restauration de la compétitivité avec de nouvelles réductions de
coûts, restructuration de l’activité
court et moyen-courrier et réduction de la dette.
Se refusant à donner plus de
détails, M. Spinetta a toutefois précisé que « le problème ne se pose
pas en terme d’emplois », et qu’il y
a d’autres manières d’améliorer la
productivitéde l’ensemble enaméliorant notamment le cash flow
(flux de trésorerie). D’ailleurs,
a-t-il rappelé, Air France envisage,
en 2012, d’embaucher des hôtesses
et des stewards.
Pourtant les coûts de personnel
sont plus élevés que dans d’autres
compagnies. En juin, ils représentaient 32 % du chiffre d’affaires,
contre 24 % chez l’Allemand
Lufthansa et 25 % chez International Consolidated Airlines Group
(IAG), société regroupant British
Airways et Iberia.
Si, comme ses concurrents, le
groupe pâtit de la dégradation de
la conjoncture mondiale et des
prix élevés du pétrole, il affiche
des handicaps spécifiques, comme un endettement très lourd
(6,5 milliards d’euros), comparé au
1,6 milliard de Lufthansa ou aux
602 millions d’IAG. Le niveau de
l’endettement est légèrement
supérieur à celui des fonds propres.
La concurrence sévère avec les
compagnies à bas coût oblige le
groupe à envisager une restructuration de sa flotte de moyen-courrier.Cette initiatives’ajoutera à celle, lancée à l’automne, de l’instauration de bases régionale à Marseille, puis, en 2012, à Toulouse.
Concurrence sévère
Air France-KLM est aussi soumis à la concurrence sévère des
compagnies du Golfe qui, en pratiquant des prix très attractifs, prennentdes parts de marchéaux Européens
Pour 2011, le groupe s’était fixé
un objectif de 540 millions d’économies. Mais, en septembre, il
avait déjà fait part de son intention de prendre des mesures d’économies supplémentaires.
Un plan d’environ 800 millions
avait été évoqué par le directeur
général du groupe Pierre Henri
Gourgeon, et également patron
d’Air France.
Il n’a pas eu le temps d’aller plus
avant, ayant été évincé subitement de ses fonctions, mi-octobre,
parM.Spinetta qui a repris lescommandes du groupe.
Si M. Spinetta est redevenu PDG
du groupe, la direction d’Air France reviendra à Alexandre de
Juniac. L’ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde au ministère des finances s’apprête à prendre, le 16 novembre, la présidence
d’Air France, après que la commission de déontologie se soit exprimée.
Mercredi, lors de la présentation des résultats, il était assis dans
l’assistance, comme simple auditeur. Une manière de mesurer les
défis qui l’attendent, sachant
qu’Air France sera la plus concernée par le plan qui sera présenté
en 2012. p
D.G.
0123
21
économie & médias
Vendredi 11 novembre 2011
Pertes & Profits | Chronique
par Stéphane Lauer
Contorsions
Google va aider une partie de la presse
française à monétiser son contenu
Le kiosque ePresse et l’américain s’associent sur le paiement en ligne
EADS
V
ends participation non
négligeable dans consortium européen, mais sans
aucun moyen de peser sur la stratégie. » La petite annonce déposée
par Angela Merkel, la chancelière
allemande, n’a pas eu un franc succès. Son gouvernement n’a pas
réussi à trouver de repreneur pour
la part du constructeur allemand
d’automobiles Daimler au capital
du groupe d’aéronautique EADS.
Du coup, c’est l’Etat allemand,
par le biais de la banque KfW,
l’équivalent de notre Caisse des
dépôts, qui, la mort dans l’âme, se
résout à monter au capital d’EADS.
Une décision contre nature pour
un pays qui a fait de la non-intervention publique dans une entreprise privée un principe.
L’affaire est d’autant moins bien
vécue à Berlin qu’elle a obligé à des
contorsions: le FDP, le Parti libéral,
opposé à cette solution, a poussé la
chancelière à vendre une partie
des actions que détient l’Etat allemand dans Deutsche Telecom et
Deutsche Post. Vu la situation de la
Bourse, l’opération ne se fera sans
doute pas au mieux des intérêts
du contribuable.
Autre contorsion, boursière cette fois : les Pays-Bas, où est domicilié EADS, doivent adapter leur législation pour que KfW ne soit pas
obligé de lancer une OPA sur le reste du capital. Encore un petit arrangement qui doit plaire aux Allemands ! Mais ceux-ci n’avaient pas
le choix pour conserver le sacrosaint équilibre avec les Français.
Ceux-ci détiennent 22,5 % du capital: les 15 % de l’Etat s’ajoutant aux
7,5% du groupe Lagardère.
L’accord trouvé par les Allemands ne consiste qu’à reculer
pour mieux sauter. Car, dès fin
2013, loin d’avoir disparu, le problème se sera complexifié car
Daimler, tout comme Lagardère, a
prévu de se retirer totalement du
capital. Il faudra trouver preneur
non seulement pour les 7,5 % que
l’Etat allemand vient de récupérer
et qu’il s’est engagé à ne pas conserver, mais aussi pour la part des
deux industriels, soit 22,5 % au
total. Un gros morceau.
L’Etat allemand,
la mort dans l’âme,
se résout à monter
au capital du groupe
d’aéronautique
La solution qui s’esquisse consiste à créer une « golden share», une
« participation en or », qui permettrait à la France comme à l’Allemagne de verrouiller leurs intérêts. Le
problème, c’est que ce concept
n’existe pas dans le droit néerlandais. Surtout, la Commission européenne s’oppose à l’octroi d’actions préférentielles. Enfin, les
actionnaires privés ne sont pas forcément fans de ce genre de passedroit. Les exercices de contorsions
ne sont sans doute pas terminés. p
Retrouvez Pertes & Profits sur le Net :
lauer.blog.lemonde.fr
Les réseaux sociaux chinois
s’engagent à renforcer
l’«autodiscipline»
Les patrons des plus grandes sociétés du Net
ont été réunis par leur autorité de tutelle
Pékin
Correspondant
C
omment concilier l’ambition de doter la Chine d’un
secteur Internet dynamique
et innovant, et la nécessité de
contenir une opinion publique et
une société civile de plus en plus
revendicatives, dans un pays qui
compte 500 millions d’internautes? Ce numéro d’équilibriste repose en partie sur la capacité de l’Etatparti à « encadrer » les fournisseurs de contenus, ces géants privés que sont Sina ou Tencent, par
ailleurs cotés en Bourse.
Ces derniers s’exposent de fait
à des représailles s’ils échouent
à faire correctement le ménage
dans leurs contenus. En contrepartie, ils sont « protégés » de Facebook,de Twitter et de Youtube, bloqués dans l’empire du Milieu.
Réunis en séminaire, du 3 au
5novembre, lespatronsdes40 plus
grandes sociétés du Web chinois se
sont déclarés prêts, d’un « commun
accord », à « sauvegarder la diffusion d’informations positives en
ligne» et à «renforcer l’autogestion
et l’autodiscipline ». C’est le résumé
qu’a donné l’agence de presse
Chine nouvelle de ce rendez-vous
placé sous la houlette de l’autorité
detutelle,leStateInternetInformation Office. Son contenu exact n’a
pas été dévoilé. Ce genre de « réunion-rappel à l’ordre » est saisonnier et coïncide avec la session
annuelle du comité central.
Les nouveaux outils de réseaux
sociaux, comme le microblog (weibo),sont il est vrai des armesredoutables au service de la société civile. Les « rumeurs », notamment,
sontdans le collimateur des autorités, inquiètes face à une opinion
publique hyperréactive, qui se
défie des discours officiels.
Des pare-feu sont mis en place.
Sina Weibo a créé un fil antirumeur, animé par une équipe
vérifiant les informations les plus
spéculatives. Quant à celles jugées
sensibles, elles font l’objet d’un filtrage : les recherches sur certains
noms (celui de l’artiste Ai Weiwei,
ou de dirigeants du Parti) ou
expressions – comme guobao,
(sécurité d’Etat) – sont désactivées.
Mais les messages circulent, souvent sous forme codée.
U
ne partie de la presse française se rapproche de Google. Le Groupement d’intérêt économique (GIE) ePresse Premium – constitué de cinq quotidiens nationaux français (Les
Echos, Le Figaro, L’Equipe, Le Parisien et Aujourd’hui en France) et de
trois hebdomadaires (Le Point,
L’Express et le Nouvel Observateur)
– a annoncé, mercredi 9 novembre, la signature de deux accords
avec le groupe américain.
Le premier porte sur l’utilisationdu service « GoogleOne pass »,
un système de paiement sur Internet géré par Google. Il va permettre
au groupement de monétiser son
kiosque en ligne, ePresse.fr, comme il le souhaitait.
Une fois sur le site ePresse.fr, ou
sur l’application du même nom
depuis un smartphone (fonctionnant avec le système d’exploitation Androïd) ou une tablette
numérique, un utilisateur pourra
créer un compte et télécharger les
titres qui l’intéressent. Le paiement se fera à l’unité ou à travers
un forfait.
Google prélèvera 10 % du montant de chaque transaction. Soit
trois fois moins que ce que voulait
s’octroyer Apple en proposant
à ePresse de figurer sur son kiosque numérique, NewsStand disponible via AppStore.
Le groupement avait rejeté cette offre, la jugeant « exagérée » :
outre le prélèvement, Apple refusait de partager les données des
clients avec les éditeurs de presse
et ne les laissait pas libres de pratiquer leurs tarifs. Résultat : ePress
est disponible sur AppStore mais
distincte du kiosque.
« Les conditions de Google sont
bien plus intéressantes pour nous.
Sans compter qu’Androïd prend
une part de marché de plus en plus
importante », souligne Frédéric
Filloux, président du groupement.
Jusqu’à présent, les relations
entre la presse et Google étaient
tendues en raison, notamment, de
la reprise des articles, sans contreparties, par le moteur de recherche américain, sur son service Google news. « Collaborer avec le GIE
était important pour notre straté-
Brice Pedroletti
Avantage financier
C’est d’ailleurs en allant chercher cette solution de paiement,
que le GIE a négocié un second
accord. Celui-ci prévoit la coopération des éditeurs de presse avec les
équipes de Google pour la création
de nouveaux « services d’information ».
« L’idée, c’est qu’on apporte
notre expertise et notre point de
vue sur tout ce qui est interface et
cohérence des produits afin que ça
corresponde aux besoins des éditeurs et des lecteurs », commente
Frédéric Filloux.
Pour l’instant, aucune précision n’est donnée sur la nature de
ces applications : seront-elles gratuites ou payantes, ressemblerontellesà Googlenews ou a Googlereader ? Des précisions, devraient être
apportées en 2012. Seule informa-
tion disponible : les produits développés ne bénéficieront pas qu’au
GIE mais à toute l’industrie de la
presse.
Selon une source proche du dossier, le GIE, qui aura la primeur des
applications, pourrait toutefois
profiter d’un avantage financier :
le partage des recettes publicitaires générées par les applications,
dont le contenu sera fourni par les
membres du groupement.
Cette information est, pour
l’instant, démentie par Google. La
société californienne assure ne
vouloir privilégier personne.
Selon Madhav Chinappa, « les
membres du GIE seront les premiers à connaître la nature et le
fonctionnement des nouveaux services, leur seul avantage sera de
pouvoir réagir plus vite que les
autres et donc d’en profiter avant. »
Créé fin 2010 pour défendre les
intérêts de la presse française, le
groupement pourrait, par ailleurs,
se voir attribuer une place de
choix dans la présentation de ces
futurs nouveaux services. p
Sarah Belouezzane
Conjoncture et vie des entreprises
Commerce L’activité
en Chine souffre
de la crise en Europe
Télévision
Les importations et les exportations réalisées par la Chine ont
baissé en octobre sur un mois,
selon des chiffres publiés jeudi
10 novembre. Le commerce extérieur chinois commence à souffrir de la crise en Europe et aux
Etats-Unis. Mais les importations
ayant diminué plus vite que les
exportations, l’excédent commercial a rebondi pour atteindre
17 milliards de dollars (12,5 milliards d’euros) en octobre, contre
14,5milliards de dollars en septembre. Sur un an, les exportations
ont augmenté de 15,9 % et les
importations ont progressé
de 28,7 %. – (AFP.)
Distribution Kesa cède
son enseigne Comet
qui plombait ses comptes
Le groupe de distribution britannique Kesa Electricals, propriétaire
de Darty, a annoncé, mercredi
9 novembre, la signature d’un
accord prévoyant la cession pour
Patrick Poivre d’Arvor, présentateur vedette du journal de 20 heures de
TF1 pendant vingt et un ans, a été condamné à verser 400 000 euros de
dommages et intérêts à la chaîne privée, a confirmé, mercredi 9 novembre, le tribunal des prud’hommes de Boulogne-Billancourt (Hauts-deSeine). M. Poivre d’Arvor n’a pas respecté sa clause de confidentialité
après son départ, en 2008, de TF1.
Selon le site Internet du Point, qui a révélé l’information, PPDA s’en
était pris à la direction de TF1, estimant qu’« après toutes ces années » de
présentation du JT depuis 1987, il méritait « un peu plus d’élégance », et
laissant entendre que son départ pourrait être le prélude à une remise
en cause de « l’indépendance » de la chaîne. – (AFP.) p
2 livres symboliques (2,33 euros)
de son enseigne britannique en
difficulté Comet. L’accord de vente au groupe Hailey, créé pour l’occasion par la société d’investissement OpCapita, prévoit que Kesa
investira 50 millions de livres
dans le nouveau groupe et gardera à sa charge le plan de retraite de
Comet. Comet compte près de
250 magasins au Royaume-Uni et
emploie quelque 10 000 personnes. – (AFP.)
Marchés
ACCOR .........................◗
AIR LIQUIDE .......................◗
ALCATEL-LUCENT ...........◗
ALSTOM ............................◗
ARCELORMITTAL................
AXA ....................................◗
BNP PARIBAS ACT.A ........◗
BOUYGUES .........................
CAP GEMINI ......................◗
CARREFOUR .....................◗
CREDIT AGRICOLE ............◗
DANONE ............................◗
EADS ...................................◗
EDF ......................................◗
ESSILOR INTL ....................◗
FRANCE TELECOM ............◗
GDF SUEZ ...........................◗
LAFARGE ...........................◗
L’OREAL ............................◗
LVMH MOET HEN. ............◗
MICHELIN...........................◗
PERNOD RICARD...............◗
PEUGEOT............................◗
PPR .....................................◗
PUBLICIS GROUPE ...........◗
RENAULT............................◗
SAFRAN ..............................◗
SAINT-GOBAIN..................◗
SANOFI ...............................◗
SCHNEIDER ELECTRIC .....◗
SOCIETE GENERALE .........◗
STMICROELECTR. .............◗
SUEZ ENV. ..........................◗
TECHNIP.............................◗
TOTAL .................................◗
UNIBAIL-RODAMCO ........◗
VALLOUREC .......................◗
VEOLIA ENVIRON. .............◗
VINCI...................................◗
VIVENDI ..............................◗
Automobile General
Motors redevient premier
constructeur mondial
Après les déboires de Toyota,
General Motors (GM) devrait
redevenir premier constructeur
mondial en 2011. Au troisième trimestre, GM a augmenté son chiffre d’affaire de 7 %, à 36,7 milliards de dollars (27,1 milliards
d’euros). Si GM a gagné 2,2 milliards de dollars en Amérique du
Nord et 400 millions de dollars
Renault fera produire
ses batteries électriques
par Nissan à Flins
Renault a annoncé, mercredi
9 novembre, que son partenaire
japonais Nissan Motor produirait
les batteries électriques destinées
à ses futurs véhicules
électriques sur le site de Flins
(Yvelines). – (Reuters.)
Télécommunications
Nouveaux problèmes
de réception de données
sur BlackBerry
Le groupe canadien Research in
Motion (RIM) a fait état, mercredi
9 novembre, de nouveaux retards
de réception de données sur son
téléphone multifonctions BlackBerry. RIM avait offert à ses
clients pour 100 dollars (74 euros)
d’applications gratuites en
dédommagement des dysfonctionnements qui s’étaient produits début octobre. – (AFP.)
Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr
LES BOURSES DANS LE MONDE 10/11, 9h47
VALEURS DU CAC40
Valeur
en Asie au troisième trimestre,
elle a perdu 300 millions de dollars en Europe. – (AFP.)
PPDA condamné à verser
400000 euros à TF1
Jeudi 10 novembre 9h45
Censure et piratage
S’ils sont trop zélés, les géants
du Net s’exposent à d’autres « dangers ». Dans une lettre ouverte aux
actionnaires de Sina, datée du
2 novembre, Wen Yunchao, alias
Bei Feng,blogueur influent de Canton et réfugié à Hongkong en raison de la répression, a révélé les
méthodes de censure, « sournoises » et « illicites » selon lui, du
champion chinois du microblog.
Il a dévoilé comment les adresses IP d’usagers qui « dérangent »
ont été piratées pour leur associer
un contenu illégal, les exposant à
des poursuites. Sina Weibo manipulerait aussi les microblogs de
personnalités« sensibles » : les personnes qui s’abonnent au compte
de Liu Ping, pionnière du mouvement des candidats indépendants
aux élections, reçoivent un message leur indiquant qu’ils sont enregistrés. En réalité, il n’en est rien.
Wen Yunchao a pressé les
actionnaires de Sina de réduire
leur participation afin d’obliger la
société « à recourir à des pratiques
basées sur des principes clairs et
transparents ». p
gie de lancement de “One pass” »,
explique Madhav Chinappa, directeur des partenariats stratégiques
de Google Actualités pour l’Europe. « Leur avis a compté dans le processus d’élaboration du service. »
Pays
Dernier
cours
Cours
préc.
20,59
88,13
1,51
25,98
13,76
10,00
30,56
25,41
27,38
19,08
4,82
48,34
21,25
20,46
51,55
12,34
19,47
27,50
76,80
113,30
48,34
67,70
13,81
109,70
34,88
27,77
23,96
30,32
48,48
38,49
17,75
5,19
10,07
65,77
37,01
133,05
46,00
8,79
32,00
15,37
20,94
88,64
1,49
26,33
13,95
10,05
30,68
25,98
27,64
19,23
5,02
48,70
19,96
20,55
52,04
12,36
19,25
27,52
77,43
114,60
48,66
68,00
13,88
110,35
35,12
27,98
24,28
30,90
48,98
39,20
18,20
5,23
10,10
66,28
37,22
134,90
45,72
9,03
32,65
15,41
% var.
/préc.
% var.
31/12
Plus
haut
-1,67 -38,17
-0,58 -6,88
1,27 -30,60
-1,35 -27,46
-1,40 -48,98
-0,55 -19,68
-0,39 -35,81
-2,21 -5,42
-0,94 -21,61
-0,81 -29,20
-3,93 -49,30
-0,73 2,82
6,41 21,82
-0,44 -33,34
-0,94 7,01
-0,12 -20,87
1,17 -27,49
-0,07 -41,40
-0,81 -7,56
-1,13 -7,96
-0,67 -9,98
-0,44 -3,78
-0,47 -51,37
-0,59 -7,82
-0,67 -10,56
-0,77 -36,16
-1,30 -9,57
-1,88 -21,25
-1,03 1,31
-1,81 -31,27
-2,50 -55,88
-0,71 -32,90
-0,25 -34,82
-0,77 -4,82
-0,56 -6,66
-1,37 -10,10
0,61 -41,48
-2,69 -59,80
-1,99 -21,34
-0,26 -23,91
36,20
100,65
4,47
45,32
28,55
16,16
59,93
28,57
43,38
31,98
12,92
53,16
25,39
32,75
57,72
16,65
30,05
48,76
91,24
132,65
68,54
72,78
33,60
132,20
41,84
50,53
30,50
47,64
56,82
61,83
52,70
9,73
15,99
78,14
44,55
162,95
89,58
24,30
45,48
22,07
Plus
bas
Divid.
net
Code
ISIN
18,60 0,62 T FR0000120404
80,90 2,35 T FR0000120073
1,46 0,16 T FR0000130007
21,91 0,62 T FR0010220475
10,46 0,16 A LU0323134006
7,88 0,69 T FR0000120628
22,72 2,10 T FR0000131104
25,33 n/d
FR0011121888
21,98 1,00 T FR0000125338
14,65 1,08 T FR0000120172
4,01 0,45 T FR0000045072
41,92 1,30 T FR0000120644
17,55 0,19 T NL0000235190
17,89 0,58 S FR0010242511
46,60 0,83 T FR0000121667
11,12 0,60 A FR0000133308
18,32 0,83 A FR0010208488
22,29 1,00 T FR0000120537
68,83 1,80 T FR0000120321
94,16 1,40 S FR0000121014
40,20 1,78 T FR0000121261
56,09 0,67 A FR0000120693
13,55 1,10 T FR0000121501
90,50 3,50 T FR0000121485
29,10 0,70 T FR0000130577
22,07 0,30 T FR0000131906
21,41 0,50 T FR0000073272
26,07 1,15 T FR0000125007
42,85 2,50 T FR0000120578
35,94 3,20 T FR0000121972
14,31 1,75 T FR0000130809
3,96 0,09 A NL0000226223
9,99 0,65 T FR0010613471
52,85 1,45 T FR0000131708
29,40 0,57 A FR0000120271
124,05 2,70 D FR0000124711
38,34 1,30 T FR0000120354
8,60 1,21 T FR0000124141
29,49 1,15 S FR0000125486
14,10 1,40 T FR0000127771
Cours en euros.
◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.
Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2011. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.
Indice
Dernier
cours
% var.
Maxi
2011
Mini
2011
PER
CAC 40
3057,06 10/11
-0,59
4169,87 16/2
2693,21 23/9
9,10
DAX Index
5752,01 10/11
-1,33
7600,41 2/5
4965,80 12/9
9,00
ROYAUME UNI
FTSE 100 index
5394,71 10/11
-1,20
6105,77 21/2
4791,01 9/8
9,00
ETATS-UNIS
Dow Jones ind. 11780,94 10/11
-3,20
12876,00 2/5
10404,49 4/10
11,20
FRANCE
ALLEMAGNE
JAPON
Nasdaq composite
2621,65 10/11
-3,88
2887,75 2/5
2298,89 4/10
16,20
Nikkei 225
8500,80 10/11
-2,91
10891,60 17/2
8227,63 15/3
12,80
PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice
courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.
(Publicité)
SICAV ET FCP
0123
LA BOUTIQUE
SÉLECTION publiée sous la
responsabilité de l'émetteur
Dernier cours connu le 10/11 à 9h
Valeur
CM-CIC EUROPE
Cours
en euro
date
valeur
21,21
8/11
Du lundi au vendredi
9 h 30 à 18 h
Samedi 10 h à 14 h
Fonds communs de placements
CM-CIC EURO ACTS C
16,51 8/11
CM-CIC SELECT.PEA
6,86 8/11
CM-CIC MID EUROPE
18,70 8/11
CM-CIC TEMPERE C
165,47 8/11
CM-CIC DYN.EUROPE
30,35 8/11
CM-CIC FRANCE C
27,60 8/11
CM-CIC EQUILIBRE C
67,93 8/11
CM-CIC DYNAM.INTLE
25,53 8/11
CM-CIC OBLI C.T.D
133,02 9/11
CM-CIC MID FRANCE
31,07 8/11
........................................................................................
........................................................................................
........................................................................................
........................................................................................
........................................................................................
80, boulevard Auguste-Blanqui - 75013 Paris
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22
0123
décryptages DÉBATS
Vendredi 11 novembre 2011
Afghanistan, guerre perdue ou gagnée?
Alors que le régime des talibans est tombé il y a dix ans et qu’un début de retrait des troupes de l’OTAN
est prévu à l’été 2012, quel bilan tirer de cette guerre? Retour sur un conflit qui exacerbe les tensions régionales
pUne victoire illusoire
Aucune stratégie politique
occidentale ne s’est imposée
Sherard
Cowper-Coles
Représentant spécial du Royaume-Uni
pour l’Afghanistan
et le Pakistan, auteur de
«Cables from Kabul » (Harper Press)
I
l y a dix ans, les Occidentaux partaient en guerre en Afghanistan.
D’abord depuis les airs, puis en y
envoyant des forces spéciales et
leurs services de renseignement,
afin de pousser les chefs de guerre
du nord du pays à chasser les talibans. Ces
premiers succès ont alors semblé prouver
la pertinence de cette stratégie de la guerre
à faible empreinte occidentale.
Cependant ces victoires reposaient sur
une illusion : les talibans n’ont jamais été
vaincus mais repoussés vers le sud et l’est,
dans leurs sanctuaires des campagnes de
l’Afghanistan et, de l’autre côté de la ligne
Durand, du Pakistan. La paix qui s’est alors
installéeétait celledesvainqueurs. Les prétendus vaincus n’avaient rien à voir avec
elle. La Constitution imposée par les Américains était un pur produit des théories
néoconservatrices d’établissement de la
démocratie, sans considération pour l’histoire politique ou la géographie du pays.
Aujourd’hui, c’est par un silence gêné
que les acteurs politiques et les généraux
occidentaux saluent les prétendus succès.
Cet embarras a une explication : il suffit
d’avoir quelque connaissance de l’Afghanistan pour savoir que la stratégie, fondée
sur l’action militaire, ne mène nulle part.
C’est une tactique qui consiste à étouffer
les symptômes d’un mal plus profond, fait
d’anarchie et d’aliénation, qui gangrène
une grande partie de l’Afghanistan.
Fini le temps où les généraux de l’OTAN
ne juraient que par une méthode : débarrasser le pays des talibans, placer des hommes sur tout le territoire, puis construire
un Etat afghan. Aujourd’hui, on envisage
un surge politique qui viendrait en renfort
de ceux déjà à l’œuvre dans les domaines
militaire et du développement [la stratégie du surge de George W. Bush, à l’envoi
massif de forces supplémentaires en Irak
en 2007-2008].
Mais rien de concret n’a été fait en vue
de cette offensive politique. Pas surle territoire afghan, où la Force internationale
d’assistance et de sécurité (ISAF) parle
réconciliation mais continue de faire la
guerre. Depuis qu’il est arrivé à sa tête, le
général Petraeus a triplé le nombre d’opérations des forces spéciales, de même que
le volume de munitions larguées lors des
frappes aériennes. Mais c’est se bercer d’illusions que de croire qu’une telle méthode
pourra ramener les talibans autour de la
table de négociations avant le retrait des
forces occidentales prévu en 2014.
Dans le fameux Manuel de contre-insurrection de l’armée américaine, il est dit que
la lutte contre l’insurrection se joue sur le
plan politique. Or les Occidentaux n’ont
aucune offre politique sérieuse à faire aux
populations pachtounes du sud et de l’est,
qui souffrent depuis longtemps et n’ont
qu’une alternative : soit le rigorisme prévisible des talibans, soit les déprédations
arbitraires des petits chefs de guerre et des
mafias.Aucun « Etat » afghanne peut espérer survivre entre ces deux océans déchaînés. Pas plus que ne peut émerger, après
plus de trente ans de conflit qui ont déstructuré la société, un quelconque « Etat »
afghan.
Rien de concret non plus n’est fait pour
améliorer la collaboration avec les voisins
de l’Afghanistan en vue d’établir une paix
dont ils tireraient tous profit. Les rencon-
tres bilatérales ne remplaceront jamais
l’intégration de ces pays comme parties
prenantes du processus. Pas plus que les
conférences, comme celle qui aura lieu en
décembre à Istanbul, ou celle de Bonn, tant
qu’elles se résumeront à un tour de table
des prises de position ministérielles. Pour
gérer le problème afghan, il aurait fallu
intégrer les puissances régionales à des
négociations constantes, placéessous l’égide l’ONU et soutenues par de vigoureuses
actions diplomatiques de la part des EtatsUnis et de l’Union européenne.
Outre la primauté de la politique, tout
bon manuel de contre-insurrection pose
une série de principes précis visant à remporter les guerres. L’un de ces principes,
c’est de posséder des forces militaires et de
police en quantités suffisantes pour quadriller toute la zone infectée. Même après
les renforts envoyés par Barack Obama,
même lorsque l’armée et la police afghanes auront atteint les effectifs annoncés,
jamais nous n’approcherons la densité de
forces nécessaire pour une contre-insurrection classique en Afghanistan. Et quand
bien même aurions-nous la force du nombre, il nous manquera toujours la vigueur
stratégique nécessaire pour le maintenir
assez longtemps pour faire la différence.
Autre principe fondamental : bloquer
l’accès des insurgés aux sanctuaires vers
C’est une tactique qui
consiste à étouffer les
symptômes d’un mal
plus profond, fait
d’anarchie et d’aliénation
lesquels ils se réfugient. Or nous n’avons là
encoreaucune stratégie, que cesoit àl’intérieurdel’Afghanistan, oùdevastes territoires échappent au contrôle de l’ISAF, ou
dans les pays voisins. Pour l’heure, avec
notre « stratégie », nous ne faisons guère
plus que déplacer de l’air. Et ce ne sont là
que quelques-uns des défauts les plus
monumentauxd’une« stratégie» occidentale en laquelle plus personne ne croit. Je
doute qu’en privé Barack Obama, Nicolas
Sarkozy ou David Cameron croie encore
que la campagne militaire en Afghanistan
puisse déboucher sur un succès durable
dans les termes ou selon le calendrier que
nous préconisons. Pas plus que Stanley
McChrystal, le prédécesseur du général
Petraeus au commandement de l’ISAF. Les
difficultésque nous rencontrons en Afghanistan étaient prévisibles, et même prévues.
Pourtant, la sagesse politique consisterait à adopter une perspective à long terme, à choisir la voie de l’honnêteté, et à
opter pour la démarche avant tout politique, à deux niveaux (interne à l’Afghanistan, et régionale), que tout observateur
objectif sait essentielle, mais pas suffisante : dans cette stratégie avant tout politique, il y aurait encore de la place pour un
recoursciblé etintelligent à laforce militaire, qui, au lieu de dicter la stratégie, serait
cette fois mise à son service. Pour reconstruire l’Afghanistan, il faut davantage de
patience, de moyens et de finesse politique que ne peut en mobiliser une coalition
menée par des Etats-Unis. Ce n’est qu’ainsi
que nous pourrons en sortir dignement.
Mais il est une pression qui s’exercera
dans une autre direction : le besoin de
savoir que nos soldats ne sont pas morts
pour rien. Il est déjà assez grave de les
envoyer combattre et mourir en Afghanistan sans le meilleur matériel qui soit. Mais
les envoyer sans une stratégie sérieuse,
c’est impardonnable. p
f Sur Lemonde.fr
L’intégralité de cette tribune
pLes conditions d’un départ honorable
Thérèse
Delpech
Politologue et ex-conseillère
d’Alain Juppé pour les questions
stratégiques et militaires
L
’échec de la coalition est annoncé depuis des années, non seulement à Moscou, qui n’a jamais
pu imaginer que l’on puisse
réussir là où elle avait échoué,
mais dans les capitales occidentales, au moment où les attentats ont augmenté. Ces pronostics énumèrent les
erreurs commises (retrait de troupes et
d’analystes après le lancement de la guerre
enIraken2003,différentesrèglesd’engagement des contingents nationaux, aliénation des élites locales, changements d’objectifs en cours de route, voire stratégies
contradictoires), pour conclure, souvent
avec une sorte de joie masochiste, que ces
dix années vont se solder par une défaite.
Les succès du surge (par exemple, dans la
région de Kandahar), comme ceux, insuffisants mais réels, de la formation des forces
de sécurité ou des acquis sociaux, sont passés par pertes et profits.
Ce faisant, on parle davantage de soi que
del’Afghanistan, toutenoffrant auxadversaires de la coalition l’image d’opinions
divisées et d’une opération fragile. En 2011,
un cadeau supplémentaire leur a été fait
avec l’annonce du retrait en 2014 et des
départs engagés dès cette année. En toute
logique, ces adversaires n’ont pas tort de
proclamer que si nous, les Occidentaux,
«avons les montres», ils ont le temps pour
eux.Aveccettegrille,l’échecesteneffetpro-
bable. Si l’on s’intéressait au sujet du point
de vue afghan, la perspective serait différente, car un départ honorable, à défaut
d’un succès, repose sur trois composantes :
un pays qui reste indépendant, qui conserve une certaine unité, et qui ne remette pas
en cause les principaux acquis des dix
années écoulées : Constitution, progrès de
l’alphabétisation, accès aux soins et droits
des femmes.
L’indépendance du pays connaît une
menaceprincipale:la volontépakistanaise
d’avoir à Kaboul un pays qui peut être utilisépoursesintérêtsstratégiques.C’estpourquoi, après avoir lancé une campagne d’arrestation contre les talibans pragmatiques
qui pouvaient explorer la possibilité d’une
réconciliation sans passer par le Pakistan,
Islamabadachoisiunecampagned’assassinats ciblés.
Sphère d’influence pakistanaise
Si le retrait d’Afghanistan se fait sans
avoir réduit les chances d’Islamabad d’être
maître du jeu à Kaboul, la menace pakistanaise sera plus importante encore qu’aujourd’hui, et ce au-delà de l’Afghanistan. La
politique américaine qui consiste à intégrer le Pakistan au processus de négociation ne tient aucun compte de l’expérience
et ce pays n’a aucun intérêt à se prêter au
jeu au moment où il lui suffit d’attendre.
Kaboul est plus lucide : l’accueil consensuel du Parlement afghan à l’accord signé
avec l’Inde pour la formation des « forces
de sécurité» témoigne de la crainte afghane de retomber dans la sphère d’influence
pakistanaise. Il en va de même de l’accueil
favorable fait au projet français.
Deuxième élément : l’unité nationale.
Le président Hamid Karzaï a de nombreux
défauts, mais il a maintenu tant bien que
mall’unité du pays. Certes,on prédit déjà la
guerre civile dès le départ des troupes amé-
ricaines.Outreles rivalités locales,d’autant
plus actives que la question du pouvoir en
2014 se pose avec acuité, il faut ici compter,
non seulement le Pakistan, mais l’Iran, qui
a bien l’intention d’exercer une influence
après2014 :aussi longtempsque lesAméricains étaient sur place, ils étaient l’ennemi
principal. Dès qu’ils seront hors jeu, Téhéran, qui s’est rendu à la conférence d’Istanbul pour marquer le terrain, ne se
contentera pas de succès commerciaux: il
compliquera le développement de l’ouest
du pays et jouera la carte de l’agitation politique. L’Afghanistan risque donc d’être le
terrain des rivalités des pays voisins. Ce
n’est pas en faisant appel à la raison des
capitales, ou en faisant des discours sur la
sécurité collective en Asie centrale que l’on
obtiendra des résultats.
Troisième élément : les acquis politiques et sociaux. Sur le plan politique,
M.Karzaï a deux ans pour organiser la transition et il doit à présent mesurer le danger
de la politique qui a consisté à écarter tous
ses rivaux potentiels. La question de la formation des forces de sécurité se pose non
seulement en termes d’acteurs et de durée
mais de financement (13 milliards de dollars, soit 9,5 milliards d’euros par an) dans
un contexte de crise économique. Qui va
payer? A cette question, il faudra apporter
une réponse à Bonn le 5 décembre. Enfin,
lesOccidentauxdevraientconsentirunprogramme substantiel de soutien aux acquis
sociauxetprotégerleslignesd’approvisionnement du pays. L’échec en Afghanistan
serait l’abandon du pays et le jeu ouvert
pour le Pakistan et l’Iran dans une nation
que tous deux méprisent. Rien n’est encore
joué. Enfin, les Européens seraient bien inspirés de ne plus considérer que la question
pakistanaiseenAfghanistanesttropsérieuse pour qu’ils s’en occupent et qu’il faut
donc la laisser aux Américains. p
0123
décryptages DÉBATS
Vendredi 11 novembre 2011
pSuccès militaires, échecs politiques
e
TironslesleçonsdelapremièreguerreduXXI siècle
Frédéric Ramel
Professeur de science politique
à l’université Paris-Sud
P
remière réponse des
Etats-Unis aux attentats du 11-Septembre,
l’opération « Liberté
immuable » commence dans la nuit du 7 au
8 octobre 2001. Deux mois plus
tard, l’invasion du pays aboutit au
contrôle de villes-clés et au reflux
des djihadistes d’Al-Qaida. Le régime des talibans est renversé. L’ultime phase peut alors commencer.
Elle consiste à mettre en place un
nouvel Etat afghan avec le soutien
de la Force internationale d’assistance et de sécurité (ISAF). Ce succès ne sera que provisoire.
Dix ans plus tard, les forces militaires de « Liberté immuable »
sont toujours sur place, faisant de
laguerre enAfghanistan une juxtaposition de différentes formes de
guerre puisqu’elle articule projection de forces selon une logique
expéditionnaire et opérations de
contre-insurrection, sans oublier
un effort financier et humain qui
la rapproche des conflits mondiaux du XXe siècle. Ce que redoutaient les planificateurs en 2001
s’est donc réalisé:une présence terrestre étrangère de longue durée
est rendue nécessaire dans une
société afghane de plus en plus
hostile à celle-ci.
Une telle situation résulte de
l’immense difficulté à gagner cette guerre pour les intervenants
extérieurs alliés au nouveau gouvernement installé à Kaboul. Pourquoi ? Répondre à cette interrogation suppose de clarifier la notion
de victoire. Celle-ci peut revêtir
trois acceptions, qui, jusqu’à présent, ne sont pas empiriquement
vérifiées dans le cas afghan. La première correspond à la victoire dite
absolue consécutive à une bataille
décisive ou d’anéantissement.
Formulée par Clausewitz dans
la configuration des guerres napoléoniennes, cette victoire n’est pas
identifiable dans les guerres civiles mais aussi asymétriques au
cours desquelles l’ennemi esquive
et refuse l’affrontement direct. Ce
type de victoire est donc inopérant
dans une guerre de contre-insurrection menée au milieu des populations telles qu’elle se manifeste
en Afghanistan et ce, malgré l’application du « surge » (l’envoi de
renforts) avec le plan McChystal et
son prolongement par le général
Petraeus.
La deuxième acception est également envisagée par Clausewitz
mais dans la perspective des guerres limitées. Elle consiste à identifier des objectifs circonscrits en
vue non pas d’éradiquer l’ennemi
mais d’affecter sa volonté.
Dès lors, la recherche de concessions ou du marchandage se substitue à la bataille d’anéantissement. La victoire ne peut être ici
que temporaire. Elle ne porte pas
sur les causes du conflit armé luimême. Dans le cas afghan, cette
seconde acception n’est pas non
plus applicable car elle se heurte
avec l’objectif de la guerre que se
sont fixé les alliés – un objectif
d’ailleurs totalement étranger à
celui qui a été considéré comme
l’un des pères fondateurs de la doctrine néoconservatrice Léo Strauss
– le changement de régime dans
l’Etat cible.
Le partage de la souveraineté
afghane entre nouveau gouvernement et talibans remettrait en cause l’esprit de l’intervention. Ainsi,
les options de négociation avec les
talibans proposées par plusieurs
experts et spécialistes de la zone
ont rencontré un refus de l’administration Bush et les réticences de
l’administration Obama (celle-ci a
reconnu s’être engagée dans des
négociations indirectes avec les
la région du grand Kandahar.
Ils assurent une forme de
contrôle de la population autant
grâce à leur structure proto-étatique qui, pour plusieurs spécialistes, s’appuie aujourd’hui sur un
mouvement national que sur les
principes ethniques liés à l’identité et aux valeurs pachtounes qui
forment la base et la majorité du
mouvement taliban. Ainsi, leur
volonté dans l’interaction conflictuelle ne semble pas fléchir ou s’effriter avec le temps.
Quand bien même elles se
situent d’abord sur le champ militaire, ces trois types de victoire ne
Gagner une guerre ne peut avoir
qu’une signification politique, car ni
la supériorité de la force ni l’expression
de la violence ne fondent le pouvoir
talibans mais sans aboutissement
jusqu’alors). Une troisième acception vise à faire éclore la paix dans
le cœur et l’âme de l’ennemi. Vaincre ne suffit pas. La finalité est de
convaincre.
Là encore, cette stratégie ayant
pour visée la transformation des
perceptions de l’ennemi ainsi que
celle des populations civiles s’est
heurtée à des obstacles en Afghanistan. Le plus robuste est sans
conteste la capacité de résilience
des talibans. Après leur déconvenue de 2001 et l’installation de
leurs centres de décision dans les
villes pakistanaises de Quetta et
Peshawar, ils ont recouvré en quelques années leur liberté d’action,
su endurer le feu et étirer en longueur le conflit, notamment dans
se cantonnent en aucun cas à ce
dernier. Gagner une guerre ne
peut avoir qu’une signification
politique car ni la supériorité de la
force ni l’expression de la violence
ne fondent le pouvoir. La première
victoire stratégique en 2001
contre les talibans ne s’est pas traduite immédiatement en victoire
politique définitive capable de distiller une paix durable sur le sol
afghan.
Et c’est sans doute là l’une des
principales pierres d’achoppement rencontrée. Reconnaître ces
difficultésn’entraîne pas pessimisme mais au contraire un nécessaire sursaut afin de tirer toutes les
leçons tant sur le plan opératique
que politico-stratégique de cette
première guerre du XXIe siècle. p
23
Repères
Chronologie
4 octobre 2006 L’OTAN lance
11 septembre 2001 Quelquesheu-
une offensive dans le sud du pays
et étend le commandement de l’ISAF sur tout l’Afghanistan.
res après les attentats de New York
et de Washington (un 4e avion
s’écrase en Pennsylvanie), la responsabilité d’ Al-Qaida et d’Oussama Ben Laden, dont le fief est en
Afghanistan, est évoquée pour la
première fois par un porte-parole
de l’administration Bush.
20 janvier 2009 Au pouvoir, l’administration Obama entraîne une
inflexion dans la stratégie menée
en Afghanistan afin de gagner le
soutien des populations locales. Le
nombre de soldats américains
engagés sur le terrain passe de
68000à 98 000.
2001 Les dixneuf nations de l’OTAN décident
par consensus le recours à l’article5 de la charte de l’Alliance, et
Washington formule des demandes précises de soutien.
1er décembre 2009 Renfort de
30 000 soldats américains en
Afghanistan
7 octobre 2001 Début de l’opéra-
13 février 2010 Lancement d’une
tion « Liberté immuable ». A la
poursuite d’Oussama Ben Laden,
les Etats-Unis lancent une offensive contre Kaboul accusé d’abriter
les membres d’Al-Qaida qui se réfugient dans les zones tribales pakistanaises.
offensive de l’OTAN dans le sud.
2 octobre
13 novembre 2001 Chute du régime des talibans à Kaboul.
23 juin 2010 Limogeage du géné-
ral Stanley McChrystal, commandant en chef des forces alliées en
Afghanistan, après des déclarations au magazine Rolling Stone
contre la politique de Barack Obama. Il est remplacé par le général
David Petraeus, ex-commandant
de la coalition militaire en Irak.
6 décembre 2001 La reddition de
Kandahar scelle l’effondrement du
régime des talibans. Les troupes
du mollah Omar ont commencé à
remettre leurs armes aux forces
anti-talibans, à la suite de l’accord
conclu la veille avec le chef désigné
du gouvernement provisoire,
Hamid Karzaï.
20 décembre 2001 Début desopérations de la Force internationale
d’assistance à la sécurité (ISAF) qui
passe sous commandement de
l’OTAN le 11 août 2003.
30 janvier-1er février 2006 Les
talibans forment un front uni
contre le régime d’Hamid Karzaï
et la présence de troupes étrangères sur le sol afghan.
20 juillet 2010 Conférence internationale sur l’Afghanistan
approuvant le plan visant au
contrôle par l’Etat afghan de son
territoire d’ici à 2014.
2 mai 2011 Oussama Ben Laden est
tué par un commando américain à
Abbottabad, au Pakistan.
22 juin 2011 M.Obama annonce le
retrait, d’ici à l’été 2012, d’un tiers
des soldats américains déployés
en Afghanistan.
3 novembre 2011 2 792 soldats de
la coalition internationale sont
morts en Afghanistan, selon le
décompte du site iCasualties, dont
511 en 2001 et un pic à 711 en 2010.
p Que savent les Français de l’engagement de leurs soldats en terre afghane?
Gautier
Saint Guilhem
Officier stagiaire à l’Ecole
de guerre, chef d’escadron
engagé en Afghanistan
C
’est pas le pied la
guerre ? le documentaire diffusé sur France 2, dans l’émission
« Infrarouge »
du
29 septembre, réunissaitplus d’un millionde téléspectateurs. Nos concitoyens découvraient sans aucun filtre institutionnel le regard de deux soldats
sur leurs actions de guerre menées
en 2008 en Afghanistan. La communauté militaire n’aimera pas
cette intimité crue, dévoilée sans
précaution, d’autres apprécieront.
La dédicace de ce documentaire
aux soldats français tombés en
Afghanistan est peu commune.
Soixante-quinze soldats français sont morts en Afghanistan et
plusieurs centaines ont été blessés
depuis dix ans. Mais que savent les
Français de l’engagement de leur
pays auprès de la République islamique d’Afghanistan ? Ce lointain
conflit ne semble préoccuper que
très peu les Français. Ni les épreuves endurées par notre contingent
professionnel, ni le coût de l’opération, ni les progrès enregistrés sur
le terrain n’intéressent. Pourtant,
aucune démocratie ne peut se passer d’un débat sur l’emploi de ses
forces armées. L’armée française
et les médias ont une responsabilité partagée dans l’absence de
débat sur l’engagement français
en Afghanistan.
Comment susciter une telle
démarche entre un monde militaire ayant le devoir de protéger certaines informations et un univers
médiatique soumis à certaines exi-
gences financières ? L’armée française doit expliquer sa mission et
le sens de son action en rendant
compte devant l’opinion publique
de la réalité, même dans les
moments les plus douloureux. Les
4 000 soldats français engagés
prennent des risques significatifs
pour avoir des résultats sur le terrain. Parler vrai nécessite pour
l’état-major des armées une réelle
transparence, avec pour seule limite la préservation de la sécurité
des opérations.
rations militaires pourrait y être
érigé, ancrant davantage l’action
des soldats dans une histoire de
France bien vivante. Par pudeur,
évoquer les blessés n’est pas naturel. Mais plusieurs reportages ont
contribué à les mettre en valeur
depuis l’été 2010.
Nos soldats en ont besoin. Les
médias français ont le devoir de
débattre, sans lieu commun, sur
les résultats des opérations militaires et civiles engagées par la France. La centaine de journalistes
C’est comme si les 4 000 soldats engagés
suffisaient à nous donner bonne conscience
Le 23 août 2010, trois militaires
français sont blessés et rapidement l’armée rend publique une
suspicion de tirs fratricides. Les
médias français seront unanimes à
compatir aux côtés de nos soldats
sur ce premier accident enregistré
depuis le début de notre intervention et salueront la transparence
des informations divulguées. En
d’autres temps, ces tirs auraient
été connus plusieurs mois plus
tard par l’intermédiaire des
médias dénonçant les pratiques de
communication de la « Grande
Muette ».
Tous les jeudis matin, lors du
point de presse du ministère de la
défense, l’état-major des armées
communique aux journalistes les
missionsconfiéesaux soldats français. Le site Internet de l’état-major
desarmées meten ligne quotidiennement des brèves traitant aussi
bien des opérations en cours, que
des incidents matériels et, bien sûr,
de la mort au combat.
Lamortest toujoursbrutale,dramatique, mais ne peut pas être
considérée comme un simple accident de travail, pour la seule raison
quenotre armée sesoit professionnalisée. Si le musée ou la Maison
de l’histoire de France voit le jour,
un monument aux morts des opé-
ayantconsacréen2010des reportages sur l’action des soldats français
sont courageux pour plusieurs raisons. Ils se battent, souvent avec
peu de succès, contre leurs rédactions pour diffuser des reportages
oudes articles plusoriginaux. Mais
ces rédactions ont pris l’habitude
de ne consacrer à l’Afghanistan
que des brèves lorsque des militairesmeurentouqu’un homme politique se déplace.
De nombreux journalistes s’intéressentpar exempleàdes initiatives originales de l’armée française
pouraider l’Afghanistanà reconstituerson élite civile etmilitaire. Cette élite a été massacrée à dessein
par les talibans ou a fui à l’étranger
et n’est plus reconnue par l’ensemble des Afghans. Dans plusieurs
écoles militaires afghanes, des officiers français conseillent des instructeurs afghans formant des
futurs chefs civils et militaires. Un
pays renaît doucement. Avec le
très petit nombre d’entreprises
françaises présentes, l’aide de la
France est encore une fois désintéressée. C’est beau et naïf à la fois.
Mais les médias français, en
complément de la mission économique de notre ambassade à
Kaboul, peuvent encourager ces
investisseurs privés à s’installer
dans ce pays. Les liens d’amitié
avec l’Afghanistan ont laissé des
traces. Des habitants de Kaboul se
souviennent avec nostalgie que la
langue française était la langue des
touristeset l’anglais celle de l’ennemi historique. La corruption est
facile à stigmatiser par les médias,
mais une économie viable ne s’improvise pas; il faut du temps. L’Etat
afghan montredes signes encourageants : 90 % des opérations militaires sont menées avec l’armée
afghane, l’afghani est une monnaie stable, les juges reviennent
dans des bourgades reculées, parfois au prix de leur vie…
Peu de Français sont conscients
de l’aide de la France pour réintroduire la monnaie afghane absente
depuis trente ans. Peu de Français
sont conscients de l’implication de
Guy Carcassonne, professeur de
droit constitutionnel à Paris-X,
auprès des jeunes autorités afghanes pour les aider à rédiger leur
Constitution du 4 janvier 2004.
Peu de Français sont conscients
que des dizaines de jeunes afghans
passent chaque année à Kaboul un
bac en français, avec peu de débouchés professionnels. Peu de Français, enfin, sont conscients que
l’Afghanistan n’en est pas à sa première expérience démocratique.
Chacun s’accorde à penser que la
solution n’est pas militaire, mais
pourautantaucun débatsur l’engagement économique, administratif et politiquede laFrance n’existe.
C’est comme si les 4 000 soldats engagés suffisaient à nous
donner bonne conscience. Mais
depuis un an, et pour la première
fois, plusieurs ministères français
ont uni leurs actions sur le terrain.
Avec raison, les Français peuvent
être confiants dans le comportement éthique de leurs soldats et
de la synergie que militaires et
diplomates français ont su inventer pour aider au développement,
à la gouvernance et à la sécurisation dans une région montagneuse petite mais stratégique, à 50 km
de Kaboul. La France peut être fière de son rayonnement porté par
ses soldats, ses hauts fonctionnaires qui ont accepté d’aller sur le terrain, par ses journalistes présents
à Kaboul qui ont le courage de
témoigner…
Les militaires et les journalistes
partagent la responsabilité d’animer un vrai débat d’idées sur les
opérations militaires. Peut-être la
prochaine élection présidentielle
enabordera-t-elle sanstaboula réalité et le sens que la nation souhaite leur donner. Notre armée a
besoin de cette confiance des Français et doit accorder aux médias
une complète et nécessaire transparence. Nos soldats ne sont pas
morts pour rien, les progrès sont
mesurables. Les militaires gagneront avec une nation engagée à
leurs côtés. p
PARIS 12e. 10, 14, 16, 18, rue de Lyon • PARIS 3 e. 92, 94, 96, 98, bd de Sébastopol • PARIS 7e. 193, 197, 207, 213, bd St-Germain • PARIS 9 e. Lafayette Maison*. 35, bd Haussmann • PARIS 9 e. Le Printemps*.
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Plaine-du-Moulin-à-Vent – Cesson • MONTIGNY-LES-C.** RN 14 – 17, 21, bd V.-Bordier • MONTLHÉRY. RN 20 – La Ville-du-Bois • ORGEVAL. RN 13 • SAINTE-GENEVIÈVE-DES-BOIS. ZAC de la CroixBlanche – Rue Hurepoix • SURESNES. 33, 39, bd H.-Sellier • VAL D’EUROPE C. Cial / SERRIS. 1, cours de la Garonne • VERSAILLES. 6, rue au Pain (Place du marché). ** Magasin franchisé indépendant.
Dans tous les magasins Roche Bobois de France participant à l’opération. Liste des magasins : N° vert 0 800 39 52 45. TOUS LES MAGASINS SONT OUVERTS LES DIMANCHES 13 et 20/11 (sauf *).
24
0123
décryptages ENQUÊTE
Vendredi 11 novembre 2011
Les
prisonniers
RER
du
Benoît Hopquin
et les journalistes
d’« Une année en France »
G
are de Bourg-la-Reine, au
sud de Paris, sur la ligne B
du RER. Le trainest immobilisé depuis plusieurs minutes, sans l’ombre d’une
explication. En ce matin
estival, les voyageurs sont collés les uns
aux autres. Un silence épais, de colère et
de lassitude mêlées, règne dans le wagon.
Deux hommes, costumes gris et cravates rayées, qui débarquent d’Orly, devisent
àvoix basse. «On mepropose unsuper-poste à Paris, ça vaut le coup, niveau salaire »,
confie l’un. Un passager l’interrompt soudain : « Ne faites pas ça ! Ce que vous vivez
ce matin, ce n’est pas l’exception, c’est tous
les jours comme ça ! » Un quatrième voyageur s’immisce dans la conversation, puis
un cinquième, avant que tout le wagon ne
s’en mêle : « On vous l’assure, quel que soit
le salaire, ne venez pas ! »
Même ligne, mais cette fois gare du
Nord, à Paris. Le quai est bondé, les hautparleurs crachotent des annonces confuses : «Mesdames, Messieurs, votre attention
s’il vous plaît. Contrairement à l’affichage,
bla, bla, bla.» Les usagers ne savent plus où
vont les trains, ils scrutent les écrans, s’interrogent mutuellement. Quand le bon
RER s’annonce enfin, il est déjà plein. Dans
la cohue du chacun pour soi, une femme
hurle : « Mais avancez dans le couloir, bon
sang ! » Un passage s’ouvre, aussi miraculeux que celui de la mer Rouge. On pousse,
on crie, on pousse. Une touriste asiatique
traîne pour son malheur une énorme valise. Des passagers l’admonestent en franglish pour qu’elle mette son bagage
ailleurs. De quoi conforter la solide réputation de râleurs des Parisiens.
Direction ligne A, destination Vincennes. A l’heure de pointe du soir, les écrans
restent désespérément vides. Tombe l’annonce tant redoutée et si souvent entendue : « En raison de divers incidents, le trafic est perturbé sur l’ensemble de la ligne.
Un allongement du temps de trajet est à
prévoir. » Coups de téléphone frénétiques : « Allô ! C’est moi… c’est la galère. »
Pas besoin d’en dire plus : à l’autre bout de
la ligne l’interlocuteur a compris. On
l’imagine activant déjà un plan
B. D’autres pianotent des SMS comme
autant d’appels à l’aide.
Un train arrive enfin. Les corps se pressent. Deux personnes descendent tant
bien que mal, vingt tentent de monter.
Cinq ou six y parviennent, vérifiant la
théorie de la compressibilité des chairs. Le
train repart. Spectacle saisissant que ce
défilé de regards vides.
Dans ce climat d’exaspération quasi
quotidienne, les grèves sont d’autant plus
mal ressenties. Surtout lorsqu’elles surviennent sans préavis, comme celles des
mardi 8 et mercredi 9 novembre, où les
conducteurs de la ligne B ont fait jouer un
« droit de retrait », quinze jours après la
découverte d’amiante dans des cabines.
Pendant que direction et syndicats débattaient de la dangerosité des taux relevés et
desmesures àprendre, les usagers sont restés à quai, ulcérés. Un syndicaliste de SUD
faisait remarquer que les mouvements
sociaux « seraient mieux acceptés par les
usagers s’ils voyageaient dans des conditions correctes le reste du temps ». Sans illusions sur ses chances d’être entendu.
Combien sont-ils, ces « prisonniers longues peines » du RER qui vivent au quotidien sa promiscuité ? Les estimations de la
RATP et de la SNCF, cogestionnaires du
réseau francilien, donnent le tournis : un
«On ne cesse d’installer
des entreprises,
des bureaux, des sièges
sociaux le long de lignes
de RER déjà saturées»
Guillaume Pépy
président de la SNCF
million de voyageurs par jour sur la
ligne A, troisième ligne la plus fréquentée
au monde ; 800 000 sur la B ; 500 000 sur
la C ; 600 000 sur la D et 300 000 sur la E.
Les chiffres continuent de croître
année après année. Guillaume Pépy, président de la SNCF, livrait au Monde un
constat sans fard sur la ligne D en début
d’année : « Il y a environ 5 % d’augmentation chaque année, soit 25 000 personnes.
Pour ne pas détériorer la qualité de service,
il faudrait 25 trains supplémentaires. Combien en met-on ? Zéro, parce que la ligne est
déjà saturée. » Jacques Eliez, secrétaire
Plus de 3millions
de voyageurs se
pressent chaque
jour dans les rames
du RER, exaspérés
par les retards
et la promiscuité.
Un système au bord
de l’implosion.
Pourtant aucune
amélioration rapide
ne se profile
général de la CGT-RATP, expliquait, lui, à
l’AFP qu’il faudrait 114 rames sur le RER B
pour assurer un service décent. Il n’en circule que 90 en temps normal.
La Régie fait valoir des taux de régularité
(moins de cinq minutes de retard pour un
RER), qui oscille entre 80 % et 90 %, selon
leslignes,en2010.Deschiffresenamélioration quand la vox populi hurle que la situation ne cesse d’empirer. Contradiction ?
Pas tout à fait. La RATP établit ses calculs
sur des moyennes journalières qui ne correspondent pas au ressenti des heures de
pointe. Quand les rames combles se suivent à flux tendu, avec un intervalle minimal de sécurité, à la moindre anicroche –
problème de matériel ou incidents dus aux
voyageurs –, c’est l’effet boule de neige. Les
secondes deviennent des minutes de
retard pour les passagers harassés. A l’arrivée, ils trouvent des chefs de service bougons, au retour des enfants qui se languissent à la garderie. Au total, un surcroît de
fatigue physique et nerveuse. La dégradation du service est d’autant plus mal vécue
que le prix des abonnements augmente
bien davantage que l’inflation.
Comment s’étonner, alors, que les élus
locaux ne puissent faire un pas dans la rue
sans être assaillis de doléances sur les
transports ? Ils sont nombreux, comme
Patrice Pattée (sans étiquette), adjoint au
maire de Sceaux, à ressentir de l’« impuissance ». « Nous n’avons pas d’interlocuteurs à la RATP. Nous n’avons aucune infor-
A l’heure de pointe, des régulateurs de flux assistent
l’ouverture et la fermeture des portes du RER, comme ici
à Paris sur la ligne D, en février. MATTHIEU RONDEL POUR « LE MONDE »
mation. Quand nous organisons une table
ronde, on nous envoie un malheureux qui
s’en prend plein la figure. Il est là pour ça et
rien d’autre. » Quant au Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF), le principal
bailleur de fonds qui dépend du conseil
régional, il serait « absent » des débats,
selon Patrice Pattée.
A tel point que, fin octobre, une vingtaine de maires du Val-de-Marne, ceints de
leur écharpe tricolore, en étaient réduits à
manifester sur les quais du RER A. Droite
et gauche confondues, ils fustigent avec
Marie-Carole Ciuntu, maire (UMP) de
Sucy-en-Brie, « l’absence d’investissement
public pendant plusieurs années ». L’élue
s’interroge : « Comment se fait-il que nous
soyons passés, en l’espace d’une petite
dizaine d’années, d’un train qui faisait la
fierté et l’attrait de notre commune à un
mode de transport vieillissant et saturé qui
est devenu la hantise des voyageurs ? »
RATP et SNCF plaident qu’elles ne restent pas inactives. De nouveaux trains à
double étage arrivent sur la ligne A. La
RATP rénove des rames du tronçon sud de
la ligne B, dont elle a la gestion. La Régie
reconnaît cependant que ces wagons en
maintenance manquent sur le réseau et
provoquent « une offre dégradée » qui
pourrait durer plusieurs mois. Une quinzaine de rames ont été retirées de la circulation pour désamiantage. Sur la même
ligne mais sur le tronçon nord, géré par la
SNCF, les améliorations entreprises dans
les gares et sur les voies s’achèvent. Dans
un réseau qui atteint son point de rupture, ces chantiers ont accru les perturbations et, par là même, l’acrimonie des usagers. Même s’ils se chiffrent en dizaines de
millions d’euros, ces investissements restent largement palliatifs.
A la SNCF, Guillaume Pépy plaide pour
une réflexion de fond sur l’urbanisme en
Ile-de-France. « On ne cesse d’installer des
entreprises, des bureaux, des sièges
sociaux le long de lignes de RER qui sont
aujourd’hui saturées », constate-t-il.
S’ajouteà ce mouvement, la bulle immobilière qui chasse les Franciliens toujours
plusloin de leurlieu de travail. Tout en pestant contre l’impéritie de la RATP et de la
SNCF, les communes ne cessent d’autoriser de nouveaux projets de lotissements
dans leurs villes. Les promoteurs et les
agences immobilières continuent à vanter les « vingt minutes Paris par RER »
quand ce temps est devenu purement
théorique.
La RATP a soumis au STIF un nouveau
schéma directeur avec d’importants investissements. Elle dit attendre le feu vert
financier et donc une décision politique.
Les propositions de nouvelles infrastructures, proposées dans le cadre du Grand
Paris, sont encore plus ambitieuses. Mais
ce beau programme s’inscritdans deshorizons décennaux, ce qui a le don d’agacer
les usagers : plutôt que de se voir promettre un avenir radieux, ils préféreraient un
quotidien vivable.
E
n attendant, le système craque. Des
centaines de milliers de Franciliens
règlent chaque jour plus tôt leur
réveil pour anticiper les impondérables
du RER. Et scrutent avec angoisse les
écrans d’information dès qu’ils rentrent
dans la gare. Une annonce en jaune ou
orange,signe d’un incident, et le cœur s’accélère. « On se dit ça y est, c’est encore le
bazar. L’adrénaline monte. On se fait un
cinéma dans la tête », témoigne Jean Chauvet, usager de la ligne A qui vit à Sucy-enBrie, dans l’Est parisien, et travaille à la
Défense, dans l’Ouest, selon un schéma
urbain hélas classique.
Cet homme d’une parfaite courtoisie
parle comme d’un étranger de cet autre
lui-même, l’usager du RER. Il vit l’humiliation quotidienne de courir instinctivement dès qu’un RER est annoncé « à l’approche », de grimper quatre à quatre les
escaliers parce que les escalators sont trop
lents, de jouer des coudes pour monter à
l’intérieur d’un wagon. « Autrefois, je me
levais pour laisser s’asseoir une dame âgée.
Aujourd’hui, comme les autres, je fais semblant de me plonger dans mon livre pour
cacher ma gêne. Pourtant ce n’est pas l’éducation que j’ai reçue, ce n’est pas moi. »
Venu de Nantes, proche de la retraite, Jean
Chauvet a hâte que ce chemin de croix s’arrête. Il n’est pas le seul.
Après avoir facilité la vie des usagers
dans les années 1970 et 1980 et avoir largement contribué au développement économique de la région parisienne, le RER
devient un repoussoir. Des salariés préfèrent aujourd’hui déménager en province,
quitte à consentir une perte de revenus.
« Ne venez pas ! » Le cri du cœur lancé dans
un wagon à Bourg-la-Reine ressemble à un
conseil de plus en plus suivi. p
0123
décryptages ANALYSES
Vendredi 11 novembre 2011
International | Chronique
Par Alain Frachon
L’euro,victimedes
piègesdel’idéologie?
I
l suffirait d’une phrase pour
endiguer la crise de l’euro,
affirment nombre d’économistes. Une petite phrase que devrait
prononcer la Banque centrale
européenne. La BCE devrait dire
haut et fort qu’elle jouera le rôle
de prêteur de dernier recours
pour les membres les plus endettés de l’union monétaire. Et l’euro
se porterait mieux.
Et les marchés seraient tenus
en respect. Et, ô ! Joie suprême, on
se ficherait pas mal de ce que
racontent les agences de notation.
Et on pourrait desserrer quelque
peu l’étau de l’austérité budgétaire, assouplir les conditions de la
rigueur. Et cela favoriserait un
début de reprise de l’activité, qui
faciliterait l’apurement de la dette. Et, sans promettre de raser gratis, on sortirait de ce cycle sinistre
qui voit se défaire la zone euro,
comme dans une méchante partie de bowling quand la grosse
boule noire vient faucher les
quilles les unes après les autres :
d’abord Athènes, puis Dublin, Lisbonne, Madrid, Rome – en attendant Paris…
L’institut d’émission battant
monnaie – c’est l’une de ses fonctions –, ses ressources sont, par
définition, illimitées. Si la BCE dit
qu’elle sera l’assureur de dernier
ressort, elle dissuade la spéculation. Les marchés seront rassérénés. Ils n’exigeront plus des taux
de rémunération faramineux
pour souscrire aux emprunts des
Etats les plus endettés.
Ceux-là échapperont à l’emballement des coûts de leur dette. Ils
sortiront d’une infernale spirale
dont on connaît parfaitement les
étapes. L’Etat ignoblement endetté est d’abord condamné à ne plus
pouvoir se financer sur le marché
en émettant des bons du trésor : il
devrait verser des taux d’intérêt
prohibitifs. Il est amené à tendre
la sébile. Il sollicite une aide
auprès de créanciers extérieurs.
Mais ces derniers n’accordent leur
assistance qu’à des conditions
d’austérité draconiennes qui épuisent le malade. Voir, bientôt,
l’Italie…
Dans l’hypothèse où la Banque
centrale dit à l’avance qu’elle souscrira aux emprunts d’un Etat qui
a du mal à payer ses dettes, le schéma est tout différent. Les achats
de l’institut d’émission vont
rabaisser les taux à des niveaux
praticables, si la seule déclaration
d’intention de la banque centrale
n’a pas suffi à le faire.
C’est ce qui se passe hors zone
euro, aux Etats-Unis, en GrandeBretagne, au Japon, par exemple.
A des titres divers, ces trois pays
n’alignent pas un carnet de notes
plus brillant que la moyenne dans
l’union monétaire européenne.
Mais il est clair pour tout le monde que la Réserve fédérale, la Banque d’Angleterre ou celle du
Japon n’hésiteront pas.
En cas de difficulté de financement de l’Etat, elles achèteront
ses bons du Trésor, directement.
Les marchés ne s’y frottent pas ou
guère ; ils savent que les ressources d’un institut d’émission sont
illimitées. Inutile de faire grimper
les taux.
Pourquoi la BCE n’agit-elle pas
de même ? Parce qu’elle est liée
par une doctrine qui prône la séparation des pouvoirs. A la banque
de s’occuper du monétaire, au
gouvernement du budgétaire ; à
la banque de garantir la stabilité
de la monnaie (pas d’inflation), au
gouvernement de gérer sa dette.
Autrement dit, ce n’est pas à l’institut d’émission à venir au
Xavier Bertrand:
«Que M.Hollande
donne l’exemple!»
12
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Il n’y a pas de plan caché ?
Xavier
Bertrand
Ministre
du travail,
de l’emploi
et de la santé
Oui j’y suis favorable. C’est moi-même qui ai mis
en place la loi sur le service minimum dans les transports terrestres, et ça marche. Il y a une nouvelle
direction à Air France et les syndicats doivent com« Questions
prendre qu’il faut discuter. Si jamais ils ne trouvent
d’info », une
pas la solution eux-mêmes en interne, il faudra pasémission
ser par un texte. Le plus vite sera le mieux. Dans les
politique à
différentes propositions de loi, celle notamment
suivre tous les
qu’a déposée Eric Diard me semble être un bon
mercredis sur
moyen d’obtenir le résultat. Elle dit qu’il y a obligaLCP à 19h30, en
tion de déclaration et de discussion pour permettre
partenariat
de s’organiser et éviter que les passagers se retrouavec Le Monde,
vent bloqués.
¶
Une partie de la majorité réclame la remise
en cause des 35 heures. Y êtes-vous favorable ?
Non, car supprimer les 35 heures, cela voudrait
dire supprimer les heures supplémentaires. Or,
aujourd’hui plus de 9 millions de Français en font
chaque mois, ce qui leur garantit en moyenne
400 euros de plus. Dans la crise que nous traversons, je préfère qu’ils aient ce pouvoir d’achat et
qu’ils consomment.
Le premier ministre veut que les patrons
modèrent leur salaire. Que leur demandez-vous
exactement ?
De l’exemplarité.
Plus précisément ?
Au gouvernement, les salaires sont gelés jusqu’en 2016. Donc qu’ils gèlent aussi leur rémunération ! Cela doit s’appliquer aussi aux politiques,
conseillers généraux, conseillers régionaux, parlementaires. Qu’attend M. Hollande pour donner
l’exemple ?
Propos recueillis par
Frédéric Haziza, Françoise Fressoz,
Sylvie Maligorne et Marie-Eve Malouines
opathie
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qi gong
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d’émission, et donc ne pas grever
son bilan de créances douteuses
– mais la BCE achète en sous main,
sur le marché secondaire, pas
directement, des quantités importantes de dette souveraine des
Etats les plus faibles de la zone
euro… Autre argument des partisans de la « séparation des pouvoirs » : ne pas encourager le laxis-
AFP,
France Info et
Daily Motion
sociétés qui, sans être parfaites (…)
sont sans doute les plus décentes
de l’histoire de l’humanité. Et cela
est menacé parce que l’élite européenne (…) arrime le continent à
un système monétaire qui recrée
des rigidités (…) aux allures de piège mortel. » p
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Ce n’est pas ma conception de la pédagogie et ça
n’engage que lui.
me budgétaire en disant à l’avance qu’on garantira les dettes des
irresponsables.
A quoi Jean-Paul Fitoussi et
Paul Krugman répondent que la
création de monnaie ne crée pas
d’inflation dans des économies
déprimées comme les nôtres. Et
pour empêcher qu’un assouplissement de la doctrine monétaire de
la BCE ne soit une incitation au
vice de la dette, il faut l’accompagner d’une stricte discipline budgétaire. Relâchement doctrinal
contre sévérité budgétaire : donnant-donnant.
Paul Krugman conclut ainsi
son article : « Sur les ruines de la
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Charles Beigbeder, chargé à l’UMP de la pédagogie du programme, estime que le vrai plan
de rigueur interviendra après la présidentielle.
Que veut-il dire ?
Après les grèves à Air France, plusieurs propositions de loi ont été déposées pour instaurer un
service minimum dans ce secteur. Y êtes-vous
favorable ?
A plein régime. C’est de la création monétaire pure et simple. Et
cette crainte de l’inflation, celle
d’une monnaie qui entre dans la
spirale d’une dévaluation continue, le souvenir de cette tragédie
qu’elle vécut dans les années 1920
et qui conduisit à Hitler, voilà ce
qui hante la mémoire collective
de l’Allemagne ; voilà qui explique qu’elle n’accepta d’abandonner son très solide deutschemark
pour l’euro qu’à la condition
qu’on n’assigne qu’une seule
tâche à la BCE : la lutte contre l’inflation.
Les tenants de la doctrine évoquent d’autres raisons. Il faut préserver la crédibilité de l’institut
DEVENEZ INCOLLABLE
SUR L’ACTUALITÉ
Questions d’info
Bien sûr que non. L’enjeu est de créer de la croissance. Or, la rigueur crée de la récession. Le contraire
de la croissance. On a un équilibre à trouver entre la
gestion sérieuse du budget et la sauvegarde des
investissements.
Le chômage peut-il baisser d’ici la présidentielle ?
Franchement,si on n’apas de reprise économique
au niveau européen, ce sera très difficile. Nous faisons tout pour le stabiliser autour de la barre des 9 %.
secours du Trésor – chacun son
mandat. Celui de la BCE lui intime
expressément de ne s’occuper
que de la stabilité des prix, pas de
combler les trous budgétaires des
paniers percés de la zone.
«C’est de l’idéologie, tonne JeanPaul Fitoussi, directeur de recherche à l’OFCE. On se refuse à monétariser une partie de la dette, on se
condamne à l’impuissance, on se
lie les mains avec une doctrine qui
ne tient pas la route, mais qu’on a
gravée dans nos textes. » « En s’interdisant de disposer d’un prêteur
de derniers recours, on s’expose, en
cas de difficultés financières, au
choix suivant : soit la faillite, soit
une aide mais conditionnée à une
telle austérité qu’elle n’empêchera
d’ailleurs pas la faillite », dit-il.
Son incompréhension est partagée par nombre de ses confrères
américains qui, du Prix Nobel Paul
Krugman à Jeffrey Sachs, en passant par Kenneth Rogoff, disent
tous la même chose: «Si la BCE prenait en charge les dettes européennes, la crise s’allégerait considérablement » (Paul Krugman, New
York Times, le 23 octobre).
Les risques? A l’évidence, l’inflation. Les tenants de la séparation
des pouvoirs font valoir que le
rachat direct de la dette d’un Etat
par sa banque centrale équivaut à
faire marcher la planche à billets.
25
Le poison
de la ficAtio
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Ostéopathie, homéopathie, hypnose, yoga…
Le succès auprès du public est soutenu par
un début de reconnaissane professionnelle.
L’œuv
En cet automne, saison propice...
p. 11
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Il aurait pu avoir le Nobel de littérature...
A bientôt 80 ans, l’écrivain américain porte
un regard acide sur son pays p. 11 à 14
L’actu du mois : chronologie p. 19-20
Philip Ro
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à l’association Une famille, un toit 44.
Parmi elles, Gheoghita Toncea et sa fille Gabriela.
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n matière d’immigration, il y a beaucoup de
motsen«-ION»:«ségrégation », « discrimination », « expulsion ». A
tous ces maux en renvoie souvent un autre : « intégration». Un grand mot-valise – mais
sacré –, dans lequel se cacherait la
clé de voûte de « l’assimilation» à la
française, cette «dissolution» sans
accroc dans un corps républicain
voulu un et indivisible.
Le débat politique, de droite
comme de gauche, senourritsans
retenue de ce beau mot. Mais trop
souvent à coups de postures et de
phrases grandiloquentes, dans un
manichéisme nuisible pour une
thématique dont il n’est nul besoin
d’être devin pour comprendre
qu’elle sera l’un des enjeux de la
campagne présidentielle de 2012.
En réalité, le « modèle d’intégration républicain» à la françaisea un
bilan en demi-teinte (lire p.8-9). Le
taux de chômage des immigrés est
de 1,5 à 2 fois supérieur à celui des
natifs. Leurs résultats scolaires sont
très contrastés selon leur origine
sociale et ethnique. Des enquêtes
pointent leur surreprésentation
dans certaines dépenses sociales. Et
les banlieues ghettos sont devenues pour beaucoup, leur point
d’entrée – ou de chute.
Un certain nombre des plus pau-
Sommaire
t Hier, Nous et l’Autre p. 2 t Etats-Unis:
premier pays d’accueil p. 3 t Europe: la crise
remet les migrants sur les routes p.4-5
t France : une loi sévère p.6-8 t Ils sont
discriminés p. 9 t L’argent des émigrés p.10
de Nicolas Sarkozy à agiter les pires
chiffons rouges – déchéance de
nationalité,identiténationale,etc.–
ellea,danslemêmetemps,régularisé environ 30 000 étrangers sans
papiers chaque année. Mais sans le
dire.
A l’inverse, à gauche, en particulier au Parti socialiste, les discours
humanistes cachent souvent de
faibles contre-propositions. Le PS,
en tête des sondages pour la présidentielle, détricotera-t-il les durcissements législatifs entérinés par la
dernière loi immigration, s’il est
élu ? Il ne l’a pratiquement jamais
fait lors des alternances précédentes. Et jusqu’à présent, son programme en matière de politique
migratoire reste très flou.
L’intégration, et en creux l’immigration, souffre trop des doubles
discours politiques. Ainsi la droi-
Les approches doivent donc
changer. A commencer par les
te est en réalité beaucoup moins
« modèles ». A trop raisonner en
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www.lemonde.fr/dosdoc
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être un mal de le dire. La crainte de
faire«lejeuduFrontnational»,souvent avancée par la gauche, ne
devrait pas être un argument pour
ne pas évoquer, par exemple, la
question des concentrations ethniques. Ainsi les solutions apportées
seraient, de l’avis de nombreux
acteurs de terrain, plus ciblées et
donc plus adaptées.
A l’inverse, le « modèle» d’intégration français a ses succès que les
formations politiques qui s’emparent le plus du sujet immigration –
FNetUMP–négligenttropsouvent.
Bien qu’il existe encore peu de travaux universitaires, on sait
qu’émergeenFrancetouteuneélite
et une classe moyenne issues de
l’immigration.Le phénomèneest le
résultat des dispositifs de
discrimination positive. Mais aussi
du temps.
Cesparcoursderéussitesonttoutefois encore trop souvent présentés comme des parcours « d’exception ». Venir des « quartiers » est
presque devenu un « label ». Et les
clichés ont alors la vie dure sur
toute une masse silencieuse issue
de l’immigration, ni sportive ni
« showbiz», peu désireuse de mettre en avant ses origines.
riste» – au « républicanisme» français, on enferme des réalités dans
descarcansinutiles.Commel’explique Christophe Bertossi, dans
Minorités en politique (Editions
CNRS, 2011), le risque est grand
d’arriveràun«discoursdecombat»
focalisé sur les seules « nécessaires
corrections » ou « dérives » du
modèle idéalisé.
Demême,l’immigrationdevraitelle être beaucoup plus analysée et
discutéesousl’angledelamondialisation. «L’immigration est la petite
sœurde la mondialisation!», a beau
jeu de lancer la présidente du Front
national, Marine Le Pen, habile à
toucherles classeslesplusdéfavoriséesetexposées,malgrél’inanitéde
ses réponses. Et c’est bien là que le
débatpublic,s’il neveut pas,pour le
coup, vraiment laisser le champ
libre au FN, devrait revoirses angles
d’attaque.
seul prisme de la « défense des
droits» des migrants, del’assistanat
socialetdel’aidehumanitaire.Or ce
ne sont que sparadraps si le cœur
des difficultés liées à l’immigration
n’est pas traité : soit l’insertion
économique.
Les générations d’immigrés qui
échouent en banlieue ont aujourd’hui peu de chances de voir leur
horizon s’éclaircir car les industries
qui ont fourni du travail aux premières, de l’intérim aux secondes,
puis du chômage aux troisièmes
ont disparu. Les discriminations
n’expliquent pas tout. Les émeutes
qui ont agité le Royaume-Uni, en
août, reflétaient cette impasse.
La France souffre des mêmes
maux que son voisin d’outre-Manche. La désindustrialisation des
trente dernières années a été associée à une croissance basée sur les
services. Or ce système a surtout
favorisélacréationd’emploisqualifiés, laissant sur le bord du chemin
de la fameuse « intégration» nombre de classes populaires, dont les
immigrés et leurs enfants constituent aujourd’hui l’un des gros
bataillons.
La droite a cru bon d’appeler à la
simpliste « baisse de l’immigration
légale ». Mais les flux s’adaptent
d’abord à l’offre et à la demande de
travail. Si le nombre d’entrées autorisées n’est pas en adéquation avec
le marché – comme actuellement–
serrage de vis ne fait fuir que les
plus qualifiés.
Mais, à gauche, les thèmes de la
« démondialisation» ou d’un protectionnisme renforcé, qui, la primaire socialiste l’a rappelé, reçoivent un écho croissant, constituent
par définition une forme de «repli
sur soi », incompatible avec des
incantations pro-immigration.
Alors que, chiffres oubliés, les destructions d’emplois sont dues pour
moins de 5% aux délocalisations.
Clarifier sa position en matière
de mondialisation économique
serait pour le candidat socialiste à
laprésidentielleunefaçondepréciserla sienneen matièred’immigration. Car de ses contradictions
peuvent naître de terribles désillusions, chez tous ceux, justement
issus de l’immigration – notamment maghrébine – qui votent
majoritairement pour lui. p
Elise Vincent
[email protected]
www.lemonde.fr/dosdoc
-------------------------------------------Dossier réalisé avec Alain Binet,
agrégé d’histoire-géographie,
professeur au lycée Janson-de-Sailly
à Paris (16e). Rédactrice en chef:
Novembre 2011
2,95 Catherine Pacary.
Recherche iconographique:
AmaurydaCunha. Infographies
etdocumentation Le Monde.
pour mettre en perspective l’actualité
et comprendre le monde qui nous entoure
A ce numéro est joint un encart « Le Monde
culture
26
0123
Vendredi 11 novembre 2011
Les portraitistes africains, stars de Paris Photo
Célèbre mais sous-cotée, la photo de studio est au cœur d’un Salon placé sous le signe du continent noir
L
e collectionneur Artur Walther, qui expose sa collection
de photos africaines à la Foire
Paris Photo, a une tendresse pour
le portraitiste malien Seydou
Keïta, mort en 2001. Dans les
années 1960 et 1970, ce dernier a
immortalisé toute la bourgeoisie,
entre boubous ettenues occidentales. « Regardez-moi cette pose ! »,
s’enthousiasme Artur Walther
devant trois jeunes hommes à l’air
digne, costume sombre, cigarette
au bec.
Et pourtant, la star de la photo
de studio africaine, présent dans
les grandes institutions, dépasse
rarement les 10 000 euros dans les
ventes aux enchères. A Paris Photo, les photos de Keïta les plus chères sont chez agnès b., qui possède
de rares exemplaires signés de
l’auteur : des tirages immenses
(127 x 180)
et
tardifs
à
60 000 euros. On trouve aussi des
tirages d’époque chez André
Magnin : ce marchand qui fit
connaître l’œuvre de Seydou Keïta
dansles années1990, avec le collectionneur Jean Pigozzi, propose des
petits formats des années 1960,
plus ou moins jaunis, de 8 000 à
15 000 euros.
Pourquoi ces prix si raisonnables ? Toute la photo de studio africaine a du mal à coller aux critères
du marché. Les studios, qui ont
Autour de Paris Photo
Au Grand Palais
117 galeries et 23 pays représentés, 18 éditeurs. Grand Palais, avenue Winston-Churchill, Paris 8e.
Du 10 au 13 novembre, de 12 heures à 20 heures. Vendredi jusqu’à
21 h 30. Dimanche jusqu’à 19 heures. De 12 à 25 euros. Catalogue
412 p., 25 euros.
Ventes aux enchères
Le 11 novembre, 100 photos provenant de la Fondation Henri-Cartier-Bresson, chez Christie’s,
9, avenue Matignon, Paris 8e.
Tél. : 01-40-76-85-85.
Le 12 novembre, Photographies
d’Irving Penn, chez Christie’s.
Photographies chez Sotheby’s,
galerie Charpentier, 76, rue du
Faubourg Saint-Honoré, Paris 8e.
Tél. : 01-53-05-53-05.
De gauche à droite : « Sans titre » (1977), de Seydou Keïta. DR
« Sans titre » (1957-1959), de Seydou Keïta. MAGNIN-A
En bas : « Yéyé en position 1963 », de Malick Sidibé. MAGNIN-A/MALICK SIDIBÉ
Les photos en vente
sont en majorité
des tirages modernes,
qui suivent
unchemin compliqué
fleuri en Afrique des années 1940
aux années 1970, produisaient une
photo commerciale. Il reste peu de
tiragesd’époque, les « vintage» prisés des collectionneurs. « Les “vintage” existent, mais ils sont dans les
familles des clients », explique
André Magnin.
Les portraitistes comme Seydou
Keïta ou Malick Sidibé, devenus les
deux phares de la photo africaine
historique, ont été reconnus en
Occident dans les années 1990. A
cette date, les studios avaient fermé, négatifs et archives avaient
souvent disparu, jetés ou brûlés. Le
photographe Mama Casset, mort
en 1992, l’un des plus réputés du
Sénégal, a vu son studio brûler en
1984. « Entre la collection de la
famille et la nôtre, il doit rester
150tirages, éblouissants, mais c’est
très peu », dit Jean-Loup Pivin, fondateurdela Revue noire.Ce magazi-
Dptaillant-grossiste vend au[ Sarticuliers
les Slus grandes marTues ”au meilleur Sri[”
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ne, qui a joué un rôle majeur dans
la reconnaissance de l’art africain,
propose sur son stand des portfolios posthumes, à 1 200 euros.
Les photos en vente sont donc
en majorité des tirages modernes,
qui suiventun chemin compliqué :
les 3 000 négatifs les plus connus
de Malick Sidibé sont en dépôt
chez André Magnin, son agent à
Paris, qui fait tirer les photos, les
envoie au photographe à Bamako
pourqu’illes signe,avantdelesrenvoyer au client. Ces tirages ne sont
pas numérotés : « Ça n’a aucun
sens », insiste Simon Njami, commissaire d’exposition et autre fondateur de la Revue noire. « Ces gens
étaient des artisans. » Pour lui, le
système actuel, qui veut transformer des studiotistes en artistes, est
absurde. « Malick Sidibé récompensé par un Lion d’or à la Biennale de
Venise ? C’est une blague. Comme
fairedestiragesgéantspourles images de Seydou Keïta : ça dénature
l’objet, on rentre dans un discours
d’art contemporain totalement
mensonger. » Longtemps, la photo
de studio africaine a pâti d’une
réputation sulfureuse. Bien des
photographes africains, trop naïfs,
ontsigné des contrats sans les comprendre, ont cédé à bas prix des
négatifs qu’ils n’ont jamais revus.
Circuleraient aujourd’hui des tirages de Malick Sidibé de mauvaise
qualité et d’origine douteuse.
L’œuvre de Seydou Keïta a été
l’enjeu d’un long procès dans les
années 2000 : il a opposé le galeriste Jean-Marc Patras, qui avait fait
signer un contrat d’exclusivité au
photographe peu avant sa mort, et
le duo André Magnin-Jean Pigozzi,
qui l’avait représenté jusqu’alors.
En 2008, la justice a tranché en
faveur des seconds. Plus récemment, un conflit a pointé autour
du photographe sénégalais
Oumar Ly, 69 ans : promu par la
journaliste Frédérique Chapuis,
exposé aux Rencontres de Bamako
en 2009, il est distribué en exclusivité par la galerie Les Filles du calvaire, qui vend ses images à Paris
Photo entre 750 et 1 500 euros.
Mais Jean-Claude Thoret,
ancien directeur du Centre culturel français de Dakar, se dit l’agent
du photographe, et propose des
photos sur son site Internet. « Cela
nous empêche de numéroter les
tirages,nousnepouvons pas garantir les éditions limitées », explique
Foires parallèles
Photo off, Salon de la photo
émergente, du 11 au 13 novembre,
La Bellevilloise, 21, rue Boyer,
Paris 20e.
Fotofever, du 11 au 13 novembre,
Espace Pierre-Cardin, 3, avenue
Gabriel, Paris 8e.
Offprint, Salon de l’édition indépendante, du 10 au 13 novembre,
21-24, rue Ganneron, Paris 18e.
Nofound Photofair, Foire de la
photographie contemporaine, du
11 au 14 novembre, 66, rue de
Turenne, Paris 3e.
MarieDoyon, de la Galerie les Filles
du calvaire.
Au-delà des questions de droits
et de marché, les images de tous
ces photographes de studio souffrent d’un problème plus sérieux :
la majorité des négatifs, conservés
à leur domicile dans des conditions précaires, sont gravement
détériorés. Au Musée national de
Bamako, un projet pilote a été lancé pour sauver ce patrimoine :
500 négatifs de trois photographes maliens, Soungalo Malé,
Abderramane Sakaly, Malick Sidibé, ont été numérisés et inventoriés. Pour le directeur, Samuel Sidibé, « Il y a urgence, ces négatifs sont
dans un état épouvantable. » Mais
la question n’est pas réglée. Les
familles, qui voient désormais
dans les négatifs une promesse de
revenus, refusent catégoriquement de s’en séparer. p
Claire Guillot
A Bamako, une biennale qui dénonce l’Afrique dépotoir
Bamako
Envoyée spéciale
Des navires antédiluviens qui
rouillent sur la plage. Des monceaux d’ordinateurs brûlés. C’est
le triste spectacle d’une Afriquedépotoir qu’ont offert cette année
les invités des Rencontres de
Bamako. La biennale africaine de
photographie a choisi d’intituler
sa neuvième édition « Pour un
monde durable » : un thème dans
l’air du temps, mais aussi un piège
pour certains artistes enfermés
dans le constat à l’emporte-pièce.
Il faut dire qu’en Afrique les
photographes n’ont pas à chercher bien loin pour trouver des
exemples d’atteinte à l’environnement. George Osodi, qui a travaillé
sur le delta du Niger pollué par l’industrie du pétrole, a grandi dans la
chaleur des torchères : « Quand
j’étais enfant, raconte-t-il, il y avait
en permanence une lumière orange au fond de la cour. Le sujet s’est
imposé de lui-même.» Le photographe a lutté contre la censure des
compagnies pour montrer un paysage apocalyptique, rongé par les
flammes et les fumées. « Autrefois,
les gens faisaient sécher le tapioca
au soleil toute une journée. Aujourd’hui, il suffit de deux heures. Sauf
que les gens mangent du poison.»
« Déni général »
Le Burkinabé Nyaba Ouedraogo
a fini son reportage au Ghana avec
de violents maux de tête et le souffle court : dans le marché d’Agbogbloshie, des enfants de 10 ans brûlent à mains nues les ordinateurs
–les nôtres – pour récupérer le cuivre. De ces lieux pollués par le
plomb et le mercure, le photographe a tiré des visions inquiétantes,
où les carcasses d’ordinateurs ressemblent aux tours d’une ville de
science-fiction.
Mais il n’a pas seulement voulu
dénoncer les pays du Nord : « C’est
facile d’accuser l’extérieur. A Londres, il y a une forte communauté
ghanéenne, c’est elle qui s’occupe
d’envoyer les ordinateurs usagés
ici.» Nyaba Ouedraogo voulait
s’adresser aux Africains, mais a-t-il
réussi? « J’ai montré mes images
en Europe, mais la presse africaine
ne les a pas publiées. »
Le Sud-Africain Pieter Hugo, qui
a remporté le prix Seydou-Keïta à
Bamako avec des portraits sur le
même sujet, regrette de n’avoir pu
montrer son travail que «dans des
galeries d’art en Europe ». Et même
si George Osodi a réussi à exposer
au Nigeria, il n’a pas provoqué de
débat : « Je voulais inciter la jeune
génération à changer de modèle.
Mais il y a un déni général. »
Au milieu de ces visions terribles, quelques photographes ont
heureusement trouvé à inventer
des images oniriques. Kiripi
Katembo s’est servi des inondations à Kinshasa (République
démocratique du Congo) pour
créer des images à partir des
reflets des flaques d’eau : bou-
teilles en plastique, rochers et
détritus semblent flotter dans les
airs au milieu de la ville. Quant au
Malien Bakary Emmanuel Daou, il
a transformé des sacs en plastique
en petits ballons de lumière : il les
promène dans une ville peuplée
de symboles du temps qui passe,
entre baobabs et frigos délabrés,
entre nature et consumérisme
échevelé. p
Cl. G.
Rencontres de Bamako, jusqu’au
1er janvier 2012. Une sélection des images est visible à la Foire Paris Photo.
Les espaces événementiels
du 123
0123 met à disposition son auditorium
(capacité de 150 places), avec possibilité de projection,
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0123
culture
Vendredi 11 novembre 2011
La Grande Guerre s’expose à Meaux,
sans sang, sans cris, sans larmes
Riche et documenté, le musée qui ouvre le 11novembre pèche par une douteuse mise en scène
Exposition
Théâtre
Rennes
Envoyée spéciale
I
Des tranchées et un coin de champ de bataille ont été reconstitués. CYRILLE WEINER/MYOP POUR « LE MONDE »
rien Marc Ferro, concours architectural, gagné en 2008 par Christophe Lab, première pierre en
avril 2010, fin des travaux cet
automne. Le budget global est de
28 millions d’euros, la moitié à la
charge de la communauté d’agglomération,11millionsd’eurosrépartis entre région Ile-de-France
(6,2 millions), conseil général de
Seine-et-Marne (2,3 millions) et
Etat (2,1 millions) et 3 millions de
mécénat d’entreprises.
D’une surface totale de
7 000 m2, le musée en consacre
3 000 aux collections permanentes et 300 aux manifestations temporaires. Christophe Lab a tiré parti de la pente de la colline – autour
de 7 % – pour dessiner un bâtiment
simple, plateau d’un seul tenant,
d’une grande commodité d’usage.
A l’extérieur, ce parallélépipède
plat revêtu de métal se distingue
peu des entrepôts de la zone industrielle proche et fait avec le monument américain tout en hauteur et
en courbes un étrange contraste. A
l’intérieur,il offrel’espaceetla hauteur nécessaires à une présentation qui cultive le spectaculaire.
Deux avions sont suspendus au
plafond, un char Renault gravit un
plan incliné, pièces d’artillerie et
mitrailleuses pointent leurs
canons en tous sens.
Le cœur du musée est une nef
où l’on n’a pas craint de reconstituer des tranchées, des abris et un
coin de champ de bataille à grand
renfort de planches, branches, sacs
de terre, cratères de plâtre, barbelés et casemates bétonnées.
D’autres reconstitutions occupent
des vitrines, peuplées de mannequins habillés d’uniformes d’époque, casqués et armés d’accessoires authentiques. On n’avait rien
vu de tel depuis la tranchée « son et
lumière » de l’Imperial War
Museum de Londres, curiosité
muséographique que l’on croyait
appartenir désormais au passé.
Un arsenal astiqué
La réalisation est d’un professionnalisme irréprochable, mais
elle trouve vite ses limites. Figer la
guerreen dioramas, sijoliment réalisés et éclairés soient-ils, est-ce le
meilleur moyen de donner à percevoirson horreur ? On peut craindre
que nombre de visiteurs – on en
attend autour de 100 000 par an –
perdent de vue la réalité du carnage pour admirer des armes si bien
restaurées et repeintes, des uniformes si propres sur leurs manne-
quins qui ne saignent pas, qui ne
sentent pas, qui ne crient pas. Les
amateurs de militaria seront
enchantés de pouvoir voir de près
et dans le plus grand calme les
détails techniques des mitrailleuses et des mortiers, mais a-t-on
besoin d’un tel arsenal astiqué
pour affirmer que cette guerre permit des progrès techniques aussi
rapides que meurtriers ?
Certes, une section est consacrée à la médecine et à la souffrance. Les troupes coloniales, lancées
au carnage sans grand souci de préserver la vie des soldats, sont évoquées. Mais ni les mutineries de
1917, ni la révolution russe, ni le
pacifisme… Entre une louable
volonté d’information, le désir
maniaque de l’exhaustivité – tous
les uniformes de toutes les nations
engagées sont là – et des concessions discutables au spectacle, le
Musée de la Grande Guerre peine à
trouver le ton juste. p
Philippe Dagen
Musée de la Grande Guerre, route de
Varreddes, 77100, Meaux. Tél. :
01-60-32-14-18. Du mercredi au lundi de
10 heures à 17 h30 d’octobre à avril, de
9 h 30 à 1 8 h 30 de mai à septembre.
10 ¤.
Judith Scott: trisomique, sourde, muette, et géniale
Le Collège des Bernardins, à Paris, consacre une exposition à ses entrelacs de fils
Art
était susceptible de leur attribuer, on ne peut que les supposer, avec prudence. Des photos
montrent leur créatrice les prenant dans ses bras, mais ce n’est
pas là un indice suffisant pour
proposer une interprétation de
type psychanalytique.
Autre question sans réponse :
jusqu’à l’âge de 44 ans, Judith
Scott paraît n’avoir manifesté
aucune propension particulière
à la fabrication de quoi que ce
soit. Elle s’est ensuite consacrée
entièrement à cette activité. Cette révélation demeure tout aussi
peu explicable que l’invraisemblable science des volumes et des
couleurs qui se manifeste immédiatement dans ces assemblages.
Aussi sort-on de la visite à la fois
ébloui et perplexe, ce qui est ce
que l’on peut attendre de mieux
d’une exposition. p
L
a sacristie du Collège des Bernardins est une haute salle
gothique, où étaient conservés jadis les instruments du
culte, chasubles, coiffes, coupes.
Sans doute est-ce en mémoire de
cette fonction que sont présentés
là les objets de Judith Scott, qui
tiennent du reliquaire et de la broderie.
Judith Scott (1943-2005) était
atteinte de trisomie, sourde et
muette. Après d’autres institutions qui ne lui convenaient guère, elle finit par être accueillie en
1986 par le Creative Growth Art
Center d’Oakland (Californie). Placée pour la première fois dans
des conditions qui encouragent
la création, elle invente alors vite
sa façon de faire : nullement le
dessin, auquel on l’invite, mais
l’assemblage. Dérobant des
objets – un skateboard, un parapluie, des magazines –, elle les
réunit en les ligotant et les recouvrant de fils de laine de toutes les
couleurs. Le plus souvent, ils disparaissent sous l’écheveau, et
leur forme originelle n’est souvent plus guère reconnaissable.
Des cités à la scène,
l’histoire d’une
ascension
Lazare est son nom. Illettré devenu ouvreur
chez Nordey, il est le metteur en scène à suivre
P
ar deux fois, en septembre 1914 et d’avril à juin 1918,
le franchissement de la Marne a été l’enjeu de combats décisifs.
En 1918, l’intervention des troupes
américaines a largement contribué à l’arrêt de l’avancée allemande. En 1932, sur une colline au-dessus de Meaux, un monument fut
donc élevé par les Etats-Unis, La
Liberté éplorée, groupe du sculpteur Frederick MacMonnies.
Désormais, son œuvre domine
leMusée de la Grande Guerre, inauguré le 11 novembre. C’est là l’épilogue d’une histoire mêlant initiativeprivéeetdécisionpolitique.L’initiative, strictement personnelle,
est celle d’un photographe, JeanPierre Verney, qui commence dans
les années 1960 à acheter tout ce
quiatraitàlapremièreguerremondiale. Il fréquente systématiquement puces, brocantes, ventes aux
enchères. Jusque dans les années
1980, le sujet n’intéresse guère et
les prix sont assez bas pour que,
sans moyens financiers considérables, Jean-Pierre Verney accumule
au fil du temps autour de 20 000
objets et de 30 000 documents.
En 1983, première reconnaissance de son action : le ministère des
anciens combattants luiconfie l’organisation d’expositions, cinq, une
parannéedeguerre.Dèscettepériode, la question de la conservation
de l’ensemble se pose. Aucun
muséefrançais ne l’accueille. Après
le Mémorial de Caen en 1988, l’Historial de Péronne est inauguré en
1992 et le Centre mondial de la paix
de Verdun en 1995, mais sans lui.
Au début des années 2000, des
musées font des offres d’achat, à
Berlin et à Boston. Au même
moment, en 2004, Jean-Pierre Verney monte une énième exposition, à Meaux. Il rencontre à cette
occasion Jean-François Copé,
actuel secrétaire général de l’UMP,
député, maire de la ville. Lequel,
surpris par l’immensité des collections, propose à Jean-Pierre Verney
de leur construire un musée.
La communauté d’agglomération du pays de Meaux les acquiert
en octobre 2005 pour un montant
presque symbolique – 600 000
euros – au regard de leur valeur
actuelle. Le processus qui s’ensuit
est classique : création d’un conseil
scientifique, présidé par l’histo-
27
Œuvre sans titre de Judith Scott (1943-2005). CREATIVE GROWTH ART CENTER
On dirait les cocons filés par un
insecte d’un autre monde, une
araignée artiste, dans le genre de
celles auxquelles Louise Bourgeois donnait vie. Les excroissances de ces volumes indescriptibles, leurs dimensions importan-
tes, le chatoiement des entrelacs
de fils : grâce à ces qualités, ces
objets prennent possession de
l’espace avec force.
Ce qu’ils signifiaient pour
Judith Scott, les fonctions psychiques ou symboliques qu’elle
Ph. D.
« Judith Scott. Objets secrets », Collège des Bernardins, 20, rue de Poissy,
Paris 5e. Tél. : 01-53-10-74-44.
Du lundi au samedi, de 10 heures à
18 heures, dimanche et jours fériés de
14 heures à 18 heures. Entrée libre.
Jusqu’au 18 décembre.
l s’appelle Lazare, et son héros,
Libellule. Juste un prénom – le
sien – pour cet auteur-metteur
en scène-improvisateur de 36 ans,
qui commence à beaucoup faire
parler de lui. Après avoir été présenté à L’Echangeur, à Bagnolet (la
salle en pointe sur la découverte
de nouveaux talents) en mars, son
spectacle Au pied du mur sans porte est programmé par l’excellent
festival « Mettre en scène » du
Théâtre national de Bretagne, où
Lazare se retrouve en compagnie
de Romeo Castellucci, Thomas
Ostermeier, Krzysztof Warlikowski ou François Tanguy.
Au pied du mur sans porte le dit
bien : Lazare n’avait a priori aucune raison de voir s’ouvrir en grand
devant lui les portes du théâtre
français. De son enfance entre les
tours de Bagneux (Hauts-de-Seine), on ne saura pas grand-chose,
tant est tenace la crainte d’« être
réduit au garçon de banlieue » chez
cet homme dont le regard semble
demander réponse à la tristesse,
sous le petit chapeau de musicien
gitan. « Si je me mets à raconter ma
vie,on tombevite dans un misérabilisme qui me fait fuir. Je ne veux pas
être enfermé dans le roman communiste de l’Arabe qui s’en sort. »
Des errances de sa jeunesse, on
saura juste qu’elles le mènent jusqu’au Théâtre du Fil, qui est le joli
nom du théâtre de la Protection
judiciaire de la jeunesse. Le jeune
homme qui y arrive ne sait ni lire
ni écrire. Il commence à déchiffrer « en apprenant des poèmes
par cœur » et à écrire en transcrivant ses propres textes. Un jour, il
pousse la porte du Théâtre GérardPhilipe de Saint-Denis, dont Stanislas Nordey vient de prendre la
direction.
Nordey engage comme
ouvreur ce garçon qui vit le théâtre comme une résurrection. A
Saint-Denis, Lazare voit et revoit,
de soir en soir, les spectacles de
François Tanguy, de Jean-François
Sivadier et surtout de Claude Régy,
qui le prend sous son aile. Il écrit et
met en scène trois pièces, Orcime
et Faïence, Cœur Instamment
Dénudé et Purgatoire, mais Nordey lui conseille de rentrer à l’école
du Théâtre national de Bretagne,
où il poursuit sa formation de
2000 à 2003, avec Tanguy, Régy,
François Verret ou Bruno Meyssat.
« Mais mon école, ça a quand
même été la vie », souffle-t-il.
Son spectacle est à son image,
comme le précédent créé avec sa
compagnie Vita Nova. Intitulé Passé – je ne sais où, qui revient, il évoquait les massacres de Guelma, en
Algérie, moins connus mais aussi
meurtriers que ceux de Sétif, en
mai 1945 : à mille lieues de toute
vision naturaliste et misérabiliste
de la banlieue. Il conte, en un
mélange de poésie textuelle et
sonore proche du slam, d’art brut,
d’étrangeté langagière propre à
déjouer les clichés, l’histoire de
Libellule, son double, dont le prénom lui a été inspiré par le film de
Rainer Werner Fassbinder, Tous les
autres s’appellent Ali (1974).
Au début d’Au pied du mur sans
porte, Libellule a 7 ans. Il a « un
retard d’école », comme dit sa
mère, porte un cartable plus grand
que lui et d’énormes lunettes qu’il
perd sans cesse, tout « tourdi »
qu’il est, comme sa Carte orange et
ses habits. Les jours de pluie, il
s’égare dans les flaques, où il rencontre son jumeau mort avant
d’être né, « le Double ». « Dis à
maman que je suis passé », deman-
Lazare a écrit et mis en scène
« Au pied du mur sans porte ».
HELÈNE BOZZI
de celui-ci à Libellule, petit garçon
sans père, « fait de deux moitiés différentes, l’œil gauche toujours triste et l’autre qui brille de gaieté, un
pied qui trébuche et l’autre qui joue
au foot », dit sa mère.
Alors, évidemment, avec tout
ça, le psychiatre et le renvoi menacent, dans la petite école entre les
tours. « Voilà y a quelque
chose/Chez toi qu’est mal/T’arrives
pas à travailler/T’arrives pas à faire ça et ça/Parce qu’il y a des gens
méchants/Qui font la méchanceté
méchante », se révolte la mère, qui
fait venir un magicien qui tient du
charlatan déguisé en sorcier africain. Pendant ce temps, l’adolescence pointe son nez, entre les terrains vagues, les halls et les caves
d’immeuble de la cité du Couvercle.
Libellule a 15 ans, puis 17, il entre
dans la ronde formée par JR, le dealer, le Policier (ainsi nommé) et les
amis perdus par la drogue, Le Criquet ou Loula. Il a abandonné
Un mélange de poésie
textuelle et sonore
proche du slam,
d’art brut, d’étrangeté
langagière propre à
déjouer les clichés
« l’école, la maison, tout, quoi », et
se dit qu’il est « un Français sans
France ». On ne racontera pas ce
qui advient alors, dans ce spectacle
où les peintures inspirées d’exvoto mexicains, les – vrais – dessins d’enfants, le travail sonore
étrange et délicat de Benjamin
Colin composent un univers qui
ne ressemble à aucun autre.
Les acteurs Mourad Musset
(Libellule), Anne Baudoux (la
mère), l’extraordinaire lutin Axel
Bogousslavski (L’Autre), et ClaireMonique Scherer, Yohann Pisiou
et Julien Lacroix, qui jouent plusieurs rôles, les musiciens Guillaume Allardi et Benjamin Colin,
jouent-chantent-profèrent sans
jamais tirer vers le réalisme ce que
Claude Régy a défini chez Lazare
comme « les éclats d’une métaphysique analphabète ».
Lazare, donc, un garçon que le
prénom destinait à revenir d’entre
les morts, et qui n’a voulu garder
que cette identité visible. Il a bien
trouvé la porte au pied du mur,
avec son théâtre salvateur, qui
cherche à « ouvrir les carapaces
humaines » pour nommer le monde de manière sensible. p
Fabienne Darge
Festival Mettre en scène,
à Rennes, jusqu’au 19 novembre.
« Au pied du mur sans porte », texte
et mise en scène de Lazare. Jusqu’au
12 novembre, au Théâtre du Vieux-SaintEtienne, à Rennes. Puis à Sartrouville
et à Nantes à l’automne 2012.
28
0123
culture
Vendredi 11 novembre 2011
«Le bel canto n’était couvert ni par
l’Opéra-Comique ni par l’Opéra de Paris»
Michel Franck, directeur d’un Théâtre des Champs-Elysées flambant neuf, dévoile ses projets
Entretien
N
ommé en 2008 à la tête du
Théâtre des Champs-Elysées (TCE), Michel Franck
(54 ans), a pris ses fonctions en
2010 pour un mandat de cinq ans.
Cethéritierdesmagasinsdeconfection Franck & Fils a fait ses classes
auprès de Jeanine Roze, dont il
administreles fameux Concerts du
dimanchematin dès1978.Ildeviendra son associé dans la production
de concerts en 1995, après que l’entreprisefamiliale,dont ilétait directeur général, fut cédée en 1994 au
Bon Marché. C’est à ce titre que ce
découvreur de talents, amateur de
voix, fournissait une partie des
concerts au TCE. Celui-ci, propriété
de la Caisse des dépôts (qui fournit
7 des 19 millions d’euros du budget
global), rouvre ses portes après
quelques mois de travaux. Michel
Franck s’explique.
Vous présentez une saison tronquée par d’importants travaux…
Nous ne proposons, en effet,
que 160 levers de rideau au lieu
des 230 habituels. Mais ces travaux étaient nécessaires. Après
une amélioration de l’acoustique
en 2005 – installation d’un plancher en bois, d’une nouvelle
conque sur le plateau –, il nous fallait garantir la polyvalence de la
salle entre concerts symphoniques et productions lyriques. Je
me demandais comment la fosse
avait pu accueillir en 1913 la création du Sacre du printemps de Stravinsky, et ses 92 instrumentistes,
Michel Franck dans les coulisses du Théâtre des Champs-Elysées. SIMONE PEROLARI POUR « LE MONDE »
alors qu’avant travaux elle n’en
pouvait contenir qu’une petite
soixantaine. Après avoir récupéré
cet espace grignoté par les aménagements successifs, nous nous
sommes donc attelés à la restauration des dessous en remplaçant le
système des élévateurs et, à l’aide
de structures légères et démontables, en simplifiant les changements de configuration du plateau, des gradins d’orchestre au
plancher lyrique.
Depuis votre arrivée, que vous
placiez sous le signe de la continuité, de nouvelles orientations
apparaissent. La plus flagrante
est l’ouverture au bel canto…
Cette année, nous affichons
effectivement Donizetti (Don Pasquale) et, en version de concert, Les
Capulet et les Montaigu de Bellini,
le premier Verdi avec Oberto…
C’est un répertoire qui n’est couvert ni par l’Opéra-Comique, ni
par l’Opéra de Paris, encore moins
LES MESSAGES SECRETS
du Général de Gaulle
- Londres 1940 - 1942
par le Châtelet, qui est devenu le
chantre de la comédie musicale.
Certains s’étonnent que l’opéra
baroque ne soit plus si bien servi… Et aussi que vous programmiez Wagner…
La Didone, de Cavalli, avec
William Christie, Giulio Cesare et
Theodora, d’Haendel, Farnace et
Giustinode Vivaldi, l’Orfeode Monteverdi… C’est peu ? La musique
baroque est encore présente, ce
d’autant qu’elle a toujours le vent
en poupe : ce sont les concerts qui
se remplissent en premier. Quant
à Wagner, je ne vois pas pourquoi
j’exclurai ce compositeur, qui est
un de mes favoris, alors que nous
avons les moyens de l’accueillir…
Je précise aussi que je tiens à présenter de l’opéra contemporain
comme, la saison dernière, Passion, de Pascal Dusapin.
Vous avez dit que vous n’auriez
jamais l’audace d’un Gérard Mortier imposant à l’Opéra de Paris
des metteurs en scène dont le
radicalisme peut rebuter une
partie du public…
EXPOSITION
du 10 novembre 2011 au 12 mai 2012
…Car le public du Théâtre des
Champs-Elysées, composé pour
une bonne moitié de personnes
aisées habitant les beaux quartiers
de l’Ouest parisien, ne suivrait pas.
Je constate d’ailleurs que les versions d’opéra en concert se vendent toujours plus vite que les
représentations scéniques ! Mais
pas question pour autant de favoriser le conventionnel ! Je suis heureux de proposerune Flûte enchantée de Mozart, mise en scène par
William Kentridge, qui n’est pas
précisément frileuse.
MLM - 11/ 2011
© collection Jean-Pierre Guéno
Le TCE et la Salle Pleyel semblent concurrentes en matière
d’orchestres invités…
P
arce qu’elle affiche une blondeur insolente, qu’elle a
opté pour une sophistication de diva de l’Upper East Side
new-yorkais, Eliane Elias, interprète et compositrice née à Sao Paulo
en 1960, n’a pas le profil type de la
Brésilienne d’exportation. Sa maison de disques, Universal, veut la
positionner dans le cercle des
chanteuses de jazz à longs gants –
Diana Krall, Fredrika Stahl. Sur
son site personnel, sa galerie photo propose des déclinaisons diverses de son talent esthétique, saisie
par l’objectif au milieu d’un
champ de marguerites colorisées
en jaune et rouge, en actrice hollywoodienne au fond d’une limousine, portant robe fourreau, etc.
On pourrait en déduire un style de chant virant au glamour. Pas
du tout. Son dernier album, paru
en mai, est droit. Il s’intitule Light
My Fire, car il comporte une reprise alanguie de la chanson des
Doors (1966). Il y a d’autres covers,
My Cherie Amour, un tube de Stevie Wonder, des standards de la
bossa-nova ou des compositions
de Gilberto Gil.
Pianiste, Eliane Elias tient son
côté respectueux de la chose musicale de sa formation classique.
Elle a ensuite forgé le velouté de
sa voix avec les maîtres de la bossa, Vinicius de Moraes et Tom
Jobim. Cette identité croisée a
poussé le Théâtre du Chatelet à
l’inviter le samedi 12novembre,
avec son trio, basse, batterie, guitare. Elle y sera la benjamine d’une
case « jazz » attractive (Ahmad
Jamal, Jean-Luc Ponty, Bobby
McFerrin) que développe le théâtre parisien jusqu’en avril 2012.
Car, dès sa sortie de la mégalopole sud-américaine, la jeune Eliane s’est glissée dans la peau du
jazz. Le jazz et les crooners nordaméricains, Frank Sinatra en particulier, ont eu une forte influence
sur la bossa-nova lors de sa créa-
tion à la fin des années 1950. Dans
un mouvement de balancier, les
artistes phares de cette nouvelle
vague brésilienne sont partis voir
aux Etats-Unis de quoi il retournait. Tom Jobim y vécut, Sergio
Mendes y resta. Ce pape de la
fusion tropicale entre jazz, samba, bossa, funk, est devenu résolument californien, promenant ses
chemises à fleurs à Los Angeles
plutôt qu’à Copacabana, copinant
davantage avec Will.i.am des
Black Eyed Peas qu’avec les rappeurs des favelas paulistas. En
1964, Astrud et son mari d’alors
Joao Gilberto publiaient l’acte de
mariage bossa-jazz, The Girl of Ipanema, avec Stan Getz.
Trait d’union
Tout cela donne une coloration particulière à cette musique,
un son brillant, direct et orthodoxe, dans lequel Eliane Elias baigne, à l’aise dans son chant, dans
sa peau d’Américaine(s), ici délibérément mis au pluriel car il
s’agit bien d’un trait d’union
entre le Nord efficace (New York)
et le Sud du Nouveau Monde.
Depuis 1981, Eliane Elias vit à
New York. On trouvera plus aisément des comptes rendus de ses
spectacles et de ses disques dans
le New York Times que dans l’Estado de Sao Paulo. Au pays de braise, l’éloignement passe parfois
pour une désertion.
L’heureux piège qui fixa Eliane
Elias chez les Yankees a pour nom
Steps Ahead, groupe de jazzfusion où elle tenait le piano aux
côtés du saxophoniste Michael
Brecker, du vibraphoniste Mike
Mainieri, du bassiste Eddy Gomez
et du batteur Peter Erskine – elle
avait 22 ans, des cheveux châtains, et tenait la dragée haute
aux jeunes génies du jazz mutant
qui l’avaient embarquée dans
leur aventure. p
Véronique Mortaigne
Musique Hausse des ventes en ligne
Les ventes mondiales de musique numérique devraient atteindre
cette année 6,3 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros), soit une
progression de 7 %, portées par le boom des services en ligne comme
iTunes d’Apple ou le site musical Spotify, a indiqué mardi le cabinet
d’études Gartner. Celui-ci prédit que les ventes de CD, affectées par
le piratage et la concurrence des offres en ligne, vont poursuivre leur
déclin. Gartner s’attend à ce que les services par abonnement atteignent 2,2 milliards de dollars (1,5 milliard d’euros) de chiffre d’affaires d’ici à 2015 et qu’ils représentent 29 % du total des dépenses musicales en ligne. – (Reuters.)
Art 6 000 objets volés à Drouot visibles sur Internet
Un inventaire à la Prévert : tableaux, sculptures, bronzes, statuettes
d’art primitif, photos de famille, argenterie, vins fins, jouets anciens,
les photos de six mille objets détournés lors des trafics découverts à
l’Hôtel Drouot à Paris sont visibles depuis le 9 novembre sur un site
(avisderecherches.interieur.gouv.fr) ouvert à la demande du juge d’instruction Alain Philibeaux, chargé du dossier. Qui précise que « toute
personne ayant confié à l’Union des commissionnaires de l’hôtel des
ventes (UCHV) la manutention d’une succession à Paris ou en province
directement ou par l’intermédiaire d’un notaire ou d’un commissairepriseur peut désormais et jusqu’au 28 février 2012, consulter les photographies des objets retrouvés ». – (AFP.)
Pas vraiment. Pleyel reçoit la
Philharmonie de Berlin, le TCE celledeVienne. Laurent Bayle[ledirecteur de Pleyel] privilégie les artistes
établis et vendeurs, alors que je
veux penser avant tout aux jeunes
chefs en lesquels je crois depuis
longtemps : Yannick Nézet-Séguin
et Andris Nelsons, par exemple. Ils
ne sont pas à la tête de formations
reconnues comme vedettes – la
Philharmonie de Rotterdam pour
le premier, le Symphonique de Birmingham pour le second –, mais
leur travail m’a depuis longtemps
passionné. Ils occupent des minirésidences au TCE.
Mais vous accueillez en résidence permanente l’Orchestre national de France…
222 bd Saint-Germain - 75007 Paris - Tél. : 01 42 22 48 48 - www.museedeslettres.fr
Eliane Elias, le chant
de la dame des Amériques
Il a sa propre saison de concerts
etest locataire de la salle. En contrepartie de cette exclusivité, nous
pouvons leur demander la participation gracieuse à deux productions lyriques par an. Cette année,
l’ONF jouera Oberto de Verdi. p
Propos recueillis par
Renaud Machart
et Marie-Aude Roux
Plantudévoilesondessindujour
au micro d’Agnès Soubiran sur France Info
vendredi à 11h45
avec
franceinfo.fr
& vous
0123
Vendredi 11 novembre 2011
29
Irremplaçables stylos
Malgré les smartphones, tablettes et autres gadgets, les stylos n’ont pas disparu de nos vies devenues numériques. Ils sont d’abord des objets de collection
comme ce Golden Rose, de Namiki, qui marie différentes techniques traditionnelles japonaises (9 000 euros). Une rose est sculptée selon la technique taka,
des feuilles sont façonnées avec des coquillages fêlés incrustés et de la nacre
bleutée, la base est saupoudrée d’or et polie (deuxième photo à droite). Caran
d’Ache (troisième photo à droite) propose le 1010 Chrono Sport (7 700 euros),
ou, plus accessible, le RNX.316 (à partir de 156 euros), bec « noir » en acier
inoxydable (photo du bas). Un beau stylo est aussi un signe extérieur de pouvoir. ST Dupont, qui a équipé plusieurs présidents de la République, lance fort
opportunément une nouvelle gamme (à partir de 250 euros) baptisée Elysée
(photos de gauche), recouverte de la précieuse « laque Dupont ». Les stylos
connaissent même des révolutions technologiques. Parker se targue d’avoir
trouvé un cinquième mode d’écriture en plus du stylo plume, du stylo bille,
du roller et du portemine : une pointe métallique au design moderne offrant
une écriture fluide, avec la praticité d’un système de recharge rapide. Baptisé
Ingenuity (à partir de 135 euros), l’objet mélange métal et caoutchouc noir (première photo à droite). p Joël Morio (PHOTOS DR)
Marions-nous… écoresponsables
Roue libre Jean-Michel Normand
Environnement et solidarité font de plus en plus partie des préoccupations des futurs époux
Tendance
R
accourcies, déstructurées,
reconstruites,
réimprimées, rebrodées… Cinquante robes de mariée, provenant
d’Emmaüs et transformées par
des étudiants de l’Ecole Duperré,
école supérieure des métiers du
design, de la mode et de la création, sont présentées au Salon du
mariage et du pacs, qui se tient à
Paris du 11 au 13 novembre. Une
incongruité dans un espace traditionnellement réservé aux
grands noms de la mode et de la
maison.
« Certaines robes ont été créées
à partir de deux anciens modèles,
explique Marie Rochut, professeure à l’Ecole Duperré de Paris.
D’autres ont été entièrement
recouvertes d’éléments décoratifs,
eux-mêmes récupérés ailleurs. » Et
toutes seront en vente. Les recettes seront ensuite reversées, à
parts égales, à Emmaüs, à l’étudiant créateur, et à l’école, pour
financer de nouveaux projets.
Faut-il y voir une provocation ?
Non, répondent les organisateurs
du Salon, mais plutôt le signe
d’une évolution. De nouveaux
comportements plus responsables, plus écolos et moins tournés vers la consommation apparaissent.
L
Sur Internet, on peut
créer une liste de
mariage virtuelle
dont les dons iront
àdes associations
Les gens se marient de plus en
plus tard, autour de 30 ans, et sont
déjà installés quand ils décident
d’officialiser leur union. Finie,
donc, la liste de mariage traditionnelle. Les personnes sont équipées, et l’achat de matériel électroménager fait moins recette. Des
listes, incluant des projets responsables et solidaires, font leur apparition sur Internet.
La société Ameliste propose
ainsi, depuis 2009, une liste de
mariage « responsable ». Elle permet de déposer des dons au profit
d’associations ou d’une mission
humanitaire. « Depuis, la tendance n’a cessé d’augmenter, déclare
Eric Lassus, cofondateur d’Ameliste. De plus en plus de couples souhaitent s’unir autour d’une expérience qui ait un sens. »
Soutenir la réalisation d’une
opération de protection de l’environnement, de scolarisation d’enfants : le geste solidaire fait son
entrée dans les listes de mariage.
Les époux reversent une partie
des dons à Orphelins du monde,
Bibliothèques sans frontières…
Cette tendance est venue
d’outre-Atlantique, notamment à
travers le site Internet Causes. Un
simple clic sur Wishes.causes.com
permet de créer une liste de mariage virtuelle dont les dons iront
aux associations de son choix.
Renault Fluence ZE,
électrique et ordinaire
Une cinquantaine de robes Emmaüs customisées sont présentées au Salon du mariage et du pacs. DR
Par ailleurs, au traditionnel
voyage de noces se substitue le
voyage solidaire avec un tour-opérateur engagé dans un projet caritatif à l’étranger, comme Planète
Urgence ou Arvel voyages. « On a
monté à Bali un voyage orienté
écotourisme avec la découverte de
l’île et une rencontre avec l’association Anak, qui travaille sur la scolarisation des enfants », déclare Emilie Cassar, d’Arvel Voyages, le
voyagiste qui a fondé l’Association pour le tourisme équitable et
solidaire (ATES) en 2006. «Au Vietnam, nous travaillons avec une
association qui s’occupe des
enfants abandonnés. A chaque
fois, 30 euros à 60 euros, selon le
prix du voyage, sont reversés à un
fonds de solidarité qui soutient les
projets locaux. »
« On n’a pas besoin d’être un
spécialiste de l’humanitaire pour
partir sur le terrain », rappelle Ariane Sylvain-Salvador, de Planète Urgence. L’association propose
plusieurs missions, de deux à qua-
Le Salon du mariage et du pacs, à Paris, du 11 au 13 novembre
Salon du mariage et du pacs,
Espace Champerret, Paris 17e.
Du 11 au 13 novembre. Vendredi
de 14 heures à 20 heures, samedi
et dimanche de 10 heures à 19heures. Tarif : 12 euros.
Sur le Web
Salonmariagepacs.com
Emmausavenir.com
Ameliste.fr
Chiffres
243 000 mariages et 203 882 pac-
tes de solidarité (pacs) ont été
organisés en France en 2010
contre respectivement
300 000 et 22 000 en 2000
(source : INED).
31,7 : âge moyen des hommes au
premier mariage ; 29,8 : âge
moyen des femmes au premier
mariage (source : INED, 2009).
12 000 euros : budget moyen
pour un mariage avec 80 invités
(source : Salon du mariage).
tre semaines, en fonction des compétences de chaque voyageur
(informatiques, pédagogiques…)
ou de ses souhaits (protection de
l’environnement…).
Autre tendance récente, elle
aussi venue des Etats-Unis : le
green wedding ou « mariage
vert », qui séduit de plus en plus
de jeunes en France. On part
moins loin, pour limiter l’émission de CO2, on recourt à un traiteur bio, on soutient des projets
écolos, et, le jour « J », on opte
pour une tenue issue du commerce équitable ou en fibres naturelles (coton bio, soie équitable, chanvre, lin, bambou ou encore fibre
de bananier) et des bijoux issus
du commerce éthique. On recycle
d’anciens bijoux en or ou on fait
retailler les diamants de grandmère, on loue une robe pour la
journée…
Green Wedding Time s’est ainsi
spécialisé dans l’organisation
de mariages plus respectueux de
l’environnement. Au fait,
n’oubliez pas le covoiturage pour
vos invités… p
Martine Picouët
a Renault Fluence ZE (pour
« zéro émission ») est une
voiture électrique normale.
Banale, même, puisqu’il s’agit de
la très sage Fluence, une extrapolation de la Mégane avec une malle proéminente. Les 13 centimètres supplémentaires octroyés à
la partie arrière, afin de loger les
batteries sans (trop) rogner sur le
volume du coffre, ne contribuent
pas à alléger la silhouette de cette
longue voiture (4,74 mètres). Cette absence d’originalité mérite
d’être saluée. Car c’est aussi avec
des modèles ordinaires que l’automobile électrique s’intégrera
dans la vraie vie. En attendant
2012 et l’arrivée du quadricycle
Twizy et de la future Zoe – conçus
comme des véhicules 100 % électriques –, la Fluence ZE est la première Renault électrique destinée au grand public. Son prix
(20 900 euros), équivalent à celui
d’une Fluence diesel, se comprend une fois déduite la prime
de 5 000 euros accordée aux véhicules électriques mais n’intègre
pas la location des batteries (à partir de 82 euros par mois). Pour
autant, le coût à l’usage de la
Fluence ZE défie toute concurrence : 1,30 euro aux 100 kilomètres
et des dépenses d’entretien inférieures de 20 % à celles d’un
modèle conventionnel.
Installé aux commandes, on ne
ressent pas vraiment le frisson de
l’innovation technologique.
L’aménagement intérieur n’a
rien d’innovant ni d’affriolant.
L’instrumentation fait dans le
classique, hormis un indicateur
de charge et un discret économètre. Contrairement à d’autres
modèles, l’ordinateur de bord évite d’afficher de trop brutales
variations du calcul de l’autonomie afin de ne pas perturber le
conducteur. Avec une charge complète (10 heures sur une prise
ordinaire, 6 heures sur une Wall
Box, l’équipement de recharge
rapide), il est possible de parcourir jusqu’à 180 kilomètres sur route. En ville, tabler sur 90 kilomètres semble raisonnable. Ces
honorables prestations peuvent
paraître limitées au regard des
performances d’une automobile
à moteur thermique mais elles
sont suffisantes pour réaliser de
petits déplacements. Ces caractéristiques destinent surtout la
Fluence ZE – qui vise essentiellement les marchés israélien et
danois disposant d’un maillage
très développé de stations de
recharge électrique – à des flottes
d’entreprise.
En revanche, conduire une voiture électrique demeure un exercice qui échappe à la banalité. On
Avec une charge
complète,
il est possible
de parcourir jusqu’à
180kilomètres sur
route, 90 en ville
apprécie le silence de fonctionnement et l’agrément de conduite
en dépit du poids (1,6 tonne) de la
Fluence ZE. Tout incite à rouler en
souplesse en mettant à profit l’extrême élasticité du groupe électrique développant 70 kW (environ
95 ch). En pratique, on sollicite à
peine la pédale de frein – l’inertie
du moteur est suffisante – à
condition d’anticiper les aléas du
trafic. Et puis, de temps en temps,
il n’est pas interdit de s’autoriser
un petit plaisir. En accélérant franchement lorsque le feu passe au
vert, on laisse tout le monde sur
place… Avec son couple constant,
le moteur électrique fait instantanément bondir la Fluence ZE. p
La première Renault électrique destinée au grand public. RENAULT
30
météo & jeux
< -10°
-5 à 0°
-10 à -5°
0 à 5°
5 à 10°
Vendredi 11 novembre
Calme et doux
10 à 15°
1000
13 16
50 km/h
D
10 17
4 10
Rennes
11 17
Orléans
3 9
Besançon
11 18
10
15
Clermont-Ferrand
Limoges
7 18
9 18
H
Londres
1
10
1010
Lyon
Montpellier
Marseille
11 17
13 19
Ankara
10 18
Aujourd’hui
Front froid
Occlusion
Thalweg
Lever 17h24
Coucher 08h34
9 15
10 16
10 18
11 20
3 13
18
13 22
9 17
14 20
13 18
Amsterdam
Athènes
Barcelone
Belgrade
Berlin
Berne
Bruxelles
Bucarest
Budapest
Copenhague
Dublin
Edimbourg
Helsinki
Istanbul
Kiev
La Valette
Lisbonne
Ljubljana
Londres
Luxembourg
Madrid
Moscou
Nicosie
Oslo
Prague
Reykjavik
largementdégagé
éclaircies
largementdégagé
largementdégagé
brouillard
nuagesbas
largementdégagé
largementdégagé
largementdégagé
beautemps
averseslocales
éclaircies
largementdégagé
averseslocales
souventdégagé
averseslocales
aversesmodérées
largementdégagé
souventdégagé
souventdégagé
souventdégagé
trèsnuageux
largementdégagé
brouillard
beautemps
pluiemodérée
6
15
15
8
2
6
5
-1
-1
6
12
8
4
8
-3
17
17
8
10
4
10
-1
16
7
-1
5
10
16
21
10
8
8
13
6
7
7
13
11
6
10
1
18
18
9
14
8
17
2
23
9
6
9
Riga
Rome
Sofia
Stockholm
Tallin
Tirana
Varsovie
Vienne
Vilnius
Zagreb
11
17
11
17
9
15
Ile-de-France
9
16
8
14
7
14
Nord-Est
2
11
0
10
-1
9
Sud-Ouest
13
20
13
20
12
17
Sud-Est
7
16
8
16
9
16
1 5
13 19
4 7
3 6
5 7
10 15
-3 4
2 6
-4 4
5 8
souventdégagé
largementdégagé
souventdégagé
largementdégagé
éclaircies
largementdégagé
beautemps
beautemps
beautemps
souventdégagé
Dans le monde
Alger
12
beautemps
Amman
6
largementdégagé
Bangkok
27
souventdégagé
Beyrouth
19
souventdégagé
Brasilia
19
risqueorageux
Buenos Aires beautemps
10
Dakar
26
souventdégagé
Djakarta
25
risqueorageux
Dubai
23
beautemps
Hongkong éclaircies
18
Jérusalem beautemps
8
Kinshasa
24
fortepluie
Le Caire
16
beautemps
Mexico
7
souventdégagé
Montréal
aversessporadiques 4
Nairobi
16
averseslocales
Jérusalem
22
19
32
23
26
22
28
30
27
24
18
24
25
22
5
24
New Delhi
New York
Pékin
Pretoria
Rabat
Rio de Janeiro
Séoul
Singapour
Sydney
Téhéran
Tokyo
Tunis
Washington
Wellington
largementdégagé
souventdégagé
souventdégagé
beautemps
largementdégagé
souventdégagé
aversesmodérées
averseslocales
souventdégagé
largementdégagé
fortepluie
largementdégagé
beautemps
souventdégagé
20 30
9 11
3 14
18 28
16 25
23 30
11 15
25 33
18 21
4 12
12 13
16 22
8 11
11 17
Cayenne
Fort-de-Fr.
Nouméa
Papeete
Pte-à-Pitre
St-Denis
averseslocales
largementdégagé
souventdégagé
risqueorageux
risqueorageux
risqueorageux
24
27
22
26
26
24
Outremer
32
30
25
27
30
28
Météorologue en direct
au 0899 700 703
1,34 € l’appel + 0,34 € la minute
7 jours/7 de 6h30-18h
En vente cette semaine
Mardi
Nord-Ouest
Beyrouth
1015Le Caire
Jours suivants
Dimanche Lundi
D
Tripoli
Tripoli
Islande Vents violents, pluies abondantes et douceur s’imposeront
9 18
7
A
Dépression
Front chaud
Samedi
Les conditions météo n'évolueront pas
beaucoup et resteront anticycloniques.
Brumes, brouillards et nuages bas seront
nombreux le matin. Ils se dissiperont pour la
plupart avant la mi-journée pour laisser place
à de belles éclaircies, sauf dans l'est où ils
seront plus tenaces. Le ciel restera chargé près
du golfe du Lion et quelques pluies arroseront
le Languedoc et les Cévennes. Une
perturbation frôlera la Bretagne où il pleuvra
un peu. Il fera toujours aussi doux.
D
12 17
Ajaccio
35 km/h
Lever 07h52
Coucher 17h14
Saint Martin
Coeff. de marée 79/79
Anticyclone
En Europe
13 18
Athènes
Tunis
Tunis
Rabat
Nice
Perpignan
Températures à l’aube 1 22 l’après-midi
Istanbul
1025
Alger
A
Toulouse
Bucarest
Sofia
Rome
Barcelone
Barcelone 1020
Séville
5 16
10 21
16 22
5
Odessa
1030
Zagreb
Belgrade
Madrid
Bordeaux
Biarritz
Berne
Lisbonne
Lisbonne
Grenoble
20 km/h
Budapest
Milan
Chamonix
7 17
Kiev
1035
Munich Vienne
Paris
1005
0 14
Moscou
Copenhague
Minsk
Amsterdam Berlin
Varsovie
Prague
Bruxelles
Dublin
990
995
1000
5 12
10 18
35 km/h
5 14
Dijon
Poitiers
D
Strasbourg
1025
8 17
St-Pétersbourg
A
Edimbourg
Metz
9 17 1020
Un 11 cerclé de noir en guise de photo de profil. Une maigre activité
Riga
6 14
PARIS
Nantes
Onz’ fait un vœu?
Helsinki
Oslo
Stockholm
N° 5 MOZART
GRANDE MESSE EN UT
Direction : Ferenc Fricsay
REQUIEM
Direction : Bruno Walter
pour cette page Facebook créée fin octobre et que 11 646 personnes ont
déjà rejointe. Son nom ? « Faut pas qu’on rate le 11 novembre 2011 à
11:11 » (tinyurl.com/c8x9z7a). Quelques photos se battent en duel, celles
de pendules numériques figées sur un « 11:11 » et une invitation à faire
« le vœu le plus mémorable de l’année » à 11 h 11 et 11 secondes précises.
Même heure, même date. « Le début de ce nouveau millénaire a marqué
le début de dates intéressantes en matière de format », souligne le site
timeanddate.com (tinyurl.com/bsuh6fl). A elle seule, l’année 2011 nous
a offert trois occasions de faire un vœu avec des dates aux mêmes
séquences ou chiffres, tels les 11/1/11, 1/11/11 et 11/11/11. Déjà, 2010 nous
avait gratifié d’un 10/10/10 à 10:10 et même d’un 20/10/2010 à 20:10.
Pour ma part, j’ai guetté, en toute futilité, cette date séquentielle du
9/10/11 égrenant les 14 secondes qui ont suivi 12:13. Et en matière de
date pleinement palindrome, avez-vous accordé quelque intérêt à la
date du 10/02/2001, qui s’est tout de même fait attendre 809 ans
(tinyurl.com/bwuyerd) ? Et dire que Valéry Giscard d’Estaing a choisi le
20 février 2002 pour inaugurer le parc Vulcania, « poussant le “palindromisme” jusqu’à l’heure de la cérémonie qui se déroula à 20:02 » !
(tinyurl.com/czj4ew) Une seule date du genre approche encore,
qu’aucun de nous ne verra en temps réel : le 21/12/2112 à 21:12.
Même date, autre vœu. « Le 11 novembre nous est une date bien connue
parce qu’elle marque la fin de la première guerre mondiale, peut-on lire
sur le blog Framablog, dédié au logiciel libre. Mais cette année, dans un
format de date à 6 chiffres, elle s’écrira 11/11/11, à savoir une magnifique
et parfaite date binaire. » De cette « excuse numérique » est née une initiative d’internautes hispanophones libristes qui célébreront ce
11 novembre « le début du siècle du logiciel libre »
(tinyurl.com/6whfmjh). En ce 11/11/11, chacun y va de ses vœux ! p
Courriels
Société Kafka et le bizutage
Dans sa nouvelle fantastique La Colonie pénitentiaire (1914), Franz Kafka imagine, dans un camp disciplinaire, une machine infernale sophistiquée qui, au moyen d’aiguilles programmées, grave dans le corps des
condamnés, jusqu’à ce que mort s’ensuive, la sentence morale qu’ils ont
transgressée. Au-delà de ses visions et fantasmes personnels, le génial
écrivain semble anticiper la sauvagerie implacable et minutieusement
organisée des futurs camps d’extermination. Lors du récent bizutage de
Paris-Dauphine, les médias nous ont appris, qu’à l’aide d’une capsule de
bouteille, un étudiant avait gravé dans la peau du dos d’un de ses camarades, le sigle insignifiant d’une association. Un parallèle vertigineux :
d’un côté, l’expression géniale et magistrale du monde intérieur visionnaire d’un maître de la littérature. De l’autre, la mise en œuvre choquante d’une insondable stupidité, d’un arbitraire insensé et barbare, auquel
il faut impérativement et sans tarder mettre un terme définitif : le « bizutage ». Jean Bérard, Anglet (Pyrénées-Atlantiques)
Les soirées télé
Les jeux
Mots croisés n˚11-269
Sudoku n˚11-269
Solution du n˚11-268
Jeudi 10 novembre
TF 1
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3
4
5
6
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8
9
3
10 1 1 12
1
I
4
8
6
II
3
III
V
VI
VII
VIII
IX
X
Horizontalement
I. Crée le désordre et pousse dans
la descente. II. Mis en appétit.
Egalement mais avant. III. Donne
le ton. Le maître et tous ses élèves.
IV. Sorties du troupeau. Ne pourra
plus fonctionner. V. Monstre de
papier. Pas souvent entendu.
VI. Transformé en salpêtre. Très
long ruban africain. VII. Le poste
de nos grands-parents. Support
provisoire. VIII. Structure
d’entreprise. Redouble. IX. Lutta
activement pour ses idées.
Prendre son temps avant de se
décider. X. Risquent de faire
beaucoup d’éclats. Sorties de la
caisse.
Verticalement
1. Quand le vert passe au rouge.
2. Se retrouve dehors. Ne doit pas
venir à manquer. 3. Chlore.
Conquête sociale. Pourra donc
être approuvé. 4. Prise de tête peu
académique. 5. Partie de la pièce.
Support de cadavres en cave.
Encadre tout. 6. Porteur d’étoile.
Genre musical. 7. Toujours dans la
lune. 8. Gouffre en région. Essence
des forêts tropicales.
9. Productions ouvrières. D’un
auxiliaire. 10. Rapprochements
amoureux. 11. Refus à Londres.
Coiffures vaticanes. 12. Travaillent
en sous-sol.
Philippe Dupuis
Solution du n° 11 - 268
I. Criminologue. II. Hélicon. Rapt.
III. Ipéca. Cibler. IV. Ers. Rôtie. Râ.
V. Ni. Déni. Sein. VI. Aspe. Dos.
CSG. VII. Sel. Ponctuel. VIII. Oc.
Armée. IX. Immodestie.
X. Sablera. Peur.
6
5
8
IV
Horizontalement
Vendredi 11 novembre 2011
C’est tout Net! Marlène Duretz
> 35°
A
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Châlonsen-champagne
9 16
13 15
30 à 35°
1035
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Rouen
Brest
25 à 30°
Reykjavik
Amiens
Caen
20 à 25°
11.11.2011 12h TU
6 14
40 km/h
15 à 20°
En Europe
Lille
Cherbourg
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écrans
Verticalement
1. Chien-assis. 2. Reprise. Ma.
3. Iles. Plomb. 4. Mic. Dé. Col.
5. Icare. De. 6. Nô. Ondoyer.
7. Onction. Sa. 8. II. Scat. 9. Orbes.
Trip. 10. Gal. Ecumée. 11. Upérisée.
12. Etrangleur.
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Difficile
20.50 Football.
Episode 9. Présenté par Denis Brogniart.
22.40 Spécial bêtisier. Divertissement.
0.00 New York police judiciaire.
Série. Usurpation d’identité V. Les Dessous
de l’affaire (saison 18, 17 et 18/18, 95 min).
France - Etats-Unis. Match amical. En direct
du Stade de France, à La Plaine-Saint-Denis.
23.05 L’amour est aveugle.
Episode 4. Télé-réalité (120 min) U.
FRANCE 2
FRANCE 2
20.35 Envoyé spécial.
Au sommaire : Gaspillage alimentaire : plongée
dans nos poubelles ; Grèce : moins belle la vie...
22.05 Complément d’enquête.
Médicaments, contre-enquête sur un scandale.
23.10 et 0.55 Infrarouge.
Piégés. Documentaire (2011) U.
S’entendre avec les sourds. Documentaire.
Olivier Le Mab (France, 2009, 90 min).
Loto
20.40 Duplicity p
8, 12, 17, 23, 37 ; numéro chance : 2.
Rapports :
5 bons numéros et numéro chance : pas de gagnant ;
5 bons numéros : 48 185,90 ¤ ;
4 bons numéros : 728,20 ¤ ;
3 bons numéros : 7,70 ¤ ;
2 bons numéros : 4,30 ¤ ;
Numéro chance : grilles à 2 ¤ remboursées.
Joker : 7 343 968.
Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions
datées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.
Tous les jours Mots croisés et sudoku.
FRANCE 3
Film Tony Gilroy. Avec Julia Roberts, Clive
Owen, Tom Wilkinson (EU - All., 2008).
22.50 Soir 3.
23.20 Tout le monde dit I love you pp
Film Woody Allen. Avec Goldie Hawn, Alan Alda,
Woody Allen (Etats-Unis, 1996, 101 min).
CANAL +
20.55 The Event.
Série. Sacrifices (S1, 15 et 16/22, inédit) U.
22.20 Shameless. Série.
Les Indemnités de la discorde (S1, 9/12, inédit) U.
23.05 Mad Men. Série (S4, 11/13, inédit).
23.55 Cellule 211
Film Daniel Monzón. Avec Carlos Bardem, Luis
Tosar (Espagne - France, 2009, 105 min) V.
ARTE
Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13
Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;
télécopieur : 01-57-28-21-21
Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;
Par courrier électronique : [email protected]
Médiateur : [email protected]
Abonnements : par téléphone : de France 32-89
(0,34¤ TTC/min) ; de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89.
Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/
Tarif 1 an : France métropolitaine : 394 ¤
Internet : site d’information: www.lemonde.fr
finances : http://finance.lemonde.fr
Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.fr
Documentation : http ://archives.lemonde.fr
Collection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40
Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60
TF 1
20.50 Koh-Lanta.
Complétez toute la
5
7
6 2 8 9
grille avec des chiffres
allant de 1 à 9.
2
Chaque chiffre ne doit
être utilisé qu’une
9 6
7 5 seule fois par ligne,
par colonne et par
6
7 4
2
carré de neuf cases.
Réalisé par Yan Georget (http://yangeorget.blogspot.com)
Résultats du tirage du mercredi 9 novembre .
Vendredi 11 novembre
20.40 Down in the Valley p
Film David Jacobson. Avec Edward Norton,
Evan Rachel Wood, David Morse (EU, 2005).
22.30 Pop culture - Bomb it (2007)
23.25 Tracks. Magazine.
0.20 24/7 : The Passion of Life
Film Roland Reber. Avec Mira Gittner, Marina
Anna Eich (Allemagne, 2005, v.o., 115 min).
M6
20.50 The Good Wife. Série.
Une proposition indécente. Traitement de choc.
Mauvaises filles. Sur écoute (S2, 5 à 8/23, inédit).
0.00 Damages. Série (S1, 1à3/13, 171min) U.
20.35 Deux flics sur les docks.
Les Anges brisés. Téléfilm. Edwin Baily. Avec
Jean-Marc Barr, Bruno Solo (France, 2011) U.
22.15 Un jour, un destin.
Serge Gainsbourg : le prix de la gloire. Magazine.
0.00 Taratata.
1.25 Journal, Météo (15 min).
FRANCE 3
20.35 Thalassa.
Depuis Saint-Brieuc. Magazine. Au sommaire :
Saint-Brieuc, entre ciel et mer ; Paroles de Yelle...
22.40 et 3.05 Soir 3.
23.05 Vendredi sur un plateau !
Talk-show. Invité : Pierre Bellemare (120 min).
CANAL +
20.50 Kiss & Kill p
Film Robert Luketic. Avec Ashton Kutcher,
Katherine Heigl, Tom Selleck (EU, 2010).
22.30 Que justice soit faite p
Film F. Gary Gray. Avec Gerard Butler, Jamie
Foxx, Leslie Bibb, Bruce McGill (EU, 2009) V.
0.15 Borgia.
Série. Episodes 9 et 10 (S1, 9 et 10/12, 110 min) V.
ARTE
20.40 Spécial 11-Novembre Allemagne 1918.
Téléfilm. Bernd Fischerauer. Avec Jürgen Tarrach, Mathieu Carrière [1 et 2/2] (All., 2010).
23.40 Paris 1919. Un traité pour la paix.
Documentaire. Paul Cowan (Fr. - Can., 2008).
1.15 Court-circuit.
Au sommaire : « Vieille Courge », de Claire Sichez ;
« Ninouche », de Valérie Massadian... (65 min).
M6
20.50 NCIS.
Série. Plaisirs coupables. Justice parallèle.
Une vieille histoire (S7, 19, 20 et 22/24) U.
Terrain miné (S2, 5/23) U. Avec Mark Harmon.
0.05 Nip/Tuck.
Série. Péché originel W. Les Nouveaux Riches V
(S4, 4 et 5/15). Avec Julian McMahon (105 min).
0123
carnet
Vendredi 11 novembre 2011
Jean-Claude BUCHOTTE
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AU CARNET DU «MONDE»
nous a quittés ce 8 octobre 2011 pour aller
voir ailleurs si les gens ont moins
de certitudes.
Avec le bois dont il s’est toujours
chauffé, son corps a été incinéré à Paris,
le 11 octobre 2011.
De la part de
Jacqueline Buchotte,
son épouse
Ses enfants
Et petits-enfants.
199, avenue Victor Hugo,
92140 Clamart.
La présidente
de l’université Paris Est-Créteil,
Le doyen de la Faculté de médecine,
Les membres du conseil de gestion
de la Faculté de médecine,
Les personnels enseignants
et administratifs
ont la tristesse de faire part du décès,
survenu le 5 novembre 2011, de
M. Alain CASTAIGNE,
professeur des Universités praticien hospitalier,
ancien chef du service de cardiologie
de l’hôpital Henri Mondor,
chevalier de la Légion d’honneur.
La cérémonie religieuse a eu lieu le
jeudi 10 novembre, à 11 h 30, en l’abbaye
Saint-Étienne de Bassac (Charente).
Ni fleurs ni couronnes.
Annie (†) et Guy Blanco,
Maylis et Daniel Demerlé,
Christine et René (†) Choutet,
Anne et Xavier (†) Choutet,
Bénédicte et Philippe-Antoine Choutet,
Brigitte Choutet,
Marie-Christine et Patrick Choutet,
ses enfants,
Ses cinquante-neuf petits-enfants
Et soixante-huit arrière-petits-enfants,
font part du décès de
Mme Armand CHOUTET,
née Maïté LARREZET,
Naissance
Claire NOUILHAN
et Daniel DOS ANJOS
ont la joie d’annoncer la naissance de
Élise,
survenu le lundi 7 novembre 2011,
à l’âge de cent deux ans.
Ses obsèques seront célébrées le lundi
14 novembre, à 10 h 30, en la chapelle
du Sacré-Cœur de l’église Notre-Dame,
rue Sainte-Geneviève, à Versailles.
L’inhumation aura lieu le mardi
15 novembre, à l’issue d’une cérémonie
religieuse, en l’église de Saint-CricqChalosse (Landes), à 14 h 30.
le 23 octobre 2011
5, rue Monplaisir,
31400 Toulouse.
Décès
La direction de RFI
Et l’ensemble des journalistes
de la rédaction,
ont la profonde tristesse de faire part
de la disparition de
Ali Bey BOUDOUKHA /
Amar BEN SALEM,
journaliste et correspondant de RFI
à Alger depuis 1994,
survenue à Paris, le 9 novembre 2011,
à l’âge de soixante ans.
Grand, calme, Ali Bey Boudoukha avait
une allure quasi seigneuriale.
Une veste posée nonchalamment
sur les épaules, comme une cape, un fumecigarette au bout des doigts, la voix chaude
et surtout un sourire éclatant avec une
pointe d’ironie.
Celle de ceux qui en ont vu d’autres
mais qui, par pudeur et orgueil, cache
un vrai courage.
Ainsi, en 1988, alors que l’Algérie
se révolte contre le régime de parti unique,
que des émeutes éclatent un peu partout,
Ali Bey Boudoukha, journaliste à la radio
nationale décide avec un petit groupe
de confrères de rester fidèle au poste.
Il reste fidèle derrière le micro
pour donner la parole aux contestataires,
pour parler de la répression musclée
et même meurtrière des forces de sécurité.
Le régime se démocratise, le
multipartisme est instauré, Ali Bey
Boudoukha devient rédacteur en chef
à la radio nationale.
Il crée le premier syndicat libre
de journalistes, le MJA. Ce sont les années
d’espoir.
Mais avec l’interruption du processus
démocratique fin 1991 arrivent les années
de sang.
Ali Bey Boudoukha quitte la radio
nationale et entre à RFI en 1994.
Comme à d’autres journalistes,
les autorités lui proposent d’être logé dans
un quartier hautement sécurisé. Il refuse.
Il tient à son indépendance.
Il se méfie autant du système
que des terroristes islamistes mais surtout,
comme le dit un de ses confères, il est droit
et extrêmement rigoureux. Bien sûr,
il vivait très difficilement cette tragédie
algérienne, on le sentait même parfois
découragé mais il restait présent.
Pierre, Claire et Claude,
ses enfants,
Aurélia,
sa petite-fille,
Elisabeth, Flore et Isadora,
ont la tristesse de faire part du décès de
Jean DELANNOY,
survenu le 4 novembre 2011,
à l’âge de quatre-vingt-neuf ans.
Comme pour son épouse,
Marie,
disparue le 28 janvier 2011,
un dernier hommage lui sera rendu
au crématorium du cimetière du PèreLachaise, le lundi 14 novembre,
à 14 h 45.
44, rue de la Clef,
75005 Paris.
Yvonne,
sa femme,
Jean-Pierre et Yvon,
ses fils,
Letizia, Pierre et Olivier,
ses petits-enfants,
ont la tristesse d’annoncer le décès du
commandant Pierre LEPIDI,
officier de la Légion d’honneur,
médaillé de la croix de guerre
avec citations (guerre 1939-1945),
médaillé de la croix de guerre des théâtres
d’opérations extérieures (TOE)
avec citations (Indochine),
survenu le lundi 7 novembre 2011.
Une cérémonie religieuse sera célébrée
le lundi 14 novembre, à 15 h 30, en l’église
de Tallone (Haute-Corse).
Cet avis tient lieu de faire-part.
Cécile et Maurice Lissek,
Marguerite Lissek,
Gilles, Hervé, Anne et Lola,
Doris et Charles Dahan
et leurs enfants,
Lily et Luc Chemla
et leurs enfants,
ont la douleur de faire part du décès de leur
fils, mari, père, frère et grand-père,
Jean LISSEK,
Bénédicte Sauvadet-Champeil,
son épouse,
Marie et Michael,
Camille et Benjamin,
ses filles et leurs compagnons,
Marie-Anne Sauvadet,
sa maman,
Jean-François et Arlette,
Jacques et Gisèle,
ses frères et belles-sœurs,
Les familles Cornet et Prochasson,
ont la profonde tristesse de faire part
du décès subit de
Michel SAUVADET,
survenu le 31 octobre 2011, à Maussane.
Ses cendres seront inhumées le samedi
12 novembre, au cimetière de Chatoillenot
(Haute-Marne).
Doris Klausmann Simon,
son épouse,
Aurélia et Colas Engel,
sa fille et son gendre,
Cécilia et Lorenzo Provvedini,
ses petits-enfants,
Françoise Gilot,
leur grand-mère,
Jacques Benoit-Barnet,
son ami fidèle,
Vera, Alfred et David Klausmann,
Otto et Barbara Weiss
et leur famille,
Georgis Zwach
et sa famille,
Les familles Marq, Lelarge
et Le Tixerant
Et toute sa famille d’amis,
ont la tristesse de faire part du décès de
Luc SIMON,
survenu le 5 novembre 2011,
à l’âge de soixante-six ans.
survenu le 5 novembre 2011,
à l’âge de quatre-vingt-sept ans.
Les obsèques ont eu lieu le
7 novembre.
Les obsèques auront lieu le samedi
12 novembre, en l’église de Lucy-surYonne, à 14 h 30.
Laure Pitti et Jean-Philippe Mazaud,
leurs parents,
Livia,
leur grande sœur,
Une cérémonie à sa mémoire
sera célébrée le vendredi 25 novembre,
à 11 heures, en l’église Saint-Sulpice,
à Paris 6e.
ont l’immense douleur de faire part
du décès, le vendredi 28 octobre 2011, de
Louise et Antoine,
nés trop petits pour vivre.
« De même qu’une goutte d’eau
contient déjà tout l’océan,
les vies minuscules, avec leurs débuts
si brefs, leur infime zénith,
leur fin rapide, n’ont pas moins de sens
que les longs parcours. »
Françoise Chandernagor, La Chambre.
Nous vous portons à jamais dans nos
cœurs.
Laure Pitti et Jean-Philippe Mazaud,
80, rue d’Hautpoul,
75019 Paris.
Maisons-Laffitte.
Manuela Michaud,
son épouse,
Audrey Michaud,
sa fille,
Micheline Michaud,
sa mère,
Toute sa famille
Et ses amis,
Cet avis tient lieu de faire-part.
Doris Klausmann Simon,
38, rue des Saints-Pères,
75007 Paris.
3, route de Coulanges,
89480 Lucy-sur-Yonne.
Aurélia Engel,
30 EML, Sommerville,
02143, MA, USA.
Andrée Tordjman,
Olivier Tordjman,
Dominique Houziel-Tordjman,
Rafaèle et André Baruchel,
Julia Tordjman,
Thomas Houziel,
Ulysse, Nil, David et Noé Baruchel,
Les familles Tordjman, Abihssira,
Benhamou, Benitah, Baruchel, Houziel,
ont l’immense douleur d’annoncer
la disparition de
Joseph « Zouzou » TORDJMAN,
survenue le mercredi 9 novembre 2011,
après un combat de trois ans et demi,
combat mené avec une volonté et une
dignité exceptionnelles.
La levée de corps aura lieu le jeudi
10 novembre, à 12 heures, au 26, rue
Parmentier, à Neuilly-sur-Seine.
Les obsèques auront lieu à Jérusalem,
le 11 novembre.
Annie
GRAZIETTI-JEANBRAU.
Oran, le 25 décembre 1942,
Montpellier, le 11 novembre 1985.
Souvenir.
Il y a un an, le 10 novembre 2010,
Alice LEFORT
nous quittait, à l’âge de dix-neuf ans.
ont la tristesse de faire part du décès de
ont la douleur de faire part du décès de
René MICHAUD,
survenu à l’âge de soixante et un ans.
ont la douleur de faire part du décès du
La cérémonie religieuse aura lieu
le mardi 15 novembre 2011, à 10 heures,
en l’église Saint-Nicoals de MaisonsLaffitte.
Ni fleurs ni couronnes.
Michel GUÉRIN,
avocat honoraire,
survenu le 5 novembre 2011,
à Versailles.
La cérémonie religieuse, suivie
de l’inhumation, ont eu lieu à Nieul-surMer, le mercredi 9 novembre, dans
l’intimité familiale, selon sa volonté.
7, allée Le Blason,
78590 Noisy-le-Roi.
Flat 7,
81 Onslow Saquare,
SW7 3LT Londres.
Aix.
Mme Thérèse Jeannette,
son épouse
Et toute sa famille,
ont le chagrin de faire part du décès de
M. André JEANNETTE,
ingénieur civil des Mines,
chevalier dans l’ordre national du Mérite,
Ali Bey Boudoukha sera inhumé
au cimetière de Thiais (Val-de-Marne),
ce jeudi 10 novembre, à 15 heures.
survenu le 7 novembre 2011,
à l’âge de quatre-vingt-cinq ans.
RFI rend hommage à cet ami et confrère
et s’associe à la douleur de son épouse,
de ses trois enfants et de ses proches.
Selon ses dernières volontés, ses
obsèques ont eu lieu dans la plus stricte
intimité.
M Jeanne Zahler,
M. et Mme Jean-Louis
et Elisabeth Tellier,
leurs enfants, Alizée et Mallory,
M. et Mme Marc et Irène Zahler,
leur fils, Nicolas,
12, avenue de Lavoisier,
78600 Maisons-Laffitte.
Catherine Fauvet, Hélène Weisse,
Nicolas Milosevic,
ses enfants,
Marc-Alexis, Guillaume, Vincent, Jean,
Pierre,
Thomas, Sylvain, Gilles, Virginie
et Marion,
ses petits-enfants,
Charles, Pierre-Hadrien, Eugénie,
Benjamin,
Inès, Clara, Lucile, Félix, Rafaelle,
Alexandra,
Nicolas, Pierre, Célian, Blandine,
ses arrière-petits-enfants,
ont la tristesse de faire part du décès,
dans sa quatre-vingt-seizième année, de
Renée MILOSEVIC,
docteur
Jean-Pierre ZAHLER,
survenu le 8 novembre 2011.
L’inhumation se fera dans l’intimité
de la famille ce jeudi 10 novembre,
au cimetière de Bagneux.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Remerciements
se souviennent.
Hommage
A
Alain CASTAIGNE,
au nom de tous tes élèves de la Fédération
de cardiologie et tous ceux qui t’ont aimé.
Chef de clinique chez M. Vernant
à l’hôpital Henri Mondor en 1974,
professeur des Universités en 1985 et chef
de service en 1989, tu as réuni très tôt
les différents services de cardiologie
en une Fédération unique de gestion.
La dynamique était lancée et perdure
aujourd’hui.
Tes qualités d’analyse faisaient de toi
un enseignant hors pair. Tu as œuvré
à l’échelle nationale dans les instances
de la cardiologie et dans différentes revues
didactiques. T’écouter était un bonheur,
chaque exposé était clair, étayé par une
connaissance approfondie de la littérature
et amenait à des conclusions limpides
pour l’auditoire. Ton parcours d’enseignant
à la faculté est toujours loué par tes anciens
étudiants.
Il est temps de te dire au revoir, tu vas
nous manquer mais tu nous as appris tant
de choses que tu resteras longtemps dans
nos mémoires et surtout dans nos cœurs.
Fédération de cardiologie,
CHU Henri Mondor,
Jean-Luc Dubois-Rande.
Conférences
Grande Loge de France
Cycle de conférences
« Enjeux et perspectives »
Le peuple-monde, destins d’Israël,
par Alexandre Adler,
historien et journaliste,
le lundi 14 novembre 2011,
à 20 heures,
Grand Temple
de la Grande Loge de France,
8, rue Puteaux, Paris 17e.
Le Collège des Études juives
de l’Alliance israélite universelle.
Conférence inaugurale,
« Abraham, étranger-résident »,
avec Raphaël Draï, Éric Nataf,
Florence Taubmann,
Shmuel Trigano, Marie Vidal,
le dimanche 13 novembre 2011,
de 14 h 15 à 18 h 30,
accueil à partir de 13 h 45.
Auditorium
du Centre Alliance Edmond J. Safra,
6 bis, rue Michel-Ange, Paris 16e,
(Métro Michel-Ange Auteuil).
(PAF.) : 15 euros.
Réservations : 01 53 32 88 55.
Roger TALLON,
Nicole Tallon remercie tous ceux qui
ont partagé son chagrin.
Grande Loge de France
Commission des droits
de l’homme et du citoyen
Pierre CITRON,
nous quittait.
Son sourire nous habite toujours.
De l’instruction à l’éducation :
quelle école pour demain ?,
par Rama Yade, ancienne ministre,
née BORIE.
La cérémonie religieuse sera célébrée
le jeudi 10 novembre 2011, à 11 heures,
en l’église de Tourtour (Var), par le frère
Didier Vernay o.p.
Suzanne,
sa femme,
Ses enfants,
Ses petits-enfants,
Toute la famille
Et les amis.
16 novembre 2011 :
La philosophie ne prêche pas,
par François Jullien,
23 novembre :
L’ordre de la passion,
deuxième partie,
par Patrick Hochart,
14 décembre :
À quoi sert l’impossible,
par Étienne Klein.
Les séances ont lieu le mercredi,
de 12 h 30 à 14 heures.
Événement organisé
par la Bibliothèque François-Mitterrand,
l’université Paris Diderot
et la Fondation maison des sciences
de l’Homme, Chaire de l’altérité.
Entrée libre.
Bibliothèque François-Mitterrand,
Petit auditorium,
Paris 13e.
Communications diverses
Entretiens des Grands Moulins :
Jean Claude Ameisen et Claude Régy,
rencontre animée par Catherine Vincent.
Les couleurs de l’oubli.
Notre mémoire est à la fois l’empreinte
de ce que nous avons vécu
et la modification que cette empreinte
a provoquée.
Notre mémoire est la preuve vivante
que nous devenons autres.
Mercredi 23 novembre 2011,
de 18 h 30 à 20 h 30,
amphithéâtre Buffon,
15, rue Hélène-Brion, Paris 13e.
Entrée libre sur réservation :
[email protected]
Passion amoureuse
samedi 19 et dimanche 20 novembre 2011,
de 9 heures à 18 heures,
à l’ASIEM,
6, rue Albert de Lapparent, Paris 7e.
Hourya Abdelouahed, Eliane Allouch,
Patrick Avrane, Marie-Christine Baffoy,
Marcianne Blévis, Delphine Bouit,
Monica Broquen, Chantal Chassat,
Angélique Christaki, Najate Christeller,
Michel Cresta, Monique David-Ménard,
Colette Deblé, Irène Diamantis,
Annie Franck,
Françoise Frontisi-Ducroux,
Liliane Gherchanoc,
Suzanne Ginestet-Delbreil,
Dominique Guyomard,
Patrick Guyomard, Jean-Michel Hirt,
Daniel Koren, Gloria Leff,
Alain Lemosof, Marion Lévy,
Françoise Marceau, Ahmed-Farid Merini,
Anne Minthe, Catherine Muller,
Philippe Porret, Kathy Saada,
Monique Schneider, Sylvie Sesé-Léger,
Serge Soriano, Agnès Verlet.
Entrée : 120 € (étudiant : 50 €).
Renseignements : 01 43 22 12 13,
site : www.spf.asso.fr
Inscription sur place possible.
Cycle de conférences-débat
RENDEZ-VOUS DE CRISE
« Banqueroute : qui doit payer ? »
le lundi 14 novembre 2011,
de 19 heures à 21 heures,
avec Marie-Laure Legay, Benoît Cœuré,
Gérard Beaur, Pierre-Cyrille Hautcœur.
Amphithéâtre de l’EHESS
105, boulevard Raspail, Paris 6e.
13, avenue de La Bourdonnais,
75007 Paris.
Anniversaires de décès
Cours méthodique et populaire,
de philosophie
2011/2012.
Société de psychanalyse freudienne
Journées d’études
Très touchée par les manifestations
de soutien qu’elle a reçues lors du décès de
Le 10 novembre 2010,
il y a un an déjà,
Cours
30 novembre :
Le désir de savoir,
par Bernard Sichère,
Ses parents
Et ses amis
me
Odille Guérin,
son épouse,
Anne et Sunay Yildiz,
ses enfants,
Inès, Alfan et Téoman,
ses petits-enfants,
Mme Claude Pequin,
sa belle-mère,
M. et Mme Christian Pequin
et leurs enfants,
ses beau-frère, belle-sœur et nièces
Ainsi que toute la famille,
31
le jeudi 17 novembre 2011,
à 18 heures,
Grand Temple
de la Grande Loge de France,
8, rue Puteaux, Paris 17e.
Entrée libre
dans la limite des places disponibles
accueil 15 minutes avant
Inscription obligatoire auprès de
[email protected]
Programme complet :
www.editions.ehess.fr
Journée du Fonds Ricœur / Institut Goethe
lundi 14 novembre 2011,
de 9 h 30 à 17 heures.
L’éthique de Schleiermacher
avec J.-M. Tétaz, H. Wismann, A. Lask,
W. Jaeschke, D. Korsch, Ch. Berner.
Amphithéâtre - IPT Faculté de théologie
protestante de Paris,
83, boulevard Arago, Paris 14e.
Entrée libre.
32
0123
0123
Vendredi 11 novembre 2011
Une relique au secours
de la dénatalité
Lettre de Russie
Marie Jégo
S
ofia avait 19 ans quand elle est tombée enceinte. Le père ne voulait pas
de l’enfant, la famille non plus. « Ta
vie sera gâchée », lui a expliqué sa mère.
« Si tu gardes l’enfant, tu peux faire une
croix sur tes études », a renchéri sa grandmère. Petit ami, amies, proches l’incitaient à se faire avorter. Pour Sofia, il n’en
était pas question.
La jeune femme a tenu bon. Elle a
accouché d’une petite fille qui a 5 ans
aujourd’hui. Il lui a fallu interrompre ses
études de médecine, elle a fini par trouver un travail dans le tourisme. Sofia ne
regrette rien : « J’ai choisi la vie plutôt que
l’absence de vie. »
Pourtant, elle est pour l’avortement :
« Personnellement, je n’ai pas voulu y
recourir, mais je considère que c’est l’affai-
re de chaque femme. » Sofia a suivi de
près l’adoption par la Douma (la chambre
basse du Parlement russe), le 21 octobre,
de la loi sur l’avortement. En discussion
depuis le début de 2011, le projet de loi a
fait couler beaucoup d’encre.
Sept religieux orthodoxes et un musulman faisaient partie du groupe de travail
chargé de formuler des suggestions. Parmi celles-ci, l’obligation faite aux mineures de demander l’autorisation de leurs
parents, aux femmes mariées celle du
mari. L’autre proposition consistait à augmenter les tarifs de l’opération afin de dissuader les femmes de se faire avorter.
« C’est stupide : elles auront recours aux
avortements clandestins, ou alors elles
mettront au monde des enfants pour
ensuite les abandonner », estime Sofia.
D’ores et déjà, le pays compte près d’un
million d’orphelins et les abandons de
nouveau-nés sont légion.
Au soulagement général, ces recommandations n’ont pas été suivies par les
députés. Dans sa version finale, la loi prévoit l’instauration d’un « délai de
réflexion » (entre deux jours et une semaine) et fixe la limite de l’intervention à
douze semaines (vingt-deux semaines en
cas de viol ou de complication médicale).
Pendant ce délai, des consultations psychologiques sont prévues.
Les religieux de la Fondation orthodoxe de Saint-André, auteurs de « recommandations médicales pour les consultations en vue d’un avortement », ont évoqué la nécessité de « faire peur aux femmes en insistant sur les risques de complications ». Pour quel résultat ?
Avec 1,186 million d’interruptions
volontaires de grossesse (IVG) en 2010
selon Rosstat, le comité d’Etat aux statistiques, la Russie affiche l’un des plus forts
taux d’avortement au monde. Certains
experts affirment que les statistiques officielles ne prennent pas en compte les IVG
pratiquées dans les cliniques privées et
que le nombre total d’IVG serait de 5 à
6 millions chaque année.
Malgré une décennie de mieux-être
économique, la Russie (142,9 millions
d’habitants dont un million de migrants
légaux) reste confrontée à un problème
vertigineux : sa démographie. Minée par
la dénatalité et surtout par la surmortalité masculine – l’espérance de vie masculi-
ne est de 62 ans selon l’OMS –, la Russie a
perdu 2,2 millions d’habitants en
huit ans, soit une baisse de 1,6 % de sa
population, selon les résultats préliminaires du recensement d’octobre 2010.
Alarmées par ce problème, les autorités ont, dès 2007, mis en place des mesures destinées à encourager les naissances
(prime dès le deuxième enfant, doublement des prestations familiales). Depuis,
la natalité a connu un léger sursaut avec
1,7 million de naissances en 2010. Mais il
en faudra plus pour que le pays connais-
Avec 1,186million
d’interruptions volontaires
de grossesse en 2010 selon
Rosstat, le comité d’Etat
aux statistiques,
la Russie affiche
l’un des plus forts taux
d’avortements au monde
se enfin un solde positif de sa population.
D’autant que les femmes désormais en
âge de procréer font partie des « classes
creuses », soit les générations nées
entre 1985 et 1990, quand le chaos surgi
du postcommunisme n’incitait guère à
fonder une famille.
Heureusement, l’Eglise orthodoxe
n’est pas à court d’idées. Le 20 octobre, la
ceinture de la Vierge Marie, une relique
censée stimuler la fertilité féminine, est
arrivée de Grèce en grande pompe. Le premier ministre Vladimir Poutine est venu
en personne l’accueillir à l’aéroport de
Saint-Pétersbourg, l’ancienne capitale
impériale. Il fallait bien ça. Conservée jusque-là dans un monastère du mont Athos
– interdit aux femmes –, la ceinture
n’était jamais sortie dans le monde. Grâce
au pouvoir de persuasion de la Fondation
de Saint-André, dirigée par Vladimir
Iakounine, le président de RJD (la SNCF
russe), un proche de Vladimir Poutine, les
moines grecs ont bien voulu la prêter.
Montrée à l’église de Notre-Dame-deKazan, sur la perspective Nevski, la précieuse relique partira bientôt en tournée
dans toute la Fédération. D’ici au
23 novembre, elle sera montrée dans douze villes, de Kaliningrad (l’enclave russe
entre la Pologne et la Lituanie) à Vladivostok (Extrême-Orient) en passant par Moscou.
Son succès est assuré. A Saint-Pétersbourg, des milliers de femmes ont attendu des heures durant aux abords de l’église pour l’effleurer du bout des doigts. Portée, dit-on, par la Vierge jusqu’à son dernier souffle, la ceinture a le pouvoir de
guérir les maladies graves et de favoriser
la fertilité. Et pas seulement. Exposée
dans des centres d’aide psychologique
pour femmes enceintes, elle pourrait aussi les dissuader d’avorter, affirme le site
du patriarcat orthodoxe. p
[email protected]
C’est tout vu ! | Chronique télé
par Isabelle Talès
Exercice 2011
Sois célèbre et tais-toi!
L
a télé est comme ça: elle peut
vous rendre riche et célèbre
en un instant et passer toute
une soirée à vous mettre en garde
sur le risque qu’il y a à devenir
riche et célèbre en un instant. De
chaîne en chaîne, d’un jeu à une
émission de télé-réalité, une journée de télévision n’est souvent
qu’une succession de « quarts
d’heure de célébrité », cette gloire
éphémère que l’artiste américain
Andy Warhol promettait à chacun,
dès la fin des années 1960. Mais
mercredi 9novembre, France2 a
aussi programmé deux heures et
demi de lucidité à travers un téléfilm Le Monde à ses pieds, inspiré
de l’histoire tristement vraie et
vraiment triste d’une mannequin
kazakhe qui s’est suicidée à 20 ans,
et un débat, «Célébrité express :
attention danger ! » De la discussion animée par Sophie Davant, on
retiendra l’expérience de ceux qui
ont connu, grâce à la télé-réalité,
des « trajectoires fulgurantes qui
font passer de l’ombre à la lumière
en un instant», et les conseils pratiques qu’on peut en tirer.
Comment sait-on qu’on est passé de « l’ombre à la lumière»? Tout
simple: en allant dans un fastfood. C’est là que Benjamin Boehm
et Steeve Estatof affirment avoir
compris que leur prestation à «La
Nouvelle Star», sur M6, relevait
d’une «trajectoire fulgurante ». Y
a-t-il un âge pour passer de l’ombre
à la lumière? Evidemment pas.
Mais «c’est plus facile quand on est
vieux», estime André Manoukian,
juré de la «Nouvelle Star», et aussi
quand on habite Chamonix, comme lui, car là-bas, «les gens n’en ont
rien à faire». Quels sont les avantages de la «lumière» ? Un plus
grand succès auprès des filles,
avouent sous la pression les
ex-nouvelles stars. Y a-t-il une part
d’ombre? Les filles citées plus haut
peuvent vous dire: «Je me suicide
si tu te maries pas avec moi. » «Ça
devient hyper lourd à porter», explique Steeve, qui a l’air un peu fatigué, en effet. Puisqu’elle a invité un
psy, Sophie Davant en profite pour
lui demander une consultation perso: comment bien gérer sa célébrité pour une «animatrice vieillissante comme moi qui a mis vingt-cinq
ans à sortir la tête de l’eau »? Allez…
Pour avoir vu le même jour sur
d’autres chaînes d’authentiques
«quarts d’heure de célébrité», on a
envie de dédramatiser. Prenez JeanPaul, horticulteur bio à Saint-Philbert-du-Peuple (Maine-et-Loire):
ce serait bien étonnant qu’il prenne le melon pour une troisième victoire à «Questions pour un champion», sur France3, remportée au
finish grâce à sa connaissance du
Comment sait-onqu’on
estpassé de «l’ombre
à la lumière»? En allant
dansun fast-food
Trimestre juillet-septembre 2011
Un résultat d’exploitation
nettement positif
> Places de cotation
Les actions Air France-KLM
sont cotées sur Euronext
Paris et Amsterdam
(Code ISIN : FR0000031122)
Jean-Cyril Spinetta, Président-directeur général
> Site Internet
Retrouvez l’intégralité du
communiqué de presse ainsi
que l’ensemble des informations
financières du groupe sur
www.airfranceklm-finance.com
billard et des cartes à jouer. Regardez Joël, ouvrier dans une usine à
Bellegarde (Loiret) : le jury de «La
France a un incroyable talent », sur
M6, n’a accordé que quelques
minutes à son numéro de Mexicain pas basané mais siffleur en
poncho-sombrero. Pourtant, elles
suffiront sans doute à ce qu’il puisse rouler les mécaniques quand il
retrouvera sa chaîne de montage
de sièges autos. C’est déjà ça. p
> Prochains rendez-vous
Vite vu. Micro-trottoir de « C dans
• Résultats annuels 2011
7 mars 2012
l’air», sur France5, à propos de la
hausse de la TVA: «C’est toujours
les mêmes qui payent» (classique)
et «C’est toujours les mêmes qui
sont impactés» (impactant). Qui a
dit que le français n’était plus une
langue vivante?
« En dépit des nombreuses actions engagées depuis trois ans, l’insuffisance de nos résultats ces derniers
trimestres dans un environnement économique marqué par la faiblesse de la croissance mondiale et le prix
élevé du pétrole montre que nous devons aller plus loin. Dans ce contexte, trois priorités s’imposent au
nouveau management. La première est la restauration de la compétitivité du groupe, ce qui implique une
réduction complémentaire des coûts. La deuxième est la restructuration de notre activité court et moyen
courrier. La troisième est la réduction rapide de notre endettement. Un plan de mise en œuvre de ces priorités
sera présenté dans le courant du 1er trimestre 2012. Je suis confiant dans la réponse qu’Air France et que
KLM sauront apporter à ces nouveaux enjeux.»
> Informations Actionnaires
> Un résultat d’exploitation de 397 millions
d’euros au trimestre juillet-septembre 2011
Le trafic a été dynamique dans l’activité passage et s’est
érodé dans l’activité cargo mais le niveau des recettes
unitaires n’a pas été suffisant pour compenser l’augmentation
de la facture pétrolière. Le groupe a réalisé un chiffre d’affaires
de 6,79 milliards d’euros (+2,1% après un effet de change
défavorable de 2,8%). Grâce à un bon contrôle des charges
d’exploitation et 106 millions d’euros d’économies réalisées
dans le cadre du plan Challenge 12, le groupe a dégagé un
résultat d’exploitation nettement positif à 397 millions d’euros.
Le résultat net est positif de 14 millions.
+ 33 1 41 56 56 56
> Un semestre affecté par les crises
géopolitiques
• Résultats
du 1er trimestre 2012
3 mai 2012
Les différentes crises géopolitiques qui ont affecté des
marchés importants pour le groupe ont entrainé une perte
d’exploitation estimée à 130 millions d’euros. Le chiffre
d’affaires s’est élevé à 13,0 milliards d’euros (+5,2% après
un effet de change défavorable de 2,0%). Les charges
d’exploitation ont progressé de 7,0% sous l’effet
principalement de la facture pétrolière qui a augmenté de
15,1% à 3,4 milliards d’euros. Le résultat d’exploitation
ressort à 252 millions d’euros et le résultat net est négatif
de 183 millions d’euros. Le résultat net au 30 septembre
2010 comprenait la plus-value sur Amadeus (1,03 milliard
d’euros).
> Un niveau élevé de liquidité
Les investissements nets des cessions s’élèvent à
743 millions d’euros. Le cash flow opérationnel est positif
de 263 millions d’euros. Les dettes nettes s’établissant à
6,50 milliards et les capitaux propres à 6,23 milliards d’euros,
le ratio d’endettement s’établit à 1,04 (0,85 au 31 mars
2011). Le groupe dispose d’une trésorerie de 3,4 milliards
d’euros et de lignes de crédit toujours disponibles de
1,8 milliard d’euros.
–––––––––––
Perspectives 2011
Les conditions économiques actuelles ont un impact sur
les échanges mondiaux et sur la confiance des entreprises
entrainant une volatilité tant dans le trafic que dans les
recettes. Le groupe a donc pris la décision dès juillet
dernier de ramener la croissance de ses capacités longcourriers de 5% à 3% à l’hiver 2011. A cet environnement
difficile s’ajoutent la volatilité des monnaies et un prix
élevé du pétrole. Dans ces conditions, le groupe anticipe
un résultat d’exploitation négatif pour le trimestre octobredécembre 2011 et en conséquence pour l’année civile
2011 (1) (il est rappellé que l’exercice fiscal en cours couvre
neuf mois – avril à décembre – et dégagera un résultat
d’exploitation positif).
(1) Le résultat d’exploitation sur les neuf premiers mois de l’année civile
2011 est négatif de 151 millions d’euros.
Chiffres clés consolidés
A ne pas manquer sur 0123.fr
(En millions d’euros
sauf le résultat par action en euro)
Blog Attention, préparez-vous ! Le 11/11/11 arrive
Vendredi à 11 h 11, vos horloges afficheront une série parfaite de dix « 1 ».
Sur le blog « Big Browser », découvrez
toutes les attentes et les craintes suscitées par ce moment rare, chez les
numérologistes, les milieux ésotériques et dans d’autres cercles moins
attendus. (PHOTO : DR)
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/
pTirage du Monde daté jeudi 10 novembre 2011 : 365 980 exemplaires.
123
Semestre au 30 septembre
2011
2010
Variation
2011
2010
Chiffre d’affaires
6 789
6 649
2,1%
13 009
12 370
EBITDAR*
1 018
1 232
(17,4)%
1 522
1 716
(11,3)%
397
576
(31,1)%
252
444
(43,2)%
14
290
(95,2)%
(183)
1 026
ns
0,05
0,98
ns
(0,62)
3,48
ns
Résultat d’exploitation courant
Devenez membre
du Club des actionnaires
d’Air France-KLM
(seuil minimum : 50 actions).
Trimestre au 30 septembre
Résultat net part du groupe
Résultat net par action de base
* Résultat d’exploitation avant amortissements, provisions et loyers opérationnels
Variation
5,2%