AprèslaGrèceetl`Italie,laFrance?
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AprèslaGrèceetl`Italie,laFrance?
(Publicité) N°5 DIRECTION BRUNO WALTER DEUX CD PLUS UN LIVRET UNIQUEMENT EN FRANCE MÉTROPOLITAINE Vendredi 11 novembre 2011 - 67e année - N˚20779 - 1,50 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz Après la Grèce et l’Italie, la France ? Dette italienne Fonds de stabilité 1 924 1 000 1 727 366 Dette grecque Montants en milliards d’euros Dette française t La Grèce, incapable de s’entendre sur un gouvernement de coalition, s’enfonce dans la crise politique t La défiance des marchés à l’égard de l’Italie s’accroît malgré la transition politique et les engagements pour la rigueur t L’écart des taux d’intérêt entre la France et l’Allemagne se creuse à vive allure. Le doute sur la dette française s’instille L a tension monte en Europe. L’effet domino de la crise de la dette semble ne pas vouloir s’arrêter. Tandis que la Grèce s’enfonce dans un pitoyable vaudeville politique, où trahisons et rebondissements empêchent la formation d’un nouveau gouvernement, le cas de l’Italie devient préoccupant. Les taux d’intérêt exigés par les marchés sur la dette italienne ont crevéle seuil de 7% et serapprochent des niveaux qui étaient ceux du Portugal et de l’Irlande quand ils ont dû faire appel à l’aide européenne. L’Italie inquiète, car sa dette de 1 924 milliards d’euros pose à l’Europe un problème cinq fois plus lourd que celui de la Grèce. Le FMI et Bruxelles accroissent leur pression sur l’Italie. L’après-Berlusconi commencerait par un gouvernement de transition mené par l’ancien commissaire européen Mario Monti. Les marchés instillent désormais le doute sur la qualité de la dette souveraine de la France. Jeudi matin, l’écart entre les taux français et allemand à 10 ans a atteint 1,59 point de pourcentage contre 0,3 en mai, un record depuis la création de l’euro en 1999. p Pages 2 à 5 et analyse page 25 748 A/R ttc Achetez jusqu’au 21/11/2011 Voyagez jusqu’au 17/12/2011 et du 01/01 au 31/03/2012. Exemple de tarif au départ de Paris via Amsterdam, à partir de, hors frais de service, soumis à conditions. Renseignezvous dans votre agence de voyages ou au 0892 702 608 (0,34 ttc/min). Comment l’affaire de Karachi devient un scandale politique Les Franciliens, otages d’un RER au bord de l’implosion La Grande Guerre complète et proprette au Musée de Meaux Enquête A l’origine, c’est une enquête antiterroriste. Puis les découvertes du juge Trévidic font ouvrir une enquête sur un éventuel financement illégal de la campagne de M. Balladur. Or, les intermédiaires mis en cause viennent de lancer les juges sur la piste d’un second réseau, chiraquien celui-là. Page 15 Reportage Trois millions de voyageurs empruntent chaque jour le réseau RER saturé. A Gare-du-Nord, à Sucy-en-Brie ou à Bourg-la-Reine, l’exaspération est la même devant des retards, synonymes de chefs de service bougons le matin et d’enfants qui se languissent à la garderie le soir. Sans compter les grèves. Page 24 Inauguration Le nouveau Musée de la Grande Guerre ouvre ses portes à Meaux, le 11 novembre. Le lieu joue sur le spectaculaire et l’exhaustivité, grâce à un fonds d’une grande richesse. Mais il est desservi par une muséographie datée et l’oubli des souffrances des combattants. Page 27 Le Monde des livres Dieu soit loué, nous avons l’AIEA! S UK price £ 1,50 Nairobi ouvenez-vous. C’était le 5 février 2003, six semaines avant l’invasion de l’Irak. Colin Powell, le secrétaire d’Etat américain, énumérait au Conseil de sécurité de l’ONU les éléments de « preuve » qui, selon l’administration Bush, démontraient que l’Irak poursuivait un programme nucléaire militaire. Schémas à l’appui, il parlait de tubes d’aluminium et de tentatives d’approvisionnement du régime de Saddam Hussein en uranium provenant du Niger. Pourtant, dans les mois qui suivirent, aucune trace ne fut trouvée de programmes d’armes de destruction massive dans les sables de Mésopotamie. Une voix avait, déjà, exposé la supercherie. Ou plutôt une organisation : l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). En janvier 2003, puis encore le Africains sans clichés à Paris Photo 7mars 2003, son directeur, l’Egyptien Mohamed ElBaradei, dénonçait les manipulations de l’équipe Bush. Il disait notamment deux choses : les tubes d’aluminium en question n’étaient pas utilisables dans un programme nucléaire et « les documents sur (…) des transactions d’uranium entre le Niger et l’Irak ne sont pas authentiques ». Il ne se trouva personne, au sein de l’administration américaine de l’époque, pour écouter cette Editorial voix. La guerre d’Irak, qui a coûté la vie à environ 100 000 civils dans le pays et à plus de 4 400 soldats américains, fut déclenchée sur des mensonges. Il n’est pas inutile de rappeler ces faits, au moment où la crise autour du nucléaire iranien connaît un nouveau pic de tension. Que dit, aujourd’hui, l’AIEA sur l’Iran ? Dans son dernier rapport, remis le 8 novembre, l’agence de vérification de l’ONU fait part de ses « sérieuses préoccupations » à propos de travaux iraniens « spécifiquement liés à l’arme nucléaire ». Elle détaille pour la première fois les recherches menées par la République islamique sur des composants en uranium métal, des explosifs et le dessin d’une ogive nucléaire. Bref, la quête par l’Iran de la technologie et du savoir nécessaires à la production de l’arme suprême est constatée. Ce qui n’est pas démontré, en revanche, c’est l’existence d’une décision politique iranienne pour aller au seuil de sa capacité nucléaire – voire jusqu’au bout du processus. C’est là, depuis une dizaine d’an- nées, le grand suspense de cet imbroglio. L’AIEA, créée en 1957 à l’initiative du président américain Dwight Eisenhower dans le cadre de son programme d’« atomes pour la paix », est plus que jamais la gardienne du traité de non-prolifération. Elle est chargée de vérifier, à travers le monde, que la technologie nucléaire n’est pas détournée vers des fins militaires. Ses pouvoirs d’inspection ont leurs limites, car ils dépendent en partie du bon vouloir des Etats. L’Iran continue d’ailleurs de les entraver. Mais l’Agence demeure la vigie indispensable, dont la crédibilité ne peut être mise en doute, comme le démontre la précision de son dernier rapport. L’AIEA avait établi la vérité en 2003 sur l’Irak. A propos des agissements de l’Iran, sa parole est le seul repère fiable et indiscutable. p Page 8 Les petits diamants de Le Clézio Le Prix Nobel de littérature sort un recueil de délicieuses nouvelles. Philosophie des maisons Un essai de Benoît Goetz. Histoire «1914. Les atrocités allemandes.» Supplément Le regard de Plantu L e Grand Palais, à Paris, accueille, jusqu’au 13 novembre, Paris Photo, le rendezvous des collectionneurs d’art photographique. L’Afrique y est à l’honneur avec de splendides portraits réalisés en studio dans les années 1940-1970, proposés à des prix abordables. p Lire page 26 (Publicité) (© Francis Demange) Spécial cameroun Pages centrales Grasset Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,50 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,50 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA, 0123 page deux Vendredi 11 novembre 2011 La crise en Europe Quand la fille de Raul Castro se lance sur Twitter M ariela Castro Espin, la fille du président cubain Raul Castro, a ouvert un compte sur Twitter, mardi 8 novembre. « Je suis en train d’apprendre. Bientôt vous aurez plus de nouvelles », a-t-elle écrit dans son premier message. Personnalité très médiatique, Mariela Castro est à la tête du Centre national d’éducation sexuelle, à La Havane. Elle n’hésite pas à accorder des entretiens à la presse étrangère, alors que les hauts fonctionnaires fuient les caméras et les micros. Elle défend les gays et les transsexuels. Grâce à son entregent dans les hautes sphères du pouvoir, les opérations de changement de sexe sont désormais admises à Cuba. En octobre, elle avait profité d’un voyage à Amsterdam pour visiter le Quartier rouge, connu pour ses filles en vitrine. Lors d’un entretien enregistré à Radio Nederland, elle avait parlé de ses rencontres avec les prostituées. « J’admire et je respecte la façon qu’elles ont trouvée pour exercer dignement leur travail sexuel », avait-elle dit. Ses déclarations ont suscité la polémique. Dans les années 1960, Fidel Castro s’exprimait en ces termes : « Notre tourisme était un tourisme pour la prostitution. Aujourd’hui à Cuba il n’y a rien de cela, et il n’y en aura plus jamais. » Hélas, depuis vingt ans, les « jineteras » (« cavalières «) ont fait de nouveau de Cuba une destination prisée du « tourisme sexuel ». « Je suis en train d’écrire sur mon récent voyage en Hollande et au Quartier rouge. J’informerai sur ce que Radio Nederland n’a pas dit », a annoncé Mariela Castro sur Twitter. La blogueuse et twitteuse Yoani Sanchez, bête noi- re de la Sécurité de l’Etat, qui l’accuse de promouvoir une « cyberguerre », a immédiatement réagi : «Bienvenue au pluralisme de Twitter. Ici, personne peut me faire taire, me refuser l’autorisation de voyager, ni l’entrée. » Yoani Sanchez ne s’est pas privée d’interpeller la fille de Raul Castro : « Comment peut-on prôner l’acceptation dans un seul domaine ? La tolérance est totale, ou alors elle n’existe pas. » Mariela Castro lui a répondu du tac au tac : « Ta vision de la tolérance reproduit les vieux mécanismes de pouvoir. Pour améliorer tes “services” tu devrais étudier. » Transition dynastique L’échange a provoqué une explosion de messages d’opposants et de partisans du régime. Avec les premiers, Mariela Castro n’a pas pris de gants : « Méprisables parasites, vous avez reçu l’ordre de vos employeurs de me répondre à l’unisson et selon un même scénario ? Soyez créatifs. » Un diplomate en poste à La Havane estime que l’exposition médiatique de Mariela Castro est un écran de fumée, destiné à occulter la « transition dynastique » en œuvre à Cuba. Elle contraste en tout cas avec le profil bas adopté par son frère Alejandro Castro Espin, colonel du ministère de l’intérieur, proche collaborateur du chef de l’Etat, et par le colonel d’armée Luis Alberto Rodriguez Lopez-Calleja, marié à leur sœur Deborah Castro Espin, PDG de GAESA, holding des entreprises contrôlées par les militaires. « M. Gendre » a fait son entrée au comité central du Parti communiste de Cuba, lors du congrès d’avril. p Paulo A. Paranagua Les indégivrables Xavier Gorce Entretien L’écrivain Vassilis Alexakis observe la crise qui frappe son pays natal, pointant la responsabilité des Grecs et de leurs gouvernants, mais aussi l’arrogance des puissances européennes, qui nourrit le nationalisme «On a un grand besoin d’impassibilité en ce moment…» Pourquoi y a-t-il en Grèce une telle défiance vis-à-vis de l’Etat ? Le rêve de toutes les familles en Grèce était que leurs enfants deviennent fonctionnaires. La défiance des Grecs vis-à-vis de l’Etat, c’est celle qu’ils peuvent avoir vis-à-vis d’eux-mêmes, parce qu’ils se connaissent. Quant à la défiance vis-à-vis de l’impôt… A Athènes, on sait qu’à chaque fois qu’il y a un contrôle fiscal, le but, c’est de s’arranger avec l’agent du fisc et de lui donner une somme de la main à la main. C’est le système ! Comment ressentez-vous les critiques contre votre pays ? L’arrogance des grands pays est insupportable. On dirait que Sarkozy considère Papandréaou comme un de ses préfets… Cela alimente le nationalisme.L’idée d’une perte d’identité gagne du terrain, et c’est une aberration, car l’Europe fait partie de la culture grecque. Il est difficile de demander à la Grèce d’être raisonnable alors que le pays est à cheval sur deux cultures opposées : une culture classique de liberté d’esprit et une culture orientale, dogmatique qui est celle de l’Eglise orthodoxe. L’Eglise peut-elle venir à l’aide du pays ? L’écrivain franco-grec Vassilis Alexakis. PHILIPPE MATSAS/OPALE J ournaliste,écrivainetréalisateurfranco-grec,VassilisAlexakisestnéàAthènes en 1943. Ses livres ont été récompensés par de nombreux prix, dont le Grand prix du roman de l’Académie françaiseen 2007 pourAp. J.-C. (Stock). Comment vivez-vous la situation de la Grèce ? Je suis condamné à lire des articles économiquesquejenecomprendspas…Jesuis surpris de voir que les économistes, qui ont ruiné une foule de gens, continuent à nous expliquer ce que l’on doit faire. Le moment est venu de donner la parole à des philosophes, des sociologues, des historiens. LaGrèce pourraittirer parti de cette situation pour convier, sur une île de la mer Egée par exemple, des sages de toute l’Europe, voire de toute la planète, pour essayer de «L’Eglise pourrait redorer son image en aidant. Mais depuis l’époque byzantine, elle a toujours appris à prendre, jamais à donner» voir quel genre de vie nous voulons. La Grèce pourrait pendre une initiative, parce qu’au fond le seul capital qui lui reste, ce sont ces philosophes présocratiques qui disaient une chose admirable : il faut à tout prix préserver son impassibilité. On a un grand besoin d’impassibilité en ce moment. Est-ce la faute des Grecs, ou de l’Europe ? C’est largement de la faute des Grecs, mais nous sommes victimes de nos traditions. Ma grand-mère, invitait toute sa famille le premier du mois dans un restauSociété éditrice du « Monde » SA Président du directoire, directeur de la publication Louis Dreyfus Directeur du « Monde », membre du directoire, directeur des rédactions Erik Izraelewicz Secrétaire générale du groupe Catherine Sueur Directeurs adjoints des rédactions Serge Michel, Didier Pourquery Directeurs éditoriaux Gérard Courtois, Alain Frachon, Sylvie Kauffmann Rédacteurs en chef Eric Béziat, Sandrine Blanchard, Luc Bronner, Alexis Delcambre, Jean-Baptiste Jacquin, Jérôme Fenoglio, Marie-Pierre Lannelongue (« M Le magazine du Monde ») Chef d’édition Françoise Tovo Directeur artistique Aris Papathéodorou Médiateur Pascal Galinier Directeur du développement éditorial Franck Nouchi Conseil de surveillance Pierre Bergé, président. Gilles van Kote, vice-président 0123 est édité par la Société éditrice du «Monde» SA Durée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : 149 017 497 ¤. 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Dans les années 1980, le premier ministre Andréas Papandréou (Pasok), promettait au peuple de faire sa fortune, or déjà, à cette époque, les caisses étaient vides. La responsabilité des gouvernements est tragique. La Grèce a vécu hors de la réalité et cela atteint le paroxysme avec les Jeux olympiques de 2004. On a fait comme si on pouvait organiser tout cela. Or les JO ont laissé une dette de 20 milliards d’euros que nos petits-enfants vont devoir payer. Quand j’étais enfant, mon père avait si peu d’argent qu’il était obligé d’aller sur le mont Hymette, à trois heures de marche, pour cueillir des herbes sauvages que l’on mangeait. J’ai l’impression que la Grèce est en train, tout doucement, de remonter sur le mont Hymette… Les Grecs ont-ils la classe politique la plus médiocre d’Europe ? Tout est du même niveau en Grèce. La médiocrité de la télévision, du monde politique, l’affairisme… Cela reflète un état d’esprit plus général. Quand on nous dit que l’on a trafiqué les statistiques pour masquer la dette, c’est vrai, mais je me dis aussi que la ruse et le mensonge font partie de la tradition grecque : c’est par la ruse que les Grecs sont entrés dans Troie et que Zeus a abusé d’Europe… Assurément, car elle est richissime. Elle a soutenu toutes les dictatures que le pays a connues, elle les a même bénies. Aujourd’hui, elle pourrait redorer son image en aidant. Mais depuis l’époque byzantine, elle a toujours appris à prendre, jamais à donner. En Grèce, l’Eglise est le premier propriétaire terrien et la plus grosse entreprise. Le conseil d’administration de la banque nationale est présidé par le primat de l’Eglise grecque parce qu’ils sont parmi ses principaux actionnaires. Et l’Eglise gère bien mieux sa fortune que l’Etat. N’y a-t-il pas deux Grèces, celle des îles qui ne s’en sort pas trop mal et la Grèce qui souffre, celle des fonctionnaires, des retraités, des étudiants ? L’argent du tourisme profite à certains, mais pas au pays. Dans les endroits très touristiques, il y a évidemment beaucoup d’argent.Mais je ne vois pasl’argent de Delphes, de Santorin ou de Mykonos. La Grèce est un pays de montagnes, elle en a autant que la Suisse, mais c’est la Grèce. C’est la Suisse, sans l’horlogerie. La solidarité qui s’accentue entre les générations à cause de la crise a des effets très négatifs. Les femmes reviennent vivre chez leurs parents. L’influence étouffante de la famille va encore s’accentuer, avec la nostalgie de l’époque où la Grèce était pauvre, où l’on vivait ensemble et où on partageait le bol de lait avec le voisin… Aujourd’hui, il existe une tendance à se replier sur soi qu’il faut absolument éviter. Le prochain premier ministre grec naviguera à vue sur un bateau comme celui d’Ulysse. Mais je voudrais qu’on l’attache au mât pour qu’il n’écoute pas les sirènes qui incitent la Grèce à s’isoler. A chaque fois que le pays l’a fait par le passé, la situation est devenue pire que la catastrophe qu’elle voulait éviter. p Propos recueillis par Alain Beuve-Méry Le plan iconoclaste des «sages» allemands C’EST L’IDÉE qui pourrait réconcilier les Etats-membres de la zone euro. Dans son expertise annuelle, parue mercredi 9 novembre, le conseil des sages du gouvernement allemand en matière économique a élaboré un mécanisme qui échafaude une voie possible vers une sortie de la crise de la dette. Et ce en contournant ce que l’Allemagne considère comme un effet pervers des Eurobonds et du rachat des obligations d’Etat par la Banque centrale européenne : la suppression de toute incitation à la discipline budgétaire. Le « Pacte de remboursement des dettes » est inspiré, précisent les sages, du plan de restructuration de la dette américaine après la guerre d’indépendance (1775-1783). Alexander Hamilton, alors ministre des finances, voulait éviter que le jeune Etat américain ne mette en jeu sa réputation par une décote de sa dette. Il crée en 1792 un fonds de remboursement considéré comme « un des programmes financiers les plus efficaces de l’histoire ». Structure de défaisance L’idée est de créer une sorte de structure de défaisance dans laquelle seraient transférées toutes les dettes d’Etat dépassant le critère de 60 % du PIB fixé par le traité de Maastricht. Ce fonds serait garanti par tous les membres de la zone euro. En même temps, chaque pays s’engagerait dans une «voie de consolidation» et les dettes transférées devraient être remboursées dans un délai de vingt à vingt-cinq ans. Ce pacte offrirait la possibilité aux membres de la zone euro de couvrir leurs besoins de financement grâce au fonds, et ce aussi longtemps que le cadre de financement le permet. Comme les dettes seraient transférées dans le fonds non pas immédiatement mais de manière différée, de fortes incitations à la discipline fiscale seraient maintenues. Les sages calculent que, pour l’année 2011, la structure de défaisance contiendrait pour 2 300 milliards d’euros de dette souveraine. L’Allemagne et l’Italie en seraient les plus gros contributeurs avec 25% et 41 % du total (21,6 % pour la France). Les dettes émises par ce biais, sûres, permettraient de stabiliser le système financier européen. Le système empêcherait ainsi tout transfert de dette d’un pays vers un autre, sauf en cas d’incident de paiement. Présenté mercredi à Angela Merkel, l’idée des sages n’a pas reçu les faveurs de la chancelière : celle-ci voit de nombreux obstacles, notamment constitutionnels, à sa mise en place. p Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) l’événement 0123 Vendredi 11 novembre 2011 3 La crise en Europe Mario Monti entre en scène en Italie La promesse de Silvio Berlusconi de quitter le pouvoir n’a pas réussi à lever tous les doutes M. Berlusconi de quitter le pouvoir par la porte pour revenir par la fenêtre, ils ont fait capoter cette perspective et signifié clairement leur préférence pour une transition douce et rapide bousculant les habitudes italiennes. Mais pas plus que les places financières, l’homme de la rue en Italie ne semble encore prendre pour argent comptant la promesse de M. Berlusconi de quitter son poste. Prenons notre voisin de Rome Correspondant L e président de la républicaine italienne, Giorgio Napolitano, a engagé une course de vitesse avec les marchés. Alors que ceux-ci font battre chaque jour de nouveaux records aux taux d’emprunt italiens à la Bourse de Milan, il a décidé de brûler les étapes pour accélérer la transition à la tête de l’exécutif et réduire au maximum le délai de la crise politique. Le fait que cette initiative vienne d’un homme de 86 ans, ayant passé l’essentiel de sa carrière politique dans les rangs du Parti communiste, n’est pas le moindre des paradoxes péninsulaires. Mercredi 9 novembre, il s’est engagé à trois reprises pour rassurer les places financières, la Commission européenne et le Fonds monétaire international, qui ont l’Italie dans le collimateur. La première pour clarifier ses prérogatives en matière de formation d’un nouveau gouvernement et confirmer que l’actuel président du conseil, Silvio Berlusconi, démissionnera bien après le vote définitif des mesures de rigueur et de relance. Une manière d’écarter la rumeur selon laquelle le Cavaliere avait décidé de s’accrocher au pouvoir en faisant traîner une manière de « démission lente » pour mieux être en mesure de peser sur le choix de son successeur. La seconde a consisté à faire pression sur les présidents de la Chambre des députés et du Sénat, ainsi que sur les présidents de groupe afin de faire adopter dans les plus brefs délais ces mesures de rigueur et de relance, contenues dans un amendement à la loi de finances. Ces dispositions reprennent les engagements présentés par le gouvernement à la M. Monti apparaît depuis le début de la crise politique comme la solution idéale pour rassurer les marchés Nommé sénateur à vie par le président, Giorgio Napolitano, Mario Monti est pressenti pour succéder à Silvio Berlusconi. MONASSE TH/ANDIA.FR Commission le 26 octobre (libéralisations et privatisations) à l’exception du recul de l’âge du départ à la retraite et de l’assouplissement des règles de licenciement. Il est prévu que les élus de la gauche et du centre soient présents le jour venu dans l’Hémicycle pour garantir le quorum, mais qu’ils ne prendront pas part au vote. Enfin, dernière manœuvre plus inédite : M. Napolitano a nommé Mario Monti sénateur à vie. Pour la presse italienne, cette nomination apparaît comme une préinvestiture pour l’ancien commissaire européen (1994-2004) et recteur pendant cinq ans de la prestigieuse université milanaise Bocconi. « Monti sur le terrain », titrait jeudi 10 novembre au matin le quotidien de centre gauche, la Repubblica ; « Vers l’investiture de Monti », renchérissait le conservateur Corriere della sera. Agé de 68 ans, lombard, ancien élève, à l’université Yale, du Prix Nobel d’économie James Tobin, M. Monti apparaît depuis le début de la crise politique comme la solution idéale pour rassurer les marchés et engager les réformes nécessaires à la tête d’un gouvernement de « large entente », qui serait soutenu par le Peuple de la liberté, la formation de M. Berlusconi, l’Union du centre, le Parti démocrate, et peut-être même la Ligue du Nord. Dans une intervention, le 4 novembre, il a annoncé la couleur en se disant favorable « à un Un effondrement italien fragiliserait les Etats-Unis QUE LA CRISE DE LA DETTE en zone euro enflamme l’Italie, troisième économie de la région, et c’est le choc aux Etats-Unis. Un choc similaire à la faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers en 2008, « la » référence absolue en matière de catastrophe financière, à en croire les déclarations de l’agence de notation de crédit Moody’s, mercredi9 novembre. « Toute contagion de ce qui se passe en Europe passerait en premier lieu par le système bancaire», explique Stephen Hess analyste spécialisé des Etats-Unis chez Moody’s cité par Reuters. Pour l’heure, les choses restent sous contrôle outre-Atlantique, mais «si la crise empire et emporte l’Italie (…) le système financier américain serait brutalement affecté », provoquant un gel du marché interbancaire comme après la faillite de Lehman, poursuit M.Hess. Un scénario à la Armageddon, que Wall Street n’écarte pas totalement. Pour preuve, mercredi, les indices de la Bourse de New York, le Dow Jones, le Nasdaq et le S & P 500 ontchuté de 3,20% ; 3,88 % et 3,67 %. De fait, une déflagration majeure en zone euro, liée à la contagion de la crise à l’Italie et à ses 1900 milliards d’euro de dette publique, ne laisserait pas les EtatsUnis indemnes, reconnaît Bruno Cavalier économiste chez Oddo. Les calculs sont vite faits : les banques américaines détiennent peu de dettes souveraines italiennes, de l’ordre de 15 milliards de dollars (11milliards d’euros) selon la Banque des règlements internationaux (BRI), rapporte M.Cavalier. Mais elles ont vendu des produits dérivés du type des CDS (Credit default swaps), ces titres d’assurance contre le défaut d’un pays à hauteur de 250 milliards de dollars poursuit-il. Si Rome est pris dans la tourmente les banques américaines devraient donc payer la factu- re en versant les primes d’assurance de ces CDS. A quelle hauteur? Mystère. Le marché des produits dérivés est opaque. Mais l’événement entretiendrait sans doute une psychose entre établissements risquant de geler les prêts qu’ils s’accordent les uns les autres menaçant, par ricochet, de gripper les crédits aux ménages et aux entreprises. Last but not least, l’économie américaine surendettée et convalescente, pourrait perdre sa note « AAA » octroyée par Moody’s après avoir été dégradée par sa consœur Standard & Poor’s… p Claire Gatinois gouvernement d’unité nationale pour faire des choix impopulaires. Il faut tenir un discours de vérité ». Le seul obstacle à sa nomination restait au cours de ces dernières heures la préférence de la Ligue et du Peuple de la liberté pour des élections anticipées qui aurait permis aux chefs de ces deux formations, Umberto Bossi et M. Berlusconi lui-même, de garder la main sur les investitures. Le Cavaliere avait déjà désigné le chef de file de la droite, le garde des sceaux, Angelino Alfano. Mais de nombreux députés du PDL se sont mobilisés pour dire au futur ancien président du conseil qu’ils n’étaient pas disposés à « aller au casse-pipe » en l’état actuel des sondages qui donnent le centre gauche vainqueur. Réuni avec l’état-major de son parti et de la Ligue, jusqu’à 1 heure du matin jeudi, M. Berlusconi s’est lui aussi rangé à l’idée d’un gouvernement Monti. Une fois encore, les marchés et les institutions ont imposé leur vue. Pas plus enthousiastes à l’idée de redonner la parole aux Italiens qu’ils ne l’étaient vis-à-vis du référendum grec, ils craignent que l’incertitude politique s’ajoute à la crise financière. Redoutant une combinazzione, une fausse sortie de scène qui permettrait à palier par exemple, un homme dont la barbe blanche manifeste de son expérience. « Il nous a raconté tellement de mensonges, lâche-t-il en grimpant l’escalier, mercredi. J’y croirai quand je le verrai quitter le palais Chigi », siège de la présidence du conseil. Il est vrai que les Italiens qui l’ont vu tomber et se relever tant de fois ont intégré sa réputation de combattant jamais définitivement vaincu. Déjà démissionnaire en 1995, il revient en 2001 ; battu en 2006, il est de nouveau vainqueur pour la troisième fois en 2008. Ils l’ont entendu promettre au moins à deux reprises de quitter « définitivement le pouvoir » dans le cas où il ne tiendrait pas ses promesses. Désormais, ils veulent voir pour croire. Illustration de cette méfiance, un article publié mercredi 9 novembre sur le quotidien en ligne Il Futurista, proche du président de la Chambre des députés, Gianfranco Fini, un ancien allié du Cavaliere devenu un ennemi opiniâtre : « Il ne faut laisser ni temps, ni argent, ni espace au Caïman », un des nombreux surnoms de M. Berlusconi, écrit son auteur. Ce dernier redoute que le président du conseil utilise ce délai pour « négocier sa reddition » en exigeant un traitement de faveur pour ses entreprises ou un sauf-conduit judiciaire. Il imagine aussi que le président du conseil en sursis puisse renier sa parole : «Il y a un an, écritil encore [lors du vote de confiance du 14 décembre], il avait utilisé ces prolongations pour “acheter” des élus. Qui nous garantit que le même scénario ne se reproduira pas et qu’il ne reviendra pas sur sa promesse ? Il faut rester vigilant. » p I MAGINEZ LES SECRETS QU’ELLE CONNAîTRA LE CRÉATEUR DE LA PERLE DE CULTURE DEPUIS 1893 8 P L A C E V E N DÔM E P A R I S T E L : + 3 3 1 4 2 6 0 3 3 5 5 W W W . M I K I MOTO . F R TO K YO N E W YOR K P A R I S LONDON CO S T A M E S A L A S V E G A S B E V E R L Y H I L L S Philippe Ridet 4 0123 l’événement Vendredi 11 novembre 2011 La crise en Europe Rome peut Pour les marchés, la dette française est de supporter l’envolée moins en moins un placement sans risque du prix de sa dette… L’écart de taux d’emprunt avec l’Allemagne a atteint un nouveau record jeudi 10novembre au matin pour l’instant A Depuis quinze ans, l’Etat italien est l’un des moins dispendieux d’Europe Sans la charge de la dette, le budget du pays est excédentaire, contrairement à celui de la France Désormais placée sous surveillance du Fonds monétaire international et de la Commission européenne, l’Italie devrait voir son Parlement adopter d’ici à la fin de la semaine les mesures de rigueur. Un vote à l’issue duquel M. Berlusconi a promis de partir. « Rome doit non seulement annoncer des mesures, mais aussi les mettre en œuvre », a cependant prévenu, mercredi, Jean-Claude Juncker, le patron de l’Eurogroupe. Caravec l’Italie, dont ladette culmine à 1 900 milliards d’euros – soit 120 % de son produit intérieur brut (PIB), l’Europe se trouve confrontée à une dette cinq fois plus élevée que celle de la Grèce… Déjà étroite, la marge de manœuvre du pays s’en trouve encore plus restreinte par les exigences des marchés qui réclament à Rome des rendements de 7 % pour refinancer sa dette. On n’est plus qu’à quelques encablures des taux demandésau Portugal et à l’Irlande quand ils ont dû faire appel à l’aide européenne. D’ici à la fin de l’année, l’Italie va devoir emprunter 58 milliards d’euros pour refinancer sa dette. « Lever cette somme à 7 % n’est pas explosif », juge M. de Lucia. Mais les échéances de 2012 sont bien plus élevées, le montant des obliga- RENDEMENT DE L’EMPRUNT D’ÉTAT À DIX ANS, en % 7,5 7,316 tions arrivant à échéance étant près de 25 % plus élevé qu’en 2011 : le pays devra emprunter 231,9 milliards d’euros, contre 157,5 milliards d’euros attendus en 2013. Avec notamment trois mois extrêmement délicats en février, mars et avril… Pour la Péninsule, « une hausse de 1 point du taux d’emprunt représente une charge supplémentaire de 4 milliards d’euros », explique Sylvain Broyer, de Natixis. Si les taux restaient au-delà de 7 % plutôt qu’autour des 4,5 % prévus initialement, cela pourrait représenter une surcharge financière de 11 à 12 milliards d’euros. Soit près d’un point de PIB… L’Italie est certes confrontée à des taux élevés, à une croissance molle depuis presque deux décennies, mais paradoxalement l’Etat, qui se débat avec une dette publique supérieure à 100 % du PIB depuis le début des années 1990, n’est pas des plus dispendieux. Depuis quinze ans, à l’exception des années 2009 et 2010, l’Italie se trouve en effet en « excédent primaire », ce qui n’est pas le cas de la France : en clair, si le pays n’avait pas à payer la charge de sa dette, le budget italien serait excédentaire. En 2011 par exemple, le pays devrait afficher un excédent primaire de 0,9 % du PIB… Un chiffre que les nouvelles mesures d’austérité sont censées accroître. « Selon nos calculs, la dette publique peut rester soutenable jusqu’à un taux marginal d’emprunt de 9 % pendant un ou deux ans, à la condition expresse que les mesures d’austérité devant prochainement être adoptées soient pleinement appliquées, et notamment que l’excédent primaire passe de 0,9 % du PIB cette année à 5,2 % en 2014 », expliqueainsi LaurenceBoone, chef économiste Europe chez Bank of AmericaMerrill Lynch. Selon ses projections, même en empruntant à un taux de 6,5 % et avec une croissance limitée à 1 % à l’avenir, l’Italie pourrait ramener sa dette sous la barre des 100 % du PIB en 2022. Reste à savoir si les marchés agiront de façon rationnelle… « Le problème est davantage un risque de liquidité que de solvabilité : en clair, les investisseurs voudront-ils encore du papier italien ? », s’interroge Mme Boone. « Il y a assez peu de chance d’assister à une détente rien qu’avec le politique », déplore de son côté M. Broyer, qui parle d’« aberration de marché » devant l’envolée récente des taux italiens. Et d’appeler à un signe fort de la Banque centrale européenne, qui devrait, selon lui, s’engager clairement à acheter massivement de la dette italienne. « Le salut de l’Italie est italien, juge-t-il. Mais il se trouve à Francfort, avec Mario Draghi, le président italien de la BCE. » p Clément Lacombe DETTE PUBLIQUE, en % du PIB 125 7,0 120 6,5 115 6,0 110 5,5 105 5,0 100 4,5 95 Février 2011 9 novembre 1999 * prévisions I l paniquait les marchés, sapait la crédibilité de son pays. Il devait partir pour desserrer l’étau dans lequel il enfonçait chaque jour un peu plus l’Italie.Au lendemain de l’annonce de la démission prochaine de Silvio Berlusconi de la présidence du conseil italien, les marchés ont pourtant été pris d’un nouvel accès de fièvre mercredi 9 novembre. Ainsi, les rendements des emprunts d’Etat italiens à dix ans se sont considérablement tendus, pulvérisant un nouveau record à 7,226 %, contre 6,742 % la veille, 5,907 % deux semaines plus tôt et 4,815 % le 1er janvier. « Les marchés se demandent maintenant qui va gouverner le pays, avec qui, si des élections vont avoir lieu », explique Clemente de Lucia, économiste chez BNP Paribas. « Il y a aussi le problème de savoir ce qu’un gouvernement totalement nouveau ferait pour résoudre les problèmes structurels du pays, notamment l’application des mesures réclamées par l’Union européenne », complète Benedicta Marzinotto, de l’institut Bruegel. 2011 2013* SOURCES : BLOOMBERG ; NATIXIS ; OCDE vec la violente accélération de la crise depuis l’été, les marchés se sont remis comme jamais à faire le tri entre bonne et mauvaise dette de la zone euro. A ce jeu-là, la France glisse de plus en plus du mauvais côté. Une défiance visible à travers « le spread », un indicateur que Nicolas Sarkozy avait avoué « observer tous les matins », lors d’une émission télévisée en 2009. Le « spread », c’est l’écart de rendement entre les emprunts français et ceux jugés les plus sûrs de l’union monétaire, à savoir les Bunds allemands. Or,entre les obligations françaises à dix ans et les emprunts allemands,l’écart ne cesse de se creuser. Les marchés exigent une prime de risque de plus en plus élevée pour financer la dette française plutôt qu’allemande. Jeudi 10 novembre, le spread entre les emprunts d’Etat français à 10 ans et le Bund allemand a battu un nouveau record, atteignant 1,64 point de pourcentage. Pour retrouver un tel écart, il faut remonter à 1997 – donc avant la création de la zone euro qui avait permis à tous les Etats membres d’emprunter jusqu’à 2009 à des taux relativement proches. Cet écart ne s’élevait pourtant qu’à 0,3 point de pourcentage en mai. Mais depuis septembre, il n’a eu de cesse d’augmenter régulièrement, dépassant pour la première fois un point de pourcentage en octobre, après que l’agence Moody’s eut décidé de surveiller la note Aaa, la meilleure possible, accordée à la France. « C’est un début de contagion de ce qui se passe ailleurs, explique Jean-Louis Mourier, de la société de Bourse Aurel BGC. Par rapport Un écart de taux grandissant « SPREAD » DE TAUX ENTRE LA FRANCE ET L’ALLEMAGNE 3,344 POUR LE RENDEMENT DE L’EMPRUNT D’ÉTAT À DIX ANS, en % 10 nov. 3,3 3,1 2,9 2,7 2,5 2,3 2,1 1,9 1,7 1,5 26 août 2011 France 1,727 10 nov. Allemagne 30 sept. 31 oct. SOURCE : BLOOMBERG à l’Allemagne, tous les pays voient leur spread se creuser à cause des énormes tensions en Europe. Mais dans le cas de la Finlande ou de l’Autriche, également notés AAA, l’écart ne progresse pas aussi rapidement que pour la France… » « Même s’il n’y a pas encore péril en la demeure, le creusement du spread ne fait malheureusement que refléter les écarts de gestion des finances publiques, explique Marc Touati, de Global Assya. Depuis 2001, le déficit a atteint en moyenne 4,1 % du produit intérieur brut (PIB) en France, contre 2,5 % en Allemagne… » Dans les faits, le spread est surtout nourri par la baisse historique des rendements allemands, on parle d’une « fuite vers la qualité ». Pour placer leur argent en sécurité, les marchés achètent massivement des obligations allemandes à des prix de plus en plus élevés, ce qui de fait provoque une baisse des rendements. Pour se financer à dix ans, l’Etat allemand n’a plus qu’à servir actuellement un taux de 1,8 %, contre 2,9 % au début de l’année. Soit bien en deçà du niveau d’inflation, actuellement de 3 % au sein de la zone euro… Dans les hautes sphères de l’Etat, on rappelle que les rendements des emprunts français à Pour placer leur argent en sécurité, les marchés achètent massivement des obligations allemandes dix ans, de 3,32 % jeudi matin, restent à des taux historiquement faibles. On pense aussi que certains investisseurs ont pu avoir la tentation de rattraper une partie des pertes subies sur des pays périphériques de la zone euro en vendant du papier français, qui se négocie encore à des prix supérieurs à ceux payés lors de l’émission. Et d’espérer que la transition gouvernementale en Italie se fasse rapidement et que les mesures d’austérité annoncées soient pleinement appliquées pour que la pression sur l’ensemble de la zone euro retombe. Mais si les tensions ne s’apaisent pas, les marchés risquent de partir à la recherche d’une nouvelle cible. « Après l’Italie, on peut imaginer que ce soit l’Espagne ou la Belgique, note M. Mourier, et pourquoi pas la France », dont le secteur bancaire est aujourd’hui le plus exposé à la dette italienne. Mais le creusement du spread signifie aussi que la France est jaugée sur sa capacité à améliorer ses finances publiques et préserver son Aaa. Le tout dans un environnement économique très incertain : mercredi, la Banque de France a indiqué prévoir une croissance nulle au quatrième trimestre. « Au-delà de trois mois, personne ne voit plus grand-chose », juge M. Mourier. Lundi, Paris a aussi présenté un nouveau plan de rigueur, destiné à assurer le retour à l’équilibre des comptes publics en 2016. Un plan suffisant pour garder sa note AAA et rassurer les marchés ? « Avec ces mesures, la France gardera cette fois-ci sa note maximale, juge M. Touati. Mais la question n’est plus de savoir si la France perdra son AAA, mais quand. » « La France a de facto perdu son triple A », explique de son côté l’économiste Jacques Attali au quotidien La Tribune jeudi. Et d’ajouter, tout en appelant à de plus fortes hausses d’impôt : « Inutile de s’acharner sur cette note. » p C. L. Quatre scénarios pour empêcher la contagion à la Belgique ou à la France de la crise de la dette italienne Paris et Berlin s’affrontent sur le rôle que doit avoir la Banque centrale européenne Bruxelles Bureau européen L a zone euro vacille avec la contagion à l’Italie de la crise des dettes souveraines. Face au chaos qui menace l’Union monétaire, quatre options sont aujourd’hui sur la table pour tenter d’éviter le naufrage de la Péninsule, et enrayer une propagation à la Belgique, voire à la France. Rome accélère les réformes Sous tutelle de la zone euro et du Fonds monétaire international (FMI), le pays est, de l’avis général et en dépit de son endettement – soit 120 % du produit intérieur brut (PIB) – dans une meilleure situation que la Grèce, l’Irlande, ou le Portugal, les trois pays déjà sous programme. Déficit modeste (4 % de son PIB en 2011), économie diversifiée, système bancaire solide, il pourrait s’en sortir seul à condition de mettre en œuvre, comme l’Espagne de Jose Luis Zapatero, un plan drastique d’austérité et de réformes. La Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE) ont entamé, mercredi 9 novembre, à Rome leur mission pour évaluer le programme d’économies et de réformes esquissé par Silvio Berlusconi, sous la pression de Nicolas Sarkozy et d’Angela Merkel, lors des récents sommets de la zone euro. Le FMI devrait dépêcher ses experts dès la semaine prochaine. Les Européens demandent entre autres d’accélérer les privatisations, et exigent des mesures « supplémentaires » d’économies pour équilibrer le budget italien en 2013. Une aide préventive Lors du récent sommet du G20 à Cannes, M. Berlusconi a refusé l’offre du FMI, en association avec le Fonds européens de stabilité financière (FESF), en vue de mettre en place une ligne de crédit de précaution. Ce prêt, d’un montant d’une cinquantaine de milliards d’euros, pourrait permettre au pays bénéficiaire de disposer d’une réserve, pour mieux ménager son accès aux marchés. Un tel crédit « n’est pas nécessaire », a affirmé le président du Conseil italien, à Cannes, quelques jours avant l’annonce de sa démission. Les dirigeants européens et le FMI attendent de connaître le nom de son successeur pour examiner de nouveau la question avecce dernier. Une telle aide préventive ne peut pas être imposée à l’Italie, et ne serait possible qu’en échange d’un programme d’assainissement négocié avec elle. Un renflouement en bonne et due forme Si la situation empire encore et si l’Italie perdait son accès aux marchés de capitaux, un plan d’aide pourrait être mis en place. Problème : les moyens du FMI et ceux du FESF sont insuffisants, à ce stade, pour intervenir rapidement, et sur une durée d’au moins trois ans, comme c’est le cas dans ce genre de programme. La Pénisule aurait aujourd’hui besoin de quelque 300 milliards d’euros par an. Or, le Fonds de sauvetage européen ne dispose plus que de 250 milliards d’euros, sur les 440 milliards d’euros initiaux, compte tenu de ses diverses interventions en Grèce, au Portugal, et en Irlande. Souffrant d’une récession plus importante que prévu, Lisbonne demande d’ores et déjà une rallonge comprise entre 20 et 25 milliards d’euros, en plus des 78 milliards d’euros de prêts décidés en mai 2011. Les travaux en cours pour renforcer la force de frappe du FESF, afinde la porter à plus de 1000 milliards d’euros, sont des plus alambiqués, et ne seront pas bouclés définitivement avant le début de l’année prochaine. Les pays émergents ont fait comprendre au sommet du G20 qu’ils préféraient passer par le FMI plutôt que d’abon- Paris prolonge l’interdiction des ventes à découvert Le ministre français de l’économie, François Baroin, a prolongé de trois mois, jeudi 10 novembre, l’interdiction qui avait été instaurée le 11 août de la vente à découvert en Bourse sur dix grandes valeurs financières. Ces opérations, effectuées avant de détenir un titre dans l’espoir de l’acheter ultérieurement à un prix plus bas, ont été accusées de précipiter la chute des actions les plus fragiles et d’aggraver l’instabilité sur les places financières. Une telle interdiction existe également depuis août en Italie, en Espagne ou en Belgique. En France, les valeurs financières concernées par cette interdiction sont April Group, Axa, BNP Paribas, CIC, CNP Assurances, Crédit agricole, Euler Hermès, Natixis, Scor et Société générale. – (AFP.) der un fonds spécifiquement dédié aux Européens. Face au risque d’un naufrage italien, le G20 a cependant ouvert la voie d’une prochaine augmentation«si nécessaire » des moyens du FMI. La montée en puissance de la BCE Depuis le mois d’août, celle-ci rachète déjà de la dette italienne, pour tenter de limiter l’envolée des taux d’intérêts demandés par les marchés. Son président, l’Italien Mario Draghi, qui a remplacé Jean-Claude Trichet le 1er novembre,est prêt à poursuivre ces opérations. Pour lui, elles doivent rester temporaires en attendant que le FESF ne prenne le relais, alors que les dirigeants européens suggèrent, au contraire, à l’institut d’émission d’amplifier ses programmes de rachat. Plus largement, un autre débat est en train de refaire surface dans les prochains jours au sujet du rôle de la BCE dans la gestion de la crise. Paris en tête, nombre de capitales de la zone euro, et la plupart des pays du G20, veulent en faire le prêteur en dernier ressort de l’Union monétaire. Dans cette optique, il s’agirait de transformer le FESF en banque pour le faire bénéficier des liquidités illimitées de la BCE. L’Allemagne, et la Bundesbank, ne veulent pas en entendre parler. Elles craignent un retour de l’inflation, si l’institut d’émission devait faire tourner la planche à billets pour renflouer de fait les Etats. La question est explosive entre la France et l’Allemagne. Mais elle risque de resurgir si la crise italienne devait s’aggraver encore. p Philippe Ricard 0123 événement Vendredi 11 novembre 2011 5 La crise en Europe La quête d’un gouvernement en Grèce tourne au vaudeville Les deux principaux partis multiplient les annonces contradictoires D epuis le début de la crise grecque, le monde regarde en direct un pays s’effondrer. Il y a eu la révélation du maquillage des comptes, de l’ampleur de la dette et du déficit, de la plaie de la fraude fiscale. Est venu le temps des mesures d’austérité à répétition et des manifestations de plus en plus violentes. Il y a dix jours, on assistait à l’explosion en vol du premier ministre Georges Papandréou, provoquant la panique sur les marchés et la chute de son gouvernement en annonçant un référendum. Il ne manquait que le spectacle enmondovision des petitescombines d’une classe politique inconscientede sa déconsidération,continuant à jouer comme les musiciens du Titanic. Depuis près d’une semaine, les tractations pour accoucher d’un gouvernement de coalition relèvent davantage du vaudeville – « Opérette », titre Ta Néa, jeudi 10 novembre – que de la tragédie antique, avec ses claquements de portes, ses jeux de rumeurs et d’intoxications, ses cris d’orfraies jetés par chacun des deuxpartis s’accusant d’être lacause de la scène de ménage. Jeudi matin, leschefs de partisse sont à nouveau réunis autour du présidentde la République, Carolos Papoulias, à la recherche d’un premier ministre qui ferait consensus. L’ancien vice-président de la Banque centrale européenne, Lucas Papadémos, revient dans la course après avoir été le favori du début de semaine. Les hommes politiques «Nous n’avons jamais eu affaire à des chefs de parti d’aussi basse qualité » Elias Nikolakopoulos politologue sesententobligésdereveniràla raisonaprèslespectacleaffligeantprésenté mercredi. Dans la matinée, M. Papandréou avait assuré Nicolas Sarkozy de la « mise en place imminente d’un nouveau gouvernement en Grèce bénéficiant du soutien de la majorité et de l’opposition ». Des rumeurs ont circulé toute la journée sur des personnalités différentes,puis enfind’après-midi, lenom du président socialiste du Parle- ment, Philippos Petsalnikos, semblait s’imposer. Le rituel se met en place. Georges Papandréou fait sa dernière allocution télévisée. Il présente ses vœux au « nouveau premierministre »etassurequele nouveaugouvernement« deconsensus politique»valancer«unfortmessage que nous, Grecs, savons assumer nos responsabilités et coopérer ». Il lerépète auprésidentdela République, qui se dit « soulagé ». AntonisSamaras, chef du parti de droite Nouvelle Démocratie, et Georges Karatzaféris, le chef du parti d’extrême droite, les rejoignent pour finaliserla compositiondu cabinet. Cette fois, celui-ci est sur le point d’être annoncé. Devant le palais présidentiel, les journalistes égrènent déjà la liste des prochains ministres. Tout à coup, un homme à l’allure massive sort du palais et fonce comme un sanglier vers les journalistes pour éructer contre « les jeux tactiques des deux leaders ». C’est Georges Karatzaféris, qui est opposé au choix de M.Petsalnikos. Il n’est pas le seul. Des députés Nouvelle Démocratiegrondent, maisc’est au Pasok (socialiste) que la crise couve à nouveau. Le président de la chambre ne suscite guère l’admiration de ses pairs.C’estunfidèle d’entreles fidèles de Georges Papandréou, qui l’a propulséausommetduperchoir.A 60 ans, il est considéré comme un apparatchik du Pasok. Qui plus est, il fait partie de la poignée de conseillers qui ont approuvé l’idée d’un référendum sur le plan européendu27 octobre,avant queGeorges Papandréou ne l’annonce et plonge le pays dans cette crise. Exit Philippos Petsalnikos. Dans la coulisse, les batailles font rage. Côté Papandréou, on cibleànouveauleprésidentdeNouvelle Démocratie, qui aurait refusé d’abord un gouvernement présidé par M. Papadémos, tout comme il aurait refusé une deuxième proposition, avec Evangélos Vénizélos comme premier ministre et Lucas Papadémos comme ministre des finances. A Nouvelle Démocratie, on soutient que « le Pasok n’a jamais proposé le nom de Papadémos».Mercredisoir,M.Samarasfaisait savoir qu’il ne s’opposait ni à M.Papadémos, ni à M. Petsalkinos, ni à n’importe quel candidat et que c’était au Pasok de choisir. «Papandréou cherche de manière désespérée une solution pour garder le contrôle des événements, tandis que Samaras tente de ne pas assumer le choix, pour pouvoir dire plus tard qu’il n’était pas responsable, analyse le politologue Georges Séfertzis. Depuis la fin de la dictature, je crois que nous n’avons jamais eu affaire à des chefs de partis d’aussi basse qualité », affirme son homologue Elias Nikolakopoulos. Le discrédit d’une classe politique jugée responsable de la situation du pays après des années de clientélisme, s’est fortement répandu. Le Pasok et Nouvelle Démocratie recueillent à eux deux moins de 40 % des intentions de vote dans les sondages. « Le bipartisme a pris conscience qu’il s’effondrait. Les hommes politiques grecs font passer le sauvetage de leurs deux partis avant le sauvetage de leur pays. En agissant ainsi, ils ne se rendent pas compte qu’ils se condamnent comme le scorpion qui se mord la queue », explique Georges Séfertzis. Les partis sont Le premier ministre grec Georges Papandréou, à Athènes, le 10 novembre. YIORGOS KARAHALIS/REUTERS très divisés. Le virage à 180 degrés d’Antonis Samaras dans son soutien au plan de sauvetage européen le met en porte-à-faux par rapport à son discours précédent, fait d’attaques contre M. Papandréou et les mesures d’austérité. Au Pasok, la bataille entre les partisans du populisme façon Andréas Papandréou et les courants plus modernistes, restent vives, même si elles apparaissent moins à la surface. « Il y a une division entre ceux qui veulent survivre dans une réalité politique qui reste celle du XIXe siècle, et qui est celle qui nous a mis dans la situation dans laquelle nous sommes, et ceuxqui pensent quela classe politique grecque peut vivre au XXIe siècle», explique la députée Pasok Eléna Panariti, une économiste revenue des Etats-Unis en 2009. p Deux semaines de crise 27 octobre : Accord européen sur un nouveau plan de sauvetage à la Grèce, qui accorde 130 milliards d’euros et efface 100 milliards de la dette des créanciers privés. 28 octobre : Nombreuses mani- festations dans tout le pays, à l’occasion de la fête nationale. Le président de la République est conspué par des manifestants qui le traitent de « traître ». 31 octobre : Le premier ministre Georges Papandréou annonce la tenue en janvier 2012 d’un référendum sur le plan de sauvetage. 2 novembre : Angela Merkel et Nicolas Sarkozy pressent M. Papandréou d’avancer la date du référendum et de le limiter à une question sur l’euro. 3 novembre : Le ministre des finances, Evangélos Vénizélos, s’oppose à l’idée d’un référendum. Le chef de l’opposition de droite, Antonis Samaras, indique pour la première fois qu’il est favorable à la ratification de l’accord et que son parti est prêt à par- ticiper à un gouvernement de transition, sans Papandréou. 4 novembre : Georges Papandréou obtient la confiance du Parlement, après avoir abandonné l’idée d’un référendum et annoncé qu’il démissionnerait. 6 novembre : MM. Papandréou et Samaras annoncent qu’ils ont trouvé un accord. Le nom de Lucas Papadémos est avancé. 7 novembre : M. Vénizélos partici- pe à la réunion des ministres des finances de l’Eurogroupe sans qu’un gouvernement soit constitué. Les Européens conditionnent le versement d’un prêt de 8 milliards d’euros à l’acceptation contresignée par les deux principaux partis du plan de sauvetage. 8 novembre : Antonis Samaras confirme qu’il soutient le plan, mais refuse de le cosigner. 9 novembre : Georges Papan- dréou annonce sa démission et la formation d’un gouvernement, qui échoue à la dernière minute. Alain Salles zegna.com * Vivre passionnÈment Athènes Correspondance Passion for Life* Boot LacÈ et Derby ìSplit Toeî 6 0123 international Vendredi 11 novembre 2011 Violences et intimidations pour éliminer Les couacs les candidats indépendants en Chine de la diplomatie Deux millions de députés doivent être élus d’ici au mois décembre2012 lors de scrutins locaux française en Tunisie Alain Juppé a attendu deux semaines pour féliciter les islamistes de leur victoire électorale Pékin Correspondant S ur le campus de l’université des postes et télécoms, dans le nord-ouest de Pékin, d’immenses banderoles rouges rappellent que le 8 novembre est une journée électorale : « Appréciez les droits dont vous disposez ! Faites un vote solennel ! » Par classes entières, les étudiants se dirigent vers un bâtiment où ils glissent leur bulletin de vote dans l’urne. Comme des milliers de circonscriptions à travers la capitale, l’université désigne par vote direct trois députés à l’Assemblée populaire de district – l’équivalent administratifd’un arrondissementparisien – pour un mandat de cinq ans. Quelque 4 349 sièges sont à pourvoir dans la capitale. Sur le même modèle, deux millions de députés seront choisis à travers la Chine d’ici à décembre 2012, région par région,au seul échelon administratif (le district dans les villes, et le comté dans les zones rurales) où le vote est démocratique. En principe, tout du moins. Ces « députés du peuple » de base ont très peu de pouvoirs dans le système du parti unique. Mais cette année, les élections ont une particularité : plusieurs centaines de candidats indépendants – dont une trentaine à Pékin – ont mené campagne sur les réseaux sociaux. La plupart ayant échoué à se faire désigner comme candidats officiels, ils espèrent que les électeurs inscriront leur nom, lors du vote, dans la case « autre candidat ». A l’Université des postes et télécoms, l’indépendant dont tout le monde a entendu parler s’appelle Xu Zhiyong. Ce professeur de droit de 38 ans est une figure de la société civile. « J’ai écrit son nom. Beaucoup de camarades votent pour lui », confie, dans un café discret, un étudiant de quatrième année. « Il défend les faibles. C’est quelqu’un de courageux », ajoute-t-il. La tête de liste des candidats officiels est le président de l’université, Fang Binxing, célèbre concepteur de la « grande muraille virtuelle » chinoise (la censure) et, à ce titre, bête noire des internautes chinois les plus rebelles. Le paradoxe, c’est que Xu Zhiyong fut déjà élu deux fois A A Yichang, dans la province de Hubei, le 16 octobre. MARIANNE BARRIAUX/AFP député, en 2003 et 2007. Il avait alors mené campagne avec l’aide de dizaines d’étudiants bénévoles et, officiellement nominé comme indépendant, remporta un siège haut la main. Sa détention éclair en 2009 en tant que responsable légal de Gongmeng, l’association des avocats dans le collimateur de la police, en a-t-elle fait un candidat trop embarrassant ? On tenta de l’empêcher cette année de s’exprimer en public. Les étudiants qui s’apprêtaient à l’aider subirent des pressions. Une vidéo qu’il est parvenu à diffuser sur le microblog chinois Weibo, avant que la censure ne la rende inaccessible, le montre toutefois le 7 novembre sur le campus, entouré de supporteurs et d’un petit groupe d’étudiants curieux. « Une élection, ça doit être libre, ouvert et joyeux. Alors pourquoi interdit-on la concurrence entre candidats ? », harangue-t-il. « Il n’y a que la pleine concurrence qui crée un véritable choix et permet de représenter les intérêts du peuple ! Les Chinois sont restés trop longtemps indifférents au processus électoral », poursuit-il. Dans un autre message vidéo, il déplore les « pratiques anormales » de ce scrutin : intimidations, manipulations des règles électora- les, violences que lui et les autres indépendants de Pékin ont subies. Wu Lihong, une Pékinoise qui milite contre les expulsions et tentait de se faire élire dans le district de Chaoyang, a été kidnappée pendant quinze jours, le temps d’être disqualifiée. Cheng Yuting, un mannequinde 23 ans dontla candidature avait fait grand bruit sur Internet, n’a pu obtenir à temps auprès du bureau électoral de son Ces «députés du peuple» de base ont très peu de pouvoir dans le système du parti unique quartier les formulaires nécessaires au dépôt de sa candidature. Xu Chunliu, un jeune journaliste du Web qui pensait avoir ses chances quand nous l’avions rencontré en mai, est aujourd’hui dépité. « On est vraiment en position de faiblesse. Tout est faussé, les règles du jeu, les participants… », soupire-t-il. En septembre, on lui fit savoir que sa candidature, dans le quartier de Zhongxili, district de Dong- cheng, ne pouvait être acceptée car il travaillait trop loin. M. Xu démissionna alors de son emploi au portail Internet Sohu. Le 17 octobre, il apprit qu’il était qualifié comme « candidat préliminaire ». La commission électorale lui donna jusqu’au lendemain matin pour réunir les onze recommandations de résidents qui le soutenaient, le minimum requis. Grâce à l’aide de ses supporteurs, il en fournit 22. Trop peu face aux milliers réunis par la secrétaire du parti du comité du quartier, et par le secrétaire du parti d’une société locale. Xu Chunliu compte lui aussi sur ceux qui inscriront son nom sur leur bulletin – il a fait du porte-à-porte sans relâche. Dans la rue commerçante de Zhongxili, devant le panneau où sont inscrits les 1 500 électeurs locaux, un homme chauve, cigarette au bec, lâche, gouailleur : « Votez Xu Chunliu ! Les autres, ce sont tous des communistes, lui au moins il a des idées ! » Un peu plus loin, le bureau de vote, au rez-de-chaussée d’une tour est sous haute surveillance : des individus qui font semblant de rien sont nonchalamment postés tout le long de la rue qui y mène, des gros bras du comité de quartier chargés de la sécurité. p Brice Pedroletti Séoul relance en partie son aide humanitaire au Nord Six millions de Nord-Coréens ont besoin d’une assistance alimentaire d’urgence Tokyo Correspondant S éoul, qui a annoncé, le 8 novembre, la reprise de son aide médicale d’urgence à la Coréedu Nordpar lebiais de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), entend aussi rétablir d’autresformes d’assistancehuma- nitaire, notamment par l’entreprise du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef). Ces initiatives, qui témoignent de la gravité de la situation humanitaire en République populaire démocratique de Corée (RPDC), révèlent aussi la volonté de Séoul de s’orienter vers une relative détente. C’est la première fois depuis le conférence européenne La meilleure réponse à la crise : Une Europe forte et unie lundi 14 novembre à 16h30 par José Manuel Barroso / président de la Commission européenne présenté par Emílio Rui Vilar / président de la Fondation Calouste Gulbenkian réservation obligatoire au 01 53 85 93 93 Centre Calouste Gulbenkian 39, Bd. de Tour Maubourg – 75007 Paris Tél.: 33 (0) 1 53 85 93 93 [email protected] www.gulbenkian-paris.org naufrage d’une corvette sudcoréenne (46 morts) attribuée à une torpille nordiste par une commission d’enquête internationale – accusationrejetée parPyongyang – et le bombardement de l’île de Yongpyong, en mars et novembre 2010, que Séoul reprend une aide officielle au Nord. Séoul a autorisé l’OMS à utiliser 6,9 millions de dollars destinés aux hôpitaux, très délabrés. En 2009, la Corée du Sud, qui avait fourni 13 millions de dollars à l’OMS en assistance au Nord, gela une partie des fonds non déboursés en raison de la tension entre les deux pays. En dépit de la détérioration de la situation alimentaire, Séoul n’a autorisé jusqu’à présent qu’une aide au compte-gouttes fournie par des organisations privées. «Six millions de Coréens du Nord ont un besoin urgent d’assistance alimentaire », a déclaré Valerie Amos, secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et coordinatrice des secours d’urgence des Nations unies à l’issue d’une visite, fin octobre, dans les provinces de Hamgyong du sud et de Kangwon. « Les populations vulnérables sont victimes d’une situation dont elles ne sont pas responsables. Un enfant sur deux souffre de malnutrition chronique. » Une situation constatée, en octobre, dans la province de Hwanghae du Sud par une mission d’AlertNet, agence d’information humanitaire de la Thomson Reuters Foundation. La pénurie alimentaire chronique en RPDC donne lieu à un débat récurrent sur la responsabilité du régime et les risques de détournement de l’aide. « Nous ne sommes pas ici pour juger de la manière dont sont dépensées les ressources d’un Etat. Nous ne le faisons pas pour d’autres pays et il n’y a pas de raison de commencer en Corée du Nord », avait déclaré Mme Amos à l’agence Associated Press à Pyongyang. Des propos interprétés commeunecritiquedel’utilisationpolitique de l’aide alimentaire à la RPDC,delapartdeSéouletdeWashington qui minimisent la gravité de la situation dans ce pays. En avril, le Programme alimentaire mondial (PAM) avait lancé un appel de 218 millions de dollars d’aide d’urgence, dont seulement un tiers a été couvert par des donations. Unicef, pour sa part, n’a reçu qu’un quart des 20,4 millions de dollars demandés. p Philippe Pons quellebonne distance se placer vis-à-vis de la Tunisie ? Cette questionpoursuit visiblement la diplomatie française, hier empêtrée dans la fin de règne de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali et aujourd’hui embarrassée par la victoire, le 23 octobre, des islamistes à l’élection de l’Assemblée constituante. Le ministre des affaires étrangères français, Alain Juppé, a attendu que deux semaines s’écoulent après le vote avant de décrocher, lundi 7 novembre, son téléphone pour féliciter Rached Ghannouchi, chef du parti Ennahda, vainqueur du scrutin. Ce qui en fait l’un des derniers de la classe européenne. Certes, les résultats définitifs ne seront communiqués par la Commission électorale tunisienne que le 14 novembre, après examen des recours, mais ils ne changeront pas la donne. Dès le 28 octobre, Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, avait reconnu la victoire du parti islamiste. « Nous saluons les candidats et les partis qui ont pris part à ce processus démocratique. Nous félicitons également le parti Ennahda, qui a recueilli le plus grand nombre de voix », avait déclaré Mme Ashton, cosignataire d’un communiqué avec le commissaire en charge des AQMI « tire profit de l’arsenal libyen » Dans un surprenant entretien au site mauritanien Agence Nouakchott d’Information, mercredi 9 novembre, Mokhtar Belmokhtar, l’un des chefs d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), affirme que les « moudjahidins » de l’organisation djihadiste « sont les plus grands bénéficiaires des révolutions du monde arabe parce que ces révolutions ont brisé les chaînes de la peur ». « Quant au fait que nous tirons profit de l’arsenal libyen, c’est tout à fait normal dans de telles circonstances », poursuit « l’émir », qui nie cependant toute participation d’AQMI dans les combats contre les forces kadhafistes. Mais il met « en garde [ses] frères musulmans en Libye de se laisser avoir par les appels et autres projets de désarmement ». Interrogé sur les quatre otages français au Sahel, Mokhtar Belmokhtar fait toujours du retrait des troupes françaises en Afghanistan un préalable à leur libération : « Il n’y a jusqu’ici aucun changement dans cette affaire. » relations avec les pays voisins de l’Union européenne (UE), Stefan Füle. « L’UE, ajoutaient-ils, se réjouit à la perspective de collaborer étroitement avec la nouvelle Assembléeet les autorités et institutions tunisiennes pour répondre aux aspirations des Tunisiens à la démocratie, à la liberté, à la justice sociale et à la dignité. » « Comminatoires » La première réaction française a été toute autre. Fin octobre, M. Juppé avait conditionné l’aide du G8 à Tunis au respect des valeurs démocratiques. « Nous allons mettre en place une aide économique massive à la Tunisie, avait-il affirmé sur France Inter. Naturellement, cette aide, nous l’apporterons dans la mesure où les lignes rouges ne seront pas franchies. » « Je pense que c’est important d’avoir cette conditionnalité », avait ajouté M. Juppé, en citant le respect de l’alternance démocratique, des droits de l’homme, et de l’égalité hommes-femmes. Des propos mal ressentis en Tunisie, et pas seulement parmi les islamistes. « Comminatoires ! », avait tranché le site Internet du magazine tunisien Leaders. « Sous Ben Ali, la France voulait nous envoyer des flics et maintenant qu’il y a des élections libres, elle veut conditionner les aides, c’est à rien n’y comprendre ! », déplorait un responsable d’un parti progressiste, peu suspect de sympathie pour Ennahda. M. Juppé avait pourtant, le 16avril,impriméla nouvelledoctrine du Quai d’Orsay vis-à-vis du monde arabe : dialoguer « sans complexe » avec « les courants islamiques ». Et, à deux reprises, l’ambassadeur de France à Tunis, Boris Boillon,s’est renduausiège d’Ennahda avant le scrutin du 23 octobre, avec la délégation parlementaire de l’OTAN, puis seul. Mais, signe d’un malaise persistant, le diplomate reste interdit de parole dans la presse, Paris préférant « centraliser » la question tunisienne. Lundi, le tir a été rectifié, M. Juppé délivrant à M. Ghannouchi un « message de confiance sans préjugé ni procès d’intention ». L’échange a été « cordial », précise-t-on au Quai d’Orsay, et M. Ghannouchi a convié le ministre français à Tunis. Où l’on n’a pas tout à fait oublié que le chef de la diplomatie française avait tardé à se montrer, préférant se rendre d’abord en mars sur la place Tahrir, au Caire. p Isabelle Mandraud Le gouvernement turc face au défi kurde Par Wendy Kristianasen NOVEMBRE 2011 Chez votre marchand de journaux – 4,90 € 0123 international Vendredi 11 novembre 2011 Au Mexique, HRW dénonce les dérives de l’Etat dans la guerre contre les narcos Dans un rapport, Human Rights Watch fait état de tortures et d’exécutions extrajudiciaires Mexico Correspondance L es violations des droits de l’hommeaugmentent dramatiquement au Mexique », dénonce Kenneth Roth, directeur de l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch (HRW). Mercredi 9 novembre, M. Roth a remis au président mexicain Felipe Calderon un rapport alarmant surles exactions des policiers et militaires contre des civils innocents. Intitulée « Ni droits ni sécurité : assassinats, disparitions et tortures dans le cadre de la guerre du Mexique contre les drogues », cette enquête de 214 pages s’appuie sur 200 entretiens réalisés auprès des autorités, des victimes et autres défenseurs des droits de l’homme, dans cinq Etats frappés par la violence : Basse-Californie, Chihuahua, Guerrero, Nuevo Leon et Tabasco. Ce rapport, basé aussi sur l’analyse de statistiques officielles, Le président Calderon va « analyser » le rapport « La principale menace pour les droits humains des Mexicains, ce sont les criminels », affirme le président Felipe Calderon, après avoir reçu le rapport de Human Rights Watch. Le communiqué présidentiel confirme la création d’un « groupe de travail conjoint pour analyser le contenu du document » de HRW. de plaintes de civils ou de dossiers judiciaires, révèle les failles de la stratégie du président Calderon, qui a déployé 50 000 militaires sur le territoire depuis fin 2006. Selon HRW, « cette politique a exacerbé le climat de violence ». Le gouvernement comptabilise 35 000 morts liés au crime organisé entre fin 2006 et fin 2010. L’hécatombe atteint 11 000 assassinés en 2011, selon le décompte de la presse. « A ces violences s’ajoutent les abus des autorités », s’alarme M. Roth, dont le rapport dénombre plus de 170 cas de torture. Asphyxie, simulation de noyade, électrochocs, sévices sexuels : autant de techniques utilisées pour obtenir des confessions forcées et des informations sur les groupes criminels. Sans compter l’implication de membres de la police ou de l’armée dans 39 disparitions et 24 homicides. « Dans la majorité des cas, les soldats et les policiers changent la scène du crime pour faire passer les victimes pour des agresseurs armés, exécutés par un cartel rival », précise le rapport. M. Calderon lui-même martèle que 90 % des tués sont liés au crime organisé. HRW assure le contraire : « Les victimes de ces abus, ou leurs familles, déclarent qu’elles étaient innocentes », soulignant que « les cas répertoriés ne sont pas des actes isolés ». Entre 2003 et 2006, 691 plaintes étaient déposées auprès de la Commission nationale des droits de l’homme, contre 4 803 entre 2007 et 2010. Quant aux enquêtes sur les crimes commis par des militaires contre des civils, elles sont passées de 210 en 2007 à 1 293 en 2009. « Des pratiques abusives endémiques », selon HRW. Malgré l’arrestation de dizaines de milliers de membres présumés des cartels de la drogue, le procureur général de la République n’a lancéque 997 enquêtes pourhomi- Le rapport préconise que les militaires soient jugés par des tribunaux civils cide, dont 343 ont débouché sur une condamnation. Et lorsqu’un procès est engagé, « les juges basent leur décision sur des confessions obtenues par la violation des droits du suspect », souligne le rapport. Ces abus sont rarement dénoncés par les victimes, qui ne font pas confiance à la justice. Selon la commission des droits de l’homme de la ville de Ciudad Juarez (Etat de Chihuahua), seule une exaction sur dix fait l’objet d’une plainte. Sans compter « les pressions exercées par l’armée sur les familles pour qu’elles abandonnent leurs poursuites ». Pour Kenneth Roth, « le système de justice garantit l’impunité des soldats, jugés par les tribunaux de l’armée, malgré l’avis contraire de la Cour suprême du Mexique ». Conséquence : « Aucune des 1 615 enquêtes ouvertes contre des militaires, depuis 2007 dans les cinq Etats étudiés, n’a débouché sur une condamnation », dénonce HRW, qui préconise une réforme du code de justice militaire pour que les abus des soldats soient jugés par des tribunaux civils, plus indépendants. Une autre recommandation porte sur la présomption d’innocence, garantie par la Constitution mexicaine : « Le gouvernement ne devrait plus affirmer que les victimes d’abus sont des criminels, avant qu’elles n’aient été déclarées coupables. » HRW incite aussi les juges à rejeter les confessions obtenues sous la torture. A la sortie de sa rencontre avec le président, M. Roth estime avoir remporté une première victoire : « Felipe Calderon a admis des exactions qu’il niait auparavant. » Le chef de l'Etat s’est engagé à créer une commission, intégrant des membres de HRW, pour enquêter sur les cas dénoncés. Le temps presse pour les victimes, qui gardent longtemps des séquelles physiques et psychologiques. A l’instar de cet homme qui, « après avoir subi une simulation de noyade, n’a pas pu durant des mois prendre une douche car cela lui rappelait sa torture », raconte le rapport, qui précise que « même prendre un verre d’eau était difficile pour lui. » p Frédéric Saliba 7 Né à Jérusalem, mais dans quel pays exactement? O ù se situe Jérusalem ? Identitaire, épineuse et quasi ontologique, la question est arrivée… jusqu’à la Cour suprême américaine. Fils d’Ari et Naomi, un couple d’Américains, Menahem Zovotovsky, 9 ans, est né dans la Ville sainte. Son père, qui porte la large calotte brodée typique des partisans du mouvement des colons israéliens du Bloc de la foi, demande à la justice des Etats-Unis qu’au « lieu de naissance » de l’enfant, l’administration américaine inscrive, sur ses papiers officiels : Israël. Or celle-ci s’y refuse, au motif qu’elle ne peut interférer dans un enjeu de politique internationale. Oubliez « le brouhaha politique », a rétorqué, mardi 7 novembre, l’avocat du plaignant devant la Cour qui statuera ultérieurement. Il ne s’agit que d’une « une ligne sur un passeport » (américain). D’ailleurs, a-t-il fait valoir, le Congrès a si bien validé cette évidence que Jérusalem se trouve en Israël qu’il a voté en 2002 une loi imposant au département d’Etat d’inscrire tout citoyen qui y est né et dispose de la nationalité américaine comme étant « né en Israël s’il en fait la demande ». Oui, mais… en signant cette loi, l’ancien président George Bush avait précisé qu’il… ne l’appliquerait pas parce qu’elle interfère avec l’autorité constitutionnelle du président en matière de politique étrangère. Son successeur, Barack Obama, a suivi la même ligne. « Il est vital que la nation parle d’une seule voix » et seul l’exécutif a autorité sur ces cas, a plaidé l’avocat de l’administra- tion. Sur ce point, les juges sont apparus divisés. Le président est le « seul instrument » de la politique étrangère, indique la Constitution. « Mais seul instrument et seul déterminant ne sont pas la même chose », a noté le juge Antonin Scalia. En revanche, la Cour n’a pas été convaincue par l’aspect « apolitique » de la requête. Le juge Samuel Alito a noté que l’intitulé même de la procédure du plaignant – « La politique américaine concernant Jérusalem, la capitale d’Israël » – indique explicitement sa nature politique. Argument apolitique Et, de fait, Jérusalem n’est pas reconnue par la communauté internationale, Etats-Unis inclus, comme la « capitale d’Israël ». Non pas parce que l’annexion de la partie arabe de la Ville sainte par Israël, en 1967, n’a jamais été reconnue, mais parce que le statut « international » de Jérusalem fixé par le plan de partage de la Palestine par l’ONU en 1947 n’a jamais été modifié dans le droit international, et qu’il ne le sera pas sans un accord politique mettant fin au conflit israélo-palestinien, dont il est l’un des enjeux majeurs. Apolitique pour apolitique, l’argument du plaignant justifiant sa requête eut été plus convaincant, a estimé la juge Elena Kagan, s’il avait par exemple également défendu l’idée qu’un citoyen américain soit autorisé à inscrire sur ses papiers administratifs : « Né à Jérusalem, Palestine. » p Sylvain Cypel (New York, correspondant) www.novancia.fr Conception : Lonsdale – Photo : élie Architectes : Architecture Studio *Développement d’affaires Novancia, issue d’Advancia et de Négocia, forme des managers à double compétence entrepreneuriale et commerciale. 3, rue Armand Moisant 75015 Paris Tél. : 01 55 65 44 88 La grande école du business development* vous ouvre un avenir plein d’audace. 8 0123 international Vendredi 11 novembre 2011 Les républicains accusent Barack Obama d’«affaiblir» les Etats-Unis face à l’Iran Les candidats à la candidature insistent tous sur leur soutien à Israël au lendemain d’un rapport alarmiste de l’AIEA sur le nucléaire iranien New York Correspondant L ’ambition du régime iranien de se doter de l’arme nucléaire pourrait-elle constituer un élément central de l’offensive républicaine contre Barack Obama, sur le thème annoncé de « l’affaiblissement des Etats-Unis » sous son administration, dans le cadre de la campagne présidentielle pour le scrutin de novembre 2012 ? On pensait avoir un avant-goût de la réponse mercredi soir 9 novembre, alors que les huit participants aux élections primaires pour la désignation du candidat du Parti républicain – Mitt Romney, Rick Perry, Herman Cain, Ron Paul, Michele Bachmann, Newt Gingrich, Jon Huntsman et Rick Santorum, dans l’ordre des intentions de vote, selon les sondages – s’étaient donné rendez-vous pour un débat à l’université Oakland de Rochester (Michigan). Certes,ilétaitprévudepuislongtemps que la situation économique du pays constituerait le plat de résistance du débat. Mais, alors que lerapportdel’Agenceinternationale de l’énergie atomique (AIEA) émettant ses « sérieuses préoccupations » vis-à-vis du programme de développement nucléaire de l’Iran venait d’être divulgué, cette ques- tion, qu’on aurait imaginée prioritaire au vu de la place que les médias américains lui ont accordée, a tout simplement été… ignorée des débatteurs commede ceux qui les interrogeaient. Pas une fois, en deux heures, le mot « Iran » n’aura été prononcé. Il devrait cependant en être autrement au cours d’une nouvelle «Qu’il se nomme Obama ou qu’il soit républicain, le président doit (...) échafauder une stratégie post-sanctions » Elliott Abrams ancien conseiller de M. Bush confrontation entre ces huit mêmes candidats, samedi soir 12 novembre, à l’occasion d’un débat consacré cette fois-ci auxquestions de politique internationale. Avant leur échange de mercredi, les candidats à la candidature républicaine s’étaient cependant beaucoup exprimés la semaine précédente, réagissant en particulier au débat en Israël sur l’éventualité de frappes contre les sites iraniens. Tous ont insisté sur leur solidarité avecl’Etat juifet, àl’exceptionnotable de M.Romney, sur la similitude de leurs points de vue avec ceux exprimés les jours précédents par le tandem Benyamin NetanyahouEhoud Barak, bien que les propos tenus parlepremier ministre israélien et son ministre de la défense ont fait l’objet de vives réserves en Israël même. Le plus clair a été le gouverneur du Texas, Rick Perry. « Même si Israël est celui qui commençait une guerre dans la région, nous ne pourrions laisser un fou détenir une arme nucléaire, car nous savons l’usage qu’il en ferait », a-t-il indiqué. S’il était élu président, M. Perry soutiendrait une opération préventive israélienne contre l’Iran « jusque et y compris par une action militaire ». Mitt Romney, comme il était prévisible, est resté plusvague.Ilfavorise–commel’administration Obama – un renforcement des sanctions tout en « maintenant toutes les options sur la table», expression consacrée pour désigner une attaque militaire contre l’Iran. Globalement, la ligne qui se dégage des propos républicains consiste à stigmatiser Barack Obamacomme ayant«affaiblilesEtatsUnis » en cherchant à affaiblir « le Mitt Romney, Herman Cain et Rick Perry, le 9 novembre, lors du débat entre républicains. SCOTT OLSON/AFP principal allié des Etats-Unis au Proche-Orient[Israël]», non seulement en faisant pression sur lui sur la résolution de la question palestinienne – un enjeu dont M.Romney a indiqué qu’il s’en « tiendrait à l’écart » – mais aussi en se montrant «faible » vis-à-vis de Téhéran. Plus largement, la stratégie du bâton et de la carotte, exposée par M.Obama avant son accession à la Maison Blanche et durant la première phase de son mandat, devrait constituer un temps fort de la critique républicaine. Interrogé, mercredi 9 novembre, lors d’une conférence organisée par le Council on Foreign Relations, Elliott Abrams, ancien conseiller-adjoint à la sécurité du président Bush, évoquait cette option sans détour. Face à M. Obama, il « commencerait à lui rappe- ler ses propos initiaux » concernant l’Iran, la conviction qu’il a propagée qu’il était « possible de parvenir à un dialogue avec Téhéran ». Il lui demanderait ensuite s’il les tiendrait toujours. Une réponse positive ferait du président un indécrottable aveugle tant « il est clair qu’imaginer un accord avec un régime qui ne respecte rien du droit international est devenu obsolète ». Une réponse négative montrerait qu’il a « fait perdre du temps » à son pays face à la menace iranienne. En attendant, les sanctions infligées jusqu’ici par la communauté internationale n’ont été d’aucun effetsur «la déterminationiranienne » et la probabilité de parvenir avec Moscou et Pékin à « des sanctions beaucoup plus fortes » apparaissent faibles, a jugé cet ancien responsable républicain proche du lobby pro-israélien Aipac. Dès lors, et vu que le cyber-sabotage d’installations atomiques iraniennes, du type de celui que l’on soupçonne Israël et/ou la CIA d’avoir déjà mené, ne peuvent « au mieux que repousser les échéances, pas empêcher Téhéran d’assouvir ses ambitions », M. Abrams estime que le prochain président sera confronté à une nouvelle donne. Selon lui, « qu’il se nomme Obama ou qu’il soit républicain, il doit commencer à échafauder une stratégie post-sanctions ». Il n’a pas élaboré plus avant le contenu de ce concept. Mais cette vision induit que l’urgence d’une action armée contre Téhéran, si elle était envisagée, ne se poserait pas avant, au minimum, plus d’un an. p Sylvain Cypel Trou de mémoire en direct pour Rick Perry Qsis pii Qsi igi 4 Journée-débat dpc p ’mi Mi 29 vm 2011 Cimhèq fçis - 51 bcy - 75012 Pis Ifmis iviis s www.cip.f L e cauchemar de tout responsable politique – souffrir d’une absence en pleine envolée oratoire – est devenu cruelle réalité pour Rick Perry, l’un des challengers républicains du président Obama pour l’élection de 2012. Son trou de mémoire, diffusé d’abord en direct mercredi 9 novembre au soir, lors d’un débat devant des millions de téléspectateurs, puis démultiplié sur Internet, pourrait compromettre une candidature déjà affaiblie par ses piètres prestations orales. Pourtant, aucune question embarrassante ne lui a En collaboration avec A suivi un déluge de messages ironiques sur Twitter et de commentaires sur les vidéos montrant en gros plan l’embarras du candidat. Quelques secondes de silence ont ainsi éclipsé le reste du débat consacré aux enjeux économiques, pourtant centraux. Et probablement compromis les chances de M. Perry, très conservateur gouverneur du Texas, de briguer la Maison Blanche. Signe qui ne trompe pas : le camp Obama réserve ses piques à Mitt Romney, ainsi confirmé comme le probable candidat républicain. p Philippe Bernard Elena Udrea , une blonde explosive aux manettes du tourisme en Roumanie M En partenariat avec été posée. M. Perry s’est piégé luimême en déclarant solennellement que, soucieux d’économies, il supprimerait trois agences fédérales s’il était élu. L’ennui est qu’il n’a réussi à en citer que deux. « Le commerce, l’éducation…. », a-t-il lancé, avant un long silence gêné au cours duquel il a jeté des regards désespérés autour de lui, puis feuilleté ses notes. L’animateur du débat a tranché : « Vous ne pouvez pas donner le nom de la troisième ? » Après de nouveaux efforts, M. Perry a fini par lâcher : « Je ne peux pas… La troisième, je ne peux pas… Oops ! » oulée dans une robe noire en latex, des bottes de cuir au-dessus des genoux, Elena Udrea prend une pose provocatrice, sur un globe terrestre. Ainsi s’affiche, en première page d’une revue people, la blonde ministre roumaine du tourisme, avant de poser en Cléopâtre, Eva Perón, Jackie Kennedy, Margaret Thatcher et Madonna. C’est un cours d’histoire en images que cette femme donne à ses compatriotes sans cacher ses ambitions. « En Roumanie, nous avons un défi à relever : voir une femme présidente ou premier ministre, écrit la ministre dans la légende de sa photo. Malgré notre société misogyne, nous ne sommes pas loin du compte. » A 37 ans, Elena est devenue la femme la plus populaire de Roumanie. La « blonde », la « femme fatale », « Udrea Chaos », ou encore la « blonde du président » – en raison d’une rumeur sur ses liens présumés avec le chef de l'Etat Traian Basescu –, fait parler d’elle. En politique, cette avocate a zigzagué avec passion : conseillè- re juridique du secrétaire général du Parti socialiste, elle a rapidement pris un virage libéral et fini par intégrer le Parti socialdémocrate dont est issu l’actuel président. En 2005, elle soutient une thèse en science militaire à l’université nationale de défense de Bucarest et se retrouve aussitôt chef de la chancellerie présidentielle. La blonde préférée des Roumains maîtrise aussi bien ses ambitions politiques que sa garde-robe. Circuit Ceausescu En ces temps de crise financière qui poussent les Etats européens à chercher de l’argent partout où il se trouve, la ministre du tourisme a annoncé sa stratégie pour remplir les deniers publics : le circuit touristique Ceausescu. « C’est extraordinaire de pouvoir exploiter les lieux où a vécu le dernier grand dictateur de l’Europe de l’Est, explique-t-elle. Depuis sa chute, les gens ont abandonné leur colère contre lui. Et, pour les étrangers, c’est une idée fantastique. » Avec Elena Udrea aux manettes, les Roumains veulent frapper fort. Les touristes seront invités à passer un moment dans le bureau du Conducator puis à aller sur le balcon où il a tenu son dernier discours. Ils visiteront la Maison du peuple, le mastodonte architectural conçu par Nicolae Ceausescu et transformé en siège du Parlement après son exécution sommaire. Pour les amoureux de la campagne, on prévoit un saut à Scornicesti, le village natal du dictateur situé dans le sud du pays. Ceux qui veulent assouvir des fantasmes moins politiques pourront louer des chambres dans les nombreuses résidences du « génie des Carpates ». Cette pratique existe déjà car, en échange d’un bakchich, plusieurs gardiens de ces résidences fermaient les yeux sur les couples qui voulaient passer une nuit dans les draps des Ceausescu. Mais Elena Udrea veut en finir avec ces pratiques et faire rentrer l’argent dans le budget de l’Etat. Un bon argument électoral pour cette femme qui rêve de s’installer dans le fauteuil présidentiel. p Mirel Bran (Bucarest, correspondant) 0123 international Vendredi 11 novembre 2011 L’OTAN en passe de confier le contrôle de plus de 50% du pays aux forces afghanes Le président afghan, Hamid Karzaï, doit annoncer l’accélération de la transition le 16novembre L ’OTAN, soucieuse de sortir du bourbier afghan, commençait à s’impatienter. Prévue pour septembre, l’annonce de la deuxième phase de transfert aux autorités afghanes de zones sous contrôle de l’OTAN, devrait finalement intervenir entre le 16 et le 19 novembre au cours d’une Loya Jirga (assemblée traditionnelle) convoquée à Kaboul par le président afghan Hamid Karzaï. Le chef de l’Etat afghan profitera de cet événement pour réaffirmer son autorité en livrant aux chefs tribaux venus de tout le pays les détails de ces transferts. Selon nos informations, le contenu de cette liste marque un basculement symbolique important. En effet, en cumulant la première phase annoncée, le 22 mars, à celle qui doit être révélée à partir du 16 novembre, près de 50 % de la population afghane passera sous le contrôle effectif des forces de sécurité de Kaboul. Dix-huit provinces afghanes sur trente-quatre seront désormais concernées par ce transfert de responsabilité : 106 districts ont été retenus par une structure mixte afghano-internationale, la Joint-afghan-NATO Inteqal, « transition » en afghan, Board (Janib), chargée de gérer cette transition jusqu’au retrait total de l’OTAN fin 2014. Selon cette liste, auquel Le Monde a eu accès, des districts situés dans les provinces du Sud, de Kandaharet du Helmand, à forte activi- té insurrectionnelle, figurent dans cette deuxième phase. Selon un membre de l’OTAN, interrogé mercredi 9 novembre, « cette décision a sa cohérence car il ne faut pas garder les secteurs les plus durs pour la fin, il faut profiter de fait que des troupes de l’OTAN sont encore présent en nombre dans la région ». Ce choixrépond aussi aux attentes du commandement américain, dont les troupes représentent les trois quarts des effectifs de l’OTAN en Afghanistan, de combler le retrait total, depuis juillet, des soldats canadiens stationnés dans la province de Kandahar, et du départ progressif de l’armée britannique d’ici à 2014, basée dans le Helmand. L’idée serait également de faire baisser les confrontations dans les zones rurales et de laisser la vie reprendre peu à peu son cours normal, au risque de laisser les talibans revenir en force après l’offensive américaine de 2009 et 2010. « On revient doucement vers un schéma à la soviétique, on tient les villes et on laisse les campagnes aux insurgés afin de limiter la casse », décrypte un cadre de l’ONU à Kaboul. La cession aux Afghans du district de Saroubi, au nord-est de Kaboul, contrôlé par les Français, constitue un autre élément de cetteliste. Egalement soucieuses d’enclencher le retrait militaire français et de recentrer les effectifs restants dans la province stratégique de la Kapisa, l’armée et la diploma- tie françaises avaient indiqué aux autorités américaines et afghanes que le départ de Saroubi « n’était pas négociable ». Selon le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l’état-major des armées, questionnémercredi,«la situationsécuritaire en Saroubi est maîtrisée et l’autonomie des forces afghanes est assez satisfaisante pour ouvrir la voie à ce transfert ». Au total, quatre provinces entières du nord et de l’ouest ont été inscrites sur cette liste et l’ajout de certainsdistrictsapermisd’encomplé- «Onrevientvers un schémaàla soviétique, ontient lesvilles eton laisseles campagnes auxinsurgés» Un cadre de l’ONU à Kaboul ter deux autres, Herat et Balkh, qui avaient été partiellement transféréesauxautoritésdeKaboulauprintemps.Lesud-estdupays,contrairement aux souhaits de Kaboul reste à l’écart de ces mouvements. Silesnégociations quiont précédé la rédaction de cette liste ont donné lieu, cette fois-ci, à moins de frictions que la première entre Kaboulet Washington, deschangements sont toujours possibles, « jusqu’à la dernière minute », selon l’expression d’un responsable de l’OTAN à Kaboul. La constitution de cette liste doit prendre en compte des considérations très hétéroclites : affirmation de souveraineté de la part de Kaboul, exigences tribales, messages des grandes démocraties occidentalesà leurs opinionspubliques et degré d’insécurité dans les zones concernées. L’objectif de l’OTAN restant de limiter au maximum les pertes d’ici à 2014. Selon la présidence afghane, la LoyaJirga sera «un moment d’affirmation de l’unité du pays ». Elle devrait ainsi également aborder la question du futur partenariat stratégique avec Etats-Unis pour les vingt à cinquante prochaines années. Selon nos informations, les questions liées à l’usage de la torture contre les détenus et des raids de nuit contre des suspects ont été réglées. En revanche, celles de l’installationde bases et du paiement d’un loyer achoppent toujours. La seule armée afghane coûte 5,2 milliards d’euros par an, soit 16 % du budget du pays et le retrait de l’OTAN constituera une perte de 4,2 milliards d’euros en revenus générés par la logistique et la soustraitance. Enfin, la Loya Jirga devrait permettre de désigner le successeur officiel de Burhanuddin Rabbani, ex-président afghan (1992-1996) et chef du Haut Conseil pour la paix (HCP) chargé de la réconciliation avec les insurgés, assassiné le 20 septembre. Son fils est pressenti, mais sa nomination fait encore l’objet de résistances. p Jacques Follorou Etats-Unis Le cerveau présumé de l’attentat contre l’«USS-Cole» mis en accusation à Guantanamo GUANTANAMO. Abd-Al-Rahim Al-Nachiri, 46 ans, le Saoudien accusé d’être le cerveau des attentats contre le navire américain USS-Cole et le pétrolier français MV-Limburg, a été formellement mis en accusation, mercredi 9 novembre, à Guantanamo. Considéré comme un proche d’Oussama Ben Laden, qu’il aurait rencontré plusieurs fois selon l’acte d’accusation, il est le premier détenu renvoyé devant la justice militaire d’exception sous la présidence de Barack Obama. L’attentat contre le navire américain USS-Cole avait fait 17 morts le 12 octobre 2000 au Yémen. Le procès débutera au plus tôt en novembre 2012 mais pourrait être retardé à la demande de la défense, a déclaré le juge, le colonel James Pohl. Entre-temps, une audience est prévue en janvier 2012. Accusé de complot en vue de commettre des actes de terrorisme, de meurtre en violation des lois de la guerre, d’acte de terrorisme et d’attentat contre des civils, Abd-Al-Rahim Al-Nachiri aurait subi des simulations de noyade dans une prison de la CIA. Il encourt la peine de mort. Il est également renvoyé pour une tentative d’attentat quelques mois plus tôt contre un autre destroyer américain, l’USS-Sullivans, à Aden, le 3 janvier 2000. Il sera en outre jugé pour avoir commandité l’attentat contre le pétrolier français MV-Limburg, le 6 octobre 2002, dans lequel un marin bulgare avait péri. – (AFP.) p Syrie Des dirigeants arabes offriraient l’asile à M. Assad WASHINGTON. Des dirigeants arabes ont indiqué, en privé aux EtatsUnis, qu’ils proposaient l’asile au président syrien Bachar al-Assad pour le convaincre de démissionner face à la contestation qui agite le pays, a indiqué, mercredi 9 novembre au Sénat, Jeffrey Feltman, le secrétaire d’Etat adjoint pour le Moyen-Orient. Au cours de la même audition, M. Feltman a estimé que la contestation armée contre le régime du président Bachar al-Assad en Syrie était « contre-productive ». Le même jour à l’ONU, la Syrie a accusé les Etats-Unis de s’ingérer dans la crise qui agite le pays. Plus de 3 500 personnes ont été tuées en Syrie depuis le début des manifestations contre le président syrien Bachar al-Assad en mars. Mercredi, l’ambassadeur de France à l’ONU Gérard Araud a critiqué « l’indifférence » d’une partie des membres du Conseil de sécurité face à la répression, son homologue américaine appelant le Conseil à prendre « ses responsabilités ». – (AFP.) Israël La Cour suprême confirme la peine de sept ans de prison pour l’ancien président Moshé Katzav JÉRUSALEM. La Cour suprême d’Israël a confirmé, jeudi 10 novembre, la condamnation et la peine de sept ans de prison prononcées en première instance contre l’ex-président israélien Moshé Katzav pour deux viols et harcèlement sexuel contre deux de ses subordonnées à l’époque où il était ministre du tourisme dans les années 1990, ont indiqué les médias israéliens. M. Katzav (65 ans) devrait être incarcéré le 7 décembre. – (AFP.) “On a tous besoin de la toile pour tisser des liens” À la Fondation Orange nous croyons que le numérique renforce le lien social. Avec Orange Solidarité Numérique, nous avons mis en place plus de 1 000 ateliers de formation grâce à nos 2 500 bénévoles. Nous soutenons 66 associations qui œuvrent pour déployer au quotidien les usages du numérique et qui innovent dans tous les domaines de la solidarité. Parmi ces associations, 5 projets coup de cœur ont été plébiscités par les internautes : Les Têtes de l’Art, Artis Multimédia, Probono Lab, Unis Cité Aquitaine, Art dans la cité. l’espoir change avec Orange www.fondationorange.com 9 10 planète 0123 Vendredi 11 novembre 2011 Plus d’une espèce de conifères sur quatre est menacée dans le monde L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) vient de publier sa Liste rouge 2011 P lus d’un mammifère sur cinq, plus d’un oiseau sur huit, un amphibien sur trois sont menacés d’extinction mondiale : grâce à la Liste rouge des espèces en danger, que publie chaque année l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ces proportions inquiétantes nous sont, hélas, devenues familières. On sait moins, en revanche, que cette menace concerne plus d’une espèce de conifère sur quatre. C’est l’un des principaux enseignements de la Liste rouge 2011, dont la mise à jour a été publiée jeudi 10 novembre. Animaux et végétaux confondus, cette liste porte à 61 914 le nombre d’espèces évaluées sur la planète, parmi lesquelles 3 879 sont « en danger critique d’extinction », 5 689 « en danger » et 10 002 considérées comme « vulnérables ». Elles ont beau constituer une ressource essentielle pour l’humanité et une composante critique des habitats sauvages : les plantes, jusqu’alors, étaient sous-représentées dans ce gigantesque travail de recensement. Non pas qu’elles aient été oubliées. « Il y a eu un gros effort mené sur les plantes dans les années 1990, mais avec des critères moins rigoureux que ceux qui ont cours aujourd’hui », explique JeanChristophe Vié, directeur adjoint du programme mondial pour les espèces de l’IUCN. Il a donc fallu tout reprendre à l’aune de cette nouvelle méthodologie. Plusieurs groupes de plantes sont en cours d’évaluation. Parmi eux, les conifères, dont le recensement a été terminé cette année. « On en compte environ 620 espè- ces dans le monde, soit un chiffre relativement faible. Beaucoup sont déjà connus. Autres avantages : les conifères sont largement répartis sur la planète et nombre de scientifiques y consacraient déjà leurs recherches. C’est pourquoi ce groupe a été retenu comme prioritaire », précise M. Vié. Parmi ces 620 espèces, 28 % ont été classées comme « menacées » et 14 % comme « quasi menacées ». C’est autour du Pacifique (Amérique, Asie, Océanie) qu’on trouve la plus grande diversité de conifères. Et c’est en Asie tropicale, bien plus qu’en Europe ou en Amérique, que se situent les principales menaces. Agriculture intensive Un exemple ? Le sapin d’eau chinois Glyptostrobus pensilis. Naguère très répandue en Chine et au Vietnam, cette espèce a vu cette année son statut passer de « en danger» à « en danger critique d’extinction ». Principale cause de déclin : la perte d’habitat au profit de l’agriculture intensive. En Chine, il ne subsisterait plus aucun plant sauvage. Au Vietnam, très peu d’arbres produisent encore des semences viables. Et la plus grande des populations, récemment découverte au Laos, a été détruite après l’inondation consécutive au projet hydroélectrique mis en œuvre par EDF sur le Nam Theun, affluent du Mékong qui traverse le pays. Ce qui signifie, précise l’UICN, « que cette espèce se dirige rapidement vers le statut “Eteint à l’état sauvage” ». Autre exemple : le Taxus contorta, conifère chinois surexploité pour la production du Taxol (un médicament utilisé en chimiothérapie), dont le statut est passé cette année de « vulnérable » à « en danger ». L’UICN est également très attentive à l’évolution des conifères de Nouvelle-Calédonie(45 espèces, toutes endémiques), où les feux répétés, l’exploitation forestière et les décapages miniers ont détruit des peuplements entiers au cours des dernières décennies. Au-delà de ce groupe d’arbres, les experts de l’UICN pointent de nombreuses espèces végétales tropicales, également en danger. « La majorité des plantes à fleurs endémiques des îles granitiques des Seychelles ont été évaluées, et les études actuelles montrent que, sur les 79 espèces étudiées, 77 % font face à un risque d’extinction », notent-ils. Menacé à la fois par les feux et la collecte illégale de ses noix, aux supposées propriétés aphrodisiaques, le coco de mer Lodoicea maldivica a ainsi vu son statut passer de « vulnérable » à « en danger ». «Sur les 380000espèces de plantes décrites, environ 2 000 sont ajoutées à la Liste rouge chaque année », commente Tim Entwisle, directeur de la conservation des collections vivantes aux Jardins royaux de Kew Gardens (GrandeBretagne), l’un des établissements de référence avec lesquels travaille l’UICN. « Nous estimons qu’une sur cinq d’entre elles est d’ores et déjà menacée, et ce avant même que soit pris en compte l’impact du changement climatique. » Autant dire que l’évaluation exhaustive des conifères n’est qu’un premier pas dans le recensement des dangers qui guettent le règnevégétal. Etdoncl’humanité. p Catherine Vincent En haut, un caméléon Tarzan « Calumma Tarzan » : « en danger critique d’extinction » ; en bas à gauche, coco de mer « Lodoicea maldivica » : « en danger » ; en bas à droite, une raie manta géante : « vulnérable ». PHOTOS JIRN KIHLER, JEAN-CHRISTOPHE VIE, ANDREA MARCHALL/UICN La nature, un atout pour la Libye DICTATURES et révolutions ne sont pas vraiment propices à la protection de la nature. En Libye, seuls quatre sites ont été, ou sont actuellement, déclarés aires protégées. Selon un rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), publié mercredi 9 novembre, 24 nouvelles aires marines et côtières devraient l’être au plus vite, « du fait de leur valeur naturelle et économique ». « Je suis conscient que la conservation de la nature ne fait pas partie des priorités actuelles », admet Alain Jeudy de Grissac, coauteur de ce rapport et responsable du centre pour la coopération en Méditerranée de l’UICN. « Cependant, l’héritage et les ressources naturelles de la Libye, s’ils sont gérés correctement, peuvent jouer un rôle important en garantissant un meilleur futur pour le pays et l’environnement méditerranéen. » Les côtes libyennes abritent des espèces rares d’oiseaux et de poissons, une vie marine abondante et une végétation unique. Elles possèdent donc une forte valeur économique, biologique et sociale pour les communautés locales. Mais elles sont mises à mal par la pêche incontrôlée, la pollution « et une faible conscience des questions d’environnement chez les décideurs et les populations ». « Définir les principaux éléments de la conservation est une étape vitale pour une utilisation durable des côtes libyennes », renchérit Carl Gustaf Lundin, le directeur du programme mondial marin et polaire de l’UICN. Autre élément souligné par ce rapport : les chances de conservation transfrontalière que présentent la lagune de Farwa et la zone d’Abou Kammach, situées à la frontière de la Libye et de la Tunisie – deux territoires connus pour la productivité élevée de la pêche, mais aussi pour leur vulnérabilité. « Une coopération transfrontalière permettrait aux deux pays d’échanger leurs expériences dans le domaine de la conservation de la nature et de protéger cette zone plus efficacement », estiment ces experts. Bénéfice supplémentaire pour ces pays en reconstruction, ce serait la première fois qu’une telle coopération existerait dans la région. p C. V. Le changement climatique devrait aggraver l’impact de la maladie du sommeil Des chercheurs estiment que le parasite transmis par la mouche tsé-tsé va menacer des dizaines de millions de personnes supplémentaires notifiés à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cependant, cette dernière estime que le nombre effectif de cas serait de 30 000 par an. Dans un article mis en ligne, mercredi 9 novembre, par le Journal of the Royal Society Interface, Sean Moore, du Centre de contrôle et de prévention des maladies (Fort Collins, Colorado), et ses collègues citent des chiffres encore plus élevés: 70 000 nouveaux cas par an. La maladie se développe généralement en silence, pendant des mois, voire des années, sans symptômes.Mortelleenl’absencedetraitement par voie intraveineuse, elle se révèle une fois que le système nerveux central est atteint. La mouche tsé-tsé, qui appartient au genre « glossine », est présente dans trente-six pays d’Afrique subsaharienne. La plus grande partiedescasseproduitenRépubli- ©2011 Ebel - www.ebel.fr - Réf 1216039 L a maladie du sommeil, qui appartient à la dizaine de pathologies infectieuses qui risquent de se répandre au-delà de leur périmètre actuel, du fait du changement climatique, pourrait frapper de 46 à 77 millions de personnes supplémentaires d’ici à la findu siècle. Des chercheurs américains et néerlandais ont montré que les effets directs des variations de température sur l’écologie et la biologie du vecteur entraîneraient un déplacement de l’aire géographique de l’infection pouvant aller jusqu’à 60 %. Egalement appelée trypanosomiase africaine, cette maladie est due à un parasite, le trypanosome,transmisparla piqûre de la mouche tsé-tsé. En 2009, pour la première fois en un demi-siècle, moins de 10 000 cas de la maladie ont été 100/102 rue La Boétie - 75008 PARIS Tél. : 01 43 59 05 71 - www.jeanmick.com EBEL CLASSIC 100 SÉRIE LIMITÉE ANNIVERSAIRE 1911 EXEMPLAIRES - € 1’911.- que populaire du Congo, en Angola, au Soudan du Sud… Une vingtaine d’espèces de glossine peuvent transmettredeuxtypesdetrypanosomes, l’un prédominant en Afriquede l’Ouest et centrale, l’autreen Afrique de l’Est et australe. Campagnes d’éradication C’est à ce dernier type de parasite que Sean Moore et ses collègues se sont intéressés. Ils ont calculé que des épidémies de maladie du sommeil peuvent survenir à des températures moyennes comprises entre 20,7 ˚C et 26,1 ˚C. La maladiepourraitdoncfaiblirdanscertaines zones, devenues trop chaudes. Mais un déplacement de l’aire de distribution du parasite et de ses vecteurs menacerait de 46 à 77millions de personnes supplémentaires d’ici à 2090. L’OMS évalue à quelque 60 millions d’individus la population actuellement exposée. Spécialiste des trypanosomiases et directeur de l’UMR 177 à l’Institut de recherche pour le développement (IRD, Montpellier), Gérard Cuny reconnaît l’intérêt de la modélisation,mais regrette la nonprise en compte dans le modèle de l’équipe américano-néerlandaise de deux facteurs : la démographie et l’humidité : « L’humidité est essentielle pour la survie des glossines. Par ailleurs, selon les démographes, la population de l’Afrique de l’Ouest,passéede64millions d’habitants en 1950 à 240 millions en 2000,devrait atteindre617 millions en 2050. C’est un facteur majeur d’augmentation de la population exposée aux trypanosomiases. » A cela s’ajoutent d’autres paramètres que cite Gérard Cuny : « La mobilité des populations humaines, la lutte pour les ressources foncières et hydriques, l’instabilité politique,la capacitéde certaines glossines à s’adapter à un milieu urbain. C’est le cas à Abidjan, à Conakry… » Le chercheur souligne également l’importance des campagnes d’éradication des mouches tsé-tsé en Afrique de l’Ouest pour faire reculer la maladie. M.Moore etses collègues sont conscients des limites de leur modèle. Ils ont l’intention de l’étoffer en incluant d’autres paramètres,commel’humidité etla distribution des populations humaines, d’animaux d’élevage – susceptibles, comme l’homme, de servir de réservoir au parasite – et d’animaux sauvages. p Paul Benkimoun CANAPÉ CONVERTIBLE HAUT DE GAMME - 10% de réduction supplémentaire sur présentation de ce coupon Meubles & Atmosphère OUVERT LE DIMANCHE 18 rue de Chateaudun 75009 Paris 01.48.78.72.57 www.meublesetatmosphere.com Paris. 20, place Vendôme - 66, av. des Champs-Elysées 180, bd St Germain - Points de vente 01 44 55 10 05. Artiste Joaillier “ Ne pensons pas à la Paix uniquement le 11 novembre “ www.mauboussin.fr 12 0123 planète Vendredi 11 novembre 2011 Au Pérou, le conflit minier de Cajamarca Les cales de «Tara» devient un enjeu politique national sont remplies de Les agriculteurs demandent au président Humala de tenir ses promesses et d’arrêter le projet trésors scientifiques L’expédition lancée en 2009 a collecté des milliers d’échantillons de plancton et de coraux V Une paysanne plante des graines devant le palais du gouvernement à Lima, à l’occasion de la Journée de la femme rurale. ERNESTO BENAVIDES/AFP Lima Correspondance C ela fait déjà plusieurs semaines que les agriculteurs des hauts plateaux de la province de Celendin, dans le nord des Andes péruviennes, protestent à cor et à cri contre le « projet Conga », une mine d’or et de cuivre qu’ils accusent de mettre en péril les ressources hydriques de l’ensemble de la région. Jusque-là, le conflit était localisé à cette région isolée de Cajamarca. Mais depuis quelques jours, le mouvement a pris de l’ampleur et pourrait rapidement devenir un véritable casse-tête pourle gouvernement péruvien du président de gauche Ollanta Humala. Mercredi 9 novembre, plus de 15 000 personnes ont manifesté pour exiger le retrait du projet minier. « L’eau, oui ! La mine, non ! », ont scandé les protestataires, tandis que les commerces étaienttous fermés. «Nous ne sommes pas d’accord pour que les eaux de la région continuent d’être polluées ou mises en danger », explique le président régional de Cajamarca, Gregorio Santos, qui a appelé à la grève. Situé à la source de trois bassins hydriques, le projet minier Conga prévoit, dans son étude d’impact environnemental (EIE), d’assécher quatre lagunes et de transférer l’eau vers un réservoir qui alimenterait les villages. « Un réservoir qui sera plus grand que la capacité actuelle des lagunes », peut-on lire dans l’EIE. Cette idée ne convainc pas les paysans qui avouent ne plus croire en Yanacocha, l’entreprise qui sera chargée d’exploiter la future mine. « A part nous prendre notre eau, Yanacocha n’a rien fait pour nous depuis qu’elle est arrivée il y a dix- «Le président doit choisir entre le peuple et les investisseurs financiers» Marco Arana Parti écologiste Terre et liberté huit ans », soupire un pharmacien de Cajamarca. Yanacocha, qui appartient aux compagnies nordaméricaine Newmont et péruvienne Buenaventura, assure pourtant avoir payé plus de 800 millions de dollars (591 millions d’euros) d’impôts miniers entre son arrivée en 1993 et 2009. La mine emploie des milliers de personnes mais cela n’a pas suffi à conquérir des habitants de plus en plus critiques. « A travers Conga, les gens rejettent vingt ans de mauvaises pratiques de Yanacocha dans la région », constate le Père Marco Arana, qui coordonne le parti écologiste Terre et liberté. « L’enjeu de la manifestation ne se résume pas simplement aux lagunes qui vont disparaître mais à la recherche d’un nouveau modèle de développement », soutient Gregorio Santos, qui souhaiterait que les entrepreneurs investissent dans les forêts ou des barrages hydroélectriques. Le responsable local exhorte le gouvernement à annuler le projet Conga. « Je suis sûr que le président Humala, qui a toujours dit ne pas être lié aux multinationales, va défendre le peuple de Cajamarca », insiste-t-il. Dimanche, Ollanta Humala a semé nombre de doutes auprès de ses alliés politiques de gauche en laissant entendre que le projet minier approuvé en 2010 par le précédent gouvernement allait se poursuivre. « Conga a passé de nombreuses étapes et nous devons les respecter », a souligné le président. « S’il y a un malentendu, il fautle résoudrepar la voix du dialogue mais nous respecterons les contrats qui ont été signés par l’Etat, qu’ils plaisent ou non », a-t-il ajouté. Depuis son investiture, le 28 juillet, le chef de l’Etat n’a cessé de chercher à tranquilliser les secteurs financiers, inquiets de voir arriver au pouvoir un ex-militaire nationaliste. Le conflit de Conga apparaît aux yeux des entrepreneurs comme « l’épreuve du feu » pour le président de gauche. « C’est là que nous allons voir quel type d’Etat nous aurons dans le futur », a jugé Humberto Speziani, le président de la Confiep, le syndicat des patrons péruviens, pour qui il est important que Conga et son investissement de 4,8 milliards de dollars sur dix-neuf ans – le plus fort investissement de l’histoire du Pérou – soient maintenus. « On est passé d’un problème socioenvironnemental à un conflit politique », estime Marco Arana, qui prévoit un avenir compliqué pour le gouvernement, alors que plusieurs conflits similaires à celui de Conga ont éclaté ces derniers jours dans le pays. « Ollanta Humala a une dette électorale envers les populations qui ont voté pour lui en pensant qu’il allait protéger leur eau et changer les choses », rappelle M. Arana, qui estime que le président va devoir choisir entre le peuple qui l’a élu et les secteurs financiers conservateurs avec qui il négocie depuis son arrivée au pouvoir. p Chrystelle Barbier Bisphénol A: l’Académie de médecine se veut prudente L’institution juge l’interdiction prématurée, mais appelle à des mesures de prévention ciblées L ’Académie nationale de médecine a rendu, mercredi 10 novembre, son rapport sur les risques cancérigènes posés par la présence de certains polluants – ou « perturbateurs endocriniens » – dans l’environnement et l’alimentation. Ces composés chimiques, comme les phtalates, le bisphénol A (BPA) ou certains résidus de produits phytosanitaires (pesticides, herbicides), sont susceptibles de perturber le système hormonal et d’augmenter l’incidence de certains cancers. Depuis trente ans, note l’académie, l’incidence des cancers de la prostate a été multipliée par 5,2 tandis que les cancers du sein ont doublé. De même, l’incidence des cancers du testicule a presque triplé chez les hommes jeunes depuis 1975. Quelle est la part des perturbateurs endocriniens – et singulièrementdu BPA, le plus ubiquitaire d’entre eux – dans cette évolution ? Cette contribution est « très difficile à chiffrer », notent les rapporteurs qui insistent sur une coresponsabilité importante des sur-diagnostics liés aux programmes de dépistage. Effet carcinogène Cependant, l’académie note « qu’il existe un faisceau suffisant de données convergentes montrant chez les rongeurs un effet carcinogène du BPA à des doses très inférieures aux doses journalières admises chez l’homme ». « Les effets cancérigènes chez les rongeurs sont retardés après exposition in utero ou post-natale », ajoutent les auteurs, qui ont passé en revue une part de la littérature scientifique sur le sujet et ont mené une série d’auditions. De même, l’académie note un lien, chez les agriculteurs notamment, entre utilisation de pesticides et cancer de la prostate – le même lien n’étant pas démontré avec les cancers du sein. Face à la réalité d’« effets à faibles doses (…) chez les rongeurs, non prévus par la toxicologie classique (…) observés pour des doses inférieures aux doses journalières admises (DJA) par les autorités sanitaires », l’académie estime que « la stratégie des autorités de toxicologie pour déterminer les DJA » est « remise en question ». Pour l’académie, l’interdiction du BPA est prématurée en l’absence de solutions techniques de remplacement. Mais des mesures de prévention doivent cependant être prises, notamment en direction des personnes à risques : jeunes enfants, personnes atteintes d’un cancer hormono-dépendant, femmes enceintes ou allaitantes. Comme, par exemple, « interdire de chauffer directement les aliments dans les emballages plastiques » dans les collectivités (cantines, cliniques, etc. Ou encore « de stocker longtemps et à température élevée les eaux minérales dans les bouteilles plastiques libérant des phtalates ». Il faudrait également, selon l’institution de la rue Bonaparte, « conseiller aux caissières manipulant des tickets de caisse thermiques [qui contiennent du BPA] de porter des gants, surtout si elles sont enceintes » et éviter le recyclage des « emballages contenant BPA ou phtalates ». p Stéphane Foucart ingt ans à naviguer sur tous les océans en quête d’avancées scientifiques, cela finit par user moteur et voiles. TaraOcéans est immobilisée actuellement à San Diego en Californie pour réparations. Le 23 novembre, la goélette reprendra la mer et traversera à nouveau l’Atlantique pour rejoindre son port d’attache, Lorient, le 31 mars 2012, après une expédition de deux ans et demi. A son bord, des dizaines de scientifiques se sont relayés afin de procéder à des prélèvements de plancton dans 133 points du globe. Phytoplancton et zooplancton, à la base de la chaîne alimentaire, représentent 98 % de la biomasse marine et 80 % des organismes unicellulaires sur la planète. Ils produisent environ la moitié de notre oxygène et séquestrent la majorité du carbone. Pourtant, ils restent largement méconnus. Ils devraient le demeurer quelque temps encore, ont annoncé les scientifiques à l’issue de leur deuxième année de navigation, lors d’une conférence à Paris, le 9 novembre. Dans leurs malles au trésor, mises à l’abri dans des frigos refroidis à l’azote liquide, leur récolte est si riche qu’il faudra sans doute plus de dix ans pour l’exploiter. Virus, bactéries, larves de poissons, copépodes (des tout petits crustacés), protistes unicellulaires, ce sont des échantillons de vie en minuscule que l’équipe a capturés avec ses filtres et sa « rosette », un prototype qui capte le plancton jusqu’à 2 000 mètres de profondeur, en même temps qu’il fournit des relevés de température de l’eau, de sa salinité et de son acidité. « Nous avons tous les échantillons que nous espérions… Ce qui nous permet de mesurer l’étendue de notre ignorance : on en sait encore moins que ce que l’on pensait, » prévient Eric Karsenti, chercheur du CNRS en biologie moléculaire et codirecteur de l’expédition Tara-Océans, avant de relativiser en citant les premières études déjà publiées par les experts de Tara dans des revues scientifiques. Séquençage des génomes « On a, par exemple, pu évaluer qu’un litre d’eau de mer contient entre un et cent millions de virus géants, dont la plupart sont inédits », rapporte-t-il. A terre, le plancton a commencé à être analysé avec des microscopes à balayage laser généralement réservés aux recherches biomédicales. Le séquençage des génomes des populations de micro-organismes présentes dans les échantillons a été lancé au Génoscope d’Evry, entre autres centres de recherche mobilisés. Déjà 6,6 millions de gènes ont été recensés, la plupart sont inconnus. Le travail, colossal, va nécessiter de nouveaux financements. La campagne de Tara va permettre d’étudier comment le plancton est transporté par les courants, quels impacts ont sur lui le réchauffement de l’eau et l’acidification des océans. Autres témoins des changements en cours : les coraux, qui peuvent fournir des indications sur les variations de température jusque cinquante ans en arrière. « Connaître le passé permet de rendre plus performants nos modèles de calcul pour pronostiquer l’avenir, avance Stéphanie Reynaud, biologiste au Centre scientifique de Monaco. Les coraux sont soumis à des stress inédits comme l’augmentation très rapide du gaz carbonique dans l’atmosphère. » La question est de savoir s’ils sauront s’adapter. p Martine Valo La mission « Tara » San Diego Trajet parcouru Lorient Trajet restant (arrivée prévue en mars 2012) Séisme La Turquie de nouveau touchée par un tremblement de terre Un séisme a causé la mort d’au moins sept personnes dans l’est de la Turquie, mercredi 9 novembre. Des dizaines de personnes sont coincées sous des décombres. La secousse, d’une magnitude 5,7, est survenue à une quinzaine de kilomètres au sud de la ville de Van. Le 23 octobre, dans la même région, un précédent cataclysme avait fait 600 morts. Depuis, plusieurs centaines de répliques ont été enregistrées et des milliers d’habitants campent toujours sous des tentes. A Van (photo), 25 bâtiments, dont deux hôtels qui abritaient des journalistes et des secouristes, se sont écroulés. Dans la nuit, 300 sauveteurs étaient à pied d’œuvre. – (AFP, Reuters.) p REUTERS Intempéries Glissement de terrain en Colombie Un glissement de terrain a enseveli une quinzaine d’habitations, tuant au moins 48 personnes dans le centre de Manizales, ville située à 287 km à l’ouest de Bogota. La Croix-Rouge a dénombré 96 victimes dues aux intempéries en Colombie depuis le début de la saison des pluies. france 0123 Vendredi 11 novembre 2011 13 Budget: le contre-projet de la gauche sénatoriale La rapporteure générale a trouvé 5milliards d’euros. Nicole Bricq épargne toutefois les collectivités locales P endant que le marathon budgétaire, impacté par le deuxième plan Fillon, continue à l’Assemblée nationale, la gauche sénatoriale travaille son contre-projet budgétaire et fiscal. Il est inspiré par la rapporteure générale du budget, Nicole Bricq, dont les amendements ont été adoptés mercredi 9 novembre par la commission des finances. Après le basculement à gauche duSénat,lasénatrice PSdeSeine-etMarne avait promis à la droite un débat « projet contre projet » sur le budget. Ses amendements sur le volet recettes du projet de loi de finances pour 2012, qui visent à améliorer la progressivité de l’impôt,àcorrigerlesinégalitésouencoreàrenforcerlarégulationfinancière,esquissentdefait unprojetalternatif sur les finances publiques. Pour ne pas prêter le flanc aux critiques de la droite, prompte à moquer l’imagination fertile de la gauche en matière de créations de taxes, Mme Bricq a mis ses pas dans ceux de François Fillon. « En 2012, le plan du 7 novembre prévoit 5,2 milliards de hausses d’impôt sur un total de mesures de 7 milliards. Mes amendements rapporteront 5 milliards. On ne peut pas m’accuser de créer des taxes à tire-larigot », s’amuse-t-elle par avance. Afin de rétablir la justice fiscale et d’améliorer le rendement des impôts,mité par les niches, la sénatrice continue à détricoter la loi TEPA sur le travail, l’emploi et le pouvoir d’achat – ce symbole du sarkozysme triomphant de l’été 2007 – qui coûte encore 9,3 milliards par an au budget de l’Etat. Ainsi revient-elle surles majorations d’abattements sur les droits de succession et de donation adoptées à l’été 2007, « à l’exception de celles en faveur des conjoints ou pacsés survivants ». D’après les calculs de la commission, le retour à la situation d’avant 2007 – 75 % des successions (et non 95 % comme aujourd’hui) étaient exonérées – rapporterait 2,1 milliards. De même, la division par deux des plafonds de déductibilité des intérêts d’emprunt immobilier issus de la loi TEPA rapporterait 900 millions en 2012 et 800 en 2013. « La réduction immédiate du coût de cette subvention improduc- François Hollande, mercredi 9 novembre, lors d’un séminaire avec une vingtaine d’économistes à la Maison de l’Amérique latine à Paris. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR « LE MONDE » tive bénéficiant surtout aux ménages aisés est préférable à la nonindexation de certaines prestations sociales », observe la commission des finances, qui veut ainsi revenir sur la désindexation partielle des prestations familiales et des aides au logement annoncée le 7novembre. Le même souci affiché de justice a conduit les sénateurs à voter la mise sous conditions de ressources du prêt à taux zéro (PTZ) et la suppression du doublement du coût fiscal des divorces. Plutôt que d’approuver le relèvement de 19 % à 24 % du prélèvement libératoire sur les dividendes et les intérêts, Mme Bricq défend une taxation au barème de l’impôt sur le revenu de ces mêmes dividendes. Une telle mesure, estime-t-elle, améliorerait la progressivité de l’impôt en attendant la fusion de l’impôt sur le revenu et de la contribution sociale généralisée (CSG) promise par le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande. 2013, « année cruciale » Pour protéger les recettes de l’Etat, la commission sénatoriale des finances veut plafonner à 30 % la déductibilité des intérêts d’emprunt des entreprises, comme en Allemagne. D’après le Conseil des prélèvementsobligatoires, une telle mesure, défendue par Jérôme Cahuzac à l’Assemblée, rapporterait 11,5 milliards en trois ans. La suppression de la niche Copé et l’encadrement du régime de l’intégration fiscale appliqué aux grandes entreprises obéissent à la même logique : lutter contre le mitage de l’impôt sur les sociétés. Pour ne pas creuser le déficit en 2013, «année cruciale pour la trajectoire des finances publiques », Mme Bricq souhaite réaménager la taxe imposée aux nouveaux entrants sur les marchés de quotas de CO2. Pour marquer son ouverture au monde économique, elle pro- pose de rétablir les exonérations de charges en faveur des jeunes entreprises innovantes. Et par souci d’unemeilleurerégulationfinancière, elle veut taxer les transactions automatisées sur les marchés. Une série d’amendements de suppression des 200 millions d’économies réclamées aux collectivités locales complète cet ensemble. Mme Bricq, socialiste et « hollandaise », assure ne pas avoir «calé » son contre-projet avec M. Hollande. « Il a sa liberté de candidat. J’ai la mienne. Je ne suis pas un caporal», dit la sénatrice, qui estencontactrégulieravecM.Cahuzac. Le 15 novembre, ses collègues du PS déposeront à leur tour leurs amendements. Leur philosophie générale est connue : création d’une nouvelle tranche de l’IR à 45%à100000euroslapart,indexation du barème de la prime pour l’emploi, suppression de la détaxation des heures supplémentaires, réduction de 12 000 euros à 7 000 duplafonddedéductiondesdépensespourlesservicesàdomicile,rétablissement de l’ancien barème de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), taxation permanente des rémunérations variables des traders, suppression des taxes en matière d’aide juridictionnelle et d’accès à la justice… p Claire Guélaud M. Hollande défend sa crédibilité sur le terrain économique DES NUITS PLUS RÉPARATRICES QUE JAMAIS SUR UN MATÉRIAU RÉVOLUTIONNAIRE ISSU DES RECHERCHES DE LA NASA S’adapte parfaitement à votre morphologie ■ Réagit à votre température ■ Allège les points de pression sur votre corps ■ Soutient votre colonne vertébrale dans sa position naturelle POUR sa défense, il a délibérément joué l’attaque. En proie à un début d’érosion sondagière et à des interrogations sur le rythme de sa campagne, en butte au pilonnage d’une droite qui le brosse en « commentateur irresponsable », François Hollande ne pouvait que situer la contre-offensive sur le terrain de la crédibilité économique. La sienne, qu’il tente de mettre en évidence. Celle du président de la République, qu’il s’attache à mettre en doute. Voilà, pour le député de Corrèze, l’essentiel : pas question d’autoriser Nicolas Sarkozy à endosser le costume du président protecteur face aux crises. «La France est-elle protégée? Non, parce qu’elle n’est pas bien présidée», résumait le candidat socialiste, mercredi 9 novembre, à l’issue d’un séminaire réunissant à DÉCOUVREZ LE CONFORT TEMPUR À DES CONDITIONS EXCEPTIONNELLES Paris rive gauche sur 500 m2 ESPACE TOPPER-GRAND LITIER 66 rue de la Convention Paris 15e, 01 40 59 02 10 7j/7 (10h-19h), M° Boucicaut P. gratuit. www.topper.fr Paris rive droite ESPACE TOPPER-TEMPUR 60 Cours de Vincennes Paris 12e, 01 43 41 80 93 M° Porte de Vincennes ou Picpus PRÉPAREZ SCIENCES PO. 78% D’ADMIS janvier - juin L’expertise prépa depuis 1954 www.isth.fr 01 42 24 10 72 Enseignements supérieurs privés ■ Paris une vingtaine d’économistes. Pressé d’avancer ses pistes, M.Hollande se livre plutôt à une déconstruction en règle du bilan de son adversaire. Là où M.Hollande avait été moqué par la droite pour s’être limité à commenter, depuis sa Corrèze, le G20 de Cannes, il en a méthodiquement critiqué les conclusions. De la « régulation financière » aux « hedge funds, cette finance de l’ombre» au sujet de laquelle « rien n’a été décidé», de la Chine, qui n’a fait «aucune concession sur la valeur et la convertibilité de sa monnaie» à la «taxe sur les transactions financières», rien, dans le bilan du sommet cannois, ne trouve grâce aux yeux de M. Hollande. Lequel propose de réglementer des produits financiers dérivés, d’« établir une liste noire des hedge funds», d’interdire aux banques de «travailler avec un pays qui abrite un paradis fiscal» et d’instaurer une taxe sur les transactions financières « le plus tôt possible». Quant à l’adaptation de ses futures réformes à la conjoncture M.Hollande a temporisé. « C’est en fonction de la croissance que nous pourrons déployer les propositions», a-t-il esquivé. Un peu court. Mais le candidat socialiste n’a pas l’intention de se dévoiler avant le vrai démarrage de la campagne, en janvier. Même s’il défend pied à pied sa proposition de recrutement de 60 000 fonctionnaires par l’éducation nationale, en pointant les «500 milliards de dette publique contractée pendant le mandat de Nicolas Sarkozy». « Et on viendrait chicaner pour 2 milliards ou 2,5 milliards d’euros?» Le candidat Hollande n’entend pas accepter cette répartition des rôles que voudrait lui imposer l’Elysée. « Il ne peut y avoir des annonces qui seraient irresponsables et d’autres qui seraient responsables », proteste-t-il. C’est le cœur du message : « La crédibilité ne se décrète pas », avance M.Hollande, qui a bien l’intention de parler à Nicolas Sarkozy d’égal à égal. p David Revault d’Allonnes 0123 partenaire Les entretiens du Monde animés par Thomas Wieder et Gérard Courtois ( Le Monde ) Mardi 15 novembre à 18 h 45 : Sarah Kazemy, actrice franco-iranienne de « En secret » Mercredi 16 novembre à 18 h 45 : Petre Roman, ancien premier ministre de Roumanie Vendredi 18 novembre à 18 h 45 : Patrick Rotman, réalisateur, président du jury documentaire Samedi 19 novembre à 18 heures : Samir Abdallah, réalisateur égyptien, lauréat du Prix du jury documentaire 2010 «Je sonde, tu sondes... ils votent » Grand débat animé par Gérard Courtois (Directeur éditorial) Dimanche 20 novembre à 16 h 15 Entretiens au cinéma Jean-Eustache à Pessac. Accès libre et gratuit www.cinema-histoire-pessac.com 14 0123 politique Vendredi 11 novembre 2011 Malgrélespromesses d’unité,laguerredes nerfsentreM.CopéetM.Filloncontinue Lesambitions du secrétaire général de l’UMP agacent une partie du mouvement et du gouvernement L a majorité présidentielle n’en finit pas de hoqueter au rythme des tiraillements du duo infernal Copé-Fillon. L’épisode de la fédération parisienne de l’UMP, qui se déchire, et la violente rafale de Rachida Dati contre François Fillon à propos de sa candidature parisienne aux législatives de 2012 – que Jean-François Copé s’est contenté de juger « excessive » – a jeté une lumière crue sur les tensions persistantes entre le premier ministre et le secrétaire général de l’UMP.Endépitdespromessesrépétées de conciliation, les deux continuentàsetoiser dansuneincessanteguerre des nerfs qui finit paruser leurs propres amis. Lundi 7 novembre, lors d’un point de presse, M. Copé a salué le «courage politique » du gouvernement face à « l’absence de courage » du Parti socialiste à propos du plan de rigueur présenté par le premier ministre. Un hommage à M. Fillon qui n’est pas passé inaperçu à Matignon, mais qui ne suffira pas à calmer la colère du locataire de la Rue deVarenne.Il aencore entraversde la gorge le « vrai-faux » entretien de M. Copé publié dans Le Nouvel Observateur du 3 novembre, dans lequel M. Copé reproche à M.Fillon, en filigrane, son manque de courage. Même si le député de Seine-etMarne conteste les conditions dans lesquelles ses propos ont été recueillis et retranscrits, personne – pas plus ses amis que ses ennemis – ne les juge invraisemblables. Que M. Fillon et M. Copé n’aient guèred’affinités, celan’estpas nouveau. Que le culot de ce dernier agace n’est pas non plus une révélation. En revanche, la place prise par le secrétaire général de l’UMP – qui a su se convertir en premier hussarddeNicolasSarkozy–dansledispositif de précampagne électorale en irrite plus d’un. M. Copé n’a pas que des amis. Il ne se prive pas de leur donner des coups de griffe. Ceux-là le lui rendent bien. Les anciens « chouchous » du président de la République, qui n’ont jamais porté M. Copé dans leur cœur, et les amis de M.Fillon se chargent de faire circuler les critiques visant le secrétaire général de l’UMP. Pour eux, l’acharnement de M.Copécontrelechef dugouvernement fragiliserait la majorité et inquiéterait les parlementaires, qui craignent que le poison de la division ne vienne compliquer une situation déjà difficile. Alors ils l’accusent de jouer un jeu dangereux. «Il n’est pas bien du tout, il est tellement dans l’obsession de Fillon qu’il dérape », tonne un ministre de premier plan. « En soutenant si ouvertement Rachida Dati contre M. Fillon, il commet une erreur, juge un autre. Les élus parisiens ne sont pas dupes de ce jeu. » « C’est dommage, ça ne sert à rien. Justice L’affaire du Carlton reste à Lille La Cour de cassation a rejeté, mercredi 9 novembre, la requête du procureur général de Douai qui, le 25 octobre, avait demandé le dessaisissement des juges d’instruction lillois, chargés de l’affaire du Carlton, au profit d’une autre juridiction. Le parquet estimait que la présence dans ce dossier de proxénétisme d’un avocat du barreau de Lille (Me Emmanuel Riglaire) et d’un des patrons de la police du Nord (Jean-Christophe Lagarde) mettaient en cause « l’impartialité et la sérénité de la justice », en raison de leurs liens éventuels avec les juges. « Il faut faire confiance aux juges, à leur éthique, à leur déontologie », a répliqué l’avocat général de la Cour de cassation, opposé à ce dépaysement, qui serait selon lui « une perte de temps évidente ». « La compétence du juge naturel » est « un principe fondamental de notre droit », a-t-il ajouté. « Le dépaysement doit rester une mesure exceptionnelle à manier avec précaution. » Par ailleurs, Francis Henrion, le directeur de l’hôtel Carlton, qui avait été placé en détention provisoire après sa mise en examen pour proxénétisme aggravé début octobre, a été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire ce mercredi. p Emeline Cazi L’ancien PDG de Total attendu le 15novembre au procès AZF M. Copé et M. Fillon à Marseille, au campus des jeunes de l’UMP, en septembre. J.-C. COUTAUSSE POUR « LE MONDE » Copé ne peut pas s’empêcher de s’en prendre à Fillon, c’est un réflexe », notait, il y a quelques semaines, le secrétaire d’Etat au logement, BenoistApparu.Mêmeson amiBrice Hortefeux exprime quelques réserves. « C’est le seul point sur lequel je suis en désaccord avec lui », explique l’ancien ministre. Lors du bureau politique de l’UMPle26octobre,ChristianEstrosi et Nadine Morano dans un premier temps, relayés par Louis Giscard d’Estaing, Philippe Goujon et Jean-François Lamour – ces deux Dans la campagne, ils vont continuer à «se tirer la bourre». Tout en connaissant les limites à ne pas franchir derniers étant partisans de l’arrivéedeM.FillonàParis–,ontdemandé à M.Copé de désavouer Mme Dati. Mercredi 2 novembre, lors d’un déjeuner à la questure réunissant une dizaine de députés de l’UMP autour du président du groupe, Christian Jacob, comme celui-ci en organise régulièrement, le député de la Savoie Michel Bouvard, proche de M. Fillon, a fait remarquer que « ces divisions ne sont pas bonnes, notre électorat ne les supporte pas ». Sans grand succès. « C’est étrange, je n’ai pas le sentiment que ce soit le premier souci des députés », note M. Jacob, bras droit de M.Copé. Le secrétaire général est également critiqué sur sa gestion à la tête du parti. D’aucuns le soupçonnent de vouloir en faire une machine au service de sa propre promo- tion plus qu’au service du président de la République. La convention censée donner la riposte au PS après la primaire a été jugée « grotesque » par certains. « Il est temps de passer à autre chose », s’irritait déjà Alain Juppé lors d’un petitdéjeuner de la majorité, au lendemain de la défaite aux sénatoriales. Nadine Morano, elle, jugeait, le 14octobre, lors des journées parlementaires à Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire), que « le boulot n’est pas suffisamment fait ». « Le parti doit expliquer, ce n’est pas les ministres qui doivent tout porter, s’emporte la ministre chargée de l’apprentissage. Où sont les tracts, les argumentaires, les affiches ? » Pour elle, les ambitions présidentiellesdeM. Copé pour2017 sont un facteur de confusion. « Tous ceux qui essaient de sauter deux haies à la fois vont se retrouver les deux genoux à terre», prévient-elle. Un autre ministre s’inquiète des risquesde«fragmentation»duparti présidentiel. «Le fonctionnement d’un parti n’a rien à voir avec un groupe ou avec un club, note-t-il. Depuis que Jean-François Copé est à latêteduparti,lespontsontétérompus avec les radicaux de Jean-Louis Borlooetl’UMP ressemble de plus en plus au PS avec ses courants. » M. Copé balaie ces critiques. «Mon but est de veiller à ce que tout le monde se sente à l’aise, affirme le secrétaire général. On ne peut pas me faire reproche à la fois d’utiliser le parti à mon profit et de tenir compte de toutes les sensibilités. » Quant aux radicaux, il renvoie systématiquementlaquestion:«Combien ont quitté l’UMP ?» La loyauté que M. Copé affiche vis-à-visduprésidentde laRépubliquene suffira pas àle faire aimerde tous, surtout quand, pendant les premières années du quinquennat, il s’est appliqué, à la tête du groupe UMP de l’Assemblée nationale, à faire entendre sa propre « petite musique ». « Etre le patron du parti majoritaire est une tâche aussi ingrate que difficile », admet M.Hortefeux. La concurrence entre M.Copé et M. Fillon risque de continuer, les deux hommes ayant des caractères diamétralement opposés et des positionnements tactiques différents. Dans la campagne à venir, le chef du gouvernement et le patron du parti majoritaire vont continuer à «se tirer la bourre ». Tout en connaissant, l’un et l’autre, les limites à ne pas franchir. D’abord, éviter les couacs sur les projets restant à examiner avant la fin des travaux parlementaires, notammentsurlestextesbudgétaires. Le changement de majorité au Sénat impose une discipline à toute épreuve dans les rangs de l’UMP. Ensuite,lesecrétairegénéraldupartivaêtrejugésursacapacité ànégocier deux obstacles majeurs. Sur le projet pour 2012, il lui faudra à la fois défendre le bilan du quinquennat et faire émerger des propositions pour celui à venir, satisfaire les sensibilités de l’UMP sans que cela donne un pâle brouet de synthèse. L’attribution des investitures pour les élections législatives de 2012, enfin, dans un contexte qui s’annonce difficile, sera un élémentdéterminant.C’estmêmeprobablement sur cela que M. Copé va jouer son crédit. S’il arrive à éviter la multiplication des candidatures dissidentes et l’addition des rancœurs, il aura franchi une étape importante. p TOULOUSE. Thierry Desmarest, ancien PDG de Total, devrait s’asseoir le 15 novembre sur le banc des accusés au deuxième procès AZF à Toulouse. Mais, contrairement au directeur de l’usine Serge Biechlin et à l’entreprise Grande Paroisse, le groupe pétrolier et son dirigeant ne sauront qu’à l’issue du procès en appel s’ils sont poursuivis sur le plan pénal. Comme en première instance, la cour d’appel a décidé de joindre au fond la citation directe déposée par plusieurs parties civiles. L’accusation a cette fois décidé de se rallier à la demande. Selon l’avocat général Pierre Bernard, la plainte qui vise Total et son ancien PDG serait recevable dans la mesure où neuf nouvelles parties civiles se sont constituées après l’instruction. Jean Veil, avocat du dirigeant et du groupe, s’est à nouveau ému du statut de «prévenus virtuels» de ses clients. Le groupe pétrolier fait valoir qu’il a déjà pris en charge les réparations des dégâts causés par sa filiale Grande Paroisse à hauteur de près de 2 milliards d’euros. Thierry Desmarest était absent lors de l’ouverture du procès en appel. p Stéphane Thépot Meurtre d’Océane: un suspect devait être présenté au juge après ses aveux Un jeune homme de 25 ans qui s’était présenté volontairement à la gendarmerie de Bellegarde (Gard) a avoué mercredi 9 novembre, être le meurtrier de la petite Océane, 8 ans, retrouvée morte le 6 novembre, poignardée et asphyxiée, après avoir subi des attouchements sexuels. Un test ADN réalisé dans la journée a confirmé ces aveux. Le suspect, connu « pour ses additions à l’alcool et aux stupéfiants » était un voisin de la famille de la victime. Selon son avocat, Me Jean-François Corral, il aurait tenté de se suicider mercredi soir au cours de sa garde à vue. Il devait être présenté à un juge d’instruction jeudi 10 novembre. p La Cour de cassation refuse d’annuler «d’anciennes» gardes à vue La Cour de cassation a considéré, mercredi 9 novembre, qu’il n’était pas possible de contester les gardes à vue sans avocat antérieures à la loi du 14 avril 2011, qui impose la présence d’un conseil, en invoquant pour la première fois la jurisprudence européenne. A l’audience, l’avocat général avait estimé le 12 octobre qu’il fallait « tirer les conséquences » des développements constitutionnels et judiciaires et les avocats s’attendaient à ce que les gardes à vue d’avant la loi de 2011 puisse être annulées. «Je suis très déçu, a indiqué Me Emmanuel Piwnica, cette décision a pour but de valider les anciennes gardes à vue, d’éviter leur remise en cause rétroactive. » La Cour estime qu’il aurait fallu se prévaloir de la Convention européenne des droits de l’homme devant la chambre de l’instruction dès2005 et 2009, et les pourvois ont été rejetés. –(AFP.) p Alpinisme Deux alpinistes français retrouvés morts dans les Alpes Patrick Roger et Vanessa Schneider Dans sa mairie, Rachida Dati «placardise» les fillonistes C oup de balai dans le 7e arrondissement de Paris. Déjà en guerre contre le premier ministre, François Fillon, qui s’est permis d’annoncer sa candidature aux législatives dans une circonscription qu’elle considère comme lui étant promise, l’ancienne garde des sceaux, Rachida Dati, a entrepris de cogner sur les soutiens de son rival. Maire du 7e arrondissement, elle vient ainsi de révoquer les délégations de deux élus fillonistes. Dans un courrier daté du 7novembre, Rachida Dati signifie à sa première adjointe, Martine Namy-Caulier, qu’elle perd la main sur l’administration générale de l’arrondissement pour occuper un placard: les «questions relatives à la transformation d’immeubles en bureaux ». Une autre élue, Annick Leroy a vu la maire lui enlever sa délégation aux affaires sociales. Mme Leroy va désormais se consacrer aux questions relatives au handicap. « Je vais pouvoir créer de belles choses. Dans le 7e, il n’y a rien concernant le handicap», se console-t-elle. « Agressivité » La rupture définitive entre Rachida Dati et une partie de son exécutif date de la fin octobre, lorsque 6 des 15 élus de l’arrondissement ont annoncé dans un communiqué leur soutien à l’arrivée de François Fillon dans la circonscription que l’ancienne garde des sceaux considère comme sa chasse gardée. Le 3novembre, lors du vote du budget de l’arrondissement, les 6 fillonistes s’abstiennent. Une manière de protester contre « l’agressivité » dont fait preuve la maire à l’encontre de leur champion. Laurence Girard, élue socialiste, s’abstient également. Après trois ans de mandat, l’ancienne icône de l’UMP ne peut plus compter que sur 5 élus UMP et 3centristes, dont le sénateur fraîchement réélu – avec probablement quelques voix de l’UMP–, Yves Pozzo di Borgo. La majorité de Rachida Dati peut ne plus tenir qu’à une seule voix. C’est la légitimité d’une de ces voix que Martine Namy-Caulier a souhaité mettre à l’ordre du jour lors de ce même conseil municipal. Pour elle, comme pour la majorité des élus du 7e arrondissement, le cas de Sonia Leroux, conseillère d’arrondissement et nièce d’Axel Poniatowski, député et maire de L’Isle-Adam, pose problème dans la mesure où celle-ci a, de longue date, abandonné son mandat local. Absente de la mairie et des débats municipaux, l’élue laisse néanmoins sa procuration à Rachida Dati qui s’assure ainsi systématiquement une voix de majorité. Or, la démission de Sonia Leroux, entraînerait l’arrivée dans la majorité municipale de Franck Allisio, président des jeunes actifs de l’UMP, dont l’allégeance à Rachida Dati n’est pas assurée. La maire va désormais devoir faire avec une majorité précaire, situation nouvelle pour elle. Après la législative de 2012, Rachida Dati devra tenir sa mairie du 7e arrondissement encore deux années. p Eric Nunès Recherchés depuis le 3 novembre dans le massif des Grandes Jorasses,, deux alpinistes français ont été retrouvés morts mercredi 9 novembre. Les corps du guide de haute montagne Olivier Sourzac, 49 ans, et de sa cliente, Charlotte Demetz, 44 ans, ont été localisés par un hélicoptère de la sécurité civile, à 4 050 m d’altitude, mercredi à la mi-journée, avant d’être redescendu à Courmayeur en Italie. Selon les secouristes, les deux alpinistes seraient morts de froid. Le guide et sa cliente, elle aussi alpiniste expérimentée, étaient partis il y a une semaine à la conquête des Grandes Jorasses, où ils ont été piégés par les intempéries. – (Reuters.) (PHOTO/ JEAN-PIERRE CLATOT/AFP) p Parti socialiste M. Montebourg réitère son appel pour une limite d’âge Malgré les critiques de la direction du PS, le député de Saône-et-Loire a répété sa demande de fixer à 67 ans l’âge limite des candidats PS aux prochaines élections législatives (Le Monde du 9 novembre). Dans un entretien à Lexpress.fr, le troisième homme de la primaire PS estime que son parti « avait pris des engagements en termes de rajeunissement, de diversité des parcours et de parité. Et le compte n’y est pas ». Il ajoute dans Le Parisien : « Le Palais-Bourbon et le Sénat ne peuvent plus être deux assemblées de retraités ». société 0123 Vendredi 11 novembre 2011 15 Karachi:lesjugessurlapisted’unréseauchiraquien Les magistrats demandent l’extension de leur enquête après de nouveaux soupçons de rétrocommissions en 1997 A près avoir éclaboussé les balladuriens puis déstabilisé les sarkozystes, l’affaire de Karachi pourrait maintenant menacer les chiraquiens. Les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire, chargés du volet financier du dossier, ont demandé le 3 novembre au parquet de Paris d’élargir leur enquête à d’éventuels « abus de biens sociaux » qui auraient été commis, entre 1997 et 2000, au préjudice de la Sofresa, la société d’Etat spécialisée dans les ventes d’armes, notamment au MoyenOrient. Selon nos informations, le parquet de Paris devrait donner son feu vert aux magistrats. Ces derniers, qui ont concentré jusqu’ici leurs investigations sur d’éventuelles rétrocommissions qui auraient abondé les balladuriens en marge de contrats d’armement signés entre 1993 et 1995, alors qu’Edouard Balladur était à Matignon, s’intéressent désormais à des commissions suspectes versées après l’élection de Jacques Chirac, en 1995. Ils ont été mis sur cette nouvelle piste par Ziad Takieddine. L’homme d’affaires franco-libanais est ulcéré d’avoir été mis en examen pour avoir joué les intermédiaires dansle contratAgostaavecle Pakistan (ce qu’il conteste vertement) et dans le contrat Sawari II avec l’Arabie saoudite – dans lequel il assume au contraire avoir joué un rôle. Désireux de régler ses comptes avec ceux qu’il estime être à l’origine de ses déboires judiciaires, M. Takieddine a expliqué aux juges, lors de ses dernières auditions, qu’après avoir été écarté par les chiraquiens, suite à l’élection de mai 1995, il aurait été remplacé par d’autres intermédiaires. Ces derniers auraient, selon lui, financé la galaxie chiraquienne. Les contrats signés avec deux sociétés écrans, Estar et Rabor, créées pour recueillir les commissions en marge du contrat saoudien et liées à M. Takieddine, auraient été détruits à cet effet. Dans le plus grand secret, d’autres structures auraient été créées pour laisser place à un nouveau réseau voué à financer cette galaxie et animé, selon les déclara- Controverse sur la signature d’un contrat Des soupçons de financement occulte en marge des marchés d’armement Ziad Takieddine estime avoir remporté une victoire judiciaire, lui qui a toujours juré n’avoir jamais pris part au contrat Agosta. Outre plusieurs témoignages et mouvements de fonds attestant du contraire, la justice détient un contrat, signé le 30 juin 1994, garantissant à M. Takieddine 2 % du montant du contrat Agosta. Ce document comporte une longue mention manuscrite, des paraphes et deux signatures : celles d’Emmanuel Aris, ex-responsable de la direction des constructions navales (DCN), et de M.Takieddine. Ce dernier, qui conteste l’authenticité du document, avait réclamé une expertise portant sur la mention manuscrite. Celle-ci « n’émane pas de Ziad Takieddine », a conclu, le 27 octobre, l’experte en graphologie Christine Jouishomme. Mais Olivier Morice, conseil des parties civiles, crie à la supercherie, estimant que cela ne prouve rien. Il va demander un complément d’expertise portant, cette fois, sur les paraphes et la signature apposée au bas du contrat. L’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine, lors d’une pause pendant son audition du 5 octobre. C. MORIN /IP3 L’AFFAIRE de Karachi, à l’origine une enquête antiterroriste classique sur un attentat, a viré, au fil des révélations, au scandale politico-financier. Explications. Quel lien avec l’attentat de Karachi au Pakistan ? Le 8 mai 2002, onze employés de la Direction des constructions navales (DCN) sont tués par l’explosion d’une bombe à Karachi. Ils travaillaient au Pakistan dans le cadre du contrat Agosta, signé en 1994, et prévoyant la livraison par la France de trois sous-marins pour la somme de 5, 4 milliards de francs (825 millions d’euros). Les enquêteurs pakistanais concluent très vite à la thèse d’un attentat commis par un kamikaze mandaté par Al-Qaida. Malgré les invraisemblances émaillant la procédure, le juge Jean-Louis Bruguière délivre des mandats d’arrêt contre des suspects, à qui l’on a extorqué des aveux – ils sont finalement acquittés, en 2009, par la justice pakistanaise. Un autre juge antiterroriste, Marc Trévidic, reprend en 2007 le dos- tions de M.Takieddine, par AlexandreDjouhri.Cetintermédiaire, intime de Dominique de Villepin, qui était secrétaire général de l’Elysée entre 1995et 2002,est legrand rival de M.Takieddine. Somme colossale Les déclarations de M. Takieddine ont été confortées par certaines découvertes des enquêteurs. Ainsi, lors d’une perquisition réalisée le 29 avril au siège de la Sofresa, les policiers de la division nationale des investigations financières (DNIF) ont saisi divers documents signés de la main de Michel Mazens,l’ancien patronde la Sofresa, chargé en 1995 par le pouvoir chiraquien de mettre fin aux commissions suspectées d’avoir alimenté le camp balladurien. Il s’agit notamment d’un avenant au contrat Sawari II. Conclu en novembre 1994, cet important marchéprévoyait lavente defréga- sier et relance l’enquête dans une nouvelle direction, avec l’appui actif de l’avocat des familles des victimes de l’attentat, Me Olivier Morice. Selon divers documents et témoignages, l’attentat pourrait avoir une autre origine : il serait la conséquence du non-versement de certaines commissions dues en marge de plusieurs marchés d’armement, notamment le contrat Agosta. ne et Abdul Rahman El-Assir sont accusés par les chiraquiens, Dominique de Villepin en tête, d’avoir contribué, sous forme de rétrocommissions, au financement occulte de la campagne malheureuse de M. Balladur. Les deux contrats ont été signés avec l’aval de celui qui occupait alors le ministère du budget, Nicolas Sarkozy, autre soutien de poids de M. Balladur. Comment est apparue la piste des commissions ? Le juge Trévi- Peut-on accréditer un financement illégal de M. Balladur ? Fin dic a replongé dans la guerre qui opposa, dans les années 1990, balladuriens et chiraquiens. Après son élection, en 1995, Jacques Chirac avait ordonné l’arrêt du versement de commissions prévues dans le cadre des contrats Agosta et Sawari II (la vente de frégates à l’Arabie saoudite moyennant 20 milliards de francs). Cible du président, un duo d’intermédiaires imposé fin 1994 dans les négociations par le ministre de la défense, François Léotard, allié du premier ministre candidat, Edouard Balladur. Ziad Takieddi- 2010, les découvertes du juge Trévidic ont provoqué l’ouverture d’une enquête distincte, visant les éventuelles rétrocommissions qui auraient été distribuées en marge des contrats Agosta et SawariII. Confiées aux juges financiers Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke, les investigations ont établi que la campagne présidentielle de M. Balladur est entachée d’irrégularités. Ainsi, l’origine d’une vingtaine de millions de francs en espèces semble éminemment suspecte. Des témoins ont décrit comment ces fonds, de gros- tesLafayette au royaumewahhabite moyennant environ 20 milliardsde francs. L’avenant qui intrigue la justice a été signé par M. Mazens, sous le gouvernement Juppé, le 14 mai 1997, soit onze joursavantle premiertourdesélections législatives qui allaient voir la victoire de la gauche. Ce nouveau contrat a lui-même donné lieu à trois avenants, étalés entre juillet 1997 et juillet 2000, en vertu desquelslasociété Parinvest,domi- ses coupures en billets neufs, avaient été apportés dans des valises au QG de campagne. L’explication fournie par M. Balladur selon laquelle cet argent provenait des collectes effectuées lors de meetings de soutien n’a pas résisté aux investigations, pas plus que la piste des fonds spéciaux, démentie devant les juges par celui qui les gérait, l’ancien chef de cabinet de M. Balladur, Pierre Mongin. Pour les magistrats, l’hypothèse la plus logique est que ces espèces soient le fruit de rétrocommissions, versées en marge de contrats d’armement. L’entourage de M. Sarkozy est-il mis en cause ? Ces derniers mois, l’enquête de MM. Van Ruymbeke et Le Loire s’est rapprochée de l’entourage du président de la République, avec notamment les mises en examen, courant septembre, de Thierry Gaubert et Nicolas Bazire pour « recel d’abus de biens sociaux ». Le premier, ancien conseiller de M. Sarkozy au budget entre 1993 et 1995, est accusé par son épouse, Hélène de Yougos- ciliée en Suisse, a perçu de la Sofresa un total de 85 millions de francs (12,9 millions d’euros). Cette structure, détenue par le groupe saoudien Al Bughshan, serait gérée par Wahib Nacer, réputé proche de M. Djouhri. Par ailleurs, à la même période, une autre société saoudienne, Issham, aurait été destinataire d’une somme colossale de 1,3 milliard de francs (198 000 euros) sur la piste de laquelle M. Takieddine a aussi mis les juges, convaincus que là encore ils remonteront vers le camp chiraquien. Récemment auditionné, l’ancien directeur général délégué de la Sofresa, Jean-Yves Gourcuff, a déclaré que ce nouveau réseau avait été imposé en 1997 à M. Mazens par les autorités politiques, à savoir les chiraquiens. M. Takieddine, qui a recommandé aux juges de s’intéresser à la filiale des Bahamas du Crédit agricole par laquelle auraient transité certaines des commissions suspectes, réclame désormais l’audition de MM. de Villepin, Mazens et Djouhri. Dans une note remise le 31 octobre aux magistrats, il explique que « l’audition de M. Mazens sur ces questions est essentielle afin qu’il puisse donner des détails sur le rôle réel du groupe Al Bughshan et ses exécutants (Wahib Nacer et autres) ». « Sans doute pourra-t-il également vous donner toute explication utile sur ses relations éventuelles avec MM. de Villepin et Djourhi au moins jusqu’à son départ de la Sofresa en janvier 2006 », conclut l’intermédiaire. M. Djouhri a déjà annoncé son intention d’attaquer M. Takieddine en diffamation. p Gérard Davet et Fabrice Lhomme lavie, de s’être rendu en Suisse à cette époque en compagnie de M. Takieddine pour récupérer des fonds en espèces. L’argent aurait été remis ensuite à Nicolas Bazire, alors directeur du cabinet de M. Balladur à Matignon et patron de sa campagne présidentielle. M. Gaubert, qui conteste formellement tout financement politique occulte, était proche à cette époque de M. Takieddine, comme bon nombre de sarkozystes (Brice Hortefeux, Jean-François Copé). Y a-t-il une piste chiraquienne ? Décidé à contre-attaquer, M. Takieddine a ouvert un nouveau front en mettant les juges sur la piste d’un autre réseau qui, après l’élection de Jacques Chirac en 1995, aurait été chargé de récupérer des fonds dans le cadre de la signature d’un avenant au contrat Sawari II. Dans le collimateur de l’intermédiaire, son rival, Alexandre Djouhri, et l’ancien premier ministre Dominique de Villepin. Cette nouvelle piste semble prise au sérieux par les deux juges. p G. Da. et F. Lh. L’agenda très chargé des avocats de Thierry Gaubert, ancien conseiller de M. Sarkozy L es avocats de Thierry Gaubert cherchent-ils à éviter que cet ex-conseiller de Nicolas Sarkozy soit jugé durant la campagne présidentielle? On pourrait le penser depuis l’envoi, le 2 novembre, d’une lettre de Mes Jean Veil et François Esclatine au tribunal correctionnel de Nanterre, devant lequel leur client doit comparaître en février2012. M.Gaubert vient d’accéder à une soudaine notoriété par sa mise en examen pour « recel d’abus de biens sociaux» dans l’affaire de Karachi. Mais la justice s’intéresse aussi à lui dans un autre dossier lié au «1% logement», le système de collecte de fonds patronal pour la construction de logement sociaux. L’enquête avait débuté en 1999. Dix ans plus tard, le juge d’instruction Richard Pallain avait renvoyé cinq personnes, dont M. Gaubert, notamment pour « abus de confiance» et « prise illégale d’intérêt» devant le tribunal. L’exconseiller de M.Sarkozy est soupçonné d’avoir tiré profit d’opérations immobilières dans des conditions irrégulières lorsqu’il présidait un collecteur du «1% », Habitation française. Le procès aurait dû avoir lieu en octobre 2010. Mais il a été repoussé trois fois, à la suite d’initiatives prises par les avocats de certains prévenus : questions prioritaires de constitutionnalité, demandes en annulation de l’ordonnance de renvoi, etc. « Au four et au moulin » Il y a quelques semaines, de nouvelles dates avaient été envisagées pour le procès: du 7 au 17février 2012. Mais ce calendrier pose des difficultés à Mes Veil et Esclatine, comme ils l’indiquent dans un courrier à la présidente de la 15e chambre correctionnelle, Isabelle Prévost-Desprez. L’un ou l’autre sont retenus, à partir du 3novembre et jusqu’à la fin juin2012, dans trois procès chronophages (les affaires AZF, crash du Concorde et Kerviel rejugées en appel à Toulouse, Versailles et Paris). « Il s’agit de dossiers majeurs pour lesquels nos clients exigeront légitimement notre disponibilité totale et qui nous interdisent d’assurer simultanément une défense convenable de M. Thierry Gaubert», écrivent les avocats. Leur lettre ne contient aucune demande de renvoi du procès Habitation française, mais pour l’une des parties civiles, il est clair que les avocats de M. Gaubert tentent d’imposer leur agenda. Pas du tout, rétorque Me Veil : ils ont seulement voulu expliquer qu’ils ne peuvent pas être en même temps « au four et au moulin ». L’avocat récuse l’idée selon laquelle il chercherait un « moyen dilatoire» pour repousser l’échéance. « Il n’est pas pensable un seul instant que cette procédure soit à nouveau reportée à une date éloignée au seul motif des trois procès évoqués par nos confrères», réagissent Mes William Bourdon et Jose- ph Breham, les avocats d’une des parties civiles, dans une lettre envoyée, mardi 8 novembre, à la présidente de la 15e chambre. Euxmêmes sont confrontés à un agenda chargé en février 2012, « mais nous nous organiserons », soulignent-ils. Sollicitée par Le Monde, la présidence du tribunal de Nanterre indique qu’elle souhaite voir le procès se tenir en février, mais la décision est entre les mains de la présidente de la 15e chambre. La question devrait être tranchée lors d’une audience dite « de fixation» le 17novembre. p Bertrand Bissuel Cameroun (Communiqué) Paul Biya réélu officiellement avec 77,9% L e scrutin du 9 octobre est officiellement comptabilisé. Paul Biya a recueilli 77,9% des suffrages et 3 772 527 voix. Son principal opposant, John Fru Ndi enregistre 10,71%, soit 578 175 voix. Plusieurs candidats avaient déposé un recours, contestant la sincérité du scrutin. La Cour suprême n’a pas retenu leurs accusations et a validé les résultats officiels. Paul Biya, à 78 ans, entame donc son 6ème mandat à la tête du Cameroun. Un septennat placé sous le signe des « grands chantiers », qui le reconduit donc jusqu’en 2018, sauf si, comme le pensent bon nombre d’observateurs, le chef de l’Etat camerounais organise sa succession et passe le flambeau, en cours de mandat, à celle ou à celui qui aura gagné sa confiance. Une large part de la population camerounaise reconnait à Paul Biya d’avoir toujours su maintenir le pays dans la paix et la stabilité. Un argument largement développé dans chaque village et dans chaque quartier par les militants de son parti, le RDPC. Un argument qui lui vaut, pour une grande part, ces réélections faciles face à une opposition divisée et peu crédible aux yeux d’une majorité de Camerounais. (Photo Francis Demange) « C’est nous qui sommes appelés à remplacer nos ainés en place aujourd’hui » A u Cameroun, les jeunes sont les plus touchés par le chômage, ils n’ont connu à la tête du pays que Paul Biya. Pourquoi, lorsqu’on les questionne au hasard des rencontres, sont-ils si nombreux à se déclarer en faveur du chef de l’Etat sortant ? Certains se sont même regroupés en association pour concrétiser leurs actions en faveur du président. L’association Presby est l’un de ces mouvements de la jeune génération. Aujourd’hui, elle est présente dans plusieurs départements du pays. A Kribi, dans le sud du Cameroun, nous avons rencontré les responsables de cette association, Presby Océan. Leur leader, Luc Jolinor Bohongo, président départemental de la « jeunesse présidentielle de l’Océan » a répondu à nos questions. Quel est l’objet de l’association Presby ? Luc Jolinor Bohongo : C’est une association de jeunes camerounais qui ont opté pour soutenir le chef de l’Etat dans la mission qu’il a pour la République du Cameroun. Il s’agit des grands chantiers comme le social, la santé, la formation, les jeunes etc. Donc Presby lui apporte son soutien dans le suivi de sa mission de développement socio culturel de la jeunesse camerounaise. Quand a-t-elle été créée ? LJB : Elle a été créée en 1997. Progressivement ensuite différents bureaux sont apparus dans les régions. Comment soutenez-vous le président Biya ? Quelles sont vos actions ? LJB : Sur le terrain, nous essayons de faire comprendre à la jeunesse qu’il faut faire des concessions. Nous devons nous organiser, nous impliquer davantage dans la constitution de l’édifice national et sur le plan socio culturel. Nous devons participer à l’agriculture et à l’élevage. Au niveau scolaire, nous prenons la responsabilité de donner des cours de répétition à nos jeunes frères qui préparent des examens au lycée. Parallèlement, nous faisons des visites aux personnes âgées pour leur attribuer de petits dons de savons et de médicaments. Aussi, nous récupérons la jeunesse égarée, délaissée, sous scolarisée ou au chômage. Nous lui faisons comprendre qu’il y a un espoir. La jeunesse devrait se concentrer sur l’avenir parce que c’est nous qui sommes appelés à remplacer nos ainés en place aujourd’hui. Arrivez-vous à convaincre les jeunes ? LJB : Oui. Pour le département de l’Océan, nous avons mis sur pied ce bureau le 16 avril 2010. Il était composé de 42 membres à l’origine. Aujourd’hui, nous en avons 1500. Pourquoi le RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) et pas un autre parti ? (Photo Yannick Coupannec) LJB : Nous ne sommes pas derrière le RDPC. Nous soutenons l’homme, le président de la République du Cameroun, Paul Biya. Pas le parti RDPC. Pourquoi Biya alors et pas un autre homme ? LJB : Avec lui, il y a eu l’arrivée de la démocratie et de la liberté d’expression. Il y a beaucoup de chan- tiers, aujourd’hui, au Cameroun. Il y a des améliorations sur le plan de l’éducation. Au niveau social, plusieurs centres de santé ont été créés. Dans l’agriculture aussi des structures ont été mises en place. La microfinance a apporté un soutien dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage. Il a mis sur pied au mois de février, un recrutement spécial de 25 000 jeunes dans la fonction publique. Cela ne se passe pas ailleurs. Et le facteur le plus important, je vais vous le dire, c’est la Paix ! Nous sommes en Afrique, nous voyons ce qui se passe autour de nous. Pour ne citer que la Libye, la Côte d’Ivoire, la Tunisie et l’Egypte… Vraiment, il est l’apôtre de la paix au Cameroun. Pour le Camerounais, la paix c’est l’idéal. Et dans ce sens, Biya est incontestable. La paix n’est-elle pas quelque chose de naturel, un droit légitime ? LJB : Oui, c’est un droit légitime. Cependant tous les dirigeants du monde ne garantissent pas la paix à leurs pays. Alors que lui, il s’investit beaucoup dans ce sens. C’est déjà beaucoup pour nous. Comment voyez-vous l’après Biya ? LJB : Comme son prédécesseur, il prendra les mesures adéquates pour céder la place à la meilleure personne. Il peut aussi y avoir une surprise. Mais sa succession n’est pas une inquiétude pour nous. Biya est en très bonne forme. Au comice agro pastoral d’Ebolowa, il a tenu pendant cinq heures de temps. Et beaucoup de jeunes ne peuvent pas faire cela. Quels sont vos moyens financiers ? LJB : Parmi nous, nous avons des opérateurs économiques, des membres qui sont dans les moyennes et petites entreprises, des petits commerçants etc. Nous essayons d’apporter chacun notre contribution pour mettre sur pied certains fonds pour nous déployer. En même temps nous sollicitons des aides de nos ainés qui sont dans l’administration et dans le gouvernement du président de la République. On a l’appui des élites. Le chef de l’Etat, aussi, il ne nous oublie pas. De temps en temps, il réagit à l’endroit de sa jeunesse. Chefferies traditionnelles : Rôle central au Cameroun L a société camerounaise présente une organisation sociale et administrative ancestrale : la chefferie. Selon les ethnies ou les situations géographiques, le chef traditionnel, qu’il soit sultan, roi ou encore paramount chief, incarne pouvoir et autorité sur un village ou même une région. Ancrés dans la tradition, descendants et héritiers de lignées historiques dont l’origine se perd souvent dans la nuit des temps, ils sont les derniers rois du Cameroun. Ils occupent encore une place primordiale dans la vie de nombreuses ethnies. Ils sont à la fois les garants de l’autorité coutumière et les gardiens des valeurs religieuses. Jouant aussi le rôle d’auxiliaires de l’administration, ils sont des personnalités importantes pour le pouvoir central. Les moyens utilisés par les hauts cadres de l’administration pour accéder à ces fonctions, pourtant héréditaires, en démontrent le prestige. royaume des Bamoun, la grande ethnie de l’ouest. Les hommes politiques du pays cherchent à obtenir son soutien. C’est l’un des plus grands rois du Cameroun. L’autorité qu’il a sur son peuple explique l’attention particulière que lui portent les différents candidats lors d’élection comme la présidentielle du 9 octobre prochain. Et le choix de cet ancien membre du gouvernement est sans ambigüité. Hier, le sul- tan était présent aux premières loges du meeting du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) entouré de ses sujets, tous aux couleurs du RDPC. « J’aime mon sultan le roi des Bamoun. Il est plus important que le président de la République. Je serai prête à voter pour n’importe qui si le sultan me le demandait », nous déclare Salla, mère au foyer. (Photo Yannick Coupannec) Un ancien ministre L’actuel sultan de Foumban, Ibrahim Mbombo Njoya, roi des Bamoun, est un ancien ministre du gouvernement camerounais resté pendant longtemps au service de l’Etat. Son palais est à Foumban, la capitale du Le sultan de Foumban est l’un des plus grands rois du Cameroun. Cameroun (Communiqué) « A partir de janvier, le Cameroun sera transformé en un immense chantier » Cette déclaration du chef de l’Etat camerounais présage de ce que le Cameroun devrait être au cours des prochaines années. Avec un taux de croissance de 4% en 2011 et des perspectives plutôt encourageantes à moyen terme, la réalisation des projets structurants devrait permettre d’améliorer la compétitivité de l’économie nationale, l’objectif étant d’atteindre une croissance à deux chiffres pendant la décennie en cours. P aul Biya pense que le moment est venu de passer à l’étape supérieure, celle qui devrait consacrer la réalisation effective des grands travaux, et qui permettra au Cameroun de devenir « une économie émergente à l’horizon 2035 ». Pour le président camerounais, la politique des « grandes ambitions » du précédent septennat, dont l’objectif était « d’imprimer un nouvel essor à notre économie » et dont la première étape fut la stabilisation des finances publiques, qui avaient été mises à mal par les effets de la crise et les contraintes de l’ajustement structurel, permet désormais d’envisager l’avenir avec optimisme. En témoignent les effets encourageants de la nouvelle stratégie pour la croissance et l’emploi en place depuis quelque temps. « La réalisation de ce programme économique nécessite que les efforts soient axés sur l’accélération de la croissance, adossée à une bonne gouvernance et à une gestion de réseau routier en bon état de 12% à 55% en bitumant à l’horizon 2020 plus de 35 000 km de routes en terre, d’aménager 1000 km de voies ferrées et de porter la télédensité mobile à 65%. Des projets qui nécessiteront plus de 8 millions de tonnes de ciment par an, alors que la production nationale est actuellement environ de 1 600 000 tonnes. Ces chantiers et leurs conséquences sur l’économie permettraient de créer plus de 300 000 emplois directs et indirects, sans oublier leur incidence réelle dans les caisses de l’Etat. Relance agricole Pays agricole par excellence, les potentialités agropastorales restent sous-exploitées, obligeant le Cameroun à importer pour près de 500 milliards de francs CFA par an de produits agroalimentaires, ce qui rend d’ailleurs négative la balance Kribi, où le chef de l’Etat vient d’ouvrir officiellement le chantier du port en eaux profondes. Dangote annonce 1500 emplois à Douala L’entrepreneur nigérian Aliko Dangote et trois ministres camerounais ont posé la première pierre d’une nouvelle cimenterie bientôt construite sur les berges du Wouri, forte d’une capacité de production d’un million de tonnes par an. Aliko Dangote est un industriel nigérian richissime, 51ème fortune mondiale selon le classement de Forbes. L a nouvelle usine du groupe Dangote, livrée dans 18 mois, devrait générer à Douala 200 emplois directs et 1300 emplois de services assimilés. Le Cameroun ne disposait que d’une cimenterie produisant 1,6 million de tonnes par an, alors que les besoins actuels se situent à 2,5 millions de tonnes par an et ne cessent de croître. La nouvelle usine du groupe Dangote devrait donc éviter au Cameroun, en phase de grands chantiers, d’importantes dépenses d’importation.Trois ministres ont fait le déplacement pour la circonstance : Badel Ndanga Ndinga, ministre de l’Industrie, des Mines et du Développement technologique, Bello Bouba Maigari, ministre d’Etat en charge des Transports, et Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre du Commerce. Alhaji Aliko Dangote est un homme d’affaires richissime, 51ème fortune mondiale selon le classement de Forbes. Son groupe produit 12 millions de tonnes par an et vise un objectif de 16 millions de tonnes. La Camair-Co veut contribuer au décollage économique S stratégique optimale des affaires publiques », a-t-il insisté. Il est également question de « poursuivre les efforts de renforcement de l’Etat de droit en vue d’assurer la sécurité des biens et des personnes, l’amélioration de l’environnement des affaires et l’accès du citoyen à l’information ». Investissements structurants Paul Biya, réélu ce mois-ci pour sept ans, est visiblement déterminé à assouvir un vœu personnel, celui d’entrer dans l’histoire comme « l’homme qui a apporté la démocratie et la prospérité au Cameroun ». Dans ce contexte, a-t-il rassuré, « les “grandes ambitions” d’hier vont devenir les “grandes réalisations” (…), avec de grands projets structurants, dont certains sont déjà en cours d’exécution, notamment dans le domaine de l’énergie avec la construction des barrages hydroélectriques de Lom Pangar, Memve’ele et Mekin, Nachtigal et Song Loulou, Ndockayo, de la centrale de gaz de Kribi, de la centrale thermique Ces chantiers et leurs conséquences permettront de créer plus de 300 000 emplois directs et indirects, sans compter leur incidence réelle dans les caisses de l’Etat. de Yassa et du yard pétrolier de Limbé. Il s’agit, dans le domaine des transports, de l’aménagement des structures routières, tel le deuxième pont sur le Wouri, des structures portuaires, avec notamment les ports en eaux profondes de Kribi et de Limbé, ainsi que des structures ferroviaires, destinées à accompagner l’exécution des grands projets porteurs de croissance. Il s’agit également de la reprise des activités d’une compagnie nationale de transport aérien avec le lancement de Camair-Co. » 300 000 emplois directs et indirects En plus des projets énumérés, le Cameroun se propose de porter les capacités installées de production d’énergie à 3000 MW, contre 933 MW actuellement, de relever la part des paiements. Le chef de l’Etat a annoncé des grands chantiers dans ce secteur, et la création d’une banque agricole, la Cameroon Rural Finance Corporation (CARFIC), qui participe de la volonté des gouvernants de donner à ce secteur vital de l’économie des outils appropriés pour son essor. A court et à moyen termes, notamment au cours des dix prochaines années, le Cameroun ambitionne de relever la croissance à un niveau moyen de 5,5% par an. Il est question de ramener le sous-emploi de 76% à moins de 50%, et de réduire le taux de pauvreté autour de 25% en 2020. L’environnement politique Le renforcement de la compétitivité de l’économie camerounaise appelle également la modernisation accrue de l’environnement politique. La mise en place d’Elecam, « l’organe indépendant chargé de l’organisation et de la supervision des élections au Cameroun », s’inscrit dans ce sillage, de même que le renforcement des partis politiques et de la société civile dans la gestion du processus électoral. Le Cameroun, a souligné Paul Biya, « dispose d’un cadre légal d’expression des libertés fondamentales » : liberté politique, liberté syndicale, liberté de culte, liberté d’opinion, liberté de circulation, liberté de la presse et bien d’autres encore. « Ce dont nous avons besoin aujourd’hui pour assurer le développement du Cameroun, ce sont, bien sûr, des hommes et des femmes entreprenants, dotés d’un bon bagage culturel et technique, mais ce sont également des hommes et des femmes courageux, nantis d’un bon bagage éthique, moral, voire spirituel, profondément acquis aux idéaux d’intégrité et de justice, respectueux de la chose publique », a-t-il indiqué. Education nationale Pour le reste, le président camerounais a indiqué que l’éducation nationale reste au centre des priorités, un secteur qui englobe le quart du budget du pays, avec une enveloppe de plus de 600 milliards de francs CFA pour l’année 2011. Sur le plan sanitaire, l’on prévoit la construction et l’équipement des hôpitaux, de même que les logements sociaux restent au centre des préoccupations, en témoigne la construction actuelle de 10 000 habitats sociaux dans plusieurs villes du pays. Achille Mbog Pibasso, Douala ix mois après le lancement des activités de la Compagnie de transport aérien du Cameroun (Camair-Co), le nouveau pavillon national commence à marquer son ancrage dans un secteur des transports aériens particulièrement difficile et concurrentiel, où près de trente compagnies aériennes desservent le Cameroun. S’il est vrai que les performances actuelles sont encore loin d’atteindre la moyenne recommandée par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), qui préconise 66% du taux de remplissage des avions, celles-ci connaissent une évolution appréciable, puisque le taux de remplissage est passé de 33% il y a quatre mois à un peu plus de 45% actuellement. Un troisième aéronef Pour la direction de cette entreprise publique entièrement contrôlée par l’Etat, l’optimisme est de mise car « la Camair-Co a pris son envol dans un contexte difficile. J’admets que les débuts ont été difficiles, on décollait parfois avec des avions presque à moitié vides. Mais aujourd’hui, on sent que de plus en plus de personnes répondent favorablement à nos efforts, et pour ma part je reste optimiste », a confié Alex Van Elk, directeur général. La compagnie nationale veut renforcer son positionnement, d’abord en étoffant sa flotte, puis en diversifiant son plan d’exploitation. Après avoir commencé ses activités avec deux avions, la Camair-Co a pu ajouter un troisième aéronef dans sa flotte, pendant qu’un Boeing 777 est attendu dans les prochains jours. L’arrivée de ce gros porteur permettra à la compagnie de desservir de nouvelles dessertes à l’international, puisqu’en plus de Paris, déjà opérationnelle, d’autres lignes sont au programme, en l’occurrence Shanghaï, Dubaï et Johannesburg. En attendant, la compagnie camerounaise de transport aérien a annoncé le lancement d’une offensive régionale dont Douala, la capitale économique du pays, constitue le hub. Compétitivité et flexibilité Depuis quelques jours, Libreville au Gabon et Lagos au Nigeria rejoignent N’djamena au Tchad. Cinq nouvelles destinations sont au programme courant octobre : Malabo en Guinée équatoriale, Cotonou au Benin, Dakar au Sénégal, Brazzaville au Congo et Bangui en Centrafrique. D’ici la fin de l’année, la Camair-Co ambitionne de couvrir dix pays en Afrique centrale et de l’Ouest, cette région dénommée « la côtière » qui fut l’un des grands succès de la Camair, l’ex-compagnie nationale aérienne mise sous liquidation en 2008. Le service domestique, déjà opérationnel, constitue également un atout pour la compagnie nationale, dont l’entrée attendue au Clearing House devrait renforcer la compétitivité. AMP Réalisation par InvestirauCameroun.com 18 0123 société Vendredi 11 novembre 2011 L’épiscopat réfléchit ADauphine,lespratiques del’association à l’attitude à adopter Japadmisesencause aprèsun bizutage La police judiciaire enquête après la plainte d’un étudiant de 18 ans qui a subi des violences face aux œuvres «blasphématoires» A Nombre de responsables religieux hésitent entre repli, silence, surréaction et dialogue L es manifestations organisées à Paris par des catholiques intégristes pour protester contre la pièce de Romeo Castellucci, Sur le concept du visage du fils de Dieu, se sont invitées dans les échanges des évêques, réunis en assemblée plénière, à Lourdes, jusqu’à mercredi 9novembre. Même si certains prélats jugent cette polémique « très parisienne » et «loin des priorités de l’Eglise dans un contexte de crise économique mondiale », nombre de responsables religieux, hésitant entre silence, repli, surréaction et dialogue, sont en quête de réponses à apporter aux auteurs d’œuvres considérées comme « blasphématoires » par certains de leurs fidèles. Cette réflexion est jugée d’autant plus nécessaire que l’activisme, parfois violent, de quelques centaines de fidèles a semblé prendre de court l’épiscopat, et que d’autres manifestations sont annoncéespardesgroupesintégristes. La pièce de Castellucci est jouée à Rennes dès jeudi ; celle de Rodrigo Garcia, Golgota Picnic, jugée offensante par des chrétiens, est prévue à Paris du 8 au 17 décembre. «Le rapport à la culture n’est pas le même chez tous les évêques» Mgr Hervé Giraud évêque de Soissons (Aisne) Mercredi, dans son discours de clôture de l’assemblée des évêques, son président, Mgr André VingtTrois, est revenu sur « le vif émoi » provoqué par ces œuvres, appelant à « une réflexion sérieuse sur notre rapport avec des créations culturelles dont les intentions ou les réalisations offusquent notre amour du Christ ». «Nous comprenons le trouble de beaucoupdevantdesœuvres difficiles à interpréter », indique-t-il. Mais il demande aussi aux catholiques de ne « pas se laisser enfermer dans une forme de débat où l’Eglise se défendrait elle-même comme un groupe minoritaire ». « La blessure [provoquée par ces œuvres] ne doit pas et ne peut pas se transformer en violence verbale, et moins encore physique.Elledoitnourrirnotreprière.» Réagissant aux manifestations parisiennes, le cardinal avait d’emblée dénoncé les méthodes d’« un groupuscule lefebvriste qui fait de la foi un argument de violence ». Mais des initiatives et des déclarations diverses laissent apparaître des divergences dans la manière de répondre aux « agressions » que constituent,pourcertains,cesspectacles. L’archevêque de Rennes, Mgr Pierre d’Ornellas, a publié un longtexte surle sitede son diocèse : « Il n’y a pas de christianophobie dans cette pièce de théâtre. Ne nous trompons pas de combat en luttant contre une christianophobie à laquelle on veut nous faire croire. Manifester contre Castelluci est une erreur de perspective», juge-t-il. Mgr d’Ornellas nous indique aussi: «Il faut sortir de l’irrationnel, car cette pièce, qu’on l’aime ou pas, appelle à la raison. » Dans le même temps, l’archevêque insiste : « Personnen’aledroitaublasphème,personne n’a le droit de blesser la conscience d’autrui; c’est contraire à la dignité humaine. » Il incite néanmoins au « dialogue» avec les artistes. « L’artiste doit expliquer son intention, estime-t-il. Ne doit-il pas aussi prêter attention à la foi des humbles? » Certains évêques, comme celui de Vannes (Morbihan), Mgr Centène, ou de Bayonne (PyrénéesAtlantiques), Mgr Aillet, avaient soutenu les manifestants parisiens. Mgr Dominique Rey, évêque de Toulon, réputé conservateur, s’apprête à publier « une réflexion sur l’art et la dérision ». «Onnepeut pas rester inertes et se faire marcher sur les pieds face à ce qui offense la symbolique chrétienne, dit-il. Toucher au sacré produit de la violence. On peut comprendre [ceux qui protestent]. Mais trop réagir ne fait que servir la communication de ces œuvres. Il ne faut ni applaudir ni crier vengeance, mais susciter la réflexion des chrétiens sur ce qu’est l’art, la dérision, la profanation. » S’enremettant«audroit »,ilpropose de « travailler avec des juristes pour déterminer quand il y a diffamation ou calomnie ». C’est dans cet esprit, dit-il, qu’il a soutenu l’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne (Agrif) de l’ancien député européen du Front national BernardAntony, quia porté plainte contre la représentation de Golgota Picnic et a été débouté. « Le rapport à la culture n’est pas le même chez tous les évêques », reconnaît Mgr Hervé Giraud, évêque de Soissons (Aisne). « Sans être naïfs, car certains artistes “nous cherchent”, il faut parvenir à un vrai dialogue. Car les gens de culture anticipent souvent les questions qui vont se poser dans la société. » Toutefois, face à une « offense délibérée », l’évêque s’interroge : « Faut-il choisir le silence ou demander, comme le Christ, “pourquoi me frappestu ?”. En tout cas, il ne faut pas sortir le glaive. » Evoquantce « contexte de cathophobie », une paroisse de Rennes propose « une alternative artistique » en invitant, jeudi, les fidèles « choqués par la vision volontairement scatologique de la figure du Christ[chezCastellucci],àuneMéditation sur le visage du Christ, à partir de l’œuvre de Francis Jammes, Le Crucifix du poète ». p Stéphanie Le Bars n Sur Lemonde.fr Lire sur le blog « Digne de foi » un compte rendu du colloque du 9 novembre sur la « christianophobie » en Europe. près l’ouverture, lundi 7 novembre, par le parquet de Paris d’une enquête préliminaire, l’étudiant en première année de licence d’économie et de gestionà l’universitéParis-Dauphine, victime d’un bizutage lors d’un « entretien de sélection » organisé parla Jeuneassociationpourla promotion des activités de Dauphine (Japad), devait encore être entendu par la police. Le jeune homme de 18 ans, sur le dos duquel un membre de l’association lui a gravé « en lettres de sang » l’acronyme Japad, avait porté plainte le 27 octobre. Quatre étudiants impliqués dans l’affaire seront aussi convoqués. Retour sur un violent dérapage. Nous sommes le 26 octobre, dans l’après-midi. Trois jours auparavant, a eu lieu le week-end d’intégration (le « wei » – prononcez « oueille ») organisé par le bureau des étudiants (BDE). « On a fait la fête. Il y avait de l’alcool mais aucun débordement », confirme Juliette (tous les étudiants ayant souhaité garder l’anonymat, les prénoms ont été changés). C’est lors de ce week-end que la victime fait connaissance avec la Japad,invitéecommed’autresassociations à y participer. Créée en 1981, la Japad est l’une des associationslesplusanciennesdel’université. Elle compte une trentaine de membres et plus de 300 anciens élèves. En faire partie, c’est s’assurer des contacts pour sa future vie professionnelle. Chaque année, elle organise le Gala de Dauphine – un énorme succès qui rassemble quelque 3 000 élèves –, une semaine ski-études ainsi qu’un week end de « désintégration » pour les masters. Sessponsors sont prestigieux: BNP Paribas ou encore Carrefour. Sélective, la Japad fait passer des entretiens pour intégrer de nouveaux membres. C’est au tour de la victime. « Comment peux-tu nous prouver que tu veux vraiment nous rejoindre ? » lui pose l’un des membres du jury, déjà bien alcoolisé. Le jeune étudiant montre son torse, l’acronyme de l’association y est inscrit. Selon une source proche du dossier, on lui répond alors : « Ce n’est pas suffisant ! On veut autre chose. » C’est là que tout a dérapé.Lejeune homme est immobilisé et lui sont gravées dans le dos les lettres Japad avec une capsule de bouteille, l’entaille n’est, paraît-il, pas très profonde mais suffisante pour faire jaillir le sang. « La victime était dans une situation d’anesthésie, sans doute luimême sous l’emprise de l’alcool, car sur le moment il n’a senti que des picotements », commente une source proche du dossier. Sur le campus de Dauphine, l’affaire a pris une proportion énorme. Et les langues se délient. Peu d’étudiants affichent leur surprise. La Japad n’a, semble-t-il, rien à voir avec les autres associations de Dauphine. « Elle a la réputation d’être une association aux pratiques brutales, élitistes, sexistes, qui cultive le secretetladifférence »,indiqueClaire, étudiante en deuxième année. Certainsde sesmembressont jugés comme des « gros bras sectaires, fils à papa, très portés sur l’alcool et au comportement débridé », pour reprendrelestermesd’unautreétudiant en troisième année. Certains osent même le terme de «secte ». Une fois le « wei » passé, elle organise des entretiens d’une quinzaine de minutes pour recruter ses nouveaux membres. Apparemment, les étudiants s’engagent à ne pas raconter ce qui s’y passe. « Je connais certains d’entre eux. Ils n’ont jamais rien voulu me dire. Mais une chose est sûre : pour entrer à la Japad, il faut être prêt à subir des choses un peu extrêmes, relever des défis. L’alcool est une des composantes de cette association. Après avoir été recrutés, j’ai vu des types revenir avec la tête rasée », raconte Hugo. Félix, diplômé d’un master 1 et en année de césure, n’aurait pour rien au monde fait partie de la Japad. « On m’a toujours dit, n’y va pas. Ça faitdesannées qu’ils ontune réputation sulfureuse. » Après ce «Çafaitdesannées qu’ilsont une réputationsulfureuse» Un étudiant de Dauphine graveincident,lesétudiantsneveulent pas qu’on assimile Dauphine à la Japad. « Avec soixante associations,la vie associative de Dauphine n’a pas d’équivalent ailleurs. Elle reflète le niveau d’engagement et le sentiment d’appartenance », souligne Laurent Batsch, son président. Mais ce culte du secret à ses revers et les spéculations vont bon train. « On dit qu’elle fait faire des trucs invraisemblables, entre humiliation, soumission et sexisme. Je ne peux pas imaginer que l’étudiant n’était pas au courant de ces pratiques», indique Julien. Quoi qu’il en soit, ces mises à l’épreuve étaient manifestement connues. « Ça fait des années que l’UNEF à Dauphine interpelle M. Batsch sur les pratiques limites de la Japad. Des humiliations publiques ont été dénoncées dans cette université. Nous n’avons jamais eu de réponse de sa part », affirme Emmanuel Zemmour, président del’UNEF-ID.Cequedémenttotalement M. Batsch : « Ni l’UNEF national, ni l’UNEF local d’ailleurs très minoritaires à Dauphine ne sont venus me parler de ce type d’agissements, ni des autres associations en général, à aucun moment. Oui, on raconte des choses mais je n’ai jamais eu de plaintes. S’il y avait eu desgestes de cette nature, j’ose espérer qu’il y en aurait eu. On ne radie pas une association sur des rumeurs. En revanche, si d’autres étudiants veulent parler, je souhaite que leurs témoignages soient versés à la procédure. » En attendant, M. Batsch a radié laJapad et engagé l’université commepartiecivile auxcôtésdelavictime. Les quatre étudiants seront prochainement convoqués en conseil de discipline. Ils risquent l’exclusion. p Nathalie Brafman «Le bizutage est le premier degré des violences de groupe» Questions à… Samuel Lepastier, psychiatre et pédopsychiatre Le bizutage est souvent présenté par ceux qui le pratiquent comme un rite de passage permettant l’accès à un groupe, qu’en est-il réellement ? pe le sens des limites. Ils ont l’impression qu’ils ne font que suivre les autres. S’ensuit, sur le moment en tout cas, une absence totale de culpabilité. C’est une pratique totalement condamnable, nocive, qui n’est en rien un rituel d’initiation et qui n’a aucune valeur culturelle. D’ailleurs, les ingénieurs ou les diplômés de grandes écoles ne parlent pas de leur bizutage comme d’un moment qui a marqué leur vie. C’est une expression de la violence avec des forts et des faibles. C’est même le premier degré des violences de groupe. Des gens qui, individuellement, se comportent de façon sensée, perdent en grou- Pourquoi les étudiants victimes de bizutage ne disent pas stop ou tout simplement non ? Ils sont pris dans un dilemme, se disent : si je refuse, je serai considéré comme une poule mouillée. Alors ils auront le sentiment d’avoir échoué à l’épreuve. L’alcool ne joue-t-il pas un rôle dans cette perte d’autonomie ? Effectivement, il y a de plus en plus, chez les étudiants, de défonce à l’alcool. Cela explique aussi la perte d’autonomie, la perte de libre arbitre. Néanmoins, même en l’absence d’alcool, la situation de groupe est considérée comme psychotisante. Le leader peut devenir très pervers, les autres suivent en ayant le sentiment de n’y être pour rien. Les chefs d’établissement n’ont-ils pas une part de responsabilité ? Evidemment, s’ils étaient plus fermes, ces pratiques auraient disparu depuis longtemps. Il y a une très grande complaisance de certains établissements, en particulier de petites écoles, dont les diplômes n’ont pas une très grande valeur, qui veulent se donner des allures de grandes écoles en pratiquant un bizutage. Quelles peuvent être les séquelles d’un bizutage ? On ne peut pas tirer des conclusions. Tout dépend du profil psychologique de chacun. Pour les plus fragiles, une telle épreuve, au lieu de contribuer à les faire sortir de leurs difficultés, ce qui est pourtant le rôle d’un rite d’initiation, va au contraire les enfoncer et entraîner des traumatismes plus ou moins longs. Mais il n’y a pas que le bizut dans l’histoire. Il faut aussi s’intéresser au bizuteur. Car s’il a pris plaisir à humilier, il peut entrer dans une spirale qui fera de lui un pervers à vie. p Les Débats de la Présidentielle vendredi 11 novembre - 18h20 Eva Joly/ Henri Guaino - Qu'est-ce qu'être Français ? sur France Inter avec Matthieu Aron de France Inter, Luc Bronner du journal Le Monde et la participation de Gilles Leclerc de Public Sénat. A retrouver sur : franceinter.fr, publicsenat.fr et Dailymotion Propos recueillis par N. Bn économie 0123 Vendredi 11 novembre 2011 19 En hausse En baisse Les cours du jour ( 10/11/11 , 09h47 ) L’inflation – L’indice des prix Le crédit agricole – En provisionnant une à la consommation en France, l’un des baromètres de l’inflation, a augmenté de 0,2 % en octobre par rapport au mois précédent et progressé de 2,3 % sur un an, a annoncé, jeudi 10 novembre, l’INSEE. perte de 60 % sur ses titres d’Etat grecs, la banque a plombé de 637 millions d’euros ses résultats au troisième trimestre. Elle a annoncé jeudi 10 novembre une chute de 65 % de son bénéfice net trimestriel sur un an à 258 millions d’euros. Euro Or Pétrole Taux d’intérêt Taux d’intérêt 1 euro Once d’or Lightsweet crude France Etats-Unis 1,3633 dollar (achat) 1784,00 dollars 96,19 dollars 3,151 (àdix ans) 1,894 (à dix ans) «Fannie» et «Freddie», la facture publique s’envole Depuis 2008, Washington a versé plus de 190milliards de dollars aux deux géants du refinancement de prêts immobiliers Obama aux emprunteurs « sous la ligne de flottaison » – dont la valeur de l’appartement est inférieure au montant du prêt à rembourser – l’effondrement de la valeur des biens immobiliers est tel que des propriétaires optent pour l’insolvabilité. New York Correspondant U n trou dont personne ne voit le fond : Fannie Mae, l’undes deux géantsdu refinancement des prêts immobiliers aux Etats-Unis, a demandé à l’Etat fédéral américain, mercredi 9 novembre, une nouvelle rallonge, de 7,8 milliards de dollars dans le cadre du renflouement financier dont il fait l’objet. Motif, Fannie a perdu 9,3 milliards de dollars ces neuf derniers mois, dont plus de la moitié (5,1 milliards) au troisième trimestre, clos en septembre. Quant à son frère jumeau, Freddie Mac, il a annoncé 4,4 milliards de pertes cet été et se prépare à requérir 6 milliards du gouvernement. Dans les deux cas, un cinquième delasommeestdestiné àrembourser l’intérêt de sommes déjà perçues. Si Washington répond positivement– cedontàpeuprèspersonnenedoute–cesmontantss’ajouteront aux 183,8 milliards de dollars déjà versés par l’organisme public detutelle,laFederal HousingFinance Agency, pour sauver les deux réassureurs de la faillite de 2008. A la différence des autres plans d’aide mis en œuvre par les administrations Bush puis Obama (dans le secteur bancaire ou dans l’automobile), dans le cas de Fannie et Freddie, les injections de fonds n’ont pas eu l’effet escompté. Nationalisées de fait en septembre 2008, une semaine avant la faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers qui allait déclencher la crise financière mondiale, Fannie et Freddie garantissaient àl’époque 45 % de la totalité de l’encourt du crédit hypothécaire aux Etats-Unis, soit 5 300 milliards de dollars (elles en couvrent 5,7 % de moins aujourd’hui). Or si leurs pertes annuelles cumulées atteignaient alors14 mil- Longmont dans l’Etat du Colorado, le 21 septembre. De nombreux Américains voient encore leur bien saisi. JOHN MOORE/GETTY IMAGES liards de dollars, elles pourraient atteindre 20 milliards en 2011. Une béance grandissante, donc, que l’Etat américain ne parvient pas à combler, après avoir renoncé (du moins dans l’immédiat) à restructurer radicalement Fannie et Freddie en les démembrant. Le trou, jusqu’où ? Il y a un an, une étude du professeur de finan- ces Anthony Sanders (université George-Mason, Washington), le projetait dans une fourchette de 160 à… 1 000 milliards de dollars dans le « pire scénario ». On reste loin de cette apocalypse, mais le plancher est déjà dépassé. Et le Trésor américain est confronté à un dilemme infernal. Ne pas maintenir à flot les réassu- reurs risquerait de plonger tout le secteur du crédit immobilier, déjà atone, dans la crise. Il faut rappeler que le parc immobilier américain a perdu 7 000 milliards de sa valeur depuis 2007. Maistant que la criseimmobilière perdure, Fannie et Freddie ont peu de chances de redevenir rentables. D’abord parce que, même si c’est à un rythme moins soutenu, le nombre des personnes visées par une procédure d’expulsion continuede croître.Et chaquehabitat saisi est revendu entre 30 % et 60 % de sa valeur initiale, ce qui se traduit par une perte sèche pour Fannie et Freddie. Ensuite, malgré les aides octroyées par l’administration Convoqués devant le Sénat Enfin, jamais la confiance des consommateurs n’a plongé si bas. Selon une étude de BusinessWire, 86 % des Américains sondés estiment que les prix des appartements continueront de chuter et 37 % qu’investir dans la pierre est « risqué ». La situation apparaît si grave qu’un Greg Lippman, fondateur du hedge fund LibreMax Capital et ex-trader vedette de Deutsche Bank – l’un de ceux qui, parmi les premiers, joua short contre les titres subprimes, engrangeant des milliards en pariant sur leur chute –, a envoyé le 31 octobre une lettre à ses investisseurs où il suggère de procéder à une remise de dette drastique du montant du capital pour les emprunteurs hypothécaires surendettés. « D’éminents économistes de droite comme de gauche » sont convaincus que c’est la seule option pour faire redémarrer un marché qui, sinon, risque de geler tous lesefforts de relance économique, quels qu’ils soient, estime-t-il. Fait anecdotique (ou pas ?) : les patrons de Fannie et Freddie sont convoqués à venir bientôt témoignerdevant la commission bancaire du Sénat. Ils doivent s’expliquer sur les bonus qu’ils s’apprêtent à distribuer à leurs cadres. Malgré ses pertes, Fannie aainsi provisionné à ce jour 842 millions de dollars à cet effet. « Mais il ne s’agit pas de bonus versés aux gens qui ont créé la crise », s’est justifié Edward DeMarco, le PDG de la société. p Sylvain Cypel Les prix de l’immobilier chinois en baisse En France, la fin du dispositif Scellier Depuisplusd’unan,Pékinaprisdesmesuresafindefreinerlaspéculation pourrait faire grimper les loyers Shanghaï (Chine) correspondance E t vous avez la vue plein sud », lance, avec assurance, Shen Mingtan, tendant une brochure qui vante les charmes des appartements de la résidence. Comme si de rien n’était. Pourtant, derrière lui, les maquettes de vente sur plan, recouvertes d’un drap, rappellent les dégâts subis, deux semaines plus tôt, lorsqu’un groupe d’acheteurs furibonds est venu saccager l’agence Longfor. C’est que les futurs habitants ont du mal à avaler la soudaine décote de l’investissement de toute une vie, qu’une affiche au mur présente comme « simplement le summum de la résidence de luxe » – en réalité des tours au nordouest de Shanghaï. Dans la ville la plus peuplée de Chine, les prix de l’immobilier baissent, au grand dam des clients qui ont acheté juste avant. Soucieux de freiner la spéculation, le gouvernement a augmenté, depuis un an et demi, la part de paiement comptant à l’achat d’appartements, imposé de strictes restrictions à l’acquisition de résidences secondaires et testé de nouvelles taxes d’habitation dans plusieurs villes, dont Shanghaï. Au même moment, les autorités chinoises ont fait de la lutte contre l’inflation leur principal cheval de bataille. L’inflation est retombée à 5,5 % sur un an en octobre, après avoir franchi, en juillet, un pic à 6,5 %. Pour cela, les taux d’intérêt de la banque centrale ont été relevés cinq fois depuis octobre 2010. Résultat, le crédit s’est asséché, heurtant la frénésie d’investissements dans l’immobilier. « Cap de rigueur » Depuis fin 2010, le gouvernement ne publie plus de moyenne nationale sur les prix des logements. Reste donc à observer dans combien de villes les prix bougent sur les 70 suivies par le Bureau national des statistiques : seules 17 auraient constaté un recul sur le marché du résidentiel neuf en septembrepar rapportàaoût.AencroirelecabinetprivéSoufun,enrevanche, les prix ont baissé de 0,23 % en octobreauniveaunational,unetendance vérifiée dans 58 villes sur 100 observées – dont 0,44 % de recul à Shanghaï. Les promoteurs ont d’abord rechigné à s’adapter à cette réalité avant de s’alarmer du niveau inquiétant de leurs inventaires. Le premier promoteur chinois, Vanke, a connu une baisse de 33 % sur un an des revenus de transactions enoctobre.SonconcurrentLongfor a subi un ralentissement de 11,5 %. Ce qui explique qu’il ait sabré ses prix dans le quartier de Jiading, où officie l’agent immobilier Shen Mingtan : de 18 000 yuans (2 200 euros) le mètre carré il y a trois mois, ils sont tombés à 15 000 yuans (1 740 euros). D’où la descente destructrice dans l’agence d’une bonne centaine de clients qui ont signé avant la décote. Pour apaiser les tensions, l’agence a été priée de maintenir ses prix – alors qu’elle n’hésitait plus à proposer 12 000 yuansdu mètre carré– et de s’adapter au marché dans la discrétion. Deuxautres agences immobilières de Shanghaï ont subi des manifestations similaires ces dernières semaines et une à Hangzhou, 200 kilomètres à l’ouest. Selon l’agence de presse officielle Chine nouvelle, près d’un millier d’agences immobilières ont fermé leurs portes à Pékin faute de transactions depuis le début de l’année (177 sur le seul mois d’octobre). Le premier ministre, Wen Jiabao, assure que son gouvernementtiendra « avec fermeté», quitte à « ajuster » certaines mesures pour soulager certains secteurs. « Les prix devraient baisser de 5 % à 10 % dans les six prochains mois car le gouvernement semble déterminé à maintenir le cap de rigueur », dit Shen Lan, économiste de la banque Standard Chartered à Shanghaï. p Harold Thibault L’aide fiscale à l’investissement locatif sera supprimée fin 2012 A ttention, freinage en vue sur la construction de logements neufs et hausse probable à venir des loyers ! La mise en garde est lancée par les professionnels du secteur immobilier àla lecture de certaines des nouvelles mesures d’économies présentées par le gouvernement français afin de réduire le déficit public. L’exécutif a décidé de mettre un termedéfinitif, fin 2012,au dispositif Scellier de réduction d’impôt sur l’investissement locatif. Il veut aussi modifier les conditions d’obtention du prêt à taux zéro pour les particuliers qui accèdent à leur première résidence principale : il sera réservé à l’achat dans l’immobilier neuf et, dans certaines régions, dans l’ancien rénové. Ces mesures, couplées à la réforme de la taxation des plus-values immobilières hors résidence principale qui entrera en vigueur le 1er février, vont, selon les spécialistes, considérablement réduire l’activité du marché dans les deux ans à venir, au moment où celui-ci commence à battre de l’aile. Le dispositif Scellier était certes déjà devenu moins avantageux. Les particuliers qui investissent dans un logement neuf, à condition de le louer durant neuf ans, et sous réserve qu’ils respectent un plafond de loyer, bénéficiaient d’une réduction d’impôt. De 25 % en 2010, celle-ci avait été ramenée à 22 % en 2011 puis à 14 % en 2012 pour les logements basse consommation, et réduite à 13 % en 2011 puis supprimée en 2012 pour les autres bâtiments. L’arrêt de l’aide fiscale à la fin de l’année 2012 devrait freiner considérablement la construction de nouvelles habitations. « Il est évident que les programmes pour lesquels les promoteurs possédaient juste les terrains vont être arrêtés ou bien revendus différemment, probablement à des prix moindres », juge Xavier Boutiron, notaire chez Chevreux Notaires. « Flou » Marc Pigeon, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), envisage que le nombre de biens neufs vendus chaque année soit divisé par deux, passant de 115 000 en 2010 (63 % étaient vendus à des investisseurs) à 60 000 en 2013. Cette diminution de nouvelles constructions pourrait entraîner une hausse des loyers dans certaines régions. « Cela va bloquer le système à des endroits où le marché locatif est déjà déséquilibré et où il faudrait soutenir l’effort de construction, juge Jean-François Buet, secrétaire général de la FNAIM. En région parisienne, sur la Côte d’Azur, ou en Haute-Savoie comme à Annemasse ou Annecy, la demande de locations est forte et on a du mal à trouver des logements. Les prix de location pourraient augmenter dans les zones où il y a des tensions. » « D’ici deux à trois ans les prix des loyers vont augmenter si on ne construit pas assez », appuie M. Pigeon, qui constate qu’ils ont déjà progressé de 30 % en 10 ans. Mais les professionnels ne désespèrent pas. Depuis 1995, les dispositifs d’aide à l’investissement locatif se sont succédé : Quilès en 1984, Périssol en 1995, Besson en 1999, régimes RobienBorloo en 2003, puis Scellier en 2009. Et rien n’indique, selon eux, qu’une décision prise aujourd’hui par le gouvernement pour faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat ne soit pas remise en cause après les élections. « Aujourd’hui, on est dans le flou. On est partagé entre l’idée d’acheter des terrains ou d’être attentiste », conclut M. Pigeon. p Cécile Prudhomme 20 0123 économie Vendredi 11 novembre 2011 L’Etatallemands’estrésoluàentrerau capitald’EADS,cequ’ilavaittoujoursexclu RÉPARTITION ACTUELLE DU CAPITAL D’EADS, en % Daimler : 15 Pool bancaire* : 7,5 22,5 22,5 Aucun représentant du gouvernement ne siégera au conseil de surveillance du consortium Berlin Correspondance A près des mois de tergiversations, le ministère de l’économie allemand a confirmé, mercredi 9 novembre, l’intention du gouvernement de racheter au groupe Daimler 7,5 % d’EADS. C’est la banque publique KfW qui fera l’investissement. L’urgence avec laquelle la décision a été prise en dit long sur le climat d’instabilité qui règne, côté allemand, autour du partenariat industriel avec la France. Depuis plusieurs mois, Daimler, désireux de se recentrer sur ses activités dans l’automobile, martèle sa volonté de réduire sa participation dans EADS pour la ramener à 7,5 %, contre 22,5% il y a cinq ans, afin de se retrouver au même niveau que le français Lagardère. En février 2007, à la suite d’un premier désengagement, Daimler avait cédé 7,5% d’EADS à un consortium de banques allemandes nommé «Dedalus », tout en conservant les droits de vote attenants. Des 15 % restants, 7,5 % étaient en quête d’un repreneur. Ils tomberont finalement dans l’escarcelle de l’Etat fédéral. Pour des raisons juridiques, le rachat n’interviendra probablement qu’après le 30 juin 2012. Il en coûtera au contribuable allemand entre 1,2 et 1,3 milliard d’euros. Pour le parti libéral FDP, partenaire de coalition de la chancelière Angela Merkel, cette nationalisation est une couleuvre de plus qu’il se voit obligé d’avaler. « Par principe», les deux ministres de l’économieFDPsuccessifs,Rainer Brüderle et Philip Rösler s’étaient déclarés hostiles à toute montée de l’Etat dans le capital du consortium franco-allemand.Maislas !Aucun acheteurpotentieln’asu conveniràtouteslesparties enprésence.Ilest vrai que les candidats ne se sont pas bousculés. Le Qatar était bien tenté, mais comment admettre qu’un fonds contrôlé par un Etat étranger ait droit de regard sur une entreprise aussi stratégique qu’EADS ? Dans l’entourage du gouvernement, on estime que l’ouverture du capital aux Qataris était « du point de vue politico-industriel, difficilement recevable ». Privilégiant une solution publique, Daimler s’est par ailleurs opposé à la candidature d’un de ses sous-traitants. Or le temps pressait : l’industriel allemand insistait pour qu’une solution concernant l’actionnariat d’EADS soit trouvée d’ici la fin de l’année 2011. Et le gouvernement avait épuisé toutes ses marges de manœuvre : jeudi, la commission budget du parlement doit opérer les dernières modifications au budget 2012 et donc provisionner l’argent dont la banque KfW aura besoin pour le rachat. 0123 Au pied du mur, les alliés politiques de Mme Merkel ont fini par céder, non sans avoir négocié au passage quelques compensations. D’abord en matière de gouvernance : les libéraux ont obtenu que l’Etat ne s’immisce pas dans la gestion du groupe aéronautique. Aucun représentant du gouvernement ne siégera au conseil de surveillance. Équilibre franco-allemand Le gouvernement s’est égalementengagéàréduiresesparticipationsdansd’autresgroupesprivatisés comme Deutsche Telecom et Deutsche Post, dont le contribuableallemanddétientencorerespectivement 32 % et 30 % du capital. Pourlachancellerieetleministèredesfinances,en négociationavec le ministre de l’économie, l’essentiel est sauf: le sacro-saint équilibre franco-allemandauseindu consortium est maintenu, chaque pays En partenariat avec Conférence « 1958-2011 : la Ve République ou la crise permanente » Lundi 5 décembre à 18 h 30 Flottant A l’occasion de la sortie du recueil d’articles « Les grandes crises politiques françaises » de 1958 à 2011, Le Monde, en partenariat avec la Fnac, vous propose une conférence sur la politique française de ce demi-siècle mouvementé. En présence d’Arnaud Montebourg, président du conseil général et député de Saône-et-Loire, de Bruno Le Maire, ministre de l’agriculture, de Jean-Claude Casanova, président de la Fondation nationale des sciences politiques, et de Gérard Courtois, directeur éditorial au Monde. Une conférence animée par Raphaëlle Bacqué, grand reporter au Monde. Lieu : Le Monde, 80, boulevard Auguste-Blanqui, Paris 13e. Tarifs : 18 / 12 (adhérents Fnac, abonnés du Monde, étudiants). Réservation : magasins Fnac ou sur www.fnac.com Abonnés du Monde, non-adhérents Fnac : appeler le 0892-684-694 (0,34 /min) **Ouverture des portes de l’auditorium à 18 heures, fermeture à 18 h 45. 49,5 (holding détenue par l’Etat français) SEPI (holding détenue par l’Etat espagnol) *En 2007, Daimler a cédé 7,5 % au pool bancaire, mais a conservé les droits de vote SOURCE : SOCIÉTÉ détenant 22,5 % des parts. Selon des sources citées par l’AFP, Daimler aurait de son côté garanti de maintenir sa participation de 7,5 % « tout au long de l’année 2013 » et de «respecter ses engagements à l’égard de la direction ». Daimler détient deux sièges (sur onze) au conseil d’administration d’EADS. Deux ans, un délai bien court pour régler le problème EADS. Car au ministère de l’économie, on assure qu’il n’est pas question pour l’Etat de conserver cette participation dans EADS à long terme. D’autant que lors de la création du groupe en 2000, les Allemands avaient tenté d’empêcher que l’Etat Français entre au capital estimant qu’EADS devait être privé. D’ici là, la quête d’un investisseur pourrait de nouveau virer au casse-tête : fin 2013, l’accord passé avec le consortium bancaire, composé de banques régionales, mais aussi de KfW et de banques privées, arrive lui aussi à échéance, soit pile au moment des élections législatives allemandes. « C’est une décision qui clarifie l’évolution de l’actionnariat de contrôle d’EADS en Allemagne et cela met un terme à l’incertitude dans laquelle nous vivions », a apprécié Louis Gallois, le président exécutif d’EADS jeudi 10novembre en marge de la présentation des résultats des neufs premiers mois. Les prévisions de résultat opérationnel pour l’année ont été relevées à 1,45 milliard d’euros contre 1,3milliard auparavant. La maison mère d’Airbus a annoncé que le programme de son futur long courrier A350 serait retardé de six mois. La première livraison est désormais prévue au premier semestre 2014 et non plus 2013. La décision a été prise suite à un retard de livraison de certaines pièces. Une provision de 200 millions d’euros a été constituée. p Cécile Boutelet avec Dominique Gallois Rigueur accrue chez Air France-KLM déficitaire cette année Le groupe a enregistré une perte nette de 183millions d’euros au premier semestre D Auditorium du Monde* Ouverture des portes à 18 heures** *Capacité limitée à 150 places. 5,5 Sogeade Lagardère : 7,5 Sogepa : 15 es chiffres préoccupants mais pas catastrophiques » c’est en ces termes que JeanCyril Spinetta, le PDG du groupe Air France-KLM a résumé, mercredi 9 novembre, la situation de la deuxième compagnie aérienne européenne. Contrairement à ce qui était encore envisagé durant l’été, le groupe ne sera pas bénéficiaire, mais tombera dans le rouge cette année: ila enregistré uneperte nette de 183 millions d’euros au premier semestre de son exercice décalé (avril-septembre). Un plan d’économie et de restructuration sera donc présenté au premier trimestre 2012. « L’insuffisance de nos résultats ces derniers trimestres montre que nous devons aller plus loin », a indiqué M. Spinetta, avant de présenterles trois priorités fixées au groupe : restauration de la compétitivité avec de nouvelles réductions de coûts, restructuration de l’activité court et moyen-courrier et réduction de la dette. Se refusant à donner plus de détails, M. Spinetta a toutefois précisé que « le problème ne se pose pas en terme d’emplois », et qu’il y a d’autres manières d’améliorer la productivitéde l’ensemble enaméliorant notamment le cash flow (flux de trésorerie). D’ailleurs, a-t-il rappelé, Air France envisage, en 2012, d’embaucher des hôtesses et des stewards. Pourtant les coûts de personnel sont plus élevés que dans d’autres compagnies. En juin, ils représentaient 32 % du chiffre d’affaires, contre 24 % chez l’Allemand Lufthansa et 25 % chez International Consolidated Airlines Group (IAG), société regroupant British Airways et Iberia. Si, comme ses concurrents, le groupe pâtit de la dégradation de la conjoncture mondiale et des prix élevés du pétrole, il affiche des handicaps spécifiques, comme un endettement très lourd (6,5 milliards d’euros), comparé au 1,6 milliard de Lufthansa ou aux 602 millions d’IAG. Le niveau de l’endettement est légèrement supérieur à celui des fonds propres. La concurrence sévère avec les compagnies à bas coût oblige le groupe à envisager une restructuration de sa flotte de moyen-courrier.Cette initiatives’ajoutera à celle, lancée à l’automne, de l’instauration de bases régionale à Marseille, puis, en 2012, à Toulouse. Concurrence sévère Air France-KLM est aussi soumis à la concurrence sévère des compagnies du Golfe qui, en pratiquant des prix très attractifs, prennentdes parts de marchéaux Européens Pour 2011, le groupe s’était fixé un objectif de 540 millions d’économies. Mais, en septembre, il avait déjà fait part de son intention de prendre des mesures d’économies supplémentaires. Un plan d’environ 800 millions avait été évoqué par le directeur général du groupe Pierre Henri Gourgeon, et également patron d’Air France. Il n’a pas eu le temps d’aller plus avant, ayant été évincé subitement de ses fonctions, mi-octobre, parM.Spinetta qui a repris lescommandes du groupe. Si M. Spinetta est redevenu PDG du groupe, la direction d’Air France reviendra à Alexandre de Juniac. L’ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde au ministère des finances s’apprête à prendre, le 16 novembre, la présidence d’Air France, après que la commission de déontologie se soit exprimée. Mercredi, lors de la présentation des résultats, il était assis dans l’assistance, comme simple auditeur. Une manière de mesurer les défis qui l’attendent, sachant qu’Air France sera la plus concernée par le plan qui sera présenté en 2012. p D.G. 0123 21 économie & médias Vendredi 11 novembre 2011 Pertes & Profits | Chronique par Stéphane Lauer Contorsions Google va aider une partie de la presse française à monétiser son contenu Le kiosque ePresse et l’américain s’associent sur le paiement en ligne EADS V ends participation non négligeable dans consortium européen, mais sans aucun moyen de peser sur la stratégie. » La petite annonce déposée par Angela Merkel, la chancelière allemande, n’a pas eu un franc succès. Son gouvernement n’a pas réussi à trouver de repreneur pour la part du constructeur allemand d’automobiles Daimler au capital du groupe d’aéronautique EADS. Du coup, c’est l’Etat allemand, par le biais de la banque KfW, l’équivalent de notre Caisse des dépôts, qui, la mort dans l’âme, se résout à monter au capital d’EADS. Une décision contre nature pour un pays qui a fait de la non-intervention publique dans une entreprise privée un principe. L’affaire est d’autant moins bien vécue à Berlin qu’elle a obligé à des contorsions: le FDP, le Parti libéral, opposé à cette solution, a poussé la chancelière à vendre une partie des actions que détient l’Etat allemand dans Deutsche Telecom et Deutsche Post. Vu la situation de la Bourse, l’opération ne se fera sans doute pas au mieux des intérêts du contribuable. Autre contorsion, boursière cette fois : les Pays-Bas, où est domicilié EADS, doivent adapter leur législation pour que KfW ne soit pas obligé de lancer une OPA sur le reste du capital. Encore un petit arrangement qui doit plaire aux Allemands ! Mais ceux-ci n’avaient pas le choix pour conserver le sacrosaint équilibre avec les Français. Ceux-ci détiennent 22,5 % du capital: les 15 % de l’Etat s’ajoutant aux 7,5% du groupe Lagardère. L’accord trouvé par les Allemands ne consiste qu’à reculer pour mieux sauter. Car, dès fin 2013, loin d’avoir disparu, le problème se sera complexifié car Daimler, tout comme Lagardère, a prévu de se retirer totalement du capital. Il faudra trouver preneur non seulement pour les 7,5 % que l’Etat allemand vient de récupérer et qu’il s’est engagé à ne pas conserver, mais aussi pour la part des deux industriels, soit 22,5 % au total. Un gros morceau. L’Etat allemand, la mort dans l’âme, se résout à monter au capital du groupe d’aéronautique La solution qui s’esquisse consiste à créer une « golden share», une « participation en or », qui permettrait à la France comme à l’Allemagne de verrouiller leurs intérêts. Le problème, c’est que ce concept n’existe pas dans le droit néerlandais. Surtout, la Commission européenne s’oppose à l’octroi d’actions préférentielles. Enfin, les actionnaires privés ne sont pas forcément fans de ce genre de passedroit. Les exercices de contorsions ne sont sans doute pas terminés. p Retrouvez Pertes & Profits sur le Net : lauer.blog.lemonde.fr Les réseaux sociaux chinois s’engagent à renforcer l’«autodiscipline» Les patrons des plus grandes sociétés du Net ont été réunis par leur autorité de tutelle Pékin Correspondant C omment concilier l’ambition de doter la Chine d’un secteur Internet dynamique et innovant, et la nécessité de contenir une opinion publique et une société civile de plus en plus revendicatives, dans un pays qui compte 500 millions d’internautes? Ce numéro d’équilibriste repose en partie sur la capacité de l’Etatparti à « encadrer » les fournisseurs de contenus, ces géants privés que sont Sina ou Tencent, par ailleurs cotés en Bourse. Ces derniers s’exposent de fait à des représailles s’ils échouent à faire correctement le ménage dans leurs contenus. En contrepartie, ils sont « protégés » de Facebook,de Twitter et de Youtube, bloqués dans l’empire du Milieu. Réunis en séminaire, du 3 au 5novembre, lespatronsdes40 plus grandes sociétés du Web chinois se sont déclarés prêts, d’un « commun accord », à « sauvegarder la diffusion d’informations positives en ligne» et à «renforcer l’autogestion et l’autodiscipline ». C’est le résumé qu’a donné l’agence de presse Chine nouvelle de ce rendez-vous placé sous la houlette de l’autorité detutelle,leStateInternetInformation Office. Son contenu exact n’a pas été dévoilé. Ce genre de « réunion-rappel à l’ordre » est saisonnier et coïncide avec la session annuelle du comité central. Les nouveaux outils de réseaux sociaux, comme le microblog (weibo),sont il est vrai des armesredoutables au service de la société civile. Les « rumeurs », notamment, sontdans le collimateur des autorités, inquiètes face à une opinion publique hyperréactive, qui se défie des discours officiels. Des pare-feu sont mis en place. Sina Weibo a créé un fil antirumeur, animé par une équipe vérifiant les informations les plus spéculatives. Quant à celles jugées sensibles, elles font l’objet d’un filtrage : les recherches sur certains noms (celui de l’artiste Ai Weiwei, ou de dirigeants du Parti) ou expressions – comme guobao, (sécurité d’Etat) – sont désactivées. Mais les messages circulent, souvent sous forme codée. U ne partie de la presse française se rapproche de Google. Le Groupement d’intérêt économique (GIE) ePresse Premium – constitué de cinq quotidiens nationaux français (Les Echos, Le Figaro, L’Equipe, Le Parisien et Aujourd’hui en France) et de trois hebdomadaires (Le Point, L’Express et le Nouvel Observateur) – a annoncé, mercredi 9 novembre, la signature de deux accords avec le groupe américain. Le premier porte sur l’utilisationdu service « GoogleOne pass », un système de paiement sur Internet géré par Google. Il va permettre au groupement de monétiser son kiosque en ligne, ePresse.fr, comme il le souhaitait. Une fois sur le site ePresse.fr, ou sur l’application du même nom depuis un smartphone (fonctionnant avec le système d’exploitation Androïd) ou une tablette numérique, un utilisateur pourra créer un compte et télécharger les titres qui l’intéressent. Le paiement se fera à l’unité ou à travers un forfait. Google prélèvera 10 % du montant de chaque transaction. Soit trois fois moins que ce que voulait s’octroyer Apple en proposant à ePresse de figurer sur son kiosque numérique, NewsStand disponible via AppStore. Le groupement avait rejeté cette offre, la jugeant « exagérée » : outre le prélèvement, Apple refusait de partager les données des clients avec les éditeurs de presse et ne les laissait pas libres de pratiquer leurs tarifs. Résultat : ePress est disponible sur AppStore mais distincte du kiosque. « Les conditions de Google sont bien plus intéressantes pour nous. Sans compter qu’Androïd prend une part de marché de plus en plus importante », souligne Frédéric Filloux, président du groupement. Jusqu’à présent, les relations entre la presse et Google étaient tendues en raison, notamment, de la reprise des articles, sans contreparties, par le moteur de recherche américain, sur son service Google news. « Collaborer avec le GIE était important pour notre straté- Brice Pedroletti Avantage financier C’est d’ailleurs en allant chercher cette solution de paiement, que le GIE a négocié un second accord. Celui-ci prévoit la coopération des éditeurs de presse avec les équipes de Google pour la création de nouveaux « services d’information ». « L’idée, c’est qu’on apporte notre expertise et notre point de vue sur tout ce qui est interface et cohérence des produits afin que ça corresponde aux besoins des éditeurs et des lecteurs », commente Frédéric Filloux. Pour l’instant, aucune précision n’est donnée sur la nature de ces applications : seront-elles gratuites ou payantes, ressemblerontellesà Googlenews ou a Googlereader ? Des précisions, devraient être apportées en 2012. Seule informa- tion disponible : les produits développés ne bénéficieront pas qu’au GIE mais à toute l’industrie de la presse. Selon une source proche du dossier, le GIE, qui aura la primeur des applications, pourrait toutefois profiter d’un avantage financier : le partage des recettes publicitaires générées par les applications, dont le contenu sera fourni par les membres du groupement. Cette information est, pour l’instant, démentie par Google. La société californienne assure ne vouloir privilégier personne. Selon Madhav Chinappa, « les membres du GIE seront les premiers à connaître la nature et le fonctionnement des nouveaux services, leur seul avantage sera de pouvoir réagir plus vite que les autres et donc d’en profiter avant. » Créé fin 2010 pour défendre les intérêts de la presse française, le groupement pourrait, par ailleurs, se voir attribuer une place de choix dans la présentation de ces futurs nouveaux services. p Sarah Belouezzane Conjoncture et vie des entreprises Commerce L’activité en Chine souffre de la crise en Europe Télévision Les importations et les exportations réalisées par la Chine ont baissé en octobre sur un mois, selon des chiffres publiés jeudi 10 novembre. Le commerce extérieur chinois commence à souffrir de la crise en Europe et aux Etats-Unis. Mais les importations ayant diminué plus vite que les exportations, l’excédent commercial a rebondi pour atteindre 17 milliards de dollars (12,5 milliards d’euros) en octobre, contre 14,5milliards de dollars en septembre. Sur un an, les exportations ont augmenté de 15,9 % et les importations ont progressé de 28,7 %. – (AFP.) Distribution Kesa cède son enseigne Comet qui plombait ses comptes Le groupe de distribution britannique Kesa Electricals, propriétaire de Darty, a annoncé, mercredi 9 novembre, la signature d’un accord prévoyant la cession pour Patrick Poivre d’Arvor, présentateur vedette du journal de 20 heures de TF1 pendant vingt et un ans, a été condamné à verser 400 000 euros de dommages et intérêts à la chaîne privée, a confirmé, mercredi 9 novembre, le tribunal des prud’hommes de Boulogne-Billancourt (Hauts-deSeine). M. Poivre d’Arvor n’a pas respecté sa clause de confidentialité après son départ, en 2008, de TF1. Selon le site Internet du Point, qui a révélé l’information, PPDA s’en était pris à la direction de TF1, estimant qu’« après toutes ces années » de présentation du JT depuis 1987, il méritait « un peu plus d’élégance », et laissant entendre que son départ pourrait être le prélude à une remise en cause de « l’indépendance » de la chaîne. – (AFP.) p 2 livres symboliques (2,33 euros) de son enseigne britannique en difficulté Comet. L’accord de vente au groupe Hailey, créé pour l’occasion par la société d’investissement OpCapita, prévoit que Kesa investira 50 millions de livres dans le nouveau groupe et gardera à sa charge le plan de retraite de Comet. Comet compte près de 250 magasins au Royaume-Uni et emploie quelque 10 000 personnes. – (AFP.) Marchés ACCOR .........................◗ AIR LIQUIDE .......................◗ ALCATEL-LUCENT ...........◗ ALSTOM ............................◗ ARCELORMITTAL................ AXA ....................................◗ BNP PARIBAS ACT.A ........◗ BOUYGUES ......................... CAP GEMINI ......................◗ CARREFOUR .....................◗ CREDIT AGRICOLE ............◗ DANONE ............................◗ EADS ...................................◗ EDF ......................................◗ ESSILOR INTL ....................◗ FRANCE TELECOM ............◗ GDF SUEZ ...........................◗ LAFARGE ...........................◗ L’OREAL ............................◗ LVMH MOET HEN. ............◗ MICHELIN...........................◗ PERNOD RICARD...............◗ PEUGEOT............................◗ PPR .....................................◗ PUBLICIS GROUPE ...........◗ RENAULT............................◗ SAFRAN ..............................◗ SAINT-GOBAIN..................◗ SANOFI ...............................◗ SCHNEIDER ELECTRIC .....◗ SOCIETE GENERALE .........◗ STMICROELECTR. .............◗ SUEZ ENV. ..........................◗ TECHNIP.............................◗ TOTAL .................................◗ UNIBAIL-RODAMCO ........◗ VALLOUREC .......................◗ VEOLIA ENVIRON. .............◗ VINCI...................................◗ VIVENDI ..............................◗ Automobile General Motors redevient premier constructeur mondial Après les déboires de Toyota, General Motors (GM) devrait redevenir premier constructeur mondial en 2011. Au troisième trimestre, GM a augmenté son chiffre d’affaire de 7 %, à 36,7 milliards de dollars (27,1 milliards d’euros). Si GM a gagné 2,2 milliards de dollars en Amérique du Nord et 400 millions de dollars Renault fera produire ses batteries électriques par Nissan à Flins Renault a annoncé, mercredi 9 novembre, que son partenaire japonais Nissan Motor produirait les batteries électriques destinées à ses futurs véhicules électriques sur le site de Flins (Yvelines). – (Reuters.) Télécommunications Nouveaux problèmes de réception de données sur BlackBerry Le groupe canadien Research in Motion (RIM) a fait état, mercredi 9 novembre, de nouveaux retards de réception de données sur son téléphone multifonctions BlackBerry. RIM avait offert à ses clients pour 100 dollars (74 euros) d’applications gratuites en dédommagement des dysfonctionnements qui s’étaient produits début octobre. – (AFP.) Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr LES BOURSES DANS LE MONDE 10/11, 9h47 VALEURS DU CAC40 Valeur en Asie au troisième trimestre, elle a perdu 300 millions de dollars en Europe. – (AFP.) PPDA condamné à verser 400000 euros à TF1 Jeudi 10 novembre 9h45 Censure et piratage S’ils sont trop zélés, les géants du Net s’exposent à d’autres « dangers ». Dans une lettre ouverte aux actionnaires de Sina, datée du 2 novembre, Wen Yunchao, alias Bei Feng,blogueur influent de Canton et réfugié à Hongkong en raison de la répression, a révélé les méthodes de censure, « sournoises » et « illicites » selon lui, du champion chinois du microblog. Il a dévoilé comment les adresses IP d’usagers qui « dérangent » ont été piratées pour leur associer un contenu illégal, les exposant à des poursuites. Sina Weibo manipulerait aussi les microblogs de personnalités« sensibles » : les personnes qui s’abonnent au compte de Liu Ping, pionnière du mouvement des candidats indépendants aux élections, reçoivent un message leur indiquant qu’ils sont enregistrés. En réalité, il n’en est rien. Wen Yunchao a pressé les actionnaires de Sina de réduire leur participation afin d’obliger la société « à recourir à des pratiques basées sur des principes clairs et transparents ». p gie de lancement de “One pass” », explique Madhav Chinappa, directeur des partenariats stratégiques de Google Actualités pour l’Europe. « Leur avis a compté dans le processus d’élaboration du service. » Pays Dernier cours Cours préc. 20,59 88,13 1,51 25,98 13,76 10,00 30,56 25,41 27,38 19,08 4,82 48,34 21,25 20,46 51,55 12,34 19,47 27,50 76,80 113,30 48,34 67,70 13,81 109,70 34,88 27,77 23,96 30,32 48,48 38,49 17,75 5,19 10,07 65,77 37,01 133,05 46,00 8,79 32,00 15,37 20,94 88,64 1,49 26,33 13,95 10,05 30,68 25,98 27,64 19,23 5,02 48,70 19,96 20,55 52,04 12,36 19,25 27,52 77,43 114,60 48,66 68,00 13,88 110,35 35,12 27,98 24,28 30,90 48,98 39,20 18,20 5,23 10,10 66,28 37,22 134,90 45,72 9,03 32,65 15,41 % var. /préc. % var. 31/12 Plus haut -1,67 -38,17 -0,58 -6,88 1,27 -30,60 -1,35 -27,46 -1,40 -48,98 -0,55 -19,68 -0,39 -35,81 -2,21 -5,42 -0,94 -21,61 -0,81 -29,20 -3,93 -49,30 -0,73 2,82 6,41 21,82 -0,44 -33,34 -0,94 7,01 -0,12 -20,87 1,17 -27,49 -0,07 -41,40 -0,81 -7,56 -1,13 -7,96 -0,67 -9,98 -0,44 -3,78 -0,47 -51,37 -0,59 -7,82 -0,67 -10,56 -0,77 -36,16 -1,30 -9,57 -1,88 -21,25 -1,03 1,31 -1,81 -31,27 -2,50 -55,88 -0,71 -32,90 -0,25 -34,82 -0,77 -4,82 -0,56 -6,66 -1,37 -10,10 0,61 -41,48 -2,69 -59,80 -1,99 -21,34 -0,26 -23,91 36,20 100,65 4,47 45,32 28,55 16,16 59,93 28,57 43,38 31,98 12,92 53,16 25,39 32,75 57,72 16,65 30,05 48,76 91,24 132,65 68,54 72,78 33,60 132,20 41,84 50,53 30,50 47,64 56,82 61,83 52,70 9,73 15,99 78,14 44,55 162,95 89,58 24,30 45,48 22,07 Plus bas Divid. net Code ISIN 18,60 0,62 T FR0000120404 80,90 2,35 T FR0000120073 1,46 0,16 T FR0000130007 21,91 0,62 T FR0010220475 10,46 0,16 A LU0323134006 7,88 0,69 T FR0000120628 22,72 2,10 T FR0000131104 25,33 n/d FR0011121888 21,98 1,00 T FR0000125338 14,65 1,08 T FR0000120172 4,01 0,45 T FR0000045072 41,92 1,30 T FR0000120644 17,55 0,19 T NL0000235190 17,89 0,58 S FR0010242511 46,60 0,83 T FR0000121667 11,12 0,60 A FR0000133308 18,32 0,83 A FR0010208488 22,29 1,00 T FR0000120537 68,83 1,80 T FR0000120321 94,16 1,40 S FR0000121014 40,20 1,78 T FR0000121261 56,09 0,67 A FR0000120693 13,55 1,10 T FR0000121501 90,50 3,50 T FR0000121485 29,10 0,70 T FR0000130577 22,07 0,30 T FR0000131906 21,41 0,50 T FR0000073272 26,07 1,15 T FR0000125007 42,85 2,50 T FR0000120578 35,94 3,20 T FR0000121972 14,31 1,75 T FR0000130809 3,96 0,09 A NL0000226223 9,99 0,65 T FR0010613471 52,85 1,45 T FR0000131708 29,40 0,57 A FR0000120271 124,05 2,70 D FR0000124711 38,34 1,30 T FR0000120354 8,60 1,21 T FR0000124141 29,49 1,15 S FR0000125486 14,10 1,40 T FR0000127771 Cours en euros. ◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2011. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité. Indice Dernier cours % var. Maxi 2011 Mini 2011 PER CAC 40 3057,06 10/11 -0,59 4169,87 16/2 2693,21 23/9 9,10 DAX Index 5752,01 10/11 -1,33 7600,41 2/5 4965,80 12/9 9,00 ROYAUME UNI FTSE 100 index 5394,71 10/11 -1,20 6105,77 21/2 4791,01 9/8 9,00 ETATS-UNIS Dow Jones ind. 11780,94 10/11 -3,20 12876,00 2/5 10404,49 4/10 11,20 FRANCE ALLEMAGNE JAPON Nasdaq composite 2621,65 10/11 -3,88 2887,75 2/5 2298,89 4/10 16,20 Nikkei 225 8500,80 10/11 -2,91 10891,60 17/2 8227,63 15/3 12,80 PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible. (Publicité) SICAV ET FCP 0123 LA BOUTIQUE SÉLECTION publiée sous la responsabilité de l'émetteur Dernier cours connu le 10/11 à 9h Valeur CM-CIC EUROPE Cours en euro date valeur 21,21 8/11 Du lundi au vendredi 9 h 30 à 18 h Samedi 10 h à 14 h Fonds communs de placements CM-CIC EURO ACTS C 16,51 8/11 CM-CIC SELECT.PEA 6,86 8/11 CM-CIC MID EUROPE 18,70 8/11 CM-CIC TEMPERE C 165,47 8/11 CM-CIC DYN.EUROPE 30,35 8/11 CM-CIC FRANCE C 27,60 8/11 CM-CIC EQUILIBRE C 67,93 8/11 CM-CIC DYNAM.INTLE 25,53 8/11 CM-CIC OBLI C.T.D 133,02 9/11 CM-CIC MID FRANCE 31,07 8/11 ........................................................................................ ........................................................................................ ........................................................................................ ........................................................................................ ........................................................................................ 80, boulevard Auguste-Blanqui - 75013 Paris 01 57 28 29 85 - http://boutique.lemonde.fr/ 22 0123 décryptages DÉBATS Vendredi 11 novembre 2011 Afghanistan, guerre perdue ou gagnée? Alors que le régime des talibans est tombé il y a dix ans et qu’un début de retrait des troupes de l’OTAN est prévu à l’été 2012, quel bilan tirer de cette guerre? Retour sur un conflit qui exacerbe les tensions régionales pUne victoire illusoire Aucune stratégie politique occidentale ne s’est imposée Sherard Cowper-Coles Représentant spécial du Royaume-Uni pour l’Afghanistan et le Pakistan, auteur de «Cables from Kabul » (Harper Press) I l y a dix ans, les Occidentaux partaient en guerre en Afghanistan. D’abord depuis les airs, puis en y envoyant des forces spéciales et leurs services de renseignement, afin de pousser les chefs de guerre du nord du pays à chasser les talibans. Ces premiers succès ont alors semblé prouver la pertinence de cette stratégie de la guerre à faible empreinte occidentale. Cependant ces victoires reposaient sur une illusion : les talibans n’ont jamais été vaincus mais repoussés vers le sud et l’est, dans leurs sanctuaires des campagnes de l’Afghanistan et, de l’autre côté de la ligne Durand, du Pakistan. La paix qui s’est alors installéeétait celledesvainqueurs. Les prétendus vaincus n’avaient rien à voir avec elle. La Constitution imposée par les Américains était un pur produit des théories néoconservatrices d’établissement de la démocratie, sans considération pour l’histoire politique ou la géographie du pays. Aujourd’hui, c’est par un silence gêné que les acteurs politiques et les généraux occidentaux saluent les prétendus succès. Cet embarras a une explication : il suffit d’avoir quelque connaissance de l’Afghanistan pour savoir que la stratégie, fondée sur l’action militaire, ne mène nulle part. C’est une tactique qui consiste à étouffer les symptômes d’un mal plus profond, fait d’anarchie et d’aliénation, qui gangrène une grande partie de l’Afghanistan. Fini le temps où les généraux de l’OTAN ne juraient que par une méthode : débarrasser le pays des talibans, placer des hommes sur tout le territoire, puis construire un Etat afghan. Aujourd’hui, on envisage un surge politique qui viendrait en renfort de ceux déjà à l’œuvre dans les domaines militaire et du développement [la stratégie du surge de George W. Bush, à l’envoi massif de forces supplémentaires en Irak en 2007-2008]. Mais rien de concret n’a été fait en vue de cette offensive politique. Pas surle territoire afghan, où la Force internationale d’assistance et de sécurité (ISAF) parle réconciliation mais continue de faire la guerre. Depuis qu’il est arrivé à sa tête, le général Petraeus a triplé le nombre d’opérations des forces spéciales, de même que le volume de munitions larguées lors des frappes aériennes. Mais c’est se bercer d’illusions que de croire qu’une telle méthode pourra ramener les talibans autour de la table de négociations avant le retrait des forces occidentales prévu en 2014. Dans le fameux Manuel de contre-insurrection de l’armée américaine, il est dit que la lutte contre l’insurrection se joue sur le plan politique. Or les Occidentaux n’ont aucune offre politique sérieuse à faire aux populations pachtounes du sud et de l’est, qui souffrent depuis longtemps et n’ont qu’une alternative : soit le rigorisme prévisible des talibans, soit les déprédations arbitraires des petits chefs de guerre et des mafias.Aucun « Etat » afghanne peut espérer survivre entre ces deux océans déchaînés. Pas plus que ne peut émerger, après plus de trente ans de conflit qui ont déstructuré la société, un quelconque « Etat » afghan. Rien de concret non plus n’est fait pour améliorer la collaboration avec les voisins de l’Afghanistan en vue d’établir une paix dont ils tireraient tous profit. Les rencon- tres bilatérales ne remplaceront jamais l’intégration de ces pays comme parties prenantes du processus. Pas plus que les conférences, comme celle qui aura lieu en décembre à Istanbul, ou celle de Bonn, tant qu’elles se résumeront à un tour de table des prises de position ministérielles. Pour gérer le problème afghan, il aurait fallu intégrer les puissances régionales à des négociations constantes, placéessous l’égide l’ONU et soutenues par de vigoureuses actions diplomatiques de la part des EtatsUnis et de l’Union européenne. Outre la primauté de la politique, tout bon manuel de contre-insurrection pose une série de principes précis visant à remporter les guerres. L’un de ces principes, c’est de posséder des forces militaires et de police en quantités suffisantes pour quadriller toute la zone infectée. Même après les renforts envoyés par Barack Obama, même lorsque l’armée et la police afghanes auront atteint les effectifs annoncés, jamais nous n’approcherons la densité de forces nécessaire pour une contre-insurrection classique en Afghanistan. Et quand bien même aurions-nous la force du nombre, il nous manquera toujours la vigueur stratégique nécessaire pour le maintenir assez longtemps pour faire la différence. Autre principe fondamental : bloquer l’accès des insurgés aux sanctuaires vers C’est une tactique qui consiste à étouffer les symptômes d’un mal plus profond, fait d’anarchie et d’aliénation lesquels ils se réfugient. Or nous n’avons là encoreaucune stratégie, que cesoit àl’intérieurdel’Afghanistan, oùdevastes territoires échappent au contrôle de l’ISAF, ou dans les pays voisins. Pour l’heure, avec notre « stratégie », nous ne faisons guère plus que déplacer de l’air. Et ce ne sont là que quelques-uns des défauts les plus monumentauxd’une« stratégie» occidentale en laquelle plus personne ne croit. Je doute qu’en privé Barack Obama, Nicolas Sarkozy ou David Cameron croie encore que la campagne militaire en Afghanistan puisse déboucher sur un succès durable dans les termes ou selon le calendrier que nous préconisons. Pas plus que Stanley McChrystal, le prédécesseur du général Petraeus au commandement de l’ISAF. Les difficultésque nous rencontrons en Afghanistan étaient prévisibles, et même prévues. Pourtant, la sagesse politique consisterait à adopter une perspective à long terme, à choisir la voie de l’honnêteté, et à opter pour la démarche avant tout politique, à deux niveaux (interne à l’Afghanistan, et régionale), que tout observateur objectif sait essentielle, mais pas suffisante : dans cette stratégie avant tout politique, il y aurait encore de la place pour un recoursciblé etintelligent à laforce militaire, qui, au lieu de dicter la stratégie, serait cette fois mise à son service. Pour reconstruire l’Afghanistan, il faut davantage de patience, de moyens et de finesse politique que ne peut en mobiliser une coalition menée par des Etats-Unis. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons en sortir dignement. Mais il est une pression qui s’exercera dans une autre direction : le besoin de savoir que nos soldats ne sont pas morts pour rien. Il est déjà assez grave de les envoyer combattre et mourir en Afghanistan sans le meilleur matériel qui soit. Mais les envoyer sans une stratégie sérieuse, c’est impardonnable. p f Sur Lemonde.fr L’intégralité de cette tribune pLes conditions d’un départ honorable Thérèse Delpech Politologue et ex-conseillère d’Alain Juppé pour les questions stratégiques et militaires L ’échec de la coalition est annoncé depuis des années, non seulement à Moscou, qui n’a jamais pu imaginer que l’on puisse réussir là où elle avait échoué, mais dans les capitales occidentales, au moment où les attentats ont augmenté. Ces pronostics énumèrent les erreurs commises (retrait de troupes et d’analystes après le lancement de la guerre enIraken2003,différentesrèglesd’engagement des contingents nationaux, aliénation des élites locales, changements d’objectifs en cours de route, voire stratégies contradictoires), pour conclure, souvent avec une sorte de joie masochiste, que ces dix années vont se solder par une défaite. Les succès du surge (par exemple, dans la région de Kandahar), comme ceux, insuffisants mais réels, de la formation des forces de sécurité ou des acquis sociaux, sont passés par pertes et profits. Ce faisant, on parle davantage de soi que del’Afghanistan, toutenoffrant auxadversaires de la coalition l’image d’opinions divisées et d’une opération fragile. En 2011, un cadeau supplémentaire leur a été fait avec l’annonce du retrait en 2014 et des départs engagés dès cette année. En toute logique, ces adversaires n’ont pas tort de proclamer que si nous, les Occidentaux, «avons les montres», ils ont le temps pour eux.Aveccettegrille,l’échecesteneffetpro- bable. Si l’on s’intéressait au sujet du point de vue afghan, la perspective serait différente, car un départ honorable, à défaut d’un succès, repose sur trois composantes : un pays qui reste indépendant, qui conserve une certaine unité, et qui ne remette pas en cause les principaux acquis des dix années écoulées : Constitution, progrès de l’alphabétisation, accès aux soins et droits des femmes. L’indépendance du pays connaît une menaceprincipale:la volontépakistanaise d’avoir à Kaboul un pays qui peut être utilisépoursesintérêtsstratégiques.C’estpourquoi, après avoir lancé une campagne d’arrestation contre les talibans pragmatiques qui pouvaient explorer la possibilité d’une réconciliation sans passer par le Pakistan, Islamabadachoisiunecampagned’assassinats ciblés. Sphère d’influence pakistanaise Si le retrait d’Afghanistan se fait sans avoir réduit les chances d’Islamabad d’être maître du jeu à Kaboul, la menace pakistanaise sera plus importante encore qu’aujourd’hui, et ce au-delà de l’Afghanistan. La politique américaine qui consiste à intégrer le Pakistan au processus de négociation ne tient aucun compte de l’expérience et ce pays n’a aucun intérêt à se prêter au jeu au moment où il lui suffit d’attendre. Kaboul est plus lucide : l’accueil consensuel du Parlement afghan à l’accord signé avec l’Inde pour la formation des « forces de sécurité» témoigne de la crainte afghane de retomber dans la sphère d’influence pakistanaise. Il en va de même de l’accueil favorable fait au projet français. Deuxième élément : l’unité nationale. Le président Hamid Karzaï a de nombreux défauts, mais il a maintenu tant bien que mall’unité du pays. Certes,on prédit déjà la guerre civile dès le départ des troupes amé- ricaines.Outreles rivalités locales,d’autant plus actives que la question du pouvoir en 2014 se pose avec acuité, il faut ici compter, non seulement le Pakistan, mais l’Iran, qui a bien l’intention d’exercer une influence après2014 :aussi longtempsque lesAméricains étaient sur place, ils étaient l’ennemi principal. Dès qu’ils seront hors jeu, Téhéran, qui s’est rendu à la conférence d’Istanbul pour marquer le terrain, ne se contentera pas de succès commerciaux: il compliquera le développement de l’ouest du pays et jouera la carte de l’agitation politique. L’Afghanistan risque donc d’être le terrain des rivalités des pays voisins. Ce n’est pas en faisant appel à la raison des capitales, ou en faisant des discours sur la sécurité collective en Asie centrale que l’on obtiendra des résultats. Troisième élément : les acquis politiques et sociaux. Sur le plan politique, M.Karzaï a deux ans pour organiser la transition et il doit à présent mesurer le danger de la politique qui a consisté à écarter tous ses rivaux potentiels. La question de la formation des forces de sécurité se pose non seulement en termes d’acteurs et de durée mais de financement (13 milliards de dollars, soit 9,5 milliards d’euros par an) dans un contexte de crise économique. Qui va payer? A cette question, il faudra apporter une réponse à Bonn le 5 décembre. Enfin, lesOccidentauxdevraientconsentirunprogramme substantiel de soutien aux acquis sociauxetprotégerleslignesd’approvisionnement du pays. L’échec en Afghanistan serait l’abandon du pays et le jeu ouvert pour le Pakistan et l’Iran dans une nation que tous deux méprisent. Rien n’est encore joué. Enfin, les Européens seraient bien inspirés de ne plus considérer que la question pakistanaiseenAfghanistanesttropsérieuse pour qu’ils s’en occupent et qu’il faut donc la laisser aux Américains. p 0123 décryptages DÉBATS Vendredi 11 novembre 2011 pSuccès militaires, échecs politiques e TironslesleçonsdelapremièreguerreduXXI siècle Frédéric Ramel Professeur de science politique à l’université Paris-Sud P remière réponse des Etats-Unis aux attentats du 11-Septembre, l’opération « Liberté immuable » commence dans la nuit du 7 au 8 octobre 2001. Deux mois plus tard, l’invasion du pays aboutit au contrôle de villes-clés et au reflux des djihadistes d’Al-Qaida. Le régime des talibans est renversé. L’ultime phase peut alors commencer. Elle consiste à mettre en place un nouvel Etat afghan avec le soutien de la Force internationale d’assistance et de sécurité (ISAF). Ce succès ne sera que provisoire. Dix ans plus tard, les forces militaires de « Liberté immuable » sont toujours sur place, faisant de laguerre enAfghanistan une juxtaposition de différentes formes de guerre puisqu’elle articule projection de forces selon une logique expéditionnaire et opérations de contre-insurrection, sans oublier un effort financier et humain qui la rapproche des conflits mondiaux du XXe siècle. Ce que redoutaient les planificateurs en 2001 s’est donc réalisé:une présence terrestre étrangère de longue durée est rendue nécessaire dans une société afghane de plus en plus hostile à celle-ci. Une telle situation résulte de l’immense difficulté à gagner cette guerre pour les intervenants extérieurs alliés au nouveau gouvernement installé à Kaboul. Pourquoi ? Répondre à cette interrogation suppose de clarifier la notion de victoire. Celle-ci peut revêtir trois acceptions, qui, jusqu’à présent, ne sont pas empiriquement vérifiées dans le cas afghan. La première correspond à la victoire dite absolue consécutive à une bataille décisive ou d’anéantissement. Formulée par Clausewitz dans la configuration des guerres napoléoniennes, cette victoire n’est pas identifiable dans les guerres civiles mais aussi asymétriques au cours desquelles l’ennemi esquive et refuse l’affrontement direct. Ce type de victoire est donc inopérant dans une guerre de contre-insurrection menée au milieu des populations telles qu’elle se manifeste en Afghanistan et ce, malgré l’application du « surge » (l’envoi de renforts) avec le plan McChystal et son prolongement par le général Petraeus. La deuxième acception est également envisagée par Clausewitz mais dans la perspective des guerres limitées. Elle consiste à identifier des objectifs circonscrits en vue non pas d’éradiquer l’ennemi mais d’affecter sa volonté. Dès lors, la recherche de concessions ou du marchandage se substitue à la bataille d’anéantissement. La victoire ne peut être ici que temporaire. Elle ne porte pas sur les causes du conflit armé luimême. Dans le cas afghan, cette seconde acception n’est pas non plus applicable car elle se heurte avec l’objectif de la guerre que se sont fixé les alliés – un objectif d’ailleurs totalement étranger à celui qui a été considéré comme l’un des pères fondateurs de la doctrine néoconservatrice Léo Strauss – le changement de régime dans l’Etat cible. Le partage de la souveraineté afghane entre nouveau gouvernement et talibans remettrait en cause l’esprit de l’intervention. Ainsi, les options de négociation avec les talibans proposées par plusieurs experts et spécialistes de la zone ont rencontré un refus de l’administration Bush et les réticences de l’administration Obama (celle-ci a reconnu s’être engagée dans des négociations indirectes avec les la région du grand Kandahar. Ils assurent une forme de contrôle de la population autant grâce à leur structure proto-étatique qui, pour plusieurs spécialistes, s’appuie aujourd’hui sur un mouvement national que sur les principes ethniques liés à l’identité et aux valeurs pachtounes qui forment la base et la majorité du mouvement taliban. Ainsi, leur volonté dans l’interaction conflictuelle ne semble pas fléchir ou s’effriter avec le temps. Quand bien même elles se situent d’abord sur le champ militaire, ces trois types de victoire ne Gagner une guerre ne peut avoir qu’une signification politique, car ni la supériorité de la force ni l’expression de la violence ne fondent le pouvoir talibans mais sans aboutissement jusqu’alors). Une troisième acception vise à faire éclore la paix dans le cœur et l’âme de l’ennemi. Vaincre ne suffit pas. La finalité est de convaincre. Là encore, cette stratégie ayant pour visée la transformation des perceptions de l’ennemi ainsi que celle des populations civiles s’est heurtée à des obstacles en Afghanistan. Le plus robuste est sans conteste la capacité de résilience des talibans. Après leur déconvenue de 2001 et l’installation de leurs centres de décision dans les villes pakistanaises de Quetta et Peshawar, ils ont recouvré en quelques années leur liberté d’action, su endurer le feu et étirer en longueur le conflit, notamment dans se cantonnent en aucun cas à ce dernier. Gagner une guerre ne peut avoir qu’une signification politique car ni la supériorité de la force ni l’expression de la violence ne fondent le pouvoir. La première victoire stratégique en 2001 contre les talibans ne s’est pas traduite immédiatement en victoire politique définitive capable de distiller une paix durable sur le sol afghan. Et c’est sans doute là l’une des principales pierres d’achoppement rencontrée. Reconnaître ces difficultésn’entraîne pas pessimisme mais au contraire un nécessaire sursaut afin de tirer toutes les leçons tant sur le plan opératique que politico-stratégique de cette première guerre du XXIe siècle. p 23 Repères Chronologie 4 octobre 2006 L’OTAN lance 11 septembre 2001 Quelquesheu- une offensive dans le sud du pays et étend le commandement de l’ISAF sur tout l’Afghanistan. res après les attentats de New York et de Washington (un 4e avion s’écrase en Pennsylvanie), la responsabilité d’ Al-Qaida et d’Oussama Ben Laden, dont le fief est en Afghanistan, est évoquée pour la première fois par un porte-parole de l’administration Bush. 20 janvier 2009 Au pouvoir, l’administration Obama entraîne une inflexion dans la stratégie menée en Afghanistan afin de gagner le soutien des populations locales. Le nombre de soldats américains engagés sur le terrain passe de 68000à 98 000. 2001 Les dixneuf nations de l’OTAN décident par consensus le recours à l’article5 de la charte de l’Alliance, et Washington formule des demandes précises de soutien. 1er décembre 2009 Renfort de 30 000 soldats américains en Afghanistan 7 octobre 2001 Début de l’opéra- 13 février 2010 Lancement d’une tion « Liberté immuable ». A la poursuite d’Oussama Ben Laden, les Etats-Unis lancent une offensive contre Kaboul accusé d’abriter les membres d’Al-Qaida qui se réfugient dans les zones tribales pakistanaises. offensive de l’OTAN dans le sud. 2 octobre 13 novembre 2001 Chute du régime des talibans à Kaboul. 23 juin 2010 Limogeage du géné- ral Stanley McChrystal, commandant en chef des forces alliées en Afghanistan, après des déclarations au magazine Rolling Stone contre la politique de Barack Obama. Il est remplacé par le général David Petraeus, ex-commandant de la coalition militaire en Irak. 6 décembre 2001 La reddition de Kandahar scelle l’effondrement du régime des talibans. Les troupes du mollah Omar ont commencé à remettre leurs armes aux forces anti-talibans, à la suite de l’accord conclu la veille avec le chef désigné du gouvernement provisoire, Hamid Karzaï. 20 décembre 2001 Début desopérations de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) qui passe sous commandement de l’OTAN le 11 août 2003. 30 janvier-1er février 2006 Les talibans forment un front uni contre le régime d’Hamid Karzaï et la présence de troupes étrangères sur le sol afghan. 20 juillet 2010 Conférence internationale sur l’Afghanistan approuvant le plan visant au contrôle par l’Etat afghan de son territoire d’ici à 2014. 2 mai 2011 Oussama Ben Laden est tué par un commando américain à Abbottabad, au Pakistan. 22 juin 2011 M.Obama annonce le retrait, d’ici à l’été 2012, d’un tiers des soldats américains déployés en Afghanistan. 3 novembre 2011 2 792 soldats de la coalition internationale sont morts en Afghanistan, selon le décompte du site iCasualties, dont 511 en 2001 et un pic à 711 en 2010. p Que savent les Français de l’engagement de leurs soldats en terre afghane? Gautier Saint Guilhem Officier stagiaire à l’Ecole de guerre, chef d’escadron engagé en Afghanistan C ’est pas le pied la guerre ? le documentaire diffusé sur France 2, dans l’émission « Infrarouge » du 29 septembre, réunissaitplus d’un millionde téléspectateurs. Nos concitoyens découvraient sans aucun filtre institutionnel le regard de deux soldats sur leurs actions de guerre menées en 2008 en Afghanistan. La communauté militaire n’aimera pas cette intimité crue, dévoilée sans précaution, d’autres apprécieront. La dédicace de ce documentaire aux soldats français tombés en Afghanistan est peu commune. Soixante-quinze soldats français sont morts en Afghanistan et plusieurs centaines ont été blessés depuis dix ans. Mais que savent les Français de l’engagement de leur pays auprès de la République islamique d’Afghanistan ? Ce lointain conflit ne semble préoccuper que très peu les Français. Ni les épreuves endurées par notre contingent professionnel, ni le coût de l’opération, ni les progrès enregistrés sur le terrain n’intéressent. Pourtant, aucune démocratie ne peut se passer d’un débat sur l’emploi de ses forces armées. L’armée française et les médias ont une responsabilité partagée dans l’absence de débat sur l’engagement français en Afghanistan. Comment susciter une telle démarche entre un monde militaire ayant le devoir de protéger certaines informations et un univers médiatique soumis à certaines exi- gences financières ? L’armée française doit expliquer sa mission et le sens de son action en rendant compte devant l’opinion publique de la réalité, même dans les moments les plus douloureux. Les 4 000 soldats français engagés prennent des risques significatifs pour avoir des résultats sur le terrain. Parler vrai nécessite pour l’état-major des armées une réelle transparence, avec pour seule limite la préservation de la sécurité des opérations. rations militaires pourrait y être érigé, ancrant davantage l’action des soldats dans une histoire de France bien vivante. Par pudeur, évoquer les blessés n’est pas naturel. Mais plusieurs reportages ont contribué à les mettre en valeur depuis l’été 2010. Nos soldats en ont besoin. Les médias français ont le devoir de débattre, sans lieu commun, sur les résultats des opérations militaires et civiles engagées par la France. La centaine de journalistes C’est comme si les 4 000 soldats engagés suffisaient à nous donner bonne conscience Le 23 août 2010, trois militaires français sont blessés et rapidement l’armée rend publique une suspicion de tirs fratricides. Les médias français seront unanimes à compatir aux côtés de nos soldats sur ce premier accident enregistré depuis le début de notre intervention et salueront la transparence des informations divulguées. En d’autres temps, ces tirs auraient été connus plusieurs mois plus tard par l’intermédiaire des médias dénonçant les pratiques de communication de la « Grande Muette ». Tous les jeudis matin, lors du point de presse du ministère de la défense, l’état-major des armées communique aux journalistes les missionsconfiéesaux soldats français. Le site Internet de l’état-major desarmées meten ligne quotidiennement des brèves traitant aussi bien des opérations en cours, que des incidents matériels et, bien sûr, de la mort au combat. Lamortest toujoursbrutale,dramatique, mais ne peut pas être considérée comme un simple accident de travail, pour la seule raison quenotre armée sesoit professionnalisée. Si le musée ou la Maison de l’histoire de France voit le jour, un monument aux morts des opé- ayantconsacréen2010des reportages sur l’action des soldats français sont courageux pour plusieurs raisons. Ils se battent, souvent avec peu de succès, contre leurs rédactions pour diffuser des reportages oudes articles plusoriginaux. Mais ces rédactions ont pris l’habitude de ne consacrer à l’Afghanistan que des brèves lorsque des militairesmeurentouqu’un homme politique se déplace. De nombreux journalistes s’intéressentpar exempleàdes initiatives originales de l’armée française pouraider l’Afghanistanà reconstituerson élite civile etmilitaire. Cette élite a été massacrée à dessein par les talibans ou a fui à l’étranger et n’est plus reconnue par l’ensemble des Afghans. Dans plusieurs écoles militaires afghanes, des officiers français conseillent des instructeurs afghans formant des futurs chefs civils et militaires. Un pays renaît doucement. Avec le très petit nombre d’entreprises françaises présentes, l’aide de la France est encore une fois désintéressée. C’est beau et naïf à la fois. Mais les médias français, en complément de la mission économique de notre ambassade à Kaboul, peuvent encourager ces investisseurs privés à s’installer dans ce pays. Les liens d’amitié avec l’Afghanistan ont laissé des traces. Des habitants de Kaboul se souviennent avec nostalgie que la langue française était la langue des touristeset l’anglais celle de l’ennemi historique. La corruption est facile à stigmatiser par les médias, mais une économie viable ne s’improvise pas; il faut du temps. L’Etat afghan montredes signes encourageants : 90 % des opérations militaires sont menées avec l’armée afghane, l’afghani est une monnaie stable, les juges reviennent dans des bourgades reculées, parfois au prix de leur vie… Peu de Français sont conscients de l’aide de la France pour réintroduire la monnaie afghane absente depuis trente ans. Peu de Français sont conscients de l’implication de Guy Carcassonne, professeur de droit constitutionnel à Paris-X, auprès des jeunes autorités afghanes pour les aider à rédiger leur Constitution du 4 janvier 2004. Peu de Français sont conscients que des dizaines de jeunes afghans passent chaque année à Kaboul un bac en français, avec peu de débouchés professionnels. Peu de Français, enfin, sont conscients que l’Afghanistan n’en est pas à sa première expérience démocratique. Chacun s’accorde à penser que la solution n’est pas militaire, mais pourautantaucun débatsur l’engagement économique, administratif et politiquede laFrance n’existe. C’est comme si les 4 000 soldats engagés suffisaient à nous donner bonne conscience. Mais depuis un an, et pour la première fois, plusieurs ministères français ont uni leurs actions sur le terrain. Avec raison, les Français peuvent être confiants dans le comportement éthique de leurs soldats et de la synergie que militaires et diplomates français ont su inventer pour aider au développement, à la gouvernance et à la sécurisation dans une région montagneuse petite mais stratégique, à 50 km de Kaboul. La France peut être fière de son rayonnement porté par ses soldats, ses hauts fonctionnaires qui ont accepté d’aller sur le terrain, par ses journalistes présents à Kaboul qui ont le courage de témoigner… Les militaires et les journalistes partagent la responsabilité d’animer un vrai débat d’idées sur les opérations militaires. Peut-être la prochaine élection présidentielle enabordera-t-elle sanstaboula réalité et le sens que la nation souhaite leur donner. Notre armée a besoin de cette confiance des Français et doit accorder aux médias une complète et nécessaire transparence. Nos soldats ne sont pas morts pour rien, les progrès sont mesurables. Les militaires gagneront avec une nation engagée à leurs côtés. p PARIS 12e. 10, 14, 16, 18, rue de Lyon • PARIS 3 e. 92, 94, 96, 98, bd de Sébastopol • PARIS 7e. 193, 197, 207, 213, bd St-Germain • PARIS 9 e. Lafayette Maison*. 35, bd Haussmann • PARIS 9 e. Le Printemps*. 64, bd Haussmann • PARIS 17e. 52, av. de la Gde-Armée – 5,6, rue Denis-Poisson. À PARIS, SERVICE DE VOITURIER LES SAMEDIS ET DIMANCHES 12, 13, 19 et 20/11 (sauf*). ATHIS-MONS. RN 7 – 12-18, av. F.-Mitterrand • CHEVREUSE. 90, rue Porte-de-Paris • COIGNIÈRES. RN 10 • DOMUS C. Cial** / ROSNY-S/BOIS. 16, rue de Lisbonne • MAISONÉMENT C. Cial / BOISSÉNART. ZAC de la Plaine-du-Moulin-à-Vent – Cesson • MONTIGNY-LES-C.** RN 14 – 17, 21, bd V.-Bordier • MONTLHÉRY. RN 20 – La Ville-du-Bois • ORGEVAL. RN 13 • SAINTE-GENEVIÈVE-DES-BOIS. ZAC de la CroixBlanche – Rue Hurepoix • SURESNES. 33, 39, bd H.-Sellier • VAL D’EUROPE C. Cial / SERRIS. 1, cours de la Garonne • VERSAILLES. 6, rue au Pain (Place du marché). ** Magasin franchisé indépendant. Dans tous les magasins Roche Bobois de France participant à l’opération. Liste des magasins : N° vert 0 800 39 52 45. TOUS LES MAGASINS SONT OUVERTS LES DIMANCHES 13 et 20/11 (sauf *). 24 0123 décryptages ENQUÊTE Vendredi 11 novembre 2011 Les prisonniers RER du Benoît Hopquin et les journalistes d’« Une année en France » G are de Bourg-la-Reine, au sud de Paris, sur la ligne B du RER. Le trainest immobilisé depuis plusieurs minutes, sans l’ombre d’une explication. En ce matin estival, les voyageurs sont collés les uns aux autres. Un silence épais, de colère et de lassitude mêlées, règne dans le wagon. Deux hommes, costumes gris et cravates rayées, qui débarquent d’Orly, devisent àvoix basse. «On mepropose unsuper-poste à Paris, ça vaut le coup, niveau salaire », confie l’un. Un passager l’interrompt soudain : « Ne faites pas ça ! Ce que vous vivez ce matin, ce n’est pas l’exception, c’est tous les jours comme ça ! » Un quatrième voyageur s’immisce dans la conversation, puis un cinquième, avant que tout le wagon ne s’en mêle : « On vous l’assure, quel que soit le salaire, ne venez pas ! » Même ligne, mais cette fois gare du Nord, à Paris. Le quai est bondé, les hautparleurs crachotent des annonces confuses : «Mesdames, Messieurs, votre attention s’il vous plaît. Contrairement à l’affichage, bla, bla, bla.» Les usagers ne savent plus où vont les trains, ils scrutent les écrans, s’interrogent mutuellement. Quand le bon RER s’annonce enfin, il est déjà plein. Dans la cohue du chacun pour soi, une femme hurle : « Mais avancez dans le couloir, bon sang ! » Un passage s’ouvre, aussi miraculeux que celui de la mer Rouge. On pousse, on crie, on pousse. Une touriste asiatique traîne pour son malheur une énorme valise. Des passagers l’admonestent en franglish pour qu’elle mette son bagage ailleurs. De quoi conforter la solide réputation de râleurs des Parisiens. Direction ligne A, destination Vincennes. A l’heure de pointe du soir, les écrans restent désespérément vides. Tombe l’annonce tant redoutée et si souvent entendue : « En raison de divers incidents, le trafic est perturbé sur l’ensemble de la ligne. Un allongement du temps de trajet est à prévoir. » Coups de téléphone frénétiques : « Allô ! C’est moi… c’est la galère. » Pas besoin d’en dire plus : à l’autre bout de la ligne l’interlocuteur a compris. On l’imagine activant déjà un plan B. D’autres pianotent des SMS comme autant d’appels à l’aide. Un train arrive enfin. Les corps se pressent. Deux personnes descendent tant bien que mal, vingt tentent de monter. Cinq ou six y parviennent, vérifiant la théorie de la compressibilité des chairs. Le train repart. Spectacle saisissant que ce défilé de regards vides. Dans ce climat d’exaspération quasi quotidienne, les grèves sont d’autant plus mal ressenties. Surtout lorsqu’elles surviennent sans préavis, comme celles des mardi 8 et mercredi 9 novembre, où les conducteurs de la ligne B ont fait jouer un « droit de retrait », quinze jours après la découverte d’amiante dans des cabines. Pendant que direction et syndicats débattaient de la dangerosité des taux relevés et desmesures àprendre, les usagers sont restés à quai, ulcérés. Un syndicaliste de SUD faisait remarquer que les mouvements sociaux « seraient mieux acceptés par les usagers s’ils voyageaient dans des conditions correctes le reste du temps ». Sans illusions sur ses chances d’être entendu. Combien sont-ils, ces « prisonniers longues peines » du RER qui vivent au quotidien sa promiscuité ? Les estimations de la RATP et de la SNCF, cogestionnaires du réseau francilien, donnent le tournis : un «On ne cesse d’installer des entreprises, des bureaux, des sièges sociaux le long de lignes de RER déjà saturées» Guillaume Pépy président de la SNCF million de voyageurs par jour sur la ligne A, troisième ligne la plus fréquentée au monde ; 800 000 sur la B ; 500 000 sur la C ; 600 000 sur la D et 300 000 sur la E. Les chiffres continuent de croître année après année. Guillaume Pépy, président de la SNCF, livrait au Monde un constat sans fard sur la ligne D en début d’année : « Il y a environ 5 % d’augmentation chaque année, soit 25 000 personnes. Pour ne pas détériorer la qualité de service, il faudrait 25 trains supplémentaires. Combien en met-on ? Zéro, parce que la ligne est déjà saturée. » Jacques Eliez, secrétaire Plus de 3millions de voyageurs se pressent chaque jour dans les rames du RER, exaspérés par les retards et la promiscuité. Un système au bord de l’implosion. Pourtant aucune amélioration rapide ne se profile général de la CGT-RATP, expliquait, lui, à l’AFP qu’il faudrait 114 rames sur le RER B pour assurer un service décent. Il n’en circule que 90 en temps normal. La Régie fait valoir des taux de régularité (moins de cinq minutes de retard pour un RER), qui oscille entre 80 % et 90 %, selon leslignes,en2010.Deschiffresenamélioration quand la vox populi hurle que la situation ne cesse d’empirer. Contradiction ? Pas tout à fait. La RATP établit ses calculs sur des moyennes journalières qui ne correspondent pas au ressenti des heures de pointe. Quand les rames combles se suivent à flux tendu, avec un intervalle minimal de sécurité, à la moindre anicroche – problème de matériel ou incidents dus aux voyageurs –, c’est l’effet boule de neige. Les secondes deviennent des minutes de retard pour les passagers harassés. A l’arrivée, ils trouvent des chefs de service bougons, au retour des enfants qui se languissent à la garderie. Au total, un surcroît de fatigue physique et nerveuse. La dégradation du service est d’autant plus mal vécue que le prix des abonnements augmente bien davantage que l’inflation. Comment s’étonner, alors, que les élus locaux ne puissent faire un pas dans la rue sans être assaillis de doléances sur les transports ? Ils sont nombreux, comme Patrice Pattée (sans étiquette), adjoint au maire de Sceaux, à ressentir de l’« impuissance ». « Nous n’avons pas d’interlocuteurs à la RATP. Nous n’avons aucune infor- A l’heure de pointe, des régulateurs de flux assistent l’ouverture et la fermeture des portes du RER, comme ici à Paris sur la ligne D, en février. MATTHIEU RONDEL POUR « LE MONDE » mation. Quand nous organisons une table ronde, on nous envoie un malheureux qui s’en prend plein la figure. Il est là pour ça et rien d’autre. » Quant au Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF), le principal bailleur de fonds qui dépend du conseil régional, il serait « absent » des débats, selon Patrice Pattée. A tel point que, fin octobre, une vingtaine de maires du Val-de-Marne, ceints de leur écharpe tricolore, en étaient réduits à manifester sur les quais du RER A. Droite et gauche confondues, ils fustigent avec Marie-Carole Ciuntu, maire (UMP) de Sucy-en-Brie, « l’absence d’investissement public pendant plusieurs années ». L’élue s’interroge : « Comment se fait-il que nous soyons passés, en l’espace d’une petite dizaine d’années, d’un train qui faisait la fierté et l’attrait de notre commune à un mode de transport vieillissant et saturé qui est devenu la hantise des voyageurs ? » RATP et SNCF plaident qu’elles ne restent pas inactives. De nouveaux trains à double étage arrivent sur la ligne A. La RATP rénove des rames du tronçon sud de la ligne B, dont elle a la gestion. La Régie reconnaît cependant que ces wagons en maintenance manquent sur le réseau et provoquent « une offre dégradée » qui pourrait durer plusieurs mois. Une quinzaine de rames ont été retirées de la circulation pour désamiantage. Sur la même ligne mais sur le tronçon nord, géré par la SNCF, les améliorations entreprises dans les gares et sur les voies s’achèvent. Dans un réseau qui atteint son point de rupture, ces chantiers ont accru les perturbations et, par là même, l’acrimonie des usagers. Même s’ils se chiffrent en dizaines de millions d’euros, ces investissements restent largement palliatifs. A la SNCF, Guillaume Pépy plaide pour une réflexion de fond sur l’urbanisme en Ile-de-France. « On ne cesse d’installer des entreprises, des bureaux, des sièges sociaux le long de lignes de RER qui sont aujourd’hui saturées », constate-t-il. S’ajouteà ce mouvement, la bulle immobilière qui chasse les Franciliens toujours plusloin de leurlieu de travail. Tout en pestant contre l’impéritie de la RATP et de la SNCF, les communes ne cessent d’autoriser de nouveaux projets de lotissements dans leurs villes. Les promoteurs et les agences immobilières continuent à vanter les « vingt minutes Paris par RER » quand ce temps est devenu purement théorique. La RATP a soumis au STIF un nouveau schéma directeur avec d’importants investissements. Elle dit attendre le feu vert financier et donc une décision politique. Les propositions de nouvelles infrastructures, proposées dans le cadre du Grand Paris, sont encore plus ambitieuses. Mais ce beau programme s’inscritdans deshorizons décennaux, ce qui a le don d’agacer les usagers : plutôt que de se voir promettre un avenir radieux, ils préféreraient un quotidien vivable. E n attendant, le système craque. Des centaines de milliers de Franciliens règlent chaque jour plus tôt leur réveil pour anticiper les impondérables du RER. Et scrutent avec angoisse les écrans d’information dès qu’ils rentrent dans la gare. Une annonce en jaune ou orange,signe d’un incident, et le cœur s’accélère. « On se dit ça y est, c’est encore le bazar. L’adrénaline monte. On se fait un cinéma dans la tête », témoigne Jean Chauvet, usager de la ligne A qui vit à Sucy-enBrie, dans l’Est parisien, et travaille à la Défense, dans l’Ouest, selon un schéma urbain hélas classique. Cet homme d’une parfaite courtoisie parle comme d’un étranger de cet autre lui-même, l’usager du RER. Il vit l’humiliation quotidienne de courir instinctivement dès qu’un RER est annoncé « à l’approche », de grimper quatre à quatre les escaliers parce que les escalators sont trop lents, de jouer des coudes pour monter à l’intérieur d’un wagon. « Autrefois, je me levais pour laisser s’asseoir une dame âgée. Aujourd’hui, comme les autres, je fais semblant de me plonger dans mon livre pour cacher ma gêne. Pourtant ce n’est pas l’éducation que j’ai reçue, ce n’est pas moi. » Venu de Nantes, proche de la retraite, Jean Chauvet a hâte que ce chemin de croix s’arrête. Il n’est pas le seul. Après avoir facilité la vie des usagers dans les années 1970 et 1980 et avoir largement contribué au développement économique de la région parisienne, le RER devient un repoussoir. Des salariés préfèrent aujourd’hui déménager en province, quitte à consentir une perte de revenus. « Ne venez pas ! » Le cri du cœur lancé dans un wagon à Bourg-la-Reine ressemble à un conseil de plus en plus suivi. p 0123 décryptages ANALYSES Vendredi 11 novembre 2011 International | Chronique Par Alain Frachon L’euro,victimedes piègesdel’idéologie? I l suffirait d’une phrase pour endiguer la crise de l’euro, affirment nombre d’économistes. Une petite phrase que devrait prononcer la Banque centrale européenne. La BCE devrait dire haut et fort qu’elle jouera le rôle de prêteur de dernier recours pour les membres les plus endettés de l’union monétaire. Et l’euro se porterait mieux. Et les marchés seraient tenus en respect. Et, ô ! Joie suprême, on se ficherait pas mal de ce que racontent les agences de notation. Et on pourrait desserrer quelque peu l’étau de l’austérité budgétaire, assouplir les conditions de la rigueur. Et cela favoriserait un début de reprise de l’activité, qui faciliterait l’apurement de la dette. Et, sans promettre de raser gratis, on sortirait de ce cycle sinistre qui voit se défaire la zone euro, comme dans une méchante partie de bowling quand la grosse boule noire vient faucher les quilles les unes après les autres : d’abord Athènes, puis Dublin, Lisbonne, Madrid, Rome – en attendant Paris… L’institut d’émission battant monnaie – c’est l’une de ses fonctions –, ses ressources sont, par définition, illimitées. Si la BCE dit qu’elle sera l’assureur de dernier ressort, elle dissuade la spéculation. Les marchés seront rassérénés. Ils n’exigeront plus des taux de rémunération faramineux pour souscrire aux emprunts des Etats les plus endettés. Ceux-là échapperont à l’emballement des coûts de leur dette. Ils sortiront d’une infernale spirale dont on connaît parfaitement les étapes. L’Etat ignoblement endetté est d’abord condamné à ne plus pouvoir se financer sur le marché en émettant des bons du trésor : il devrait verser des taux d’intérêt prohibitifs. Il est amené à tendre la sébile. Il sollicite une aide auprès de créanciers extérieurs. Mais ces derniers n’accordent leur assistance qu’à des conditions d’austérité draconiennes qui épuisent le malade. Voir, bientôt, l’Italie… Dans l’hypothèse où la Banque centrale dit à l’avance qu’elle souscrira aux emprunts d’un Etat qui a du mal à payer ses dettes, le schéma est tout différent. Les achats de l’institut d’émission vont rabaisser les taux à des niveaux praticables, si la seule déclaration d’intention de la banque centrale n’a pas suffi à le faire. C’est ce qui se passe hors zone euro, aux Etats-Unis, en GrandeBretagne, au Japon, par exemple. A des titres divers, ces trois pays n’alignent pas un carnet de notes plus brillant que la moyenne dans l’union monétaire européenne. Mais il est clair pour tout le monde que la Réserve fédérale, la Banque d’Angleterre ou celle du Japon n’hésiteront pas. En cas de difficulté de financement de l’Etat, elles achèteront ses bons du Trésor, directement. Les marchés ne s’y frottent pas ou guère ; ils savent que les ressources d’un institut d’émission sont illimitées. Inutile de faire grimper les taux. Pourquoi la BCE n’agit-elle pas de même ? Parce qu’elle est liée par une doctrine qui prône la séparation des pouvoirs. A la banque de s’occuper du monétaire, au gouvernement du budgétaire ; à la banque de garantir la stabilité de la monnaie (pas d’inflation), au gouvernement de gérer sa dette. Autrement dit, ce n’est pas à l’institut d’émission à venir au Xavier Bertrand: «Que M.Hollande donne l’exemple!» 12 que p. ts à ris icamen d é m t 56 Il n’y a pas de plan caché ? Xavier Bertrand Ministre du travail, de l’emploi et de la santé Oui j’y suis favorable. C’est moi-même qui ai mis en place la loi sur le service minimum dans les transports terrestres, et ça marche. Il y a une nouvelle direction à Air France et les syndicats doivent com« Questions prendre qu’il faut discuter. Si jamais ils ne trouvent d’info », une pas la solution eux-mêmes en interne, il faudra pasémission ser par un texte. Le plus vite sera le mieux. Dans les politique à différentes propositions de loi, celle notamment suivre tous les qu’a déposée Eric Diard me semble être un bon mercredis sur moyen d’obtenir le résultat. Elle dit qu’il y a obligaLCP à 19h30, en tion de déclaration et de discussion pour permettre partenariat de s’organiser et éviter que les passagers se retrouavec Le Monde, vent bloqués. ¶ Une partie de la majorité réclame la remise en cause des 35 heures. Y êtes-vous favorable ? Non, car supprimer les 35 heures, cela voudrait dire supprimer les heures supplémentaires. Or, aujourd’hui plus de 9 millions de Français en font chaque mois, ce qui leur garantit en moyenne 400 euros de plus. Dans la crise que nous traversons, je préfère qu’ils aient ce pouvoir d’achat et qu’ils consomment. Le premier ministre veut que les patrons modèrent leur salaire. Que leur demandez-vous exactement ? De l’exemplarité. Plus précisément ? Au gouvernement, les salaires sont gelés jusqu’en 2016. Donc qu’ils gèlent aussi leur rémunération ! Cela doit s’appliquer aussi aux politiques, conseillers généraux, conseillers régionaux, parlementaires. Qu’attend M. Hollande pour donner l’exemple ? Propos recueillis par Frédéric Haziza, Françoise Fressoz, Sylvie Maligorne et Marie-Eve Malouines opathie , homé qi gong , a g o y ne, tes, jeû t Plan d’émission, et donc ne pas grever son bilan de créances douteuses – mais la BCE achète en sous main, sur le marché secondaire, pas directement, des quantités importantes de dette souveraine des Etats les plus faibles de la zone euro… Autre argument des partisans de la « séparation des pouvoirs » : ne pas encourager le laxis- AFP, France Info et Daily Motion sociétés qui, sans être parfaites (…) sont sans doute les plus décentes de l’histoire de l’humanité. Et cela est menacé parce que l’élite européenne (…) arrime le continent à un système monétaire qui recrée des rigidités (…) aux allures de piège mortel. » p [email protected] légèreté Page s 16-17 t Le jeu d u réel e Philip Ro t de la fi ction Pa th, le gén ge 18 ial manip ulateur Bientôt oc l’écrivain togénaire, am juif, auteu éricain d’une tre r nt d’ouvrages aine 4 -1 p. 13 un regard , porte sur son pa acide Faut-il le ys. su sur le terrai ivre de la prov n oc qui a marq ation son entré ué e en littératu dans une re Amériqu e frileuse et conserv Ou plutô atrice ? t s’attach er à une voix teintée d’i unique, ro et d’incert nie Virtuose itude ? de il est passé la langue, dans l’art maître de avec les tél jouer entre l’écri escopages et le réel ture ACultures Philip Roth provocateur ASciences Médecines alternatives lance L’AP-HP ion l’évaluat ecines éd des m entaires complém les éta- 10-2014, publiplan 20 nce Dans son nts de l’Assista -HP) se (AP blisseme itaux de Paris es ines dit que-Hôp sur les médec athie, nt s: ostéop penche pmentaire opathie, hy plé mé com ande ure, ho acupunct y a une vraie dem ines. dec nose... «Il ts pour ces mé pratirt, des patien pour la plupa al, en exert, pit son Elles de l’hô dehors ficiles quées en , et souvent dif la popude ral cice libé ur la majorité seur po le profes l eurod’accès ita explique lation », Fagon, à l’Hôp ves ido n-Y mp u. faire un Jea orges-Po de péen Ge de l’AP-HP est et qualitaLe but antitatif t en terqu x lieu nte, tan ement, état des fre exista ign tif de l’of ns que d’ense che. soi her rec la mes de elopper r que ces et de dév t plus ignore peu e place «Onne s occupent un gers», ine les usa médec on. nte pour grandissale professeur Fag ces uer constate mier est d’éval sécurité. la Lebut pre , d’en vérifier pratiques dale et des s p m e t Le nes médeci ives t alterna thie, Ostéopa ure, ct acupun thie, pa éo m aussi ho e, mais hypnos alimentaire, hygiène d’un sport… pratiqueecines Les méd es ont pris iv alternat rtance po une im le auprès indéniab . Les ic bl du pu nnels professio pent pas: om ne s’y tr ux leur ta les hôpi ent leurs entrouvr armaciens ph portes ; listes ra et géné euvent... en les prommne propice cet auto Ce n’est pas ma conception de la pédagogie et ça n’engage que lui. me budgétaire en disant à l’avance qu’on garantira les dettes des irresponsables. A quoi Jean-Paul Fitoussi et Paul Krugman répondent que la création de monnaie ne crée pas d’inflation dans des économies déprimées comme les nôtres. Et pour empêcher qu’un assouplissement de la doctrine monétaire de la BCE ne soit une incitation au vice de la dette, il faut l’accompagner d’une stricte discipline budgétaire. Relâchement doctrinal contre sévérité budgétaire : donnant-donnant. Paul Krugman conclut ainsi son article : « Sur les ruines de la guerre, les Européens ont créé des «Onserefuseàmonétariserunepartiedela dette,onselielesmainsavecunedoctrinequine tientpaslaroute,maisqu’onagravéedansnos textes»,regrettel’économisteJean-PaulFitoussi t Scan Charles Beigbeder, chargé à l’UMP de la pédagogie du programme, estime que le vrai plan de rigueur interviendra après la présidentielle. Que veut-il dire ? Après les grèves à Air France, plusieurs propositions de loi ont été déposées pour instaurer un service minimum dans ce secteur. Y êtes-vous favorable ? A plein régime. C’est de la création monétaire pure et simple. Et cette crainte de l’inflation, celle d’une monnaie qui entre dans la spirale d’une dévaluation continue, le souvenir de cette tragédie qu’elle vécut dans les années 1920 et qui conduisit à Hitler, voilà ce qui hante la mémoire collective de l’Allemagne ; voilà qui explique qu’elle n’accepta d’abandonner son très solide deutschemark pour l’euro qu’à la condition qu’on n’assigne qu’une seule tâche à la BCE : la lutte contre l’inflation. Les tenants de la doctrine évoquent d’autres raisons. Il faut préserver la crédibilité de l’institut DEVENEZ INCOLLABLE SUR L’ACTUALITÉ Questions d’info Bien sûr que non. L’enjeu est de créer de la croissance. Or, la rigueur crée de la récession. Le contraire de la croissance. On a un équilibre à trouver entre la gestion sérieuse du budget et la sauvegarde des investissements. Le chômage peut-il baisser d’ici la présidentielle ? Franchement,si on n’apas de reprise économique au niveau européen, ce sera très difficile. Nous faisons tout pour le stabiliser autour de la barre des 9 %. secours du Trésor – chacun son mandat. Celui de la BCE lui intime expressément de ne s’occuper que de la stabilité des prix, pas de combler les trous budgétaires des paniers percés de la zone. «C’est de l’idéologie, tonne JeanPaul Fitoussi, directeur de recherche à l’OFCE. On se refuse à monétariser une partie de la dette, on se condamne à l’impuissance, on se lie les mains avec une doctrine qui ne tient pas la route, mais qu’on a gravée dans nos textes. » « En s’interdisant de disposer d’un prêteur de derniers recours, on s’expose, en cas de difficultés financières, au choix suivant : soit la faillite, soit une aide mais conditionnée à une telle austérité qu’elle n’empêchera d’ailleurs pas la faillite », dit-il. Son incompréhension est partagée par nombre de ses confrères américains qui, du Prix Nobel Paul Krugman à Jeffrey Sachs, en passant par Kenneth Rogoff, disent tous la même chose: «Si la BCE prenait en charge les dettes européennes, la crise s’allégerait considérablement » (Paul Krugman, New York Times, le 23 octobre). Les risques? A l’évidence, l’inflation. Les tenants de la séparation des pouvoirs font valoir que le rachat direct de la dette d’un Etat par sa banque centrale équivaut à faire marcher la planche à billets. 25 Le poison de la ficAtio de Ro n Ostéopathie, homéopathie, hypnose, yoga… Le succès auprès du public est soutenu par un début de reconnaissane professionnelle. L’œuv En cet automne, saison propice... p. 11 reà 14 O th pose la Il aurait pu avoir le Nobel de littérature... A bientôt 80 ans, l’écrivain américain porte un regard acide sur son pays p. 11 à 14 L’actu du mois : chronologie p. 19-20 Philip Ro th (New Jer à Newark sey sa ville nat ), en juillet ale, 2003. LARS TUNB dans les v eines de la la ligne de réalité démarcatio n entre sa JORK/VU question de la fron tière : où est n constat e lucidité abs chez Roth une Les romans tions ent oluesur les relade Roth rev re les être à interro dire un iennent s. Aut ger pes point de manifestan simisme bibliqu ant l’écrivain. l’étrange postur jonction, e « e, ent constanciéet par la description se d’équilibre Pour préserver le de d’où il vien t, et la Litt re Newark, my peu adu qui me rest cir- de de ce qu’ éra thes jou « the abi ait, je cho m’a le il nom sseoir aient cha din me isis « Qu’ et étudie san ture qu’il ant cun com idote de betrayala g human aptitud ici jours assis comme je m’étais s me cha l’autre. Et tou- due est-ce que ces rela relâche ? dal au cours nd revenge e for une cun est, le de ma vie e aptitude chaE ise, SOURCE ou humaine » : «l’éternelle US TI/IMAG : sur enf s et lassantes ent tions ten- « libé de ce livre, écr vrai scan- vai dev ant un n. Shakes pourrait être, écr it en à la trahisonAFIE KLA une lam re la vengea antsde la ration sex pe, justifia bureau, sous i- et son nce petite bou parents et dém pea uelle », con pleine n’était FOTOGR et à ve exis nt un symbol ». Le mot bet de ombre, rge yst -il pas un re lui-même ma ten New oisi ifier sista à ce de rayal, bizarre e ark e homme « in love Comment le son et son éch des shiksas , ces scènes à pro jui- verselle que cette religion à double de l’œuvre de Rot tel cace que je la manière la plus normal, o. » uni s’immis pos et effi h, est pou connaissa - en pan », un Roméo rom sen son et son « foutrisme Roth surnom « divulgatio s, signifiant is, dompta - vettes, cette des cocktails de creantique ne d’inspir r l’instan écho? Com cer entre le me le ». aus que nt t, n», ation et si culer l’alp ave stio sou mentd « manife synagogue c une cha o n d’aller à ffla ses me mots, l’in Rot «révélation station îne doc et illeures phr à qui on bet util habet? Quel ant ésartila ina h a inventé le dép La ttendud faire, par ». Aucune illusion », propre inco ile tyrannie de de ou non, qu’ d’être un bon gar trou i-alphaiser lacement ases ? vaille roth e la çon ge con ma ava hérence. est-ce que pour fiss , tel un pied-de-b subtile et ienne est inflamma frontière,le mélan » nie entre séquent, sur l’ha à se it Ce tou ure à ich n’es com voir plu r t e, le monol cela res, t pas s langag plexe que ble non pas rmo- se - ble pro ithi stoïcisme avec Shakespeare «Tôt out hommes et fem cette risi e prénomme un hasard si Sm pag des gende Sénèqu et le qu’ mais des causes ard, chaque - fance ? Un autre souven sme du me ith Elle con ande hollywood e?» sacrées, à la rem toujours donne la femme trou s. bet, « les Vin « Mot », et si l’alp ir d’enien siste à le hasolution saper l’ul ne. mud Tho en soi. De ise en cause de la jus- noyau de . Au Tal mari », écr point faible de ve son meille gt-Six Grandes », ra tim la cause même qu’ ur allié. est croyancee crédulité humain e catéchisme (l’équivalent juif de réelle il Comme Columbus ivait-il dès Goo son Roth : « L’al ),Rotha été n opposition n’y avait pas du e, la ti-a écrit dbye, . tière palpab la Réalité,en une croyait en initié à l’an lphabet , comme se capabl phabet est la seu Aucune illu fron héb déb le le il e - s’écrit chole Réa entre la Fict raïque, celu utant, ent sion sur une de littéra ilité. Pour cela que l’onde mentpro possible l’altég à l’enver re la gra ion et i qui tur entent ent s et d’o endadonné de er ; c’est urfm’a dish du mic e et les mœurs n- cette découv saisir la radicalité la dans la my point que re juifs et gentils e revges . Po olve en guise r. » lle, l’excès stique juiv ù, comme yid- fau de fair erte copern , au de its rou Est- ust rie n’y a pas rocosme de New e jaillir e, il alla t en reveni fru même pas Sabbath n’im icienne, il considèark de frontièr n indce làsuc it sur la agime se nentatio cterre togramme son monde : « Ces t ?ilLucidit ble entre e imperm , il ture qu’ont r à ce b.a.-ba de l’éc ent genug de toure, cimetièreeffetfair indeire ce, e et cryp dans é,leIntellis dont je n’a Sty le my rdans un ero en par ri- déc éa- Non le, rveux revoir a un chrétien: , Toute-P n à Rire rrivais pas hiffrer le viand créatric quice L’écriture, the et son inverse - Ecrivains: tage Ecrivains « Maistéave est tème ne si l’o ionestt à uiss qu’ sys e sen rat à tes et et tou anc il . ave des c s e aci iet l’alp du poutre qui m’a e qué de ma c sa puissa n rraicap habet. création L’alphabet re quRar deme tioaut ue un t bien disc là-h ceismes noss asstructri nière ind vaient marnce du régula it deven Fran- uter, tenuissi n’ano de ches mécan du Verbe ? élébile qua te ans vait e et? Ilsur een elle-même mythe, peut dev de Etats-Unis en soi n’est rien jam omqui goy ladie éta e «seconde ntaine diffus ais trouevé : con hom ton me cer no z la plupart des ran. Aux frab plus tôt; de ces , où l’on enir pas par le mythe essle.Et x. La ma e une tre stéopathie l – un lett deveuhor t « renfors de str assesig barbar ée au mo ne e». cau ne sin res le tre fein z ts tag les rau , vite com qu’ on ens , ind Com son ces écri d’o Il exist t con Par s at. Enf iste in, der il s’agit, de faire échifmême pour lui. P. me ici, de au dudéf el qualités ment évi ro- » bat per ations ais déb implose l’AP-H thodenie et rep mu unnapp sorti cha ts sur ce tableau ivait-il. ittrans- rés dele mé s’in turels, de ilcom ter le littératu cas r sign nne d’une mé sont, Fra ation r, en tou consult hôpitaux de e implaca t désorm docteur com ance », écr que mot re, l’alphab téresser à la était ilis ts na dire la , sig si j’ose ce un ’écrivai tamorphos cauchemar Tel de dominer et de sibrs eurs en t par nho est de lan ind iss c,elle ava le nce fon j’avais écri essdes d’anglais En 2008 mo uvemen ble et est colo (désen de l’écriva pai con éprre Rot malmo ce DR r,un dans les à court terme imm duses ordonna kan n’est pas protéinée. na cle grand publi la médecine. des t. » antid que eco198 nisé l’EM in, non pas e rétrograde d’œ est le sujet des der trecarrer. mé la propagande nfia7n- l’abushse desréd uisaitalis . Si en ttant de ationcho llerdan on pa en atiorte L’alpha sauvag nit tetou tes quoi dias ble de son dic à cett en Sein, ma nie s la san uvr Pierre Du diète hyper diator à ave sa vision de L’objectif projets perme s des proHomm mm ce du il réu tievisicouver te-p ne surméiceb e,e par vous fai sen tir 6 mé is le My e de Roth. Mettre rs chefs- phabet : ABC, CBS, NBC, CNN e des être lais bet de l’actualité Me de la be, ée gra an ergné un parmi les e, c’est-à-dire en et américaiuis- ce res),Verdé t vous, qu’etunlaexcmême , il necer cettlai e ust cer 5 ou à l’appel d’offre recher,cette arm sé miracle prescrivaitdu élé RTL Le for e con gul’ill peut … L’alla pens - ocu ration de vo us juifs ? seraite olo juif lité the, l’idée qu’ilex en cause vai fian chce ur lan e intime e. La ellent sida, san à ses leurres colo lui poiva rév psy écr rant de psy mê rt ? Du êtr a on po ur n, une , le me iste es ou me la don Rot répondre hospitaliers de itant les , la spo ser de de tram in. r éph èse qu s-ab Mê une par au . h e-c t l’éc t rés dépend la Or il y a trouve vite cœur de dés tifiimmerg es du tél ri, e nar réa- lou ri- jou : ? Du aapiro es - pa contr minante iente ob re descendre scientie ve du rom qu’elle la ) en inc fiction en rnalisme, politique, guerre, irradiant ne Shrati mieux la répons rde du Reg ormais l’artille le,19 risquée, la prin gramm qui fai la médit s une pat Jusnci des A entifique do er à des métho les oi fait e Fra déc qu’ e (PHRC t déjà l’ostéo an. tan rie le De e. qu arg cipa de sur rit à u. my èbr En ard iqu ? t lui, san el et y trouve ent, télé the avec drogue, . L’alpha passé à l’en s cél ce. Et que app as plu yoga ie-l’a mythe. En sibl uin ! De - sci e va s’intéress pour soigner bout, don quel point ? Jus che clin contest tiquen des essais le cersvea visi e, le gra le contrebet est sex sa soursurrom lle réalité nem Des rep lmons- 27j piédestal le plumode Monti mélan qu’au la maelad posc jusqu’à s qui pra xes 10, rtablend alcool… «Le e, ghetto, rac on, chiatr nes que plus orig tion ? plus rée Dans Opé i! anc tempo équipe en place premièla genèse ier de ettre en mes juives ave geant les coutuorthodo moder ps. is, en juin 20 isme, Roth nom plus bas de ine lle rés ? Ca médi- son ionnistes. La de Dukan finirem not ration Shy mettre , ce retion-plu c ce qui en Ma res – la des peu ies des temps pression)tâc mythe des lle que l’existence et – avec une tous lesg équilib trit s jamais conven pathie à comparatifs. Les dues à la mo s éloign lock, où La que vie he de l’éc me « la fastidieuse paraît pré es, sur les n nu mythes, du le pé. nSan malad et dé paru, la es nts rivain, qui bruit et la elle-même. » Tou enque tanalyrattrastio me déflagratio é, la pornographie le même. que celle cision qui n’a d’ég l’Auteur quandi t les s, anxiété rlesrégimair de révolutio - gnaca dis tes cliniqu sions seront ren valuase être cha ite re pos tou ..su tra fur sa psy con t liv . e l e pro le com us. eur ni lui- ses de Sabbat a- cacité siste à d’é it pre cause clu ont moins se les mence dans un Roth,revoir (stres ce qu passer instan Portnoy. n qui en résulte, . La aments pularise en le de lacau h mania Il marion res con mission pathie a, no ents: un pet que que ». d’ef re,e fron a tenu,à écri Le malen e aul- ra par ant à la croyanc des gélules c’est rav ne s’agit pas pou 11. Une cours des ns médic téo il po dirstce t, é des l’ambiguïté nettes –, il manip nt (cettelangu lques mots yid finels, iltière. Où tan démarca Qu .) «sa Avec Guérir, fin de 20 ifique de l’os serm (Ins- camtte dans le dis aurait pu imagi r autant aler la figu estse et intense tendu fut sponvenues la ligne tdeLaffon dish eeffrontém On peut gner ave ule le attachée tion ids, etc de de ent flo re de l’Ec nt,, et Qui . Roth hniques rampar s (éd. Rober me des qui ne se le d’u de santé pou à la postur l’Ecrivain ut se soi omnie, surpo vie, elle se ». tion sci été confiée à l’In de la itaires. des tec reprog prononce ent sexuelr son et urs foiconséquen métho sar avoir osé dém fit scandale aut n être humain rivain à cel- re Autorité entde pe opposée , e elle ces san le France is censées « pas com famille xiété, ins à l’im du la santé barriède révéle n- plusie défendre ses t le mode de s’écrit) dép en outre comme la Haute ystifier res. Ce ppem el» de tel gagné me es ional de les l’alp Non-Ecrivain, Rot postu- min une cro ser ner que ndele dévelo eutiques (an s modifier son p de vieux. , il décide Antica 11), à n’a pas il a ins- juive. En réalité Etats-Un veauémotionn sentau es dériva osés comme des titut nat médicale). «D ilippe habet de yance, et ait encore de h évoque r». S’il En 2007 son ouvrage entifi- 20 san rap pas ma pré cou les u ie, cer nce thé ré om ux deu téa lad rle Ph nte pe la son de s sac rec la plus sci x selo ma me s au dap antica rom enf de dan ion Bb, Cc, Dd, à des s un el’Agen je ne recherche té», constate répandue, n laquel dicat cancer livrer – études s de son « aille contre la sique pleine : u’ilsoita r de réagir Ee”', chaque ance : « “Aa, rain ans conçus com cœur de vid Serprescript enteuses; qu itaire a pri disant cela, syn teq sau le, la Da t es. à du sor au ue ret on ts rais bat de ssé me mu fond, tou ent tin cam En res té san etcer et de penser-sellers,Gué– les sec ie : nutripetite , présid deux mo de con t un ve, sait deux fois, en lettre appa- dev s piégés. Et l’im des terives pa nonmédi le de sécuri rem l’appui tillé sa qui tient en lad écri est ient possibl empêcher r lieu tions négat iber suscite le parent Sterlingot ostéopathes. considépossible ques à s nationa (Afssaps) des et son enf ture cursi- de tre la ma que, lutte es; m’ -Schreiber.Sesb ) et Anticance hre e dans la situa bon sen s-nous.» p la Fiction mépris hard ant, la cho ysi bat con van-Sc français athie n’est pas n médica- ce l’alimentation cité des régim 05 nle vra nc van ph 20 Ser ie ire com mo t, Bla t vie on . . o,vo se . on vid ne de ercice ation « Calm L’ostéop une professio (éd. Pocke Sandri juillet 2011 se l’effica est t, 2007) pticisme er Da nalystes antéprop tion, ex stress et médit 7 me tique. Il te en cau inistrede las boîte de rir .Robert Laffon oin de trouv - alorsle sce rt des psycha le une pra statut rée com rou de la e bes 30 juin-2 aaa contre rencon la plupa un côté gou comme un etque lemrire sur chaqu vert pour (éd à quel point le ions du ents définir travail, le, mais le de ernatives ro ribue e conclus aux rel ficile de de se d’insc ent un numé connaître tré méthodes alt hésion dans On lui att alternative conférenant les de recherch e r avec donc dif s les contrats t ad des fesseu Rejoign réalisé interdecine he, ses ndial médicam tients fassen e forte chapitr Dossier e Trubuil, pro précis dan t des praticienslement, pa ro- méwAge. En revanc t. nds mo cancer, le trait un ? ion les Fo es neu les e rin tat rqu par Le r qu . ple rab en Ne ési c. ur l’o enu Cathe es économi com rt re le l’alim et la plu souvent bénévo c (lire t du jou anche effets ind française po es tels publi cancer est rev ladie ul-Robe enc affichent remet au goû re, la cont ré au rôle de bli les Pa ma dim ent sci ces pu la ée rt nn de al on im lyc Son vie ). sac ctu n de est mo l de Fécamp à l’hôpit La passi folie des rég thode -Denis iales au . David és sur 500 L’homme on, l’acupun . Vante con la préventio la chiatre mé du moins 63 maternit ôpita vila diatique om- et soc s (Seine-Saint dans nnance, les vogue leur ser méditati ie (lire p. 13) tor psyjuillet 2011 à l’h emporté par buzz mé t l’h s Lila rap p.13). Seu éopathe dans os-Monta- do e la très en ale du Media fameux cite un au la r devien des de time), u- 24 ost cancer s luminothé oméga-3, ces larise sus qu nd -Schreibe du brocoli et Garrig ine-Mari à ces no ont un pu de son des et le sca Servan Catherine athie. Or vertus essentiels. Po vert, -neuf an Dukan mentcontribué (lire p. 2). (Seième rechute e, une ce, selon nte en ostéop ’elle a du thé s la les sait dix dia des gra ontlarge ses de position pa s êtr e én veau. Cela fai montante de cardiaqula respi- me s qu aci e me nc ron, étu ues les pri figure cohére nvainc sages-fem r (fils de ne va ire cer trôle de 76 % des es se disent «co pour les vel n, le sp ort in et l’armo s que cette van-Schreibe n- la thode de con ue de Jea Ser Bo pa ma nastie neveu s médi- mé interrogé de cette pratiq in au ene va ursé de êt rembo elle à pharmaci is force dy n-Jacques et ncipal fre hie : de l’intér pronostic Ma ividu pat - Jea -nés». Pri iait les emplir. nouveau ement de l’ostéo lles, ses ind itement dés ele « tout-médi r Louis) déf tue sub su ter qu es sta développ certaines mu rsés. p im con rég de par rembou le Santi est en t » et les hormis sont pas Pasca 11 cam actes ne vie et la lit térature ? t icamelénré la d é m t cé r en a ac re santé ne le tscoanu Mediato eu INTÉGRATION dale du vivre en meill = détrôIMMIGRATION e i Le v s. tà p e en d d em e iter... ai is longt ritdepu du sport,méd L’hygrvianè-Snchreiber l’ageécEgalité re rêvée, égalité diabolisée r sain,fai ALe meilleur des articles du « Monde », et plus encore... N 413 Novembre 2011 Signe impla de l’écriva cable in une confian hors pair, immortel ce le la toute-p dans uissance du Verbe an David Seconscience : m prise de E 2 août ais Sans jam en cause e remettr ments les traite nnels tio conven 20 Nantes, 13septembre 2009. Vingt-cinq familles sont installées dans des mobil-homes, grâce à l’association Une famille, un toit 44. Parmi elles, Gheoghita Toncea et sa fille Gabriela. E n matière d’immigration, il y a beaucoup de motsen«-ION»:«ségrégation », « discrimination », « expulsion ». A tous ces maux en renvoie souvent un autre : « intégration». Un grand mot-valise – mais sacré –, dans lequel se cacherait la clé de voûte de « l’assimilation» à la française, cette «dissolution» sans accroc dans un corps républicain voulu un et indivisible. Le débat politique, de droite comme de gauche, senourritsans retenue de ce beau mot. Mais trop souvent à coups de postures et de phrases grandiloquentes, dans un manichéisme nuisible pour une thématique dont il n’est nul besoin d’être devin pour comprendre qu’elle sera l’un des enjeux de la campagne présidentielle de 2012. En réalité, le « modèle d’intégration républicain» à la françaisea un bilan en demi-teinte (lire p.8-9). Le taux de chômage des immigrés est de 1,5 à 2 fois supérieur à celui des natifs. Leurs résultats scolaires sont très contrastés selon leur origine sociale et ethnique. Des enquêtes pointent leur surreprésentation dans certaines dépenses sociales. Et les banlieues ghettos sont devenues pour beaucoup, leur point d’entrée – ou de chute. Un certain nombre des plus pau- Sommaire t Hier, Nous et l’Autre p. 2 t Etats-Unis: premier pays d’accueil p. 3 t Europe: la crise remet les migrants sur les routes p.4-5 t France : une loi sévère p.6-8 t Ils sont discriminés p. 9 t L’argent des émigrés p.10 de Nicolas Sarkozy à agiter les pires chiffons rouges – déchéance de nationalité,identiténationale,etc.– ellea,danslemêmetemps,régularisé environ 30 000 étrangers sans papiers chaque année. Mais sans le dire. A l’inverse, à gauche, en particulier au Parti socialiste, les discours humanistes cachent souvent de faibles contre-propositions. Le PS, en tête des sondages pour la présidentielle, détricotera-t-il les durcissements législatifs entérinés par la dernière loi immigration, s’il est élu ? Il ne l’a pratiquement jamais fait lors des alternances précédentes. Et jusqu’à présent, son programme en matière de politique migratoire reste très flou. L’intégration, et en creux l’immigration, souffre trop des doubles discours politiques. Ainsi la droi- Les approches doivent donc changer. A commencer par les te est en réalité beaucoup moins « modèles ». A trop raisonner en D ossiers&D ocuments www.lemonde.fr/dosdoc SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA être un mal de le dire. La crainte de faire«lejeuduFrontnational»,souvent avancée par la gauche, ne devrait pas être un argument pour ne pas évoquer, par exemple, la question des concentrations ethniques. Ainsi les solutions apportées seraient, de l’avis de nombreux acteurs de terrain, plus ciblées et donc plus adaptées. A l’inverse, le « modèle» d’intégration français a ses succès que les formations politiques qui s’emparent le plus du sujet immigration – FNetUMP–négligenttropsouvent. Bien qu’il existe encore peu de travaux universitaires, on sait qu’émergeenFrancetouteuneélite et une classe moyenne issues de l’immigration.Le phénomèneest le résultat des dispositifs de discrimination positive. Mais aussi du temps. Cesparcoursderéussitesonttoutefois encore trop souvent présentés comme des parcours « d’exception ». Venir des « quartiers » est presque devenu un « label ». Et les clichés ont alors la vie dure sur toute une masse silencieuse issue de l’immigration, ni sportive ni « showbiz», peu désireuse de mettre en avant ses origines. riste» – au « républicanisme» français, on enferme des réalités dans descarcansinutiles.Commel’explique Christophe Bertossi, dans Minorités en politique (Editions CNRS, 2011), le risque est grand d’arriveràun«discoursdecombat» focalisé sur les seules « nécessaires corrections » ou « dérives » du modèle idéalisé. Demême,l’immigrationdevraitelle être beaucoup plus analysée et discutéesousl’angledelamondialisation. «L’immigration est la petite sœurde la mondialisation!», a beau jeu de lancer la présidente du Front national, Marine Le Pen, habile à toucherles classeslesplusdéfavoriséesetexposées,malgrél’inanitéde ses réponses. Et c’est bien là que le débatpublic,s’il neveut pas,pour le coup, vraiment laisser le champ libre au FN, devrait revoirses angles d’attaque. seul prisme de la « défense des droits» des migrants, del’assistanat socialetdel’aidehumanitaire.Or ce ne sont que sparadraps si le cœur des difficultés liées à l’immigration n’est pas traité : soit l’insertion économique. Les générations d’immigrés qui échouent en banlieue ont aujourd’hui peu de chances de voir leur horizon s’éclaircir car les industries qui ont fourni du travail aux premières, de l’intérim aux secondes, puis du chômage aux troisièmes ont disparu. Les discriminations n’expliquent pas tout. Les émeutes qui ont agité le Royaume-Uni, en août, reflétaient cette impasse. La France souffre des mêmes maux que son voisin d’outre-Manche. La désindustrialisation des trente dernières années a été associée à une croissance basée sur les services. Or ce système a surtout favorisélacréationd’emploisqualifiés, laissant sur le bord du chemin de la fameuse « intégration» nombre de classes populaires, dont les immigrés et leurs enfants constituent aujourd’hui l’un des gros bataillons. La droite a cru bon d’appeler à la simpliste « baisse de l’immigration légale ». Mais les flux s’adaptent d’abord à l’offre et à la demande de travail. Si le nombre d’entrées autorisées n’est pas en adéquation avec le marché – comme actuellement– serrage de vis ne fait fuir que les plus qualifiés. Mais, à gauche, les thèmes de la « démondialisation» ou d’un protectionnisme renforcé, qui, la primaire socialiste l’a rappelé, reçoivent un écho croissant, constituent par définition une forme de «repli sur soi », incompatible avec des incantations pro-immigration. Alors que, chiffres oubliés, les destructions d’emplois sont dues pour moins de 5% aux délocalisations. Clarifier sa position en matière de mondialisation économique serait pour le candidat socialiste à laprésidentielleunefaçondepréciserla sienneen matièred’immigration. Car de ses contradictions peuvent naître de terribles désillusions, chez tous ceux, justement issus de l’immigration – notamment maghrébine – qui votent majoritairement pour lui. p Elise Vincent [email protected] www.lemonde.fr/dosdoc -------------------------------------------Dossier réalisé avec Alain Binet, agrégé d’histoire-géographie, professeur au lycée Janson-de-Sailly à Paris (16e). Rédactrice en chef: Novembre 2011 2,95 Catherine Pacary. Recherche iconographique: AmaurydaCunha. Infographies etdocumentation Le Monde. pour mettre en perspective l’actualité et comprendre le monde qui nous entoure A ce numéro est joint un encart « Le Monde culture 26 0123 Vendredi 11 novembre 2011 Les portraitistes africains, stars de Paris Photo Célèbre mais sous-cotée, la photo de studio est au cœur d’un Salon placé sous le signe du continent noir L e collectionneur Artur Walther, qui expose sa collection de photos africaines à la Foire Paris Photo, a une tendresse pour le portraitiste malien Seydou Keïta, mort en 2001. Dans les années 1960 et 1970, ce dernier a immortalisé toute la bourgeoisie, entre boubous ettenues occidentales. « Regardez-moi cette pose ! », s’enthousiasme Artur Walther devant trois jeunes hommes à l’air digne, costume sombre, cigarette au bec. Et pourtant, la star de la photo de studio africaine, présent dans les grandes institutions, dépasse rarement les 10 000 euros dans les ventes aux enchères. A Paris Photo, les photos de Keïta les plus chères sont chez agnès b., qui possède de rares exemplaires signés de l’auteur : des tirages immenses (127 x 180) et tardifs à 60 000 euros. On trouve aussi des tirages d’époque chez André Magnin : ce marchand qui fit connaître l’œuvre de Seydou Keïta dansles années1990, avec le collectionneur Jean Pigozzi, propose des petits formats des années 1960, plus ou moins jaunis, de 8 000 à 15 000 euros. Pourquoi ces prix si raisonnables ? Toute la photo de studio africaine a du mal à coller aux critères du marché. Les studios, qui ont Autour de Paris Photo Au Grand Palais 117 galeries et 23 pays représentés, 18 éditeurs. Grand Palais, avenue Winston-Churchill, Paris 8e. Du 10 au 13 novembre, de 12 heures à 20 heures. Vendredi jusqu’à 21 h 30. Dimanche jusqu’à 19 heures. De 12 à 25 euros. Catalogue 412 p., 25 euros. Ventes aux enchères Le 11 novembre, 100 photos provenant de la Fondation Henri-Cartier-Bresson, chez Christie’s, 9, avenue Matignon, Paris 8e. Tél. : 01-40-76-85-85. Le 12 novembre, Photographies d’Irving Penn, chez Christie’s. Photographies chez Sotheby’s, galerie Charpentier, 76, rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris 8e. Tél. : 01-53-05-53-05. De gauche à droite : « Sans titre » (1977), de Seydou Keïta. DR « Sans titre » (1957-1959), de Seydou Keïta. MAGNIN-A En bas : « Yéyé en position 1963 », de Malick Sidibé. MAGNIN-A/MALICK SIDIBÉ Les photos en vente sont en majorité des tirages modernes, qui suivent unchemin compliqué fleuri en Afrique des années 1940 aux années 1970, produisaient une photo commerciale. Il reste peu de tiragesd’époque, les « vintage» prisés des collectionneurs. « Les “vintage” existent, mais ils sont dans les familles des clients », explique André Magnin. Les portraitistes comme Seydou Keïta ou Malick Sidibé, devenus les deux phares de la photo africaine historique, ont été reconnus en Occident dans les années 1990. A cette date, les studios avaient fermé, négatifs et archives avaient souvent disparu, jetés ou brûlés. Le photographe Mama Casset, mort en 1992, l’un des plus réputés du Sénégal, a vu son studio brûler en 1984. « Entre la collection de la famille et la nôtre, il doit rester 150tirages, éblouissants, mais c’est très peu », dit Jean-Loup Pivin, fondateurdela Revue noire.Ce magazi- Dptaillant-grossiste vend au[ Sarticuliers les Slus grandes marTues ”au meilleur Sri[” * Voir conditions sur www.mobeco.com MATELAS - SOMMIERS CANApéS - SALONS - CLIC-CLAC CONVERTIBLES pOUR COUChAGE qUOTIDIEN DIVA - CASANOVA - BUROV - DESIGNERS GUILD NEOLOGY - NICOLETTI - LELEU - MARIES CORNER - ETC ... TRECA - TEMpUR - SIMMONS - pIRELLI D U N LO p I L LO - BU LT E x - E p E DA - E TC . . . 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Ces tirages ne sont pas numérotés : « Ça n’a aucun sens », insiste Simon Njami, commissaire d’exposition et autre fondateur de la Revue noire. « Ces gens étaient des artisans. » Pour lui, le système actuel, qui veut transformer des studiotistes en artistes, est absurde. « Malick Sidibé récompensé par un Lion d’or à la Biennale de Venise ? C’est une blague. Comme fairedestiragesgéantspourles images de Seydou Keïta : ça dénature l’objet, on rentre dans un discours d’art contemporain totalement mensonger. » Longtemps, la photo de studio africaine a pâti d’une réputation sulfureuse. Bien des photographes africains, trop naïfs, ontsigné des contrats sans les comprendre, ont cédé à bas prix des négatifs qu’ils n’ont jamais revus. Circuleraient aujourd’hui des tirages de Malick Sidibé de mauvaise qualité et d’origine douteuse. L’œuvre de Seydou Keïta a été l’enjeu d’un long procès dans les années 2000 : il a opposé le galeriste Jean-Marc Patras, qui avait fait signer un contrat d’exclusivité au photographe peu avant sa mort, et le duo André Magnin-Jean Pigozzi, qui l’avait représenté jusqu’alors. En 2008, la justice a tranché en faveur des seconds. Plus récemment, un conflit a pointé autour du photographe sénégalais Oumar Ly, 69 ans : promu par la journaliste Frédérique Chapuis, exposé aux Rencontres de Bamako en 2009, il est distribué en exclusivité par la galerie Les Filles du calvaire, qui vend ses images à Paris Photo entre 750 et 1 500 euros. Mais Jean-Claude Thoret, ancien directeur du Centre culturel français de Dakar, se dit l’agent du photographe, et propose des photos sur son site Internet. « Cela nous empêche de numéroter les tirages,nousnepouvons pas garantir les éditions limitées », explique Foires parallèles Photo off, Salon de la photo émergente, du 11 au 13 novembre, La Bellevilloise, 21, rue Boyer, Paris 20e. Fotofever, du 11 au 13 novembre, Espace Pierre-Cardin, 3, avenue Gabriel, Paris 8e. Offprint, Salon de l’édition indépendante, du 10 au 13 novembre, 21-24, rue Ganneron, Paris 18e. Nofound Photofair, Foire de la photographie contemporaine, du 11 au 14 novembre, 66, rue de Turenne, Paris 3e. MarieDoyon, de la Galerie les Filles du calvaire. Au-delà des questions de droits et de marché, les images de tous ces photographes de studio souffrent d’un problème plus sérieux : la majorité des négatifs, conservés à leur domicile dans des conditions précaires, sont gravement détériorés. Au Musée national de Bamako, un projet pilote a été lancé pour sauver ce patrimoine : 500 négatifs de trois photographes maliens, Soungalo Malé, Abderramane Sakaly, Malick Sidibé, ont été numérisés et inventoriés. Pour le directeur, Samuel Sidibé, « Il y a urgence, ces négatifs sont dans un état épouvantable. » Mais la question n’est pas réglée. Les familles, qui voient désormais dans les négatifs une promesse de revenus, refusent catégoriquement de s’en séparer. p Claire Guillot A Bamako, une biennale qui dénonce l’Afrique dépotoir Bamako Envoyée spéciale Des navires antédiluviens qui rouillent sur la plage. Des monceaux d’ordinateurs brûlés. C’est le triste spectacle d’une Afriquedépotoir qu’ont offert cette année les invités des Rencontres de Bamako. La biennale africaine de photographie a choisi d’intituler sa neuvième édition « Pour un monde durable » : un thème dans l’air du temps, mais aussi un piège pour certains artistes enfermés dans le constat à l’emporte-pièce. Il faut dire qu’en Afrique les photographes n’ont pas à chercher bien loin pour trouver des exemples d’atteinte à l’environnement. George Osodi, qui a travaillé sur le delta du Niger pollué par l’industrie du pétrole, a grandi dans la chaleur des torchères : « Quand j’étais enfant, raconte-t-il, il y avait en permanence une lumière orange au fond de la cour. Le sujet s’est imposé de lui-même.» Le photographe a lutté contre la censure des compagnies pour montrer un paysage apocalyptique, rongé par les flammes et les fumées. « Autrefois, les gens faisaient sécher le tapioca au soleil toute une journée. Aujourd’hui, il suffit de deux heures. Sauf que les gens mangent du poison.» « Déni général » Le Burkinabé Nyaba Ouedraogo a fini son reportage au Ghana avec de violents maux de tête et le souffle court : dans le marché d’Agbogbloshie, des enfants de 10 ans brûlent à mains nues les ordinateurs –les nôtres – pour récupérer le cuivre. De ces lieux pollués par le plomb et le mercure, le photographe a tiré des visions inquiétantes, où les carcasses d’ordinateurs ressemblent aux tours d’une ville de science-fiction. Mais il n’a pas seulement voulu dénoncer les pays du Nord : « C’est facile d’accuser l’extérieur. A Londres, il y a une forte communauté ghanéenne, c’est elle qui s’occupe d’envoyer les ordinateurs usagés ici.» Nyaba Ouedraogo voulait s’adresser aux Africains, mais a-t-il réussi? « J’ai montré mes images en Europe, mais la presse africaine ne les a pas publiées. » Le Sud-Africain Pieter Hugo, qui a remporté le prix Seydou-Keïta à Bamako avec des portraits sur le même sujet, regrette de n’avoir pu montrer son travail que «dans des galeries d’art en Europe ». Et même si George Osodi a réussi à exposer au Nigeria, il n’a pas provoqué de débat : « Je voulais inciter la jeune génération à changer de modèle. Mais il y a un déni général. » Au milieu de ces visions terribles, quelques photographes ont heureusement trouvé à inventer des images oniriques. Kiripi Katembo s’est servi des inondations à Kinshasa (République démocratique du Congo) pour créer des images à partir des reflets des flaques d’eau : bou- teilles en plastique, rochers et détritus semblent flotter dans les airs au milieu de la ville. Quant au Malien Bakary Emmanuel Daou, il a transformé des sacs en plastique en petits ballons de lumière : il les promène dans une ville peuplée de symboles du temps qui passe, entre baobabs et frigos délabrés, entre nature et consumérisme échevelé. p Cl. G. Rencontres de Bamako, jusqu’au 1er janvier 2012. Une sélection des images est visible à la Foire Paris Photo. Les espaces événementiels du 123 0123 met à disposition son auditorium (capacité de 150 places), avec possibilité de projection, ainsi que son hall d’accueil pour l’organisation de vos manifestations. Paris, 13 e arr. Renseignements et demande de devis à l’Agence Clé : [email protected] ou 01 44 88 91 56 0123 culture Vendredi 11 novembre 2011 La Grande Guerre s’expose à Meaux, sans sang, sans cris, sans larmes Riche et documenté, le musée qui ouvre le 11novembre pèche par une douteuse mise en scène Exposition Théâtre Rennes Envoyée spéciale I Des tranchées et un coin de champ de bataille ont été reconstitués. CYRILLE WEINER/MYOP POUR « LE MONDE » rien Marc Ferro, concours architectural, gagné en 2008 par Christophe Lab, première pierre en avril 2010, fin des travaux cet automne. Le budget global est de 28 millions d’euros, la moitié à la charge de la communauté d’agglomération,11millionsd’eurosrépartis entre région Ile-de-France (6,2 millions), conseil général de Seine-et-Marne (2,3 millions) et Etat (2,1 millions) et 3 millions de mécénat d’entreprises. D’une surface totale de 7 000 m2, le musée en consacre 3 000 aux collections permanentes et 300 aux manifestations temporaires. Christophe Lab a tiré parti de la pente de la colline – autour de 7 % – pour dessiner un bâtiment simple, plateau d’un seul tenant, d’une grande commodité d’usage. A l’extérieur, ce parallélépipède plat revêtu de métal se distingue peu des entrepôts de la zone industrielle proche et fait avec le monument américain tout en hauteur et en courbes un étrange contraste. A l’intérieur,il offrel’espaceetla hauteur nécessaires à une présentation qui cultive le spectaculaire. Deux avions sont suspendus au plafond, un char Renault gravit un plan incliné, pièces d’artillerie et mitrailleuses pointent leurs canons en tous sens. Le cœur du musée est une nef où l’on n’a pas craint de reconstituer des tranchées, des abris et un coin de champ de bataille à grand renfort de planches, branches, sacs de terre, cratères de plâtre, barbelés et casemates bétonnées. D’autres reconstitutions occupent des vitrines, peuplées de mannequins habillés d’uniformes d’époque, casqués et armés d’accessoires authentiques. On n’avait rien vu de tel depuis la tranchée « son et lumière » de l’Imperial War Museum de Londres, curiosité muséographique que l’on croyait appartenir désormais au passé. Un arsenal astiqué La réalisation est d’un professionnalisme irréprochable, mais elle trouve vite ses limites. Figer la guerreen dioramas, sijoliment réalisés et éclairés soient-ils, est-ce le meilleur moyen de donner à percevoirson horreur ? On peut craindre que nombre de visiteurs – on en attend autour de 100 000 par an – perdent de vue la réalité du carnage pour admirer des armes si bien restaurées et repeintes, des uniformes si propres sur leurs manne- quins qui ne saignent pas, qui ne sentent pas, qui ne crient pas. Les amateurs de militaria seront enchantés de pouvoir voir de près et dans le plus grand calme les détails techniques des mitrailleuses et des mortiers, mais a-t-on besoin d’un tel arsenal astiqué pour affirmer que cette guerre permit des progrès techniques aussi rapides que meurtriers ? Certes, une section est consacrée à la médecine et à la souffrance. Les troupes coloniales, lancées au carnage sans grand souci de préserver la vie des soldats, sont évoquées. Mais ni les mutineries de 1917, ni la révolution russe, ni le pacifisme… Entre une louable volonté d’information, le désir maniaque de l’exhaustivité – tous les uniformes de toutes les nations engagées sont là – et des concessions discutables au spectacle, le Musée de la Grande Guerre peine à trouver le ton juste. p Philippe Dagen Musée de la Grande Guerre, route de Varreddes, 77100, Meaux. Tél. : 01-60-32-14-18. Du mercredi au lundi de 10 heures à 17 h30 d’octobre à avril, de 9 h 30 à 1 8 h 30 de mai à septembre. 10 ¤. Judith Scott: trisomique, sourde, muette, et géniale Le Collège des Bernardins, à Paris, consacre une exposition à ses entrelacs de fils Art était susceptible de leur attribuer, on ne peut que les supposer, avec prudence. Des photos montrent leur créatrice les prenant dans ses bras, mais ce n’est pas là un indice suffisant pour proposer une interprétation de type psychanalytique. Autre question sans réponse : jusqu’à l’âge de 44 ans, Judith Scott paraît n’avoir manifesté aucune propension particulière à la fabrication de quoi que ce soit. Elle s’est ensuite consacrée entièrement à cette activité. Cette révélation demeure tout aussi peu explicable que l’invraisemblable science des volumes et des couleurs qui se manifeste immédiatement dans ces assemblages. Aussi sort-on de la visite à la fois ébloui et perplexe, ce qui est ce que l’on peut attendre de mieux d’une exposition. p L a sacristie du Collège des Bernardins est une haute salle gothique, où étaient conservés jadis les instruments du culte, chasubles, coiffes, coupes. Sans doute est-ce en mémoire de cette fonction que sont présentés là les objets de Judith Scott, qui tiennent du reliquaire et de la broderie. Judith Scott (1943-2005) était atteinte de trisomie, sourde et muette. Après d’autres institutions qui ne lui convenaient guère, elle finit par être accueillie en 1986 par le Creative Growth Art Center d’Oakland (Californie). Placée pour la première fois dans des conditions qui encouragent la création, elle invente alors vite sa façon de faire : nullement le dessin, auquel on l’invite, mais l’assemblage. Dérobant des objets – un skateboard, un parapluie, des magazines –, elle les réunit en les ligotant et les recouvrant de fils de laine de toutes les couleurs. Le plus souvent, ils disparaissent sous l’écheveau, et leur forme originelle n’est souvent plus guère reconnaissable. Des cités à la scène, l’histoire d’une ascension Lazare est son nom. Illettré devenu ouvreur chez Nordey, il est le metteur en scène à suivre P ar deux fois, en septembre 1914 et d’avril à juin 1918, le franchissement de la Marne a été l’enjeu de combats décisifs. En 1918, l’intervention des troupes américaines a largement contribué à l’arrêt de l’avancée allemande. En 1932, sur une colline au-dessus de Meaux, un monument fut donc élevé par les Etats-Unis, La Liberté éplorée, groupe du sculpteur Frederick MacMonnies. Désormais, son œuvre domine leMusée de la Grande Guerre, inauguré le 11 novembre. C’est là l’épilogue d’une histoire mêlant initiativeprivéeetdécisionpolitique.L’initiative, strictement personnelle, est celle d’un photographe, JeanPierre Verney, qui commence dans les années 1960 à acheter tout ce quiatraitàlapremièreguerremondiale. Il fréquente systématiquement puces, brocantes, ventes aux enchères. Jusque dans les années 1980, le sujet n’intéresse guère et les prix sont assez bas pour que, sans moyens financiers considérables, Jean-Pierre Verney accumule au fil du temps autour de 20 000 objets et de 30 000 documents. En 1983, première reconnaissance de son action : le ministère des anciens combattants luiconfie l’organisation d’expositions, cinq, une parannéedeguerre.Dèscettepériode, la question de la conservation de l’ensemble se pose. Aucun muséefrançais ne l’accueille. Après le Mémorial de Caen en 1988, l’Historial de Péronne est inauguré en 1992 et le Centre mondial de la paix de Verdun en 1995, mais sans lui. Au début des années 2000, des musées font des offres d’achat, à Berlin et à Boston. Au même moment, en 2004, Jean-Pierre Verney monte une énième exposition, à Meaux. Il rencontre à cette occasion Jean-François Copé, actuel secrétaire général de l’UMP, député, maire de la ville. Lequel, surpris par l’immensité des collections, propose à Jean-Pierre Verney de leur construire un musée. La communauté d’agglomération du pays de Meaux les acquiert en octobre 2005 pour un montant presque symbolique – 600 000 euros – au regard de leur valeur actuelle. Le processus qui s’ensuit est classique : création d’un conseil scientifique, présidé par l’histo- 27 Œuvre sans titre de Judith Scott (1943-2005). CREATIVE GROWTH ART CENTER On dirait les cocons filés par un insecte d’un autre monde, une araignée artiste, dans le genre de celles auxquelles Louise Bourgeois donnait vie. Les excroissances de ces volumes indescriptibles, leurs dimensions importan- tes, le chatoiement des entrelacs de fils : grâce à ces qualités, ces objets prennent possession de l’espace avec force. Ce qu’ils signifiaient pour Judith Scott, les fonctions psychiques ou symboliques qu’elle Ph. D. « Judith Scott. Objets secrets », Collège des Bernardins, 20, rue de Poissy, Paris 5e. Tél. : 01-53-10-74-44. Du lundi au samedi, de 10 heures à 18 heures, dimanche et jours fériés de 14 heures à 18 heures. Entrée libre. Jusqu’au 18 décembre. l s’appelle Lazare, et son héros, Libellule. Juste un prénom – le sien – pour cet auteur-metteur en scène-improvisateur de 36 ans, qui commence à beaucoup faire parler de lui. Après avoir été présenté à L’Echangeur, à Bagnolet (la salle en pointe sur la découverte de nouveaux talents) en mars, son spectacle Au pied du mur sans porte est programmé par l’excellent festival « Mettre en scène » du Théâtre national de Bretagne, où Lazare se retrouve en compagnie de Romeo Castellucci, Thomas Ostermeier, Krzysztof Warlikowski ou François Tanguy. Au pied du mur sans porte le dit bien : Lazare n’avait a priori aucune raison de voir s’ouvrir en grand devant lui les portes du théâtre français. De son enfance entre les tours de Bagneux (Hauts-de-Seine), on ne saura pas grand-chose, tant est tenace la crainte d’« être réduit au garçon de banlieue » chez cet homme dont le regard semble demander réponse à la tristesse, sous le petit chapeau de musicien gitan. « Si je me mets à raconter ma vie,on tombevite dans un misérabilisme qui me fait fuir. Je ne veux pas être enfermé dans le roman communiste de l’Arabe qui s’en sort. » Des errances de sa jeunesse, on saura juste qu’elles le mènent jusqu’au Théâtre du Fil, qui est le joli nom du théâtre de la Protection judiciaire de la jeunesse. Le jeune homme qui y arrive ne sait ni lire ni écrire. Il commence à déchiffrer « en apprenant des poèmes par cœur » et à écrire en transcrivant ses propres textes. Un jour, il pousse la porte du Théâtre GérardPhilipe de Saint-Denis, dont Stanislas Nordey vient de prendre la direction. Nordey engage comme ouvreur ce garçon qui vit le théâtre comme une résurrection. A Saint-Denis, Lazare voit et revoit, de soir en soir, les spectacles de François Tanguy, de Jean-François Sivadier et surtout de Claude Régy, qui le prend sous son aile. Il écrit et met en scène trois pièces, Orcime et Faïence, Cœur Instamment Dénudé et Purgatoire, mais Nordey lui conseille de rentrer à l’école du Théâtre national de Bretagne, où il poursuit sa formation de 2000 à 2003, avec Tanguy, Régy, François Verret ou Bruno Meyssat. « Mais mon école, ça a quand même été la vie », souffle-t-il. Son spectacle est à son image, comme le précédent créé avec sa compagnie Vita Nova. Intitulé Passé – je ne sais où, qui revient, il évoquait les massacres de Guelma, en Algérie, moins connus mais aussi meurtriers que ceux de Sétif, en mai 1945 : à mille lieues de toute vision naturaliste et misérabiliste de la banlieue. Il conte, en un mélange de poésie textuelle et sonore proche du slam, d’art brut, d’étrangeté langagière propre à déjouer les clichés, l’histoire de Libellule, son double, dont le prénom lui a été inspiré par le film de Rainer Werner Fassbinder, Tous les autres s’appellent Ali (1974). Au début d’Au pied du mur sans porte, Libellule a 7 ans. Il a « un retard d’école », comme dit sa mère, porte un cartable plus grand que lui et d’énormes lunettes qu’il perd sans cesse, tout « tourdi » qu’il est, comme sa Carte orange et ses habits. Les jours de pluie, il s’égare dans les flaques, où il rencontre son jumeau mort avant d’être né, « le Double ». « Dis à maman que je suis passé », deman- Lazare a écrit et mis en scène « Au pied du mur sans porte ». HELÈNE BOZZI de celui-ci à Libellule, petit garçon sans père, « fait de deux moitiés différentes, l’œil gauche toujours triste et l’autre qui brille de gaieté, un pied qui trébuche et l’autre qui joue au foot », dit sa mère. Alors, évidemment, avec tout ça, le psychiatre et le renvoi menacent, dans la petite école entre les tours. « Voilà y a quelque chose/Chez toi qu’est mal/T’arrives pas à travailler/T’arrives pas à faire ça et ça/Parce qu’il y a des gens méchants/Qui font la méchanceté méchante », se révolte la mère, qui fait venir un magicien qui tient du charlatan déguisé en sorcier africain. Pendant ce temps, l’adolescence pointe son nez, entre les terrains vagues, les halls et les caves d’immeuble de la cité du Couvercle. Libellule a 15 ans, puis 17, il entre dans la ronde formée par JR, le dealer, le Policier (ainsi nommé) et les amis perdus par la drogue, Le Criquet ou Loula. Il a abandonné Un mélange de poésie textuelle et sonore proche du slam, d’art brut, d’étrangeté langagière propre à déjouer les clichés « l’école, la maison, tout, quoi », et se dit qu’il est « un Français sans France ». On ne racontera pas ce qui advient alors, dans ce spectacle où les peintures inspirées d’exvoto mexicains, les – vrais – dessins d’enfants, le travail sonore étrange et délicat de Benjamin Colin composent un univers qui ne ressemble à aucun autre. Les acteurs Mourad Musset (Libellule), Anne Baudoux (la mère), l’extraordinaire lutin Axel Bogousslavski (L’Autre), et ClaireMonique Scherer, Yohann Pisiou et Julien Lacroix, qui jouent plusieurs rôles, les musiciens Guillaume Allardi et Benjamin Colin, jouent-chantent-profèrent sans jamais tirer vers le réalisme ce que Claude Régy a défini chez Lazare comme « les éclats d’une métaphysique analphabète ». Lazare, donc, un garçon que le prénom destinait à revenir d’entre les morts, et qui n’a voulu garder que cette identité visible. Il a bien trouvé la porte au pied du mur, avec son théâtre salvateur, qui cherche à « ouvrir les carapaces humaines » pour nommer le monde de manière sensible. p Fabienne Darge Festival Mettre en scène, à Rennes, jusqu’au 19 novembre. « Au pied du mur sans porte », texte et mise en scène de Lazare. Jusqu’au 12 novembre, au Théâtre du Vieux-SaintEtienne, à Rennes. Puis à Sartrouville et à Nantes à l’automne 2012. 28 0123 culture Vendredi 11 novembre 2011 «Le bel canto n’était couvert ni par l’Opéra-Comique ni par l’Opéra de Paris» Michel Franck, directeur d’un Théâtre des Champs-Elysées flambant neuf, dévoile ses projets Entretien N ommé en 2008 à la tête du Théâtre des Champs-Elysées (TCE), Michel Franck (54 ans), a pris ses fonctions en 2010 pour un mandat de cinq ans. Cethéritierdesmagasinsdeconfection Franck & Fils a fait ses classes auprès de Jeanine Roze, dont il administreles fameux Concerts du dimanchematin dès1978.Ildeviendra son associé dans la production de concerts en 1995, après que l’entreprisefamiliale,dont ilétait directeur général, fut cédée en 1994 au Bon Marché. C’est à ce titre que ce découvreur de talents, amateur de voix, fournissait une partie des concerts au TCE. Celui-ci, propriété de la Caisse des dépôts (qui fournit 7 des 19 millions d’euros du budget global), rouvre ses portes après quelques mois de travaux. Michel Franck s’explique. Vous présentez une saison tronquée par d’importants travaux… Nous ne proposons, en effet, que 160 levers de rideau au lieu des 230 habituels. Mais ces travaux étaient nécessaires. Après une amélioration de l’acoustique en 2005 – installation d’un plancher en bois, d’une nouvelle conque sur le plateau –, il nous fallait garantir la polyvalence de la salle entre concerts symphoniques et productions lyriques. Je me demandais comment la fosse avait pu accueillir en 1913 la création du Sacre du printemps de Stravinsky, et ses 92 instrumentistes, Michel Franck dans les coulisses du Théâtre des Champs-Elysées. SIMONE PEROLARI POUR « LE MONDE » alors qu’avant travaux elle n’en pouvait contenir qu’une petite soixantaine. Après avoir récupéré cet espace grignoté par les aménagements successifs, nous nous sommes donc attelés à la restauration des dessous en remplaçant le système des élévateurs et, à l’aide de structures légères et démontables, en simplifiant les changements de configuration du plateau, des gradins d’orchestre au plancher lyrique. Depuis votre arrivée, que vous placiez sous le signe de la continuité, de nouvelles orientations apparaissent. La plus flagrante est l’ouverture au bel canto… Cette année, nous affichons effectivement Donizetti (Don Pasquale) et, en version de concert, Les Capulet et les Montaigu de Bellini, le premier Verdi avec Oberto… C’est un répertoire qui n’est couvert ni par l’Opéra-Comique, ni par l’Opéra de Paris, encore moins LES MESSAGES SECRETS du Général de Gaulle - Londres 1940 - 1942 par le Châtelet, qui est devenu le chantre de la comédie musicale. Certains s’étonnent que l’opéra baroque ne soit plus si bien servi… Et aussi que vous programmiez Wagner… La Didone, de Cavalli, avec William Christie, Giulio Cesare et Theodora, d’Haendel, Farnace et Giustinode Vivaldi, l’Orfeode Monteverdi… C’est peu ? La musique baroque est encore présente, ce d’autant qu’elle a toujours le vent en poupe : ce sont les concerts qui se remplissent en premier. Quant à Wagner, je ne vois pas pourquoi j’exclurai ce compositeur, qui est un de mes favoris, alors que nous avons les moyens de l’accueillir… Je précise aussi que je tiens à présenter de l’opéra contemporain comme, la saison dernière, Passion, de Pascal Dusapin. Vous avez dit que vous n’auriez jamais l’audace d’un Gérard Mortier imposant à l’Opéra de Paris des metteurs en scène dont le radicalisme peut rebuter une partie du public… EXPOSITION du 10 novembre 2011 au 12 mai 2012 …Car le public du Théâtre des Champs-Elysées, composé pour une bonne moitié de personnes aisées habitant les beaux quartiers de l’Ouest parisien, ne suivrait pas. Je constate d’ailleurs que les versions d’opéra en concert se vendent toujours plus vite que les représentations scéniques ! Mais pas question pour autant de favoriser le conventionnel ! Je suis heureux de proposerune Flûte enchantée de Mozart, mise en scène par William Kentridge, qui n’est pas précisément frileuse. MLM - 11/ 2011 © collection Jean-Pierre Guéno Le TCE et la Salle Pleyel semblent concurrentes en matière d’orchestres invités… P arce qu’elle affiche une blondeur insolente, qu’elle a opté pour une sophistication de diva de l’Upper East Side new-yorkais, Eliane Elias, interprète et compositrice née à Sao Paulo en 1960, n’a pas le profil type de la Brésilienne d’exportation. Sa maison de disques, Universal, veut la positionner dans le cercle des chanteuses de jazz à longs gants – Diana Krall, Fredrika Stahl. Sur son site personnel, sa galerie photo propose des déclinaisons diverses de son talent esthétique, saisie par l’objectif au milieu d’un champ de marguerites colorisées en jaune et rouge, en actrice hollywoodienne au fond d’une limousine, portant robe fourreau, etc. On pourrait en déduire un style de chant virant au glamour. Pas du tout. Son dernier album, paru en mai, est droit. Il s’intitule Light My Fire, car il comporte une reprise alanguie de la chanson des Doors (1966). Il y a d’autres covers, My Cherie Amour, un tube de Stevie Wonder, des standards de la bossa-nova ou des compositions de Gilberto Gil. Pianiste, Eliane Elias tient son côté respectueux de la chose musicale de sa formation classique. Elle a ensuite forgé le velouté de sa voix avec les maîtres de la bossa, Vinicius de Moraes et Tom Jobim. Cette identité croisée a poussé le Théâtre du Chatelet à l’inviter le samedi 12novembre, avec son trio, basse, batterie, guitare. Elle y sera la benjamine d’une case « jazz » attractive (Ahmad Jamal, Jean-Luc Ponty, Bobby McFerrin) que développe le théâtre parisien jusqu’en avril 2012. Car, dès sa sortie de la mégalopole sud-américaine, la jeune Eliane s’est glissée dans la peau du jazz. Le jazz et les crooners nordaméricains, Frank Sinatra en particulier, ont eu une forte influence sur la bossa-nova lors de sa créa- tion à la fin des années 1950. Dans un mouvement de balancier, les artistes phares de cette nouvelle vague brésilienne sont partis voir aux Etats-Unis de quoi il retournait. Tom Jobim y vécut, Sergio Mendes y resta. Ce pape de la fusion tropicale entre jazz, samba, bossa, funk, est devenu résolument californien, promenant ses chemises à fleurs à Los Angeles plutôt qu’à Copacabana, copinant davantage avec Will.i.am des Black Eyed Peas qu’avec les rappeurs des favelas paulistas. En 1964, Astrud et son mari d’alors Joao Gilberto publiaient l’acte de mariage bossa-jazz, The Girl of Ipanema, avec Stan Getz. Trait d’union Tout cela donne une coloration particulière à cette musique, un son brillant, direct et orthodoxe, dans lequel Eliane Elias baigne, à l’aise dans son chant, dans sa peau d’Américaine(s), ici délibérément mis au pluriel car il s’agit bien d’un trait d’union entre le Nord efficace (New York) et le Sud du Nouveau Monde. Depuis 1981, Eliane Elias vit à New York. On trouvera plus aisément des comptes rendus de ses spectacles et de ses disques dans le New York Times que dans l’Estado de Sao Paulo. Au pays de braise, l’éloignement passe parfois pour une désertion. L’heureux piège qui fixa Eliane Elias chez les Yankees a pour nom Steps Ahead, groupe de jazzfusion où elle tenait le piano aux côtés du saxophoniste Michael Brecker, du vibraphoniste Mike Mainieri, du bassiste Eddy Gomez et du batteur Peter Erskine – elle avait 22 ans, des cheveux châtains, et tenait la dragée haute aux jeunes génies du jazz mutant qui l’avaient embarquée dans leur aventure. p Véronique Mortaigne Musique Hausse des ventes en ligne Les ventes mondiales de musique numérique devraient atteindre cette année 6,3 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros), soit une progression de 7 %, portées par le boom des services en ligne comme iTunes d’Apple ou le site musical Spotify, a indiqué mardi le cabinet d’études Gartner. Celui-ci prédit que les ventes de CD, affectées par le piratage et la concurrence des offres en ligne, vont poursuivre leur déclin. Gartner s’attend à ce que les services par abonnement atteignent 2,2 milliards de dollars (1,5 milliard d’euros) de chiffre d’affaires d’ici à 2015 et qu’ils représentent 29 % du total des dépenses musicales en ligne. – (Reuters.) Art 6 000 objets volés à Drouot visibles sur Internet Un inventaire à la Prévert : tableaux, sculptures, bronzes, statuettes d’art primitif, photos de famille, argenterie, vins fins, jouets anciens, les photos de six mille objets détournés lors des trafics découverts à l’Hôtel Drouot à Paris sont visibles depuis le 9 novembre sur un site (avisderecherches.interieur.gouv.fr) ouvert à la demande du juge d’instruction Alain Philibeaux, chargé du dossier. Qui précise que « toute personne ayant confié à l’Union des commissionnaires de l’hôtel des ventes (UCHV) la manutention d’une succession à Paris ou en province directement ou par l’intermédiaire d’un notaire ou d’un commissairepriseur peut désormais et jusqu’au 28 février 2012, consulter les photographies des objets retrouvés ». – (AFP.) Pas vraiment. Pleyel reçoit la Philharmonie de Berlin, le TCE celledeVienne. Laurent Bayle[ledirecteur de Pleyel] privilégie les artistes établis et vendeurs, alors que je veux penser avant tout aux jeunes chefs en lesquels je crois depuis longtemps : Yannick Nézet-Séguin et Andris Nelsons, par exemple. Ils ne sont pas à la tête de formations reconnues comme vedettes – la Philharmonie de Rotterdam pour le premier, le Symphonique de Birmingham pour le second –, mais leur travail m’a depuis longtemps passionné. Ils occupent des minirésidences au TCE. Mais vous accueillez en résidence permanente l’Orchestre national de France… 222 bd Saint-Germain - 75007 Paris - Tél. : 01 42 22 48 48 - www.museedeslettres.fr Eliane Elias, le chant de la dame des Amériques Il a sa propre saison de concerts etest locataire de la salle. En contrepartie de cette exclusivité, nous pouvons leur demander la participation gracieuse à deux productions lyriques par an. Cette année, l’ONF jouera Oberto de Verdi. p Propos recueillis par Renaud Machart et Marie-Aude Roux Plantudévoilesondessindujour au micro d’Agnès Soubiran sur France Info vendredi à 11h45 avec franceinfo.fr & vous 0123 Vendredi 11 novembre 2011 29 Irremplaçables stylos Malgré les smartphones, tablettes et autres gadgets, les stylos n’ont pas disparu de nos vies devenues numériques. Ils sont d’abord des objets de collection comme ce Golden Rose, de Namiki, qui marie différentes techniques traditionnelles japonaises (9 000 euros). Une rose est sculptée selon la technique taka, des feuilles sont façonnées avec des coquillages fêlés incrustés et de la nacre bleutée, la base est saupoudrée d’or et polie (deuxième photo à droite). Caran d’Ache (troisième photo à droite) propose le 1010 Chrono Sport (7 700 euros), ou, plus accessible, le RNX.316 (à partir de 156 euros), bec « noir » en acier inoxydable (photo du bas). Un beau stylo est aussi un signe extérieur de pouvoir. ST Dupont, qui a équipé plusieurs présidents de la République, lance fort opportunément une nouvelle gamme (à partir de 250 euros) baptisée Elysée (photos de gauche), recouverte de la précieuse « laque Dupont ». Les stylos connaissent même des révolutions technologiques. Parker se targue d’avoir trouvé un cinquième mode d’écriture en plus du stylo plume, du stylo bille, du roller et du portemine : une pointe métallique au design moderne offrant une écriture fluide, avec la praticité d’un système de recharge rapide. Baptisé Ingenuity (à partir de 135 euros), l’objet mélange métal et caoutchouc noir (première photo à droite). p Joël Morio (PHOTOS DR) Marions-nous… écoresponsables Roue libre Jean-Michel Normand Environnement et solidarité font de plus en plus partie des préoccupations des futurs époux Tendance R accourcies, déstructurées, reconstruites, réimprimées, rebrodées… Cinquante robes de mariée, provenant d’Emmaüs et transformées par des étudiants de l’Ecole Duperré, école supérieure des métiers du design, de la mode et de la création, sont présentées au Salon du mariage et du pacs, qui se tient à Paris du 11 au 13 novembre. Une incongruité dans un espace traditionnellement réservé aux grands noms de la mode et de la maison. « Certaines robes ont été créées à partir de deux anciens modèles, explique Marie Rochut, professeure à l’Ecole Duperré de Paris. D’autres ont été entièrement recouvertes d’éléments décoratifs, eux-mêmes récupérés ailleurs. » Et toutes seront en vente. Les recettes seront ensuite reversées, à parts égales, à Emmaüs, à l’étudiant créateur, et à l’école, pour financer de nouveaux projets. Faut-il y voir une provocation ? Non, répondent les organisateurs du Salon, mais plutôt le signe d’une évolution. De nouveaux comportements plus responsables, plus écolos et moins tournés vers la consommation apparaissent. L Sur Internet, on peut créer une liste de mariage virtuelle dont les dons iront àdes associations Les gens se marient de plus en plus tard, autour de 30 ans, et sont déjà installés quand ils décident d’officialiser leur union. Finie, donc, la liste de mariage traditionnelle. Les personnes sont équipées, et l’achat de matériel électroménager fait moins recette. Des listes, incluant des projets responsables et solidaires, font leur apparition sur Internet. La société Ameliste propose ainsi, depuis 2009, une liste de mariage « responsable ». Elle permet de déposer des dons au profit d’associations ou d’une mission humanitaire. « Depuis, la tendance n’a cessé d’augmenter, déclare Eric Lassus, cofondateur d’Ameliste. De plus en plus de couples souhaitent s’unir autour d’une expérience qui ait un sens. » Soutenir la réalisation d’une opération de protection de l’environnement, de scolarisation d’enfants : le geste solidaire fait son entrée dans les listes de mariage. Les époux reversent une partie des dons à Orphelins du monde, Bibliothèques sans frontières… Cette tendance est venue d’outre-Atlantique, notamment à travers le site Internet Causes. Un simple clic sur Wishes.causes.com permet de créer une liste de mariage virtuelle dont les dons iront aux associations de son choix. Renault Fluence ZE, électrique et ordinaire Une cinquantaine de robes Emmaüs customisées sont présentées au Salon du mariage et du pacs. DR Par ailleurs, au traditionnel voyage de noces se substitue le voyage solidaire avec un tour-opérateur engagé dans un projet caritatif à l’étranger, comme Planète Urgence ou Arvel voyages. « On a monté à Bali un voyage orienté écotourisme avec la découverte de l’île et une rencontre avec l’association Anak, qui travaille sur la scolarisation des enfants », déclare Emilie Cassar, d’Arvel Voyages, le voyagiste qui a fondé l’Association pour le tourisme équitable et solidaire (ATES) en 2006. «Au Vietnam, nous travaillons avec une association qui s’occupe des enfants abandonnés. A chaque fois, 30 euros à 60 euros, selon le prix du voyage, sont reversés à un fonds de solidarité qui soutient les projets locaux. » « On n’a pas besoin d’être un spécialiste de l’humanitaire pour partir sur le terrain », rappelle Ariane Sylvain-Salvador, de Planète Urgence. L’association propose plusieurs missions, de deux à qua- Le Salon du mariage et du pacs, à Paris, du 11 au 13 novembre Salon du mariage et du pacs, Espace Champerret, Paris 17e. Du 11 au 13 novembre. Vendredi de 14 heures à 20 heures, samedi et dimanche de 10 heures à 19heures. Tarif : 12 euros. Sur le Web Salonmariagepacs.com Emmausavenir.com Ameliste.fr Chiffres 243 000 mariages et 203 882 pac- tes de solidarité (pacs) ont été organisés en France en 2010 contre respectivement 300 000 et 22 000 en 2000 (source : INED). 31,7 : âge moyen des hommes au premier mariage ; 29,8 : âge moyen des femmes au premier mariage (source : INED, 2009). 12 000 euros : budget moyen pour un mariage avec 80 invités (source : Salon du mariage). tre semaines, en fonction des compétences de chaque voyageur (informatiques, pédagogiques…) ou de ses souhaits (protection de l’environnement…). Autre tendance récente, elle aussi venue des Etats-Unis : le green wedding ou « mariage vert », qui séduit de plus en plus de jeunes en France. On part moins loin, pour limiter l’émission de CO2, on recourt à un traiteur bio, on soutient des projets écolos, et, le jour « J », on opte pour une tenue issue du commerce équitable ou en fibres naturelles (coton bio, soie équitable, chanvre, lin, bambou ou encore fibre de bananier) et des bijoux issus du commerce éthique. On recycle d’anciens bijoux en or ou on fait retailler les diamants de grandmère, on loue une robe pour la journée… Green Wedding Time s’est ainsi spécialisé dans l’organisation de mariages plus respectueux de l’environnement. Au fait, n’oubliez pas le covoiturage pour vos invités… p Martine Picouët a Renault Fluence ZE (pour « zéro émission ») est une voiture électrique normale. Banale, même, puisqu’il s’agit de la très sage Fluence, une extrapolation de la Mégane avec une malle proéminente. Les 13 centimètres supplémentaires octroyés à la partie arrière, afin de loger les batteries sans (trop) rogner sur le volume du coffre, ne contribuent pas à alléger la silhouette de cette longue voiture (4,74 mètres). Cette absence d’originalité mérite d’être saluée. Car c’est aussi avec des modèles ordinaires que l’automobile électrique s’intégrera dans la vraie vie. En attendant 2012 et l’arrivée du quadricycle Twizy et de la future Zoe – conçus comme des véhicules 100 % électriques –, la Fluence ZE est la première Renault électrique destinée au grand public. Son prix (20 900 euros), équivalent à celui d’une Fluence diesel, se comprend une fois déduite la prime de 5 000 euros accordée aux véhicules électriques mais n’intègre pas la location des batteries (à partir de 82 euros par mois). Pour autant, le coût à l’usage de la Fluence ZE défie toute concurrence : 1,30 euro aux 100 kilomètres et des dépenses d’entretien inférieures de 20 % à celles d’un modèle conventionnel. Installé aux commandes, on ne ressent pas vraiment le frisson de l’innovation technologique. L’aménagement intérieur n’a rien d’innovant ni d’affriolant. L’instrumentation fait dans le classique, hormis un indicateur de charge et un discret économètre. Contrairement à d’autres modèles, l’ordinateur de bord évite d’afficher de trop brutales variations du calcul de l’autonomie afin de ne pas perturber le conducteur. Avec une charge complète (10 heures sur une prise ordinaire, 6 heures sur une Wall Box, l’équipement de recharge rapide), il est possible de parcourir jusqu’à 180 kilomètres sur route. En ville, tabler sur 90 kilomètres semble raisonnable. Ces honorables prestations peuvent paraître limitées au regard des performances d’une automobile à moteur thermique mais elles sont suffisantes pour réaliser de petits déplacements. Ces caractéristiques destinent surtout la Fluence ZE – qui vise essentiellement les marchés israélien et danois disposant d’un maillage très développé de stations de recharge électrique – à des flottes d’entreprise. En revanche, conduire une voiture électrique demeure un exercice qui échappe à la banalité. On Avec une charge complète, il est possible de parcourir jusqu’à 180kilomètres sur route, 90 en ville apprécie le silence de fonctionnement et l’agrément de conduite en dépit du poids (1,6 tonne) de la Fluence ZE. Tout incite à rouler en souplesse en mettant à profit l’extrême élasticité du groupe électrique développant 70 kW (environ 95 ch). En pratique, on sollicite à peine la pédale de frein – l’inertie du moteur est suffisante – à condition d’anticiper les aléas du trafic. Et puis, de temps en temps, il n’est pas interdit de s’autoriser un petit plaisir. En accélérant franchement lorsque le feu passe au vert, on laisse tout le monde sur place… Avec son couple constant, le moteur électrique fait instantanément bondir la Fluence ZE. p La première Renault électrique destinée au grand public. RENAULT 30 météo & jeux < -10° -5 à 0° -10 à -5° 0 à 5° 5 à 10° Vendredi 11 novembre Calme et doux 10 à 15° 1000 13 16 50 km/h D 10 17 4 10 Rennes 11 17 Orléans 3 9 Besançon 11 18 10 15 Clermont-Ferrand Limoges 7 18 9 18 H Londres 1 10 1010 Lyon Montpellier Marseille 11 17 13 19 Ankara 10 18 Aujourd’hui Front froid Occlusion Thalweg Lever 17h24 Coucher 08h34 9 15 10 16 10 18 11 20 3 13 18 13 22 9 17 14 20 13 18 Amsterdam Athènes Barcelone Belgrade Berlin Berne Bruxelles Bucarest Budapest Copenhague Dublin Edimbourg Helsinki Istanbul Kiev La Valette Lisbonne Ljubljana Londres Luxembourg Madrid Moscou Nicosie Oslo Prague Reykjavik largementdégagé éclaircies largementdégagé largementdégagé brouillard nuagesbas largementdégagé largementdégagé largementdégagé beautemps averseslocales éclaircies largementdégagé averseslocales souventdégagé averseslocales aversesmodérées largementdégagé souventdégagé souventdégagé souventdégagé trèsnuageux largementdégagé brouillard beautemps pluiemodérée 6 15 15 8 2 6 5 -1 -1 6 12 8 4 8 -3 17 17 8 10 4 10 -1 16 7 -1 5 10 16 21 10 8 8 13 6 7 7 13 11 6 10 1 18 18 9 14 8 17 2 23 9 6 9 Riga Rome Sofia Stockholm Tallin Tirana Varsovie Vienne Vilnius Zagreb 11 17 11 17 9 15 Ile-de-France 9 16 8 14 7 14 Nord-Est 2 11 0 10 -1 9 Sud-Ouest 13 20 13 20 12 17 Sud-Est 7 16 8 16 9 16 1 5 13 19 4 7 3 6 5 7 10 15 -3 4 2 6 -4 4 5 8 souventdégagé largementdégagé souventdégagé largementdégagé éclaircies largementdégagé beautemps beautemps beautemps souventdégagé Dans le monde Alger 12 beautemps Amman 6 largementdégagé Bangkok 27 souventdégagé Beyrouth 19 souventdégagé Brasilia 19 risqueorageux Buenos Aires beautemps 10 Dakar 26 souventdégagé Djakarta 25 risqueorageux Dubai 23 beautemps Hongkong éclaircies 18 Jérusalem beautemps 8 Kinshasa 24 fortepluie Le Caire 16 beautemps Mexico 7 souventdégagé Montréal aversessporadiques 4 Nairobi 16 averseslocales Jérusalem 22 19 32 23 26 22 28 30 27 24 18 24 25 22 5 24 New Delhi New York Pékin Pretoria Rabat Rio de Janeiro Séoul Singapour Sydney Téhéran Tokyo Tunis Washington Wellington largementdégagé souventdégagé souventdégagé beautemps largementdégagé souventdégagé aversesmodérées averseslocales souventdégagé largementdégagé fortepluie largementdégagé beautemps souventdégagé 20 30 9 11 3 14 18 28 16 25 23 30 11 15 25 33 18 21 4 12 12 13 16 22 8 11 11 17 Cayenne Fort-de-Fr. Nouméa Papeete Pte-à-Pitre St-Denis averseslocales largementdégagé souventdégagé risqueorageux risqueorageux risqueorageux 24 27 22 26 26 24 Outremer 32 30 25 27 30 28 Météorologue en direct au 0899 700 703 1,34 € l’appel + 0,34 € la minute 7 jours/7 de 6h30-18h En vente cette semaine Mardi Nord-Ouest Beyrouth 1015Le Caire Jours suivants Dimanche Lundi D Tripoli Tripoli Islande Vents violents, pluies abondantes et douceur s’imposeront 9 18 7 A Dépression Front chaud Samedi Les conditions météo n'évolueront pas beaucoup et resteront anticycloniques. Brumes, brouillards et nuages bas seront nombreux le matin. Ils se dissiperont pour la plupart avant la mi-journée pour laisser place à de belles éclaircies, sauf dans l'est où ils seront plus tenaces. Le ciel restera chargé près du golfe du Lion et quelques pluies arroseront le Languedoc et les Cévennes. Une perturbation frôlera la Bretagne où il pleuvra un peu. Il fera toujours aussi doux. D 12 17 Ajaccio 35 km/h Lever 07h52 Coucher 17h14 Saint Martin Coeff. de marée 79/79 Anticyclone En Europe 13 18 Athènes Tunis Tunis Rabat Nice Perpignan Températures à l’aube 1 22 l’après-midi Istanbul 1025 Alger A Toulouse Bucarest Sofia Rome Barcelone Barcelone 1020 Séville 5 16 10 21 16 22 5 Odessa 1030 Zagreb Belgrade Madrid Bordeaux Biarritz Berne Lisbonne Lisbonne Grenoble 20 km/h Budapest Milan Chamonix 7 17 Kiev 1035 Munich Vienne Paris 1005 0 14 Moscou Copenhague Minsk Amsterdam Berlin Varsovie Prague Bruxelles Dublin 990 995 1000 5 12 10 18 35 km/h 5 14 Dijon Poitiers D Strasbourg 1025 8 17 St-Pétersbourg A Edimbourg Metz 9 17 1020 Un 11 cerclé de noir en guise de photo de profil. Une maigre activité Riga 6 14 PARIS Nantes Onz’ fait un vœu? Helsinki Oslo Stockholm N° 5 MOZART GRANDE MESSE EN UT Direction : Ferenc Fricsay REQUIEM Direction : Bruno Walter pour cette page Facebook créée fin octobre et que 11 646 personnes ont déjà rejointe. Son nom ? « Faut pas qu’on rate le 11 novembre 2011 à 11:11 » (tinyurl.com/c8x9z7a). Quelques photos se battent en duel, celles de pendules numériques figées sur un « 11:11 » et une invitation à faire « le vœu le plus mémorable de l’année » à 11 h 11 et 11 secondes précises. Même heure, même date. « Le début de ce nouveau millénaire a marqué le début de dates intéressantes en matière de format », souligne le site timeanddate.com (tinyurl.com/bsuh6fl). A elle seule, l’année 2011 nous a offert trois occasions de faire un vœu avec des dates aux mêmes séquences ou chiffres, tels les 11/1/11, 1/11/11 et 11/11/11. Déjà, 2010 nous avait gratifié d’un 10/10/10 à 10:10 et même d’un 20/10/2010 à 20:10. Pour ma part, j’ai guetté, en toute futilité, cette date séquentielle du 9/10/11 égrenant les 14 secondes qui ont suivi 12:13. Et en matière de date pleinement palindrome, avez-vous accordé quelque intérêt à la date du 10/02/2001, qui s’est tout de même fait attendre 809 ans (tinyurl.com/bwuyerd) ? Et dire que Valéry Giscard d’Estaing a choisi le 20 février 2002 pour inaugurer le parc Vulcania, « poussant le “palindromisme” jusqu’à l’heure de la cérémonie qui se déroula à 20:02 » ! (tinyurl.com/czj4ew) Une seule date du genre approche encore, qu’aucun de nous ne verra en temps réel : le 21/12/2112 à 21:12. Même date, autre vœu. « Le 11 novembre nous est une date bien connue parce qu’elle marque la fin de la première guerre mondiale, peut-on lire sur le blog Framablog, dédié au logiciel libre. Mais cette année, dans un format de date à 6 chiffres, elle s’écrira 11/11/11, à savoir une magnifique et parfaite date binaire. » De cette « excuse numérique » est née une initiative d’internautes hispanophones libristes qui célébreront ce 11 novembre « le début du siècle du logiciel libre » (tinyurl.com/6whfmjh). En ce 11/11/11, chacun y va de ses vœux ! p Courriels Société Kafka et le bizutage Dans sa nouvelle fantastique La Colonie pénitentiaire (1914), Franz Kafka imagine, dans un camp disciplinaire, une machine infernale sophistiquée qui, au moyen d’aiguilles programmées, grave dans le corps des condamnés, jusqu’à ce que mort s’ensuive, la sentence morale qu’ils ont transgressée. Au-delà de ses visions et fantasmes personnels, le génial écrivain semble anticiper la sauvagerie implacable et minutieusement organisée des futurs camps d’extermination. Lors du récent bizutage de Paris-Dauphine, les médias nous ont appris, qu’à l’aide d’une capsule de bouteille, un étudiant avait gravé dans la peau du dos d’un de ses camarades, le sigle insignifiant d’une association. Un parallèle vertigineux : d’un côté, l’expression géniale et magistrale du monde intérieur visionnaire d’un maître de la littérature. De l’autre, la mise en œuvre choquante d’une insondable stupidité, d’un arbitraire insensé et barbare, auquel il faut impérativement et sans tarder mettre un terme définitif : le « bizutage ». Jean Bérard, Anglet (Pyrénées-Atlantiques) Les soirées télé Les jeux Mots croisés n˚11-269 Sudoku n˚11-269 Solution du n˚11-268 Jeudi 10 novembre TF 1 1 2 3 4 5 6 7 8 9 3 10 1 1 12 1 I 4 8 6 II 3 III V VI VII VIII IX X Horizontalement I. Crée le désordre et pousse dans la descente. II. Mis en appétit. Egalement mais avant. III. Donne le ton. Le maître et tous ses élèves. IV. Sorties du troupeau. Ne pourra plus fonctionner. V. Monstre de papier. Pas souvent entendu. VI. Transformé en salpêtre. Très long ruban africain. VII. Le poste de nos grands-parents. Support provisoire. VIII. Structure d’entreprise. Redouble. IX. Lutta activement pour ses idées. Prendre son temps avant de se décider. X. Risquent de faire beaucoup d’éclats. Sorties de la caisse. Verticalement 1. Quand le vert passe au rouge. 2. Se retrouve dehors. Ne doit pas venir à manquer. 3. Chlore. Conquête sociale. Pourra donc être approuvé. 4. Prise de tête peu académique. 5. Partie de la pièce. Support de cadavres en cave. Encadre tout. 6. Porteur d’étoile. Genre musical. 7. Toujours dans la lune. 8. Gouffre en région. Essence des forêts tropicales. 9. Productions ouvrières. D’un auxiliaire. 10. Rapprochements amoureux. 11. Refus à Londres. Coiffures vaticanes. 12. Travaillent en sous-sol. Philippe Dupuis Solution du n° 11 - 268 I. Criminologue. II. Hélicon. Rapt. III. Ipéca. Cibler. IV. Ers. Rôtie. Râ. V. Ni. Déni. Sein. VI. Aspe. Dos. CSG. VII. Sel. Ponctuel. VIII. Oc. Armée. IX. Immodestie. X. Sablera. Peur. 6 5 8 IV Horizontalement Vendredi 11 novembre 2011 C’est tout Net! Marlène Duretz > 35° A www.meteonews.fr Châlonsen-champagne 9 16 13 15 30 à 35° 1035 7 16 Rouen Brest 25 à 30° Reykjavik Amiens Caen 20 à 25° 11.11.2011 12h TU 6 14 40 km/h 15 à 20° En Europe Lille Cherbourg 0123 écrans Verticalement 1. Chien-assis. 2. Reprise. Ma. 3. Iles. Plomb. 4. Mic. Dé. Col. 5. Icare. De. 6. Nô. Ondoyer. 7. Onction. Sa. 8. II. Scat. 9. Orbes. Trip. 10. Gal. Ecumée. 11. Upérisée. 12. Etrangleur. 4 7 6 9 1 3 2 4 8 5 8 5 3 9 4 7 1 2 6 1 2 4 8 5 6 3 7 9 3 8 1 4 6 9 7 5 2 4 7 5 2 8 3 9 6 1 6 9 2 7 1 5 8 3 4 2 4 8 5 7 1 6 9 3 9 3 7 6 2 4 5 1 8 5 1 6 3 9 8 2 4 7 Difficile 20.50 Football. Episode 9. Présenté par Denis Brogniart. 22.40 Spécial bêtisier. Divertissement. 0.00 New York police judiciaire. Série. Usurpation d’identité V. Les Dessous de l’affaire (saison 18, 17 et 18/18, 95 min). France - Etats-Unis. Match amical. En direct du Stade de France, à La Plaine-Saint-Denis. 23.05 L’amour est aveugle. Episode 4. Télé-réalité (120 min) U. FRANCE 2 FRANCE 2 20.35 Envoyé spécial. Au sommaire : Gaspillage alimentaire : plongée dans nos poubelles ; Grèce : moins belle la vie... 22.05 Complément d’enquête. Médicaments, contre-enquête sur un scandale. 23.10 et 0.55 Infrarouge. Piégés. Documentaire (2011) U. S’entendre avec les sourds. Documentaire. Olivier Le Mab (France, 2009, 90 min). Loto 20.40 Duplicity p 8, 12, 17, 23, 37 ; numéro chance : 2. Rapports : 5 bons numéros et numéro chance : pas de gagnant ; 5 bons numéros : 48 185,90 ¤ ; 4 bons numéros : 728,20 ¤ ; 3 bons numéros : 7,70 ¤ ; 2 bons numéros : 4,30 ¤ ; Numéro chance : grilles à 2 ¤ remboursées. Joker : 7 343 968. Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions datées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi. Tous les jours Mots croisés et sudoku. FRANCE 3 Film Tony Gilroy. Avec Julia Roberts, Clive Owen, Tom Wilkinson (EU - All., 2008). 22.50 Soir 3. 23.20 Tout le monde dit I love you pp Film Woody Allen. Avec Goldie Hawn, Alan Alda, Woody Allen (Etats-Unis, 1996, 101 min). CANAL + 20.55 The Event. Série. Sacrifices (S1, 15 et 16/22, inédit) U. 22.20 Shameless. Série. Les Indemnités de la discorde (S1, 9/12, inédit) U. 23.05 Mad Men. Série (S4, 11/13, inédit). 23.55 Cellule 211 Film Daniel Monzón. Avec Carlos Bardem, Luis Tosar (Espagne - France, 2009, 105 min) V. ARTE Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13 Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ; télécopieur : 01-57-28-21-21 Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ; Par courrier électronique : [email protected] Médiateur : [email protected] Abonnements : par téléphone : de France 32-89 (0,34¤ TTC/min) ; de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89. Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/ Tarif 1 an : France métropolitaine : 394 ¤ Internet : site d’information: www.lemonde.fr finances : http://finance.lemonde.fr Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.fr Documentation : http ://archives.lemonde.fr Collection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40 Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60 TF 1 20.50 Koh-Lanta. Complétez toute la 5 7 6 2 8 9 grille avec des chiffres allant de 1 à 9. 2 Chaque chiffre ne doit être utilisé qu’une 9 6 7 5 seule fois par ligne, par colonne et par 6 7 4 2 carré de neuf cases. Réalisé par Yan Georget (http://yangeorget.blogspot.com) Résultats du tirage du mercredi 9 novembre . Vendredi 11 novembre 20.40 Down in the Valley p Film David Jacobson. Avec Edward Norton, Evan Rachel Wood, David Morse (EU, 2005). 22.30 Pop culture - Bomb it (2007) 23.25 Tracks. Magazine. 0.20 24/7 : The Passion of Life Film Roland Reber. Avec Mira Gittner, Marina Anna Eich (Allemagne, 2005, v.o., 115 min). M6 20.50 The Good Wife. Série. Une proposition indécente. Traitement de choc. Mauvaises filles. Sur écoute (S2, 5 à 8/23, inédit). 0.00 Damages. Série (S1, 1à3/13, 171min) U. 20.35 Deux flics sur les docks. Les Anges brisés. Téléfilm. Edwin Baily. Avec Jean-Marc Barr, Bruno Solo (France, 2011) U. 22.15 Un jour, un destin. Serge Gainsbourg : le prix de la gloire. Magazine. 0.00 Taratata. 1.25 Journal, Météo (15 min). FRANCE 3 20.35 Thalassa. Depuis Saint-Brieuc. Magazine. Au sommaire : Saint-Brieuc, entre ciel et mer ; Paroles de Yelle... 22.40 et 3.05 Soir 3. 23.05 Vendredi sur un plateau ! Talk-show. Invité : Pierre Bellemare (120 min). CANAL + 20.50 Kiss & Kill p Film Robert Luketic. Avec Ashton Kutcher, Katherine Heigl, Tom Selleck (EU, 2010). 22.30 Que justice soit faite p Film F. Gary Gray. Avec Gerard Butler, Jamie Foxx, Leslie Bibb, Bruce McGill (EU, 2009) V. 0.15 Borgia. Série. Episodes 9 et 10 (S1, 9 et 10/12, 110 min) V. ARTE 20.40 Spécial 11-Novembre Allemagne 1918. Téléfilm. Bernd Fischerauer. Avec Jürgen Tarrach, Mathieu Carrière [1 et 2/2] (All., 2010). 23.40 Paris 1919. Un traité pour la paix. Documentaire. Paul Cowan (Fr. - Can., 2008). 1.15 Court-circuit. Au sommaire : « Vieille Courge », de Claire Sichez ; « Ninouche », de Valérie Massadian... (65 min). M6 20.50 NCIS. Série. Plaisirs coupables. Justice parallèle. Une vieille histoire (S7, 19, 20 et 22/24) U. Terrain miné (S2, 5/23) U. Avec Mark Harmon. 0.05 Nip/Tuck. Série. Péché originel W. Les Nouveaux Riches V (S4, 4 et 5/15). Avec Julian McMahon (105 min). 0123 carnet Vendredi 11 novembre 2011 Jean-Claude BUCHOTTE ! "# $# % &#% ' # ( )# * # # # * # * +# ,# - . // 012 * # * # * # # 12 * 3 # . // /42 . // 51# 1 6 7 # # . AU CARNET DU «MONDE» nous a quittés ce 8 octobre 2011 pour aller voir ailleurs si les gens ont moins de certitudes. Avec le bois dont il s’est toujours chauffé, son corps a été incinéré à Paris, le 11 octobre 2011. De la part de Jacqueline Buchotte, son épouse Ses enfants Et petits-enfants. 199, avenue Victor Hugo, 92140 Clamart. La présidente de l’université Paris Est-Créteil, Le doyen de la Faculté de médecine, Les membres du conseil de gestion de la Faculté de médecine, Les personnels enseignants et administratifs ont la tristesse de faire part du décès, survenu le 5 novembre 2011, de M. Alain CASTAIGNE, professeur des Universités praticien hospitalier, ancien chef du service de cardiologie de l’hôpital Henri Mondor, chevalier de la Légion d’honneur. La cérémonie religieuse a eu lieu le jeudi 10 novembre, à 11 h 30, en l’abbaye Saint-Étienne de Bassac (Charente). Ni fleurs ni couronnes. Annie (†) et Guy Blanco, Maylis et Daniel Demerlé, Christine et René (†) Choutet, Anne et Xavier (†) Choutet, Bénédicte et Philippe-Antoine Choutet, Brigitte Choutet, Marie-Christine et Patrick Choutet, ses enfants, Ses cinquante-neuf petits-enfants Et soixante-huit arrière-petits-enfants, font part du décès de Mme Armand CHOUTET, née Maïté LARREZET, Naissance Claire NOUILHAN et Daniel DOS ANJOS ont la joie d’annoncer la naissance de Élise, survenu le lundi 7 novembre 2011, à l’âge de cent deux ans. Ses obsèques seront célébrées le lundi 14 novembre, à 10 h 30, en la chapelle du Sacré-Cœur de l’église Notre-Dame, rue Sainte-Geneviève, à Versailles. L’inhumation aura lieu le mardi 15 novembre, à l’issue d’une cérémonie religieuse, en l’église de Saint-CricqChalosse (Landes), à 14 h 30. le 23 octobre 2011 5, rue Monplaisir, 31400 Toulouse. Décès La direction de RFI Et l’ensemble des journalistes de la rédaction, ont la profonde tristesse de faire part de la disparition de Ali Bey BOUDOUKHA / Amar BEN SALEM, journaliste et correspondant de RFI à Alger depuis 1994, survenue à Paris, le 9 novembre 2011, à l’âge de soixante ans. Grand, calme, Ali Bey Boudoukha avait une allure quasi seigneuriale. Une veste posée nonchalamment sur les épaules, comme une cape, un fumecigarette au bout des doigts, la voix chaude et surtout un sourire éclatant avec une pointe d’ironie. Celle de ceux qui en ont vu d’autres mais qui, par pudeur et orgueil, cache un vrai courage. Ainsi, en 1988, alors que l’Algérie se révolte contre le régime de parti unique, que des émeutes éclatent un peu partout, Ali Bey Boudoukha, journaliste à la radio nationale décide avec un petit groupe de confrères de rester fidèle au poste. Il reste fidèle derrière le micro pour donner la parole aux contestataires, pour parler de la répression musclée et même meurtrière des forces de sécurité. Le régime se démocratise, le multipartisme est instauré, Ali Bey Boudoukha devient rédacteur en chef à la radio nationale. Il crée le premier syndicat libre de journalistes, le MJA. Ce sont les années d’espoir. Mais avec l’interruption du processus démocratique fin 1991 arrivent les années de sang. Ali Bey Boudoukha quitte la radio nationale et entre à RFI en 1994. Comme à d’autres journalistes, les autorités lui proposent d’être logé dans un quartier hautement sécurisé. Il refuse. Il tient à son indépendance. Il se méfie autant du système que des terroristes islamistes mais surtout, comme le dit un de ses confères, il est droit et extrêmement rigoureux. Bien sûr, il vivait très difficilement cette tragédie algérienne, on le sentait même parfois découragé mais il restait présent. Pierre, Claire et Claude, ses enfants, Aurélia, sa petite-fille, Elisabeth, Flore et Isadora, ont la tristesse de faire part du décès de Jean DELANNOY, survenu le 4 novembre 2011, à l’âge de quatre-vingt-neuf ans. Comme pour son épouse, Marie, disparue le 28 janvier 2011, un dernier hommage lui sera rendu au crématorium du cimetière du PèreLachaise, le lundi 14 novembre, à 14 h 45. 44, rue de la Clef, 75005 Paris. Yvonne, sa femme, Jean-Pierre et Yvon, ses fils, Letizia, Pierre et Olivier, ses petits-enfants, ont la tristesse d’annoncer le décès du commandant Pierre LEPIDI, officier de la Légion d’honneur, médaillé de la croix de guerre avec citations (guerre 1939-1945), médaillé de la croix de guerre des théâtres d’opérations extérieures (TOE) avec citations (Indochine), survenu le lundi 7 novembre 2011. Une cérémonie religieuse sera célébrée le lundi 14 novembre, à 15 h 30, en l’église de Tallone (Haute-Corse). Cet avis tient lieu de faire-part. Cécile et Maurice Lissek, Marguerite Lissek, Gilles, Hervé, Anne et Lola, Doris et Charles Dahan et leurs enfants, Lily et Luc Chemla et leurs enfants, ont la douleur de faire part du décès de leur fils, mari, père, frère et grand-père, Jean LISSEK, Bénédicte Sauvadet-Champeil, son épouse, Marie et Michael, Camille et Benjamin, ses filles et leurs compagnons, Marie-Anne Sauvadet, sa maman, Jean-François et Arlette, Jacques et Gisèle, ses frères et belles-sœurs, Les familles Cornet et Prochasson, ont la profonde tristesse de faire part du décès subit de Michel SAUVADET, survenu le 31 octobre 2011, à Maussane. Ses cendres seront inhumées le samedi 12 novembre, au cimetière de Chatoillenot (Haute-Marne). Doris Klausmann Simon, son épouse, Aurélia et Colas Engel, sa fille et son gendre, Cécilia et Lorenzo Provvedini, ses petits-enfants, Françoise Gilot, leur grand-mère, Jacques Benoit-Barnet, son ami fidèle, Vera, Alfred et David Klausmann, Otto et Barbara Weiss et leur famille, Georgis Zwach et sa famille, Les familles Marq, Lelarge et Le Tixerant Et toute sa famille d’amis, ont la tristesse de faire part du décès de Luc SIMON, survenu le 5 novembre 2011, à l’âge de soixante-six ans. survenu le 5 novembre 2011, à l’âge de quatre-vingt-sept ans. Les obsèques ont eu lieu le 7 novembre. Les obsèques auront lieu le samedi 12 novembre, en l’église de Lucy-surYonne, à 14 h 30. Laure Pitti et Jean-Philippe Mazaud, leurs parents, Livia, leur grande sœur, Une cérémonie à sa mémoire sera célébrée le vendredi 25 novembre, à 11 heures, en l’église Saint-Sulpice, à Paris 6e. ont l’immense douleur de faire part du décès, le vendredi 28 octobre 2011, de Louise et Antoine, nés trop petits pour vivre. « De même qu’une goutte d’eau contient déjà tout l’océan, les vies minuscules, avec leurs débuts si brefs, leur infime zénith, leur fin rapide, n’ont pas moins de sens que les longs parcours. » Françoise Chandernagor, La Chambre. Nous vous portons à jamais dans nos cœurs. Laure Pitti et Jean-Philippe Mazaud, 80, rue d’Hautpoul, 75019 Paris. Maisons-Laffitte. Manuela Michaud, son épouse, Audrey Michaud, sa fille, Micheline Michaud, sa mère, Toute sa famille Et ses amis, Cet avis tient lieu de faire-part. Doris Klausmann Simon, 38, rue des Saints-Pères, 75007 Paris. 3, route de Coulanges, 89480 Lucy-sur-Yonne. Aurélia Engel, 30 EML, Sommerville, 02143, MA, USA. Andrée Tordjman, Olivier Tordjman, Dominique Houziel-Tordjman, Rafaèle et André Baruchel, Julia Tordjman, Thomas Houziel, Ulysse, Nil, David et Noé Baruchel, Les familles Tordjman, Abihssira, Benhamou, Benitah, Baruchel, Houziel, ont l’immense douleur d’annoncer la disparition de Joseph « Zouzou » TORDJMAN, survenue le mercredi 9 novembre 2011, après un combat de trois ans et demi, combat mené avec une volonté et une dignité exceptionnelles. La levée de corps aura lieu le jeudi 10 novembre, à 12 heures, au 26, rue Parmentier, à Neuilly-sur-Seine. Les obsèques auront lieu à Jérusalem, le 11 novembre. Annie GRAZIETTI-JEANBRAU. Oran, le 25 décembre 1942, Montpellier, le 11 novembre 1985. Souvenir. Il y a un an, le 10 novembre 2010, Alice LEFORT nous quittait, à l’âge de dix-neuf ans. ont la tristesse de faire part du décès de ont la douleur de faire part du décès de René MICHAUD, survenu à l’âge de soixante et un ans. ont la douleur de faire part du décès du La cérémonie religieuse aura lieu le mardi 15 novembre 2011, à 10 heures, en l’église Saint-Nicoals de MaisonsLaffitte. Ni fleurs ni couronnes. Michel GUÉRIN, avocat honoraire, survenu le 5 novembre 2011, à Versailles. La cérémonie religieuse, suivie de l’inhumation, ont eu lieu à Nieul-surMer, le mercredi 9 novembre, dans l’intimité familiale, selon sa volonté. 7, allée Le Blason, 78590 Noisy-le-Roi. Flat 7, 81 Onslow Saquare, SW7 3LT Londres. Aix. Mme Thérèse Jeannette, son épouse Et toute sa famille, ont le chagrin de faire part du décès de M. André JEANNETTE, ingénieur civil des Mines, chevalier dans l’ordre national du Mérite, Ali Bey Boudoukha sera inhumé au cimetière de Thiais (Val-de-Marne), ce jeudi 10 novembre, à 15 heures. survenu le 7 novembre 2011, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. RFI rend hommage à cet ami et confrère et s’associe à la douleur de son épouse, de ses trois enfants et de ses proches. Selon ses dernières volontés, ses obsèques ont eu lieu dans la plus stricte intimité. M Jeanne Zahler, M. et Mme Jean-Louis et Elisabeth Tellier, leurs enfants, Alizée et Mallory, M. et Mme Marc et Irène Zahler, leur fils, Nicolas, 12, avenue de Lavoisier, 78600 Maisons-Laffitte. Catherine Fauvet, Hélène Weisse, Nicolas Milosevic, ses enfants, Marc-Alexis, Guillaume, Vincent, Jean, Pierre, Thomas, Sylvain, Gilles, Virginie et Marion, ses petits-enfants, Charles, Pierre-Hadrien, Eugénie, Benjamin, Inès, Clara, Lucile, Félix, Rafaelle, Alexandra, Nicolas, Pierre, Célian, Blandine, ses arrière-petits-enfants, ont la tristesse de faire part du décès, dans sa quatre-vingt-seizième année, de Renée MILOSEVIC, docteur Jean-Pierre ZAHLER, survenu le 8 novembre 2011. L’inhumation se fera dans l’intimité de la famille ce jeudi 10 novembre, au cimetière de Bagneux. Cet avis tient lieu de faire-part. Remerciements se souviennent. Hommage A Alain CASTAIGNE, au nom de tous tes élèves de la Fédération de cardiologie et tous ceux qui t’ont aimé. Chef de clinique chez M. Vernant à l’hôpital Henri Mondor en 1974, professeur des Universités en 1985 et chef de service en 1989, tu as réuni très tôt les différents services de cardiologie en une Fédération unique de gestion. La dynamique était lancée et perdure aujourd’hui. Tes qualités d’analyse faisaient de toi un enseignant hors pair. Tu as œuvré à l’échelle nationale dans les instances de la cardiologie et dans différentes revues didactiques. T’écouter était un bonheur, chaque exposé était clair, étayé par une connaissance approfondie de la littérature et amenait à des conclusions limpides pour l’auditoire. Ton parcours d’enseignant à la faculté est toujours loué par tes anciens étudiants. Il est temps de te dire au revoir, tu vas nous manquer mais tu nous as appris tant de choses que tu resteras longtemps dans nos mémoires et surtout dans nos cœurs. Fédération de cardiologie, CHU Henri Mondor, Jean-Luc Dubois-Rande. Conférences Grande Loge de France Cycle de conférences « Enjeux et perspectives » Le peuple-monde, destins d’Israël, par Alexandre Adler, historien et journaliste, le lundi 14 novembre 2011, à 20 heures, Grand Temple de la Grande Loge de France, 8, rue Puteaux, Paris 17e. Le Collège des Études juives de l’Alliance israélite universelle. Conférence inaugurale, « Abraham, étranger-résident », avec Raphaël Draï, Éric Nataf, Florence Taubmann, Shmuel Trigano, Marie Vidal, le dimanche 13 novembre 2011, de 14 h 15 à 18 h 30, accueil à partir de 13 h 45. Auditorium du Centre Alliance Edmond J. Safra, 6 bis, rue Michel-Ange, Paris 16e, (Métro Michel-Ange Auteuil). (PAF.) : 15 euros. Réservations : 01 53 32 88 55. Roger TALLON, Nicole Tallon remercie tous ceux qui ont partagé son chagrin. Grande Loge de France Commission des droits de l’homme et du citoyen Pierre CITRON, nous quittait. Son sourire nous habite toujours. De l’instruction à l’éducation : quelle école pour demain ?, par Rama Yade, ancienne ministre, née BORIE. La cérémonie religieuse sera célébrée le jeudi 10 novembre 2011, à 11 heures, en l’église de Tourtour (Var), par le frère Didier Vernay o.p. Suzanne, sa femme, Ses enfants, Ses petits-enfants, Toute la famille Et les amis. 16 novembre 2011 : La philosophie ne prêche pas, par François Jullien, 23 novembre : L’ordre de la passion, deuxième partie, par Patrick Hochart, 14 décembre : À quoi sert l’impossible, par Étienne Klein. Les séances ont lieu le mercredi, de 12 h 30 à 14 heures. Événement organisé par la Bibliothèque François-Mitterrand, l’université Paris Diderot et la Fondation maison des sciences de l’Homme, Chaire de l’altérité. Entrée libre. Bibliothèque François-Mitterrand, Petit auditorium, Paris 13e. Communications diverses Entretiens des Grands Moulins : Jean Claude Ameisen et Claude Régy, rencontre animée par Catherine Vincent. Les couleurs de l’oubli. Notre mémoire est à la fois l’empreinte de ce que nous avons vécu et la modification que cette empreinte a provoquée. Notre mémoire est la preuve vivante que nous devenons autres. Mercredi 23 novembre 2011, de 18 h 30 à 20 h 30, amphithéâtre Buffon, 15, rue Hélène-Brion, Paris 13e. Entrée libre sur réservation : [email protected] Passion amoureuse samedi 19 et dimanche 20 novembre 2011, de 9 heures à 18 heures, à l’ASIEM, 6, rue Albert de Lapparent, Paris 7e. Hourya Abdelouahed, Eliane Allouch, Patrick Avrane, Marie-Christine Baffoy, Marcianne Blévis, Delphine Bouit, Monica Broquen, Chantal Chassat, Angélique Christaki, Najate Christeller, Michel Cresta, Monique David-Ménard, Colette Deblé, Irène Diamantis, Annie Franck, Françoise Frontisi-Ducroux, Liliane Gherchanoc, Suzanne Ginestet-Delbreil, Dominique Guyomard, Patrick Guyomard, Jean-Michel Hirt, Daniel Koren, Gloria Leff, Alain Lemosof, Marion Lévy, Françoise Marceau, Ahmed-Farid Merini, Anne Minthe, Catherine Muller, Philippe Porret, Kathy Saada, Monique Schneider, Sylvie Sesé-Léger, Serge Soriano, Agnès Verlet. Entrée : 120 € (étudiant : 50 €). Renseignements : 01 43 22 12 13, site : www.spf.asso.fr Inscription sur place possible. Cycle de conférences-débat RENDEZ-VOUS DE CRISE « Banqueroute : qui doit payer ? » le lundi 14 novembre 2011, de 19 heures à 21 heures, avec Marie-Laure Legay, Benoît Cœuré, Gérard Beaur, Pierre-Cyrille Hautcœur. Amphithéâtre de l’EHESS 105, boulevard Raspail, Paris 6e. 13, avenue de La Bourdonnais, 75007 Paris. Anniversaires de décès Cours méthodique et populaire, de philosophie 2011/2012. Société de psychanalyse freudienne Journées d’études Très touchée par les manifestations de soutien qu’elle a reçues lors du décès de Le 10 novembre 2010, il y a un an déjà, Cours 30 novembre : Le désir de savoir, par Bernard Sichère, Ses parents Et ses amis me Odille Guérin, son épouse, Anne et Sunay Yildiz, ses enfants, Inès, Alfan et Téoman, ses petits-enfants, Mme Claude Pequin, sa belle-mère, M. et Mme Christian Pequin et leurs enfants, ses beau-frère, belle-sœur et nièces Ainsi que toute la famille, 31 le jeudi 17 novembre 2011, à 18 heures, Grand Temple de la Grande Loge de France, 8, rue Puteaux, Paris 17e. Entrée libre dans la limite des places disponibles accueil 15 minutes avant Inscription obligatoire auprès de [email protected] Programme complet : www.editions.ehess.fr Journée du Fonds Ricœur / Institut Goethe lundi 14 novembre 2011, de 9 h 30 à 17 heures. L’éthique de Schleiermacher avec J.-M. Tétaz, H. Wismann, A. Lask, W. Jaeschke, D. Korsch, Ch. Berner. Amphithéâtre - IPT Faculté de théologie protestante de Paris, 83, boulevard Arago, Paris 14e. Entrée libre. 32 0123 0123 Vendredi 11 novembre 2011 Une relique au secours de la dénatalité Lettre de Russie Marie Jégo S ofia avait 19 ans quand elle est tombée enceinte. Le père ne voulait pas de l’enfant, la famille non plus. « Ta vie sera gâchée », lui a expliqué sa mère. « Si tu gardes l’enfant, tu peux faire une croix sur tes études », a renchéri sa grandmère. Petit ami, amies, proches l’incitaient à se faire avorter. Pour Sofia, il n’en était pas question. La jeune femme a tenu bon. Elle a accouché d’une petite fille qui a 5 ans aujourd’hui. Il lui a fallu interrompre ses études de médecine, elle a fini par trouver un travail dans le tourisme. Sofia ne regrette rien : « J’ai choisi la vie plutôt que l’absence de vie. » Pourtant, elle est pour l’avortement : « Personnellement, je n’ai pas voulu y recourir, mais je considère que c’est l’affai- re de chaque femme. » Sofia a suivi de près l’adoption par la Douma (la chambre basse du Parlement russe), le 21 octobre, de la loi sur l’avortement. En discussion depuis le début de 2011, le projet de loi a fait couler beaucoup d’encre. Sept religieux orthodoxes et un musulman faisaient partie du groupe de travail chargé de formuler des suggestions. Parmi celles-ci, l’obligation faite aux mineures de demander l’autorisation de leurs parents, aux femmes mariées celle du mari. L’autre proposition consistait à augmenter les tarifs de l’opération afin de dissuader les femmes de se faire avorter. « C’est stupide : elles auront recours aux avortements clandestins, ou alors elles mettront au monde des enfants pour ensuite les abandonner », estime Sofia. D’ores et déjà, le pays compte près d’un million d’orphelins et les abandons de nouveau-nés sont légion. Au soulagement général, ces recommandations n’ont pas été suivies par les députés. Dans sa version finale, la loi prévoit l’instauration d’un « délai de réflexion » (entre deux jours et une semaine) et fixe la limite de l’intervention à douze semaines (vingt-deux semaines en cas de viol ou de complication médicale). Pendant ce délai, des consultations psychologiques sont prévues. Les religieux de la Fondation orthodoxe de Saint-André, auteurs de « recommandations médicales pour les consultations en vue d’un avortement », ont évoqué la nécessité de « faire peur aux femmes en insistant sur les risques de complications ». Pour quel résultat ? Avec 1,186 million d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) en 2010 selon Rosstat, le comité d’Etat aux statistiques, la Russie affiche l’un des plus forts taux d’avortement au monde. Certains experts affirment que les statistiques officielles ne prennent pas en compte les IVG pratiquées dans les cliniques privées et que le nombre total d’IVG serait de 5 à 6 millions chaque année. Malgré une décennie de mieux-être économique, la Russie (142,9 millions d’habitants dont un million de migrants légaux) reste confrontée à un problème vertigineux : sa démographie. Minée par la dénatalité et surtout par la surmortalité masculine – l’espérance de vie masculi- ne est de 62 ans selon l’OMS –, la Russie a perdu 2,2 millions d’habitants en huit ans, soit une baisse de 1,6 % de sa population, selon les résultats préliminaires du recensement d’octobre 2010. Alarmées par ce problème, les autorités ont, dès 2007, mis en place des mesures destinées à encourager les naissances (prime dès le deuxième enfant, doublement des prestations familiales). Depuis, la natalité a connu un léger sursaut avec 1,7 million de naissances en 2010. Mais il en faudra plus pour que le pays connais- Avec 1,186million d’interruptions volontaires de grossesse en 2010 selon Rosstat, le comité d’Etat aux statistiques, la Russie affiche l’un des plus forts taux d’avortements au monde se enfin un solde positif de sa population. D’autant que les femmes désormais en âge de procréer font partie des « classes creuses », soit les générations nées entre 1985 et 1990, quand le chaos surgi du postcommunisme n’incitait guère à fonder une famille. Heureusement, l’Eglise orthodoxe n’est pas à court d’idées. Le 20 octobre, la ceinture de la Vierge Marie, une relique censée stimuler la fertilité féminine, est arrivée de Grèce en grande pompe. Le premier ministre Vladimir Poutine est venu en personne l’accueillir à l’aéroport de Saint-Pétersbourg, l’ancienne capitale impériale. Il fallait bien ça. Conservée jusque-là dans un monastère du mont Athos – interdit aux femmes –, la ceinture n’était jamais sortie dans le monde. Grâce au pouvoir de persuasion de la Fondation de Saint-André, dirigée par Vladimir Iakounine, le président de RJD (la SNCF russe), un proche de Vladimir Poutine, les moines grecs ont bien voulu la prêter. Montrée à l’église de Notre-Dame-deKazan, sur la perspective Nevski, la précieuse relique partira bientôt en tournée dans toute la Fédération. D’ici au 23 novembre, elle sera montrée dans douze villes, de Kaliningrad (l’enclave russe entre la Pologne et la Lituanie) à Vladivostok (Extrême-Orient) en passant par Moscou. Son succès est assuré. A Saint-Pétersbourg, des milliers de femmes ont attendu des heures durant aux abords de l’église pour l’effleurer du bout des doigts. Portée, dit-on, par la Vierge jusqu’à son dernier souffle, la ceinture a le pouvoir de guérir les maladies graves et de favoriser la fertilité. Et pas seulement. Exposée dans des centres d’aide psychologique pour femmes enceintes, elle pourrait aussi les dissuader d’avorter, affirme le site du patriarcat orthodoxe. p [email protected] C’est tout vu ! | Chronique télé par Isabelle Talès Exercice 2011 Sois célèbre et tais-toi! L a télé est comme ça: elle peut vous rendre riche et célèbre en un instant et passer toute une soirée à vous mettre en garde sur le risque qu’il y a à devenir riche et célèbre en un instant. De chaîne en chaîne, d’un jeu à une émission de télé-réalité, une journée de télévision n’est souvent qu’une succession de « quarts d’heure de célébrité », cette gloire éphémère que l’artiste américain Andy Warhol promettait à chacun, dès la fin des années 1960. Mais mercredi 9novembre, France2 a aussi programmé deux heures et demi de lucidité à travers un téléfilm Le Monde à ses pieds, inspiré de l’histoire tristement vraie et vraiment triste d’une mannequin kazakhe qui s’est suicidée à 20 ans, et un débat, «Célébrité express : attention danger ! » De la discussion animée par Sophie Davant, on retiendra l’expérience de ceux qui ont connu, grâce à la télé-réalité, des « trajectoires fulgurantes qui font passer de l’ombre à la lumière en un instant», et les conseils pratiques qu’on peut en tirer. Comment sait-on qu’on est passé de « l’ombre à la lumière»? Tout simple: en allant dans un fastfood. C’est là que Benjamin Boehm et Steeve Estatof affirment avoir compris que leur prestation à «La Nouvelle Star», sur M6, relevait d’une «trajectoire fulgurante ». Y a-t-il un âge pour passer de l’ombre à la lumière? Evidemment pas. Mais «c’est plus facile quand on est vieux», estime André Manoukian, juré de la «Nouvelle Star», et aussi quand on habite Chamonix, comme lui, car là-bas, «les gens n’en ont rien à faire». Quels sont les avantages de la «lumière» ? Un plus grand succès auprès des filles, avouent sous la pression les ex-nouvelles stars. Y a-t-il une part d’ombre? Les filles citées plus haut peuvent vous dire: «Je me suicide si tu te maries pas avec moi. » «Ça devient hyper lourd à porter», explique Steeve, qui a l’air un peu fatigué, en effet. Puisqu’elle a invité un psy, Sophie Davant en profite pour lui demander une consultation perso: comment bien gérer sa célébrité pour une «animatrice vieillissante comme moi qui a mis vingt-cinq ans à sortir la tête de l’eau »? Allez… Pour avoir vu le même jour sur d’autres chaînes d’authentiques «quarts d’heure de célébrité», on a envie de dédramatiser. Prenez JeanPaul, horticulteur bio à Saint-Philbert-du-Peuple (Maine-et-Loire): ce serait bien étonnant qu’il prenne le melon pour une troisième victoire à «Questions pour un champion», sur France3, remportée au finish grâce à sa connaissance du Comment sait-onqu’on estpassé de «l’ombre à la lumière»? En allant dansun fast-food Trimestre juillet-septembre 2011 Un résultat d’exploitation nettement positif > Places de cotation Les actions Air France-KLM sont cotées sur Euronext Paris et Amsterdam (Code ISIN : FR0000031122) Jean-Cyril Spinetta, Président-directeur général > Site Internet Retrouvez l’intégralité du communiqué de presse ainsi que l’ensemble des informations financières du groupe sur www.airfranceklm-finance.com billard et des cartes à jouer. Regardez Joël, ouvrier dans une usine à Bellegarde (Loiret) : le jury de «La France a un incroyable talent », sur M6, n’a accordé que quelques minutes à son numéro de Mexicain pas basané mais siffleur en poncho-sombrero. Pourtant, elles suffiront sans doute à ce qu’il puisse rouler les mécaniques quand il retrouvera sa chaîne de montage de sièges autos. C’est déjà ça. p > Prochains rendez-vous Vite vu. Micro-trottoir de « C dans • Résultats annuels 2011 7 mars 2012 l’air», sur France5, à propos de la hausse de la TVA: «C’est toujours les mêmes qui payent» (classique) et «C’est toujours les mêmes qui sont impactés» (impactant). Qui a dit que le français n’était plus une langue vivante? « En dépit des nombreuses actions engagées depuis trois ans, l’insuffisance de nos résultats ces derniers trimestres dans un environnement économique marqué par la faiblesse de la croissance mondiale et le prix élevé du pétrole montre que nous devons aller plus loin. Dans ce contexte, trois priorités s’imposent au nouveau management. La première est la restauration de la compétitivité du groupe, ce qui implique une réduction complémentaire des coûts. La deuxième est la restructuration de notre activité court et moyen courrier. La troisième est la réduction rapide de notre endettement. Un plan de mise en œuvre de ces priorités sera présenté dans le courant du 1er trimestre 2012. Je suis confiant dans la réponse qu’Air France et que KLM sauront apporter à ces nouveaux enjeux.» > Informations Actionnaires > Un résultat d’exploitation de 397 millions d’euros au trimestre juillet-septembre 2011 Le trafic a été dynamique dans l’activité passage et s’est érodé dans l’activité cargo mais le niveau des recettes unitaires n’a pas été suffisant pour compenser l’augmentation de la facture pétrolière. Le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 6,79 milliards d’euros (+2,1% après un effet de change défavorable de 2,8%). Grâce à un bon contrôle des charges d’exploitation et 106 millions d’euros d’économies réalisées dans le cadre du plan Challenge 12, le groupe a dégagé un résultat d’exploitation nettement positif à 397 millions d’euros. Le résultat net est positif de 14 millions. + 33 1 41 56 56 56 > Un semestre affecté par les crises géopolitiques • Résultats du 1er trimestre 2012 3 mai 2012 Les différentes crises géopolitiques qui ont affecté des marchés importants pour le groupe ont entrainé une perte d’exploitation estimée à 130 millions d’euros. Le chiffre d’affaires s’est élevé à 13,0 milliards d’euros (+5,2% après un effet de change défavorable de 2,0%). Les charges d’exploitation ont progressé de 7,0% sous l’effet principalement de la facture pétrolière qui a augmenté de 15,1% à 3,4 milliards d’euros. Le résultat d’exploitation ressort à 252 millions d’euros et le résultat net est négatif de 183 millions d’euros. Le résultat net au 30 septembre 2010 comprenait la plus-value sur Amadeus (1,03 milliard d’euros). > Un niveau élevé de liquidité Les investissements nets des cessions s’élèvent à 743 millions d’euros. Le cash flow opérationnel est positif de 263 millions d’euros. Les dettes nettes s’établissant à 6,50 milliards et les capitaux propres à 6,23 milliards d’euros, le ratio d’endettement s’établit à 1,04 (0,85 au 31 mars 2011). Le groupe dispose d’une trésorerie de 3,4 milliards d’euros et de lignes de crédit toujours disponibles de 1,8 milliard d’euros. ––––––––––– Perspectives 2011 Les conditions économiques actuelles ont un impact sur les échanges mondiaux et sur la confiance des entreprises entrainant une volatilité tant dans le trafic que dans les recettes. Le groupe a donc pris la décision dès juillet dernier de ramener la croissance de ses capacités longcourriers de 5% à 3% à l’hiver 2011. A cet environnement difficile s’ajoutent la volatilité des monnaies et un prix élevé du pétrole. Dans ces conditions, le groupe anticipe un résultat d’exploitation négatif pour le trimestre octobredécembre 2011 et en conséquence pour l’année civile 2011 (1) (il est rappellé que l’exercice fiscal en cours couvre neuf mois – avril à décembre – et dégagera un résultat d’exploitation positif). (1) Le résultat d’exploitation sur les neuf premiers mois de l’année civile 2011 est négatif de 151 millions d’euros. Chiffres clés consolidés A ne pas manquer sur 0123.fr (En millions d’euros sauf le résultat par action en euro) Blog Attention, préparez-vous ! Le 11/11/11 arrive Vendredi à 11 h 11, vos horloges afficheront une série parfaite de dix « 1 ». Sur le blog « Big Browser », découvrez toutes les attentes et les craintes suscitées par ce moment rare, chez les numérologistes, les milieux ésotériques et dans d’autres cercles moins attendus. (PHOTO : DR) http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/ pTirage du Monde daté jeudi 10 novembre 2011 : 365 980 exemplaires. 123 Semestre au 30 septembre 2011 2010 Variation 2011 2010 Chiffre d’affaires 6 789 6 649 2,1% 13 009 12 370 EBITDAR* 1 018 1 232 (17,4)% 1 522 1 716 (11,3)% 397 576 (31,1)% 252 444 (43,2)% 14 290 (95,2)% (183) 1 026 ns 0,05 0,98 ns (0,62) 3,48 ns Résultat d’exploitation courant Devenez membre du Club des actionnaires d’Air France-KLM (seuil minimum : 50 actions). Trimestre au 30 septembre Résultat net part du groupe Résultat net par action de base * Résultat d’exploitation avant amortissements, provisions et loyers opérationnels Variation 5,2%