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décryptages DÉBATS
Jeudi 12 janvier 2012
23
Quelle politique étrangère la gauche et la droite vont-elles choisir?
Des clivages persistants entre les atlantistes et les gaullo-mitterrandistes
Pascal Boniface
Directeur de l’Institut de relations
internationales et stratégiques (IRIS)
S
ous la Ve République le clivage
sur la politique étrangère française ne relève pas de la distinction entre droite et gauche.
Encore en vigueur à l’origine
du régime, cette distinction
s’est effacée au profit d’une autre, plus
fondamentale.
Il s’est cristallisé dans l’opposition
entre les tenants d’une ligne gaullo-mitterrandiste et les partisans de l’atlantisme, et/ou de l’occidentalisme.
Les tenants de la ligne gaullo-mitterrandiste pensent que la France ne peut
se résumer à son statut de pays occidental, qu’elle a un rôle spécifique à jouer
avec les pays « du Sud » hier, « émergents » aujourd’hui, et qu’il est bien dans
son intérêt de jouer ce rôle. Ils sont persuadés que cela n’est possible que si la France
maintient une ligne indépendante et
qu’elle ne fait pas partie d’un système d’alliance figé. La France doit être en phase
avec l’intérêt général et favoriser le multilatéralisme et la multipolarité.
Les atlantistes et autres occidentalistes
croient que la France se définit avant tout
par son appartenance à une famille politique, que son devoir principal est d’être
solidaire de cette famille et de son leader.
Une menace supérieure mettant en danger la France (hier l’URSS, aujourd’hui l’islamisme ou la montée en puissance de la
Chine ou d’autres pays émergents…) nous
conduit à devoir accepter de nous mettre
dans les pas du leadership occidental.
Après l’implosion de l’Union soviétique et la disparition du bloc communiste,
la ligne de division s’est reformée, les
atlantistes se regroupant partiellement
sous la dénomination d’« occidentalistes ». Selon les partisans de cette thèse, le
monde occidental serait menacé par la dictature russe qui, dans leur esprit, ne se dif-
férencie guère de l’Union soviétique, par
la suprématie chinoise ou par la montée
en puissance de l’islam. Certains parlent
de « fascislamisme ». Ils étaient également
en faveur de l’ingérence, les Occidentaux
étant à leurs yeux censés apporter le progrès aux peuples du Sud.
Subrepticement, la thèse de la supériorité de la civilisation occidentale (plus
Nicolas Sarkozy,
farouchement
occidentaliste avant
son élection, a atténué
ce positionnement
moderne, plus démocratique, plus ouverte, plus tolérante) s’impose, fût-ce au nom
de bons sentiments, avec parfois la tentation d’exporter ces avantages pour en faire bénéficier les autres, fût-ce en les leur
imposant. Ellerefonde les réflexes colonialistes, pétris de bonne conscience pour
Deux ans après, refonder Haïti
Une diaspora maintenue à l’écart
Jean-Daniel
Rainhorn
Collège d’études internationales
à la Maison des sciences de l’homme
L
e tremblement de terre de janvier 2010, qui a détruit une partie de Port-au-Prince et de plusieurs villes voisines, a fait, en
quelques dizaines de secondes,
plus de 200 000 victimes, un
nombre incalculable de blessés et plus
d’un million de sans-abri. Une tragédie de
plus pour un pays qui, depuis la chute des
Duvalier, en 1986, après vingt-neuf
années d’une dictature brutale, connaît
une instabilité politique majeure en partie responsable d’une crise sociale et économique importante, du délitement de
l’Etat et d’une accélération de la migration
vers d’autres pays de la région.
Au moment où, malgré de nombreux
retards, les infrastructures et les logements commencent à se reconstruire, force est de constater que ce séisme a mis en
évidence trois données fondamentales :
les inégalités de la société haïtienne, la
situation de tutelle dans laquelle est le
pays vis-à-vis des institutions de l’aide
internationale et la complexité des liens
que le pays entretient avec son importante diaspora.
L’expérience partagée d’une tragédie
qui dépasse l’imagination a changé la
société haïtienne. La violence du traumatisme individuel ou collectif et les formes
de solidarité qui se sont ensuivies ont favorisé la remise en cause de la hiérarchie traditionnelle des liens sociaux. Le séisme a
rebattu les cartes en obligeant à repenser
lesrègles du« vivre ensemble ». Pour beaucoup, reconstruction rime avant tout avec
refondation.
A ce titre, la question de l’Etat est devenue centrale. De bas en haut de l’échelle
sociale existe une forte demande d’un Etat
capable de répondre aux besoins essentiels de la population. Sa refondation sur
des principes d’impartialité et de décentralisation est perçue comme indispensable.
De même, dans les débats au sein de la
société civile, la question sociale apparaît
souvent plus fondamentale que la reconstruction des bâtiments publics. Ce qui est
facile à comprendre quand on sait que
deux tiers de la population haïtienne vit
sous le seuil de pauvreté. C’est ce qu’a bien
perçu le nouveau président, Michel Martelly, lorsqu’il a déclaré la semaine dernière que le palais présidentiel serait reconstruit, mais que « la priorité, c’est la population et les sinistrés qui vivent dans les
camps». Un messagequi reflète bien laréalité haïtienne au moment où les enjeux
ont pour noms réinsertion des victimes
du séisme, insécurité alimentaire, accès à
incarnent le maintien d’une ligne gaullomitterrandiste au sein de l’UMP, où les
occidentalistes sont désormais majoritaires. Jean-François Copé est clairement sur
cette ligne, Nicolas Sarkozy, farouchement occidentaliste avant son élection, a
atténué ce positionnement.
Le microcosme médiato-intellectuel
est majoritairement sur la ligne occidentaliste. Les Français sur la ligne gaullo-mitterrandiste. Il sera intéressant de voir si
François Hollande fait un choix clair et fait
sortir le PS de ses ambiguïtés et si Nicolas
Sarkozy tranche entre les deux lignes ou
continue le courant alterné qu’il a suivi
depuis son élection. p
¶
Pascal Boniface est coauteur
avec Hubert Védrine
de l’« Atlas de la France »
(Armand Colin, 128 pages,
19,50 ¤)
Iran, le scénario d’une guerre possible
L’escalade a atteint un point critique
l’eaupotable et santé (plus de 500000 personnes ont été infectées par l’épidémie de
choléra – qui a fait plus de 7 000 morts).
Un message qui devrait être entendu par
l’aide internationale au moment où un
grand nombre d’organisations humanitaires sont en train de quitter le pays.
Or, pour une majorité des institutions
de l’aide internationale actives en Haïti, la
reconstructionsemble se résumer à un slogan : « Building back better » (« reconstruire en mieux »), lancé par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et à
une structure, la Commission intérimaire
pour la reconstruction d’Haïti (CIRH),
coprésidée par Bill Clinton et l’ex-premier
ministre haïtien Jean-Max Bellerive, et qui
s’est vu attribuer des prérogatives qui
sont du ressort de l’Etat national pour
gérer les fonds de la reconstruction. Empêtrée dans ses jeux d’influence, la rigidité
de ses règles bureaucratiques et son absence de vision à long terme, l’aide internationale a du mal à concevoir son rôle en
dehors d’une assistance humanitaire et de
François Géré
Directeur de l’Institut français
d’analyse stratégique
D
Deux tiers de la population haïtienne
vit sous le seuil de pauvreté
la reconstruction physique des bâtiments.
Elle n’a pas conscience que ses pratiques
sont l’un des obstacles à la refondation de
l’Etat.
Il est enfin frappant de voir combien la
diasporaqui contribue par sesenvois réguliers d’argent à l’économie nationale est
maintenue à l’écart de la reconstruction.
En Haïti, le mot diaspora est chargé de stéréotypes négatifs. Les émigrés haïtiens
sont parfois perçus négativement par
ceux qui sont restés au pays. Ils représentent pourtant des potentialités considérables, qui ne sont ni utilisées par les autorités locales ni favorisées par l’aide internationale lorsqu’elle recrute du personnel
d’assistance technique. Dans l’intérêt du
pays, la reconstruction devrait conduire à
une « réconciliation » entre le pays et ses
communautés émigrées.
Finalement, la réussite du processus de
reconstruction en cours repose sur la capacité des Haïtiens à formuler et à mettre en
œuvre un nouveau contrat social. Il est
clair qu’ils ont pour cela besoin de croire
en eux-mêmes et en l’avenir de leur pays.
Mais il faut également que se créent de
nouveauxtypes de liens avec une communauté internationale qui a trop souvent
d’Haïti l’image d’un pays « maudit », violent, instable, incapable de s’en sortir et
destiné pour longtemps à être dépendant
de l’aide internationale. Il est enfin nécessaire que le réservoir de compétences que
représentent les Haïtiens vivant à l’étranger puisse trouver sa place dans l’élaboration d’un nouveau projet national. C’est à
ces conditions qu’Haïti pourrait se réapproprier une souveraineté et des capacités
de développement qu’il a en partie perdues. p
masquer les appétits de la puissance.
Le clivage ne se situe pas entre droite et
gauche, entre les deux principales formations considérées comme favorites pour
figurer au second tour de l’élection présidentielle. L’UMP et le Parti socialiste sont
traversés par cette nouvelle ligne de partage. Au sein de chacune de ces deux formations cohabitent atlantistes, occidentalistes et gaullo-mitterrandistes.
Les atlantistes et occidentalistes, peu
nombreux au PS avant 2002, s’y sont épanouis après le retrait de Lionel Jospin de
la vie politique, en l’absence d’un leadership incontesté. La base militante et
électorale du PS est clairement gaullomitterrandiste, la direction est plus partagée. Les Verts et le PCF ne sont pas atlantistes et encore moins occidentalistes mais
leur refus de la puissance les éloigne du
gaullo-mitterrandisme. François Bayrou,
pourtant héritier d’une famille politique
atlantiste, est proche de la ligne gaullomitterrandiste.
A l’inverse, Alain Juppé ou François
Fillon (et de son vivant, Philippe Séguin)
¶
Sur Lemonde.fr,
un collectif
d’ONG
humanitaires,
dont Acted,
Action contre
la faim, Médecins
du monde,
Entrepreneurs
du monde,
Oxfam, Care,
Cesvi, Save the
Children, Mercy
Corps, World
Vision, Plan, ou
l’organisation de
l’acteur Sean
Penn J/P Haitian
Relief
Organization :
« Tenons les
engagements pris
en faveur
d’Haïti ».
epuis
septembre 2011, la tension
entre Téhéran et
Washington s’aggrave. Le dernier
épisode en date est
la menace iranienne du blocus du
détroit d’Ormuz en cas de sanctionssur sesexportations énergétiques. Or la libre circulation des
flux énergétiques a toujours
constitué pour Washington un
casus belli. L’escalade des sanctions glisse vers une guerre, évoquée depuis six ans. Faisant la part
de l’amplification médiatiquevoulue de part et d’autre, mesurons
quels gains peuvent espérer les
acteurs et quels risques de pertes
leur feraient contrepoids.
En Iran, il paraît avantageux de
surenchérir dans la lutte entre les
factions et les clans tant religieux
que laïques (le Guide suprême, Ali
Khamenei, le président Mahmoud
Ahmadinejad et son beau-frère,
Esfandiar Rahim Mashaïe, la puissante famille d’Ali Larijani, président du Majlis, le Parlement) qui se
disputent le pouvoir dans la perspective des élections législatives et
de la présidentielle de 2013. Les pasdarans (gardiens de la révolution)
jouentaussileurprestigeetleurcrédibilité de maîtres de la haute technologie militaire.
Ce serait l’occasion de renforcer
une unité nationale entamée en
plaçant au second plan le mécontentement général à l’égard d’une
mauvaise gestion économique qui,
aggravéeparlessanctions,renddifficiles les conditions de vie. Enfin,
un affrontement direct permettrait de rompre l’isolement diplomatique régional dû à la crainte de
l’arme nucléaire et à la dynamique
des changements de pouvoir dans
le monde arabe qui favorise le sunnisme. Se présenter comme le seul
Etat qui ose défier la suprématie
américaine se révélera payant.
Aux Etats-Unis, le président
Barack Obama est sous la pression
desrépublicainsmaisaussidenombreux parlementaires démocrates
soucieux de la protection d’Israël. Il
est temps pour l’administration
américaine de faire preuve de fermeté au-delà des mots, même si
l’optiondel’endiguementasapréférence.
Il lui faut aussi rassurer les alliés
régionauxetdonnerplusdeconsistance à cette stratégie d’endiguement, mise en œuvre depuis deux
ans, fondée sur le redéploiement
des troupes d’Irak et d’Afghanistan
verslapéninsulearabique,ladéfense antimissiles et, plus discrètement, la garantie nucléaire. Enfin,
calmer les impatiences belliqueuses du gouvernement israélien.
Embrasement régional
Au regard de ces incitations,
quels sont les risques? Washington
doit envisager une flambée des
prix énergétiques qui aggraverait
la crise économique, non sans
répercussions sur la croissance des
Etats émergents. Il faudra surmonter une forte opposition liée à l’inquiétude des pays importateurs
(Japon, Inde, Chine) et celle des
Etats riverains exportateurs. Autre
risque, la radicalisation des gouvernements arabes islamiques modérés nouvellement élus. Faut-il envisager un embrasement régional ?
Ce terme souvent utilisé par Téhéran paraît excessif : ni au Liban
(Hezbollah), ni en Irak (armée du
Mahdi de Moqtada Al-Sadr), ni à
Gaza, et moins encore en Afghanistan, il n’y aurait d’engagement
armé automatique en soutien de
l’Iran. Par-delà les déclarations
enflammées, chacun pèsera son
intérêt local.
Lerisqueterroriste,en revanche,
augmentera.Enfin,une actionmilitaire, fût-elle limitée, fournirait à
Téhéran un prétexte pour faire
jouer la clause de retrait du traité
sur la non-prolifération des armes
nucléaires au nom de ses intérêts
suprêmes.
Le risque pour l’Iran serait de se
retrouver en situation d’Etat paria
comme la Corée du Nord, ce que
Téhéran a pris garde d’éviter. En
outre, le régime pourrait essuyer
une défaite, eu égard à un rapport
de forces conventionnelles favorable aux Etats-Unis. Cette humiliation bouleverserait la donne politique intérieure. Deux options se
dégagent: s’en tenir à un affrontement verbal ; faire une démonstration militaire limitée et confuse
permettant à chacun de s’attribuer
le beau rôle.
Ce dernier scénario peut-il
contribuer à résoudre la crise
nucléaire en favorisant une reprise
du dialogue, chacun ayant sauvé la
face? Telfutlecasen1987.L’Iranfaisait alors face à l’Irak. Il n’existait
pas de programme nucléaire iranien. Une escalade incontrôlée
conduirait à une campagne aérienne contre les sites nucléaires et les
missiles. Le potentiel iranien en
serait amoindri sans être éradiqué.
La situation incite donc à la prudence.LaFrance, nonsansambiguïté, met en garde contre «les risques
d’une attaque préventive » porteuse d’une crise dont « elle ne veut à
aucun prix ». Après dix ans de vaines négociations, l’épreuve de vérité approche. Mais quelle vérité? p
Sur France Info
“A la une du monde”
du lundi au vendredi à 21h25
avec
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décryptages ANALYSES
Jeudi 12 janvier 2012
Bataille mondiale sur les normes
A
u-delà de la polémique franco-turque
depuis l’adoption, le 22 décembre 2011
par l’Assembléenationale de laloi pénalisant la négation des génocides reconnus par la
loi, deux points sont passés entre les mailles du
filet des commentaires sur ce qu’on a coutume
d’appeler, en France, les « lois mémorielles ».
Premier point, ce vote des députés a ouvert
un nouvel épisode dans la bataille des normes
internationales entre les puissances occidentales et les puissances émergentes. Depuis le
XVIIe siècle, de même que l’Occident a imposé
son modèle westphalien à l’ensemble du monde, les Occidentaux ont diffusé à l’échelle internationale les valeurs qui allaient avec.
Autantle monde extra-occidental s’est reconnu dans le modèle importé de l’Etat souverain,
autant ses populations ont eu du mal à cohabiter avecles valeurs, normes et autres règles édictées par les Européens. L’universalité des droits
de l’hommeau nom de son égalité et de sa dignité. La criminalisation des auteurs d’un génocide au nom de la protection de l’humanité. L’intervention au nom de la liberté et de la sécurité
des populations civiles.
Depuis la fin de la bipolarité et la poussée de
mondialisation jusqu’au dépassement du paradigme westphalien, les Etats émergents sont
entrés en rébellion contre les normes et les
valeurs internationales que leurs populations
appréhendent plus comme une ingérence occidentale dans leur mode de vie que comme une
expression universelle du vivre-ensemble.
Ainsi chaque puissance émergente défend
sa propre conception des droits de l’homme,
d’un génocide, de l’interventionnisme ou plutôt du non-interventionnisme, comme on le
voit dans les dossiers libyen, syrien et iranien,
au nom du retour au principe de souveraineté
absolue.
La polémique franco-turque reflète cette
bataille des normes. D’un côté, la France transpose dans son droit une directive européenne
sur la pénalisation de la négation des génocides. Considéré comme une pratique incompatible avec les normes européennes, le négation-
Analyse
par Gaïdz Minassian
Lemonde.fr
nisme conteste par nature le concept de génocide fondé lui-même sur des valeurs inspirées
par les Occidentaux. Ainsi la France tient-elle à
ce que cette règle internationale soit respectée
dans son espace normatif. De son côté, la Turquie conteste la réalité du génocide arménien,
invalidant par la même occasion les normes
internationales dont elle se prévaut.
Derrièrecette contestation, la diplomatie turque va jusqu’à évoquer l’existence de « génocides » à Gaza, dans le Xinjiang ou encore pendant la guerre d’Algérie, comme s’il existait une
autredéfinition du concept de génocide que celle de la Convention de 1948 pour la prévention
et la répression du crime de génocide.
Pour la Turquie, les chemins
de la puissance passent aussi
par l’ambition d’imposer
sa propre conception
de l’histoire globale
Et contrairement à ce que l’on peut croire, le
négationnisme d’Etat est loin de se limiter à la
Turquie. Il prolifère. L’Iran de Mahmoud Ahmadinejad et le Soudan d’Omar Al-Bachir s’en inspirent pour contester respectivement l’existence de la Shoah et du génocide au Darfour.
Outre la formation de cet axe négationniste,
le différend franco-turc renvoie à un deuxième
point : la rivalité entre histoire nationale et Histoire globale, autre facette du clivage Occidentémergents. La mondialisation a déconcentré
les histoires nationales et permis leur confrontation épistémologique sans domination mais
à parts égales.
Pendant des siècles, l’Européen, assimilé à
l’Occidental, a tenu la plume du livre de l’histoire du monde. Désormais, les pays émergents,
dont la puissance rivalise avec les Occidentaux,
tiennent au nom d’une solidarité entre humiliés à lutter contre la domination euro-américaine en revendiquant une autre fabrique de
l’Histoire fondée sur la grandeur d’un âge impérial révolu mais sublimé, présent, mais revisité.
L’affaire du génocide arménien est au cœur
de cette réflexion. La Turquie d’aujourd’hui se
remémore la puissance ottomane mais tout en
rappelant qu’il faut reconnaître les victimes
turques des années 1912-1918 au même titre
que la tragédie arménienne, comme si la responsabilité de ces pertes incombait à l’Arménie, alors que les Arméniens étaient des sujets
ottomans et qu’il n’existait pas d’Etat arménien avant la chute de l’Empire ottoman en
1918.
Pour la Turquie, les chemins de la puissance
passent aussi par l’ambition d’imposer sa propre conception de l’histoire globale, c’est-à-dire
par la confrontation de ses propres thèses,
qu’elle ne vit pas comme négationnistes, avec
les thèses scientifiquement admises en Occident de l’existence du génocide de 1915.
Cette poussée d’histoire globale rime avec la
contestation des normes. Ne pas comprendre
cette complémentarité entre relations internationales et sciences sociales, c’est ne pas saisir la
rupture systémique de l’architecture du monde dont les plans de rénovation échappent de
plus en plus aux Occidentaux voués à légiférer
pour sauvegarder l’édifice des normes universelles.
Ne pas voir ce basculement du monde et ne
limiter ces lois qu’au label de « lois mémorielles », c’est restreindre le champ de l’histoire à
un sanctuaire national. C’est aussi utiliser une
formule erronée à propos de réels enjeux internationaux. C’est surtout ne pas comprendre
qu’au XXIe siècle, celui de la mondialisation, cette expression n’a aucun sens. La bataille ne fait
que commencer. p
[email protected]
Q
u’ont-ils tous à faire de la
publicité pour les lunettes ?
Ils vieillissent! Après le cri de
Johnny Hallyday pour Optic 2000,
voici Alain Delon qui s’autoparodie pour vanter les montures du
fabricant Krys. «Avant, il était
Alain Delon», dit le slogan. C’est
vrai, quelques semaines auparavant, sur les mêmes panneaux
publicitaires, c’était déjà Alain
Delon. Mais jeune, beau et bronzé.
Sa photo vintage de séducteur, tiré
du film La Piscine, illustrait la
publicité du parfum Eau sauvage.
Quarante-troisans séparent ces
deux photos. Il avait 33 ans au côté
de Romy Schneider dans le film de
Jacques Deray, il en a aujourd’hui
76. «C’est le même?», s’interrogent, stupéfaits, les jeunes générations. «Oui, c’est le même homme», confirment les anciens. Ce
choc du temps qui passe, par campagnes publicitaires interposées,
donne un sacré coup de vieux.
Alain Delon, cela fait trente ans
que ses capacités cognitives, et pas
seulement visuelles ou physiques,
diminuent! Eh oui, le début de l’année a commencé par une mauvaise nouvelle : le déclin cognitif commence dès 45 ans. C’est l’Inserm
qui l’affirme à l’issue d’une vaste
étude médicale menée depuis
dix ans sur une cohorte de plus de
7000 personnes et publiée dans le
British Medical Journal. Tests de
mémoire, de raisonnement, d’expression orale: tout a été passé au
crible et rien n’y fait. Ce n’est pas à
partir de 60 ans – comme on le
croyait jusqu’à présent –, mais
Q
Vous pouvez faire un don et bénéficier d’une déduction d’impôt égale à 66%
du montant versé, dans la limite de 20% du revenu imposable.
- par chèque à l’ordre de Presse et Pluralisme / SEM / opération LSF
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euros au profit exclusif de la SEM
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Je précise mes coordonnées (afin que Presse et Pluralisme puisse émettre le reçu fiscal qui me permettra
de bénéficier de la réduction d’impôt l’année suivant mon versement)
bien à partir de 45-49ans que le
déclin débute. Au regard de l’augmentation de l’espérance de vie,
cela revient à décliner dès le milieu
de sa vie. C’est long ! Bon, tout cela
n’est qu’une moyenne. Et il suffit
de voir un Clint Eastwood (81 ans)
pour se rassurer. Néanmoins, on
comprend mieux désormais pourquoi la notion de senior dans l’entreprise débute dès 45 ans! Encore
une étude qui n’aidera pas au
maintien dans l’emploi ou à l’embauche de « vieux» seniors.
Positiver
Tout s’émousse avec le temps,
tout… sauf le sexe, affirme une
autre étude publiée dans The American Journal of Medicine. Enfin
une bonne nouvelle! Jane Fonda
en « une» de Paris Match ne croit
pas si bien dire en lançant : « A
74ans, j’aime faire l’amour». L’étude américaine précise que c’est le
plaisir sexuel qui augmente et pas
forcément le désir. Tout cela
rejoint les conseils de certains neuropsychiatres. Pour préserver sa
santé cognitive, il faut savoir
rechercher les moments agréables
et éviter, autant que possible, le
stress. Bref, avoir une vision positive de la vie et savoir en profiter.
Première étape: les bisous. Les
scientifiques l’affirment, s’embrasser est bon pour l’humeur et la santé. Alors, pour cette nouvelle
année, claquons-nous la bise et
souhaitons-nous une longue vie
de déclin ! p
[email protected]
ue se passe-t-il quand un scientifique en poste dans la région parisiennedécide de se réorienter professionnellement et de se mettre à « écrire » ?
Pour l’auteur-narrateur de ce petit récit, le
premier geste aura consisté à se documenter sur le milieu littéraire sur le mode de
l’observation participante.
Le voilà donc en stage dans une grande
maison d’édition de Saint-Germain-desPrés aisément reconnaissable, s’initiant
au métier d’éditeur tout en rédigeant son
« journal », entouré de compagnons bien
plus jeunes que lui, souvent portés, eux,
par le jeu des relations à cette place enviée
et précaire qu’ils cherchent à perpétuer en
décrochant un improbable CDD.
Petits bonheurs de l’édition
de Bruno Migdal
Ed. de la Différence, 142 p., 10,15 ¤
Ce petit ouvrage dévoile ainsi drôlement l’envers de ce petit théâtre dans un
style volontairement naïf. Sans acrimonie
mais sans excès d’indulgence non plus, ce
« Huron » moderne décrit le quotidien de
cette profession qui fait encore parfois
rêver, malgré Internet, iPad, Google books,
etc. Il excelle à en montrer les traits poussiéreux mais aussi attachants.
Au bas de l’échelle qu’il ne quittera pas,
pour l’équivalent d’un euro de l’heure ditil,il se retrouve quelques mois aux premières loges, modeste réceptacle du déferlement à jet continu des fameux manuscrits qui parviennent par la poste et dont
la lecture, suivie de notes la plupart du
temps négatives, représente la base du travail. Notre stagiaire coincé dans un
bureau exigu arrive avec une austère
vision de la littérature, une culture de l’éditeur exigeante, sans concession. Or cette
conception un peu gourmée de l’authenticité littéraire (« tout n’est que rabâchage
depuis L’Iliade ») va être rudement mise à
l’épreuve dans ce cadre « mondain », où
les écrivains à part entière croisent les animateurs d’émissionstélévisées, les journalistes, les ministres « à la carrière en
yo-yo », les intellectuels en vue, etc.
Son art consiste à savoir décrire non pas
seulement les ridicules mais les mille et
un gestes aussi concrets que chargés de
sens qui font le quotidien d’une « grande
maison ». « Les auteurs, sous contrat surtout, adorent venir fouiner [au magasin] »,
« Amoureux
dit-il. « Ils aiment constater la réalité ponde la littérature »,
dérable de leur œuvre, la quantifier en
Bruno Migdal,
palettes, la voir se multiplier en un kaléidosné à Saint-Cloud
cope et comprimer pour un temps la
en 1958, a décidé à
concurrence. » Penser à travers les choses
42 ans d’entamer
reste plus qu’utile, même dans des lieux
des études de
où l’esprit est censé souffler.
lettres qui l’ont
La force de ce « journal de stage », c’est
conduit à effectuer
aussi de ne jamais plonger dans l’amertuun stage dans
me face aux poignées de mains qui se reful’édition, matière
sent ou restent obstinément molles
de sa première
quand tel ou tel éditeur croise l’inconnu
publication
qu’est l’auteur ; face au refus poli et stéréotypé de son propre manuscrit qu’il reçoit
d’un de ses maîtres de stage, « Trépignol »
– refus qui ressemble à s’y méprendre aux
dizaines de ceux qu’il a dû lui-même rédiger. A 40 ans, a-t-on déjà « un âge
défraîchi » pour commencer une carrière ?
« On aime miser sur l’étincelante jeunesse », pense pouvoir conclure Bruno
Migdal. « Courage ! ! ! » était le dernier mot
de la lettre de Trépignol. Lui ne semble pas
avoir perdu celui d’écrire. p
¶
Nicolas Weill
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Delon donne le bourdon!
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Nom
par Sandrine Blanchard
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Brigitte Girardin Contrairement à ce que nous avons écrit
dans un article sur Dominique
de Villepin, « Les fidèles de Villepin croient à sa démarche “un
peu extraterrestre” mais “originale” » (Le Monde du 10 janvier),
Brigitte Girardin ne dirigera pas
la campagne de l’ex-premier
ministre et n’exercera aucune
fonction officielle dans son équipe de campagne.
Hadopi Pierre Joxe a été nommé
par Raymond Forni au Conseil
constitutionnel et non par François Mitterrand, contrairement à
ce que nous avons écrit (Le Monde
du 6 janvier) à propos de la nomination de Didier Mathus au collège
de l’Hadopi.
culture
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Jeudi 12 janvier 2012
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Qu’est-ce qui ne va plus à la Comédie-Française?
Mécontents des salaires et d’un système qu’ils jugent archaïque, les syndicats déclarent la «grève illimitée»
Théâtre
C
’était une première attendue. Elle n’aura pas lieu, en
raison d’un mouvement de
grève lié à des revendications salariales. Mercredi 11 janvier, la Comédie-Française devait présenter une
nouvelle production de La Trilogie
de la villégiature, qui s’annonçait
comme un événement, à plus d’un
titre. La pièce de Carlo Goldoni n’a
pas été jouée par la troupe depuis
lamise en scène historiquede Giorgio Strehler, en 1979. La nouvelle
production, qui a été confiée à
Alain Françon, devait marquer
l’histoire de la Comédie-Française
d’une pierre blanche.
Elle avait été choisie pour inaugurer le« Théâtre éphémère»,cette
salle en bois de 700 places érigée
dans les jardins du Palais-Royal, et
destinée à accueillir la troupe de
Molière pendant la durée des travaux(un an)qui vont êtreeffectués
Salle Richelieu.
La Maison de Molière
n’aime rien moins
que de voir
ses dissensions
étalées sur
la place publique
La grève annoncée n’est pas une
surprise. Elle s’inscrit dans la poursuite d’un mouvement qui a commencé fin 2011. Entre le 27 et le
31 décembre, déjà, cinq représentations avaient été perturbées. Le
6 janvier, un préavis de grève illimitée a été déposé, à compter du
jeudi 11, et à l’initiative de trois syndicats de la Comédie-Française : la
Synptac-CGT, la Snapac-CFDT et la
SADPCF-UNSA. Ces syndicats font
valoir qu’ils n’ont obtenu aucune
réponse satisfaisante à leurs
demandes de négociations sur les
grilles des salaires, dont l’ouverture était prévue par un accord de
mai 2008. A cela, la direction de la
Comédie-Française
répond
qu’« une vacance de DRH a retardé
le processus, qui sera mis en place
début 2012 ».
Dansquelles conditions?C’est la
question qui se pose aujourd’hui.
La situation est tendue à la Comédie-Française. Muriel Mayette, l’administratrice générale, le reconnaît dans un communiqué du mardi 10 janvier, où elle fait état de
« grandes agitations sociales », et
La grève a lieu au moment où, en raison de travaux dans la Salle Richelieu, le Français s’installe, mercredi 11 janvier et pour un an, dans ce « Théâtre éphémère », salle en bois érigée
dans les jardins du Palais-Royal. « La Trilogie de la villégiature », de Goldoni, qui devait l’inaugurer, a été remplacée par « Le Malade imaginaire » de Molière. MARC CHAUMEIL/POUR « LE MONDE »
prend fait et cause pour la troupe
d’acteurs : « Il serait suicidaire de
remettre en question leur légitimité
en arguant d’un partage qui ne
seraitpaséquitable.»MurielMayette fait ainsi référence à une question qui se pose d’une manière
récurrente à la Comédie-Française,
et d’une manière cruciale en cas de
conflits sur les salaires : celle de la
rémunération des sociétaires.
Un acteur est engagé à la Comédie-Française par l’administrateur
général, avec le statut de pensionnaire. Au bout d’un an, il peut être
nommé sociétaire, sur proposition du comité. Tant qu’il est pensionnaire, il touche un salaire, et
des « feux » (l’argent pour se chauffer, à l’origine) chaque fois qu’il
joue. Quand il devient sociétaire, il
touche en plus des « parts », soit
une part des recettes liées à la
billetterie, aux tournées et aux diffusions des pièces.
Cette tradition, dont le principe
remonte à la fondation collective
de la Comédie-Française, en 1680,
est fixée par un décret qui précise
que 76,5 % des parts des recettes
reviennent aux sociétaires, 16,5 %
aux membres du personnel, pensionnaires compris, et 7 % à un
fonds de réserve.
C’est cet écart qui est aujourd’hui contesté par le Synptac-CGT :
«Nous sommes héritiers d’un système plusieurs fois centenaire, qui
était juste et nécessaire à une époque où il a permis à une troupe permanente de vivre de son métier,
mais qui, dans le contexte actuel,
n’est socialement plus tenable »,
déclare le syndicat, dans un communiqué en date du 6 janvier. Le
syndicat appuie sa revendication
sur le fait que les sociétaires sont
seulement 37, alors qu’il y a
360 employés à la Comédie-Française : 200 pour la technique, 160
pour l’administration, auxquels
s’ajoutent les 21 pensionnaires.
Pour donner une idée de ce que
représentent les 76,5 % versés aux
37 sociétaires, on peut se référer
aux salaires mensuels moyens
bruts, fournis par la direction de la
Comédie-Française. En 2011, ils
étaient de 2 000 euros (pour les
femmes) et 2 200 euros (pour les
hommes) pour le personnel technique et administratif, hors cadres
et hors primes ; 4 000 euros pour
les pensionnaires (avec les feux) ;
et 7 200 euros pour les sociétaires
(avec les feux et les parts).
Les syndicats ne considèrent
pas que ces 7 200 euros soient en
soi usurpés. « Les comédiens tra-
vaillent beaucoup, et leurs salaires
sont faibles par rapport à ceux des
acteurs de cinéma ou des footballeurs, déclare-t-on à l’intersyndicale. Mais, sans l’ensemble du personnel, ils ne pourraient pas jouer. »
A cet argument, Muriel Mayette
oppose une réponse nette et claire : « Les soixante acteurs sont les
garants de notre place à tous, ils
sont les seuls capables de faire le
lever de rideau, quoi qu’il arrive.
Leur rémunération reste bien raisonnable en regard de leur talent,
de leur emploi du temps, car, je
vous le rappelle, nous levons le
rideau plus de huit cents fois au
cours d’une saison. »
Alors, comment trouver un
compromis ? La solution passe par
la discussion et la diplomatie si
particulière à l’exercice du pouvoir dans la Maison de Molière, qui
se présente volontiers comme une
« famille » et n’aime rien moins
que de voir ses dissensions étalées
sur la place publique. « Nous
n’avons pas envie d’aller au conflit
avec les sociétaires, affirme-t-on
au SADPCF-UNSA (syndicat autonome des personnels de la Comédie-Française). Il faut arriver à mettre en place un calendrier de négociations avec la direction. »
«On voudrait que cette grève reste propre », déclare la Snapac-CFDT.
Quant à Muriel Mayette, elle a décidé de remplacer la création de La
Trilogie de la villégiature par la
reprise du Malade imaginaire :
«Nousassureronsainsi avecla troupe et le personnel non gréviste notre
mission de service public. » Et ainsi,
c’est… Molière qui fera l’ouverture
du Théâtre Ephémère. p
Brigitte Salino
Denis Podalydès: «On crée un fantasme d’inégalité et d’aristocratie»
Entretien
cles, nos métiers sont extrêmement différents. Il est très difficile de comptabiliser le temps de
travail d’un acteur. Prenons un
exemple : je vais jouer Ce que j’appelle oubli, de Laurent Mauvignier, au Studio-Théâtre, pendant
dix jours, en avril. C’est un petit
spectacle, sans budget, pour
lequel je toucherai 100 euros de
feux par représentation. J’ai mis
un temps fou à apprendre ce texte : deux heures tous les matins,
pendant plusieurs mois. Ces heures-là ne sont pas comptées dans
le temps de travail. Pourtant, elles
en font partie.
Engagé à la Comédie-Française en
2000, Denis Podalydès est devenu le 505e sociétaire de la troupe
en 2007. Acteur et metteur en scène, star de la « maison », dont il
maîtrise parfaitement les rouages, il mène par ailleurs une belle
carrière au cinéma et à la télévision. Il donne son point de vue
sur la question des « parts » et le
statut particulier des sociétaires.
Que pensez-vous du mouvement
de grève motivé par des revendications salariales ?
Je le comprends tout à fait. Il y
a à la Comédie-Française des gens
qui ne s’en sortent pas financièrement. Il est normal et légitime
qu’ils demandent une augmentation de salaire, ou une prime.
Mais je ne suis pas d’accord avec
le fait de lier ces revendications à
la répartition des parts, qui ont
été ouvertes, à hauteur de 16,5 %,
aux pensionnaires et au personnel, dans les années 1990, sous le
mandat de Jean-Pierre Miquel.
Jusqu’alors, les parts étaient
entièrement réservées aux sociétaires, qui ont approuvé la nouvelle distribution.
Evidemment, aujourd’hui, si
l’on s’en tient uniquement au fait
Considérez-vous que
7 000 euros par mois,
ce soit beaucoup ?
Pour l’acteur et metteur en scène, le partage des recettes représente « le prix de l’excellence ». C. MORIN/IP3
que 37 sociétaires se partagent
76,5 % des recettes, la situation à
l’intérieur de la « maison » semble
tout à fait injuste. Elle pousse à se
dire: ce sont des salauds, ils se partagent tout et les autres crèvent
de faim à la porte. On donne ainsi
l’impression de vivre sous l’Ancien Régime, et on crée un fantasme d’inégalité et d’aristocratie
qui repose sur une mauvaise
appréciation de la réalité.
Pourquoi ?
Contrairement à ce que certains peuvent penser, les partages
ne sont pas un anachronisme.
Hérités de l’histoire de la troupe,
ils représentent le système de
rétribution des sociétaires, qui ne
sont d’ailleurs pas considérés comme des salariés. C’est toute la question, délicate, qui fonde la société
des comédiens-français. On ne
peut pas traiter la question des
partages d’une manière uniquement quantitative, parce qu’elle
est avant tout qualitative: le partage a un poids symbolique. Il représente le prix de l’excellence de la
troupe, et l’excellence est un principe qui guide la marche de la
Comédie-Française, dans tous les
domaines.
Ce que ne voient pas certains,
c’est ce que, si nous travaillons
tous à la bonne tenue des specta-
Tous les sociétaires ne les ont
pas. Les partages dépendent de
« douzièmes », qui sont distribués
chaque fin d’année par le comité
d’administration, constitué de
l’administrateur général, du
doyen de la troupe et de sociétaires. Ce sont donc les sociétaires
qui se jugent entre eux, comme
ils se cooptent entre eux, et qui
décident des parts attribuées à
chacun. Il faut savoir que, au
cours des trente dernières années,
le montant des partages a considérablement diminué.
Dans les années 1970, un sociétaire pouvait s’acheter un appartement dans le premier arrondissement de Paris. Pas seulement
parce que l’immobilier était
moins cher, mais parce que les
partages représentaient un véritable trésor. Aujourd’hui, ce n’est
plus le cas : il y a deux fois plus de
personnel, et les coûts de production des spectacles n’ont cessé
d’augmenter.
Personnellement, je suis à douze-douzièmes. Mes partages me
permettent de payer les impôts
quand j’ai fait du cinéma l’année
précédente. Je sais que je suis
archiprivilégié : célibataire, sans
enfants, je vis très correctement.
Mais ce n’est pas le cas de certains
de mes amis sociétaires, chargés
de famille, et avec moins de douzièmes. Je ne dis pas qu’ils vivent
pauvrement, mais ils ne roulent
pas sur l’or.
Quand je vois les salaires en
dehors de la Comédie-Française,
quand je vois ce que je suis payé
au cinéma, 7 000 euros, c’est très
inférieur à ce que gagnent beaucoup d’autres comédiens, et aux
cachets que je pourrais revendiquer en jouant ailleurs, même
dans le théâtre public, d’ailleurs. p
Propos recueillis par B.S.
26
0123
culture
Jeudi 12 janvier 2012
ViktoriaMullova,bellecomme
unvioloneneauxlibres
Elle a tour à tour faussé compagnie au KGB, déserté l’orthodoxie pour
le baroque, visité le jazz et les Bee Gees. Le Louvre lui donne carte blanche
Londres
Envoyée spéciale
B
oire un thé vert dans une
pâtisserie française à Londres, au 37 Brushfield Street
par un matin pluvieux, n’a rien
d’exceptionnel. Sauf si la personne qui vous a donné rendez-vous
n’est autre que la violoniste russe
Viktoria Mullova. Cinquantedeux ans juvéniles (sans maquillageni «retouche»), longue silhouette de danseuse à la Pina Bausch,
ciré rouge, jean, bottes texanes
cloutées : impossible de croire que
Vika, comme l’appellent ses amis,
a eu trois enfants (avec le chef d’orchestre Claudio Abbado, le violoniste Alan Brind et son actuel
mari, le violoncelliste Matthew
Barley), et autant de carrières.
« On a d’abord été amies avant
de devenir partenaires, souligne la
pianiste française Katia Labèque,
qui a enregistré avec elle en 2005
un disque intitulé Récital. On a
tout de suite aimé rire, faire les boutiques et trouver les meilleurs
endroits où manger. » Cet épicurisme joyeux tranche avec l’austérité
acétique que dégage sur scène celle que les Anglo-Saxons ont surnommée « Ice Queen ». Et Katia
Labèque de sourire : « Vika est la
violoniste la plus sûre que je
connaisse. C’est aussi celle qui répète le moins. »
Mullova, grande prêtresse de la
prestigieuse école de violon soviétique,a fait ses classes d’enfantprodige dès l’âge de 4 ans. « C’était un
apprentissage
très
dur,
confie-t-elle. Nous habitions à
Zhukovsky, dans la banlieue de
Moscou. Il fallait se lever très tôt, faire deux heures de violon puis deux
heures de trajet pour aller à l’école.
Même chose au retour le soir. Pas
de vacances, pas de jeux. Aujourd’hui encore, j’ai du mal à faire la
grasse matinée et quand je me
réveille, ma première préoccupation, c’est dresser la liste de ce que je
dois faire. »
A 23 ans, lauréate des concours
Wieniawski (1976), Sibelius ( 1980),
et surtout du prestigieux Tchaïkovski de Moscou en 1982, Viktoria
Mullova est armée pour la carrière
royale de ses professeurs Volodar
Bronin (lui-même élève de David
Oïstrakh) et Leonid Kogan.
Mais Mullova est une rétive qui
écoute les Bee Gees dans le dortoir
du Conservatoire de Moscou. Son
succès la propulse à l’étranger dès
1983 ? Elle en profite illico pour
fausser compagnie au KGB et passe à l’Ouest lors d’une tournée en
Finlande. « Avec mon petit ami, le
chef d’orchestre Vakhtang Jordania, nous préparions notre fuite
depuis un an. C’est un journaliste
finlandais qui a organisé le voyage
en voiture pour nous emmener de
l’autre côté de la frontière, en Suède. » Après un week-end dans une
chambre d’hôtel sous un faux
nom, les amoureux se présentent
à l’ambassadeaméricaine de Stockholm dès l’ouverture, le 4 juillet
«Je n’ai jamais aimé
Moscou. Je n’y ai
aucune attache.
Pendant vingt ans, je
n’ai pas eu la nostalgie
de mon pays»
1983. Deux jours plus tard, ils sont
à Washington, visas en poche. En
Union soviétique, Mullova est
rayée des listes. Plus tard, elle prendra la nationalité autrichienne.
« C’est d’ailleurs comme violoniste
autrichienne qu’elle sera annoncée
lorsqu’elle reviendra jouer pour la
première fois à Moscou trente ans
plus tard, raconte Katia Labèque,
mais tout le monde pleurait. »
Ce retour obligé par la maladie
de son père, Viktoria Mullova l’a
fait en renouant avec ce qu’elle
appelle aujourd’hui la « vraie Russie », sa famille paternelle de Sibérie qu’elle ne connaissait pas. Elle
est allée à Irkoutsk, a découvert le
lac Baïkal, la taïga. « Pendant vingt
ans,je n’ai pas eu la moindrenostalgie de mon pays. J’étais même
embarrassée par mes origines, par
ces nouveaux riches vulgaires, purs
produits de l’Union soviétique.
Aujourd’hui, mes enfants parlent
un peu le russe. »
Son second passage à l’Ouest –
musical cette fois –,Viktoria Mullovalefera endécouvrantla musique
baroqueet les « baroqueux». « Je ne
comprenais pas pourquoi cela ne
marchait pas bien avec Bach, que je
jouedepuis toujours.Et puis j’ai ren-
12 janvier > 13 février 2012
Suresnes cités
danse
©photo André Jouanjan. Licence n°1-1018335
20e édition
12 > 15 janvier
Soirée
anniversaire
20 > 24 janvier
1ère partie
Sylvain Groud
27 > 29 janvier
2e partie
Kader Attou
Sébastien
Lefrançois
Mourad Merzouki
José Montalvo
Blanca Li
Robyn Orlin
Angelin Preljocaj
Farid Berki
Monica Casadei
2 > 5 février
Cités danse
variations
Jérémie Bélingard
Sylvain Groud
Abou Lagraa
Laura Scozzi
Pierre Rigal
contré le bassoniste Marco Postinghel, à qui j’ai fait écouter mon premier enregistrement de trois des
Sonates et Partitas. Il a paru horrifié. J’ai plus appris en quelques heures avec lui qu’au cours de toutes
mes années d’études. »
Depuis, Viktoria Mullova a retiré cet enregistrement de sa discographie et poursuivi son initiation
avec d’autres musiciens italiens :
le claveciniste Ottavio Dantone,
puis le chef d’orchestre Giovanni
Antonini et son ensemble Il Giardino Armonico : c’est avec eux
qu’elle a enregistré les concertos
pour violon de Vivaldi. En 2009,
elle créé l’événement et met tout
le monde d’accord en osant enfin
les fameuses Sonates et Partitas
sur violon baroque, qu’elle autoproduit pour le petit label Onyx
Classics. « On sait qu’on est dans le
vrai parce que soudain tout coule
de source. On peut alors aller dans
la musique avec liberté. »
Avec ses trois archets, ses deux
violons – le Stradivarius « Julius
Falk » de 1723, acheté chez Sotheby’s, et le Guadagnini de 1750 , Mullova l’intrépide, capable de remises en cause fulgurantes, a prouvé
qu’on peut sortir du dressage à la
russe. « Je n’ai pas de plan de carrière mais fonctionne au coup de
cœur et à l’instinct », dit-elle.
C’est ainsi qu’elle a inclus dans
sa Carte blanche à l’Auditorium du
Louvre (« Viktoria Mullova et ses
amis »), son premier concert avec
le claveciniste Nicolau de Figueiredo, rencontré il y a quelques mois
à la Royal Academy of Music de
Londres. « On jouait ce qui nous
tombait sous la main, du Bach, du
Vivaldi. Avec le sentiment partagé
d’une évidence, s’enthousiasme le
Brésilien. Soudain, au milieu de la
répétition, elle a appelé son agent
pour dire qu’elle changeait de pro-
L’austérité que dégage l’artiste lui a valu d’être surnommée « Ice Queen » par les Anglo-Saxons. MAX PUCCIARIELLO
gramme et qu’il y aurait quelqu’un
de plus ! »
Pour autant, Viktoria Mullova
n’a pas renié ses fondamentaux.
C’est dans le Concerto pour violon
de Brahms, qui scella au disque
(Philips) son amour de jeunesse
avec le sexagénaire Claudio Abbado, alors patron de la Philharmonie de Berlin, qu’on l’entendra Salle Pleyel – cette fois avec l’Orchestrede Paris sous ladirection de Paavo Järvi. Le chef estonien, qui l’a
accompagnée pour la première
fois dans le Concerto de Beethoven
à New York, en 2004, n’a pas assez
de superlatifs pour louer l’une des
musiciennes les plus absolues
qu’il ait jamais rencontrées. « Elle a
prendre des risques. » En attendant,
elle pose en jupe bleue de Gipsy
sur la pochette de son nouveau
double CD, The Peasant Girl (Onyx
Classics), qui rapproche la musique hongroise de Bartok et Kodaly
avec celle des Gitans. p
Marie-Aude Roux
Viktoria Mullova, Du 9 au 20 janvier à
l’Auditorium du Louvre, Pyramide du
Louvre, Paris 1er. Tél. : 01-40-20-55-55.
De 5 ¤ à 30 ¤. Les 25 et 26 janvier à la
Salle Pleyel, Paris 8e. A 20 heures.
Tél. : 01-42-56-13-13. De 10 ¤ à 85 ¤.
Le 27 janvier au Grand Théâtre de Provence à Aix-en-Provence (Bouches-duRhône). A 20 h 30. Tél. : 08-20-13-20-13.
De 10 ¤ à 50 ¤.
Un seul de ses coups d’archet recèle tant de richesses
C’EST AVEC ses compères de l’ensemble milanais Il Giardino Armonico que Viktoria Mullova a inauguré le premier des cinq concerts
de sa Carte blanche à l’Auditorium
du Louvre, avec un programme
s’étendant de Haendel à JeanMarie Leclair en passant par Bach,
Vivaldi et le rare mais pâlichon
Michele Mascitti.
Aux Italiens, l’expressif et dansant Concerto grosso en ré mineur
op. 6 n˚10 d’ Haendel, qu’ils interprètent avec la morgue théâtrale
qui a fait leur succès dans le Vivaldi Album de Cecilia Bartoli paru en
1999 chez Decca. Viktoria Mullova
arbore une tenue à la Marco Polo,
courte tunique damassée vieil or
et rouge. Elle joue son Guadagnini
de 1750 monté avec des cordes en
boyau Barbirello, accordé au diapason « baroque » de 415 herz, plus
bas que le 440 hz, qui légifère le la
unique des musiciens depuis la
conférence de Londres en 1953. Le
célèbre Concerto pour violon en mi
majeur BWV 1042 de Bach est sans
esbroufe, modulé avec goût dans
l’Adagio, tandis que l’Allegro assai
final témoigne d’une parfaite maîtrise dans la finesse d’articulation.
Les Giardino Armonico termineront cette première partie avec la
vivaldienne « Tempesta di mare »
dans la version pour flûte en fa
majeur RV433. Le chef d’orchestre
Giovanni Antonini, qui a troqué la
baguette pour l’instrument du faune se plaira à mimer le déchaînement maritime. Ses déhanchés,
sauts et gambades détonnent avec
l’élégante sobriété de Mullova, qui
reprend la main dès la seconde partie, avec l’étonnant et génial
Concerto en sol mineur op. 10 n˚6
de Jean-Marie Leclair, une musique baroque certes, mais qui flirte
avec l’esprit du classicisme, voire
la virtuosité des grands concertos
romantiques. Impressionnante
Mullova, dont un seul coup d’archet recèle tant de richesses, de
l’imperceptible frottement atomique à la stridulation grandiose.
Petite pause : les Giardino
Armonico dans le conventionnel
Concerto en la majeur op. 7 n˚4 de
Mascitti. Avant le fameux Concerto «Grosso Mogul » en ré majeur
RV 208 de Vivaldi, joué pour la première fois à l’Auditorium du Louvre. Viktoria Mullova y fera – y
compris dans le rapsodique « Grave» central qu’accompagne un clavecin devenu cymbalum – la
démonstration d’une supériorité
absolue, que ce soit d’intonation,
de sonorité, de musicalité. p
10 > 12 février
Cités danse
connexions #2
Sandra Sainte Rose
Simhamed Benhalima
Mehdi Ouachek
9 > 13 février
Rencontres
Hip Hop
Les champions
du monde
Cie Pockemon Crew
Cie Wanted Posse
03 . 01 ▶ 12 . 02 . 12
4 > 6 février
Cités danse
connexions #1
Richard III
n’aura
pas lieu
John Degois
Céline Lefèvre
Amala Dianor
Sébastien Ramirez
et Hyun-Jung Wang
ou Scènes de la vie
de Meyerhold
01 46 97 98 10
gardé de l’école russe une exigence
stylistique et une excellence technique qui transforment en or toutes
les musiques qu’elle touche. »
Viktoria Mullova n’a pas assez
desuperlatifs, elle,pour rendre grâceà sonvioloncelliste de mari, Matthew Barley, qui lui a donné la clé
des champs d’une libertémusicale
dont témoigne l’album Through
the Looking Glass. S’y mêlent les
musiques d’Alanis Morissette,
Youssou N’Dour, Miles Davis, les
Beatles, les Bee Gees… Elle espère
même s’affranchir un jour de l’interditqui pèse encore pourelle, élevée dans le respect de la partition,
sur l’improvisation. « Depuis quelque temps, j’essaye d’apprendre à
www.suresnes-cites-danse.com
Navettes au départ
de Paris et parking gratuits
Tragédie dramatiquement drôle
de Matéi Visniec
mise en scène de David Sztulman
Réservation ▼
01 45 88 62 22 ○ www.theatre13.com
Pour en finir avec Schubert – lundi 16 janvier
Tais-toi et Brahms – mardi 20 mars
Le cas Ravel – vendredi 13 avril
Bach to the future – lundi 4 juin
before dès 19 h 30
01 40 28 28 40 | chatelet-theatre.com
M.-A. R.
0123
culture
Jeudi 12 janvier 2012
Mobilisation au Maroc pour L7a9d
Arts
Le rappeur emprisonné serait victime, selon ses soutiens, de ses prises de position contre le roi
Rap
Malgré une assignation en référé,
Artprice maintient
son ouverture de ventes en ligne
Mercredi 18 janvier, la société Artprice, spécialiste des données et des
analyses de ventes aux enchères, va à son tour proposer des objets à la
vente, sur Internet. Les abonnés de la base de données – 1,3 millions
répartis dans 90 pays, selon Artprice – peuvent proposer des œuvres et
fixer une mise à prix. Les enchères sont anonymes, seuls sont signalés
le montant et le pays d’origine. Artprice insiste sur la sécurisation de sa
plate-forme, y compris en ce qui concerne l’origine des objets, puisque
la société est en liaison avec Interpol, ce qui exclut a priori les œuvres
volées. A ce jour, près de 3 000 œuvres ont été enregistrées pour une
mise à prix totale de 567 millions d’euros. Une fois la vente conclue, la
société perçoit de 5 % à 9 % au titre de courtier.
C’est ce mélange de courtage et d’enchères qui a ému le Conseil des ventes volontaire aux enchères publiques, l’autorité française de ce marché. Sa présidente, Catherine Chadelat, qui fait de la défense des
consommateurs sa priorité, s’inquiète d’un risque de confusion sur la
nature exacte du service proposé et a donc engagé une action en référé
devant le tribunal de grande instance (TGI). Un dialogue est cependant
engagé entre les deux parties, et la société Artprice maintient son calendrier. p Harry Bellet (avec AFP)
C
ela devrait être le dernier épisode«d’unfeuilletoninterminable », comme le qualifie
son comité de soutien. Mouad Belghouate, de son nom d’artiste
L7a9d, comparaissait une sixième
fois, mardi 10 janvier, devant le tribunaldeCasablanca,auMarocpour
«coups et blessures avec préméditation». L’audience aura duré plus de
douze heures, se terminant mercredi à 6 heures du matin. Le rappeur
de 24 ans est incarcéré depuis le
9septembre pour avoir participé à
une rixe en bas de chez lui, dans le
quartier d’Al Wifak. Magasinier
dans une société de câblage, L7a9d
est rappeur : il ne commercialise
pas ses disques, mais enregistre des
vidéos sur Youtube et grave des CD
pour son entourage.
Dans ses textes, El Haqed (« l’enragé» enarabe,sonnomécritenlettres romaines, les chiffres 7 et
9 remplaçant respectivement le H
et le Q) n’y va pas avec le dos de la
cuillère. Contrairement à d’autres
rappeurs marocains, Bigg,
M-Snoop ou H-Kayne, L7a9d ne
soutientpas lapolitique monarchique. Au contraire, il participe au
Mouvement du 20 février (M20)
qui, dans la foulée des révoltes en
Tunisie et en Egypte, demandait la
fin de « la tyrannie ». Dans ses textes,ilréclame«sesdroitstout desuite », préfère « vive le peuple » à
« vive le roi » et précise que dans la
Constitution marocaine « le roi est
mentionné soixante et une fois, et le
peuple qu’une seule fois ».
En juillet dernier, le M20 et
L7a9d obtenaient en partie gain de
cause puisque l’article de la Consti-
27
Feu vert de la Fondation Guggenheim
à la construction d’un musée à Helsinki
Mouad Belghouate, alias L7a9d, lors d’un sit-in du Mouvement du 20 février, en mars 2011, à Casablanca. DR
tution garantissant la sacralité du
roia étémodifié et remplacé par «le
respect dû au roi ». Le 9 septembre,
ce n’est pas un rappeur concurrent
qui vient réclamer des comptes à
L7a9d, mais un membre de l’alliance des jeunes royalistes, Mohamed
Dali. Celui-ci dit avoir été attaqué
par les proches de Mouad, et avoir
reçu du rappeur un coup sur la
nuque. Lors des audiences, il assure
avoir perdu connaissance et ne
s’être réveillé que le lendemain.
Mais le procès-verbal de la police
démontre qu’il a déposé une plainte le soir même de son agression. Ce
n’est pas la seule incohérence. Il a
obtenu un arrêt de travail de quarante-cinq jours ; or, trente jours
après la rixe, il était photographié
(le9octobre)entraindeparticiperà
unemanifestationcontrelejournal
Akhbar Al Yaoum, selon le comité
de soutien de Mouad.
Liberté provisoire refusée
« Ce procès dépasse l’entendement, confie la réalisatrice Maria
Karim, qui mène le comité de soutien. On veut faire payer à Mouad sa
liberté, sa clarté et sa détermination. » Depuis son arrestation, ses
avocats ont demandé en vain sa
mise en liberté provisoire. Elle lui a
étérefuséemalgrélesgaranties:pas
de passeport, un travail et un domicile fixe. Pour Karim Tazi, industriel
dans le textile, directeur de la ban-
El Gusto célèbre le chaâbi, musique de paix
et de mélange née dans les ruelles d’Alger
Concerts au Grand Rex à l’occasion de la sortie du film consacré au groupe
que alimentaire au Maroc et mécène des musiques urbaines, le traitement imposé à L7a9d est un messageenvoyé à ceux qui voudront critiquer le roi à l’avenir, quitte à utiliser
la justice: «Voilà, un jeune rappeur
qui tient des propos irrévérencieux
enverslechefdel’Etatetquiestcoffré
pour une simple rixe, résume-t-il. Le
pouvoir nous dit: “Ne vous trompez
pas, nous sommes dans un rapport
de force et rien d’autre. Et dans celuici, nous vous envoyons un message
clair. Nous ne rigolerons pas avec la
ligne rouge que constitue la personnalité du roi.” »
Le juge rendra sa décision jeudi
12 janvier, à midi. p
Stéphanie Binet
La Fondation, qui administre les musées Guggenheim, a donné son feu
vert à la construction d’un musée à Helsinki, ont annoncé les autorités
de la ville, mardi 10 janvier. La Fondation a remis au conseil municipal
une étude sur sa conception du musée, qui devrait coûter 140 millions
d’euros et viendrait s’ajouter à ceux existant à New York, Bilbao, Berlin
et Venise et à celui d’Abou Dhabi, en construction. Le conseil municipal
doit encore donner son accord, mais le maire de la capitale finlandaise,
Jussi Pajunen, a estimé qu’un musée Guggenheim « renforcerait la position d’Helsinki comme capitale culturelle nordique ». – (AFP.)
Starmania Effervescence à New York
à l’annonce de la naissance du bébé de Beyoncé et Jay-Z
New York était en pleine effervescence mardi 10 janvier après l’annonce
de la naissance du bébé de l’un des couples les plus glamour de la ville,
celui de la chanteuse de R’n’B Beyoncé et du rappeur Jay-Z. Touristes,
fans, curieux, camions-régies de télévision : la foule affluait devant le
Lenox Hill Hospital, situé dans l’est de Manhattan, pour tenter d’apercevoir la petite Ivy Blue Carter, née samedi 7 janvier, ainsi que ses célèbres
parents. Pour l’heureux événement, Jay-Z, de son vrai nom Shawn Carter, a sorti une nouvelle chanson, intitulée Glory, qui laisse entendre en
fond sonore les premiers pleurs de sa fille. Le couple a toutefois soulevé
la controverse en louant tout le quatrième étage de l’hôpital pour
1,3 million de dollars, malgré les protestations des autres patients et du
personnel médical en colère. – (AFP.)
Le salon des
Masters/MS
SAMEDI 28 JANVIER 2012-10H30 À 18H30
PALAIS BRONGNIART
BOURSE DE PARIS - MÉTRO BOURSE
andalou, avec le musicien algérien
Taoufik Bastanji. El Gusto pousse le
bouchon plus loin, offrant en début
de concert un duo entre le rabbin
Philippe Darmon et le muezzin
Mohamed Touzene.
MauriceEl-Medioni,leplusornemental des pianistes francarabes,
est à gauche, Paul Sultan (piano) à
droite. Au centre, Robert Castel (le
filsde Lili Labassi, l’un des piliers du
chaâbi)auchantetauviolon,Liamine Haimoun à la mandole, Mohamed Ferkioui, qui serre son accordéon « comme une femme »,
Mabrouk Hamaï, habile joueur de
kanoun, Lucien Cherki, brodeur de
guitare…Vingt-septartistes entout.
Le groupe El Gusto a été fondé par des vétérans du chaâbi en 2007. DR
Musiques du monde
M
ardi 10 janvier, le Grand
RexàParisdonnele tonde
laréconciliation, cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie, qui marqua le triomphe de
l’anticolonialismemaisaussil’amère séparation d’avec la terre mère
pour la plupart des juifs d’Algérie.
Réuni en 2007 par Safinez Bousbia,
El Gusto est un groupe formé par
des vétérans de la chanson populaire algéroise, le chaâbi, ceux de
là-bas, et ceux d’ici, juifs et musulmans.
Le propos, venant d’une jeune
Irlandaise née à Alger, avide de
reconstituer ses racines, est militant.Pour des musiciens âgés(deux
sont morts depuis le début de
l’aventure)ayantperduàjamaisl’eldorado d’une Algérie multiraciale,
méditerranéenne et festive, il ne
l’est pas moins.
Après un concert donné à Marseille(l’arrivéedesbateauxdel’exil)
en 2007, puis un autre au Palais
omnisportsdeParis-Bercy, El Gusto
est revenu pour deux soirs au
Grand Rex fêter la sortie en salle
d’undocumentairedeSafinezBousbia et celle d’un disque. Chaude
ambiance, youyous et battements
de mains: la vie et le sens de la fête
terrassent la nostalgie sans la tuer.
En 1999, Enrico Macias, juif de
Constantine, avait tenté de ressouder les cultures en donnant un
concertdemalouf,répertoirearabo-
Corpus de poésie
Au Rex, les plaies se pansent à
l’ombredeLiliBonicheoudeReinette l’Oranaise, mais aussi avec la
chanson Ya Rayah («Le voyageur»)
de Dahmane El-Harrachi (19261980), star absolue du chaâbi de
l’émigrationou cellesd’El-Anka.«Si
on commençait à dégager la chaux
qu’il y a sur tous les murs de la kasbah, chaque grain réciterait un poème d’El-Anka, tellement [sa
musique] est incrustée dans le
sang », dit un musicien d’El Gusto
dans le film dont le début est projeté en introduction du concert. Hadj
Mohamed El-Anka (1907- 1978) fut
uncompositeurprolixeetleprofesseur ou le collègue de quelques-uns
de ces musiciens. Il a structuré cette
musique née de la longue cohabitation des juifs et des arabes, corpus
de poésie dansante inventé au fond
des ruelles de la Casbah. Le chaâbi a
accompagnélavied’uneAlgériedissipée, où se croisaient voyous et
filles du port ; dockers, artisans et
fumeurs de haschisch. p
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Samedi 28 janvier de 10 h 30 > 18 h 30
Véronique Mortaigne
El Gusto, 1 CD Quidam/Remark Music.
Un film de Safinez Bousbia. Prochain
concert ; samedi 14 janvier à Bruxelles
(Bozar).
ORGANISÉ PAR
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28
& vous
0123
Jeudi 12 janvier 2012
Le tour du monde en… 115 jours
Dernier grand liner de la Cunard, parti du Havre le 6 janvier
pour une croisière de 115 jours autour du globe, le QueenElizabeth aurait pu croiser le maxi-trimaran de Loïck Peyron,
qui a bouclé, le 7 janvier, un tour du monde en 45 jours. Mais
à chacun sa route. Le voilier a pointé vers Brest tandis que le
Cunarder, du nom de la compagnie, a rejoint Southampton,
son port d’attache (Grande-Bretagne). Il y a embarqué ses passagers et a commencé le 10janvier, avec 2 000 voyageurs à
son bord, son deuxième tour du monde. Direction New York,
les Antilles, le canal de Panama et San Francisco, porte d’accès aux îles Hawaï et Samoa avant de rejoindre la NouvelleZélande et l’Australie. Puis cap vers l’Asie et la péninsule Arabique avant la mer Rouge, le canal de Suez et la Méditerranée. Arrivée à Southampton le 27 avril et débarquement
au Havre le 1er mai. Dans les soutes du navire, plus d’un million de sachets de thé, 26 tonnes de café, 15 tonnes de céréales, 6 tonnes de saumon fumé et plus de 350 000 bouteilles
de vin et de champagne. p Martine Picouët
(PHOTOS CUNARD LINE)
Cunard-france.fr
Chicago, entre gratte-ciel et terre
Embarquement pour un circuit architectural dans la «ville du vent» où vécut Frank Lloyd Wright
Chicago
Envoyé spécial
A
Chicago, à quelques dizaines de mètres du siège du
ChicagoTribuneet duMichigan Avenue Bridge, sur une place
généralement vouée à des expositions urbaines, est installée depuis
juillet 2011 une statue de Marilyn
Monroe de huit mètres de haut. La
star y est représentée dans sa célèbre pose du film Sept ans de
réflexion (The Seven Years Itch), sa
robe soulevée par le souffle d’une
grille d’aération. L’artiste Seward
Johnson a-t-il voulu, avec cette
œuvre baptisée Forever Marilyn,
faire un clin d’œil à la célèbre Windy City, la ville du vent ? Lui seul le
sait. Il reste quelques mois pour la
voir de près, car, après le printemps, la star tirera sa révérence.
Mais on ne va pas à Chicago
pour Marilyn. Car la ville du vent
est aussi celle des gratte-ciel et de
l’architecture. Cela tombe bien : à
quelques dizaines de mètres du
Michigan Avenue Bridge, il suffit
d’emprunter l’escalier qui mène
au quai pour embarquer sur la
ChicagoRiver pour un circuitarchitectural mémorable.
A commencer par le Wrigley
Building, siège de la célèbre marque de chewing-gum, construit
dans les années 1920. Le bâtiment
possède deux particularités :
recouvert de terre cuite, ce qui lui
donne un aspect brillant, il a été le
premier à disposer de l’air conditionné. Quant à Wrigley, qui se
souvient qu’à l’origine le fabricant de gomme à mâcher mondialement connu produisait du…
savon ? Ce n’est que pour en vendre davantage qu’il eut l’idée de
glisser des chewing-gums dans
chaque paquet.
Apparaissent ensuite, toujours
rive gauche,la tourTrump qui abrite à la fois un hôtel et des apparte-
ments résidentiels, faisant d’elle le
plus haut gratte-ciel d’habitation
du monde (415 mètres, 96 étages).
Puis les deux tours jumelles de
Marina City. Dessinées au début
des années 1960 par l’architecte
Bertrand Goldberg, elles mesurent
179 mètres de haut pour 61 étages.
Un effet créé par des balcons semicirculaires les fait ressembler à
deux épis de maïs géants, clin
d’œil à la céréale du Middle West.
Les étages les plus bas sont des parkings. Ces tours qui offrent théâtres, salles de sport, piscines, magasins, restaurants, auraient été
construitespour éviter que les classes moyennes ne désertent le centre-ville de Chicago.
Le bateau passe ensuite devant
le Merchandise Mart, plus connu
sous le nom du Mart. Ce building
art déco construit au début des
années 1930 a longtemps détenu
un record mondial : il n’était pas le
plus haut, mais le plus grand avec
ses 375 000 m2 de plancher.
La visite se poursuit, empruntant un bras de rivière vers le nord
jusqu’à la zone industrielle où l’on
aperçoit les nouveaux locaux du
Chicago Tribune. Demi-tour vers le
bras sud pour admirer le siège de
Boeing, avant de revenir au point
de départ, non sans avoir admiré
l’ancienne et imposante poste de
Chicago à l’architecture très stalinienne, désaffectée depuis près de
vingt ans, et la Willis Tower,
ex-Sears, qui domine la ville du
haut de ses 442 mètres et qui n’est
plus aujourd’hui que le plus grand
building des Etats-Unis. On dépas-
Radisson Blu Le Metropolitan Hotel, Paris Eiffel
Cédez.
à un week-end de soldes,
ou à deux en amoureux,
avec Radisson Blu Hotels.
Aix-Les-Bains, Biarritz, Cannes, Les Arcs, Lyon, Marseille,
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Tarif indiqué : Radisson Blu Hotel, Paris Charles de Gaulle Airport.
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Paris-Chicago, vol direct opéré
conjointement par Delta et Air
France, environ 510 euros.
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Radisson Blu Aqua Hotel, 221
North Colombus Drive. A partir de
120 euros la nuit avec accès internet gratuit. Restaurant et bar à
l’hôtel. radissonblu.com/aquahotel-chicago.
Y manger
Berghoff Restaurant, 17 West
Adams Street.
berghoffgroup.com.
III Forks , 333 East Benton place.
3forks.com.
A faire
Chicago Architecture Foundation, 224 South Michigan.
architecture.org. Les bateaux
Chicago’s First Lady. cruisechicago.com .
« Forever Marilyn », statue de huit mètres de haut réalisée par l’artiste Seward Johnson, est exposée
jusqu’à l’été sur Pioneer Court. CHARLES REX ARBOGAST/AFP
se l’embarcadère avant de revenir
sur nos pas pour faire une halte au
bas de la très belle Aqua Tower,
immeuble à la fois résidentiel et
commercial qui abrite notamment le tout nouvel hôtel Radisson Blu de Chicago. Une tour dont
le guide précise qu’elle est « la plus
haute jamais construite par une
femme architecte, Jeanne Gang ».
Mais l’architecture à Chicago ne
rime pas qu’avec gratte-ciel ou
immeubles industriels. Alors
qu’une fraction de ses collègues
cherchait à réaliser des immeubles
toujours plus hauts, un architecte
travaillait, lui, sur des maisons
individuelles dénommées lesprairie houses, les maisons de la prai-
rie, qui n’ont rien à voir avec celle
des Ingalls de la série télévisée à
succès… Ces maisons, ce sont celles
de Frank Lloyd Wright, l’architecte
le plus admiré des Etats-Unis,
mort en 1959.
Pour les voir, il faut aller à Oak
Park, à une quinzaine de kilomètres du Loop – un quartier des
affaires du centre de Chicago ainsi dénommé car il est délimité par
l’Union Loop, la boucle aérienne
du métro – soit en métro (une douzaine de stations) avec arrêt à Oak
Park ou Harlem Avenue. En taxi,
compter une quarantaine de dollars (environ 32 euros) en fonction du trafic.
Lorsque l’on arrive dans cette
banlieue plutôt huppée, désormais classée quartier historique, le
contraste est saisissant : on ne
regarde plus en l’air mais devant
soi. Première halte obligée, la maison et le studio de Frank Lloyd Wright au 951 Chicago Avenue. Ensuite, il suffit de se laisser porter par
ses pas pour découvrir la trentaine
de maisons et de bâtiments sortis
de l’imagination de Wright. Des
maisons basses, longues, posées
sur des jardins sans clôture, toutes
en opposition avec la verticalité
desimmeubles. Ne ratezpas le Unity Temple, au 875 Lake Street, à une
vingtaine de minutes à pied de la
maison de Wright. Ce temple, premièreconstruction de Wright réali-
Lire
« Le goût de Chicago », Mercure
de France, 126 p., 6,60 euros.
sée en béton entre 1905 et 1908, est
considéré comme l’une des créations majeures de l’architecte.
En profiter aussi pour aller voir
la maison natale et le musée
Ernest Hemingway (379 N Oak
Park Ave).
En retournant vers le centre-ville, un crochet s’impose vers le campus de l’université, à Hyde Park,
pour admirer la célèbre Robie House construite par Wright en 1910
pour Frederick C. Robie. C’est, de
l’avis des spécialistes, la plus aboutie des prairie houses avec son garage pour trois voitures, son système d’alarme et son aspirateur intégré. p
François Bostnavaron
La plongée sous-marine se féminise
Grâce à de nouveaux matériaux, combinaisons et palmes s’allègent et s’assouplissent
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petit-déjeuner
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Carnet de route
Lorsque l’on arrive
à Oak Park, banlieue
huppée, le contraste
est saisissant: on ne
regarde plus en l’air
mais devant soi
* Les hôtels qui aiment dire oui
Tourisme
*
es femmes sont de plus en
plus nombreuses à plonger.
Sur les 300 000 plongeurs,
dont 150 000 licenciés en France,
environ 30 % sont des femmes.
« Soit deux à trois fois plus qu’il y a
quinze ans, confie Hélène de Tayrac, fondatrice du Salon de la plongée dont l’édition 2012 a lieu du 13
au 16 janvier à Paris. On est loin de
l’image militaire qui a longtemps
été associée à ce sport considéré
comme difficile, fatigant et réservé aux hommes.
« La plongée est née avec les
trois “mousquemers” : le commandant Cousteau, le commandant
Taillez et l’ingénieur Dumas, rap-
pelle Jean-Luc Diainville, directeur général d’Aqua Lung, distributeur de matériel de plongée.
C’était vraiment une affaire de
militaires et c’est l’invention, en
1943, du détendeur à la demande,
qui a démocratisé cette activité.
On est passé de la plongée “machiste” à la plongée loisir. » Cette évolution s’est accompagnée d’une forte percée de l’apnée (plongée sans
bouteille) en particulier chez les
femmes.
« La plongée est devenue une
activité de pleine nature qui se pratique en tribu et se prête bien à la
mixité, souligne Jean-Louis Blanchard, président de la Fédération
française d’études et de sports
sous-marins. Nous sommes dans
le loisir, sans compétition. C’est
une activité qui ne fait pas appel à
la force physique. Il n’y a pas d’effort musculaire intense. » Le travail est ailleurs : sur le contrôle de
la ventilation, les variations thermiques, des compétences qui ne
sont pas spécifiques aux hommes.
Mieux épouser le visage
L’équipement a été revu pour
être plus confortable et léger. La
coupe a été étudiée pour correspondre à la morphologie féminine. Le néoprène a permis de
gagner en souplesse. Et chaque
modèle existe désormais pour
homme et femme. Les palmes, les
masques et les embouts de déten-
deur ont évolué. Les premières en
jouant avec les réglages de dureté
pour donner une plus grande souplesse à la voilure ; les masques et
les embouts adoptant une forme
plus étroite pour mieux épouser
le visage et la bouche.
Enfin, les équipements sont
désormais plus légers. Les brassières pèsent de 2 à 3 kg contre 4 à 5 kg
il y a dix ou quinze ans. « Mais
impossible de faire des miracles
sur les bouteilles en acier », souligne M. Dianville. p
Martine Picouët
Salon de la plongée, du 13 au 16 janvier,
au Parc des expositions, porte de Versailles, à Paris.
Salon-de-la-plongee.com.
0123
carnet
Jeudi 12 janvier 2012
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Naissance
Lisa LAONET et Michel PLAZANET
ont la joie d’annoncer la naissance de
Fleur,
née SAVARZEIX,
survenu le 7 janvier 2012,
à l’âge de quatre-vingt dix ans
Zette s’est éteinte paisiblement munie
des sacrements de l’église et a rejoint son
époux
Jacques DUTARD,
décédé le 8 mai 2000.
La cérémonie religieuse sera célébrée le
vendredi 13 janvier, à 10 h 30, en l’église
Saint-Jacques, 167, boulevard Bineau,
Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).
Patrice Dutard,
17, rue Péclet,
75015 Paris.
Mon mari.
Mon amour.
Mon amant.
[email protected]
ont la profonde tristesse de faire part
du décès de
Claude GUÉBIN,
survenu le 31 décembre 2011,
à l’âge de soixante-sept ans.
Ses obsèques ont eu lieu dans l’intimité
familiale.
[email protected]
Sa famille,
Ses proches
Et tous ceux qui l’ont aimé,
Jacques LEROUX,
chirurgien-dentiste
et critique musical,
survenu brutalement à l’âge de soixante
et un ans.
Un hommage lui sera rendu dans
l’intimité le vendredi 13 janvier 2012,
au crématorium de Champigny-surMarne.
Famille Leroux-Bernaudin,
20, rue de Coulmiers,
94130 Nogent-sur-Marne.
[email protected]
Décès
On nous prie d’annoncer le décès de
s’en est allé paisiblement un matin
de décembre.
Dominique, Isabelle, Antoine, Claire,
Christine et Laure,
ses enfants
et leurs familles,
font part du décès de
survenu le 6 janvier 2012.
Mme Maryvonne FERON,
Colette Baurès,
sa fille.
née GUILLEMOT,
survenu le 8 janvier 2012,
à l’âge de quatre-vingt-trois ans.
17, rue du 24 Février,
32000 Auch.
M. et Mme Pierre Blondel,
son frère et sa belle-sœur,
Sœur Monique Blondel,
sa sœur,
Mme Jacques Blondel,
sa belle-sœur,
Les familles François et Blondel,
Ses filleuls,
Ses amis de Tunisie,
ont la tristesse de faire part du rappel
à Dieu dans sa quatre-vingt-neuvième
année de
Les obsèques ont eu lieu ce mercredi
11 janvier, en l’église de Morières-lesAvignon.
Dominique Feron,
9, rue des Sarcelles,
34750 Villeneuve-ls-Maguelone.
Jacqueline Gensburger,
son épouse,
Samuel et Benjamin,
ses enfants,
Anne-Marie BLONDEL,
ont l’immense tristesse de faire part
du décès de
chevalier dans l’ordre national du Mérite,
chevalier
dans l’ordre des Palmes académiques.
Robert GENSBURGER,
retraité de l’Ecole spéciale d’architecture.
La messe de funérailles aura lieu
le jeudi 12 janvier 2012, à 10 heures,
en la chapelle des Petites-Sœurs
de l’Assomption, 57, rue Violet, Paris 15e.
Il sera inhumé, entouré de sa famille
et de ses amis, au cimetière de Lèves
(Chartres), le jeudi 12 janvier 2012,
à 11 heures.
ont la tristesse d’annoncer le décès de
survenu le 7 janvier 2012,
dans sa quatre-vingt-troisième année.
Les obsèques auront lieu le vendredi
13 janvier, à 10 heures, au temple
protestant de Nancy.
Claire, Anne, Pierre, Loïc, Gilles,
Elisabeth, Jean, Françoise, Jérôme,
ses enfants,
Ses petits-enfants,
Ses arrière-petits-enfants,
Toute la famille
Et ses amis,
M. Roger RIFFIER,
Il repose désormais au cimetière
de Pleurtuit (Ille-et-Vilaine), aux côtés
de son épouse,
ont la douleur de faire part du décès de
M. Jean NÉGRA,
L’inhumation se fera dans l’intimité
familiale.
Cet avis tient lieu de faire-part.
« Père, Me veux que là où Me suis,
ceux que tu m’as donnés
soient aussi avec moi. »
Jean 11:25.
Jean-François et Françoise Notin,
Claire et Jean-Pierre
Christine et Pierre Bailly,
Frédéric,
Claude et Nicolas Tourjansky,
Véronique et Jean-François Boyer,
Antonin et Baptiste,
Benoit et Christine Notin,
Julie et Nicolas,
ses enfants et petits-enfants,
ont la tristesse de faire part du décès,
le 6 janvier 2012,
dans sa quatre-vingt-dixième année, de
M. Pierre NOTIN.
Grâce à ses efforts et à son courage,
grâce aussi à tous ceux qui l’ont entouré,
sa vie jusqu’aux derniers instants fut une
vie digne et belle.
Rémi Dreyfus,
son mari,
Maryse Lacaze,
Françoise Tillard,
ses filles,
L’office religieux a été célébrée
le 6 janvier, en la cathédrale Saint-Cécile
d’Albi.
L’inhumation a eu lieu le 7 janvier
au cimetière de Tamaris à Alès (Gard).
Claire, Bernard et Maria, Pierre,
ses enfants,
Hubert, Louise, Emma et Léonie,
ses petits-enfants,
Son frère, ses belles-sœurs,
et beaux-frères,
Sa famille
Et ses amis.
Elle a rejoint son époux
Jean VAYSSADE.
« j’ai combattu le bon combat,
M’ai achevé la course, M’ai gardé la foi. »
II, Thimothée, IV v.7.
Conférence
La Fédération de Paris de la LICRA
(Ligue internationale contre le racisme
et l’antisémitisme)
organise une conférence-débat
avec
Mme Laurence Parisot,
présidente du MEDEF
« Un piège bleu Marine »
(Calmann-Levy)
le mercredi 19 janvier 2012, à 19 h 30,
à la Maison du Barreau,
2, rue de Harlay, Paris 1er
(métro : Pont-Neuf).
Communications diverses
Patricia Gavignet,
Paul Lacaze, Jean Rossier,
Nicolas Devers-Dreyfus,
Sylvie et Thomas Devers,
ses beaux-enfants,
Cécile, Benjamin, Vincent,
Séverine, Sébastien, Anne,
Colin, Julien, Louis,
ses petits-enfants,
Tom, Jeanne, Julia,
Olivia, Félix, Yushan,
ses arrière-petits-enfants,
ont la tristesse de faire part du décès
le 7 janvier 2012 de
Janine TILLARD,
Monique
et ses parents.
Les obsèques auront lieu le vendredi
13 janvier, à 15 heures, au cimetière
du Montparnasse, Paris14e.
17, chemin des Ardennes,
68100 Mulhouse.
Est entrée dans la paix du Seigneur
le mardi 3 janvier 2012, à Albi à l’âge
de quatre-vingt-cinq ans.
Entrée libre.
Inscription par e-mail :
[email protected]
née HOLODENKO,
officier de la Légion d’honneur,
ancien membre
du Conseil économique et social,
présidente-fondatrice
de la « Mémoire courte ».
Les dons peuvent être versés au Secours
Catholique et au CCFD.
née ROUSSET.
sur son ouvrage
(écrit avec Mme Rose Lapresle)
Cécile.
La messe d’accompagnement
a été célébrée le mercredi 11 janvier,
en l’église Notre-Dame-du-PerpétuelSecours, couvent de Riedisheim,
avant l’inhumation, à 15 heures,
à Labergement-Sainte-Marie (Doubs)
où reposent son épouse,
Ni fleurs ni couronnes.
Marguerite VAYSSADE,
ont la très grande tristesse de faire part
du décès de
Saint-Cyr-sur-Loire.
Claudine et Philippe Rozier,
Jean-Pierre et Sylvie Négra,
ses enfants,
Emilie, Clémentine, Elisa, Lily,
Jocelyn,
ses petits-enfants,
Albi. Saint-Germain-en-Laye.
Alès. Strasbourg.
M. Claude PROUVÉ,
survenu à l’âge de quatre-vingt-dix-sept
ans.
M. Jean-Louis-Henri BAURÈS,
ancien de la Brigade Alsace-Lorraine,
médaille militaire 1945,
croix de guerre,
croix du combattant volontaire
1939-1945,
Nicolas et Veronica Prouvé,
Fanny Prouvé et Hervé Capdevielle,
Céline Motte-Prouvé,
ses enfants,
Ses neuf petits-enfants,
Ses quatre sœurs, ses beaux-frères
et belles-sœurs
Et toute sa famille,
Jean-Yves Chauvière,
son associé,
49, avenue Marceau,
92400, Courbevoie.
survenu le 6 janvier 2012.
Jack EGLE
Suzanne DUTARD,
Un étranger qui avait choisi la France,
celle des droits de l’Homme.
Un étranger qui avait choisi Paris,
la Seine, une île.
le 17 décembre 2011, à Paris.
ont la tristesse de faire part du décès de
L’inhumation aura lieu au cimetière
du Montparnasse dans la sépulture
de famille.
AU CARNET DU «MONDE»
Quentin et Elodie,
Samantha et Jean Noël,
Sidonie et Mathieu, Félicie et Agni,
Chloé, Marie-Eve, Pierre-Valérie
et Géraldine, Mathilde, Arthur, Louise,
Zacharie, Saï et Nola,
ses petits-enfants et arrière-petits-enfants
Sa famille,
Ses proches,
ont la douleur de faire part du décès de
(
012!* !*
! !!*
!! 12!*
3
! . //
Christine Garrett,
Olivier et Suki Dutard,
Patrice et Catherine Dutard,
Béatrice et Jean-Marc Durkowski,
ses enfants,
29
Cet avis tient lieu de faire-part.
33, rue Lhomond,
75005 Paris.
L’argent
5 courtes conférences,
le vendredi 13 janvier 2012, à 18 h 30,
Redéfinir la richesse,
art & argent, argent de poche,
argent virtuel, cerveau/argent.
Entrée libre
Université Paris7-salle Buffon,
13, rue Hélène Brion 13e,
Informations : 01 44 32 28 84,
www.paris-montagne.org/qsec
Voyages culturels juifs 2012 :
Birobidjan, Ukraine, Pays Baltes,
Sri Lanka, Portugal, Alsace,
Pologne, Louisiane.
Association : www.valiske.com
[email protected]
Tél. : 03 88 97 86 02.
Merci aux lecteurs de
« ENVOÛTEMENTS PRÉCAIRES »
le roman mis en feuilleton
au cours de l’année 2011
est disponible gratuitement en 2012
sur le site
www.envoutements-precaires.fr
jusqu’à l’option d’un éditeur.
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5
6 30
météo & jeux
< -10°
-5 à 0°
-10 à -5°
0 à 5°
5 à 10°
Jeudi 12 janvier
Calme et assez doux
10 à 15°
1020
40 km/h
9 12
20 km/h
T4 9
4 10
PARIS 965
6 10 975
5 11
5 11
5 12
Orléans
3 10
Nantes
1 7
1 10
Besançon
Odessa
Barcelone
Barcelone
4 12
Nice
Marseille
7 12
6 13
5 11
Aujourd’hui
La grisaille restera de mise sur la
moitié nord, donnant toujours une
ou deux gouttes ainsi qu'un peu de
crachin près des frontières du nord
jusqu'à la Normandie dans
l'après-midi. La moitié sud connaîtra
au contraire des conditions souvent
ensoleillées en dehors de brouillards
localement tenaces dans les vallées.
Une certaine douceur persistera sur
le quart nord-ouest.
Jours suivants
Samedi
Ajaccio
20 km/h
Lever 08h41
Coucher 17h15
Sainte Tatiana
Coeff. de marée 91/90
Anticyclone
D
4 14
Lever 21h27
Coucher 09h55
Vendredi
7
1 8
8
5 8
7 10
2
0
A
Rabat
Dépression
Front chaud
Front froid
Occlusion
Thalweg
En Europe
Températures à l’aube 1 22 l’après-midi
Istanbul
Athènes
D
Tripoli
Tripoli
Beyrouth
Jérusalem
Le Caire
Brésil Encore de fortes pluies orageuses à redouter
Perpignan
6 12
Bucarest
Sofia
Alger
A
Montpellier
A
Rome
Tunis
Tunis
-2 10
-1 11
Zagreb
Belgrade
Ankara
Séville
Grenoble
Toulouse
Budapest
Berne
Madrid
-1 10
Biarritz
Kiev
Lisbonne
Lisbonne
Bordeaux
10 km/h
Moscou
Munich Vienne
Milan
-7 7
Lyon
1015
-1 9
St-Pétersbourg
Bruxelles
A
1010Chamonix
0 9
0 9
Helsinki
985
990Riga
Copenhague
995
1000
1005
Minsk
1010
Amsterdam Berlin
Varsovie
1015
Prague
Paris
0 5
Clermont-Ferrand
Limoges
Dublin
Londres
-1 6
-1 8
20 km/h
1030
0 7
Dijon
1005
Poitiers
Edimbourg
Strasbourg
D
Oslo
Stockholm
Metz
985
990
995
1000
Rennes
E-millésimes
980
1025
6
6
0 10
1
7
0 6
6 14
Amsterdam
Athènes
Barcelone
Belgrade
Berlin
Berne
Bruxelles
Bucarest
Budapest
Copenhague
Dublin
Edimbourg
Helsinki
Istanbul
Kiev
La Valette
Lisbonne
Ljubljana
Londres
Luxembourg
Madrid
Moscou
Nicosie
Oslo
Prague
Reykjavik
averseséparses
assezensoleillé
assezensoleillé
enpartieensoleillé
averseséparses
nuagesbas
averseséparses
assezensoleillé
enpartieensoleillé
averseséparses
enpartieensoleillé
averseséparses
aversesdeneige
enpartieensoleillé
giboulées
beautemps
éclaircies
beautemps
enpartieensoleillé
averseséparses
beautemps
giboulées
enpartieensoleillé
enpartieensoleillé
nuageux
éclaircies
8
6
9
1
8
-2
7
-1
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7
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-1
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10
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-3
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5
3
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15
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14
8
13
5
11
0
15
6
8
1
Riga
Rome
Sofia
Stockholm
Tallin
Tirana
Varsovie
Vienne
Vilnius
Zagreb
aversesmodérées
beautemps
éclaircies
aversesmodérées
pluieetneige
beautemps
faiblepluie
assezensoleillé
pluiemodérée
beautemps
Dans le monde
2 4
4 13
-7 2
2 4
1 3
2 12
4 6
1 7
1 4
0 8
Alger
8
beautemps
Amman
1
beautemps
Bangkok
enpartieensoleillé 24
Beyrouth
éclairciespuisorageux12
Brasilia
éclairciespuisorageux17
Buenos Aires assezensoleillé
15
Dakar
21
assezensoleillé
Djakarta
26
averseséparses
Dubai
19
beautemps
Hongkong éclaircies
13
Jérusalem enpartieensoleillé
4
Kinshasa
éclaircies
23
Le Caire
beautemps
8
Mexico
assezensoleillé
7
Montréal
neigefréquente
-9
Nairobi
enpartieensoleillé 14
16
10
30
14
24
26
26
30
26
16
9
29
15
23
-3
25
New Delhi
New York
Pékin
Pretoria
Rabat
Rio de Janeiro
Séoul
Singapour
Sydney
Téhéran
Tokyo
Tunis
Washington
Wellington
beautemps
8 16
aversesmodérées 9 12
beautemps
-9 2
ensoleillépuisorageux
17 29
enpartieensoleillé 9 17
ensoleillépuisorageux
22 30
éclaircies
-9 1
averseséparses 25 31
beautemps
15 20
enpartieensoleillé 6 10
assezensoleillé
-2 5
assezensoleillé
10 15
averseséparses
9 16
assezensoleillé
17 20
Cayenne
Fort-de-Fr.
Nouméa
Papeete
Pte-à-Pitre
St-Denis
ensoleillépuisorageux
24
assezensoleillé
25
enpartieensoleillé 24
ensoleillépuisorageux
26
beautemps
22
ensoleillépuisorageux
27
Outremer
29
28
27
28
28
31
Météorologue en direct
au 0899 700 703
1,34 € l’appel + 0,34 € la minute
7 jours/7 de 6h30-18h
Dimanche Lundi
DEVENEZ INCOLLABLE
SUR L’ACTUALITÉ
Nord-Ouest
1
6
-3
3
-2
4
Ile-de-France
2
4
0
4
-1
4
Nord-Est
-3
4
-3
4
-3
2
Sud-Ouest
-1
6
1
6
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6
Sud-Est
1
9
-1
9
0
10
Dossiers&Documents
www.lemonde.fr/dosdoc
pour mettre en perspective l’actualité
et comprendre le monde qui nous entoure
Janvier 2012 - 2,95 €
1996. «Un peu plus tard sur mon ch’min, j’ai rencontré la nostalgie, la fiancée des bons souvenirs qu’on éclaire à la bougie. » Se pourrait-il que Grand
Corps malade ait lui aussi croisé sur Twitter le chemin du mot-clé
#JeTwittEn96? Tout est parti d’un aparté entre@LeCritiqueur
et@Bill_BocquGates. « J’essayais d’me mettre à la place d’un mec qui
tweette en 1996», écrivait ce dernier. Et le premier de lui lancer un «Viens,
on fait un hashtag genre #JeTwittEn96 ». Il n’en fallait pas plus pour que
cette initiative prenne son essor, reprise par des dizaines de « suiveurs »
qui continuent de se prêter au jeu. «Jacquet garde Dugarry pour la Coupe
du monde? On ne sera jamais champions du monde », écrit l’un. L’avenir
ne saurait l’appuyer. Mais ce sont les tweets technophiles qui prennent le
dessus avec des « Je cherche une cabine téléphonique, on vient de me laisser un message sur mon bipeur », «Encore un écran bleu. Bon, je réinstalle
Windows. Où j’ai mis les disquettes de mes drivers? », «D’après la rumeur,
France Télécom devrait annoncer les tarifs de la Mobicarte le 12janvier! J’ai
hâte! », ou encore, «Youpi! J’ai accès à Compuserve avec mon modem Kortex 14.4 ». Des tweets qui font sourire à la lumière du chemin parcouru.
1997. Le site Once Upon, projet des artistes Olia Lialina et Dragan Espenschied, s’inscrit dans une démarche inverse. S’il faut attendre 2004 pour
Facebook, 2005 pour YouTube et même 2011 pour voir Google +faire
leurs premiers pas sur Internet, Once Upon se plaît aux anachronismes.
Ils plongent ces trois mastodontes à la sauce préhistorique du Web, avec
force visuels et technologies de quinze ans d’âge, poussant même jusqu’à
adapter leurs créations au navigateur Netscape 4.03 sous Windows 95.
Google +n’est pas très engageant dans son costume rétro (gplus.1x-upon.
com); YouTube me livre, pour la énième fois, son Dancing Baby, l’une des
premières vidéos virales (youtube.1x-upon.com). Et autant vous le dire, je
ne ferai pas le mur pour celui de ce Facebook vintage (facebook.1x-upon.
com/~jenny55166/) ! En avant, toute! p
Courriels
Justice Pour l’honneur et la dignité
Sans doute vous souvenez-vous, emportés par Jack London au cœur de
L’Appel de la forêt, lorsque, pour gagner son pari, « Thornton s’agenouilla
près de Buck [son chien], lui saisit la tête à deux mains, pressant sa joue
contre la sienne, et, tout bas, lui murmura : fais cela pour moi, Buck, pour
l’amour de moi!… » Il est ainsi de sublimes éclats de lecture qui s’emparent de vous, provoquant un jaillissement de larmes impossible à retenir. De cette pépite du Grand Nord, on retrouve la précieuse matière
dans la chute marquante de l’article « Le fichage ADN “fourre-tout” au
cœur du procès d’un ex-salarié de Continental » (Le Monde du 6 janvier)
consacré au procès de Xavier Mathieu. L’honneur, la dignité et l’amour y
sont en effet sublimés, à travers ses paroles qu’on se plaît à reprendre :
«J’ai un patrimoine génétique. Il m’a été donné par amour par mes
parents, il a été transmis par amour à mes trois enfants. J’ai un petit-fils
aujourd’hui. Jamais je ne donnerai mon ADN autrement que par
amour.» François Roos, Souffelweyersheim (Bas-Rhin)
Les soirées télé
Les jeux
Mots croisés n˚11-010
Sudoku n˚11-010
Solution du n˚11-009
Mercredi 11 janvier
TF 1
1
2
Jeudi 12 janvier 2012
C’est tout Net! Marlène Duretz
> 35°
D
970
Châlonsen-champagne
Rouen
30 à 35°
www.meteonews.fr
980
Amiens
Caen
25 à 30°
Reykjavik
4 10
Brest
20 à 25°
12.01.2012 12h TU
Lille
Cherbourg
15 à 20°
En Europe
1020
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écrans
3
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I
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7
Difficile
Complétez toute la
grille avec des chiffres
allant de 1 à 9.
Chaque chiffre ne doit
être utilisé qu’une
seule fois par ligne,
par colonne et par
carré de neuf cases.
Téléfilm. Fabrice Cazeneuve. Avec Barbara Schulz,
Jean-Pierre Lorit, Emma Lycia Gomez (Fr., 2008).
22.10 Secrets de famille.
Avec Marcel Rufo, Juliette Allais, Nadine Grafeille.
23.45 Journal, Météo.
0.05 Dakar 2012 - Bivouac. Magazine.
0.30 Des mots de minuit.
Spécial Dakar en Argentine. Magazine (30 min).
Euro Millions
Horizontalement
Verticalement
I. Reçoit beaucoup plus de coups
qu’il n’en redonne. II. Pour de
grands noirs. Division au sommet.
III. Bien plein. Plongez dedans
sans danger. IV. Parfumé par les
étoiles. Manifesta par-derrière.
Une des plus belles Citroën.
V. Protection du globe. Cours du
Nord. Soin peu soigné. VI. Se
penche sur les dieux de l’Olympe.
VII. Ouverture des comptes. A
l’entrée d’Istanbul, à la sortie de
Paris. Personnel. VIII. N’a
vraiment pas bonne mine. Sans
problème. IX. Comte de Paris
devenu roi de France. Fera un
grand ménage. X. Modèles.
1. Envoyée spéciale, pas toujours
bien accueillie. 2. Grand papillon.
Personnel. 3. Comme une cane en
pleine discussion. 4. En cabane.
Mesurait le rayonnement.
5. Cicatrice sur la graine. Piégée.
6. Fait froid à London. Que l’on
retrouvera à chaque tour.
7. Donnai belle allure aux perles.
Pour les amateurs de bains
remuants. 8. Réservé aux proches.
Précède la personne au palais.
9. Ortolans. Sur la rive. 10. Se jette
dans le Rhin. Deux points. Sur la
table. 11. Ballades en Germanie. A
point. 12. Feras du propre.
Philippe Dupuis
Solution du n° 12 - 009
Horizontalement
Verticalement
I. Pousse-pousse. II. Expatrié. Ion.
III. Ressentiment. IV. Fris. Salés.
V. Lest. Luter. VI. Chose. Relent.
VII. Tan. Paire. Dr. VIII. Il. Pal.
Ernée. IX. Ovaires. Ive.
X. Nauséabondes.
1. Perfection. 2. Oxer. Halva.
3. Upsilon. Au. 4. Sasses. Pis.
5. Ste. Sépare. 6. Ernst. Aléa.
7. Pita. Ri. Sb. 8. Œillère. 9. Meuler.
10. Sieste. Nid. 11. Son. Endêve.
12. Entartrées.
Résultats du tirage du mardi 10 janvier.
4, 9, 10, 30, 40, 2 e et 9 e
Rapports : 5 numéros et e e : pas de gagnant ;
5 numéros et e : 350 739,30 ¤ ; 5 numéros : 70 147,80 ¤ ;
4 numéros et e e : 3 653,50 ¤ ; 4 numéros et e : 158,50 ¤ ;
4 numéros : 93,40 ¤ ;
3 numéros et e e : 48 ¤ ; 3 numéros et e : 10,80 ¤ ;
3 numéros : 10,50 ¤ ;
2 numéros et e e : 15,90 ¤ ; 2 numéros et e : 7,10 ¤.
2 numéros : 4 ¤ ; 1 numéro et e e : 8,90 ¤.
Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions
datées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.
Tous les jours Mots croisés et sudoku.
Coupe de la Ligue (quarts de finale) : Lyon - Lille.
En direct de Lyon. 22.40 Tous les buts.
23.10 et 1.35 Météo, Soir 3.
23.45 Doc 24. Documentaire.
0.35 Couleurs outremers.
Magazine. Gendarmes de Camopi... (30 min).
Abonnements : par téléphone : de France 32-89
(0,34¤ TTC/min) ; de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89.
Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/
Tarif 1 an : France métropolitaine : 394 ¤
Internet : site d’information: www.lemonde.fr
finances : http://finance.lemonde.fr
Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.fr
Documentation : http ://archives.lemonde.fr
Collection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40
Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60
Série. Les Larmes du jaguar. L’Inconnu de Prague.
Seules dans la nuit (saison 2, ép. 1 à 3, inédit) U.
23.30 New York unité spéciale.
Série. Vivre l’enfer ; La Vérité sous silence
(saison 6, 5/23 ; saison 10, 17/22, 100 min) V.
FRANCE 2
20.35 Des paroles et des actes.
Invité : Jean-Luc Mélenchon.
22.20 Avant-premières. Invités :
Michel Legrand, Natalie Dessay, Elie Semoun,
Mathilde Seigner, Alain Duhamel... (100 min).
FRANCE 3
Film Clint Eastwood. Avec Clint Eastwood,
Meryl Streep, Annie Corley (Etats-Unis, 1995).
22.55 Soir 3.
23.25 Lettres d’Iwo Jima pp
Film Clint Eastwood. Avec Ken Watanabe,
Kazunari Ninomiya (EU, 2006, 139 min) V.
CANAL +
20.55 Body of Proof.
CANAL +
20.55 Libre échange
Film Serge Gisquière. Avec Carole Bouquet,
Julie Depardieu, Philippe Magnan (Fr., 2010) U.
22.05 Joseph et la fille
Film Xavier de Choudens. Avec Jacques Dutronc,
Hafsia Herzi, Aurélien Recoing (Fr., 2010) U.
23.30 Elle s’appelait Sarah p
Film Gilles Paquet-Brenner. Avec Kristin Scott
Thomas (France, 2010, 110 min).
ARTE
Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13
Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;
télécopieur : 01-57-28-21-21
Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;
Par courrier électronique : [email protected]
Médiateur : [email protected]
20.50 Interpol.
20.35 Sur la route de Madison ppp
FRANCE 3
20.35 Football.
X
TF 1
FRANCE 2
20.35 Seule.
Réalisé par Yan Georget
IX
20.50 Grey’s Anatomy.
Série. En milieu hostile. Comme des grands U.
En immersion U (saison 7, 4 à 6/22, inédit).
23.10 Nikita. Série. La Femme à abattre.
Réminiscences (S1, 3 et 4/22, inédit, 95 min) U.
Jeudi 12 janvier
20.35 Un cœur simple p
Film Marion Laine. Avec Sandrine Bonnaire,
Marina Foïs, Pascal Elbé (France, 2007).
22.15 Boris Vian, la vie jazz.
Documentaire. Philippe Kohly (France, 2009).
23.15 La Double Vie de Daniel Shore p
Film Michael Dreher. Avec Nikolai Kinski,
Katharina Schüttler (All., 2009, v.o., 105 min).
Série (saison 1, 11 à 13/13, inédit) U.
23.00 The Big C.
Série. Révélation divine (S1, 10/13, inédit) U.
23.25 Raising Hope. Série (S1, 19 à 22/22).
0.50 Victor p
Film Thomas Gilou. Avec Pierre Richard,
Lambert Wilson (France, 2009, 95 min) U.
ARTE
20.35 Les Tudor.
Série. Jeanne, reine d’Angleterre. Le Pardon royal
(S3, 1 et 2/8, inédit). Avec Jonathan Rhys Meyers.
22.15 Grossesses sous surveillance.
Le Diagnostic prénatal. Documentaire (2011).
23.10 Les Gars et les Filles.
Armand 15 ans l’été. Documentaire.
0.10 L’Homme-Chat.
Téléfilm. Wolfgang Panzer (coprod., 2010, 85 min).
M6
20.50 Criminal Minds :
M6
20.50 Les Années 1980 : le retour.
Invités : Bonnie Tyler, Desireless, Julie Pietri...
23.20 Les Années 1990 : le retour.
Avec Ophélie Winter, Ménélik, Native... (140 min).
Suspect Behavior.
Série. La Poupée. L’Ange de la mort. Les Trois
Petits Singes U (saison 1, 1 à 3/13, inédit) V.
23.20 Les Nouveaux Visages
de la prostitution.
Filles à louer pour hommes riches (100 min) V.
0123
0123
Jeudi 12 janvier 2012
Tebow, missionnaire
du ballon
Lettre des Etats–Unis
Corine Lesnes
A
vec janvier est revenue la saison
des playoffs, les éliminatoires du
championnat de football américain, qui culmineront avec le Superbowl,
le 5 février. Le football a eu une année un
peu difficile en 2011, avec une grève des
joueurs et un débat longtemps occulté sur
les risques pour la santé. La multiplication
des traumatismes crâniens a fait l’objet
d’auditions au Congrès, à la suite de quoi
125anciens joueurs ont intenté des procès
contre la Ligue et les fabricants de casques.
Mais le football a aussi donné à l’Amérique son nouveau héros. Tim Tebow, le
quarterback de l’équipe de Denver, les
Broncos. Le « Justin Bieber du football »,
comme l’a écrit le Wall Street Journal. Un
joueur à part, même dans le Colorado, qui
a déjà eu son heure de gloire avec John
Elway, le joueur qui catapultait le ballon à
une telle allure qu’il fracassait les mains
de l’adversaire. Le gaucher Tim Tebow
(prononcez Thibaut, à la française – ce
serait d’ailleurs l’origine de son nom),
1,91 m, 107 kg, est le phénomène de l’année. Pas seulement pour ses passes imprévisibles, mais pour la relation spéciale
qu’il entretient avec Dieu.
Evangélique, Tim Tebow affiche sa foi
au milieu du stade. Devant 40 000spectateurs et 45 millions de téléspectateurs,
harnaché comme un gladiateur, cerné
par les pom-pom girls, Tim Tebow met
un genou à terre, et prie, tête baissée,
façon Penseur, de Rodin, même si ce n’est
pas son menton qui repose sur sa main,
mais son front. La scène ne dure que quelques dizaines de secondes, mais comme il
lui arrive aussi de faire des miracles – toujours in extremis, dans le dernier quart
d’heure –, elle a pris une dimension
mythique. La pose a désormais un nom :
le tebowing et elle est copiée de toutes
parts. Un site (Tebowing.com) collecte les
photos. Partout, on s’agenouille. Un signe
d’appartenance au culte de Tebow. Dans
un pays qui a de nouveau envie d’y croire,
Tim Tebow redonne confiance. Les miracles existent. Au diable le déclin, la sortie
de crise est à portée de main.
Timothee Tebow, lui-même, revient de
loin. Son père était missionnaire baptiste
aux Philippines. Sa mère a eu une violente maladie quand elle était enceinte et les
médecins lui avaient conseillé de ne pas
prendre le risque de garder l’enfant. Elle
ne les a pas écoutés. Tim a grandi avec le
récit de sa naissance miraculeuse et la
hantise de ne pas finir en force. Sa famille
est le portrait-robot des évangéliques,
adepte de l’école à la maison, et farouchement pro-life. Avec sa mère, Tim a tourné
une publicité antiavortement, qui a été
diffusée avant le Superbowl 2010 (il la
regarde tendrement de ses yeux bleus :
« Thank you, Mom »).
Quand il jouait avec les Gators, l’équipe de l’université de Floride, il avait l’habitude d’inscrire un verset de la Bible (Jean
3, 16) sur ses eye black, les ombres noires
que se peignent les joueurs sur les joues
pour éviter les reflets. Depuis, la référence
« Jean 3:16 » a suscité 94 millions de
recherche sur Google. Tous ses tweets se
terminent par « GB » pour God bless
(« Dieu vous bénisse »). Cela tombe bien,
ce sont aussi les initiales de « Go Broncos ! »
Tebow est devenu un modèle pour les
parents. Pendant les conférences de presse d’après-match, son bonnet de snowboard enfoncé sur la tête, il ne manque
jamais de dire qu’il est allé visiter le matin
même les enfants malades dont s’occupe
sa fondation humanitaire, et que « c’est
plus important » qu’un événement sportif. Il prêche régulièrement dans les prisons. Il pense que « Jésus lui a donné une
plate-forme » pour propager son message.
« Le football n’est qu’un moyen, dit-il. Pas
une fin. » A un journaliste qui lui deman-
Evangélique, le quaterback
affiche sa foi au milieu
du stade. Devant
40000spectateurs
et 45millions
de téléspectateurs,
il met un genou en terre,
et prie, tête baissée
dait s’il avait déjà eu des relations sexuelles, il a répondu non. La presse a été tellement embarrassée qu’il l’a renvoyée à sa
difficulté à faire un héros d’un sportif qui
s’agenouille sur la pelouse du stade et pratique l’abstinence. « J’étais prêt pour la
question. Pas vous. »
En décembre, Tim Tebow a traversé
une mauvaise passe (si l’on ose dire) et
certains n’ont pas manqué de se moquer.
Jésus est même apparu dans l’émission
satirique « Saturday Night Live » (en short
sous sa robe de bure) pour demander à
Tim de « prier un peu moins et de s’entraîner davantage »… Autant dire que le quarterback était attendu au tournant, dimanche 8 janvier, alors que les Broncos
essayaient de se qualifier contre un adversaire plus que coriace, les Steelers de Pittsburgh.
Tebow a fait merveille à la passe, et
même marqué lui-même, mais les deux
équipes étaient à égalité à la fin du match.
Le miracle a eu lieu onze secondes après
le début des prolongations, quand le quarterback a lancé son coéquipier Demaryius
Thomas sur un parcours de 80 yards
(1yard = 0,91 m). Touchdown. C’était
gagné. Tebow s’est agenouillé en humble
serviteur « pour remercier [son] Sauveur
et [son] Seigneur ». Dans le public, les pancartes se sont levées : « We believe »
(« nous croyons »). Twitter a crépité de
plus de 9000 messages à la seconde. Believe ou le Yes we can de 2012.
A la fin de la partie, quand la Ligue a
publié les statistiques, même les agnostiques ont été épatés. Le score total de
Tebow était de 316. Et il avait réussi en
moyenne 31,6 yards par passe. Comme le
verset biblique, oui. Jean 3, 16. Encore une
coïncidence à tomber à genoux… p
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C’est tout vu ! | Chronique télé
par Isabelle Talès
De l’or dans le gaz
O
n connaissait le Monopoly
grâce auquel chacun peut
s’offrir la rue de la Paix sur
un coup de dés. On a assisté, mardi 10 janvier, à d’autres parties qui
se jouent sur le boulevard des dictatures ou sur le chemin de la
mondialisation.
Sur Arte, c’est le journaliste autrichien Martin Leidenfrost qui nous
invite à parcourir avec lui les cases
de ce qu’il appelle « Le grand Monopoly du gaz ». C’est chez lui, devant
une cuisinière – à gaz, évidemment–, qu’il définit les enjeux du
jeu européen: les besoins sont à
l’Ouest, les réserves sont à l’Est.
Pour diversifier son approvisionnement, aujourd’hui quasi monopolisé par la Russie, l’Union européenne a lancé le projet « Nabucco», un
gazoduc qui doit la relier aux gisements du Transcaucase et d’Asie
centrale. Problème : ne risque-t-elle
pas, ce faisant, de renforcer certaines dictatures?
Quand Martin Leidenfrost pose
la question à l’ancien chef de la
diplomatie allemande, Joschka Fischer, il s’entend répondre: « Je ne
peux tout de même pas changer la
répartition des ressources naturelles.» Mais un journaliste qui a affiché sur les murs de son salon les
photos du «tsar » Poutine serrant
la main de l’ex-chancelier Schröder
et celle du Cavaliere Berlusconi
pour sceller des alliances à propos
d’autres gazoducs ne peut pas se
satisfaire de ça. Martin Leidenfrost
nous emmène donc partout où ça
sent le gaz. Azerbaïdjan, Russie, Turquie… Il ne nous cache rien, ni ses
difficultés professionnelles – il se
fait raccrocher au nez à Bakou –, ni
ses souvenirs personnels – «J’ai
failli épouser une femme russe »,
soupire-t-il à Moscou. Il n’hésite
pas à se déguiser en Playmobil, casque et combinaison, pour visiter
des sites où d’autres Playmobil se
montrent à peine aimables. Il cuisi-
ne – au gaz, toujours – ministres de
l’énergie et magnats de l’or bleu
dans des bureaux avec vue panoramique sur des villes en chantier
dont il ressort toujours un peu
enfumé mais jamais dupe. Il a une
autre tactique pour faire jaillir la
vérité, telle une torchère dans la
toundra sibérienne : le soir, il traîne dans les bars à bière qui jouxtent les usines à gaz. A Bakou, les
ouvriers tentent de le rassurer :
«On aimerait faire partie de… comment ça s’appelle, là? – L’Union
européenne? – Oui, c’est ça… »
Au terme de l’enquête, Leidenfrost s’en remet à la carte «Chance»: l’Europe aura choisi la bonne
stratégie… ou pas. Un peu comme
on tente un double-six aux dés.
Autre Monopoly : celui de l’agriculture. Dans «A l’Est, main basse
En Europe, côté
énergie, les besoins
sont à l’Ouest,
les réserves à l’Est
sur les terres», diffusé sur France 5,
Agnieszka Ziarek a suivi des agriculteurs alsaciens qui exploitent des
parcelles en Roumanie. Encore sympathiques quand ils parcourent
leurs propres champs juchés sur
des tracteurs rutilants, ils le sont
beaucoup moins devant ces paysans roulant en carriole à cheval qui
n’avaient plus d’autre solution que
de louer leurs lopins à plus riches
qu’eux. Paysanne roumaine: « Mon
terrain sera semé cette année, et
vous ne m’avez même pas prévenue! » Agriculteur français: «Ça fait
quinze ans qu’ils n’ont pas cultivé
leur terre, et maintenant ils voudraient faire leur petite révolution !»
Allez-vous plaindre, après ça, que le
Qatar confisque notre football ! On
finit toujours par trouver plus fort
que soi, au Monopoly. p
A ne pas manquer sur 0123.fr
Dossier Dix ans de Guantanamo
A l’occasion du dixième anniversaire de l’ouverture de la prison américaine, Le Monde.fr vous propose un dossier sur ce lieu de non-droit :
témoignages vidéo de deux anciens détenus, innocentés depuis, infographie sur les effectifs de la prison au fil des années, synthèse sur les
raisons qui ont empêché Obama de fermer ce bagne et sur les illégalités
qui ont été commises par les Américains depuis cette première ouverture. http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/01/10/pourquoi-guantanamo-n-est-toujours-pas-ferme_1627286_3222.html
pTirage du Monde daté mercredi 11 janvier 2012 : 323 355 exemplaires.
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