Argumentaire

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Argumentaire
L’EMPLOyé
Dans une ville grise et jamais nommée, baignée par les pluies acides, vit une armée de
travailleurs en col blanc, hommes et femmes, qui sortent tous les matins des bouches
du métro pour regagner servilement leur bureau. Parmi eux, un employé, l’employé, est
prêt comme les autres à toutes les humiliations pour conserver son travail… jusqu’au
jour où il tombe amoureux et commence à rêver de devenir un autre.
Le récit glaçant d’une déchéance dans un univers où l’entreprise est une machine à
broyer les humains, au sein d’une société autoritaire où la surveillance est omniprésente et où la norme fait loi.
Avec une préface inédite de Rodrigo Fresan.
guillermo saccomanno
Littérature étrangère (Argentine)
Traduit de l’espagnol par Michèle Guillemont
ISBN : 978-2-918767-27-5
176 pages • 18 €
EN LIBRAIRIE LE 2 novembre
Contact presse : Estelle Durand
Asphalte, 85 rue de la Fontaine au Roi
750111 Paris, France
Tél. : 01 75 43 14 93
[email protected]
Guillermo Saccomanno est né à Buenos Aires en 1948. Il a d’abord travaillé dans la
publicité avant de devenir auteur de bandes dessinées. Il arrive plus tard à la littérature, avec des œuvres comme 77 (L’Atinoir). L’Employé a remporté en 2010 le prix
Biblioteca Breve, organisé par la prestigieuse maison d’édition Seix Barral et décerné
par un jury d’écrivains.
PRESSE
« L’Employé est aussi sentimental, émouvant et désespérant qu’un tango bleu et triste
chanté par un ordinateur devenu fou. » Rodrigo Fresán, préfacier, auteur du Fond du
Ciel et de Mantra.
« Avec une prose vive et ardente comme un couteau chaud, ce roman à couper le souffle réalise la prouesse de créer un monde nouveau, inquiétant et profondément émouvant. Un livre inoubliable. » Rosa Montero, auteur d’Instructions pour sauver le monde.
« Roberto Arlt, Dostoïevski, Kafka et Ballard semblent respirer dans ce roman. » ABC
© Carolina Marcucci
À cette heure de la nuit, les hélicoptères blindés survolent la ville, les chauves-souris tournoient devant les vitres de l’immeuble et les rats filent entre
les bureaux plongés dans l’obscurité, tous les bureaux sauf un, le sien, l’ordinateur allumé, le seul à cette heure. L’employé sent un frôlement rapide
contre sa chaussure. Un couinement ténu, farouche, court sur la moquette
et s’enfonce dans le noir. L’employé détourne son regard de l’écran. Il voit
les ombres ailées dans la nuit, au dehors. Puis il consulte sa montre, empile
des dossiers, prépare les chèques que son chef signera le lendemain. Il s’apprête à partir. La lenteur de ses gestes n’est pas seulement due à la fatigue.
À la tristesse aussi.
L’ordinateur tarde à s’éteindre. Enfin, soupire-t-il. L’écran s’obscurcit.
L’employé dispose soigneusement ses instruments de travail pour le lendemain : les stylos, l’encre, les cachets, les tampons, la gomme, le taille-crayon
et le coupe-papier. Il accorde un traitement de faveur au coupe-papier. Il
l’astique. Le coupe-papier semble inoffensif. Sauf qu’il peut devenir une
arme. L’employé aussi paraît inoffensif. Mais il ne faut jamais se fier aux
apparences.
Il aime penser qu’il pourrait, malgré son caractère docile, et si les circonstances s’y prêtaient, devenir féroce. Qui sait, il pourrait être un autre.
Personne n’est ce qu’il paraît. Il faut que l’occasion se présente pour révéler
de quoi on est capable. Ce raisonnement lui permet de supporter son chef,
ses collègues et sa propre famille. Au bureau ou dans son foyer, on ignore
qui il est. Et quand il songe qu’il ne le sait pas lui-même, ça lui donne le
vertige. Sauf qu’un de ces jours, on va voir ce qu’on va voir. Au moment où
on s’y attendra le moins. Ça l’effraie d’ignorer, tout autant que son chef,
ses collègues ou sa famille, de quoi il est capable. Quand il imite, parfois,
et à la perfection, la signature de son chef, il se demande qui il est. Il le fait
en cachette. Mais imiter l’autre n’est pas le devenir. Souvent il se demande
qui il est, qui il peut bien être, s’il peut devenir quelqu’un d’autre, bien que
chercher à le savoir l’intimide. Il a eu l’idée, et plus d’une fois, de falsifier
la signature du chef sur un chèque qu’il irait toucher avant de s’enfuir. S’il
n’est pas passé à l’acte, c’est qu’il n’a personne avec qui partager le butin.
Seule la passion peut susciter la transcendance. Dans les films, le héros a
toujours un mobile : une femme. Lui, s’il aimait une femme éperdument,
il n’hésiterait pas.

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