Comment la France se situe-t-elle par rapport aux autres pays de l
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Comment la France se situe-t-elle par rapport aux autres pays de l
Le décrochage, T facteur de risque pour devenir NEE Comment la France se situe-t-elle par rapport aux autres pays de l’Union Européenne? En 2015, avec 9,3 % de jeunes de 18 à 24 ans sortis du système scolaire sans diplôme, la France est au 16ème rang des pays ayant le plus faible taux de décrochage scolaire sur les 28 pays de l’Union Européenne et se situe en dessous du taux de l’Union Européenne (11 %). 18, 8 19, 1 13, 4 13, 7 5 5, 3 5, 3 5, 5 6, 2 6, 9 6, 9 7 7, 3 7, 8 7, 9 8, 2 9, 9 10, 1 10, 1 9, 2 9, 3 9, 3 19, 8 20 14, 7 11, 6 10, 8 11 11, 2 e yp r Po e lo gn e Li t Re ua ni p. e Tc hè qu e Irl a Sl nde ov aq ui e Su èd e Au tri Da che ne m ar k Gr èc Pa e ys -B as Fi Lu nlan xe d m e bo ur FR g AN Le CE tto n Be ie lg Al ique le m ag Ro ne y.Un i EU 28 Es to ni Ho e ng r Bu ie lg ar Po ie rtu ga l Ita Ro lie um an ie Isl an de M al te Es pa gn e Ch ni ov é Sl Cr oa tie 2, 8 Le décrochage, T facteur de risque pour devenir NEE COMMENT EXPLIQUER LES DIFFÉRENCES DE TAUX DE SORTIES PRÉCOCES ENTRE LES DIFFÉRENTS PAYS EUROPÉENS? • Le niveau d’enseignement « seuil » pour qualifier un sortant précoce est similaire dans tous les pays européens : est considéré comme sortant précoce, tout jeune n’ayant pas poursuivi ses études au-delà du secondaire de premier cycle (en France, il s’agit du collège) ; • Cependant, cette définition unique recouvre des réalités différentes selon les pays. En Pologne par exemple, l’école est obligatoire jusqu’à 18 ans. A cet âge, la plupart des élèves ont bel et bien dépassé le niveau d’enseignement « seuil » retenu par Eurostat pour qualifier les sortants précoces, mais cela ne signifie pas pour autant que ces élèves aient obtenu un diplôme qualifiant ou terminé leur scolarité. À l’inverse en France, comme dans de nombreux autres pays européens l’instruction n’est obligatoire que jusqu’à 16 ans. Or, un jeune de 16 ans possède rarement un diplôme autre que le brevet des collèges. Les jeunes qui quittent le système scolaire lorsqu’ils ont atteint l’âge légal sont donc presque toujours des sortants précoces. EXEMPLES EUROPÉENS Quelques exemples permettront de mieux comprendre l’origine des disparités observées entre les autres pays, et de repérer les bonnes pratiques en matière de politiques publiques de lutte contre le décrochage scolaire. LES PAYS-BAS : un modèle de lutte contre le décrochage scolaire réussie Le taux de décrochage scolaire est passé de plus 16% en 1999 à 8,2 % en 2015. Depuis 2007, le décrochage scolaire est une priorité du gouvernement et un programme « Drive to Reduce Drop Out rates » a vu le jour. Ce programme a rendu l’école obligatoire jusqu’à l’obtention d’un diplôme équivalent au bac. Un logiciel a également été mis en place pour améliorer le suivi de chaque élève, l’accent a été mis sur l’orientation professionnelle et les passerelles entre les différents types d’établissements ont été facilitées. Enfin, des conventions ont été signées entre l’État, les régions et les établissements avec des objectifs chiffrés : chaque région reçoit des financements dont elle décide de l’allocation et chaque école bénéficie de moyens supplémentaires pour tout « décrocheur potentiel » qui reste à l’école. Le décrochage, T facteur de risque pour devenir NEE LA RÉPUBLIQUE TCHÈQUE : un système scolaire original qui permet de limiter le nombre de décrocheurs Le taux de décrochage tchèque est l’un des plus faibles d’Europe (6,2 % en 2015) : cela s’explique notamment par le fait que les élèves restent dans le même groupe-classe pendant les 8 ans de leur scolarité et gardent le même professeur. Cet accompagnement sur le long terme et individualisé permettrait de lutter contre le décrochage scolaire. De plus, le redoublement n’existe pas et chaque établissement possède son propre concours d’entrée. L’ESPAGNE : les taux de sortants précoces les plus élevés d’Europe En 2015, le taux de sortants précoces s’élevait à 20 % en Espagne. Plusieurs facteurs concourent à ce résultat. Tout d’abord, la part du budget alloué à l’éducation est plus faible que dans la plupart des autres pays européens. De plus, les jeunes ayant des niveaux de formation supérieurs ont des difficultés à s’intégrer sur le marché du travail, ce qui n’incite pas les jeunes à poursuivre leurs études pour obtenir un diplôme. L’importance du tourisme et des emplois saisonniers peut également encourager les jeunes à sortir du système éducatif pour travailler. Enfin, l’enseignement privé a un poids important et est censé être gratuit (car subventionné par l’État), mais coûte en réalité autour de 200 euros par mois. Ce coût peut décourager certaines familles peu aisées de scolariser leur enfant. Y A-T-IL DES OBJECTIFS EN MATIÈRE DE LUTTE CONTRE LE DÉCROCHAGE SCOLAIRE ? L’objectif fixé par l’Union Européenne en 2005 est de passer sous la barre des 10% d’ici à 2020. La France avait alors défini comme objectif d’atteindre un taux de sorties précoces inférieur à 9,5%. Le décrochage, T facteur de risque pour devenir NEE COMMENT LA FRANCE SE PLACE-T-ELLE PAR RAPPORT À CES OBJECTIFS ET QUELLES MESURES PREND-ELLE POUR LES ATTEINDRE ? • La lutte contre le décrochage scolaire a longtemps été un enjeu oublié des politiques publiques françaises. Cependant, en 2012, le président de la République a affirmé vouloir réduire de moitié le nombre de sorties sans diplôme au cours de son quinquennat. De nombreuses avancées ont eu lieu ces dernières années, notamment avec le lancement du SIEI (Système Interministériel d’Echange d’Informations), et la loi sur la refondation de l’école1 du 8 juillet 2013 qui prévoit une approche globale pour la lutte contre le décrochage scolaire. Cependant il n’existe pas encore de politique cohérente et intégrée sur le sujet. • En 2013, la France est passée sous la barre des 10% de sorties précoces, et sous la barre des 9,5% en 2014. Cependant, ces chiffres sont à manipuler avec précaution, la rupture de série qui a eu lieu en 2013 explique, au moins partiellement, la baisse du taux de sorties précoces. • Ainsi, de 2000 à 2012, le taux de sorties précoces en France n’avait que peu diminué par rapport à ceux des autres pays européens : 2000 2012 Evolution UE 27 17,6% 12,8% -4,8% France 13,3% 11,6% -1,7% Royaume-Uni 18,2% 13,8% -4,4% Allemagne 14,6% 10,6% -4% LE TAUX DE SORTANTS PRÉCOCES EST-IL UN BON INDICATEUR DE LA QUALITÉ D’UN SYSTÈME SCOLAIRE? Un taux faible de sortie précoce ne signifie pas pour autant que les élèves aient un bon niveau scolaire. On observe ainsi que la Croatie et le Luxembourg, qui apparaissent comme exemplaires en termes de taux de sortants précoces, ont des résultats aux tests PISA relativement faibles. A l’inverse, la Finlande, championne des tests PISA, a un taux de sortants précoces proche de celui de la France. La diminution du taux de décrochage scolaire ne doit donc pas nécessairement être une fin en elle-même. GLOSSAIRE 1 REFONDATION DE L’ÉCOLE : PROGRAMME DE RÉFORME DE L’ÉCOLE ENGAGÉ PAR LE MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE VINCENT PEILLON, ÉRIGÉ EN PRIORITÉ DE LA NATION. LA LOI D’ORIENTATION ET DE PROGRAMMATION POUR LA REFONDATION DE L’ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE ÉTÉ ADOPTÉE LE 8 JUILLET 2013. Le décrochage, T facteur de risque pour devenir NEE CE QUE RETIENT ALPHAOMEGA Les taux de sortants précoces varient fortement d’un pays à l’autre au sein de l’Union Européenne, avec des écarts de 1 à 7. Ces écarts s’expliquent en partie par les politiques publiques menées dans les différents pays, et en partie par les différences culturelles et structurelles entre les systèmes scolaires. Un objectif de 10% de sortants précoces à l’échelle européenne a été fixé à horizon 2020. L’objectif fixé pour la même échéance en France est de 9,5%. La France a atteint ses objectifs, mais une part de la baisse semble due à la rupture de série de 2013. Un faible taux de décrochage scolaire n’est pas synonyme de qualité du système scolaire. Cet indicateur doit donc être considéré avec précaution. L’ENQUÊTE PISA Le Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves (PISA) a pour objectif d’aider les décideurs des pays participants à mettre en place les meilleures politiques éducatives, en s’inspirant notamment des bonnes pratiques à l’étranger. L’enquête, qui a lieu tous les trois ans, mesure : « ce que les élèves de 15 ans savent et ce qu’ils peuvent faire avec ce qu’ils savent ». Elle porte sur trois domaines : la résolution de problèmes, les sciences, et la compréhension de l’écrit. Des questionnaires remplis par les élèves et les chefs d’établissements permettent d’obtenir des informations sur le milieu social des élèves, leur origine, la taille de l’établissement, les ressources pédagogiques utilisées, etc. SOURCES • EUROSTAT, EUROSTAT, « EARLY LEAVERS FROM EDUCATION AND TRAINING » : HTTP://EPP.EUROSTAT.EC.EUROPA.EU/TGM/TABLE.DO?TAB=TABLE&INIT=1&PLUGIN=1&LANGUAGE=EN&PCODE=TSDSC410 • INSEE, DÉCROCHEURS DU SYSTÈME ÉDUCATIF, DE QUOI PARLE-T-ON? • SERVICE D’ANALYSE DES SYSTÈMES ET DES PRATIQUES D’ENSEIGNEMENT DE L’UNIVERSITÉ DE LIÈGE, DÉCROCHAGE ET ABANDON SCOLAIRE PRÉCOCE, FLORENT CHENU & CHRISTIANE BLONDIN, 2013 • EUROSTAT, GLOSSAIRE • MINISTÈRE DE L’EDUCATION NATIONALE, CONCERTATION SUR LA REFONDATION DE L’ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE, LUTTER CONTRE LE DÉCROCHAGE SCOLAIRE : ÉLÉMENTS DE COMPARAISON INTERNATIONALE, 2014 • MINISTÈRE DE L’EDUCATION, DE LA CULTURE ET DE LA SCIENCE DES PAYS-BAS, THE APPROACH TO EARLY SCHOOL LEAVING, 2012 • CONFÉRENCE NATIONALE SUR LES RYTHMES SCOLAIRES – CIEP – RYTHMES SCOLAIRES EN RÉPUBLIQUE TCHÈQUE • PARLEMENT EUROPÉEN, QUESTION ÉCRITES, 11/02/2011 www.alphaomegafondation.com/ 1, Rue Paul Cézanne - 75008 Paris +33 1 45 53 72 86