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Les faces cachées des soldats de la 1ère Guerre Mondiale De 1914 à 1918, les rivalités qui opposent les grands états européens font basculer l'Europe dans un conflit ravageur. Des dizaines de millions d'hommes s'engagent dans ce conflit. Les soldats français surnommés les poilus sont les témoins vivants de cette guerre. Ils nous ont laissé de précieuses correspondances qui marqueront l'histoire à jamais. Cet article conçu sous forme de question-réponse tente d'apporter un éclairage sur ces héros de l'Histoire. Par Bader Ammari, à paraître le 11 Novembre 2016 iDe Exemple de lettre écrite le 18 juin 1915 . Pourquoi il est important de lire les lettres des poilus ? Ces lettres des « poilus » représentent un témoignage poignant de l'atrocité de la Grande Guerre qui s'est déclenchée en Europe. Elles nous font plonger avec émotion dans la dure réalité d'une longue et terrible bataille, où deux camps s'affrontent : d'un côté l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et l'Italie ; de l'autre la France, la Russie et le Royaume-Uni. Ces lettres renvoient aux moments cruciaux de cette guerre vus et subis par des millions d'hommes obligés de s'enterrer dans des tranchées profondes pour se protéger. Elles évoquent leurs conditions de vie déplorables, entre épuisement, faim, insalubrité... Elles nous font comprendre également l'atmosphère de peur, d'espoir, évoquent la mort qui hantait et guettait les soldats à tout instant. Nombre de soldats mobilisés 66 millions Nombre total de morts 9 millions Nombre de morts en Europe par minute 4 Nombre de soldats français morts (ou portés disparus) 1,3 million Données chiffrées sur la Grande Guerre . Pourquoi les soldats écrivaient-ils des lettres à leur famille ? Les lettres variaient au rythme des saisons. Elles étaient tantôt empreintes de tristesse et de résignation, tantôt de nostalgie et d'optimisme. Saison printemps été Nature des lettres Lettres d'espoir Lettres d'amour automne Lettres de tristesse hiver Description du quotidien Extraits de lettres « En ce moment, il paraît que ça va mal mais je lutterai jusqu'au bout pour l'honneur de tous, vous sauver si je peux ainsi que tous mes camarades. » «Je t’aime, j’espère qu’on se reverra dans un autre monde, je te remercie pour tous les merveilleux moments que tu m’as fait passer, je t’aimerai toujours.» « Quant à la fin de la guerre, habituons-nous à l’idée qu’elle doit durer encore un an, c’est ma conviction profonde et intime, je ne te l’ai pas caché du reste à ma dernière permission.» « Huit jours sans boire et presque sans manger, à attendre la mort au milieu des cadavres.» À travers ces lettres, les soldats cherchaient du réconfort auprès de leurs proches. Ils se confiaient à eux en leur racontant leur vie dans les tranchées, au milieu des bombardements. Ils décrivaient leur espace de vie, le manque de nourriture, l'hygiène déplorable (voir exemple de la lettre d'hiver). Les soldats racontaient aussi leur quotidien comme les attaques des ennemis : « Dans la tranchée, le pis, ce sont les torpilles. Le déchirement produit par ces 50 kg de mélinite en éclatant est effroyable. Quand l'une d’elles tombe en pleine tranchée, elle tue carrément 15 à 20 types.». Ils évoquaient leur état psychologique, parlaient de leurs blessures : « Je ne peux pas m’empêcher de te dire que je suis dans une très mauvaise position, je souffre le martyr,j’avais bien raison de te dire avant de partir qu’il valait mieux être mort que d’être blessé,au moins blessé comme moi », écrit Léon Hugon le 18 spetembre 1914. La famille est donc une sorte de refuge affectif pour oublier l'enfer de cette guerre et ses plaies profondes. En écrivant ces lettres, les soldats parvenaient à surmonter leur épuisement physique et moral et à verbaliser leurs émotions. L'amour des proches allégeait leurs souffrances. Ils se sentaient plus motivés et se montraient plus optimistes à la fin proche des combats. L'amour que leur procure la famille était leur unique source d'espoir et leur seule raison de vivre. Sans cet amour, chaque soldat était percé par le découragement. . Qu’apprend-t-on sur les conditions de vie des soldats ? Pendant la guerre de 14-18 , les conditions des soldats étaient horribles. Ils vivaient enterrés dans des tranchées pour s'abriter des bombardements. Profondes de 2 mètres et creusées en zigzag, elles se remplissaient d'eau et de boue glaciale en hiver. Elles grouillaient de rats nourris par les cadavres. Dans ces tranchées, il n'était possible ni de se laver ni de se raser. À ces combattants était d'ailleurs attribué le surnom de poilus en raison de leur apparence « sale » et « mal rasée ». Les tranchées , Huile sur toile de François Flameng Chaque jour, beaucoup de soldats perdaient la vie. Ils étaient victimes d'obus, sujets à des blessures répétitives. Ils étaient évacués par des brancardiers, puis dirigés vers des hôpitaux surpeuplés. Dans l'armée française, ceux qui venaient des colonies (Maroc, Algérie, Sénégal, Indochine....) avaient beaucoup de mal à s'adapter aux rigueurs du climat. Ils mouraient donc plus facilement. Leur maigre ration alimentaire se composait de soupes froides ou de pain. Certains ne mangeaient pas pendant plusieurs jours. La nuit était un moment très difficile pour eux car leurs proches leur manquaient et ils souffraient aussi bien physiquement que psychologiquement. Ils avaient peur des jours à venir, se demandaient quand la guerre allait finir. Pour trouver du réconfort, le soutien des camarades, les lettres ou les colis reçus leur étaient nécessaires. Quelques jours de repos leur étaient rarement accordés au cours desquels ils aimaient jouer aux cartes et boire du « pinard » pour apaiser leurs angoisses. Les moments les plus attendus étaient les permissions de rentrer chez eux pour quelques jours. . Pourquoi doit-on lire les lettres de ces poilus et conserver ce souvenir ? Ces lettres sont des moments de vie inoubliables. Elles demeureront un souvenir crucial d'une guerre dévastatrice comme l'Europe n'en a jamais connu auparavant. Le poilu du monument aux morts de la guerre 14-18 (dans la Loire) Elles nous rappellent que des millions de soldats ont sacrifié leurs vies, leurs familles, pour la patrie. Ils ont lutté pour l'honneur en bravant des conditions extrêmes. Grâce à ces lettres, ces soldats sont plus proches de nous : on réalise qu'ils avaient besoin d'amour, de réconfort. Leur courage et leur héroïsme ont servi et devront continuer à servir d'exemple à des générations futures. En France, le souvenir de ces victimes de la Grande Guerre commémoré le 11 novembre. Il se fait sous le terme de « Bleuet France », en référence à la couleur du bleuet rappelant la couleur l'uniforme des poilus. Les noms des soldats sont inscrits sur monuments aux morts de tous les villages français. Bader Ammari est de de les