la radiochirurgie : principes
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la radiochirurgie : principes
© Masson, Paris, 2004 Neurochirurgie, 2004, 50, n° 2-3, 265-269 L’expérience radiochirurgicale Aspects techniques LA RADIOCHIRURGIE : PRINCIPES D. PORCHERON, J. RÉGIS Unité de Radiochirurgie Gamma Knife, Service de Neurochirurgie Fonctionnelle et Stéréotaxique, Hôpital d’Adulte de La Timone, Marseille. SUMMARY: Radiosurgery: basic principles D. PORCHERON, J. RÉGIS (Neurochirurgie, 2004, 50, 265-269) Radiosurgery is a way of treating in-brain lesions which uses convergence of very thin multiple ionisation beams in a unique focus point coinciding with the target. This enables obtaining a therapeutic effect without opening the skull, and thus avoiding eventual complications or contraindications of classical neurosurgery. In certain cases irradiation can be delivered with submillimetric precision. This particularly new approach is historically essentially based on the work of the Swedish neurosurgeon Lars Leksell in the 50s. Since that time new imaging techniques (e.g. digital imaging) have considerably widened indications. Three ionisation beam sources are generally used in this context: gamma rays emitted by radioactive cobalt 60 sources for the Gamma Knife, high energy LINAC Xrays modified in comparison to their classical use in external radiation therapy, and, more rarely, protons produced in cyclotrons. Several teams world-wide are still perfecting and refining this developing technique. RÉSUMÉ La radiochirurgie est une technique de traitement de certaines lésions intracérébrales qui utilise la convergence de multiples faisceaux de rayonnements ionisants très fins en un foyer unique coïncidant avec la cible pour obtenir un effet thérapeutique, avec l’avantage d’une opération à crâne fermé qui permet d’éviter les éventuelles complications ou contre-indications de la neurochirurgie classique. Cette irradiation se pratique avec une précision parfois sub-millimétrique. Cette approche particulièrement novatrice est historiquement et pour l’essentiel l’œuvre du neurochirurgien suédois, Lars Leksell, dans les années 50, avec un essor considérable coïncidant avec l’apparition des techniques d’imagerie médicale moderne, c’est-à-dire numériques. Trois sources de rayonnement sont principalement mises en œuvre dans ce contexte : les gamma du cobalt 60 radioactif avec le Gamma Knife, les rayons X de haute énergie des LINAC modifiés par rapport à leur usage classique en radiothérapie externe, et, plus rarement, les protons des cyclotrons. De nombreuses équipes de par le monde s’emploient à perfectionner et affiner encore cette technique en plein essor. Key-words: radiosurgery, Gamma Knife, Linac, cyclotron, synchrocyclotron, protons, Bragg’s peak, stereotactic radiotherapy. UN PEU D’HISTOIRE… Historiquement, le concept de radiochirurgie fait référence à une technique d’irradiation très précise, utilisant de très fins faisceaux de rayonnements ionisants convergeant sur une cible intracérébrale dont la définition spatiale fait appel à un repérage en conditions stéréotaxiques. Ces rayonnements peuvent être : — de nature électromagnétique : ce sont alors soit les gamma (γ) émis par des sources radioacti- ves de cobalt 60, soit les rayons X issus d’accélérateurs linéaires d’électrons ; — de nature corpusculaire : ce sont les faisceaux de protons générés par un cyclotron. La première idée de neurochirurgie alternative à crâne fermé revient à Cornelius A. Tobias et John H. Lawrence qui, au début des années 50, à Berkeley, mirent au point une méthode d’hypophysectomie par irradiation multi-faisceaux d’ions légers sur la selle turcique, au lieu d’une implantation de grains d’yttrium 90 radioactifs. Tirés à part : D. PORCHERON, Unité de Radiochirurgie Gamma Knife, Service de Neurochirurgie Fonctionnelle et Stéréotaxique, Hôpital d’Adulte de la Timone, 264, boulevard Saint-Pierre, 13385 Marseille Cedex 05. e-mail : [email protected] 266 D. PORCHERON, J. RÉGIS C’est en 1951 que Lars Leksell proposa le terme de « radiochirurgie stéréotaxique » avec l’idée de développer un concept de traitement guidé par l’image, susceptible d’être utilisé pour de multiples structures cérébrales. Son premier traitement utilisant une instrumentation stéréotaxique pour une irradiation multi-faisceaux après repérage par l’image fût publié, en Suède, quatre ans plus tard : il s’agissait d’une indication fonctionnelle pour laquelle il utilisa des rayons X de 200 kV. Cette première tentative de concevoir une nouvelle radiothérapie de précision constitue une part des considérables efforts déployés dans le champ de l’utilisation thérapeutique des rayonnements ionisants pendant toute la première moitié du XXe siècle, après les découvertes fondamentales de Röntgen, de Becquerel et des Curie. En 1950, au point de départ de cette aventure, les rayons X étaient d’un usage courant en radiologie, et le niveau de tolérance des tissus cérébraux vis-à-vis des doses de rayons X délivrés en radiothérapie commençaient à être connu ; surtout, on découvrit que ce niveau pouvait être d’autant plus élevé qu’on utilisait des faisceaux de petites dimensions. Bien sûr, le champ de la radiochirurgie stéréotaxique s’est considérablement élargi avec l’apparition des nouvelles techniques d’imagerie numérique : le scanner tout d’abord, puis l’IRM, l’angiographie numérique, et le PET enfin. De nos jours, les nouveaux développements de la radiochirurgie ne sont plus envisageables sans l’utilisation massive conjointe de toutes ces modalités d’imagerie. En 1954, à l’Université d’Uppsala, débutèrent les premiers essais d’utilisation médicale du faisceau de protons de 185 MeV du synchrocyclotron. On démontra alors que l’utilisation de telles particules en radiothérapie pouvait être avantageuse pour certaines tumeurs cancéreuses à cause de la répartition particulière du dépôt d’énergie des protons dans la matière ; connue sous le nom de pic de Bragg. On pensa aussi que de telles propriétés pourraient être mises à profit pour traiter en conditions stéréotaxiques par des mini-faisceaux des cibles intra-cérébrales. Le premier traitement d’un cancer dans de telles conditions eut lieu en 1957, année où débuta aussi l’expérimentation animale visant à étudier les radiolésions induites par la radiochirurgie. C’est en 1958, sur ce même synchrocylotron d’Uppsala, que purent alors débuter les premiers essais cliniques radiochirurgicaux sur l’homme : ils concernèrent une vingtaine de patients, pour la plupart atteints d’une maladie de Parkinson à un stade avancé. Dès 1961, une équipe de l’Université d’Harvard, utilisant un synchrocyclotron générant des protons de 165 MeV, débuta des traitements de Neurochirurgie radiochirurgie sur diverses localisations intracrâniennes et, en particulier, des pathologies hypophysaires. En 1970, 460 patients avaient bénéficié de cette nouvelle technique, dont la première malformation artério-veineuse le 21 février 1965. Ces premières médicales furent conduites sur des machines qui, à l’origine, avaient été conçues pour des besoins de recherche fondamentale en sciences physiques, et petit à petit le cyclotron d’Harvard devint complètement dédié à la recherche clinique et biomédicale ce qui permit à ses équipes et à celles de l’hôpital de Boston de jouer un rôle tout à fait prépondérant dans l’utilisation des faisceaux de protons en radiothérapie conformationnelle et en radiochirurgie pour les lésions cérébrales et les tumeurs de la base du crâne. Toutefois, ces machines, de part la lourdeur de l’environnement technique nécessaire à leur mise en œuvre, induisaient une limitation importante dans l’offre de soin disponible, et ce, malgré les résultats très prometteurs des premiers essais pilotes. Cette difficulté favorisa l’émergence d’une autre solution, plus facile à utiliser dans un milieu hospitalier habituel. Conçue par Leksell et ses collaborateurs, dont le biophysicien Börje Larsson, cette nouvelle machine fût nommée « Gamma Knife I », et fût installée au Sofiahemmet de Stockholm, en décembre 1967. Ce premier prototype contenait 179 sources de cobalt 60 radioactif délivrant autant de faisceaux de rayonnements γ, tous concourant en un isocentre unique et répartis selon un secteur hémisphérique de 70° de latitude et de 160° de longitude. L’idée directrice était d’offrir une méthodologie de traitement de mise en œuvre aisée au quotidien en milieu hospitalier, tout en garantissant un degré élevé de précision et de reproductibilité. À cette époque, d’autres qualités de faisceaux ont été envisagées : électrons ou photons X de haute énergie produits par des accélérateurs linéaires d’électrons, ou même encore neutrons rapides, mais les matériels commercialement disponibles alors ne permettaient pas d’envisager le haut degré de précision retenu comme spécification de base. Leksell avait besoin d’un appareil d’usage commode pour pouvoir continuer ses recherches cliniques. C’est ainsi que l’expérimentation continua, de 1968 à 1975, avec le « Gamma Knife I », essentiellement pour des indications fonctionnelles, mais aussi pour 16 tumeurs bénignes, 5 tumeurs malignes et 1 MAV dès avant 1971. À la lumière de la première importante expérience ainsi acquise, une seconde machine « Gamma Knife II » fût installée en 1975 au Karolinska Sjukhuset de Stockholm, à égale distance du service de Neurochirurgie et de celui d’OncologieRadiothérapie. Cet appareil était conçu pour utiliser 201 sources de cobalt 60 avec une répartition Vol. 50, n° 2-3, 2004 hémisphérique modifiée pour procurer à l’isocentre une répartition de dose plus sphérique (96° de latitude pour 160° de longitude et une inclinaison du casque de collimation de 55° sur l’horizontale). Une troisième version vit ensuite le jour, et fut commercialisée, sous le nom de « Leksell Gamma Knife », en hommage à son génial concepteur, décédé en 1986 à l’âge de 78 ans. Il s’agit du modèle U, qui fut installé à Buenos Aires (1984), puis dans divers sites hospitaliers en Europe (Sheffield, 1985) et aux États-Unis (Pittsburgh, 1987). Ce modèle U, livré avec 4 collimateurs de 4, 8 14 et 18 mm, est conçu comme l’élément essentiel d’un ensemble de radiochirurgie stéréotaxique complet et livré « clés en main ». On assista ensuite à une véritable explosion d’installations de par le monde, avec le modèle B qui propose une distribution des 201 sources de cobalt 60 toujours sur un hémisphère mais en 5 couronnes sur 360° dans le plan transverse et 30° dans le plan sagittal, avec, en outre, une suppression de l’angle du casque de collimation qui, maintenant, est orthogonal par rapport à l’horizontale. Le Gamma Knife installé en 1992 à Marseille, grâce à l’opiniâtreté du Professeur Robert Sedan est le 34e dans le monde. La dernière évolution de cette machine est le modèle C, distribué à partir de l’an 2000, et qui ajoute au modèle B des fonctionnalités très importantes d’automatisation des procédures de traitement grâce à une robotique informatisée. Les centres déjà équipés du modèle B peuvent le faire évoluer vers le modèle C. C’est le choix qui a été fait pour l’appareil de Marseille. Celui de Lille, installé en 2003, est un modèle C d’origine. En même temps que la propagation de la technique Gamma Knife s’effectuait de par le monde, d’autres équipes ont exploré d’autre voies basées sur l’utilisation d’accélérateurs linéaires pour la radiothérapie externe. C’est ainsi qu’en 1980-1981 à Buenos Aires, O.O. Betti inventa un système, après avoir adapté le cadre stéréotaxique de Talairach, conçu une série de collimateurs additionnels, construit un fauteuil orientable dans de multiples directions pour recevoir le malade et assurer sa contention sous l’appareil quelle que soit l’incidence du faisceau, et enfin avoir développé un logiciel spécifique capable de calculer les distributions de dose obtenues avec les mini-faisceaux. Cette méthode fût employée au Brésil de 1982 à 1996, et exportée en France, à Paris en 1986 et à Lille en 1988. LE GAMMA KNIFE Il s’agit donc d’un appareil utilisant des sources radioactives de cobalt 60 dont les rayons γ ont une RADIOCHIRURGIE : PRINCIPES 267 énergie moyenne de 1,25 MeV très suffisante pour irradier dans de bonne conditions les lésions les plus profondes de l’encéphale. Ces 201 sources de 1 mm de diamètre sur 20 mm de haut pour une activité de 30 curies (1.10 x 1012 Bq) environ chacune sont réparties à la face postérieure d’une demi-sphère jouant le rôle de collimation primaire. Le tout est contenu dans une unité d’irradiation en plomb et acier, d’un poids de 18 tonnes, qui assure la radioprotection de l’ensemble et s’ouvre sur l’extérieur par deux portes demi-cylindriques. Le système est complété dans l’axe de ces portes par un lit coulissant qui reçoit le patient et supporte une demi-sphère de collimation secondaire qui vient exactement s’emboîter dans la collimation primaire interne lorsqu’on est en position d’irradiation. Les faisceaux convergent tous à l’isocentre de la collimation en donnant une distribution de dose approximativement sphérique. Les formats disponibles sont : 4, 8, 14, et 18 mm de diamètre pour une distance source-isocentre de 40 cm, ce qui assure, avec des sources neuves, un débit de dose au foyer compris entre 3 et 4 Gy/ min. Il est possible de substituer aux collimateurs finaux de chaque canal un bouchon en tungstène qui permet une occultation complète des rayonnements issus de la source correspondante. Cette obturation réalisée selon des schémas pré-calculés est utile pour déformer la distribution de dose initiale pour une meilleure conformation au volume cible à irradier ou pour protéger des organes à risque se trouvant sur le trajet de ces rayonnements. La qualité essentielle de cet appareil est qu’il ne comporte aucune pièce mobile pendant l’irradiation ce qui lui confère de grandes qualités de sécurité, de stabilité et de précision. De part sa conception, la radiochirurgie Gamma Knife ne permet de couvrir une lésion de façon homogène qu’au moyen d’une irradiation multi-isocentrique dont les modalités pratiques sont pré-calculées à l’aide d’un logiciel dédié capable de gérer toutes les modalités d’imagerie pour concevoir une distribution de dose totalement conformationnelle au volume cible sur l’isodose de référence choisie — 50 % dans la très grande majorité des cas —. Lorsque cette procédure est achevée, le transfert du protocole vers le Gamma Knife s’effectue par le biais d’un réseau local. Le patient est solidarisé à l’appareil par l’intermédiaire du cadre de Leksell dont il est porteur, celui-ci venant se fixer entre les deux parties du robot de déplacement dénommé APS (Automatic Positionning System). Ce dernier assurera le positionnement précis — au 1/10 mm près — de la tête du patient pour atteindre les différentes coordonnées X, Y, Z, des « tirs » successifs prévus par le plan de traitement. En cas d’impossibilité technique d’atteindre une cible, on conserve tou- 268 D. PORCHERON, J. RÉGIS jours la faculté d’avoir recours à une procédure de traitement manuelle avec ou non un positionnement du patient différent du décubitus dorsal habituel. L’ensemble des procédures est contrôlé depuis l’extérieur de la salle de traitement pour une console regroupant toutes les commandes et les sécurités et qui assure aussi une communication audio/vidéo avec le patient. L’appareil doit, bien entendu être installé dans une salle de traitement appropriée et radioprotégée. De par sa conception, même le Gamma Knife est exclusivement dédié à la radiochirurgie, c’està-dire à un traitement en séance unique, d’autant plus qu’il impose l’emploi d’un cadre de stéréotaxie invasif et même si des traitements sur 5 séances en 5 jours ont été publiés, sans dépose du cadre de Leksell, bien entendu, puisqu’il n’est pas repositionnable. L’ACCÉLÉRATEUR LINÉAIRE D’ÉLECTRONS Comme nous l’avons déjà évoqué, il est parfaitement possible d’utiliser pour la radiochirurgie les accélérateurs linéaires d’électrons (souvent désignés par le terme LINAC, contraction de l’anglais LINear ACcelerator), présents dans la plupart des services de Radiothérapie. On les utilise alors en régime de fonctionnement rayons X, avec une énergie comprise entre 4 et 6 MV. Cependant, ces appareils doivent alors être équipés d’adaptations particulières, dont il existe plusieurs variantes sur le marché, pour les rendre aptes à cet usage. En particulier, il faut ajouter sous le collimateur principal une collimation additionnelle délimitant des mini-faisceaux le plus souvent de forme circulaire. Il est souvent nécessaire d’adopter un système de maintien de la tête du patient et de son cadre indépendant de la table de traitement habituelle car cette dernière ne présente pas des qualités de rigidité mécanique suffisantes pour la précision requise. En général, l’irradiation est réalisée selon de multiples arcs centrés sur un même isocentre et parcourus par une combinaison appropriée de rotations du pied du lit de traitement et du statif de l’appareil luimême. Dans ces techniques, l’irradiation multiisocentrique reste une exception car la diversité des diamètres de champs disponibles est plus grande que pour le Gamma Knife. Bien entendu, là encore un logiciel approprié de calcul dosimétrique permettra de réaliser un planning prévisionnel avant le traitement proprement dit. Tous les centres français qui pratiquent la radiochirurgie LINAC le font avec un « LINAC Neurochirurgie adapté », au sens du rapport de l’ANAES publié sur la question en 2000. Il s’agit de machines utilisées en routine pour les traitements de radiothérapie et qui, le moment venu, reçoivent les adaptations nécessaires pour la pratique de la radiochirurgie (collimation additionnelle, contention du patient…) sachant que, avant tout traitement, il faudra réaliser une procédure de contrôle de qualité permettant une vérification complète du système. Dans ce contexte, les constructeurs proposent aussi des « LINAC modifiés » qui sont des machines de radiothérapie construites en usine pour un usage exclusif en radiochirurgie : collimateur approprié, rigidité mécanique et précision des mouvements améliorés… Cette catégorie n’est pas, à ce jour, représentée en France. Il existe enfin des « LINAC dédiés vrais » dont toutes les caractéristiques sont, dès la construction, orientées vers un usage exclusif pour la radiochirurgie et qui utilisent une section accélératrice délivrant des rayons X. Il s’agit le plus souvent de quasi-prototypes innovants, conçus et utilisés aux États-Unis : on peut citer le Neurotron qui utilise un LINAC monté au bout d’un bras robotisé à 6 degrés de liberté ; le Nomos Peacock qui utilise un micro-collimateur multilames complexe pour obtenir ainsi une modulation d’intensité des rayonnements X ; la tomothérapie qui embarque, sur un statif de scanner et à 90° par rapport au couple tube X — barettes de détecteurs, une mini-section accélératrice, l’irradiation étant alors délivrée selon une géométrie similaire à celle des scanner spiralés modernes. Pour être complet, les équipes mettant en œuvre la radiochirurgie LINAC orientent souvent leurs voies d’expérimentation vers la radiothérapie « en conditions stéréotaxiques », c’est-à-dire vers des traitements fractionnés dont le choix est dicté par des considérations d’ordre radiobiologique et pour lesquels on privilégie l’usage de « cadres » non invasifs ; on peut considérer alors qu’on quitte le domaine de la radiochirurgie pour celui de la radio-thérapie de grande précision. LES AUTRES TECHNIQUES DE RADIOCHIRURGIE Comme nous l’avons déjà dit, la principale justification de l’usage des protons pour la radiochirurgie est le pic de Bragg qui permet un dépôt d’énergie maximal à une profondeur donnée, fonction de l’énergie des particules incidentes, avec une très faible pénombre latérale et donc une épargne très importante des tissus sains environnants, pour peu que l’on choisisse une balistique d’irradiation appropriée. Les cyclotrons générateurs sont presque toujours des machines Vol. 50, n° 2-3, 2004 très imposantes dont le faisceau a une orientation fixe dans l’espace. C’est pourquoi il faut concevoir des systèmes particuliers de contention du patient, souvent à base de masques thermoformables, mais parfois aussi de cadres invasifs, qui permettent également d’orienter ce patient convenablement par rapport au faisceau avec une précision millimétrique. Enfin, les cibles en pathologies humaines, étant de forme non sphérique, souvent RADIOCHIRURGIE : PRINCIPES 269 complexes, obligent à la recherche d’une meilleure conformité, au recours à des « modulateurs », source de dégradation des caractéristiques si séduisantes des faisceaux de protons. Les centres pratiquant ces techniques sont peu nombreux dans le monde, tout au plus une vingtaine. En France, seul le Centre de Protonthérapie d’Orsay (CPO) peut se prévaloir d’une expérience dans ce domaine.