Prédication du 27 juin 2010 Les leçons de vie de Qohélet

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Prédication du 27 juin 2010 Les leçons de vie de Qohélet
Église Évangélique Libre d'Aix en Provence
BP 510
3 Avenue du Deffens
13 091 Aix en Provence Cedex 02
Pasteur Frédéric Baudin
Prédication du 27 juin 2010
Les leçons de vie de Qohélet
Ecclésiaste 1-2.9 & 12.13-14
Frédéric Baudin
Lectures
Ecclésiaste 1.1-9 (Prologue)
Voici les paroles du Sage, fils de David et roi à Jérusalem. De la fumée, dit le Sage, tout n’est
que fumée, tout part en fumée (Vanités des vanités ! Tout est vanité !)
Les humains travaillent durement ici-bas mais quel profit en tirent-ils ?
Une génération passe, une nouvelle génération lui succède, mais le monde demeure
indéfiniment.
Le soleil se lève, le soleil se couche, puis il se hâte de retourner à son point de départ.
Le vent souffle tantôt vers le sud, tantôt vers le nord. Le vent souffle, le vent tourne, puis il
reprend sa première direction.
Tous les fleuves se jettent dans la mer, mais la mer n’est jamais remplie. Sans arrêt pourtant,
les fleuves se déversent à ce même endroit.
On ne pourra jamais assez dire combien tout cela est lassant : l’œil n’a jamais fini de voir ni
l’oreille d’entendre. Ce qui est arrivé arrivera encore. Ce qui a été fait se fera encore. Rien de
nouveau ne se produit ici-bas (de nouveau sous le soleil !).
Ecclésiaste 2.1-11
Je me suis dit : "Voyons ce que valent les joies de la vie, découvrons ce qu’est le bonheur."
Eh bien, cela aussi part en fumée ! Le rire est insensé et la joie ne mène à rien.
J’ai décidé de goûter au plaisir du vin et d’imiter la vie des gens stupides, tout en restant maître
de moi-même (mon cœur conduisant avec sagesse). Je voulais comprendre ce que les
humains ont de mieux à faire pendant le temps de leur vie ici-bas.
J’ai entrepris de grands travaux. Je me suis construit des maisons et j’ai planté des vignes. Je
me suis aménagé des jardins et des vergers avec toutes sortes d’arbres fruitiers. Je me suis
creusé des réservoirs d’eau pour arroser une forêt de jeunes arbres. Je me suis procuré des
serviteurs, hommes et femmes, en plus de ceux que j’avais déjà. J’ai eu du gros et du petit
bétail en plus grand nombre que tous ceux qui ont vécu à Jérusalem avant moi. J’ai amassé de
l’argent et de l’or, trésors provenant des rois et des provinces qui m’étaient soumis. Des
chanteurs et des chanteuses venaient me divertir, et j’ai été comblé autant qu’un homme peut
le désirer en ayant quantité de femmes.
Je devins quelqu’un de considérable, bien plus considérable que tous ceux qui ont vécu avant
moi à Jérusalem. Mais pendant tout ce temps je restais lucide. Je ne me suis rien refusé de ce
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que je souhaitais. Je ne me suis privé d’aucun plaisir. Oui, j’ai largement profité de tous mes
travaux et j’ai eu ma part des joies qu’ils pouvaient donner.
Alors j’ai considéré toutes mes entreprises et la peine que j’avais eue à les réaliser.
Eh bien ! Tout cela n’est que fumée, course après le vent.
Les humains ne tirent aucun profit véritable de leur vie ici-bas…
Ecclésiaste 12.13-14 (Épilogue)
Et voilà la conclusion de tout ce qui a été dit :
Le devoir de tout homme est de respecter Dieu en obéissant à ses ordres.
En effet, Dieu demandera des comptes pour toutes nos actions, même cachées, qu’elles soient
bonnes ou mauvaises.
Introduction
Déroute de l’équipe de France de football ! Que n’a-t-on pas dit !
- Sur l’argent : 30 000 euros par jour pour certains joueurs !
- Les femmes…
- etc.
Ce n'est certainement pas notre préoccupation majeure, mais apparemment, on peut au
moins en dire que l'argent et la célébrité ne font pas le bonheur ! Ces joueurs avaient l’air
si désabusé !
Est-ce qu’on peut rapprocher cela de l’expérience du Qohélet ?
Un mot sur Qohélet : ce nom hébreu signifie "celui qui rassemble", qui s’adresse à une
assemblée, un prédicateur !
Le sage entre en dialogue avec Salomon, qui est l’exemple de l’homme comblé de sagesse,
de richesse, etc.
I Que dit Qohélet ?
Vanités des vanités !
Le mot hébreu (havel) peut être traduit par "fumée", ou mieux "vapeur" : la vie est
comparée a quelque chose d’inconsistant (latin vanus : vide), qui s’échappe sans cesse, qu’on
ne peut saisir, qui file entre nos mains ou qui échappe à nos regard, comme dans la nature :
l’eau qui s’écoule ou le vent qui passe, qui tourne sur lui-même…
=> Tout est éphémère, la vie est insaisissable, nous sommes déroutés par la fuite du temps
et des choses dans ce monde…
=> Le travail est une source de souffrance (pénibilité !), la sagesse ne semble pas valoir plus
que la folie : la mort, somme et aboutissement de toutes les souffrances du travail devenu
pénible (allusion aux conséquences du péché ?), nous attend tous…
Que signifie « sous le soleil » ?
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Selon Pierre Berthoud (cf. article sur Qohélet dans Le grand dictionnaire de la Bible,
Excelsis) : "sous un horizon fermé"… horizontal ! Sans référence à Dieu…
On cherche un sens à la vie, mais on est désorienté (on a perdu l’orient, où le soleil se lève),
on est en contradiction avec nous-mêmes :
J’ai dit : "Je serai sage ! Mais la sagesse s’est éloignée de moi…" (Ecclésiaste 7.21-23)
L’homme lui-même n’est qu’un « havel », un souffle, il est inconsistant (Psaume 30 : mot
utilisé 3 fois) et, en plus, il est tortueux :
Ecclésiaste 7. 29 Voici la seule chose que j’ai comprise : Dieu a fait les êtres humains simples
et droits, mais ceux-ci ont tout compliqué.
(selon les traductions : a cherché des détours, des inventions, des subterfuges, des
subtilités, des calculs, des raisonnements, etc.)
II Quelle attitude adopter ?
Si la vie n’a aucun sens ou qu'elle est trop difficile, quelle attitude adopter ?
Une fois qu’on a dit que tout est mauvais, que tout est inutile, que la vie n’a pas de sens,
qu’est- ce qu’on fait ?
Plusieurs options :
1. Le fatalisme ?
"C'est le Destin", on ne peut rien y faire…, ça ne sert à rien… on se laisse conduire –
ballotter – par les événements… On plie le dos sous le vent, on le regarde passer… Ou bien
on cède au découragement : à quoi bon vivre ? (Job 7.16).
2
Le scepticisme ?
3
La recherche des plaisirs ?
On ne peut rien savoir de sûr, donc tout est relatif… on vit en fonction de soi-même, on
fait ce que l’on juge bon ou bien… On se "vante" d'être agnostique !
Le problème, c’est que l’on comprend vite que l’on n’est jamais rassasié, d’argent, de biens,
de plaisir, d’honneurs, de pouvoir : plus on en a, plus on en veut !
« La satiété du riche ne lui laisse pas de repos » (Ecclésiaste 5.11, lire : 5.9-15).
Nos besoins sont à la mesure de l’éternité, de l’infini que "Dieu a mis dans le cœur de
l’homme…" (Ecclésiaste 3.11)
4 S’enfermer ?
Se cloîtrer ? S’échapper ? Fuir "le monde" ? Refuser tout plaisir ? Tout loisir ?
C'est la grande tentation de certains chrétiens !
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Il est vrai que Jésus appelle ses disciples à "tout quitter" pour le suivre, à "prendre leur
croix", à "souffrir pour-avec lui", à "mourir à soi-même", à se "séparer" de ce monde, etc.
Mais cela signifie surtout :
ne pas vivre comme ceux qui vivent sans Dieu, mais selon les principes de la foi en Dieu, de
son amour…
III "Craindre" Dieu
C’est bien là, la leçon de Qohélet !
Il ne s’agit pas de dénigrer la vie, ou les bonnes choses de la vie…
Au contraire ! Nous pouvons leur donner tout leur relief !
La première chose rappelée par Qohélet, et à plusieurs reprises, comme Jésus d’ailleurs,
c’est qu’il faut avant tout "craindre Dieu", c'est-à-dire prendre Dieu comme point de
référence absolu (l’infini qu’on recherche, et qu’on ne trouve pas dans notre monde ou en
notre être fini…) et le respecter en tant que Dieu, souverain et qui nous aime, nous pouvons
lui faire confiance !
Dieu nous regarde avec bienveillance, il nous voit nous débattre dans nos contradictions,
dans notre recherche d’un sens à la vie.
Il nous comprend d’autant mieux que "Jésus a été pour nous la sagesse de Dieu qui est venu
dans ce monde et s’est opposé à la vanité (au non-sens) de ce monde" (Romains 8).
Le Seigneur veut donner du sens à notre vie, selon Qohélet :
- En plaçant en lui notre confiance pour cette vie (même si nous ne comprenons pas
toujours tout ce qui nous arrive, et nos contradictions mêmes, nos fautes, etc.).
- Il nous apaise aussi par rapport à la mort, en nous assurant que nous vivrons
éternellement…
- En recevant les joies de la vie avec simplicité, avec mesure, sobriété, avec sagesse, avec
reconnaissance, mais en savourant les petites choses (et les grandes, parfois !) de la vie en
communion avec le Seigneur et aussi sur un plan humain :
Ecclésiaste 9.7-10 :
Mange ta nourriture avec joie, bois ton vin de bon cœur, car depuis longtemps, Dieu approuve
ce que tu fais. Porte toujours des vêtements de fête et n’oublie pas de parfumer ton visage.
Profite de la vie avec la femme que tu aimes, tous les jours de la courte existence que Dieu te
donne sous le soleil.
Oui, ta vie est courte, et c’est la part que tu reçois pour le travail que tu fais sous le soleil.
Tout ce que tu peux accomplir avec tes seules forces, fais-le… » (traduction "Parole de Vie").
Dieu donne sens à notre travail sous le soleil !
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Ecc 1-2.9 12.13-14 Leçons de vie de Qohélet
Dans de nombreux passages, le Sage encourage ceux qui l’écoutent à prendre les choses du
bon côté, mais en communion avec Dieu, les jeunes (en particulier) comme les moins jeunes.
Il les invite à faire preuve de bon sens, d’intelligence, de réflexion, il les pousse à l’action, à
une certaine créativité, à vivre !
En toute chose, il préconise la sagesse qui vient de Dieu, et aussi de notre bon sens, par
exemple : il ne s’agit pas de travailler pour s’enrichir outre mesure, mais pour vivre, et
même pour donner notre superflu (ce que conseille aussi l'apôtre Paul !)
Proverbes 30.7-9 (Dans ce livre, Salomon est souvent pris comme référence, exemple du
Sage par excellence) :
Mon Dieu, je te demande deux faveurs. Accorde-les-moi jusqu’à la fin de ma vie.
Éloigne de moi maux (vanité) et mensonges, et ne me laisse pas devenir trop pauvre ou trop
riche.
Donne-moi juste ce dont j’ai besoin pour vivre.
Si je possède trop, je risque de te trahir en disant : "A quoi le Seigneur sert-il ?"
Si j’ai trop peu, je risque de voler et de déshonorer ainsi mon Dieu.
C'est vrai aussi pour vacances !
Ecclésiaste 4.4-6
J’ai découvert aussi que les humains peinent et s’appliquent dans leur travail uniquement pour
réussir mieux que leur voisin.
Cela encore n’est que fumée, course après le vent.
Bien sûr, le sot qui se croise les bras se laisse mourir de faim.
Mais il vaut mieux s’accorder un peu de repos que s’éreinter à un travail qui est une course
après le vent.
Profiter au mieux pour vivre ces plaisirs de la vie en communion avec le Seigneur, à se
réjouir de choses simples, à contempler ce qui est bon, bien, beau (tov !), à se ressourcer
pour être plus disponibles ensuite. Ce n'est pas une attitude égocentrique, mais au
contraire tournée vers les autres ! (et ces plaisirs ne sont pas fin en soi) :
"Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir !"
Y compris pendant les vacances : on peut mettre une partie de son temps de vacances au
service d’une cause, par exemple…
Mais alors, donnons avec joie ! (aussi librement que possible…)
Dans le même sens, restons vigilant, pensons à ceux qui souffrent, qui ont faim ou sont
privés de liberté, qui ne prennent pas de vacances, etc.
Conclusion
Une chose à retenir ! Compter les bienfaits de Dieu…
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Ecclésiaste 9.7-10
Mange ta nourriture avec joie, bois ton vin de bon cœur, car depuis longtemps, Dieu approuve
ce que tu fais. Porte toujours des vêtements de fête et n’oublie pas de parfumer ton visage.
Ecclésiaste 2.24-26
Le seul bonheur des humains est de manger, de boire et de jouir des résultats de leur travail.
J’ai constaté que c’est Dieu qui leur offre ce bonheur, car personne ne peut manger ni éprouver
du plaisir si Dieu ne le lui accorde pas. En effet, il donne à celui qui lui est agréable la sagesse,
la connaissance et la joie.
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