L`Ecclésiaste

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L`Ecclésiaste
L'Ecclésiaste
Le livre de la sagesse humaine
La philosophie du livre de l'Ecclésiaste paraît souvent étrange au lecteur de la Bible. C’est pour
beaucoup l’un des livres le plus difficiles à approcher avec l’Apocalypse. Peut-être est-ce votre
cas …? Il est vrai que les réflexions qu’il contient sont assez sombres, et même parfois
déconcertantes.
J’aimerais que nous plongions nos regards ce matin dans ce livre, afin d’essayer de mieux le
comprendre et d’en tirer les leçons pour nos vies.
1. L’auteur
Etrangement, il n’est pas mentionné. Toutefois, nous avons quelques indices :
- L’auteur est un roi juif de Jérusalem, fils direct de David (Ecc.1 :1)
- Il possédait une sagesse supérieure aux autres rois Ecc.1:16 «J'ai augmenté et développé
la sagesse plus que tous ceux qui ont dominé avant moi sur Jérusalem, et mon cœur a vu beaucoup de
sagesse et de connaissance.»
- Il est l'auteur de nombreux proverbes Ecc.12:9 « L'Ecclésiaste n’a pas seulement été un
sage, il a aussi enseigné la connaissance au peuple et il a examiné, recherché, mis en ordre un grand
nombre de proverbes ».
Aucun autre personnage de la Bible ne correspond mieux que Salomon à tous ces attributs.
Nous devons donc à Salomon trois livres bibliques :
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le Cantique des cantiques, une romance écrite lorsqu'il était jeune et amoureux ;
les Proverbes, un recueil de maximes rédigé alors qu'il était au sommet de sa forme
intellectuelle ;
et l'Ecclésiaste, un ouvrage qui exprime les regrets de l'auteur quand, à la fin de ses jours, il
jette un regard désabusé sur sa vie gâchée.
On peut comparer Salomon à l'araignée de la fable : elle tissa un jour son fil à partir d’un clou dans le
toit d'un grenier, et arriva jusqu’à une fenêtre. Là elle fila sa toile. Ce coin du grenier bourdonnait
d'insectes, et bien vite l'araignée prospéra. Mais un jour qu'elle parcourait sa toile, elle remarqua
qu'un fil flottait dans l'air. Elle le happa au passage, sans réaliser qu'il s'agissait de la trame de son
ouvrage. En un clin d’œil, tout son édifice s'écroula…
Dans sa jeunesse, Salomon était proche du Seigneur et avait établi un important fil de
communication entre lui et Dieu, comme le fil de l’araignée. Puis il prospéra et devint célèbre. Il
oublia alors l'importance du lien qui le reliait au ciel et rompit sa communion avec Dieu. Aussi tout
son univers ne tarda-t-il pas lui aussi à s'écrouler.
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C’est à cette époque semble-t-il qu’il rédigea le livre de l'Ecclésiaste. Salomon apparaît alors comme
un vieillard désillusionné. Il se rend certainement compte qu'il est responsable de la division et du
déclin qui s'amorcent et qui sonnent le glas du royaume de David.
Le livre de l'Ecclésiaste est une prédication. Salomon déclare : " Moi, le prédicateur (litt.), j'ai été roi
d'Israël à Jérusalem " (Ecclésiaste 1:12).
Sa voix n'est plus celle d'un prince ; c'est celle d'un prédicateur qui dévoile le néant des actions de
l'homme qui se conforme à l'esprit du monde.
Voici un plan d'approche de ce livre de " l'Ecclésiaste prédicateur " :
1. Son sujet (chap. 1:1-11)
a) II introduit son discours (v. 1-2)
b) II annonce son thème (v. 3-11)
2. Son sermon (chap. 1:12 – 10:20)
a) II a recherché... (chap. 1 :12 – 2:26)
b) II a vu... (chap. 3-6)
c) II a étudié... (chap. 7-10)
3. Ses conclusions (chap. 11-12)
a) II répète ses plaintes (chap. 11)
b) II tire une leçon (chap. 12)
1. Son sujet
"Vanité des vanités, dit l'Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité" (1:2). C’est le fil rouge de ce
livre.
Selon les traductions, « Vanité » est aussi traduit par « Absurde » ou encore « Inutile ». Le mot
« Vanité » est plutôt pour nous aujourd’hui synonyme d’orgueil. Selon le Petit Robert, le mot
« Vanité » signifiait plutôt frivole, futile, ou illusoire.
En effet, la vie sans Dieu est vide, futile et sans but, comme la poursuite du vent. Salomon a peutêtre trouvé le sujet de son sermon dans l'un des Psaumes de son père ? Le Psaume 39, écrit par
David, dit aux versets 6, 7 et 12 :
"Voici, tu as donné à mes jours la largeur de la main, et ma vie est comme un rien devant toi. Oui, tout
homme debout n'est qu'un souffle... Oui, l’homme se promène comme une ombre, il s’agite vainement ;
il amasse et il ne sait qui recueillera.
Tu châties l'homme en le punissant de son iniquité, tu détruis comme la teigne ce qu'il a de plus cher.
Oui, tout homme est un souffle "
Il y avait un homme, nommé Cecil Rhodes. Il n'avait que 27 ans lorsqu'il fonda en Afrique du Sud la
prestigieuse compagnie des mines De Beers. Huit ans plus tard, il dirigeait toute l'industrie
d'exploitation des diamants en Afrique du Sud, et à 36 ans il devenait Premier ministre du Territoire
du Cap. A sa mort, il léguait à l'empire britannique une région aussi étendue que l'Allemagne, la
France et l'Espagne réunies : ce qu'on appelait alors la Rhodésie du Sud et du Nord, aujourd'hui le
Zimbabwe, la Zambie et le Botswana.
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Cecil Rhodes, peut-être l'homme le plus riche du monde à cette époque, comptait parmi ses amis un
homme des plus pauvres, William Booth, fondateur de l'Armée du Salut. Un jour qu'ils voyageaient
ensemble en train, Booth donnant une tape amicale sur le genou de son ami lui demanda : "Dis-moi,
es-tu heureux ? " Et le magnat du diamant de s'exclamer : " Moi, heureux ? Loin de là ! "
Rhodes et Salomon ont constaté tous deux qu'une vie sans Dieu est vide ; ni le pouvoir, ni la fortune,
ni la position sociale ou le prestige ne peuvent rendre un homme heureux. L'auteur de l'Ecclésiaste
était tourmenté, malheureux, hanté par le spectre de la mort qui menace tous les hommes, bons ou
mauvais.
On trouve dans ce livre une expression qui apparait 29 fois : " sous le soleil ".
Et ici, à Nice, quand on nous dit « sous le soleil », on sait ce que c’est !
Par cette expression, Salomon veut démontrer que la vie n'a que peu de sens si notre horizon est
limité aux choses d'ici-bas et à ses « plaisirs » – en un mot, à tout ce qui se fait sous le soleil.
2. Son sermon
Il le commence en énumérant ce qu'il a recherché.
Peu d'écrivains dans l'histoire ont été aptes à traiter de sujets aussi variés. Sa position de roi le
favorisait, mais aussi et surtout l'éducation reçue par un père dont le cœur lui permit de rédiger près
de la moitié du livre des Psaumes.
Enseigné par l'Ecriture sainte, Salomon avait en outre une grande sagesse, une richesse prodigieuse
et un esprit avide de connaissances. Et la paix et la prospérité caractérisèrent presque tout son
règne. Ce qui était assez unique pour l’époque.
D'abord il a recherché la sagesse, et il s'est plongé dans des études philosophiques.
1 Rois 5 :14 nous montre que son savoir prodigieux attirait des visiteurs venus de loin, tous désireux
de l'entendre sur des sujets tels que la psychologie ou l'histoire naturelle. Mais cette recherche n'a
pas satisfait son âme (1:17). Là n'était pas le chemin du bonheur.
Puis il a recherché les « plaisirs » et s'est livré à la jouissance des sens. Il s'est cru tout permis dans
ce domaine et s'est adonné à la débauche. Il en conclu que tout n'est que folie (cp. 2:2).
II erre même dans son harem, et se lamente : " je n'ai pas trouvé une femme entre elles toutes " (7:2628).
Le monde voudrait faire croire que le bonheur est dans le grand nombre de conquêtes ou de
partenaires. Mais Salomon, qui a expérimenté cela, n'a pas réussi à trouver l'âme sœur, malgré le
grand nombre de ses concubines !
Puis il s'est lancé dans le monde des affaires. Ses navires princiers sillonnaient toutes les mers et
ses caravanes atteignaient les terres lointaines. Les marchés de Jérusalem étaient envahis de
produits exotiques.
Comme le roi Midas de la légende, il devint si riche que même ses ustensiles de cuisine étaient d'or.
Mais malgré ses succès commerciaux et sa renommée, il dira : "J'ai haï la vie" (2:17).
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Chers amis, il pourrait nous arriver de regarder avec envie autour de nous des personnes conduisant
de belles voitures rouges italiennes, ou habitant une villa magnifique sur le Cap d’Antibes. Et nous
pourrions penser que nous serions plus heureux. Mais Salomon a eu beaucoup plus. Peut-être que
personne n’a jamais été aussi riche. Et il fait pourtant le constat suivant : La joie n’est pas dans les
richesses…
Dans ses diverses recherches, il ne trouva aucune réponse à ses aspirations profondes. C'est
pourquoi il parle ensuite de ce qu'il a vu. Observateur attentif, il a compris que tout est vanité.
Puis Salomon décrit ce qu'il a étudié. Il répète à diverses occasions : "J'ai appliqué mon cœur à
connaître..." Il pèse, analyse toutes choses avec soin, puis il devient qq peu cynique en concluant à
propos des bonnes œuvres : "II y a tel juste qui périt dans sa justice, et il y a tel méchant qui prolonge
son existence dans sa méchanceté " (7:15). Autrement dit, à quoi sert-il d'essayer d'être bon ?
Et son constat reprend bien la philosophie de notre monde d’aujourd’hui :
(Ecc 7 :16-17) « Ne sois pas juste à l’excès, et ne te montre pas trop sage ; pourquoi te détruirais-tu ? Ne
sois pas méchant à l’excès, et ne sois pas insensé ; pourquoi mourrais-tu avant ton temps ? ».
Autrement dit, ne cherche pas à être meilleur. Oui, il faut être qq’un de bien, mais pas trop. Vis
« normalement », pêche un peu et ne t’en préoccupes pas trop. Evite les extrêmes, sois correct sans
plus, recherche simplement un juste milieu.
Voilà des paroles de sagesse humaine, et non pas de sagesse divine !
Finalement, convaincu de l'aboutissement tragique réservé à l'homme, il déclare : "Les mouches
mortes infectent et font fermenter l'huile du parfumeur" (10:1). Autrement dit, à quoi sert le parfum de
la beauté, de la sagesse, de la richesse ou du savoir, lorsqu'il est infecté par la mort ?
Rien n'a satisfait l’Ecclésiaste. Pour lui, la vie était vide, sans but et vaine.
3. Ses conclusions
Salomon arrive à la fin de sa réflexion. "Tout ce qui arrivera est vanité. Jeune homme, réjouis-toi dans
ta jeunesse... mais sache que pour tout cela Dieu t'appellera en jugement... Car la jeunesse et l'aurore
sont vanité" (11:8-12:2).
Il s’est prouvé à lui-même le bien-fondé de son affirmation de départ « Tout est vanité… ». Et à plus
ou moins brève échéance, tout revient au même : rien, zéro, néant !
Alors, tout ceci est bien sombre, n’est-ce pas ? Mais, avant que vous ne sombriez à votre tour dans le
désespoir, il faut comprendre le point de vue de l’écrivain pour ne pas se tromper. Il observe le
monde d’un point de vue humain. Il examine ce qui se passe « sous le soleil », c’est-à-dire au niveau
où les hommes vivent.
Mais la perspective de Dieu est différente de la nôtre, elle est beaucoup plus élevée.
Dieu, Lui, regarde la terre en se trouvant Lui-même au dessus du soleil.
En regardant seulement ce qui se passe « sous le soleil » l’auteur ne tient donc pas compte de la
révélation divine, sa vue se trouve limitée à son horizon. Sa conclusion est donc parfaitement juste :
sans Dieu, la vie n’a aucun sens ! Elle se résume à « mange, bois et réjouis toi, car demain tu
mourras »…
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Mais au dernier chapitre, l’auteur change de regard. Il comprend que l’homme doit se confier en
Dieu, que c’est sa seule issue pour être heureux :
« Ecoutons la fin du discours : Crains Dieu et observe ses commandements. C'est là ce que doit faire tout
homme, car Dieu amènera toute œuvre en jugement, au sujet de tout ce qui est caché, soit bien, soit
mal ». (Chapitre 12, versets 15 et 16).
En effet, vivre sa vie avec le Seigneur, garder Sa Parole et centrer sa vie sur Lui, c’est la promesse
d’une vie différente, riche, passionnante ! Et c’est à cette vie que Dieu nous appelle !
L’Ecclésiaste, un livre pour aujourd’hui
L'Ecclésiaste est un livre destiné à l'homme et à la femme d’aujourd’hui, qui sont entraînés dans
l'engrenage de la vie, aveuglés par l'humanisme et le matérialisme, et qui cherchent à trouver en
dehors de Dieu des réponses à ses questions. Ce livre parle de la même façon à notre génération
« iPhone - Facebook» qu’au peuple d’Israël en son temps.
a. C’est un livre pour les enfants et les adolescents :
En partageant son expérience, l’Ecclésiaste invite les plus jeunes à mordre la vie à pleines dents, à
profiter du bon temps, mais toujours en relation avec le Seigneur :
« Jeune homme, réjouis-toi dans ta jeunesse... mais sache que pour tout cela Dieu t'appellera en
jugement... Car la jeunesse et l'aurore sont vanité" (11:8-12:2).
Enfants, ne recherchez pas les fausses-joies que vous proposent le monde et vos amis : alcool,
drogue, discothèque… Le Seigneur ne veut pas ses choses qui sont mauvaises pour vous : « Bannis
de ton cœur le chagrin, et éloigne le mal de ton corps… » Ecc 12 :2
Chers enfants et ados, écoutez bien les conseils que le Seigneur vous donne dans ce livre : fuyez tout
cela. Fuyez les invitations de vos amis s’ils veulent vous y entraîner. Vous verrez qu’elles ne feraient
que vous causer beaucoup de problèmes.
La vraie joie, la joie parfaite, est dans votre communion avec le Seigneur Jésus-Christ ! Ceux qui ont
expérimenté cela vous le confirmeront !
b. C’est aussi un livre pour les jeunes gens dans la force de l’âge :
Nous vivons dans un monde où le modèle de réussite est le suivant : il faut être beau, riche, avoir une
belle situation (voiture, maison, travail…).
Là encore, l’Ecclésiaste nous avertit. Ce n’est pas le but de la vie, ce n’est pas ce qui rend heureux.
Nous retrouvons cette pensée dans 1 jean 2:15-17 :
« N'aimez pas le monde ni ce qui est dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est
pas en lui. En effet, tout ce qui est dans le monde – la convoitise qui est dans l’homme, la convoitise des
yeux et l’orgueil dû aux richesses – vient non du Père, mais du monde. Or le monde passe, sa convoitise
aussi, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement ».
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c. C’est un livre pour les plus âgés :
Dans un passage sublime sur le plan poétique (12:3-9), l’auteur dépeint l'approche difficile de la
vieillesse.
Or, qu’est-ce que la vieillesse sinon un passage voulu par Dieu pour nous apprendre à prendre du
temps ?
Récemment, en faisant du sport, je discutais avec un homme retraité. Et il m’a dit quelque chose de
très vrai : « vous savez, quand on est jeune, on a la forme. Mais quand on est vieux, on a du temps ! »
Exact, non !?
Dieu donne du temps, pour la famille, les petits-enfants, les proches, les amis, mais aussi pour
l’église ! Les personnes âgées peuvent dédier plus de temps au Seigneur. Elles peuvent venir aux
rencontres en semaine (ce qui encourage toujours les pasteurs et les conducteurs !), elles peuvent
passer plus de temps dans la méditation et la prière.
Cette étape de la vie devait inquiéter l’Ecclésiaste. Il redoutait la mort car, selon lui, la destination
finale, que l’on est été bon ou mauvais, sage ou fou, était la même pour tous : le séjour des morts.
Son pessimisme est donc logique : s’il n’y a rien après, à quoi bon vivre. Et nous sommes entrainés
vers le désespoir.
Mais la Bible donne une réponse glorieuse à cette question, une réponse donnée par l'apôtre Paul et
qui a échappé à l’Ecclésiaste !
=> Philippiens 1:21 : "Christ est ma vie, et mourir m'est un gain ".
"Christ est ma vie, et mourir m'est un gain "
Le Seigneur Jésus-Christ, en mourant sur la Croix, a donné Sa vie pour nous. Il a payé à notre place le
prix que méritait nos pêchés.
Si nous laissons Christ venir régner dans notre vie, si nous lui confions la barre de notre destinée,
alors nous sommes sûrs que nous avons aussi la vie éternelle avec lui. Nous passerons l’éternité à
côté du Bon Berger, dans un lieu béni où il n’y a plus ni mal, ni souffrance, ni deuil, ni séparation !
J’espère que nous sommes tous réconciliés avec Lui ce matin, et que nous sommes déjà en route
vers cette terre promise !
Si c’est le cas, vous êtes heureux !
Si ce n’est pas le cas, faites-le sans tarder. Comme l’a dit l’Ecclésiaste, « avant que s’obscurcissent le
soleil et la lumière, la lune et les étoiles ». (chap 12, verset 4).
Prions.
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