Naissances de la radiologie interventionnelle. Le rôle de Charles T

Transcription

Naissances de la radiologie interventionnelle. Le rôle de Charles T
Congrès de l’Association française de sociologie – 29 juin au 2 juillet 2015
Proposition de communication
Naissances de la radiologie interventionnelle.
Le rôle de Charles T. Dotter
Philippe Gorry1 and Pascal Ragouet2
1
[email protected]
GREThA UMR CNRS 5113, Université de Bordeaux, Av. Léon Duguit, 33608, Pessac
2
[email protected]
Centre E. Durkheim CNRS UMR 5116, Université de Bordeaux, 3ter Pl. de la Victoire, 33076, Bordeaux
Dans le domaine de la cancérologie, les thérapies les plus fréquemment citées sont la
chimiothérapie, la chirurgie et la radiothérapie. Il existe pourtant, à côté de ces traitements
traditionnels, d’autres voie thérapeutiques possibles comme l’ablathermie (radiofréquences,
HIFU), la chimio-embolisation ou bien encore la cimentoplastie. Ces traitements sont
administrés en radiologie interventionnelle. Le Professeur Joffre, l’un des pionniers de cette
spécialité en France, la définit comme « l’ensemble des actes médicaux invasifs ayant pour but
le diagnostic et/ou le traitement d’une pathologie et réalisée sous guidage et sous contrôle d’un
moyen d’imagerie (rayons X, ultrasons, scanner, IRM) ».
L’objectif de la communication est de donner quelques pistes d’analyse concernant la genèse
de la radiologie interventionnelle en tant que spécialité, liée, au départ tout au moins, à la
cardiologie et au traitement des maladies du système vasculaire. Nous focaliserons sur Charles
Theodore Dotter (1920–1985), radiologue américain, souvent considéré comme un pionnier de
la radiologie interventionnelle. Nous verrons que, si cette imputation de paternité n’est pas
complètement erronée, en liant la radiologie interventionnelle à une figure historique, elle
contribue à rendre invisible le caractère chaotique, discontinu et contingent de ce qui apparaît
a posteriori comme un processus d’innovation conduisant à l’émergence d’une spécialité
médicale nouvelle qui a permis l’ouverture progressive de nouveaux champs thérapeutiques.
Nous nous centrerons plus précisément sur les premiers temps de ce processus qui présente la
particularité d’articuler plusieurs réalités repérées en sociologie des sciences et en
scientométrie : le rôle de la « sérendipité » (Cannon, 1945 ; Merton, 1950) et de la « catachrèse »
(Allamel-Raffin, 2005) dans la découverte scientifique, le phénomène de « delayed
recognition » identifié en scientométrie sous l’expression plus poétique de « sleeping beauty »
(Garfield, 1980 ; Van Raan, 2004 ; Braun et alii., 2010).
Références citées :
Allamel-Raffin C., « Instruments et bricolage en physique des matériaux : l’exemple des
catachrèses », Tracés, n° 9, 2005, pp. 23-36.
Braun T., Glänzel W., Schubert A., « On Sleeping Beauties, Princes and Other Tales of Citation
Distributions », Research Evaluation, 19, 3, sept.2010, pp195-202.
Cannon W.B., The way of an investigator: a scientist's experiences in medical research, W.W.
Norton et Cie inc., 1945.
Garfield E., « Premature Discovery or Delayed Recognition – Why? », Current Contents, 21,
1980, pp5-10.
Merton R.K, Social Theory and Social Structure, New York, Free Press, 1949.
Van Raan A.F.J., « Sleeping Beauties in science », Scientometrics¸vol.59, n°3, 2004, pp.467472.

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