LE JAPON à la page

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LE JAPON à la page
LE JAPON
à la page
Le journal de Jetro Paris - n°47 / 2e trimestre 2005
Tribune
SOMMAIRE
1/TRIBUNE
1/LES BRÈVES
2/SOCIÉTÉ Le gouvernement japonais
incite le secteur privé à pouponner
4/Coproduction franco-japonaise
5/L’INTERVIEW Sébastien Lechevalier,
Economiste
5/Toyota peut-il sauver le Japon ?
7/INNOVER Le Japon au rendez-vous
à BioVision et BioSquare
8/À VOS AGENDAS
9/INVESTIR Des places à prendre dans
l’hôtellerie japonaise
10/Le Japon au Bourget
11/HORIZONS JAPON La sagesse
de la nature
12/LAURIERS À Le Marché du film
L'économie japonaise se porte assez bien. Au premier trimestre, le PIB
a augmenté de 1,3 %, soit plus de 5 % en base annuelle. Cette hausse
s'explique par la reprise de la consommation des ménages et des investissements intérieurs. Les bénéfices d'exploitation des premières 1099
entreprises ont augmenté de 25,06 % pour l'année fiscale 2004. Il s'agit d'un record historique attribuable en grande partie aux exportations
sidérurgiques et chimiques vers la Chine, ainsi qu'aux performances des
sociétés de commerce et des compagnies de transport maritime qui
tirent partie d'échanges exceptionnels avec l'Asie. L'électronique a
réalisé des résultats relativement bons et la baisse du prix des lecteurs
DVD et des téléviseurs à écran plat (-30 %) devrait conduire à une hausse de la demande, qui permettra de traverser la période d'ajustement
délicate en quelques mois.
Les investissements étrangers au Japon affichent des scores tout à
fait honorables et si la tendance actuelle persiste, nous devrions atteindre nos objectifs pour cette année. En 2004, pour la première fois, les
investissements directs étrangers (IDE) au Japon ont dépassé les investissements japonais à l'étranger. Il y a eu 1149 cas d'investissements
potentiels ; 103 ont été menés à bout, dont plus du tiers venait
d'Europe. Jetro va poursuivre ses efforts pour promouvoir les IDE vers
le Japon et rechercher des investisseurs potentiels. Parallèlement, le
gouvernement japonais intensifie ses réformes pour l'ouverture de ses
frontières, avec par exemple l'assouplissement du statut de résident pour
les étudiants étrangers ou des déductions fiscales accordées aux sociétés qui construisent des écoles internationales. En matière financière,
nous nous rapprochons des standards internationaux. Au Japon,
…
Les brèves
En franchissant la barre des 10 millions d’opérations en 2004, la car te
bancaire s’affirme comme un moyen de paiement d’usage courant au
Japon./ / / / / / Le Meti a créé au sein de la « Japanese Standard
Association » un organe chargé de défendre les normes japonaises au
niveau international. Son action sera centrée sur les standards dans les
nouvelles technologies. / / / / / / Le Japon, la Corée du Sud et la Chine
vont établir des standards communs pour le design de produits d’usage
courant. Six produits sont concernés par le premier accord, dont les
bouteilles de shampooing et les interrupteurs. ////// Selon une étude
publiée par Jetro, un employé sur 40 travaille pour une entrepr ise
étrangère au Japon, soit 2,4 % de la main d’œuvre à temps plein. //////
Protection de la propriété intellectuelle
…
2
65 % des IDE se font sous la forme d'une fusion-acquisition.
Bien entendu, nous ne soutenons pas les opérations hostiles,
mais les fusions amicales contribuent à la réforme économique
du Japon, à son développement technologique et à une
meilleure gestion des ressources humaines. Un projet de loi en
faveur des fusions-acquisitions triangulaires entre une entreprise étrangère, sa filiale au Japon et une entreprise japonaise est d'ailleurs en cours de discussion à la Diète. En outre,
l'affaire Horie-Mon, ce jeune entrepreneur qui a voulu acheter une station de radio proche du groupe Fuji TV, a défrayé la
chronique en début d'année. Grâce à cette affaire, exemple
d'un combat inédit d'un challenger contre un grand des
médias, tout le monde au Japon sait ce qu'est une fusionacquisition !
Dans un contexte d'approfondissement de nos relations
avec l'Asie, les entreprises appliquent une nouvelle stratégie
de promotion des technologies et de renforcement des investissements au Japon, tout en conservant leurs usines en Chine
et en Asie du Sud-Est. Cet équilibre est essentiel pour réduire
les risques inhérents aux marchés asiatiques. Elles s'intéressent aussi à de nouveaux pays, comme l'Inde et le Vietnam où
les coûts de main d'œuvre sont moindres. Certaines, qui
avaient investi en Asie, reviennent par ailleurs au Japon et
nous assistons à un phénomène de relocalisation après la délocalisation. Dans certains secteurs industriels, le Japon veut
jouer un rôle de portail vers la Chine et l'Asie du Sud-Est, ce qui
passe par des accords de partenariat - je ne parle pas uniquement d'accords de libre-échange. Des accords ont déjà été
conclus avec les Philippines et la Malaisie ; des négociations
sont en cours avec la Thaïlande et un dialogue s'est amorcé
avec l'Indonésie.
Enfin, les alliances sont très importantes sur le plan des ressources humaines. Voir des étrangers à la tête d'entreprises
japonaises est une nouvelle expérience au Japon. La direction
de Sony est aujourd'hui entre les mains d'un Anglo-Saxon, un
des vice-présidents de Asahi Glass est Européen, le nouveau
dirigeant de la banque Shinsei est un Américain né en France,
sans parler de Nissan qui compte cinq membres français dans
son conseil d'administration. Le modèle de management qui
s'inspirait grandement du modèle américain va changer et
aujourd'hui le modèle à la française est bien accueilli. Prenez
les exemples de Nissan, Danone, Axa, Lafarge, Schneider ou
Saint Gobain… Il semble que les entreprises françaises et
européennes aient une perception plus large de la diversité
des salariés, qu'ils essayent de respecter les différentes cultures et de créer une nouvelle forme de gestion des ressources
humaines.
Le Japon sera invité d'honneur à la prochaine Conférence
mondiale sur l'investissement de La Baule. Le Premier ministre
Koizumi s'adressera à l'assistance en visioconférence ; le
ministre du Meti Nakagawa et le président de Jetro Watanabe
participeront aux débats, de même que plusieurs leaders de
l'industrie japonaise. C'est une occasion de reconnaître l'importance des investissements croisés au Japon, en France et
en Europe. Un autre rendez-vous important dans le secteur
majeur de la high tech et des biotechnologies nous attend en
septembre, avec le prochain Jetro Biolink Forum, en marge de
BioJapan 2005. Tsuyoshi Nakai, Directeur général
SOCIÉTÉ
Le gouvernement japonais incite le secteur privé
à pouponner
Face au problème de la garde des jeunes enfants, qui laisse de nombreuses Japonaises hors du marché
du travail, le gouvernement japonais a décidé d’encourager la création de crèches d’entreprises et d’ouvrir au secteur privé la gestion ges garderies. Toutes les initiatuves sont les bienvenues pour aider les
salariés à mieux concilier vie familiale et vie professionnelle. De quoi encourager le travail féminin et
revitaliser le nombre des naissances…
Le Japon se trouve actuellement confronté à l'entrecroisement d'un
est encore insuffisant, ce qui entraîne une baisse du taux de natalité.
taux de natalité en chute rapide et d'une population de plus en plus
De plus en plus de femmes sont réticentes à avoir des enfants en rai-
âgée. Selon l'Institut national de recherche sur la population et la
son de la difficulté d'équilibrer ces deux responsabilités majeures.
sécurité sociale, au rythme actuel, le taux de la population âgée de 65
Le gouvernement, conscient que le pays a désespérément besoin d'un
ans et plus passera de 17,4 % en 2000 à 35,7 % en 2050, alors que
meilleur système pour aider les mères qui travaillent, a révisé en 2004
dans le même temps, celui de la population âgée de 14 ans et moins
la « loi sur l'aide sociale aux travailleurs s'occupant d'enfants ou
tombera de 14,6 % à 10,8 %. En vue des problèmes importants aux-
autres membres de leur famille, incluant le congé pour garde d'en-
quels cette tendance pourrait conduire, dont l'augmentation des
fants ou autres membres de la famille ». D'après cette révision, la défi-
coûts de sécurité sociale et une perte de la vitalité économique, les
nition des employés autorisés à prendre un congé parental inclut
secteurs privé et public ont chacun lancé des initiatives pour atténuer
maintenant ceux à durée déterminée qui ont travaillé pour le même
les effets de cette situation.
employeur pour une durée d'au minimum un an ; ils peuvent doréna-
Bien que le nombre de femmes actives soit en hausse, le soutien aux
vant retrouver leur poste après leur congé. De plus, la durée maxima-
femmes essayant d'élever leurs enfants tout en conservant un emploi
le du congé a été étendue à dix-huit mois.
Le journal de Jetro Paris / 2e trimestre 2005
société
Avant cela, en 2003, le gouvernement avait promulgué la « loi sur les
Shiseido a également ouvert en 2003 Kangaroom Shiodome, une gar-
mesures d'aide au développement de la prochaine génération » qui
derie en entreprise proche de son siège à Tokyo. Cet établissement est
demandait aux entités privées et publiques ayant plus de
ouvert de 8 heures à 19 heures et a une capacité d'accueil de vingt-
300 employés de rédiger des plans d'action mettant en œuvre des
et-un enfants et bébés. Il est également ouvert aux enfants des
mesures en lien avec cette question. Ces plans d'action, basés sur des
employés d'autres sociétés.
recommandations gouvernementales, devaient être soumis au gouvernement dans les plus brefs délais à compter d'avril 2005. Pour
faire avancer la procédure, le ministère de la Santé, du Travail et des
Affaires sociales a désigné cinquante-trois municipalités chargées,
avec l'aide du ministère, de rédiger leurs plans en avance sur le calendrier afin de servir de modèles aux autres municipalités lorsque cellesci établiront leur plan.
Shiseido innove
Le secteur privé œuvre également à améliorer les conditions pour les
parents salariés. L'une des sociétés les plus avancées dans ce domaine est le géant des cosmétiques Shiseido, notamment parce que 68 %
des quelque 14 000 employés du groupe sont des femmes. Durant
plusieurs années, cette société a mis en place une série de mesures
Les Pigeon Kids Centers ont des employés étrangers permanents pour
nourrir la compréhension internationale et la créativité. (photo : DR)
destinées à aider les employés à concilier leur travail avec leurs devoirs
de parents. En plus d'avoir introduit des emplois du temps flexibles en
1988 - bien avant les autres sociétés japonaises -, Shiseido a offert
Un autre prolongement a été que des entreprises se sont réunies pour
des congés parentaux pouvant aller jusqu'à trois ans, ce qui est bien
discuter de la manière de créer un meilleur environnement pour élever
au-delà des exigences légales.
des enfants. L'année dernière, par exemple, 35 sociétés ont mis en
Shiseido propose aussi un service d'enseignement à distance en ligne
place le Groupe d'étude sur l'équilibre travail-vie privée pour partager
baptisé Wiwiw afin de permettre à ses employés en congé parental de
leurs informations alors qu'elles étaient en train de préparer les plans
renforcer leurs compétences dans des domaines tels que l'informa-
d'action évoqués précédemment. Shiseido, l'un des membres du grou-
tique ou les langues étrangères. De plus, l'accès aux forums et à
pe, a demandé à ses 40 sociétés au Japon, y compris celles de moins
l'email permet à ces personnes de rester au courant de ce qui se passe
de 301 employés, d'inclure des stratégies afin de favoriser la partici-
au bureau. Comme il s'agissait du premier système de ce type au
pation des hommes dans la garde d'enfants.
Japon, Shiseido l'a mis à la disposition d'autres entreprises.
« Les personnes en congés ont tendance à se sentir isolées et sont
inquiètes de leur retour au travail » explique Kiyoko Yamagiwa, direc-
Les services privés de garde d'enfants
en augmentation
trice générale adjointe du département de responsabilité sociale de
Certaines structures privées profitent du besoin grandissant de garde
l'entreprise Shiseido. D'après Mme Yamagiwa, le Wiwiw « fournit un
d'enfants. Pigeon, l'un des principaux fournisseurs de biberons et
support via internet pour transformer le congé parental de façon à ce
autres produits pour bébés, a commencé à proposer des services de
qu'une période vide devienne un temps permettant aux gens de revoir
puériculture et de garderie en 1993, puis a élargi ses activités aux ser-
leur compétences ».
vices de formation et de baby-sitting en 1996. A compter de février
2005, le groupe Pigeon a été mandaté
L’ÉVOLUTION
DU TAUX DE NATALITÉ DES PRINCIPAUX PAYS AVANCÉS
pour gérer les services internes de garderie de 133 entreprises et hôpitaux.
Dans le même temps, Pigeon Heart
(Nombre d’enfant par femme)
Corporation adapte le savoir-faire de
4,0
3,5
Japon
France
Teaching Strategies pour l'exploitation
Etats-Unis
Italie
des établissements Pigeon Kids World
Allemagn e
Royaume-Uni
dans les principales villes du Japon, où
3,0
un enseignement en anglais et des activités créatives sont proposées aux
2,5
enfants.
2,0
« Les sociétés sont de plus en plus intéressées à l'amélioration de l'environne-
1,5
ment de leurs garderies » dit Miki
1,0
1960
1970
1980
1990
1995
2000
Source : Eurostat, ONU, Ministère japonais de la Santé et du Travail
2001
2002
Nakata, de la division de planification
générale. « Le nombre de sociétés mettant en place des garderies en entreprise
3
Le secteur privé incité à pouponner
a commencé à prendre de l'ampleur vers 2003, et il est prévu que
avez plus de temps pour des activités extérieures, comme l'éducation
cela continue ».
des enfants, l'apprentissage indépendant ou les activités bénévoles.
La garde d'enfants bénéficie également d'une grande impulsion du
La sensibilité et les valeurs dont vous vous nourrissez à travers ces
fait de la privatisation des garderies. Traditionnellement, les garderies
activités imprègnent à leur tour votre travail, ce qui peut le rendre plus
étaient tenues au Japon par les adminis-
motivant. »
trations locales, mais l'externalisation de
Il apparaît donc qu'améliorer le cadre dans
cette fonction au secteur privé est en
lequel on élève ses enfants peut avoir des réper-
plein essor. « Le nombre total de garde-
cussions bénéfiques sur les performances de
ries publiques se situe autour de 12 000 »
l'entreprise comme sur la société en général.
explique M. Nakata. « Notre société,
ayant soutenu l'éducation des enfants
depuis un demi-siècle, a naturellement
élargi ses activités à la gestion de gardeKangaroom Shiodome, la garderie
en entreprise de Shiseido, est également ouverte aux enfants d'autres
sociétés. (photo : DR)
ries sous licence. Nous travaillons à améliorer la sensibilisation au développement
des ressources humaines et à ce que nous
appelons la puériculture Pigeon. »
Cet article a été publié sur le site de Jetro Tokyo :
Pour en revenir à Shiseido, lorsqu'on demande à Kiyoko Yamagiwa
pourquoi il est si important de parvenir à un équilibre entre la vie privée et le travail, elle répond : « Si vous travaillez efficacement, vous
COPRODUCTION
4
http://www.jetro.go.jp/en/market/trend/topic/2005_04_children.html
Les titre, chapeau et intertitres sont de la rédaction du « Japon à la page ».
FRANCO-JAPONAISE
Autrefois considéré d'un seul point de vue culturel, le cinéma, tout autant que la musique et les autres contenus, a dorénavant les faveurs du gouvernement japonais qui voit en ces produits une richesse économique à
promouvoir. La mission de Jetro est de soutenir le contenu japonais dans sa diversité et sa créativité, d'où notre
participation au dernier Festival de Cannes, en coopération avec l’association pour la diffusion du cinéma japonais à l’étranger UniJapan. Au cours de ce festival, un mémorandum, aboutissement de deux ans de travail, a
été signé entre le Centre national de la Cinématographie et UniJapan. Ce mémorandum est un « premier pas à
un approfondissement plus important des échanges et coproductions entre [les] professionnels » français et japonais. Des
engagements de collaboration, d'échanges et d'encouragements réciproques entre les deux pays ont été pris
dans les directions suivantes : la distribution, la formation, l'ingénierie financière, la participation aux festivals des
deux pays, le piratage et les diffusions des œuvres cinématographiques sur les chaînes télévisuelles. Le premier
film bénéficiant de cette toute nouvelle coopération franco-japonaise est intitulé « Kofuku no Ketsumatsu »
(la fin de la joie), une histoire d'amour entre Bruxelles, Paris et Tokyo, de Jinsei Tsuji. Ce film sera donc produit
et distribué à la fois au Japon et en France. Aujourd'hui, il existe un écart important entre le nombre de films
étrangers diffusés au Japon et le nombre de films japonais diffusés à l'étranger. Selon Makoto Kimura, de la
division des échanges internationaux à Jetro, « idéalement, nous aimerions voir un équilibre à 50-50 entre les films importés
et ceux exportés ». De son côté, Tsuguhiko Kadokawa, président du Festival du film international de Tokyo,
travaille à un nouveau festival, dont le nom serait le « Tokyo
Asia-Pacific Entertainment Market » qui offrirait des films de
toute la région Asie-Pacifique, partant du constat que l'intérêt
pour le cinéma asiatique grandit en Europe et aux Etats-Unis.
M. Kadokawa fait la tournée des festivals pour mieux observer
comment les autres manifestations fonctionnent. Quant au
Festival de Tokyo, il promet d'y présenter les meilleurs films
japonais, du plus commercial au plus artistique. « Le Japon
réalise aujourd'hui des films intéressants, je pense que nous
devrions les faire connaître aux autres peuples » a-t-il déclaré.
La signature du mémorandum (photo : DR)
Caroline Artus
Le journal de Jetro Paris /2e trimestre 2005
L’ INTERVIEW
Sébastien Lechevalier,
Economiste,
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
(photo Jetro Paris)
Sébastien Lechevalier, économiste spécialiste de l'économie japonaise, maître de
conférence à l'EHESS, a
réalisé une étude, intitulée
« Toyota peut-il sauver le
Japon (et le reste du
monde) ? », sur le modèle
de production du constructeur automobile.
Nous l'avons rencontré afin
de comprendre ses motivations et le sens de sa
réflexion.
Quelles ont été vos motivations pour cette étude?
Après une thèse de doctorat
sur le marché du travail
japonais et le management
des ressources humaines, qui
mettait l'accent sur la relation entre sécurité de l'emploi et productivité, l'étude
sur Toyota s'inscrit dans la
continuité de mes recherches. Afin d'étudier cette
entreprise et son système de
production, j'ai passé un an
au Japon en 2004 dans le
cadre d'une invitation de
l'université de Tokyo. Toyota
fascine par sa réussite
exceptionnelle et ce d'autant
plus que l'économie japonaise dans son ensemble n'est
toujours pas sortie de la
crise. De fait, les performances de Toyota montre que la
crise japonaise est moins une
crise du modèle de production qu'une crise macroéconomique.
Pouvez-vous résumer en
quelques mots le système
de production de Toyota,
appelé communément
TPS ?
Tout d'abord, il faut préciser
que, contrairement à ce que
pensent certains auteurs, il
n'y a pas de modèle productif supérieur aux autres, en
tout temps et en tout lieu. Le
système de production de
Toyota est un véritable succès mais n'est pas universel.
Ensuite il faut distinguer
entre le TPS et le toyotisme.
Le TPS peut être analysé à
plusieurs niveaux, du plus
simple, celui des routines
organisationnelles (juste à
temps par exemple) au plus
complexe, celui d'un système
en perpétuelle évolution,
grâce à ce que le professeur
Fujimoto de l'université de
Tokyo appelle une capacité
d'apprentissage évolutive.
Quant au toyotisme, c'est un
concept permettant de
caractériser les modes particuliers de financement, de
marketing et de management des ressources humaines associés au TPS. Une
condition indispensable au
succès de Toyota est la sécurité de l'emploi, dont la
contrepartie est l'investissement de chaque ouvrier,
base de la capacité d'apprentissage. En bref, chez
Toyota, le capital humain est
bien la première richesse de
l'entreprise. Cette capacité
est certainement plus difficile
à transposer que les simples
routines car les solutions aux
problèmes rencontrés ne
sont pas toutes faites. Toyota
s'est montré particulièrement
apte à comprendre très rapidement les évolutions de la
société japonaise et à modifier son offre en fonction de
l'évolution de la demande.
Autrement dit, la force de
Toyota ce n'est pas seulement la production mais
aussi la vente, ou le marketing si l'on veut. Ainsi,
Toyota répond à la montée
des inégalités au Japon par
une polarisation de son
offre. A un autre niveau, il a
su s'adapter aux changements de comportement des
ouvriers au travail au début
(suite p. 6)
Toyota peut-il sauver le Japon ?
Un peu passé de mode pendant la crise, le TPS est revenu
en grâce depuis quelques années. Comme le souligne
Sébastien Lechevalier dans son étude, « pour beaucoup
d'analystes, la longue crise japonaise commencée au début
des années 1990 […] a sonné le glas du modèle japonais. […] Toutefois, pendant cette décennie perdue,
Toyota - l'entreprise souvent considérée comme la plus
emblématique de ce modèle - non seulement n'a pas connu
la crise mais a, au contraire, battu des records de profits ».
Doit-on en tirer la conclusion que le toyotisme est transposable à d'autres entreprises ? Au cours de ses recherches,
Sébastien Lechevalier a décortiqué plusieurs tentatives
récentes de transposition au Japon. Il est d'ailleurs surprenant de constater que ces tentatives ne se limitent pas au
secteur automobile ou manufacturier, mais qu'elles s'étendent aujourd'hui aux services.
La poste japonaise a été l'une d'entre elles, en préambule à
la réforme entamée par le gouvernement Koizumi en vue de
sa privatisation. Depuis février 2002, le groupe de distribution Ito-Yokado a également mis en place un « Toyota
Project » pour améliorer son « efficacité opérationnelle ».
Dans les deux cas, des gains ont été constatés, mais à la
poste le « projet n'a pas débouché sur une transformation
profonde et s'est heurté à l'opposition des salariés » et chez
(suite p. 6)
5
Interview
Sébastien
Lechevalier,
Economiste
(suite de la p.5)
des années 1990 en réformant
notamment le système hiérarchique. Le TPS n'est donc pas figé
mais en perpétuelle évolution. Là
est très certainement la clé de son
succès mais aussi l'origine de la
difficulté pour les économistes à
la comprendre.
Vous parlez dans votre étude
des transferts de TPS à des
entreprises japonaises, mais ce
transfert est-il possible
dans une entreprise européenne ou française ?
Dans les années 1960 et
1970, Toyota a en effet
essayé de transposer son
modèle de production à
des sous-traitants japonais, ce qui s'est révélé un
succès. La société a ensuite
tenté des transpositions
dans ses usines à l'étranger, particulièrement aux Etats-Unis à la
fin des années 1970 et début des
années 1980. Le résultat a été
plus nuancé, mais la productivité
s'est améliorée au point de
dépasser celle des usines de
General Motors et de Ford aux
Etats-Unis, sans toutefois atteindre celle de ses usines au Japon.
Les entreprises françaises,
notamment dans l'automobile
dans les années 1980, ont également essayé de transposer ce système. Mais les résultats et le
système sont restés très différents de l'original, notamment à
cause de la rupture persistante
dans le savoir entre les ingénieurs et les ouvriers.
(photo Jetro Paris)
6
Depuis la fin des années 1990,
d'autres tentatives au Japon ont
été lancées dans des secteurs différents, voire même des secteurs
non manufacturiers, tels que la
poste, ou dans la distribution
chez Ito-Yokado. Une analyse
approfondie de ces deux tentatives de transfert a été réalisée
dans mon étude sur Toyota. Pour
résumer, les résultats sont mitigés
car de nombreux obstacles persistent pour obtenir des effets durables dans l'amélioration de la
productivité.
Finalement, paradoxalement, la
clef de la réussite d'une tentative
de transposition du TPS pourrait
résider dans une certaine attitude
face aux changements, plutôt que
dans la réplique appliquée des
routines organisationnelles, qui
n'ont de sens que par rapport à
la capacité évolutive. La principale leçon des tentatives de
transposition du TPS est qu'elles
doivent reposer sur cette perspective d'amélioration permanente à
long terme. C'est particulièrement
vrai en ce qui concerne l'emploi.
Licencier est ainsi contradictoire
avec le TPS. Mais ce dernier n'est
pas la seule voie possible comme
le montre au même moment
l'exemple de Nissan, dont le
renouveau a justement reposé sur
un « downsizing » stratégique.
Comment voyez-vous les perspectives économiques du
Japon ? Quels sont, selon vous,
les moyens de sortie de crise ?
La crise japonaise a une pluralité
de causes, au sujet desquelles il
n'y a toujours pas accord entre
les économistes. Du côté de la
demande, le principal problème
est l'atonie de l'investissement
des entreprises, plus que celle de
la consommation privée. Du côté
de l'offre, c'est le ralentissement
de la croissance de la productivité
qui est inquiétant. Le problème ici
n'est pas le modèle de production
japonais en tant que tel, mais
plutôt celui de la coordination
d'une nouvelle forme d’hétérogénéité croissante des entreprises,
de taille similaire au sein d'un
même secteur (l'automobile, l'électronique, la banque ou la
grande distribution).
L'hétérogénéité en soi n'est pas
un problème du point de vue des
performances comme le montre le
cas du dualisme suivant la taille
des entreprises japonaises dans
les années 1950. Ce qui importe
c'est la présence ou l'absence de
complémentarité entre ces agents
hétérogènes. Enfin, la sortie de la
crise ne dépend pas seulement de
l'économie nationale, mais aussi
de l'insertion du pays dans la
mondialisation. En effet, le Japon
se considère encore comme extérieur à l'ordre mondial, comme
un pays presque insignifiant. Or il
est clairement un des acteurs
principaux de la mondialisation. Il
doit donc modifier sa conception
de la mondialisation et surtout y
prendre part en tant qu'acteur
actif, ambitieux et respectueux de
ses partenaires non occidentaux.
Propos recueillis par Caroline Artus
(suite de la p.5)
Ito-Yokado, la productivité en hausse ne s'est pas traduite
par une augmentation de la profitabilité. Sébastien
Lechevalier souligne que dans le cas de la poste, « la tentative d'application des pratiques TPS [s'est faite] conjointement à des mesures [… de] réduction du personnel et [de]
recours accru à une main d'œuvre temporaire et que ItoYokado procédait dans le même temps à une restructuration », cette dernière passant notamment par la poursuite
de la flexibilisation des relations d'emploi. Cela va à l'encontre d'un des fondements du management à la Toyota
qui repose sur l'implication des salariés, donc sur une relation de confiance entre le management et les salariés. Une
telle relation n'est-elle pas indissociable de la sécurité de
l'emploi ? Ce que l'on peut apprendre du toyotisme, résume Sébastien Lechevalier, c'est « une certaine conception
de l'entreprise : une attitude positive et volontariste face au
changement dans une perspective de long terme, une remise en cause permanente reposant sur la mobilisation des
salariés, la conviction, enfin, que le capital humain est la
principale richesse de l'entreprise, ce qui implique sécurité
de l'emploi et formation permanente ».
Si la transposition du TPS s'avère difficile, ou n'a pas l'efficacité escomptée - comme des études l'ont montré dans le
cas d'usines du groupe Toyota aux Etats-Unis -, cette vision
de l'entreprise est un « modèle possible pour la gestion des
entreprises » conclut-il. Isabelle Comtet
Le journal de Jetro Paris / 2e trimestre 2005
INNOVER
Le Japon au rendez-vous à BioVision et BioSquare
Du 11 au 15 avril 2005 s'est déroulé à Lyon BioVision, le forum international sur les sciences du vivant. Considéré
comme le « Davos des biotechnologies », ce sommet est le rendez-vous des entreprises, des scientifiques, des
représentants d'associations, mais aussi des politiques.
Plate-forme internationale de réflexion, de dialogue, de débat et de proposition sur les grands enjeux des sciences
de la vie, BioVision traite simultanément des trois domaines fondamentaux des sciences de la vie, à savoir la santé,
l'alimentation, l'environnement et leurs interactions.
La quatrième édition de BioVision s'est ouverte avec le « Nobel's
Shino-Test Corporation développe, fabrique et commercialise des
Day » qui a célèbré le cinquantenaire du lancement de la campagne
réactifs de chimie clinique.
de vaccination contre la poliomyélite avec une forte concentration de
La partie académique était représentée par l'Université Kurume, uni-
scientifiques dont de nombreux prix Nobel, représentants de grands
versité privée depuis qu'elle a été baptisée Ecole de Médecine de
groupes internationaux, mais aussi des membres de la société civile.
Kyushu en 1928. L'Ecole de Médecine de l'Université Kurume a été
Balayant les sciences du vivant dans tous ses aspects tous les deux
nommée en 2003 centre d'excellence de la thérapie innovatrice du
ans, le forum est protéiforme, oscillant sans cesse entre rendez-vous
cancer par le ministère japonais de l'Education, de la Culture, des
d'affaires, débats économiques, scientifiques et politiques.
Sports, de la Science et Technologie. Seules sept académies de méde-
En parallèle à BioVision, s'est tenue du 13 au 15 avril BioSquare
cine privées sur les 29 au Japon mènent de tels projets sélectionnés
2005, la convention d'affaires la plus internationale des sciences de
dans le secteur de la médecine.
la vie, spécialiste du « match-making ». BioSquare réunit les indus-
L'administration était présente à travers le réputé « National
tries pharmaceutiques, de biotechnologie et le monde de la finance
Institute of Advanced Industrial Science and Technology » (AIST)
en provenance d'Europe, d'Amérique du Nord, du Japon et d'Asie
créé en 2001. Fort de ses 3 200 personnes et de ses nombreux cen-
Pacifique.
tres de recherche, l'AIST est le plus grand institut public de recher-
Ces trois jours de rencontres facilitent les débouchés sur des straté-
che du Japon.
gies de partenariat et d'investissement dans le domaine des bio-
Présentes non seulement sur BioVision mais aussi à la convention
technologies.
d'affaires BioSquare, les entreprises japonaises ont pu rencontrer de
Au regard du concept et de la méthode BioVision consistant à rassembler à parts égales les représentants de la société civile, de la
science et de l'industrie, avec le concours des grandes organisations
internationales et de ministères, Jetro a décidé d'apporter tout son
concours en finançant un pavillon Japon dont il a assuré la gestion.
Le pavillon Japon a réuni huit exposants dont six sociétés japonaises,
une université et le plus grand institut de recherche public japonais.
Dressons un bref panorama des sociétés
japonaises
AnGes MG, Inc. est une société bio-pharmaceutique dédiée au développement et à la commercialisation de médicaments basés sur de
nouveaux gènes.
Celestar Lexico-Sciences, Inc., « spin-off » de Fujitsu Limited, est
spécialisée dans la recherche bio-informatique, orientée notamment
vers la génomique, la protéomique et les peptidomiques.
Cellseed Inc. est une société d'ingénierie de tissus et cellules humains
spécialisée notamment dans les maladies de l'épithélium de cornée,
l'ostéoarthrite. Elle conduit des test cliniques en étroite collaboration
avec des chercheurs.
DNAVEC Corporation se consacre au traitement de maladies en particulier cardio-vasculaires et dans le domaine de l'oncologie.
NP Co ., Ltd. développe une nouvelle génération de cosmétiques biologiques utilisant les résidus de la fermentation du raisin.
(photo Jetro)
7
Le Japon au rendez-vous à BioVision
nombreux homologues étrangers et initier des premiers contacts
2010 comparé aux actuels 16 milliards de dollars (soit 1 744 milliards
personnalisés, étapes incontournables pour de futures alliances
de yens).
scientifiques. Les participants japonais ont, pour certains d'entre
Jetro apporte sa contribution au développement de ce pilier indus-
eux, réussi à établir plus d'une trentaine de rendez-vous sur le site.
triel en initiant des opportunités en termes d'alliances croisées, de
Au total, 151 entretiens individuels ont été organisés.
collaborations et d'échanges entre les sociétés de biotechnologies,
BioVision 2005 fut aussi le carrefour de débats autour de l'axe
les institutions japonaises et leurs homologues étrangers.
Europe-Japon. Ainsi, durant quatre heures, le 14 avril, une remar-
Aussi, les événements internationaux tels BioVision/BioSquare 2005
quable table ronde a réuni d'éminentes personnalités comme Koji
ou encore la conférence internationale annuelle de BIO
Omi, ancien ministre et président de la Commission de la recherche
(« Biotechnology Industry Organization ») aux Etats-Unis s'avèrent
du Parti libéral démocrate (PLD) ou encore de hauts représentants du
être des plates-formes extrêmement utiles.
ministère japonais de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie
(Meti), de la « Japan Bioindustry Association », ainsi que des acteurs
Biolink Forum 2005
majeurs dans les biotechnologies comme Chugai Pharmaceutical et
Au Japon, Jetro a organisé en septembre 2004 pour la première fois
Kikkoman.
Jetro Biolink Forum parallèlement à BioJapan 2004, le plus important
événement dans le domaine des biotechnologies en Asie. 700 person-
Quelques données sur l'industrie japonaise
des biotechnologies
nes du Japon et de l'étranger ont participé à l'inauguration du Biolink
Forum, caractérisé par des symposiums de clusters biotechs, des
Au Japon, la promotion de l'industrie des biotechnologies a pris son
débats et des échanges relationnels. Au regard du succès rencontré
essor grâce à l'étroite collaboration des secteurs publics et privés
par le Jetro Biolink Forum 2004, Jetro a décidé de rééditer ce forum
depuis décembre 2002, alors que le gouvernement annonçait des
en 2005, toujours en parallèle avec BioJapan 2005 qui se tiendra cette
directives stratégiques en biotechnologie. Par ailleurs, le marché
année à Yokohama, ville portuaire au sud de Tokyo.
japonais des biotechnologies s'est renforcé par le développement des
Biolink 2005 s'annonce être une réelle plate-forme d'opportunités
sociétés à capitaux risques en biotechnologie, ainsi que les nouveaux
qui permettra d'amplifier ses réseaux tant auprès des entreprises et
entrants issus d'autres industries. L'industrie japonaise des biotech-
institutions japonaises qu'étrangères. Les représentants européens et
nologies est promise à de belles perspectives et ce marché atteindrait
internationaux des clusters et des acteurs des biotechnologies sont
environ 229 milliards de dollars (près de 25 000 milliards de yens) en
vivement attendus à cet événement. Patricia Cohen
8
A VOS AGENDAS
DU
11 AU 13 SEPTEMBRE 2005
En marge de BioVision, le forum mondial des
sciences du vivant à partir du 6 septembre à
Yokohama, se tiendra le forum « Science and
Technology in Society ». Jetro est partenaire de
deuxième rendez-vous annuel qui réunira sur le
thème du développement durable des chercheurs,
des experts et décideurs du monde entier, ainsi
que des représentants des grandes entreprises.
CONTACT : Nathalie Harmel au 01 42 61 27 27 ou
[email protected]
LE
20 NOVEMBRE 2005
La douzième édition du Jetro Test, test d’aptitude
au japonais des affaires, se déroulera au centre universitaire Dauphine. Il est ouvert à toute personne
dont la langue maternelle n’est pas le japonais.
Toutes les informations sont à l’adresse suivante:
http://www.jetro.go.jp/en/jetrotest/
INCRIPTIONS : M. Ordonneau à l’Inalco au 01 44 05
41 15
Le Centre UE-Japon pour la Coopération industrielle, fondé par la Commission européenne et le Meti avec le soutien de Jetro, a pour objectif de contribuer à un meilleur équilibre des relations économiques entre les deux pôles.
A cette fin, il organise diverses formations axées sur la découverte du management et des marchés japonais, de
l’organisation et des structures industrielles au Japon.
DU
24 OCTOBRE AU 1
ER
NOVEMBRE
2005
« Challenge Towards World Class Manufacturing »
Cette formation au Japon a pour objectif d’aider
les entreprises européennes à mieux comprendre
les méthodes de production « kaizen » (amélioration continue), JIT (« Just In Time ») TPM (« Total
Productive Maintenance ») et TQM (« Total Quality
Management »). Elle permet aux dirigeants de l’industrie européenne de visiter des usines parmi les
plus performantes du monde, de s’entretenir directement avec les responsables de la production et
d’observer la façon dont ces méthodes de production sont appliquées sur les sites de production
(« gemba »).
Date limite de candidature : 31 août 2005
CONTACT :
www.eujapan.com/europe/wcm_executive.html
Tél. :+ 32 2 282 00 42 ou [email protected]
DU
23 JANVIER AU 10 FEVRIER 2006
« HRTP 39 - Japan Industry Insight » est un programme unique proposé par le Centre UE-Japon
pour la Coopération industrielle. Il offre une vision
approfondie de la pratique des affaires au Japon :
séminaires, voyages d’étude, échanges d’expériences avec des cadres japonais et exercices de
négociation par le biais de jeux de rôle.
Travaillant dans une société européenne à un
niveau décisionnaire, vous désirez acquérir une
meilleure connaissance des méthodes de travail
des sociétés japonaises, ce programme de formation au Japon vous est destiné.
Date limite de candidature : 30 septembre 2005
CONTACT :
www.eujapan.com/europe/hrtp_eu.html
Tél. :+ 32 2 282 00 42 ou [email protected]
Le journal de Jetro Paris / 2e trimestre 2005
INVESTIR
Des places à prendre dans l’hôtellerie japonaise
La capacité hôtelière de Tokyo est à peine un tiers
de celles de Londres et Paris et seulement un dixième de celle de New York. Secteur fortement fragilisé par l'éclatement de la bulle financière et la crise
qui a suivi, l'hôtellerie japonaise fait aujourd'hui
face à une période de profonde mutation.
établissement. Le parc fluctue relativement peu depuis les années
1990. Il y avait par ailleurs 61 583 (915 400 chambres) « ryokan » en
2002, pour une capacité moyenne de près de 15 chambres par établissement. Par rapport à 1991, le nombre des « ryokan » a baissé de
40 %. Cette détérioration s'explique par la diminution des réservations
émanant d'entreprises qui avaient l'habitude de prendre plusieurs
chambres, et cela de façon beaucoup plus régulière qu'aujourd'hui.
Traditionnellement constituée de « ryokan », auberges de style japo-
Aucune éclaircie ne semble devoir se profiler pour cette catégorie
nais gérées le plus souvent de façon familiale, l'hôtellerie japonaise a
dans les années à venir, mais elle ne baisse cependant pas les bras.
connu un réel essor avec l'organisation des jeux Olympiques de Tokyo
Leur fédération a ainsi créé depuis peu un label attestant des efforts
en 1964. Le Hilton Tokyo, inauguré en 1963, a été le premier hôtel
des hôteliers (services, repas, formation des employés) pour accueillir
détenu par des capitaux étrangers au Japon. Son ouverture a marqué
au mieux les personnes âgées. En mars 2003, 953 établissements
par ailleurs le début d'une nouvelle forme de management : les hôtels
avaient été labellisés « Silver Star Ryokan ».
ne sont pluss nécessairement propriétaires des terrains et des murs
Les « minshuku » (chambres d'hôtes) proposent un hébergement
qu’ils utilisent, d'où un investissement moins important.
confortable à des prix très abordables. Ils étaient au nombre de 23 268
Le développement du secteur hôtelier a été ensuite aussi fulgurant
en 2002. La plupart sont gérés individuellement et beaucoup ont a dû
que la croissance économique du pays, bénéficiant de la construction
fermer, ne pouvant s'aligner sur la concurrence en termes de prix après
de nouvelles infrastructures de transport, tels le Shinkansen, les auto-
l'éclatement de la bulle
routes ou les nouvelles lignes aériennes qui ont permis la progression
Autre catégorie bon marché, les pensions sont généralement situées
des échanges entre les régions japonaises. Au cours des années 1980,
dans des régions touristiques. Hébergement de style occidental le plus
les hôtels, y compris les hôtels modestes de province ou les « business
souvent en demi-pension, elles attirent plutôt les groupes d'étudiants
hotels » orientés vers une clientèle d'affaires, se sont lancés dans l'amé-
et les jeunes couples, mais subissent une baisse considérable depuis
nagement de salles de réunion et de réception, utilisées pour les
1997.
mariages. Ces investissements ont été réalisés au plus fort de la bulle
Les zones touristiques ont depuis longtemps fait l'objet d'une volon-
financière et la spéculation foncière des années 1980 a lourdement
té d'aménagement par les autorités locales qui ont construit, avec le
grevé la rentabilité de nombreux hôtels, touchés coup sur coup par
soutien des banques, ce qu'on appelle communément au Japon les
l'éclatement de la bulle, la crise économique, la baisse des voyages
« resort hotels ». Ce fut d'abord le cas, dès les années 1930, de Nikko,
organisés en groupe et des déplacements d'affaires - alors que les
de Karuizawa ou de Hakone, réputé pour ses bains chauds. Cinquante
rendez-vous de la journée se pour-
ans plus tard, ce type d'établissement a
suivaient souvent tard dans les bars
bénéficié de la hausse des revenus des
et restaurants des hôtels - et enfin
Japonais, de l'essor des loisirs et du
par la diminution du nombre des
développement des régions montagneu-
mariages après la génération née
ses. Cependant, ils ont aussi souffert de
du baby boom. Face à la forte bais-
la concurrence d'hôtels plus chics et plus
se de leurs profits et au durcisse-
grands venus s'installer pendant la bulle.
ment de la concurrence, exacerbée
Touchés de plein fouet par la crise, le
par une guerre des tarifs et des
marché est en train de s'assainir, laissant
promotions, de nombreux hôtels
la porte ouverte à l'intervention d'inves-
ont été contraints à la faillite.
tisseurs étrangers.
Depuis le début des années 1990,
D'une manière générale, l'hôtellerie
le parc hôtelier japonais n'a cessé Une des chambres de l’hôtel Conrad Tokyo (photo : Conrad)
japonaise est au cœur d'une période de
de baisser, les modes d'hébergement traditionnels (« ryokan » et
mutation propice aux investissements étrangers car quatre facteurs
« minshuku ») étant les plus touchés. Ceux de style occidental tirent
sont particulièrement favorables : la baisse du prix des terrains, l'ac-
mieux leur épingle du jeu, de même que les hôtels à capitaux étran-
croissement du nombre de visiteurs au Japon, la possibilité d'ache-
gers qui s'appuient sur la puissance de leur marque et un réseau
ter des hôtels existants et enfin la résurgence de projets de
international.
transformation urbaine, mis en suspend après l'éclatement de la
Une offre diversifiée mais fragile
bulle économique.
De nouveaux types d'établissements sont peu à peu apparus, qui
En 2002, le Japon comptait 8 518 hôtels de style occidental représen-
concentrent leur activité sur l'hébergement en n'offrant plus une for-
tant plus de 649 000 chambres, avec en moyenne 76,2 chambres par
mule en demi-pension mais seulement la nuitée et le petit-déjeuner.
9
L’ h ô t e l l e r i e j a p o n a i s e
Ainsi, la chaîne R&B (16 établissements) ne propose que des cham-
de 1 000 chambres au tarif moyen de 55 000 yens la nuit, alors que
bres single ; Route Inn (78 établissements) est installé uniquement le
jusqu'à présent le Park Hyatt était le seul hôtel à proposer des cham-
long des routes ; Super Hotel accueille jusqu'à trois personnes par
bres à 50 000 yens la nuit. Le groupe Peninsula Hotel basé à Hong
chambre (38 établissements) et Tokyu Inn (76 établissements) met à
Kong ouvrira ses portes au cours de l'été 2007, quelques mois après
la disposition de sa clientèle féminine des services et des chambres qui
le Ritz-Carlton. Fin 2005, le Mandarin Oriental sera inauguré dans le
lui sont réservés. Ce segment est le plus actif actuellement, Tokyu Inn
quartier de Nihonbashi. Les grands hôtels japonais, comme l'Imperial
et Route Inn ouvrant plus de 10 hôtels chaque année.
Hotel, l'Okura Hotel, le ANA Hotel Tokyo et le Royal Park Hotel, sont
Alors que certaines chaînes réduisaient la voilure pour assainir leurs
en train de rénover leurs chambres et leurs restaurants afin de concur-
comptes, de nouvelles sont montées en puissance comme Hotel Villa
rencer les chaînes occidentales et asiatiques qui se déploient au
Fontaine (du groupe Sumitomo Real Estate) qui dispose de dix éta-
Japon. Ils cherchent à aligner leur offre sur celle des grands noms
blissements dans différents quartiers de Tokyo, Keio Presso Inn ou
étrangers, mais restent conscients qu'il leur faudra pour cela installer
Nishitetsu Inn (groupe Nishi-Nihon Railroad) qui prépare plusieurs
leur image de marque hors de l'archipel afin d'attirer une clientèle
ouvertures à Tokyo et dans le Sud du pays. De leur côté, les groupes
internationale.
étrangers tels que Accor, Choice et Six Continents ont augmenté le
Le quartier de Shinjuku à Tokyo est un des centres hôteliers de la capi-
nombre de leurs établissements en rachetant des hôtels existants. Le
tale. Cela s'explique par la forte concentration de sièges sociaux de
groupe Accor couvre toute la gamme hôtelière avec deux Sofitel, deux
grandes entreprises, la présence de nombreuses entreprises étrangè-
Novotel, deux hôtels Mercure et deux Formule 1. Raffles
res et la forte densité en restaurants. L'arrivée des « New Big Three »,
International, basé à Singapour, projette d'ouvrir en 2007 son deuxiè-
c'est-à-dire le Four Seasons, le Park Hyatt et le Westin Hotel, avait
me hôtel au Japon, près de la gare de Tokyo.
marqué le retour des étrangers dans l'hôtellerie de luxe japonaise.
L'installation du Four Seasons dans le quartier de Mejiro en avait lais-
La rénovation urbaine de Tokyo
10
sé sceptiques plus d'un à l'époque. Il n'était en effet pas sans risque
L'évolution du marché depuis 2000 se fait autour d'une bataille des
d’installer un hôtel ailleurs que dans le centre de Tokyo.
tarifs. Ceux pratiqués à Tokyo (sur la base des quinze principaux
Les grands hôtels s'intègrent aujourd'hui dans les projets de transfor-
hôtels) sont par exemple passés d'une moyenne d'environ 20 000
mation urbaine décidée par la Ville de Tokyo qui souhaite par ailleurs
yens en 2000 à 18 400 yens l'année dernière. Néanmoins, Tokyo
que 25 % de la surface faisant l'objet d'une opération immobilière ne
dispose encore de peu d'hôtels de classe internationale, comparati-
soient pas occupés par des bureaux. Récemment Four Seasons a
vement à Londres ou New-York. L'éclatement de la bulle avait pen-
ouvert un établissement dans le quartier de Marunouchi et Grand
dant une dizaine d'années stoppé net tout projet de revitalisation
Hyatt Tokyo a été inauguré dans un quartier rénové de Tokyo. Tokyo
dans la capitale.
veut se donner une dimension internationale et il ne fait aucun doute
Les années 2005-2008 vont voir la construction de nouveaux établis-
que la croissance économique qui se dessine au Japon et le dévelop-
sements, dont quatre hôtels très haut de gamme, soit une augmenta-
pement du tourisme d'affaires, principalement en provenance d'Asie,
tion de 10 % du nombre de chambres à Tokyo qui comptera environ
vont également accroître la demande, cela sans compter la campagne
45 000 chambres en 2007. En juillet, Conrad Tokyo (groupe Hilton) va
gouvernementale « Visit Japan » qui espère attirer 10 millions de visi-
ouvrir dans le quartier de Shiodome un hôtel de luxe comprenant plus
teurs étrangers d'ici 2010. Isabelle Comtet
LE JAPON
AU
BOURGET
L’industrie aéronautique japonaise a été dignement représentée
au 46e Salon international de l’Aéronautique et de l’Espace, du
13 au 19 juin au Bourget. Jetro s'est associé à son organisation
et apporte son soutien aux exposants japonais. Les principaux
industriels du secteur étaient bien entendu présents, à commencer par Mitsubisi Heavy Industries, Kawasaki Heavy
Industries et Fuji Heavy Industries, car l’aéronautique japonaise
se caractérise par une présence forte de puissants groupes
industriels. Encore très liés aux Etats-Unis, les constructeurs et
équipementiers japonais entendent diversifier leurs interlocuteurs et se tournent depuis quelques années vers des programmes internationaux qui incluent des activités de sous-traitance.
L’aéronautique civile - rappelons que le Japon ne peut exporter
ses technologies militaires - est
devenue très concurrentielle et
le Japon cherche à développer photo : Salon du Bourget
la coopération internationale.
Une quinzaine d’entreprises japonaises sont ainsi associées à la
construction du gros porteur A380 d’Airbus. Au total, 13 exposants sont venus au Bourget dont la « Society of Japanese
Aerospace Companies » (SJAC), fédération qui regroupe les
industriels japonais du secteur. Les équipementiers ont été
notamment représentés par Shimadzu et Mitsubishi. Un des
rares fabricants d’hydravions Shinmaywa Industries est également venu, de même que Ishikawajima Harima Heavy Ind., le
premier motoriste du secteur au Japon. Isabelle Comtet
Le journal de Jetro Paris / 2e trimestre 2005
(photos Association Expo 2005)
HORIZONS JAPON
La sagesse de la nature
L'Exposition Universelle de 2005 ouverte près de Nagoya depuis le
en participant à la diminution du CO2 produit par les machines. Son
25 mars dernier illustre de multiples façons la notion de « sagesse de
défi est de démontrer qu'avant le 31 août prochain, elle pourra dimi-
la nature ». Pour la première fois, deux Etats, l'Allemagne et la
nuer encore plus efficacement l'émission des gaz à effet de serre par
France, ont décidé de se présenter ensemble dans un seul et même
des actions simples et concrètes des entreprises et des citoyens.
bâtiment. A cette occasion, les deux pays se sont vus attribuer au
Louis Vuitton vise le même objectif par l'établissement de son « bilan
cœur du site le plus grand pavillon de la partie internationale de l'ex-
carbone », premier logiciel français de comptabilisation de l'ensemble
2
position, d'une surface totale de 3 240 m . Le couple franco-alle-
des émissions de CO2 et autres gaz à effets de serre. Ainsi, le maro-
mand est au centre de cette exposition en trois volets : l'histoire de
quinier s'est donné pour objectif de transporter la moitié de ses pro-
leur alliance politique et économique depuis 1945 ; la découverte du
duits par bateau et non plus par air et s'efforce de diminuer ses
Rhin vu par l'artiste Marin Kasimir car le fleuve qui sépare géogra-
consommations d'emballage et d'énergie.
phiquement les deux pays les unit aussi dans le même objectif de
Toyota, qui a fait le choix d'implanter à Valenciennes - ville à forte
propreté ; et la réussite industrielle conjointe avec les exemples
tradition industrielle marquée par la crise économique et impliquée
d'EADS, Airbus et Ariane.
depuis de nombreuses années dans une politique de développement
2
La France dédie son espace (1 300 m ) aux enjeux du développement
durable - une usine certifiée ISO 14001, la référence mondiale en
durable. A travers ses déambulations, le promeneur découvre le théâ-
matière de respect de l'environnement.
tre immersif, une salle de spectacle en forme de cube de 18 m de côté
La communauté urbaine de Dunkerque, engagée depuis une dizaine
accueillant sur chacune de ses faces intérieures des images géantes
d'année dans une politique de développement durable s'est lancée
illustrant le sort de l'humanité. Puis il se plonge dans le forum inter-
dans de nombreuses actions de régénération urbaine et de démocra-
actif, un espace panoramique interactif sur lequel sont inscrits des
tie participative. Dassault Systèmes, avec sa capacité d'anticiper et
mots en relation avec le développement durable qui se transforment
d'innover par le calcul numérique, constitue la nouvelle approche
en séquence vidéo quand le visiteur s'approche. Un peu plus loin, les
incontournable pour penser un développement respectueux des
six îles du réel, qui occupent la moitié de l'espace du pavillon, racon-
générations futures.
tent l'histoire de projets conduits par une collectivité territoriale, une
Jacques Chirac a été le premier dignitaire étranger à visiter Expo
entreprise ou une ONG. Chacun à leur manière par le biais du regard
2005. « Le développement durable est probablement l'un des problè-
d'un artiste, ils démontrent concrètement le caractère opérationnel
mes les plus obsédants de notre siècle », a-t-il déclaré. Cette visite
du concept de développement durable. L'île Saint-Aubin, dans l'ag-
officielle a été suivie par celle de François Loos le 14 avril lors de la
glomération d'Angers, est devenue l'habitat privilégié de nombreu-
cérémonie officielle de la journée nationale de la France à Expo 2005,
ses espèces animales et végétales menacées. Les images de l'île
où il a rappelé que « la sagesse de la nature était un thème néces-
montrent comment Angers préserve un poumon vert au cœur même
saire pour réaliser une société durable et que pour cela chaque pays
de la ville. La ville de Chalon-sur-Saône a déclaré qu'une petite ville
devait coopérer et tracer le chemin ensemble pour y arriver ».
comme la sienne pouvait contribuer à l'amélioration de la technologie
Pascale Inglès
11
LAURIERS À
le Marché du film à Cannes
12
Pour la deuxième année consécutive,
participants étaient aussi en quête de
la question d'être présent à Cannes ne
Jetro était présent à Cannes au Marché
productions cinématographiques à distri-
se pose pas, même pour de petites
du film qui se tenait en parallèle avec le
buer au Japon. Au Japon comme ailleurs,
sociétés. Pour leur première participa-
Festival international. Afin de soutenir
Cannes est considéré comme le plus
tion, Open Sesame et Movie-Eye ont
les activités à l'étranger des producteurs
grand marché du film au monde, une
apprécié le fait que Jetro leur offre un
et distributeurs qui ne peuvent se per-
manifestation à ne pas rater pour qui
vaste espace pour négocier avec leurs
mettre l'engagement financier et humain
veut se faire une place sur le marché. En
homologues. Ils ont bien entendu consa-
d'une présence individuelle, notre stand
Europe, la renommée du cinéma japonais
cré aussi beaucoup de temps à aller
était cette année réservé aux petites et
se borne malheureusement à certains
d'une salle à l'autre pour la projection
moyennes entreprises japonaises.
types de films et à certains réalisateurs.
des films et à établir des premiers
Plusieurs entreprises japonaises de plus
Cependant, le marché européen à une
contacts durant le salon. Les négocia-
grande envergure avaient par ailleurs
maturité telle que le public a beaucoup
tions se poursuivront ensuite au Japon.
Quoi qu'il en soit, les deux
C h a q u e a n n é e , l e M a r c h é d u f i l m r é u n i t a c h e t e u r s e t v e n d e u r s d u m o n d e e n t i e r. L e s
sociétés japonaises participantes ont dressé un bilan satisfaisant de l’édition 2005.
sociétés compte bien revenir
leur installation propre.
d'estime pour les films couronnés aux
à Cannes dès la prochaine édition. A
Deux des exposants de notre stand,
festivals. De ce point de vue, Cannes est
l'année prochaine!
Open Sesame et Movie-Eye, ont tenté
très important, car s'y déroulent en
Naoko Okuyama
l'aventure cannoise. Venus vendre leurs
même temps le marché du film
films - « Girlfriend », « L'Amant » et
et le festival. Il est essentiel d'y
« The Volatile Woman » pour Open
présenter de bons films pour
Sesame et « About Love », « Way of Blue
faire connaître le cinéma japo-
Sky » pour son partenaire - les deux
nais dans le monde entier. Ainsi,
photo : Jetro-UniJapan
Directeur de la publication : Tsuyoshi Nakai. Rédacteur en chef : Daisuke Yamaguchi. Rédaction/publication : Isabelle Comtet ([email protected]), Caroline Artus, Patricia Cohen, Nathalie Harmel. Les articles expriment les opinions des rédacteurs et ne reflètent pas nécessairement l’opinion du Jetro. Dépôt légal : 2e trimestre 2005. N° ISSN : 1254-6666. Publication Jetro Paris - Organisation japonaise du commerce extérieur 2, place du Palais-Royal 75044 Paris cedex 01. Tél. : 01 42 61 27 27. Internet : http : //www.jetro.go.jp/france/paris