Causes professionnelles des tumeurs vésicales

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Causes professionnelles des tumeurs vésicales
Causes professionnelles des tumeurs vésicales
Pascal Andujar
Unité de Pathologie Professionnelle ‐ CHI Créteil
Université Paris‐Est Créteil Val de Marne
Réunion METRANEP 9 février 2010
Tumeurs vésicales : Epidémiologie
• France:
– 7ème rang des cancers
• 4 % des décès par cancer chez l’homme
• 1,9% des décès par cancer chez la femme
– 9679 cas incidents estimés en 2005
– 4689 décès estimés en 2006
– Sexe ratio 7 H / 1 F en 2005
(InVS : Hill & al, 2009; Belot & al, 2008)
Nombre estimé de cas incidents et de décès par tranche d'âge et par sexe en France en 2000
Age
0‐24 25‐29 30‐34 35‐39 40‐44 45‐49 50‐54 55‐59 60‐64 65‐69 70‐74
75‐79
80‐84
85+
Total
Cas incidents H
13
9
19
47
112
256
540
679
995
1 438
1 636
1 581
881
780
8 986
F
3
2
5
11
17
29
59
63
111
190
255
328
253
459
1 785
Nombre de décès H
0
1
1
5
15
47
112
157
265
436
604
698
459
651
3 451
F
0
0
1
2
4
7
17
21
36
68
119
195
180
457
1 107
95 %
InVS 2008
Etiologies des tumeurs vésicales (1/4)
Vessie = organe cible majeur pour de nombreux agents cancérogènes environnementaux
• Fumée de tabac : 40 à 50 %
– Relation dose‐effet
– ↓Age de début, ↑durée, ↑tabagisme cumulé
– Effet cumulatif en cas d'association à d'autres cancérogènes (Clavel & al,1989)
• Infections bactériennes urinaires chroniques (Vessie neurologique, Sondages à demeure…)
– Production de nitrates par les bactéries, se transformant en nitrites, puis en nitrosamines
• Bilharziose urinaire (Schistosoma Haematobium) (Tomatis & al, 1990)
Etiologies des tumeurs vésicales (2/4)
• Consommation chronique de certains médicaments (Phénacétine, Cyclophosphamide, Chlornaphazine…) (Clavel & al, 1991)
• Aristolochia Fangchi (herbe chinoise) utilisée comme substance amaigrissante, composée d’acides aristolochiques
dérivés du nitrophènanthrène (Artl et al, 2002 ; Nortier et al, 2000)
• Prédispositions génétiques individuelles (CYP450, NAT1 et NAT2, GST…)
Etiologies des tumeurs vésicales (3/4)
• Facteurs environnementaux :
– Arsenic dans l’eau de boisson
– « Néphropathie des Balkans » : Mycotoxine (Ochratoxine) produite par des Aspergillus et Penicillium, répandue dans les plantes et susceptible de contaminer les aliments, surtout les céréales
• Facteurs alimentaires :
– Edulcorants artificiels (aspartam, saccharine, cyclamates)? (déclassification du CIRC groupe 2B → 3) (CIRC 1999 ; Negri et La Vecchia, 2001)
– Café ? (Clavel et al, 1991). Etiologies des tumeurs vésicales (4/4)
• Causes professionnelles
– 2ème rang des cancers professionnels aux E‐U et en G‐B.
– Fraction attribuable aux expositions professionnelles = 5 à 25% (Tomatis et al, 1990 ; Vineis et al, 1991; Bang et al, 1996, Nurminen et al, 2001)
InVS ‐ Imbernon & al, 2003 Nombre et proportion de morts par cancer attribuables à
l’exposition professionnelle, par type de cancer en 2000 (Rapport CIRC, Académie Nationale de Médecine, Académie des Sciences, FNCLC, 2007)
Cancer
Poumon
Mésothéliome
Vessie
Leucémie
Larynx
Sinus nasal
Tous cancers
Hommes
Femmes
FA %
Décès
FA %
Décès
11,3 %
83,2 %
5,1 %
4,1 %
3,1 %
27 %
3,7 %
2320
504
165
109
63
27
3183
4,2 %
38,4 %
0,6 %
0,4 %
0,3 %
6,5 %
0,5 %
177
62
6
9
0
3
258
FA : fraction attribuable
Etiologies professionnelles des tumeurs vésicales
• 3 principales familles de substances chimiques incriminées :
– Hydrocarbures aromatiques polycycliques – Certaines amines aromatiques
– Certaines nitrosamines
• Arsenic
Hydrocarbures aromatiques polycycliques
et cancer de vessie
Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)
•
Composés organiques regroupant plusieurs centaines d’hydrocarbures composés de plusieurs cycles benzéniques. •
Cancérogénicité de certains HAP, de mélanges d’HAP ou de certaines activités professionnelles exposant aux HAP évaluée par le CIRC et par l’UE
– CIRC (http://monographs.iarc.fr/) – UE (http://apps.kemi.se/nclass/default.asp)
•
De nombreux HAP et de situations d’exposition ont été classées comme agents cancérogènes certains, probables ou possibles. Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)
•
Fraction des cancers de vessie attribuable à des expositions professionnelles aux HAP = 1,9% (Nurminen & al, 2001)
•
Estimation du nombre de cas attribuables à une exposition professionnelle aux HAP en France en 1995 = 148 (Imbernon, 2001)
(Extrapolation à partir des données finlandaises et du nombre de cas incidents en France en 1995)
Sources d’exposition aux HAP
•
Synthèse lors de la pyrolyse ou de la combustion incomplète de matières organiques vivantes ou fossiles. •
Origine naturelle – feux de forêt éruption volcanique…
•
Origine anthropique contaminant des eaux, de l’air et des sols
– gaz d’échappement de moteurs essence et diesel des transports routiers, fluviaux et aériens,
– effluents industriels,
– extraction et transport du pétrole,
– Émanation à partir de certains dispositifs de chauffage,
– fumées d’incendie, de tabac, de barbecue...
Sources d’exposition aux HAP
•
Présence dans le pétrole, la houille et le charbon – Produits issus de la distillation de la houille
• Brais de houille employés comme combustible, • Goudrons antérieurement présents dans :
– enrobés routiers, – revêtements de sol et de toiture, – peintures anticorrosion, – protecteurs du bois – fabrication d’électrodes à anode continue destinées à l’affinage de l’aluminium selon le procédé Söderberg (abandon en France début des années 90), • Créosote employée comme xyloprotecteur du bois sur les traverses de chemin de fer et les poteaux télégraphiques,
– Produits dérivés du pétrole
• bitume utilisé dans les revêtements de routes ou de pistes d’atterrissage des aéroports, des toitures, comme isolant phonique et électrique ou dans les peintures anticorrosion
Classification de situations d’exposition aux HAP
Mélanges d’HAP
Bitumes
Extraits de bitumes raffinés à l’air et à la vapeur
Bitumes raffinés à l’air
Bitumes raffinés à la vapeur
CIRC Groupe UE Catégorie
3
2B
3
3
-
Brais de houille
1
2
Créosotes
2A
2
Fumée de tabac
1
-
Fumées d’émissions diesel
Gaz d’échappement de moteurs essence
2A
2B
-
Goudrons de houille
1
1
Huiles minérales hautement raffinées
3
-
Huiles minérales non raffinées ou moyennement
raffinées
1
2
Huiles de schiste
Noir de carbone
Suies
1
2B
1
-
Cancers
Peau, poumon, larynx et voies
urinaires
Épithéliomas cutanés
CBP, larynx, oro-pharynx,
oesophage, pancréas et voies
urinaires
CBP et voies urinaires
Peau, poumon, larynx et voies
urinaires
Peau, poumon, larynx, oesophage,
estomac, colon, rectum, pancréas,
prostate et voies urinaires
Peau
Peau et poumon
Classification de la cancérogénicité des activités professionnelles exposant aux HAP selon le CIRC Activités professionnelles exposant aux HAP
CIRC Groupe
Cancers
Production d’aluminium (procédé Söderberg)
Production de gaz de houille
Cokeries
Fonderies de métaux ferreux
1
1
1
1
Poumon et voies urinaires
Poumon et voies urinaires
Poumon
Poumon
Amines aromatiques et cancer de vessie
Amines aromatiques
•
Composés aromatiques comportant un groupement amine (R–NH2).
•
Certaines sont cancérogènes •
Fumée de tabac = principale source d'exposition environnementale aux AA cancérogènes, comme le 4‐amino‐biphényl, la 2‐naphtylamine et l’ortho‐toluidine (Patrianakos et al, 1979)
Amines aromatiques
•
Fraction des cancers de vessie attribuable à des expositions professionnelles aux AA = 5,4% (Nurminen et al, 2001)
•
Estimation du nombre de cas attribuables à une exposition professionnelle aux AA en France en 1995 = 422 (Imbernon, 2001)
(Extrapolation à partir des données finlandaises et du nombre de cas incidents en France en 1995)
Amines aromatiques
•
Industries productrices ou utilisatrices de colorants comme :
• fabrication de colorants azoïques,
–
–
–
–
–
–
–
–
–
fabrication d'encres, de papiers, de peintures, de teintures capillaires,
industrie textile, industrie de synthèse chimique, industrie pharmaceutique (sulfamides, dapsone, anesthésiques locaux….), industrie des matières plastiques (intermédiaire de synthèse des di‐
isocyanates, catalyseurs de polymérisation des polyuréthannes, durcisseurs des résines époxy…),
laboratoires de recherche et d'analyse,
laboratoires photographiques (révélateurs chromogènes)
industrie du caoutchouc (pneumatique, fabrication de câbles et de raccords…) (antioxydants et accélérateurs de vulcanisation),
transformation du cuir,
Situation actuelle
•
Abandon progressif dès les années 60, puis interdiction définitive en France en 1989 de certaines AA classées dans la catégorie 1 de l’UE
•
Interdiction (directive 84/364/CEE 1988)
– 2‐naphtylamine et ses sels
– 4‐aminodiphényle et ses sels
– 4‐4’‐diamino‐diphényle (benzidine) et ses sels
– 4‐nitrodiphényle
•
Limitation d’emploi dans les cuirs et textiles (directive 2002/761/CE)
– Colorants azoïques susceptibles de contenir 22 amines aromatiques
Classification CIRC de certaines amines aromatiques
IARC vol 100 2008
•
•
•
4,4’ methylenebis(chloroaniline) (MOCA): CIRC 1 – voie cutanée
– cancérogène in vitro chez l’animal (vessie: chien, souris, rats)
– adduits de métabolites dans les cellules urothéliales de travailleurs exposés
Colorants azoïques à base de benzidine: CIRC 1
– Métabolisation en benzidine avec présence dans les urines de travailleurs exposés
– azo‐réduction présente dans des bactéries intestinales ou de la peau (homme), dans le foie (homme)
Ortho‐toluidine: CIRC 1
– 4 études épidémiologiques très positives sur 5 évaluables chez l’Homme
•
– voie cutanée
– cancer de la vessie in vivo (rats)
– Adduits Coiffeurs (et barbiers): colorants capillaires: CIRC 2A
– Excès de cancer de vessie dans certaines études épidémiologiques,
– relation avec la durée d’exposition +/‐
IARC. Lancet Oncol., 9:322‐3, 2008 Nitrosamines
et cancer de vessie
Nitrosamines
•
Formation des nitrosamines :
•
Réaction entre ¾ une amine secondaire ou tertiaire (parfois primaire) ¾ un agent nitrosant (oxyde d’azote, nitrites, halogénures de nitrosyle et autres composés nitrosés et certains composés O, C ou N‐nitrés)
R1
R1‐NH‐R2 + Agent nitrosant
Æ
N‐N=O
R2
Amine secondaire
Nitrosamine
Ducos, 1983
Familles des nitrosamines
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
N‐nitroso‐diéthanolamine (NDELA), N‐nitroso‐diméthylamine (NDMA), N‐nitroso‐méthyléthylamine (NMEA)
N‐nitroso‐diéthylamine (NDEA),
N‐nitroso‐phénylméthylamine, N‐nitroso‐phényléthylamine,
N‐nitroso‐di‐n‐propylamine (NDPA),
N‐nitroso‐di‐iso‐propylamine,
N‐nitroso‐morphiline (NMOR), N‐nitroso‐pipéridine (NPIP), N‐nitroso‐pyrrolidine (NPYR),
N‐nitroso‐di‐n‐butylamine (NDBA).
Sources d’exposition aux nitrosamines
– Origine exogène non professionnelle
•
•
•
•
•
eau de boisson, alimentation, pollution atmosphérique, fumée de tabac
etc
– Origine endogène (tube digestif) • Nitrates → Nitrites → Nitrosamines
(Fan et al, 1977 ; Ducos et al, 2003)
Sources professionnelles d’exposition aux nitrosamines
(Fan et al, 1977 ; Ducos et al, 2003)
•
industrie du caoutchouc – NDMA‐NDBA‐NDEA‐NMor‐NPPip‐Npyr : dégagement lent après vulcanisation (surtout en en bains de sels +++), présence évoquée dans les véhicules de tourisme dans les années 1980 et présence possible dans les cartons de pièces caoutchouc
•
industries productrices ou utilisatrices de certains fluides de coupe
•
industrie du tannage du cuir – NDMA‐NDEA‐NMor formées à partir du sulfate de diméthylamine (agent dépilatoire) et des oxydes d'azote de l'air (chariots diesel)
•
industries de conservation et de transformation des poissons/ fabrication de farines de poisson
– NDMA formée à partir des nitrites ajoutés pour inhiber le développement de Clostridium
botulicum et des amines du poisson
•
Industrie de salaisons et de fumage de viandes (idem)
•
industrie des colorants azoïques
•
Fonderies – NDMA et NDEA formées à partir de la diméthylamine utilisée comme durcisseur de noyaux dans le procédé Ashland
•
Carburant UDMH pour la fusée Ariane 4 – NDMA formée à partir de diméthylhydrazine et de peroxyde d'azote N204
Toxicité générale des nitrosamines (NA)
Nitrosamine
Absorption cutanée – respiratoire (NA volatile) – digestive
Nitrosamine
Métabolisme hépatique
cytochrome P450 (CYP450)
Ex: CYP2E1/CYP2A6 NDMA et NDEA
Hydroxylation C en α
β−Oxydation
Voie principale
α−hydroxynitrosamine
Métabolite instable +++
Méthyldiazohydroxyde
Diazonium ou carbocation intermédiaire (+CH3)
Organes cibles : Foie, vessie, poumon….
Interaction avec des protéines et les acides nucléiques (ADN et ARN : méthylation, formation d’Adduits…)
Composés électrophiles
Classification CIRC de la NDEA et de la NDMA • N‐Nitrosodiéthylamine NDEA (Groupe 2A) IARC vol 77 2000
– caoutchouc
– fonderie – tanneries
• N‐Nitrosodiméthylamine NDMA (Groupe 2A) IARC 1987
–
–
–
–
–
–
–
caoutchouc
tanneries
poisson
fonderie
fusées
phytosanitaires
synthèse amines aliphatiques
Cas particulier de la NDEA
Métabolisme du NDEA Voie métabolique principale
Métabolisme du NDEA Elimination chez l’animal
• Présence de NDEA dans l’urine chez le rat – Après injection intraveineuse, administration orale ou intratrachéale
(Preussmann et al., 1978, 1981; Lethco et al., 1982; Spiegelhalder et al., 1982, 1984)
Effets cancérogènes de la NDEA
chez l’Homme et chez l’animal
• Données chez l’Homme
– 4 études considérées comme évaluables, mais une seule avec des données d’exposition
– Pas de sur‐risque de cancer de vessie dans cette dernière étude
• Données chez l’animal – Pas de tumeurs vésicales en excès chez l’animal dans les 12 études in vivo
• Souris (voie orale = 1) • Rats (voie orale = 6)
• Hamster (voie sous‐cutanée = 3 ; cutanée = 1 ; orale = 1) Effets génotoxiques et mutagènes
•
•
•
Etude des échanges de chromatides soeurs et aberrations chromosomiques (Garry et al., 1986) – Echantillons de sang periphérique de 11 usineurs et 7 sujets témoins
– Pas de différences significatives
Etude des cassures de l’ADN simple brin : (Fuchs et al, 1995; Oesch et al, 1995)
– Echantillons de sang periphérique de 65 usineurs de métaux masculins provenant de 7 usines allemandes : Corrélation significative entre le taux de dommage à l’ADN et la concentration atmosphérique de NDEA
– Effets concomitants d’autres agents génotoxiques ?
– Pas de groupe “contrôle”
Tests de mutagénicité (Salmonella typhimurium): nombreuses études positives
Industries productrices ou utilisatrices de certains fluides de coupe
•
Fluides de coupe aqueux, à base de diéthanolamine et de nitrites alcalins utilisés depuis les années 50, et contaminés par de la NDEA (Fan et al, 1977 ; Spiegelhalder et al., 1984 ; Ducos et al, 2003)
•
Substitution : arrêt d’ajout de la diéthanolamine et de l’usage des nitrites
•
Etude récente (France) (Ducos et al, 2003) – Excrétion urinaire de NDEA chez des travailleurs utilisant des fluides de coupe. Etudes cas‐témoins : Fluides de coupe
8
7
6
5
4
3
2
1
0
Howe 1980 Canada Cordier Schifflers Siemiaticky Silverman Silverman Gonzalez Gonzalez 1987 1987 1989a 1989b 1989 1989 1993 E‐U Espagne Espagne France Belgique Canada E‐U (31 cas)
(> 6 mois)
(34 cas)
(47 cas)* (> 6 mois) (26 cas)
(102 cas) Zheng Kogenivas Ugnat 2002 2003 2004 E‐U
11 études C/T Canada européennes (141 cas)**
*ajusté sur l’âge, le tabagisme, l’ethnie, le statut socio‐économique et le statut professionnel
**ajusté sur l’âge, le tabagisme cumulé, la consommation de thé et de café, la durée d’exposition et le niveau d’éducation
Etudes de cohorte : Fluides de coupe
8
7
6
5
4
3
2
1
0
Vena 1985 E‐U PMR (7 cas obs) (p < 0,05)
Mallin 1986 E‐U PMR (2 cas obs) (ns) Jarvholm 1987 Suède SIR (7 cas obs)
Silverstein 1888 E‐U PMR (14 cas obs) Park 1996 E‐U PMR (6 cas obs)
Fluides de coupe
• Etude de cohorte de l’industrie automobile (E‐U) (Friesen et al, 2009)
– 21299 sujets – Période de suivi 1985 à 2004
– Association significative entre la survenue de cancer de vessie et exposition aux fluides de coupe raffinées avec une relation dose‐effet
– Pas d’association avec les huiles hydrosolubles ou de synthèse
En pratique…
• Il existe 3 tableaux de maladie professionnelle
– 2 au régime général de Sécurité sociale
• TMP 15ter (AA + 1 NA) (révision) • TMP 16bis (HAP) (révision 2009)
– 1 au régime agricole • TMP 10 (Arsenic)
Tableau de maladie professionnelle 15ter du régime général de la Sécurité
sociale : Lésions prolifératives de la vessie provoquées par les amines
aromatiques et leurs sels et la N. nitroso-dibutylamine et ses sels.
Date de création : 6 novembre 1995
En cours de révision
Désignation des maladies
Délai
de prise en charge
Liste limitative des travaux susceptibles de provoquer
ces maladies
A. - Lésions primitives de l’épithélium
vésical confirmées par examen histopathologique ou cyto-pathologique :
30 ans
A. Fabrication, emploi, manipulation exposant à des
produits comportant l’apparition à l’état libre des
substances limitativement énumérées ci-après :
- lésions malignes
- tumeurs bénignes
B. - Lésions primitives de l’épithélium
vésical confirmées par examen histopathologique ou cyto-pathologique :
- lésions malignes
- tumeurs bénignes
(sous réserve d’une
durée d’exposition de 5
ans)
4-aminobiphényle et sels (xénylamine) ; 4,4’diaminobiphényle et sels (benzidine) ; 2-naphtylamine
et sels ; 4,4’-méthylène bis (2 chloroaniline) et sels
(MBOCA dite MOCA).
30 ans
(sous réserve d’une
durée d’exposition de
10 ans)
B. Fabrication, emploi, manipulation exposant à des
produits comportant l’apparition à l’état libre des
substances limitativement énumérées ci-après :
- 3,3’-diméthoxybenzidine et sels (o.dianisidine) ; 3,3’diméthylbenzidine et sels (o.tolidine) ; 2-méthyl aniline
et sels(o. toluidine) ; 4,4’_méthylène bis (2méthylaniline) et sels (ditolylbase) ; Parachloro-ortho
toluidine et sels ; Auramine (qualité technique) ;
Colorants dérivés de la benzidine : direct black 38,
direct blue 6, direct brown 95,
- N. nitroso-dibutylamine et ses sels.
(D’après le Décret no 95-1196 du 6 novembre 1995 modifiant et complétant les tableaux de
maladies professionnelles annexés au livre IV du code de la sécurité sociale).
Tableau de maladie professionnelle 16bis du régime général de la Sécurité
sociale : Affections cancéreuses provoquées par les goudrons de houille, les
huiles de houille, les brais de houille et les suies de combustion du charbon.
Date de création : 6 mai 1988
Désignation des maladies
Tumeur primitive de l'épithélium
urinaire (vessie, voies excrétrices
supérieures) confirmée par
examen histopathologique ou
cytopathologique.
Dernière mise à jour : 15 janvier 2009
Délai
de prise en charge
Liste limitative des travaux susceptibles de provoquer ces
maladies
30 ans
1. Travaux en cokerie de personnels directement affectés à
la marche ou à l'entretien des fours exposant habituellement
aux produits précités.
(sous réserve d'une
durée d'exposition de
10 ans)
2. Travaux de fabrication de l'aluminium dans les ateliers
d'électrolyse selon le procédé à anode continue (procédé
Söderberg), impliquant l'emploi et la manipulation habituels
des produits précités.
3. Travaux de ramonage et d'entretien de chaudières et
foyers à charbon et de leurs cheminées ou conduits
d'évacuation ou à la récupération et au traitement des
goudrons, exposant habituellement aux suies de combustion
du charbon.
4. Travaux au poste de vannier avant 1985 comportant
l'exposition habituelle à des bitumes goudrons lors de
l'application de revêtements routiers.
(D’après le décret n° 2009-56 du 15 janvier 2009 révisant et complétant les tableaux de
maladies professionnelles annexés au livre IV du code de la sécurité sociale).
Tableau de maladie professionnelle 10 du régime agricole : Affections provoquées par l'arsenic et ses composés minéraux. Date de création : 17 juin 1955
Désignation des maladies
Cancer des voies urinaires
Dernière mise à jour : 22 août 2008
Délai
de prise en charge
Liste indicative des travaux susceptibles de provoquer ces
maladies
40 ans
(sous réserve d'une durée
d'exposition de 5 ans)
- Toute manipulation ou emploi d'arsenic ou de ses
composés minéraux, notamment lors des traitements
anticryptogamiques de la vigne.
- Usinage de bois traités à partir d'arsenic ou de ses
composés minéraux.
(D’après le décret n° 2008‐832 du 22 août 2008 révisant et complétant les tableaux des maladies professionnelles en agriculture annexés au livre VII du code rural). Nombre de cas reconnus de cancers de vessie dans le cadre du tableau 10 du régime agricole et des tableaux 15 ter et 16 bis du régime général de la Sécurité sociale par le système des tableaux et par le système complémentaire (CRRMP).
Adapté des Statistiques trimestrielles des accidents du travail de la CNAM‐TS et de la Direction des Risques Professionnels et des Statistiques du régime agricole (Mutualité Sociale Agricole).
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
2007
15 ter A (RGSS)
3
2
5
8
10
13
9
12
11
13***
15 ter B (RGSS)
3
2
3
3
5
13
8
7
11
9***
16 bis (RGSS)
2
3
3
4
3
19
15
10
15
21***
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
18
45
32
29
37
(43***)
**10 (RA) salariés
**10 (RA) non
salariés*
-
Total
8
7
11
15
RGGS : Régime général de la Sécurité sociale ; RA : Régime agricole
* : Dénombrements des patients non salariés du RA à partir de 2002 ;
** : Introduction des cancers des voies urinaires dans le tableau 10 du RA à partir du 22 août 2008 ;
Données du RA France métropolitaine, sauf Alsace et Moselle ;
*** : Dénombrements provisoires arrêtés au 26 mars 2009 pour le RGSS
Andujar & Pairon, Prog Urol 2010
Conclusions
• 2nd cause de cancers professionnels
• Largement sous‐estimés et sous‐déclarés en maladie professionnelle en France.
• Nécessité d’un repérage systématique des situations d’expositions professionnelles chez les patients atteints de cancer de vessie
• Aide possible avec le recours du Réseau national des 32 Consultations de Pathologie Professionnelle.
Pour en savoir plus…
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Hill C et al. Évolution de la mortalité par cancer en France de 1950 à 2006. Saint‐Maurice (Fra) : Institut de veille sanitaire, mai 2009, 272 p. Belot A et al. Cancer incidence and mortality in France over the period 1980‐2005. Rev
Épidemiol Santé Publique. 2008;56 : 159‐75. Colloque INRS "Pour en finir avec le cancer de la vessie en milieu professionnel " ‐ Recueil des résumés. Colloque INRS, 15‐16 mars 2007, Paris
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