Numéro Quatorze / déprime hiverNale

Transcription

Numéro Quatorze / déprime hiverNale
Numéro Quatorze / déprime hivernale
Check out Geoff Rowley
in new the Flip video:
skate.vans.com - ©2009 Vans, Inc.
#14
Quand Jérémie Daclin est allé faire ce nose grind dans
un aqualand désafecté à Gardane, il venait juste de se
lancer dans l’entrepreunariat. C’était en 1997, Rolland
Gueissaz, Seb Daurel et Jérémie étaient les pros d’une
toute nouvelle marque : Cliché Skateboards. Akim Chérif
et Stéphane « La Fouine » Giret étaient des amateurs plein
d’avenir et oui, c’était le bon temps… Allez voir page 56
pour en savoir un peu plus.
La photo est d’Alexis Zavialoff,
le photographe officiel des débuts.
d é c e m b r e ‘09
&
j a n v i e r 2010
10 LE JEUNE
FS bluntslide avec une « tombette » à la fin, un
bon truc pour partir en saut-pér’ arrière.
12 LE VIEUX
Déjà il s’appelle Bernard, mais en plus il fait de la
vert’. Y’en a qui ne font vraiment pas d’efforts.
14 Josh Stewart remet ça
Le gars des vidéos Static ne lâche pas l’affaire !
18 ORGY PORGY
Petit lapin blanc et grand américain blanc (et
noir).
22 SHUT UP AND SKATE I
Des ponts, des courbes de street, un japonais et
même une photo originale.
30 Mental weirdos tour
Un mois à dormir à l’arrache, se laver le moins
possible et bouffer de la... Yama et Carhartt sur
la route.
42 le qcm de K-rod
Le meilleur surnom du skateboard français.
48 mini séjour à anvers
Deux jours à écumer des spots de port.
56 le Résumé de cliché
Séquence émotion.
60 SHUT UP AND SKATE II
Des Américains comme s’il en pleuvait.
66 Downtown showdown
Braquage à l’italienne.
76 casquette contest
Les X-Games alsaciens.
88 le vrac
Après l’horoscope, la rubrique déco d’intérieur,
de mieux en mieux.
Couverture
Lucas Hancock, BS disaster dans le nouveau bowl de
Venice Beach, un haut lieu du skateboard où avoir des
roues vertes, un pantalon rouge et des dessins sur ses
chaussures est le meilleur moyen de ne PAS se faire
remarquer…
Photo : Sam Muller
Directeur de la publication Fred Demard
Rédaction en chef David Turakiewicz [[email protected]] / Fred Demard [[email protected]]
Publicité David Turakiewicz [[email protected]]
Rédacteurs Scott Bourne / Nicolas Schneider / Sébastien Carayol / Frido Fiebinger
Illustrations David Lanaspa (Da)
Graphisme Nicolas Malinowsky p.56 à 59 / Jad Hussein p.30 à 41 / David Lanaspa p.18, 19, 82 et 84 / le reste par Tura
Photographes Loïc Benoît / Scott Bourne / Nicolas Huynh / Davy Van Laere / Percy Dean / David Manaud / Kévin
Métallier / Marc Gérard / Iseki Nobuo / Maxime Houyvet / Julien Rocton / Mikendo / Eric Antoine / Eliot Proust / Clément
Le Gall / Sam Ashley / Sam Muller / Léo Vernhet / Alexis Zavialoff / Jelle Keppens / Benjamin Deberdt /
W
W W.
S O M A S K AT E
COM
.
Soma est édité par Les éditions du garage
SARL au capital de 8000 euros
ISSN : 1959-2450
[email protected]
Impression Tuerlinckx, Belgique, sur papier recyclé.
Toute reproduction partielle ou intégrale est interdite. Ma main dans ta gueule !
INTRO
Texte Tura
Illustration Da
Monsieur le directeur des ressources humaines !
Une ou deux fois par semaine, on reçoit une demande de stage ou
un CV, accompagné d’une lettre de motivation pour un éventuel poste à pourvoir
chez Soma ou aux Editions du garage. Ça fait toujours plaisir mais ça nous met
un peu mal-à-l’aise, surtout quand ça commence par un “Monsieur le directeur des
ressources humaines”. D’un côté, ça prouve qu’on nous prend un peu au sérieux,
mais de l’autre, ça nous donne l’impression d’être des gros moustachus à la tête
d’une multinationale, alors qu’en fait… pas encore.
Les Editions du garage, c’est juste le nom de la boîte. Il fallait un nom
différent de Soma au cas où un jour, on décide de faire un autre magazine, Et
pourquoi “du garage” ? Eh bien parce tout a commencé dans le garage de Fred, et
surtout parce qu’on n’a pas trouvé mieux.
Il y a donc autant de directeurs des ressources humaines que de responsables
production ou de chefs d’équipe de nuit aux Editions du garage/Soma. Il n’y a pas
non-plus de secrétaire, pas d’employé, pas de femme de ménage, pas de bureau
avec de la moquette aux murs, même pas un fax ni de machine à café. Enfin si,
Fred en a une de machine à café, chez lui à Grenoble. Mais vu que moi j’habite à
Paris, c’est un peu compliqué. De toute façon, je préfère le thé. Donc, bref, si vous
aviez l’intention d’envoyer un CV, bah… laissez tomber...
11 soma
FS blunt slide, Montpellier © Eliot PROUST
Le jeune
KIM CONTI
Date de naissance
Lieu de résidence actuel
Lieu de naissance
Première board
22 juin 1991
Montpellier
Montpellier
C’était une board Spartak que j’avais acheté
2 euros à un gars au marché aux puces. Le
tail et le nose étaient rongés comme par des
termites ou un truc du genre...
Années de Skate
4
Skateur de référence
Mikey Taylor
Vidéo de référence
DVS « Skate More »
Où seras-tu et que feras-tu dans 15 ans ?
Je me vois bien dans ma Mercedes Benz
avec mes lunettes Gucci ainsi que mon t-shirt
pailleté Armani, débordant de thunes et de la
came plein les chaussettes !
Sponsor
Non
13 soma
gsm europe: +33 (0)5 58 700 700
V7 distribution: +33(0)1 56 739 777
FS air © Marc GERARD
Date de naissance
19 mars 1972
Lieu de naissance
Le vieux
BERNARD LOPEZ
Brives
Lieu de résidence actuel
Montpellier
Première board
Une Colin McKay en allant chercher du
boulot à Toulouse à 1996
Années de Skate
14
Skateurs de référence
Les potes de Grammont : Thomas, Dorian ; Tas Pappas,
Giorgio Zattoni, les gars d’Annecy.
Vidéo de référence
XYZ « Meet your maker »
Où étais-tu et que faisais-tu il y a 15 ans ?
Je voguais entre l’escalade et le skate, d’ailleurs je grimpe toujours.
Sponsor
Fat Monkeys Montpellier m’aide dans ma passion.
15 soma
JOSH STEWART remet
le couvert
Texte & Photo Tura
Josh est celui à qui l'on doit la série des vidéos Static. Un type assez cinglé pour continuer d'essayer de
produire des vidéos indépendantes à l'heure où même Nike balance ses vidéos sur le net... Après avoir hypothèqué
sa maison, il remet le couvert pour un quatrième volet qu'il promet de sortir en DVD.
Tout ton argent est passé dans la production de
Static II et III, mais tu continues quand même…
C’est un cercle vicieux ?
C’est sûr que ce n’est pas la décision la plus intelligente de
faire une vidéo indépendante en ce moment. Mais avec Static
III, j’ai filmé plus que je n’avais besoin, ce qui fait qu’au final,
je n’ai pas pu caser tout le monde dans la vidéo. Alors j’ai
promis à certains d’entre eux que lorsque j’aurais fini je ferai
une Static IV six mois plus tard. Et là ça fait deux ans ! Ah
ah ! Et j’ai à peine commencé… Mais j’ai bon espoir de ne
dépenser que 10% de ce que m’a coûté la dernière vidéo,
pour faire un truc un peu plus petit. J’essaye de faire ça un
peu différemment du format habituel. Ce ne sera pas une
vidéo classique avec 5 ou 6 grosses parts, je voudrais avoir
plus de gens et des parts plus petites. Essayer de faire un
truc différent pour éviter de passer mon temps à voyager
entre l’Angleterre, Paris ou ailleurs…
Alors qui sera dans la vidéo ?
Hmmm… c’est difficile, il y a du monde impliqué dans
celle-là, mais je ne sais pas trop si j’ai envie de tous les
mentionner, j’attends encore de voir vraiment qui en fera
partie et parmi ceux-là qui aura assez d’images pour faire
une part’. Mais en gros, ça ressemblera à un mix de Static
II et III. Il y aura des skateurs dont on n’a pas entendu
parler depuis un moment, et puis des jeunes dont tu n’auras
probablement jamais entendu parler. Et je pense que c’est
ce mix de différents styles qui sera le plus intéressant et le
plus inattendu. Et puis, pour la précédente, j’avais essayé
de faire en sorte qu’on en parle, à travers des trailers ou
des articles dans les magazines, parce qu’il fallait bien que
les gens soient au courant d’une manière ou d’une autre.
Je vais essayer d’en faire moins pour celle-là, de garder
ça un peu undergrond et moins attendu. Mais vu que c’est
une interview pour un magazine européen que je suis en
train de faire, je peux dire que Vivien Feil, Joey Pressey
et Snowy auront une part’ !
Ce sera un DVD ?
Oui, ce n’est pas la meilleure idée, la meilleure serait
probablement de la mettre en téléchargement sur mon
site et de trouver des sponsors, mais ça fait longtemps que
je fais des vidéos, j’ai du respect pour certains formats et
c’est pourquoi il faut qu’elle soit en DVD. Tout le monde
ou presque se fout de ça, mais pour le peu qui s’y intéresse,
ils pourront apprécier de voir la vidéo en DVD.
Tu as une deadline ?
Le filming devrait s’arrêter en avril, et en étant réaliste je
pense que la vidéo sortira pour l’été 2010. J’espère avoir
les DVD en juin, si tout va bien !
C
M
J
CM
MJ
CJ
CMJ
N
Josh en plein boulot et Joey Pressey en gap to lipslide 270° shove it out.
WeSC activists Ricky Sandström and Chris Pastras contributing to ”We are the Superlative Conspiracy”
Pick up a copy at your nearest WeSC retailer.
For more information visit www.wesc.com
Contact: [email protected]
17 soma
COTT BOURNE
S
E
D
E
U
Q
I
N
O
R
LA CH page 94)
(Traduction en
The White Rabbit
Dinner with my good friend Rachel Harris on Saturday night. She has found a new
flat and is to move in on the 1st of November. When she tells me that she does not think
she will bring her small white rabbit with her, I ask her what she intends to do with
it. She is unsure but feels bad for the animal that spends all its days locked in a small
cage or running around on the cold floor of her kitchen. I bring up the idea of setting it
free at the Park Monceau.
The two of us laugh loudly
at the idea of the bright
white domesticated bunny
hopping through the wealthy
mans park, possibly having
a coffee with the Rolex
family in their garden.
It is during this
laughter that the couple
beside of us smiles and
the gentleman compliments
Rachel on her tattoos. They
are fairly old and quite
cute and are visiting Paris
from Rotterdam for a few
days. He is an artist and is
intrigued by the color and
skill that has illustrated
her arms. In conversation
with the two we find that
her first husband passed
away 10 years ago, and his
wife only a year ago. She
had been married to the
man’s brother, and not 6
months after his wife’s
death, they married and
began a new life. Rachel
and I smile largely with
them... and when a little
laughter slips from Rachel,
the three of us join her
smiling and toasting one
another. The world is a
twisted path ; no one knows
where it will take you or
where it might end !
Johanna and I boarded the metro to meet
Rachel at the Park Monceau. A series of
somewhat comical text and we were off to
free the rabbit. We arrived before her only
to watch as she entered the park walking
towards us with her gray Patton Leather
Marc Jacobs bag on one shoulder, in the
other hand, the green rip-off Hermes bag
given to her years ago by the woman she
was an Au Pair for. In it the small white
bunny peeps out across the park. As we walk
Rachel relays the story to Johanna of the
bag and how the woman had tried to pass it
off as an expensive gift. Once again Rachel
and I cannot stop our laughter. How fitting
that it shall now become a bunny bag, and
that he may very well ride to his new home
in a real one. Johanna is instantly heart
broken, and cannot believe that she does
not want the adorable little fur ball. She
pleads for its life and tries to convince
us that it will die. I smile and laugh ; the
rabbit is not a pet, but a tiny piece of the
wilderness. I am certain that it will live
in the park for no more than a few hours,
before some young child captures it and
returns it to a cage.
All around us are hundreds of people.
I have never seen the park so full in my
life. Rachel ducks into a tiny forest opens
the bag and I watch as the bright white
bunny rabbit hops to its freedom. It appears
stunned, amazed, reborn, as it jumps around
in the underbrush, does a few circles which
grow wider and wider, then stops stunned
as Rachel returns to the path. Silly cute
cries from both of the girls as I encourage
them to nonchalantly walk off. Anyone who
passes cannot miss the rabbit, ones eyes
are naturally drawn to it and with Rachel’s
tattooed arms we are already attracting
unwanted attention. As we begin to leave
it follows along the edge of the path but
will not venture out of the foliage. When
it reaches the end of the tiny forest, its
stops and watches as the three of us walk
off. It’s a savage, heartbreaking scene out
of a bad movie. I am laughing and crying
at the same time but do not dare let the
girls see me.
We have soon found a place on the
lawn and Rachel brings out a bottle of
Rose to celebrate the rabbits return to
the wilderness. We raise our glasses in a
toast to still yet another one of our crazy
stories, which of coarse will be told years
from now. The park is filled with small
children at play and I suspect that the
rabbit will be lucky to experience only
a few hours with the Earth before one of
these Rascals captures it.
It is nearly 2 hours later when we
return past the place where the rabbit was
freed. When Rachel sticks her head in the
tiny forest and calls to the rabbit, it
quickly hops to the edge of the underbrush
and follows her as she walks along. He
appears excited, scared and yet will not
penetrate the forest to follow her across
the grass. I am surprised and amazed that
he has not been captured yet. He is nothing
more than a tiny white speck at the edge
of the woods that grows smaller and smaller
with each step, till finally he vanishes.
When I go to bed at night I imagine
him hopping out into the moonlight and
think that even if he dies, he will die
free, as he was meant to be, no longer the
domesticated mess of humanity.
Sept, 28, 2009 Paris
S.H.Bourne
It was nearly 6 in
the evening on Sunday when
19 soma
soma 20
Numéro Quatorze
Simon Berton Ollie into bank, Angers
© Julien ROCTON
soma 24
Georges Agonkouin Nollie BS heelflip / Paris © Maxime Houyvet
25 soma
Ivan RIVADO BS flip / Pays Basque © Kévin metallier
soma 26
Takamaro Kondo FS pivot / Osaka © Iseki NUBUO
Yohan Caunegre BS nose pick / Bordeaux © David Manaud >
27 soma
Joaquim Fromant BS wallride / Montpellier © Marc Gérard
29 soma
Michael Mackrodt kickflip / Montreuil © TURA
soma 30
Photos Percy Dean
Texte Frido Fiebinger
MENTAL
WEIRDOS
ON TOUR
YAMA &
CARHARtT
SUR LA ROUTE
DU CHAOS
Ils étaient une bonne quinzaine. Entassés dans deux
vans, un jaune dans lequel ça parlait plutôt allemand et
un peu Belgeo-anglais (Martelleur) et un noir rempli de
belges, français, anglais et dans lequel ça parlait donc
plus ou moins anglais.
Les jaunes : Team Yama (Ferit Batir, Muki Ruestig,
David Martelleur, Frido Fiebinger, Dustin Vonach, Jo
Marent & le TM Florian Gerer)
Les noirs : Phil Zwijsen, Bram de Cleen, Percy Dean
le photographe, Bertrand Trichet le grand chef et TM
Carhartt.
Bien entendu, il était courant qu’il y ait des jaunes
dans le noir, pour des raisons évidentes de limitation
de l’espace vital dans le jaune. Prenez des notes si
vous avez du mal à suivre. Leur mission ? Tester
leurs résistances naturelles durant un périple
de trois semaines entre Hossegor et Munich,
simplement équipés de tentes, sacs de couchages et
de skateboards. Voici le journal de bord de Frido, un
des rares survivants. - FD
31 soma
soma 32
— Jour 1 —
Hossegor. Des « pro-hops » partout où tu regardes et des
hordes de jeunes semblant s’être échappés d’un mauvais
film pour ados. Heureusement que nous avions le bateau
pirate-bowl Carhartt pour échapper à ces fils du soleil qui
sentent bon le sable chaud.
Nous y avons rencontré une bande de Belges complètement
fous à lier, et qui n’avaient aucune envie de dormir,
absolument aucune. Sans trop de surprise, c’était la bande
de "Danger" (David Martelleur).
— Who killed Bambi ? —
Un gars qui semblait sorti de nulle part a renversé une
biche avec son camping car. Il l’a chargée dans son coffre
et l’a ramenée à notre campement. Sans explication
aucune, il a déposé Bambi à côté de Muki qui dormait
« tranquillement » et il s’est barré, ou plutôt, il s’est fait
jeter par les Belges. Voilà comment Muki a vécu cet
événement : « Après trois jours à skater un peu, boire
beaucoup et de drôles de discussions avec les indigènes
(citation originale d’un local : « je ne sais pas si tu le
connais, mais j’ai oublié son nom »… Ok, merci !), je me
suis réveillé avec une carcasse de biche à mes côtés. Je me
suis allumé une cigarette pour me calmer et je suis allé
chier un coup. Quand je suis revenu, les Belges étaient
en train de décapiter l’animal avec une pelle. Je ne sais
toujours pas s’il s’agissait d’une espèce de rite sataniste, ou
juste d’un moment de folie dans sa plus pure expression,
mais c’était vraiment très curieux. »
—J 5—
Nous avons enfin bougé côté espagnol. Il souffle comme
un air de professionnalisme soudainement. Mais il ne
souffle pas trop fort. La bière est toujours bonne, mais
les cigarettes sont nettement plus chères. Dustin a sauté
par-dessus un rail de 17 marches en short de bain, Muki
a essayé un truc, lipslidé autre chose et on a fait des trucs
divers et variés. On file vers Marseille, la Caverne, spot fait
main, avec amour et béton.
—J 6—
Un pote de Bertrand a une mini rampe fermée en demibowl dans son jardin. Un spot génial, perdu dans la
campagne vers Nîmes. Quand nous sommes arrivés, le
maître des lieux nous attendait, le repas était prêt, le vin
était à la bonne température et la rampe nous tendait les
bras... Après une bonne session sur la mini, on a fait un
peu de philosophie, notamment Jo Marent « le cerveau »
de Yama qui a ainsi déclaré, entre autres perles, « être
bourré devrait être obligatoire ! ». Pas sûr que ses collègues
sociologues le suivent sur ce point précis.
Le lendemain, nous quittons ce petit coin de paradis en
direction du Rhône-Alpes.
Ferit
33 soma
Phil Zwijsen —
FS pivot, Grenoble
— J 12 —
Après quelques jours à streeter et camper dans Grenoble
et ses environs, suivi (ou précédé ?) d’un passage à
Salaize-sur-Sanne, nous quittons notre camping au pied
des montagnes (et d’un lac). Prochaine étape, la grange de
Pudi dans les environs de Freiburg, en Allemagne et pas
Fribourg en Suisse.
soma 34
David Martelleur —
Rock'n'roll, Salaize-sur-Sanne
Bram De Cleen —
FS Air, Grenoble
Frido
Muki
35 soma
soma 36
— J 13 —
Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de skater
une mini rampe avec un pool coping parfait. Et ce n’est
pas non-plus tous les jours qu’on a l’occasion de faire des
combats de boxe sur le flat de la mini. Je pense que tout
le monde était motivé par le clip de cagefight de Percy
(le photographe) qu’on venait de voir sur Youtube [Percy
Dean, le photographe, est le gars le plus sympa, le plus
calme et le plus attentionné que vous puissiez imaginer,
mais c’est aussi une brute épaisse qui fait du cagefight…
Allez comprendre - ndlr]. Parmi les meilleurs moments,
je retiendrai mon K.O. face à Dustin, ainsi que le combat
quasi mortel entre Danger et Ferit (qui a perdu une dent
dans la bataille), et encore pire, celui opposant Danger à
Pudi qui a dû être arrêté pour éviter des dommages trop
importants, (suspection de nez cassé tout de même). Que
dire ? Si ce n’est que la combinaison Schnaps/gants de
boxe peut s’avérer dangereuse.
— J 14 —
Nous sommes arrivés au « Bright » à Frankfurt, le salon du
skateboard européen. Ce que j’en dis, c’est que « the future
doesn’t look too bright »…
Le t-shirt contest qui m’oppose à Ferit a atteint un sommet. Deux semaines avec le même t-shirt, en plein été,
avec un nombre très raisonnable de douches… Je ne vous
fais pas de dessin. Les règles du jeu ? Très simples : Celui
qui change de t-shirt le premier doit une caisse de bières à
l’autre. Le vainqueur choisit la bière, livraison à domicile.
J’étais donc dans l’enceinte du Bright, je puais tellement
que j’avais l’impression de m’être vomi dessus. J’étais en
train de me demander si je pouvais attraper quelconque
maladie avec un t-shirt aussi contaminé, quand en regardant pas la fenêtre, j’aperçois Ferit qui avait l’air en encore
plus mauvais état que moi.
Ferit : « Je pense que j’avais un peu trop chargé la mule
la veille, et juste quand je commençais à y voir un peu plus
clair, on me dit que je ne peux plus rentrer dans le Bright.
Ils m’ont jeté alors que le salon n’avait même pas encore
commencé ! »
Je ne pouvais plus supporter cette odeur, j’avais donc pris
la décision de jeter l’éponge et je cherchais Ferit pour lui
annoncer sa victoire. Quand je l’ai vu, il marchait dans ma
direction. Il avançait d’un pas déterminé et on pouvait lire
dans ses yeux qu’il ne voulait plus entendre parler de ce
t-shirt contest. On a perdu tous les deux, par abandon, en
même temps !
Après cet échec cuisant, et après qu’ils aient de nouveau
autorisé Ferit à rentrer dans le salon, on a pu passer à un
contest d’un autre genre : la « Mental Weidman Race »,
une course de mongo push-pull, présentée par Yama &
Carhartt !
— J 19 —
Bruxelles. L’ambiance commençait naturellement à s’électrifier. Les tensions font leur apparition au bout de deux
semaines environ, c’est classique et terriblement humain.
Spots : pourris, grâce à notre guide local. Citation de Dustin, s’adressant à notre guide, après 4 heures à chercher
un spot en voiture « Vous n’avez pas des spots où on peut
faire du skate ? ».
Après quelques jours à faire la fête dans l’enfer de la nuit
bruxelloise nous décidons d’aller au skatepark d’Anvers.
Un park immense avec un pool et un bowl. Dustin est
rentré en ollie dans la plus grosse courbe, 4 mètres de
haut avec 1,5 m de vert’… Super bonne session qui s’est
terminée par un « je suis crevé, il me faut une bière » de
Ian, notre nouveau guide qui nous a montré comment
skater un pool. Merci Ian. Après quelques coups de fils
et quelques pourparlers, nous modifions à nouveau notre
itinéraire et prenons la direction de Cologne.
Ferit —
FS five-0, Bruxelles
JE PUAIS TELLEMENT
QUE J’AVAIS L’IMPRESSION
DE M’ÊTRE VOMI DESSUS
Flo
37 soma
soma 38
Muki —
Lipslide from flat, San Sebastian
Flo Gerer —
Ollie to FS wallride, Grenoble
Dustin —
Ollie, San Sebastian
39 soma
soma 40
— J 23 —
Avons-nous fait assez de tricks ? Faut-il commencer à
sortir les tricks de dernière minute, ceux de la déprime ?
Au moins, ici, les restaurants ne sont pas trop chers et
nous mettons donc un terme à notre régime strict composé
de bières et de pain. Après que Kotzi (Alex Kosina, photographe local) ait réussi à nous remotiver, nous arrivons
finalement à shooter quelques trucs valables. J’ai personnellement mis la main à la pâte en me prenant quelques
bonnes tartes… Je l’ai fait pour le team bien-sûr.
On avait bien besoin de Cologne. Merci Kotzi.
QUAND
TU DOIS FAIRE
UNE DÉMO
DANS L’APRÈSMIDI, NE
COMMENCE
PAS À MANGER
DES SAUCISSES
ET BOIRE
DE LA BIÈRE
DÈS 9H30
LE MATIN !
41 soma
— J 25 —
La prochaine démo est programmée à Essen, mais (heureusement) il pleut. Nous partons donc skater le pool indoor avec les gars de la Old Men Skateboard Army à Düsseldorf. Petite baisse de régime suite à l’annonce de Percy,
notre photographe de full contact, de quitter le tour un
peu plus tôt que prévu. Tout le monde ne peut pas survivre
à un Tour Yama [à ce moment de l’histoire Bertrand avait
déjà craqué, Phil et Bram avaient dû partir vers d'autres
aventures et même Martelleur avait renoncé - ndlr]. Même
notre propre team manager, Flo, décide de quitter l’aventure en route : « Je rentre chez moi, je fais une intoxication
alimentaire » (de mauvaises langues diront qu’il s’agissait
seulement d’une mauvaise gueule de bois).
Nous commencions à nous dire qu’il était peut-être temps
de rentrer aussi quand nous avons trouvé deux rails. Un
kinké, l’autre pas. Trois essais et un tail cassé plus tard,
Ferit avait rentré un énorme lipslide sur le rail non kinké.
Tout le monde était content et s’apprêtait à partir quand
Dustin a annoncé qu’il voulait boardslider le rail kinké.
Nous ne savions pas trop s’il fallait l’encourager ou l’empêcher de le faire mais il s’est immédiatement jeté, et cassé
sa board sur le premier essai. Quelques essais plus tard sur
la même board morte, il a fait le boardslide. Une journée
productive, fêtée comme il se doit, le soir même.
— J 27 —
Pas grand-chose à raconter ici… Nous étions à Stuttgart,
on nous a conduit de spots en spots, mais personne n’était
capable de skater. On a passé notre temps couchés dans
l’herbe à dire de la merde.
Frido — BS Lipslide, Pudi's barn
— J « WHATEVER » —
On est allés voir le frère de Muki à Bayern (Munich) et on
a appris une bonne leçon ce jour-là : « quand tu dois faire
une démo dans l’après-midi, ne commence pas à manger
des saucisses et boire de la bière dès 9h30 le matin ! ».
Heureusement qu’Alex, le grand patron chez Yama, nous
a rejoint accompagné d’une armée de chez nous. Il avait
dans ses bagages un certain Chris Pfanner et quelques
jeunes talentueux dont vous entendrez sûrement parler un
de ces quatre...
— Fin de l’aventure. Une bonne douche,
une tisane et au lit… —
soma 42
LE QCM DE
K-ROD
(Kévin Rodriguez)
Texte & Photos Tura
(sauf indiqué)
Voici quelques éléments au sujet de Kévin qui
vous permettront de mieux comprendre le
questionnaire qui suit : il est superstitieux ;
il a effectué son premier voyage à New
York il y a quelques mois ; il a fait la
couv' de Sugar il y a un an ; il n'a pas
de téléphone portable ; il a arrêté l'école
en 2008 ; il a 18 ans ; il est sponsorisé
par Kr3w et Supra (et 5boro) ; il a
une part’ très attendue dans la vidéo
Nozbone. Sinon, dans le civil, son
nom s’épèle avec un S à la fin, mais
il préfère mettre un Z, pour éviter
qu’on l’appelle Rodrigue. De
toute façon, on l’appelle
K-Rod, nous, ça fait
plus américain !
Alley oop 270° wallride, New York / © Nicolas Huynh
43 soma
soma 44
LE QCM DE
K-ROD
Pourquoi autant de wall rides pour cet article ?
Parce qu’en tant que portugais d’origine, je m’y
connais en murs
Parce que c’est comme faire de la vert’, mais en street
√ Parce que j’ai trop traîné avec Jon Monié :
«Pourquoi rouler par-terre quand on peut rouler sur les murs ?»
Celui avec lequel tu pourrais avoir un lien de parenté :
Paul Rodriguez
Matt Rodriguez
Ray Rodriguez
Gabriel Rodriguez
√
Steve Rodriguez
(Kévin Rodriguez)
Pour toi, New York…
C’est trop plein de ricains
√ C’est la Mecque du skate
√ C’est grand, c’est loin et ça roule mal
C’est indescriptible
Le fait d’avoir des sponsors en commun avec
Antwuan Dixon…
Ca fout la pression
√ Il skate encore ?
Ca me fait penser que j’ai du retard sur les tatouages
Ce sera l’occasion, peut-être un jour, de faire une
tournée avec lui et pourquoi
pas d'aller boire un verre
BS wallride en passant entre
le poteau et le mur, Paris.
et parler sociologie des
minorités ethniques en pays
industrialisé
Le problème, à Paris…
√ C’est les parisiens , et le metro
C’est l’hiver
C’est que y’a des spots de partout
C’est les parisiennes
On te reproche souvent de ne pas avoir de
téléphone portable.
C’est un peu compliqué quand tout le monde
en a sauf moi, mais bon…
Le plus galère, c’est que je ne peux pas
envoyer de SMS aux filles…
√ C’est trop cher, et je n’en ai pas VRAIMENT
besoin…
Faut que je demande à l’un de mes sponsors de
m’en payer un…
Ton avis sur les skateparks :
√ Je déteste être enfermé dans une cage
A l’occasion, pourquoi pas, mais c’est pas
vraiment utile à Paris
A fond, oui, tout est bon pour être skaté
S’il y a un bowl ou une mini-rampe, ok
L’école…
√ Ca reviendra
Y’a pas moyen que j’y remette les pieds
√ Je regrette un peu d’avoir arrêté
Pour quoi faire ?
Gap ollie to FS wallride, Paris
LE QCM DE
K-ROD
(Kévin Rodriguez)
La dernière part’ de la vidéo Nozbone
Faire la couverture de Sugar :
Si je ne l’ai pas je saute dans la Seine
Trop dur de se battre avec Akim Chérif
C’est pas le fait de l’avoir, c’est ce qu’il y a à l’intérieur
qui compte
√ Je me contenterai de la première part’
Ca fait plaisir, mais pas autant que si ça avait été pour
Soma
Ca ne m’arrivera pas deux fois
√ Mieux que de faire la couv’ de Thrasher Fr
Ca ne me fait ni chaud ni froid
Le truc le pire, quand tu skates :
Les deux vidéos que tu as trop regardées en 2009 :
√ Les sirènes de police
√ Avoir un chiffre 5 ou 3 dans mon champ de vision
√ Les gens qui regardent
Les feuilles qui tombent
√ “Mind Field” et “God save the label”
“State of Mind” et “Extremely Sorry”
“Dabacle” et “Diagonal”
“Fun” et “Bonus round”
Voici la treizième question.
j’la lis pas !
J’essaye même pas d’y répondre
Ah, ça va me porter la poisse toute la journée
Faut vite que je passe à la question suivante, là !
même pas peur !
Les types qui skatent avec des écouteurs
dans les oreilles…
√
Ca me rend dingue, mais bon…
Je ne sais pas comment il font
Ils font c’qu’ils veulent
T’es toujours obligé de leur répéter les choses
Qu’est-ce que tu reprocherais à Soma ?
Trop de courbe
Trop de parisiens
√ Pas assez de “talkshittage”, et trop cher
Pas assez de filles (habillées ou non)
Parmi ces quatre slogans, lequel te
correspond le plus ?
Skateboarding is not a sport
Skateboarding ruined my life
Skate and destroy
√ Skate and create , peut-etre
FS lipslide to fakie , Paris
47 soma
soma 48
DANS LE PORT
D’ANTWERPEN
Un article de fin fond sur un port Belge.
Tags : « Analog Europe », « Goofy Sport »,
« Team Manager », « Overdose de Mérour », « Wikipédia ».
Photos Davy Van Laere
(sauf
indiqué)
*
Texte Fredd
49 soma
soma 50
DANS LE PORT
D’ANTWERPEN
Je ne suis jamais allé à Anvers, ni même à Antwerpen qui est
la même ville, mais en Flamand, ce qui ne va pas m’empêcher de vous en
parler dans cet article. J’ai en effet fait quelques recherches sur Anvers
(Wikipédia, comptez cinq minutes trente environ), j’y ai appris ainsi que
c’est la commune la plus peuplée de Belgique et que ses codes postaux
vont de 2000 à 2600. J’aurais pu m’arrêter là, mais ma légendaire soif
d’apprendre m’a poussé à poursuivre mes investigations encore plus loin.
Figurez vous donc que la ville est principalement connue pour son port
international de marchandises particulièrement développé et pour ses
biscuits traditionnels, les « koffiekoeken d’Anvers », c’est aussi la ville de
Tom Barman, le leader de dEUS mais également, et c’est là que ça devient
vraiment croustillant, celle de Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde
(1540-1598) qui n’était autre que le bras droit de Guillaume d’Orange. Oui,
moi aussi, ça m’a laissé sur le cul. Ce que ne disait pas mon moteur de
recherche par contre, c’est qu’à la suite d’un contest Analog à Anvers en
août dernier, les Européens de chez Analog justement, ont décidé de rester
deux jours en ville pour profiter de nombreuses possibilités qu’offre ce gros
port d’Anvers.
L’équipe se composait de
trois Anglais, un Belge et du
toujours très productif, quoique
Montpelliérain : Julien Mérour.
Permettez- moi d’ailleurs
de revenir sur ce dernier
point : la surproductivité de
Mérour. Vous n’imaginez pas
la quantité de photos de Mérour qu’on nous propose au
magazine. Heureusement qu’on fait bien notre boulot
et qu’on le boycotte presque systématiquement parce
que si l’on n’y prenait pas garde, le mag serait rempli
de Mérour (ajoutez à ceci un peu de Sam Partaix et de
Phil Zwijsen et c’est l’overdose assurée). Mais en même
temps, regardez sa séquence dans cet article, je suis
désolé, mais le backlip de la fin, ça frise le génie. On a
encore des bons trucs de lui en stock, mais on va essayer
de calmer le jeu quand même. Trop de Mérour tue le
Mérour, fermez la parenthèse.
Jonathan Thijs, FS flip / © Sam Ashley
51 soma
soma 52
DANS LE PORT
D’ANTWERPEN
"On a encore des bons trucs de lui en stock,
mais on va essayer de calmer le jeu quand
même. Trop de Mérour tue le Mérour"
Julien Mérour, nose blunt to BS lipslide
DANS LE PORT
D’ANTWERPEN
Ces quelques jours à Anvers étaient une première
en tant que team manager pour Greg Poissonnier. Quoi ?
Vous ne connaissez pas Greg Poissonnier ? Attention au CV
du gars : il a commencé par faire Bercy en BMX (en race)
au milieu des années 80, puis il a été pro en snowboard, et
aujourd’hui qu’il vient de fêter ses 143 ans, il fait partie de
la Old Man Army (www.oldmanarmy.com), et il surfe, et bien
en plus. Un vrai petit « Goofy sport » de l’extrême. Bref, ne
connaissant pas encore les gars plus ou moins sponso par le
biais des distributeurs, Greg a profité de ce contest pour aller
à leur rencontre, et faire un peu de skate avec eux. En plus de
réveiller tout le monde le matin et de conduire le van, il a donc
été obligé de mouiller la chemise sur les spots. C’est un passage
obligatoire pour un TM s’il a l’intention de se faire respecter au
sein de la meute. Il lui fallait prouver que lui aussi il en a dans
le calbute et que c’est pas une bande de merdeux, ni demi-tube
métallique et rouillé qui allaient l’impressionner.
Greg Poissonnier, FS crail / © Sam Ashley
55 soma
Un FS crail plus tard, son autorité était assise et les p’tits
jeunes, du haut de leurs switch biggie et leurs mad tre flips n’avaient
plus trop envie de la ramener. Je romance un peu bien sûr, mais en
L’histoire ne dit pas encore qui des
gros, c’est comme ça que ça se passe. Soit le team manager est un bon
Anglais et du Belge a l’espoir de faire
skateboarder, soit il passe son temps à payer des coups à tout le monde.
un jour parti d’un vrai team européen
Greg a donc choisi son camp, pas uniquement par radinerie, mais parce
Analog, mais je ne crois pas trop me
qu’il sait se faire plaisir. Et là je me rends compte que j’en fais un peu
mouiller en disant que Julien Mérour
trop sur Greg, ça va sembler louche, voire carrément gay. Je vais donc
est sur la bonne voie (quel fayot oui !)…
conclure en disant que Grégory n’est peut-être pas aussi cool que ça
Voilà, au final j’avais pas grand-chose à
finalement… J’ai une réputation oh !
raconter sur Anvers, et je ne sais toujours
pas quel goût ont les koffiekoekens, mais vous reconnaîtrez que les photos de ces
huit pages méritaient d’être exposées à votre appréciation, dussiez-vous subir ce texte
d’un intérêt plus que discutable. Je vous adresse donc toutes mes confuses et je vous
souhaite maintenant une bonne journée (ou soirée), vous pouvez tourner la page, on y
parle d’histoire de France derrière.
Julien Mérour, tré flip / © Sam Ashley
soma 56
Texte : Fredd & photos : B. Deberdt, A. Zavialoff, O. Chassignole.
—
Créer sa propre marque de skateboard, arrêtez- moi
si je me trompe, mais c’est une sorte d’aboutissement
dans la vie d’un skateboarder. La concrétisation d’un
rêve de gosse, ou encore, la simple évolution logique
à une carrière de skateur pro. Cette dernière option
ne m’arrange pas vraiment par contre, ça casse un peu
l’effet romanesque que je voulais donner à cette intro.
Restons donc sur le rêve de gosse s’il vous plait. Parce
que ce qui est génial, c’est qu’il n’est pas très compliqué à exaucer ce rêve, même ici, en France, pays de la
culture et du bon vin. Il suffit d’avoir un petit peu d’argent à gauche, des décos de boards sur son disque dur,
et hop, c’est parti mon kiki… Ne pas être complètement
débile, avoir une connexion Internet et un bon forfait
57 soma
téléphonique, peut s’avérer utile également, mais pas
forcément indispensable (j’ai des exemples). En général,
la création officielle de la boîte vient après, une fois que
la première série de boards est vendue, si jamais elle se
vend un jour…
Alors bien sûr, là, c’est très schématisé, mais c’est plus
ou moins comme ça que ça marche. Voir naître (et mourir) une nouvelle marque de skate française, ça n’arrive
donc pas tous les jours, mais presque. C’est devenu quelque chose de quasiment banal, même si ça s’est pas mal
calmé ces derniers mois pour cause de crise économique
mondiale et de paranoïa généralisée... En tout cas, on le
sait, créer sa marque, c’est pas la mer à boire, ce qui est
compliqué par contre, c’est de durer dans le temps.
DROITE :
JÉRÉMIE DACLIN, FRONTSIDE 5.0, LES BASSINS. 1997.
© BENJAMIN DEBERDT
GAUCHE :
LUCAS PUIG, BACKSIDE KICKFLIP, 2000.
© LEONARD VERNHET
soma 58
GAUCHE :
JÉRÉMIE DACLIN & NEPTUNE, 2000
JB GILLET À LA PISTE, LYON, 1992
ROLAND GUEISSAZ ET SEBASTIEN DAUREL, 1997
JÉRÉMIE DACLIN, NICOLAS CARON, & CHASSI, 1999
DROITE :
JAVIER MENDIZABAL, BACKSIDE TAILSLIDE, 2001
© LEONARD VERNHET
59 soma
Tout ça, on le sait aujourd’hui, mais quand en 1997,
Jérémie Daclin a décidé de se lancer dans l’aventure
de Cliché, c’était pas la même. Oooh non mon p’tit
gars. À cette époque, le skateboard était essentiellement américain. Des noms européens sur des planches
européennes, c’était encore de la science-fiction. Il y
avait bien eu quelques exceptions, mais il faut être
honnête, l’Europe à cette époque n’était qu’un endroit
où les pros américains venaient faire des contests et
leurs crises d’adolescences en été…
Quand Jérémie a annoncé la naissance de Cliché, il se
lançait littéralement dans l’inconnu. Je me souviens
que même sans avoir la moindre implication dans la
création de la boîte, j’étais, en tant qu’observateur extérieur, réellement excité et curieux de voir où cela
le mènerait. Cartel avait commencé en même temps,
ils étaient donc au moins deux à y croire en France à
l’époque. Mais pas beaucoup plus... Nous autres, té-
moins attentifs et tout à fait inutiles, on se contentait
d’espérer qu’ils ne tombent pas de trop haut. Et jamais,
même dans nos rêves les plus fous, on aurait imaginé
voir Cliché à la place qu’elle occupe aujourd’hui dans
l’industrie du skateboard. Bien sûr, on n’atteint pas de
tels sommets sans susciter rancoeurs et jalousies (personne n’est prophète en son pays) et j’ai envie de dire
que c’est normal, c’est ce qu’on appelle la rançon du
succès et c’est plutôt bon signe finalement.
Bref, loin de moi l’idée de vous forcer la main par
rapport à « Résumé », le livre retraçant douze ans de
la marque, mais quand même, l’objet est assez impressionnant et surtout tellement bien fait. De Rolland
Gueissaz à Lucas Puig, des tours dans la voiture paternelle aux Gipsy Tours, de V7 à Dwindle, de Fouine et
T-ten au Team of the year 2007... Faites vous plaisir,
c’est bientôt Noël.
soma 60
Numéro Quatorze
Cyril Lambolez Feeble grind big spin out, Montpellier
© Marc Gérard
soma 62
Derek Fukuhara Wallride to manual / Los Angeles, Baby ! © Mikendo
63 soma
soma 64
Mike Anderson FS flip lipslide / Amsterdam ©Eric Antoine
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soma 66
Emilio Arnanz, FS blunt par Jelle Keppens.
THE
DOWNTown
SHOWDown
Le Downtown Showdown est un contest organisé par Vans aux U.S. L’idée est d’inviter des marques de boards, leur demander de dessiner des modules hurluberluesques, puis de les construire dans le dessein d’obtenir un évènement original et spectaculaire. Et, ça marche ! En tout cas, vu de notre petite et lointaine Europe, ça a l’air vraiment très chouette.
Texte Fredd
Photos Tura (sauf
Illustrations Da
celle-là, à gauche)
Pour cette première version européenne,
ça commençait très fort étant donné que le contest était
programmé sur le toit de l’ancienne usine Fiat à Turin.
Un toit un peu hors du commun puisqu’il est équipé d’une
piste d’essai pour voitures avec virages relevés et sol qui
accroche bien… La même piste qu’on voit dans « Italian
Job » (« l’Or se barre » en français) dans la mythique
poursuite de la fin avec les Austin Mini. Personnellement,
j’étais complètement à bloc. Déjà, l’Italie c’est bien, ils
savent faire le café et comme ils sont toujours déguisés,
c’est marrant de se promener dans les rues pour admirer
les « tendances » du moment. Et puis le contest était sur
invitation, ce qui voulait dire : pas trop de skateurs. Donc,
excité comme un couillon de hipster devant un saladier de
cocaïne, j’y suis allé un jour plus tôt pour pouvoir skater à
fond avant que la fête commence.
Sauf que, quand je suis arrivé, les modules
n’étaient absolument pas finis, le sol accrochait effectivement
très bien (tu tombes, t’es mort), et c’était tellement sur
invitation que j’étais tout seul, comme un con, sur le toit
d’un immeuble avec des ébauches de modules de skate… Du
coup, je suis allé voir le retour de l’escarpin et l’avènement
du « It bag » dans les rues, c’était ça, ou sauter du toit…
Apparemment la tendance « porno-chic » c’est fini. Tant
mieux. Place désormais aux basiques sobres, noirs ou
blancs, agrémentés de chaussures extravagantes pour se
constituer un look d’enfer. J’avais vraiment l’impression
d’être un putain de punk avec mes vêtements normaux et
mon skateboard dans les rues du centre ville.
67 soma
Après ce « fashion faux-pas », je suis retourné
au Lingotto, le bâtiment Fiat, transformé en centre
commercial/hôtel de luxe/contest de skate. À ce momentlà de l’aventure, j’étais prêt à filer direct à la gare pour
rentrer chez moi, sans attendre le début du contest. C’est
alors que je suis tombé sur my man Sylvain « Poulain »
Tognelli que j’ai jamais été aussi content de voir. Il m’a
redonné goût à la vie en un sourire, et malgré les modules
toujours pas prêts à seulement quelques heures du contest,
je n’avais plus, ni envie de sauter du toit, ni de faire le
tour des boutiques Dolce & Gabanna. Petit à petit, j’ai
commencé à voir poindre des visages familiers, tout aussi
étonnés de voir que rien n’était prêt, mais enfin, je me
sentais un peu moins seul.
Vans avait fait venir Ray Barbee et Tony
Alva. Le Yin et le Yang. Le plus cool de tous les pros
skateurs et le plus mégalo d’entre eux. Drôle de mélange
des genres, mais c’est toujours cool de voir Ray Barbee,
même s’il n’a pas fait le moindre petit no-comply. L’autre
par contre ne s’est pas gêné pour déambuler avec une
long board dégueulasse entre les modules « fashion faux
pas » encore une fois. Il y avait aussi Steve Van Doren, le
fils du fondateur de Vans, devenu champion du monde de
gaufres au sucre. Bref, ils avaient fait les choses en grand,
et quand le lendemain, les modules étaient enfin presque
prêts, on a commencé à y croire (un peu).
Bon, maintenant que les présentations sont
faites, passons au contest.
soma 68
_Le speaker : Yari Copt, le capitaine des skateurs de
Lugano, les illustres « Warriors ». « The european Double
D » (en référence à Dave Duncan) comme l’ont surnommé
Ray Yin & Tony Yang. Un bon speaker, ça vaut tous les
modules du monde, un mauvais speaker peut vous flinguer
un contest en un rien de temps, un bon speaker peut vous
sauver n’importe quel événement. Organisateurs de
contests, ne sous-estimez jamais le pouvoir du speaker…
Yari Copt est un bon, donc pas de soucis, il a fait le job.
_Les modules : Un wall Heroin biscornu, une courbe
champignonesque en fausses briques de chez Cliché et un
plan incliné multi facettes from Blueprint.
DOWNTown
SHOWDown
_Les équipes
Blueprint : Nick Jensen – Paul Shier – Sylvain
Tognelli – Mark Baines – Jerome Campbell – Danny
Brady – Chewy Cannon – Luca Crestani
Le team Blueprint, aussi prestigieux qu’il soit
n’est pas réputé pour ses aptitudes à bouffer de la courbe
au p’tit déj’. Un coup d’œil aux modules des autres (un
wall et une courbe) et la tactique de match était limpide
: tout miser sur le « team spirit ». Dès qu’un des leurs
rentrait un trick, ils éructaient, se sautaient dans les bras,
et courraient dans tous les sens comme les footballeurs
quand ils viennent d’en coller un dans les cages des
bâtards d’en face. Résultat, ils ont mis une vraie bonne
Au-dessus : encore Phil Zwijsen dans l’mag ?
Eh oui. Cette fois en ollie up to FS big spin.
A droite : Lucas Puig, par contre, ça faisait
longtemps qu’on ne l’avait pas eu dans le mag, lui.
FS lipslide to switch crooked grind, to fakie.
69 soma
soma 70
DOWNTown
SHOWDown
ambiance et je pense qu’ils y sont pour beaucoup dans la
réussite de cet évènement. Leur module devait être une
sorte de réplique améliorée d’un plan incliné à Barcelone.
Au final, il semblerait qu’il y ait eu confusion entre les
pouces et les centimètres… C’est quand même l’obstacle
qui a eu le plus de succès. Méchante snake session, fallait
être vigilant pour pouvoir skater le truc. Les Blueprint ont
super bien skaté leur bébé, mais comme vous pouvez tout
voir sur internet en images qui bougent, je ne m’étendrais
pas sur le sujet. Mon petit préféré à mon collègue de shittalking (un gars de Lyon pas mauvais en skate) et moi
était un petit jeune de chez Heroïn (Casper Brooker) qui
s’est mis environ deux milles tartes en essayant de faire
finger flip et late shove-it en sautant par dessus le bordel.
(Vous insistez ? Bon d’accord, il s’appelle Jérémie et il
conduisait un camion Cliché).
Element : Phil Zwijsen, Madars Apse, Michael
Mackrodt, Christian Vankelst
Ils ont tout skaté, à fond, tout le temps, même
Christian Vankelst, le team manager s’y est mis et ça a fini
par payer : 15 000 euros ! Ils ont gagné la compétition
donc et ils ont surtout marqué des points dans mon petit
coeur en offrant un tiers de leur prix (5000 euros) aux
Allemands de Trap qui n’avaient rien gagné, alors qu’eux
aussi, avaient tout skaté , à bloc et sans faire de chichi.
Prenez-en de la graine les jeunes !
Heroin : Mark « Fos » Foster, Chris Ault, Casper
Brooker, Arthur Thubb
C’est vrai que c’est assez bizarre cette manie qu’a
Fos, le boss de la marque, à toujours se mettre en avant.
Ça n’empêche qu’il est très sympa, mais là par exemple, il
Le plus dingue dans cette histoire c’est que ce module n’aura servi qu’une après-midi. Enfin, c’était
largement assez pour Chris Ault pour le retourner. Polejam juste avant l’acid drop...
71 soma
En début de journée, on se disait tous en plaisantant qu’il faudrait faire hippie jump, jusqu’à ce
qu’Alain Saavedra ne le fasse, en front, avec le petit slide en plus...
soma 72
DOWNTown
SHOWDown
faisait parti des skateurs, alors que bon, c’est pas vraiment
un champion non plus. En même temps, pourquoi pas ?
On s’en fiche qu’il soit moins fort que les autres, s’il a les
épaules de se jeter dans l’arène, tant mieux pour lui…
Surtout que quand on y regarde de plus près, on se rend
compte que dans son équipe, y’en avait qu’un qui tenait
vraiment le route (Chris Ault, super balèze), les autres, ils
avaient l’air sympa aussi, mais bon, ils n’ont pas vraiment
révolutionné le skateboard. Pas ce week-end en tout cas...
Sinon, leur module était vraiment génial, même rose
comme ça. C’était pas vraiment un wall pour débutant,
mais les champions avaient l’air de se faire plaisir. Le pole
jam en sortant, le mini rainbow et la courbe à l’envers
étaient vraiment inskatables… Mentions spéciales à Javier
Mendizabal, Alain Saavedra et Chris Ault.
Cliché : JB Gillet, Lucas Puig, Javier Mendizabal,
Ricardo Fonseca, Florent Mirtain et Sammy Winter
Il faut bien reconnaître qu’ils sont un peu un
cran au dessus. Regardez les noms dans la liste, c’est
quand même une putain de dream team… Un Lucas,
même pas motivé du tout, sur le module Blueprint, c’est
quelque chose de dingue. Un Javier Mendizabal motivé,
sur le wall Heroïn c’est assez dingue aussi. JB qui fait
de la courbe c’est toujours cool à voir et Sammy Winter
c’est encore un putain de phénomène venu d’Australie.
Félicitons Jérémie Daclin pour s’être levé à l’aube le
matin du contest pour aller lui-même peindre les fausses
briques sur le module : quel talent !
Trap : Richie Löffler, Sabrina Göggel, Michael Von
Fintel et un autre type dont j’ai oublié le nom.
Les pauvres, à la remise des prix, ils n’ont rien
eu. C’était vraiment trop injuste. Heureusement que les
Element ont décidé de partager leur prix avec eux, ils ne
méritaient pas de rentrer en Allemagne les poches vides.
Pour l’anecdote, Juergen Horwartt devait venir, mais il
est tombé malade juste avant de partir. Avec lui, c’est sûr,
ils auraient marqué plus de points.
Alaï : Ingacio Morata, Alain Saavedra, Emilio Arnanz,
Eduardo Munoz , Symeon Jamal
Alain Saavedra m’a vraiment impressionné. Une
bonne petite boule de nerfs et d’énergie avec un bon sac
de tricks. Et il a une moustache tatouée à l’intérieur de
l’index droit, donc c’est un rigolo, c’est sûr. Les autres ?
A vrai dire, je ne m’en souviens pas des masses.
Le champion de la bande, c’est Alain Saavedra,
c’est tout.
_Le mot de la fin : Bon, c’était pas l’Amérique,
c’est sûr, mais en même temps, la bannière étoilée
ça va cinq minutes. Et puis ça fait du bien les
événements à taille à peu près humaine (sur le toit
d’un immeuble quand même). Et puis il leur reste
la Tour Eiffel, le toit du palais de Westminster, ou
même l’Acropole à Athènes, ça peut être sympa un
contest là-bas. On n’a pas fini d’entendre parler
du Downtown Showdown en Europe !
Vous aviez déjà vu JB faire des melon grabs, vous ? Si
oui, c’était il y a bien longtemps. Celui qu’il a rentré était
un peu moins « tweaké » mais bon, la photo était aussi
moins bien...
73 soma
www.somaskate.com
Exclusif
!
La compét'
de CASKATE
Wittenheim
est
une
petite
bourgade du fin fond de l'Alsace, proche de
Mulhouse, mais loin de Strasbourg... Mais comme toute
ville de renommée internationale, Wittenheim possède
son skatepark, non pas en cannette en alu comme un peu
partout ailleurs en France, mais bel et bien en béton. Et
comme dans la plupart des skateparks, il y a une compétition
annuelle où tous les jeunes en recherche de sensations
fortes viennent s'affronter le temps d'une journée, pour
la gloire et quelques autocollants. Et qui dit compétition,
dit également compétiteurs, et là, ça fait tout de suite
moins rêver. C'est pour ça que cette année l'association
Esskahuit a cherché un moyen de détendre l'atmosphère
en ayant la merveilleuse idée d'organiser une compétition
de la casquette la plus laide, aux vues de l'augmentation
exponentielle du nombre de skateboardeurs vêtus d'un
couvre chef immonde (notamment de marques de tennis…
- ndlr). Et pour faire d'une pierre deux coups, ce petit
événement allait permettre de réduire considérablement
les cas d'insolation et autres coups de soleil sur le bout du
pif. Il est vrai que le soleil Alsacien se fait souvent désirer,
mais quand il est là, il le fait savoir.
Texte & Photos
Nicolas Schneider
Le jour du contest fut donc une des journées les plus chaudes du
moins d'août ce qui a permis d'avoir une belle brochette d'horreurs. Nous
avons eu droit à un grand défilé de casquettes, un peu plus d'une trentaine
en gros, dont vous pouvez en admirer une partie en photo. Il y en avait pour
tous les goûts : de la casquette camo à casquette fourrure, en passant par
la fameuse casquette « caravane du Tour », mais malheuresement pas de
casquette « Nouvelle Ère »...
Le titre de la casquette la plus laide a été attribué à Alexandre
Plançon, grâce à sa casquette Dingo. Quant au skate c'est le jeune Robin
Hellot qui l'emporte. Bravo à eux et rendez-vous l'année prochaine pour un
nouvel éventail de vêtements fantaisistes !
Robin Hellot, lipslide flip out
PRODUCED BY : NOZBONE. EDitED BY : lUDOviC aZEMaR & aRNaUD gaBaCh. StaRRiNg :
jO ChaBOUD, akiM ChERif, liONEl DOMiNONi, liSa jaCOB, MaRtiN kEllER,
MathiEU lEBail, jON MONié, SaMUEl PaRtaix, kEviN RODRigUEZ, jj ROUSSEaU... thE BlOBY’S. thaNkS : ElEMENt & vaNS. RENDEZ-vOUS : DECEMBER 2009.
NOZBONE - 295 RUE DU fB St aNtOiNE 75011 PaRiS - MEtRO NatiON - 01 43 67 59 67 - NOZBONE.COM
2
20
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15
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4
Illustrations : Da
13
6
1 un t-shirt Vans un peu psychédélique / 2 une casquette DVS/LRG pour l’automne / 3 une chaussure gauche DC Josh Kalis #7
4 un jeu de roulettes Chaka en 52,5 mm précisément / 5 un t-shirt 5boro noir foncé / 6 une chaussure droite Nike Stefan Janoski
en peau de bête / 7 un appareil photo moyen format Hasselblad 500CM / 8 un plateau Darrell Stanton de chez Element en 7,6
pouces de large / 9 un jeu de roues Satori en 99A (ça c’est la dureté) et 54 mm (le diamètre) / 10 une planche Salut Skateboards
aux couleurs de la France (c’est une petite marque allemande) en 8 pouces de large / 11 une chaussure gauche Vans Johnny Layton
moyennement montante / 12 un appareil photo Nikon 35TI de type argentique pour jouer les artistes / 13 une chaussure montante
de chez Element qui porte le même nom que la board précédemment citée (Stanton !) / 14 un t-shirt Hopps en provenance de NYC,
baby / 15 une chaussure droite DVS qui porte le diminutif de du nom de famille de Keith Hufnagel / 16 une board Rasa Libre
avec des gens nus dessous (et en 8,125 pouces de large) / 17 un t-shirt Picture en coton bio (qui pousse sans engrais chimiques
ni pesticides) / 18 un t-shirt Lakai beige, ça change du noir / 19 un t-shirt Zooyork en taille L / 20 une veste à capuche Element
doublée en moumoute.
83 soma
Illustrations : Da
1
4
5
3
2
7
6
9
8
12
11
10
16
13
15
14
1 une casquette Volcom en velour, intérieur satiné / 2 Wesc, conspiration superlative, le t-shirt / 3 Volcom « Garage Jacket » en
faux cuir, le pro model des Éditions du Garage bien-sûr / 4 Antiz Hugo Liard en 8,125, la classe / 5 Doble YogiBeer / 6 un tish
Volcom agressif et chic / 7 une Chemise RVCA à manche longues / 8 une chemise Carhartt pour couper du bois / 9 « Dirty clothes
keep women busy » Enjoi à son meilleur ! / 10 Kr3w à capuche / 11 futal Kr3w Ellington avec système de laçage intégré / 12 Une
super8 Nizo pour filmer des pigeons au ralenti / 13 la nouvelle vidéo New Deal, elle va tout tuer ! / 14 une Supra Cruizer viollette
15 Une Supra Sky pas top mais low / 16 une Eumig 8mm, juste pour la déco.
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L ’ interview inattendue
Donc on peut s’attendre à quelque chose bientôt ? Si
tout se passe bien, oui, ça pourrait très bien arriver, j’ai la
porte ouverte… Mais l’idée de faire la même chose que j’ai
toujours fait ne me procure pas vraiment de plaisir. Il n’y a
du plaisir que dans l’apprentissage, et dans le fait de faire
quelque chose de nouveau, au moins pour moi, c’est ce que
je ressens. Donc voilà ce que je fais en ce moment. A part
le skate je fais beaucoup d’autres choses, je développe des
choses techniques avec un ami, dans d’autres univers. J’ai
beaucoup appris avec lui, et puis je passe aussi beaucoup
de temps avec ma femme et mon chien…
A quand remonte la dernière fois où tu es monté sur
une planche de freestyle ? Ah ah, il y a bien longtemps !
Lors de démos… enfin, là encore, je n’ai pas fait beaucoup
d’apparitions publiques récemment, mais il y a toujours
quelqu’un pour venir avec sa board de freestyle et ça fait
toujours bizarre de remonter dessus. Ca semble familier et
étranger en même temps…
C’est la raison pour laquelle aucun trick ne porte ton
nom ? Il y a quelque chose en moi qui m’a toujours semblé
Rodney Mullen
bizarre d’avoir son nom associé à quelque chose. Je n’ai
jamais voulu, pourtant ils ont essayé à plusieurs reprises
dans des magazines…
Quels tricks ? C’était il y a longtemps ! Juste des
“Muttflips” [de son surnom “The Mutt” - ndlr] ou des trucs
comme ça… C’était il y a au moins 20 ans.
Mais est-ce qu’il y en a un en particulier dont tu es
fier ou qui représente tous les autres ? Non… Beaucoup
Qu’est-ce que tu as fait ces derniers temps ? Pas mal
de ces tricks sont très importants aujourd’hui, mais à
de choses… En fait, il y a quelques années, il y a eu cette l’époque ça ne faisait rien… Comme le kickflip, je savais
avant-première à Londres ; j’avais été très bien reçu, les que c’était un bon trick, mais c’est arrivé par accident !
gens étaient super gentils avec moi, mais mon corps était Ensuite j’ai fait 360 flip, mais les gens ne voyaient pas
tellement ruiné, surtout au niveau de ma hanche et de la la board flipper ! Donc je l’avais laissé tomber en pensant
jambe, et dans ma tête ça n’allait plus très bien non-plus, que ça ne valait pas la peine… Alors j’avais appris double
qu’à la projection je m’étais dit qu’il fallait que j’en profite 360 flip pour que les gens puissent voir la board flipper !
parce que ce serait la dernière fois pour moi. J’étais dans C’est drôle… Donc non, il n’y a pas un trick en particulier,
un sale état et il n’y avait rien à faire, même avec de la surtout quand tu vois ce qui est resté…
chirurgie. Alors j’ai passé un très long moment à essayer Quel est ton meilleur souvenir de la Bones Brigade ?
de faire en sorte que je ne me
Je pense que c’est quand il y avait
retrouve pas à marcher avec une
ces contests à Del Mar et que
« Je ne pensais même
canne à 45 ans. Et à force de
j’allais dormir chez Tony Hawk. Ma
beaucoup de travail, à raison de
pas que je skaterais situation familiale n’avait jamais
plusieurs heures par jour, j’ai fini
été idéale et la famille de Tony était
par me remettre doucement. J’ai jusqu’aux années 80 ! »
très unie. Juste être là avec Tony,
continué, tout en skatant tous les
Lester Kasai et Kevin Staab, qui
jours mais pas comme tu l’imagines, c’était plus rouler et étaient ses meilleurs amis, et qui le sont toujours, j’avais
pousser qu’autre chose, jusqu’à il y a deux ou trois ans où l’impression d’avoir des frères. Un sentiment que je n’avais
j’ai commencé à avoir de l’espoir. J’ai pu faire quelques jamais eu avant.
trucs pour “United By Fate” et j’ai commencé à me dire Tu étais allé skater sa rampe, la grande avec le spine
que je pourrais peut-être faire quelque chose de différent, et le bowl ? Ah ah, non, pourtant il m’avait invité quelques
avec tout ce que j’avais appris pendant ma rééducation. fois… Maintenant il en a une en béton dans son jardin !
J’ai donc passé l’année dernière à essayer de m’ouvrir et Tu n’as jamais fait de courbe ? A l’époque un peu, et
d’apprendre à nouveau. Aujourd’hui je parviens à skater puis j’ai grandi proche d’un skatepark, mais ça fait une
à un meilleur niveau mais je ne me sens pas encore prêt éternité… J’en fais un tout petit peu quand il y en a une
pour montrer ça aux gens. Mais j’ai parlé le mois dernier mais rien de sérieux…
avec Globe d’essayer de faire quelque chose à nouveau, de Dans les années 80, combien de temps pensaisfilmer des trucs…
tu que ta carrière durerait ? Je ne pensais même pas
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que je skaterais jusqu’aux années 80 ! J’ai commencé J’aimerais bien le voir plus souvent ! C’est tellement un
le 1er janvier 1977. J’avais un accord avec mon père, personnage, il est tellement drôle !
quelque chose d’important qui devait me faire arrêter à Es-tu satisfait de “The Man Who Souled The World” ?
la fin de l’été 1980. Je ne devais plus jamais retoucher Non, pas tellement.
un skateboard. Mais j’ai fini par gagner un contest et j’ai Pour moi, ça m’a fait comprendre plein de choses
commencé à recevoir plein de coups de fil de Californie, et qui se sont passées dans les années 80 et 90, j’ai pu
rassembler les pièces du puzzle… C’était bien sous cet
mon père m’avait autorisé à continuer un peu…
Avec quelle video-part es-tu le plus satisfait ? C’est aspect…
difficile à dire… Elles évoluent… En fait, j’ai filmé Qu’est-ce que tu n’as pas apprécié ? Je ne sais pas…
Je n’ai pas voulu trop y prêter
ma première part’ en allant à
attention.
l’aéroport ! Stacy [Peralta - ndlr]
« Je skate de minuit à
Est-ce qu’on t’a demandé de
s’était arrêté en route et m’avait
demandé si je voulais faire trois heures du matin » rejoindre le nouveau Plan B ?
Ah ah ! Danny [Way - ndlr] est
quelques tricks… Je crois que
un ami, il a juste fait quelques
c’était pour “Future Primitive”.
Donc c’est difficile à dire… Je n’ai jamais vraiment fait allusion sur le ton de la blague.
la transition du freetyle au street, ma propre version du A quand remonte ta dernière session ? Je n’ai pas pu
street, enfin ce n’est pas la façon dont les autres skatent, je skater hier mais je skate tous les jours, deux fois par jour.
ne saurais pas comment appeler ça, mais à un moment j’ai J’ai quelques spots où je vais à L.A. J’ai toujours beaucoup
passé du temps avec Jeremy Wray à apprendre les tricks skaté la nuit, donc en général je skate de minuit à trois
basiques comme un boardslide sur un rail, un crooked heures du matin. Ensuite je rentre, je fais mes trucs et je
grind, ce genre de choses. Les choses fondamentales du vais me coucher quand le soleil se lève. Je me lève tard,
street. J’avais fini par acquérir un niveau raisonnable pour je travaille quelques heures et je vais skater quand la nuit
ce que nous faisions à l’époque de “Round 1”. C’était cool tombe. Je rentre travailler encore un peu et je retourne
de pouvoir se dire que j’étais capable de faire ça après une skater... That’s my life !
part’ comme celle dans “Virtual Reality”.
Quand as-tu vu Steve Rocco pour la dernière fois ?
Ça fait un moment, un peu plus d’un an. Il va bien, on
s’échange des e-mails maintenant, il habite à Malibu.
le
Photographie par Deeli
Propos recueillis par Tura
pro T arl é
« Y’a deux choses essentielles dans le skate : l’autocollant Spitfire et l’autocollant
Indy. Tout le reste c’est du vent ! » - Hugo Liard (via MSN)
L e
bou q uin
de
le
numero
Tuukka Kaila est aussi connu sous le nom de Deeli, le même qui a
fait la photo de Rodney, sur la page d’en face. C’est aussi le même
qui bosse pour Kingpin depuis que Numero, le magazine
finlandais qui nous a largement inspiré, s’est arrêté.
Il a la trentaine bien entamée, des petites
lunettes, la tignasse blonde et fut
champion de skate de Finlande
il y a bien longtemps. Il a
plutôt l’air d’un
petit gringalet mais ne vous fiez
pas aux apparences, Deeli est une
pointure en photographie.
Based On Truth rassemble portraits,
photos de skate et paysages pris entre
1995 et 2008. Le fait qu’il soit relié par
deux agraffes et imprimé sur papier journal
fait de ce livre un objet fragile qu’il conviendra de feuilleter et conserver avec précaution,
comme tous les souvenirs qu’il contient... - DT
ISBN 978-952-92-5165-0
A feuilleter également
virtuellement sur
www.tuukkakaila.com
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deco
Quels sont les objets tendance du moment pour la maison ? Eclairage dans chaque Soma avec tes skaters
pros favoris, qui présentent leurs objets coups de coeur pour une déco 100% X-Treme !
Aiwalk vs We /Sc
DC-Shoes
La maison de Baker Boys Distribution
Jim Greco est très régulièrement surnommé « en tête à tête avec votre roue d’infortune. L’homogénéité
le Valérie Damidot d’Hollywood ». Le skateur pro repenti, de ce salon cozy s’achève avec des pièces qui en font tout
la présentatrice de M6, c’est limpide, tout les rapproche le liant graphique : les modestes portraits encadrés d’or de
: tous deux ont une jolie gouaille qui prend de l’espace, Jim Greco, Terry Kennedy et Erik Ellington, surmontés
une élégance vestimentaire au-dessus de tout soupçon, l’art d’un mannequin féminin tenant une banderole de drapeaux
de motiver leurs troupes et surtout une passion pour la mexicains -une allégorie lourde de sens, que nous ne vous
déco, ou plutôt la « D&Co » comme l’on dit dans le milieu. ferons pas l’affront d’expliquer ici, tout le monde ayant
Le mimétisme est si parfait que seule une observation parfaitement compris la lourde symbolique dissimulée par
poussée de la zone laryngale par un spécialiste permet cette décoration résolument militante.
de les différencier : tatouage d’une armée de marteaux, L’autre partie du L, elle, dévoile d’astucieux
Jim. Cordes vocales puissantes soigneusement camouflées espaces de rangement surnommés « le stock » et abritant,
par un cou d’un érotisme violent, Valérie. Pour le reste, et comme dans tout pavillon qui se respecte un peu, les
c’est de d&co que nous allons parler dans cette rubrique indispensables outils de la ménagère : des étagères croulant
régulière quoique mort-née, Valérie et Jim poursuivent le sous les boards et t-shirts, un Fennwick fonctionnant au
même but : valoriser par de
GPL (tendance écolo !),
superbes bibelots un espace
un Lizard King détaillant
« l’équivalent skateboaringrat à la base.
comment il a dépensé ses gains
distique du "it bag" de
Car oui, il y a pire
du contest de Wallenberg
qu’un pavillon neuf dans un
(pas en objets d&co, hélas),
nos compagnes »
lotissement en banlieue de
mais également un embryon
Lézignan-Corbières, par exemple un hangar anonyme en L de skatepark permettant le travail des hammers : un peu
beige, à peine flanqué d’une lettre, au fond d’un parking de d’élan, du plat, un rail.
North Hollywood sur lequel un sympathique garagiste d’à Un petit bureau peint de vert électrisé abrite,
côté s’amuse à faire des burn-outs en Toyota Corolla. Baker juste derrière, un ami de la famille vaguement inquiétant
Boys Distribution, donc. C’est ici que se crée au quotidien puisque ce jeune homme est en charge, et c’est là son seul
la féérie Deathwish, Shake Junt et Brigada, ici que Jim et boulot, tous les jours, de la conception, à la main, des tissus
ses amis ont planté le camp.
« Tye-Dye » utilisés par les diverses marques des Baker
Sitôt passée la porte coulissante de ce superbe Boys. La javel, on s’y fait très bien et c’est un excellent
espace de vie traité façon loft (mais sans fenêtres), un billard décongestionnant nasal, vous diraient nos collègues de C’est
est utilisé de façon astucieuse : comme une simple table, où du Propre. Bref. Laissons tripper là notre joyeux luron pour
sont entassés fringues, cartons de futurs roulements Shake achever sur l’objet de la semaine, le véritable indispensable
Junt à découper et coller soi-même à la main. Il précède pour recréer chez soi, à moindre frais, un petit bout d’univers
deux objets indispensables pour qui veut apporter une Baker Boys Distribution : la maquette du rail de Hollywood
touche de classe chez soi : un jeu Arcade des stars du catch High, avec ses seize marches, et sa grille noire sur le côté.
des années 80 (en panne), et la roue multi-cadeaux utilisée Un must-have, l’équivalent skateboardistique du « it-bag » de
par les Boys lors des salons ; seul minuscule bémol, elle a été nos compagnes. C’est sur ce superbe bibelot, à faire baver de
designée par Neckface et non Christophe Dechavanne, il est jalousie tout vos amis X-Treme, que se referme ce premier
donc plus commun de tomber sur la case « Tatouage facial épisode de « Tendance déco », vraissemblablement le dernier,
Deathwish » ou « Shotgun une bière avec Lizard King » que d’ailleurs. Merci ceci dit de venir nombreux au procès intenté
sur 10 000 euros mais qu’importe, vos invités rêvaient sans à Soma par Valérie Damidot.
aucun doute de « sentir les chaussures de Slash » - pendant
Texte et photos par Sébastien Carayol
que vous apprécierez la solitude des futurs dîners chez vous,
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Le plus grand choix de l’hexagone
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L’ accessoire indispensable
Le cruiser AP (prononcez « happy »), façonné à la main par Seb Daurel
Seb Daurel, c’est une sorte de savant fou du skate, ça bouillonne en
permanence dans sa tête, il a toujours des tas d’idées folles de spots, de tricks,
de sketches... En ce moment, ses deux principaux centres d’intérêt sont le
bétonnage de spots (depuis Evento) et le « shaping » de boards. Il y a aussi les
cendriers en forme de bowl mais on en reparlera une autre fois... Entre deux
coups de truelle, il a donc décidé de se lancer dans la confection de planches
pour aller chercher le pain (de cruisers, quoi). Ca s’appelle AP Skateboards,
et toutes les boards sont taillées par lui-même, comme des surfs (Seb est aussi
à fond de surf). Cinq ou six shapes sont disponibles, les décos (de types qui
vont chercher leur pain) sont simples et efficaces, bref, c’est complètement
indispensable. - DT
www.apskateboards.com
L e paragraphe arch é ologi q ue
Le Street Art Building
À la toute fin des années 80 jusqu’au tout début
des années 90, il y a eu à Lyon (Villeurbanne pour être
précis) un skatepark couvert plutôt pas banal : le Street
art Building. « Matos » (un shop de planche à voile et
de skateboard, distributeur de G&S également) s’était
arrangé avec la municipalité pour construire un skatepark dans une ancienne usine désaffectée. Un immense
bâtiment, en plus ou moins bon état dans lequel ils avaient
construit une aire de street au premier étage, avec une
bonne mini à spine et surtout, une Big, au deuxième et
troisième étage. Deuxième et troisième, parce que le
plafond avait été découpé au-dessus des plateformes pour
permettre aux meilleurs de s’envoler. Cela donnait tout de
suite beaucoup de cachet à la rampe… Le problème c’est
qu’il y avait des poteaux en plein milieu de la rampe, ce
Photo : O. Chassignole
qui n’enlevait rien au cachet, mais qui en cas de mauvais
choix de trajectoire, pouvait occasionner quelques désagréments... Évidemment, cette rampe n’a jamais vraiment
attiré les foules, mais il y a quand même eu une démo
G&S avec Steve Claar et Blaize Blouin qui, entre deux
évitements de poteaux allaient faire un tour au troisième
étage sans emprunter les escaliers. Aussi fou que cela
puisse paraître, quand on connaît le bâtiment, le park
était gratuit et libre d’accès. Pour d’évidentes raisons de
sécurité, le park n’a pas vécu très longtemps. Les proprios
(ou la municipalité) ont fait murer les accès et il est rapidement tombé dans l’oubli.
L’autre jour, avec Jérémie Daclin et Olivier Chassignole, nous sommes allés voir ce qu’il restait de la rampe.
Gégé avait entendu dire qu’elle était toujours intacte et
que personne ne l’avait touchée depuis l’époque…Nous
sommes donc partis en mission archéologique et c’était
marrant d’obliger Chassi
à escalader des vieux
portails rouillés et des
murs bringue ballants…
Au final, on a été un
peu déçu, parce que la
rampe était toujours là,
mais en pièces et l’endroit avait été squatté
par des graffeurs, ce
qui pour le coup, a pas
mal enlevé de cachet à
l’endroit. On a quand
même réussi à dénicher
un vieux logo Tracker
peint à la bombe, datant
sans doute de l’époque,
mais c’est à peu près
tout. La prochaine fois
on prendra des pelles et
on ira déterrer Béton
Hurlant ! - FD
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copinage
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obligatoire
Le problème avec les magazines qui
traitent de tout ce qui gravite autour du skate (“un
maelstrom est un puissant tourbillon qui se forme
dans la mer ou dans un fleuve” – Wikipedia), c’est que
ça finit toujours par tomber dans la “fashion” , ou la
“hype” comme ils disent, et c’est ce que Maelstrom
tient à éviter de faire. Alors ça traite de skate, de
musique, de voyages, de philo, de photographie ou
de tatouage sans sombrer dans la vulgarisation de
ces différentes “cultures”. Le premier numéro est
sorti en mai 2009 après 3 années de labeur, à une période incertaine pour la presse payante et indépendante (aucune
maison d’édition derrière)… Rien que pour ça, Benoît Allègre (qu’on appelait Darkos à l’époque où il grippait des
boards chez Wallstreet), rejoint en cours de route par Sébastien Charlot (ancien rédac’chef de Sugar), a du mérite.
Pourvu qu’ça dure.
Le mag sort tous le deux mois en kiosque (5,90 euros) et est également disponible sur abonnement
(25 euros/6 numéros). - DT
www.maelstrommagazine.com
L‘ incontournable contest chellois
Cette année, la Cosa Cup, c’était vite fait : 8 équipes, et élimintations directes. En à peine trois
heures c’était bouclé. Et quand vous êtes juge, comme ce fut mon cas, c’est plutôt pas mal.
Comme vous l’avez su et probablement déjà
oublié, c’est l’équipe Vox, composée de Hugo Maillard,
Oscar Candon et Anthony Boudard, qui l’a emporté
cette année face à Antiz (Sam Partaix, Juju Bachelier et
Hugo Liard), mais juger cette finale était assez difficile ;
j’aurais bien fait gagner les deux équipes mais ce n’est
pas le principe d’un contest. Alors j’ai voté Vox, malgré
le risque de faire perdre mes potes d’Antiz (et Hugo
aurait pu au passage, s’il avait gagné, me rendre les 20
euros que je lui ai prêté, enfin j’crois, il y a quelques
années, à moins qu’il me les ait déjà remboursés mais à
mon avis, non. Enfin j’ai quand même un doute… quoique… ah merde, je ne sais plus là…), ce qui fut le cas,
car sur 5 juges, 2 seulement avaient voté pour eux.
A propos de juges, la veille
du contest, il en manquait un.
Alors avec Mathias Thomer, le
chef de la tribu des chellois, on
s’est dit qu’on pourrait appeler
Nico Eustache. Sauf qu’au lieu
de venir faire le juge, Nico
s’est constitué une équipe (avec
l’aide des jumeaux Renaux),
l’équipe Skate Crew (la marque
de vis et de roulements) et il est
venu faire le contest. Ça n’a pas
arrangé nos affaires de juges,
mais on a fini par en trouver
un, et franchement, c’était bien
meilleur de le voir skater qu’assis à voter pour les noirs ou les
rouges, le Nico. J’ai bien essayé
de voter pour son équipe, mais
allez savoir pourquoi, ils ne
sont pas arrivés en finale. C’est
toujours comme ça les contests,
toujours la faute à ces couillons
de juges ! - DT
Nicolas Eustache, kickflip !
© Clément LEGALL
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jour
Si vous avez apprécié la première version de la « Chronologie Lacunaire
du Skateboard / une journée sans vague » parue en octobre 2006, ou bien
si vous l’avez manquée, voici la version mise à jour, qui vient de paraître
(oct.09).
Cette fois la chronologie s’arrête à 2009, et comme l’avoue
(jusque dans le titre) Raphaël Zarka, il y a forcément des lacunes et
« je laisse le soin aux magazines, aux documentaires de plus en plus
nombreux, aux blogs et à Internet en général, le soin de complèter et de
détailler ce travail ». Allez hop, sur la liste du père Noël ! - DT
ISBN 978-2-917855-05-8 / Editions B42 / 128 pages / 13,50 euros
LA
OTT BOURNE
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CHRONI
Le lapin blanc
Dîner en compagnie de ma
bonne amie Rachel Harris samedi soir. Elle a trouvé un nouvel
appartement et emménage le 1er novembre. Elle m’annonce qu’elle
n’envisage pas d’emmener son petit lapin blanc avec elle, donc je lui
demande ce qu’elle a l’intention d’en faire. Elle ne sait pas trop, mais
elle a pitié de cet animal qui passe ses journées enfermé dans une
petite cage ou à courir sur le sol froid de sa cuisine. Je lui suggère
de le libérer dans le parc Monceau. On rit à gorge déployée en
imaginant ce lapin domestique d’un blanc éclatant sautiller dans ce
parc fréquenté par les riches certainement en train de déguster un
café en compagnie de la famille Rolex dans leur « jardin ».
Pendant cette crise de rire, le couple à côté de nous sourit et
l’homme complimente Rachel sur ses tatouages. L’homme et la
femme sont relativement âgés et plutôt mignons. Ils sont venus de
Rotterdam pour passer quelques jours à Paris. Lui est artiste et est
intrigué par la couleur et le talent de celui qui a illustré les bras de
Rachel. En discutant avec le couple, nous apprenons que le premier
mari de la femme est décédé il y a dix ans, et que la femme de
l’homme est morte il y a un an à peine. La femme du couple était
mariée au frère de l’homme et six mois à peine après le décès de son
épouse, ils se sont mariés pour commencer une nouvelle vie. Rachel
et moi leur rendons leurs grands sourires... et dès que Rachel laisse
échapper un petit rire, le couple et moi lui rendons son sourire et
trinquons ensemble. Le chemin de la vie est parfois tordu, nul de sait
vers où et jusqu’où il nous mènera !
Il est quasiment 18h dimanche soir quand Johanna et moi
montons dans le métro pour retrouver Rachel au parc Monceau.
Après une série de SMS plutôt comiques, nous sommes sur le point
de rendre au lapin sa liberté. Nous arrivons avant Rachel au parc et
l’apercevons en train de se diriger vers nous avec son sac gris Patton
Leather Marc Jacobs sur l’épaule et dans l’autre main, le faux sac
Hermès qu’elle a reçu il y a bien longtemps en cadeau de la femme
chez qui elle travaillait au pair. À l’intérieur, le petit lapin blanc jette
un œil au parc. En marchant, Rachel raconte à Johanna l’histoire
du sac et comment la femme avait essayé de lui faire croire qu’il
s’agissait d’un cadeau à prix exorbitant. Une fois de plus, Rachel
et moi ne pouvons arrêter de rire. Quelle ironie que ce sac serve
désormais à transporter un lapin qui aura de fortes chances d’intégrer
un nouveau foyer et d’être transporté dans un modèle authentique.
Johanna a le cœur brisé : elle n’arrive pas croire que Rachel ne veut
plus de cette adorable petite boule de poils. Elle plaide pour que
sa vie soit épargnée et essaye de nous convaincre qu’il mourra. Je
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ia Ruetsch
Traduction : Aurél gmail.com
on@
ati
nsl
tra
ay.
rpl
fai
souris avant de rire : ce lapin n’est pas un animal domestique, mais
une petite bête sauvage. Je suis persuadé qu’il aura à peine le temps
de survivre quelques heures dans le parc avant qu’un jeune gamin ne
l’attrape pour le mettre de nouveau en cage.
Nous sommes entourés de centaines de gens. De ma vie, je n’ai
jamais vu autant de monde dans le parc. Rachel s’enfonce dans un
petit bosquet et ouvre le sac. J’observe la scène alors que le petit
lapin blanc étincelant sautille vers la liberté. Il a l’air d’être stupéfait,
étonné et de renaître alors qu’il bondit dans le sous-bois en décrivant
des cercles qui progressivement deviennent plus grands. Ensuite il
s’immobilise, confondu alors que Rachel retourne vers le chemin.
Les filles poussent des cris idiots, mais mignons alors que je les
encourage à poursuivre comme si de rien n’était. Les gens peuvent
clairement apercevoir le lapin qui attire automatiquement tous les
regards… Avec en plus les bras tatoués de Rachel, nous attirons trop
l’attention. Alors que nous commençons à partir, le lapin nous suit le
long du sentier, mais il n’ose pas sortir du feuillage. Quand il arrive
au bout du petit bosquet, il s’arrête et nous regarde partir tous les
trois. La scène est dure et déchirante, comme dans un mauvais film.
Je rigole et je pleure en même temps, mais je ne veux pas laisser les
filles voir l’état dans lequel je suis.
Très vite, nous trouvons un endroit sur la pelouse et Rachel sort
une bouteille de rosé pour fêter le retour du lapin à l’état sauvage.
Nous levons nos verres pour trinquer à une nouvelle folle aventure
dont on reparlera encore pendant des années. Le parc est rempli de
petits enfants qui jouent. Je soupçonne fortement que le lapin aura
à peine la chance de fouler la terre pendant quelques heures avant
qu’un de ces garnements ne mette la main dessus.
Presque deux heures après, nous retournons près de l’endroit où
le lapin a été libéré. Quand Rachel passe la tête dans le bosquet et
appelle le lapin, il sautille rapidement jusqu’à la lisière du sous-bois
et la suit alors qu’elle marche. Il semble excité, effrayé, mais refuse
de traverser la forêt pour la suivre sur l’herbe. Je suis surpris et
amusé qu’il n’ait pas encore été capturé. Il n’est rien de plus qu’un
petit point à la lisière d’un bosquet, un point qui à chaque pas devient
de plus en plus petit et finit par disparaître.
Quand je me couche le soir, je l’imagine en train de sautiller au
clair de lune et je me dis que même s’il meurt, il mourra en liberté,
un état qu’il aurait toujours dû connaître, loin du désastre qu’est la
domestication par l’homme.
Paris, le 28 sept. 2009
S.H.Bourne
hugo liard - frontside flip • photo: bertrand trichet
« Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer
les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme. »
Pierre Desproges - Chroniques de la haine ordinaire

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