Numéro vingt-six / Build and destroy

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Numéro vingt-six / Build and destroy
Numéro vingt-six / Build and destroy
© 2011 Vans, Inc.
Introducing
DANIEL
LUTHERAN
& THE TYPE II
skate.vans.com
The Teak S
Chestnut Brown
Indy Grind
Gaston.Photo
SKATEBOARDING
© Antton
SEE THE ENTIRE COLLECTION AT www.quIkSILvER-SkATEbOARdINg.COm
© Antton
NUMERO 26
Directeur de la publication David Turakiewicz Rédaction en chef Fred Demard [[email protected]] & Tura [[email protected]]
Publicité David Turakiewicz [[email protected]] assisté de Thomas « Zeb » Busuttil [[email protected]]
Mise en page Tura Secrétaire de rédaction Valéry Blin
Photographes Loïc Benoît / Kévin Metallier / Clément Le Gall / Jelle Keppens / Davy Van Laere / Matthieu Georges / Julien Mérour
Sam Ashley / Loïc Benoît / Vincent Coupeau / Pepas Suligoj / Julien Deniau / Kuba Baczkowski / Hendrik Herzmann / Fabien Ponsero
Rédacteurs Vincent Coupeau / Bernard Jallet / Jelle Keppens / Bastien Duverdier Illustrateur Morgan Navarro
Bertrand Dejardin, BS air. Bordeaux.
Photo : Clément Le Gall
Soma est édité par Les éditions du garage SARL
13, rue de l’Isère 38000 Grenoble
[email protected]
ISSN : 1959-2450
Impression Tuerlinckx, Belgique. Toute reproduction,
même partielle, publication, édition, ou sous n’importe
quelle autre forme est interdite sans autorisation préalable.
On vous tient à l’oeil, et notre avocat est prêt à tout !
11 soma
LE SOMMAIRE
Boris Proust, FS crooked. Palavas.
Photo : Matthieu Georges
14 L’intro
Tout rentre dans l’ordre, on est complètement mégalos et
on ne fait plus de skate.
16 Le jeune
Un jeune avec un trick de vieux.
18 Le vieux
Un vieux avec un trick de jeune.
22 L’matos
Le sac à dos rouge, on se rend pas bien compte, mais c’est
la méchante classe. J’dis ça, j’dis rien..
68 build and destroy
28 SHUT UP AND SKATE
34 DIARY OF A MADMAN
Mais qu’est-ce qu’il écoute dans son casque de chaîne
Hi-Fi ? C’est ça la vraie question.
C’est juste le titre d’un album d’Ozzy Osbourne,
Jelle Keppens qui a écrit le texte (et fait les photos)
n’est pas vraiment fou, mais louper le « King of
Darkness » en concert l’a quand même mis
dans un drôle d’état…
44 le roi du polar
Les meilleurs polars contemporains sont scandinaves, on
s’en doutait déjà, mais là, on en est complètement sûrs.
soma
60 SATURÉ EN GRÈCE
Bastien Duverdier vole au secours de la Grèce et nous livre
une fine analyse de la situation économique dans le pays de
Demis Rousos et Yorgo Tloupas.
Une bande de hooligans construisant un édifice sauvage
dans le but d’empaler des enfants sur des tiges métalliques.
Une histoire terrifiante contée par Loïc Benoît.
Ce coup-ci c’est sûr, Julien Mérour est photographe.
Même plus besoin de skater le gars !
13 52 CLICHÉ IN UK
Des skateurs qui se sont tous fait mal sauf un (celui qui
se fait tout le temps mal normalement), un texte écrit
par quelqu’un qui n’était pas sur le tour, la moitié des
footages perdus… C’est une blague ou quoi ?
74 le qcm de georges agonkouin
82 vans shop riot
Il ne dit pas que des conneries ce Vincent Coupeau, c’est
vrai que Chelles est une trèèèès belle ville.
88 le Vrac
Le bouquin de Zarka est vraiment super bien, encore
une fois. Achetez-le ! Et achetez Opium aussi, c’est
gratuit en plus.
GSM EUROPE: +33 5 58 700 700
available NOW ON iTuNes
www.elemeNTeuROPe.com
L’INTRO
Photo : Jelle Keppens
Et voilà. Il aura fallu attendre 26 numéros
pour qu’enfin on puisse se mettre en photo dans le mag.
Sur la gauche, vous avez donc Fred Demard, et moi je suis
le blondinet sur la droite. Puisque personne ne voulait reconnaître notre talent, on s’est mis dans le mag. Et encore,
on aurait très bien pu s’interviewer l’un-l’autre ou se mettre
en couv’, estimez-vous heureux !
Bon ok, c’est pas nous. C’est juste Christian
Vankelst et Axel Cruisberghs, des petits Belges qui
montent. Nous, on est coincés dans des bureaux (Fred à
Grenoble, moi à Paris) à essayer de rassembler tous les
éléments plus ou moins utiles pour faire des magazines.
Ça va des photos et autres textes en passant par les pubs,
sans oublier les négociations avec les imprimeurs et les
distributeurs, les factures impayées, les factures à payer,
les découverts, les plantages de site internet… Parce que
depuis l’année dernière, on a eu la bonne idée de faire un
mag de snowboard (Opium, une fois par an) et un petit
zine parisien, en plus (À Propos, 2 ou 3 fois par an).
On file aussi un coup de main à nos collègues lyonnais
pour leur petit mag (Gone) et on aurait même un ou deux
autres projets dans les cartons…
15 soma
Alors vous imaginez bien que le skate, pour nous
c’est plus sur papier qu’on le vit, ces derniers temps. Enfin,
Fred s’est cassé l’épaule à Crolles, l’autre fois, donc même
s’il trouvait le temps… et moi, j’ai remarqué que le skate,
je n’en fais pratiquement plus que quand je suis en tour.
Ah bah tiens, justement, on a aussi décidé d’organiser des
tours : Le Tour Sans Fin que ça s’appelle. L’idée est de partir sur la route avec une bande de jeunes sélectionnés par
nos soins jusqu’à un point B, en improvisant plus ou moins.
Et on a bien l’intention de faire ça tous les 4 mois (un
numéro sur deux), en repartant du point B (si on parvient à
se trouver un sponsor pour nous filer un coup de main…),
et continuer ainsi, jusqu’à l’épuisement.
Bref, on s’aime tellement qu’on a demandé à
notre pote Morgan Navarro de faire une BD sur nous,
sans rire, que vous pourrez découvrir un peu plus loin
dans ce mag. Et pour 2012, on compte bien se présenter
à la présidentielle, participer à Pékin-Express et exposer
à la Gaîté Lyrique ! - DT
Pour info :
www.somaskate.com
wwww.opiumsnow.com
www.aproposskatemag.com
www.goneskatemag.com
k e v i n r o m a r // c o l f a x h o o d i e
//
beers tee
chad muska // lizard king // terry kennedy // erik ellington // jim greco // tom penny
spencer hamilton // kevin romar // boo johnson
kr3WDenim.Com
LE JEUNE
THOMAS LECLERE
Deuxième paru en no comply dans Soma ! Séquence : Tura
Date de naissance
21 juillet 1997 à Reims.
Lieux de résidence actuel
Paris et Reims.
Années de skate
On va dire 3 ans !
Vidéos de référence
Ride the sky et Prevent this tragedy.
Skateurs de référence
Slash, Dylan Rieder et Brian Herman.
Première board
Une Blind avec la faucheuse que mon oncle
m’avait donnée.
Où te vois-tu dans 15 ans ?
Dans une maison avec une mini
avec tous les Bloby’s !
Sponsors
Gamble, Chaka, Converse (flow), Skate Crew.
17 soma
over crooks
keelan dadd
i s pro ud t o skat e
i n t h e supra skY t o p i i i
a r m y t u f / c h a d m u s k a s i g n atur e m odel
suprafootwear.com
LE VIEUX
GERALD DELOYE
Date de naissance
28 septembre 1978, à Sète, dans
l’Hérault.
Lieu de résidence actuel
Un petit village juste à côté de Sète.
Années de skate
Depuis 94, donc en gros 16 ans mais
avec trois grosses coupures dues à mes
trois opérations du dos. Mais je suis
toujours là !
Vidéos de référence
« Welcome to Hell » que j’ai dû voir
des centaines de fois, sinon les vidéos
Zero, Toy Machine et les hammers dans
le genre.
Skateur de référence
Jean-Michel Thomas comme ils disent
tous ici. Mais ouais, Jamie Thomas est
une bonne référence sur plein de points
de vue (à part la phase Jésus).
Première board
Crooked grind. Photos : DVL
Une Powell Fankie Hill quand j’avais
onze ans mais j’ai vite lâché l’affaire,
c’était trop lourd pour mon gabarit. La
première board que j’ai vraiment ridée,
c’était une Acme avec Tom et Jerry.
Où étais-tu et que faisais-tu il y a
15 ans ?
Je quittais Soy, Judd et tous les potes
de Belfort pour vivre seul à Sète. Je
quittais l’école pour faire dix heures
de skate par jour et essayer de vivre de
mon skate.
19 soma
2011
WeA c t i vi s t E LI R EED
S HO T B Y
PE T E T HO MPS ON
www. wes c . c om
KENNY ANDERSON
KA-ONE
L’MATOS
1 Michael Plumb, aussi connu sous le nom de Lizard King, a un pro-model chez Supra : la ‘bullet’ / 2 un t-shirt
Antiz sérigraphié par Hugo Liard lui-même au sous-sol (même pas une blague !) / 3 un sac à dos Volcom comptant 8
poches zippées réparties de tous les côtés / 4 un casque Skullcandy à assortir avec ses pompes / 5 un cruiser 5Boro
en 8 pouces au plus large / 6 un t-shirt Carhartt ‘skateboarding 3D’ livré sans les lunettes / 7 une chaussure droite
Converse Badge / 8 un t-shirt Polar avec un gros logo dans l’dos / 9 un porte-monnaie Antiz qui marche aussi pour y
mettre des vis ou des roulements / 10 une paire de chaussettes Stance en taille L / 11 une board Trauma ‘earthlings’
(‘terriens’) en 8 pouces / 12 une veste Volcom avec presqu’autant de poches que le sac à dos / 13 un t-shirt Insight
pour s’habiller comme Sam Partaix / 14 un bonnet Elwood bientôt collector !
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mus bennacer × akim cherif × gregoire cuadrado × lionel dominoni
lisa jacob × martin keller × mathieu lebail × jon monié
samuel partaix × kevin rodrigues × rémy taveira
crooked grind up / photo : alexandre pires
nozbone skateshop, 295 rue du faubourg st antoine 75011 paris - metro nation - 01 43 67 59 67
la boutique en ligne nozbone.com / le blog nozbone-skateshop.com
nouvelle collection nozbone rectangle d'or disponible maintenant à la boutique et sur le site.
1 un t-shirt Analog col en V, pour laisser apparaître un bout du tatouage / 2 un jeu de roulements ABEC 5 de chez Modus
3 un bonnet 100% laine et fabriqué en Allemagne de chez Salut skateboards / 4 une paire de gants Perus, la marque
finlandaise / 5 un jeu de roues Palace en 54mm que j’ai gardé pour moi / 6 un t-shirt Elwood-Freedumb (souvenez-vous) 7
une board Collapse (8,25 x 32,...) / 8 un zipper Kr3w avec la fermeture de travers / 9 un bonnet Antiz tout ce qu’il y a de
discret / 10 un t-shirt ASG (un groupe de metal) de chez Volcom / 11 un bandana Antiz pour les coups de froid / 12 une
chaussure gauche Johnny Layton série spéciale (mais je sais plus ce qu’elle a de spécial, en fait) / 13 un sac-à-dos classieux
de marque Herschel /14 une chaussure Gravis Arto mid, avec le ‘ollie pad’ à l’ancienne / 15 une planche Clan au nom
d’Alain Goikoetxea / 16 un jeu de vis Modus pour assortir aux roulements !­­­­
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11
gravisskateboarding.com
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NUMERO
XXVI
Jérémy Plisson, FS nose pick, Bordeaux. Photo : Clément Le Gall
soma 30
Bram De Cleen, FS pivot fakie, Torcy. Photo : Tura
31 soma
Walid Mamine, BS stalefish, Moscou. Photo : Julien Mérour
soma 32
Gabriel Engleke, FS ollie to wallride, Cologne. Photo : Fabien Ponsero
33 soma
MAX GENIN
Creative Chaos
photo by Kevin Metallier
welcome to the team
www.propagandask8.com
Chris Pfanner, ollie, par-dessus les
deux rails, Copenhague
35 soma
Texte et photos par Jelle Keppens
DIARY
OF A
MADMAN
Avant toute chose, il faut que je
vous dise que lorsqu’on a posé
les dates de ce tour Volcom, il a
fallu que je sacrifie mon week-end
au Graspop, un festival de metal
auquel mes potes et moi nous
nous rendons, immanquablement,
depuis 6 ans. Ozzy Osbourne
faisait la tête d’affiche, et figurez-vous que je n’ai jamais vu le
Prince Of Darkness en live... En
plus de ça, j’allais rater également
le plus gros meeting de chopper
et de hot rods d’Europe. Vous
pouvez donc imaginer l’état de
dépression dans lequel je me trouvais au moment du départ. Mais
j’’étais loin d’imaginer que ce tour
allait devenir l’un des plus dingues
auquel j’ai participé…
soma 36
Alex Perelson, BS nosegrind qu’il refera le lendemain,
au calme, sans les pads... Copenhague.
Copenhague
Tout a débuté à Anglet où nous étions en réunion chez Volcom avec Christian
Vankelst et Roberto Aleman, vers la mi-juin. Ça ne faisait pas vraiment partie
du tour proprement dit, mais pour moi, chaque moment passé loin de chez
moi compte comme une partie du tour. Au bout de quelques jours, nous nous
sommes envolés pour Copenhague où Rune Glifberg fêtait ses 20 ans en tant
que skater pro, et aussi pour le CPH Pro. Notre crew sur place se composait de :
Rune, Grant Taylor, Raven Tershay, Pedro Barros, Alex Perelson, Chris Pfanner,
Roberto Aleman, Dennis Busenitz, Dustin Dollin, Jake Smith, Remy Stratton,
le filmeur Sue Young Choi et le sniper de chez Thrasher : Mike Burnett. Une
sacrée équipe, répartie dans différents appartements à travers la ville, pas facile
à regrouper, en effet certains de ses membres composaient également la troupe
des fêtards dirigée par le capitaine Dollin. Je pense que je ne me suis pas couché
avant 3h du matin pendant toute la semaine, mais vous savez sûrement déjà
tout puisque Burnett a tout raconté dans le Thrasher du mois dernier. Ah oui,
l’anniversaire de Dollin tombait justement pendant cette semaine, ce qui n’allait
rien arranger. Enfin, lui, si, ça l’arrangeait bien apparemment !
Malgré cela, ça skatait à fond pendant la journée et j’avoue que c’était assez fou d’être
témoin de tout ça. Car finalement, les journées étaient aussi incroyables que les nuits.
37 soma
Alex Cruysberghs, nose blunt slide, Prague.
Laissez-moi par exemple juste vous raconter un truc que que je n’oublierai jamais (à
part la victoire de Raven dans le bowl et la
seconde place de Dennis au CPH Pro). Le
premier soir du contest, au tout nouveau skatepark de Faeldenpark, tout le monde passait
joyeusement en mode soirée et commençait à
ressentir les effets des bières gratuites. Tout
le monde sauf Alex Perelson, qui était resté
tranquille pendant la session un peu plus tôt
et avait su éviter les canettes à l’œil. En revenant d’une petite pause “arrosage de buissons”‚ Je suis tombé sur lui, avec sa board,
son casque et ses protec’‚ visiblement prêt
à partir au front. Il m’a alors demandé si
j’avais mon appareil et si j’avais vu Choi. Alex
n’avait pas trop pu skater à cause du monde
durant la session, mais là il était visiblement
chaud pour skater le bowl… tout seul.
Le voir skater est une véritable expérience.
La nuit tombait quand Alex a commencé à
toucher le coping de la section over-vert et à
skater ça comme une mini-rampe. Au bout de
quelques minutes, la foule s’était à nouveau
amassée autour du bowl. Il était en train de
se passer un truc complètement incroyable
qui laissait tout le monde presque sans voix.
Bourré ou pas, je pense que l’on réalisait
tous qu’il se passait quelque chose de dingue
juste sous nos yeux. Un type, seul, était en
train de repousser les limites de la gravité.
Même Jake Phelps n’avait plus de mots pour
qualifier le BS smith grind, le BS lipslide
et le BS nose grind d’Alex dans l’over-vert.
Aujourd’hui, tout le monde a vu ces images
sur Youtube, mais je peux tout de même vous
apprendre quelque chose qui va vous achever.
Au lieu d’aller à la messe, Alex est revenu
faire tous ces tricks sans casque et sans protec dès le lendemain matin.
soma 38
Aaron Suski, BS 5-0, Prague.
MALINES
Dans l’espoir de respirer un peu, nous sommes partis
en Belgique juste après Copenhague. Cela nous permettait aussi de nous rapprocher de l’AmsterDamn
Am le week-end suivant. A ceux qui nous avaient
suivis, d’autres sont venus se greffer. Sur place, notre
team se composait maintenant de : Dustin Dollin,
David Gravette, Chris Pfanner, Axel Cruysberghs,
Nassim Guammaz, Fabian Verhaeghe, Peter Molec,
Jake Smith et Roberto Aleman. Après les avoir installés dans les chambres d’une vieille brasserie de
Malines, la ville où j’habite, tout le monde s’est rapidement senti comme à la maison, une Gouden Carolus (couronnée meilleure bière de l’année) à la main.
Se retrouver à domicile rend de suite les choses plus
faciles. C’est toujours le meilleur plan, surtout quand
vous êtes avec ce genre de types.
Tout le monde a continué à skater à fond, et Pfanner
et Dollin ont fait du gros. Mais vous ne le constaterez
39 soma
Collin Provost, ollie en passant le petit muret, le passage,
le rail et les marches... Berlin.
pas ici, puisque les photos sortiront plus tard
sous forme de pub Volcom. Désolé.
Durant cette semaine, il y avait une grosse fête
foraine en ville, et un soir où nous étions sortis
dîner, Axel et Nassim ont réussi à convaincre
Gravette de les accompagner dans l’une de ces
attractions qui vous font tourner dans tous les
sens à 20m du sol. Il a accepté même après tout
ce qu’il avait pu engloutir au resto. Vous l’aurez
deviné, il en est ressorti tout vert et s’est alors
mis à parler de “médicaments”… On a alors
passé quelques coups de fil à la recherche de ces
fameux “médicaments” et on a finelement pris
rendez-vous chez un skater local. Au moment
de frapper à la porte, j’ai laissé Gravette se débrouiller seul. Je vous laisse imaginer la tête du
type lorsqu’il a ouvert sa porte et s’est retrouvé
nez à nez avec le phénomène. Ce n’est pas tous
les jours que l’on reçoit une telle visite.
soma 40
Nassim Guammaz, crooked grind, Amsterdam
BERLIN
Après le contest à Amsterdam, nous avons pris la
route pour Berlin. Jake a alors pu tester les limites
de sa voiture de location : 217km/h. Nouveau record
personnel pour lui.
Notre équipe se composait désormais de : Gravette,
Dollin, Pfanner, Roberto, Molec, Nassim et Alex, avec
en plus Aaron Suski et Collin Provost, qui passera
pro juste après ce tour. A notre arrivée à Berlin,
j’ai dû partager ma chambre avec Dollin dans une
auberge de jeunesse, nous étions sept dans un dortoir.
Dustin m’a juste filé son sac et a aussitôt disparu
dans les rues de la capitale allemande.
Après quelques verres dans le bar situé en face de
notre auberge, je suis rentré, j’ai mis mes boules
Quiès et escaladé mon triple lit superposé. Aucun
Dollin en vue à cet instant, je pouvais enfin fermer
les yeux. Jusqu’à ce que Spawn arrive. Pour ceux qui
ne le sauraient pas, Spawn est l’alter-ego de Dustin
41 soma
Raven Tershay, bluntslide, Copenhague
Dollin. La pire chose qui puisse débarquer
dans votre chambre à 6 heures du matin.
Une fois tout le monde réveillé avec ses
conneries, Dustin a eu la grande idée de
brancher son Ipod, avec ses haut-parleurs
à fond bien sûr, juste pour essayer de
se faire un peu plus remarquer. Et s’il y
a bien un truc que je déteste, c’est que
l’on me réveille trop tôt, surtout lorsque
je me suis couché très tard ! Ça me rend
dingue ! Peu importe qui me réveille,
même ma copine n’oserait pas.
Tout le monde était donc réveillé mais
personne n’osait rien dire. J’attendais
une réaction de Suski mais les cocktails
ajoutés au décalage horaire avait eu raison de lui. J’ai donc pris le taureau par
les cornes. J’ai sauté du troisième étage
de mon lit pendant que Dollin faisait
un stage aux toilettes, j’ai débranché
son Ipod et l’ai caché sous mon oreiller.
Lorsque Spawn est revenu, constatant
que la musique avait été coupée, il jura
de défoncer celui qui avait fait le coup. Je
lui ai alors tout simplement dit que c’était
moi, et que pour le récupérer il allait
devoir me passer sur le corps. A 110 kilos
contre 60, il est rapidement allé se venger
sur les types de la chambre d’à côté, où il
a ”dormi” jusqu’à la fin de notre séjour.
Je crois qu’il n’a même pas dormi les deux
nuits suivantes, ce qui est assez dingue
pour moi qui après une nuit blanche tiens
à peine debout.
Mais Dollin n’est pas un mauvais gars,
il est toujours à vous payer des coups, à
négocier les entrées dans les bars/clubs
les plus improbables, à trouver un taxi ou
à vous refourguer des groupies en vous
présentant comme son meilleur pote. Dustin s’occupe toujours très bien de tous ces
détails !
soma 42
David Gravette, nosegrind
PRAGUE
Nous avons quitté Berlin sans Dollin, Gravette, Pfanner et Nassim. Alors
avec Molec et Choi, nous avons décidé de prendre le train pour Prague
et profiter un peu du paysage. Voyager dans ce vieux train tchèque est un
peu comme se retrouver plonger dans un film. Il parcourt des paysages
magnifiques en longeant des rivières et en traversant des vallées verdoyantes. Six heures d’un voyage inoubliable.
Alors que nous approchions de Prague, le reste de l’équipe nous a appelés pour nous dire qu’ils pouvaient passer nous prendre à la gare, mais
nous avons refusé, histoire de jouer les backpackers jusqu’au bout. Et
puis Molec avait passé assez de temps dans cette ville pour savoir s’orienter seul.
Prague est une ville incroyable. Le Hilton doit être le moins cher de
toute l’Europe. Jacuzzi, piscine, sauna, casino, massages et un petit
déjeuner comprenant tout ce dont on peut avoir envie. Je pense qu’après
quatre semaines de tour, on avait bien mérité ça ! Mais Prague peut aussi
être un piège à touristes, alors voilà mon conseil: ne mangez pas dans les
endroits évidents, cherchez les petits restos typiques, c’est toujours bon
43 soma
Peter Molec, switch FS kickflip
et pas cher. On s’en sortait pour à peine 50 euros à
dix, nourriture et boissons comprises. La vraie vie !
Niveau skate, avec Molec en bon local, on ne pouvait rêver de meilleurs spots. Et pour conclure ce
tour, on a eu droit à un bon hammer, une sorte
de festival avec un skatepark au milieu (donc pas
de transition entre le contest et les soirées) : la
fameuse Mystic Cup.
Le dernier soir, alors que j’attendais les autres dans
l’entrée de notre hôtel, j’ai commencé à discuter
avec deux Afro-américains. Ils m’ont demandé d’où
je venais et pourquoi j’étais à Prague. Eux venaient
de Los Angeles, et l’un deux affirmait qu’il était
justement en train de réaliser un documentaire
sur les skaters du ghetto. Vu que j’avais l’air de
connaître pas mal de monde, il m’a demandé si
j’avais en tête un skater qui pourrait être intéressant, pour avoir un point de vue européen. Mais la
principale raison de leur présence à Prague était
leur participation à un festival de Hip Hop. Je leur
ai avoué poliment que je ne connaissais pas grandchose au hip-hop et que je n’avais aucune idée de
qui ils pouvaient bien être. Celui qui réalisait le
documentaire se nommait Dub C, et apparemment,
il aurait inventé le Crib Walk, en plus d’être un
rappeur célèbre. Pas de quoi me faire réagir, mais
ils semblaient respecter le fait que je n’y connaissais rien au hip-hop. Alors il s’est mis à rapper
pour tenter d’éveiller quelque chose en moi, sans
succès. Finalement, il m’a présenté son pote qui
n’avait pas dit grand-chose jusque-là. Il s’appelait
Ice Cube.
Je suis ensuite allé faire la fête toute la nuit, avec
l’idée de revenir à l’hôtel juste à l’heure du petitdéjeuner. C’est ce que j’ai fait, avec je ne sais plus
trop qui. Et à peine étions-nous installés à notre
table, devinez qui est venu se joindre à nous ? keep
it gangster y’all ! Je verrai le Prince of Darkness
une autre fois !
soma 44
Pontus Alv, FS no comply 180
45 soma
Photos par Nils Svensson (sauf indiqué)
Texte par Fredd
PONTUS,
ROI DU POLAR
Après avoir roulé sa bosse dans le monde
du skateboard professionnel et après avoir
réalisé deux films sur « sa vie/son œuvre/
faites du béton les jeunes », Pontus Alv
se lance à corps perdu dans le business
avec Polar Skate Co, sa propre marque
de boards. Polar, comme le froid bien de
chez lui, en Suède, et comme sa tendance à
réagir de façon bipolaire à son environnement. Alors bien-sûr, j’en entends déjà qui
râlent dans le fond, car oui, c’est un peu du
publi-reportage cet article, c’est vrai, on
n’essaye même pas de s’en cacher, mais hé,
reconnaissez que tout ce que fait Pontus
vaut le coup d’y jeter un œil. Voici donc une
interview du patron en herbe et de trois de
ses disciples pour en savoir un peu plus sur
ce nouveau volet des trépidantes aventures
du roi de la truelle et des wallies.
soma 46
David Stenström, bodyjar
Pontus, lien to tail, Steppe Side.
47 soma
« JE VAIS FAIRE DE MON MIEUX POUR ÊTRE
UN BON ET HONNÊTE PATRON »
Pourquoi as-tu été si long à créer
ta marque de board ?
Pontus Alv : Oui, ça se met finalement en place après toutes ces années. Il a d’abord fallu que je fasse
ces deux films pour clore totalement
une période de ma vie. Les films sont
en quelque sorte le fondement de ce
qui se passe aujourd’hui. Ils montrent
ce que je suis, ce en quoi je crois et
quel type de skate me fait vibrer.
J’ai pensé à créer ma propre marque
depuis que j’ai quitté Cliché. Dès lors,
je n’ai cessé de tenter de créer une
alternative à la direction que prend le
skateboard aujourd’hui, parce que je
ne suis pas d’accord avec la tournure
que cela prend. Je ne peux pas rester les bras croisés à regarder notre
culture se faire enculer à sec par du
poison vert et toutes sortes d’autres
démons. Je veux défendre ce en quoi
je crois, je veux agir pour montrer
quelle est ma vision de ce qu’est la
culture skate et de ce qu’une marque
de skate peut être.
Alors, qu’est ce qui m’a pris autant
de temps ? Je souffre de perfectionnisme, j’ai ces grandes visions, ces
grandes idées, trop complexes à manipuler et à transformer en réalité.
J’en souffre depuis si longtemps et
rien ne se passe parce que j’ai peur
de mes propres idées. Je connais la
somme de travail et de dévouement
que cela représente pour arriver à
les concrétiser. Mais j’ai finalement
décidé de créer Polar Skate Co avec
l’idée que tout ne pourra pas être
parfait dès le départ, et je suis encore très loin de ce que je voudrais en
faire, mais comme on dit – Rome ne
s’est pas construite en un jour.
Est-ce que gérer ta société au
quotidien correspond avec ce que
tu avais imaginé ? As-tu eu de
mauvaises surprises au cours du
processus de création ?
Il y a des aspects de ce travail que
j’aime vraiment. Toute la partie créative, comme skater, filmer, faire des
photos, travailler sur les graphismes,
bosser avec les magazines, faire les
pubs, les illustrations, etc. Tout cela
est génial et super drôle à faire. Mal-
heureusement cela ne représente
qu’une toute petite partie du travail.
La plupart du temps, je suis assis à
mon bureau à répondre à des emails,
a essayer de créer un réseau de distribution, trouver les meilleures usines
pour produire au meilleur prix. Appeler des magasins qui n’ont aucune
idée de qui je suis et de ce que je fais,
essayer de leur expliquer et me faire
remballer quand même. Donc la plupart du temps, je suis coincé à faire
des choses qui ne m’amusent pas du
tout, mais j’espère que dans l’avenir,
je pourrais me permettre d’avoir un
génie de la vente et de la production
qui pourra gérer ce genre de choses.
Oh, et la partie facturation est un
autre cauchemar… Mais encore une
fois, Rome ne s’est pas construite en
un jour…
Je travaille dur, je m’investis à 100%
dans Polar – j’y mets toute mon énergie, toute ma passion. Je le fais avec
tout mon cœur parce que je sais que
c’est le seul moyen pour que cela
fonctionne. Pour réaliser ses rêves
il faut savoir tout donner. Je ne suis
plus tout jeune et je n’ai pas le temps
de m’asseoir dans un bar pour fixer
un verre de bière vide en me demandant ce que je vais faire de ma vie.
J’ai perdu trop de temps comme ça.
J’ai surmonté certaines de mes peurs
et maintenant je vais essayer de réaliser ce rêve.
course à l’argent facile. J’en voulais
toujours plus, pour m’acheter encore
plus de choses inutiles. J’ai finalement
réussi à me libérer de ce genre de
marques, je suis rentré à Malmö, j’ai
retrouvé mes racines et j’ai commencé
à me « reprogrammer », me redéfinir,
réorganiser mes idées. J’ai fait deux
films sur ce processus de reconstruction et me voilà aujourd’hui tentant
de donner vie à ma propre marque de
skateboard et me sentant comme un
gosse à nouveau.
Qu’est-ce que ça fait d’être son
propre patron ?
Étant donné que j’ai skaté pour pas
mal de marques différentes, j’ai eu
beaucoup de bonnes et de mauvaises
expériences à ce sujet. Je vais vraiment faire de mon mieux pour être
un bon et honnête patron. Être
proche de mon team, de nos amis,
nos partenaires, qu’ils se sentent à
l’aise, les faire rires et essayer de
passer le meilleur moment possible
sans pression ou stress inutile. Une
chose qui me plaît particulièrement
c’est d’impliquer le plus possible les
riders et les amis. J’ai vraiment envie
d’écouter leurs idées et leurs visions
et tenter de les intégrer autant que
possible. Mais toutes les idées ne sont
pas bonnes à prendre. Non, nous ne
feront pas de boards avec des femmes
en string dessus, même si un rider/
partenaire pense que ce serait une
bonne idée, que ça se vendrait bien.
Parce que ça marcherait certainement mais ce n’est pas sur ce chemin
que nous nous sommes engagés.
Les full pipes sur la photo du petit Oskar, ce sont bien ceux qu’il
y a juste à côté du skatepark de
Malmö ?
Est-ce que tu regrettes certaines
des choses que tu as pu faire
quand tu skatais pour d’autres
marques ?
J’ai skaté pour des marques dans lesquelles je ne me reconnaissais pas. Une
voix me disait « putain Pontus, pourquoi est-ce que tu skates pour ça ?».
Mais j’étais guidé par la cupidité et la
Oui. Nos bureaux sont dans cette
zone de grande sécurité, juste à
côté du skatepark de Malmö. Ils y
construisaient des gros pétroliers à
l’époque, mais le secteur s’est écroulé
à la fin des années 70. Mon grand
père était ingénieur, il dessinait ces
gros tankers, c’est marrant d’avoir
mon bureau dans les mêmes bâtiments aujourd’hui. Maintenant ils
soma 48
fabriquent des éoliennes ici, les pipes
sont des sections des poteaux géants
sur lesquels sont posées les turbines.
Les skateurs passent devant ces pipes
depuis des années sans jamais avoir
pu y toucher. Il y a toutes sortes de
pipes, des super bien, des pas mal,
et des complètement pourris. Maintenant que nos bureaux sont ici, on
peut venir les skater le dimanche. On
a juste à sortir du bureau et se choisir un pipe, ou n’importe quel objet
métallique à skater.
J’adore cette zone, j’ai toujours voulu y pénétrer, mais c’était impossible
et aujourd’hui, j’ai la clef… C’est
important d’être dans un bon environnement pour faire du bon boulot.
Là, on peut dire qu’on a trouvé le bon
spot pour rester inspirés.
Parle-nous du team, qui sont-ils ?
Pourquoi eux ?
Il y a donc moi, Hjalte Halberg de
Copenhague, Michal Juras de Varsovie, Tjark Thielker de Berlin, les
petits champions de la courbe David
Stenström (Stockholm) et Oskar
Rozenberg, de Malmö et enfin Jacob
Ovgren qui en plus d’être rider et
artiste est un véritable personnage.
C’est le team officiel. Ils sont dans le
team parce que ce sont mes potes et
qu’ils sont vraiment cool. Et bien sûr
parce qu’ils sont tous des skaters intéressants. Ce sont ceux qui auront le
soutien complet, mais je n’ai pas dans
l’idée de créer une espèce de super
team d’élite. On se veut sur le même
niveau que tous les skateurs autour
du monde. Par exemple, dans nos
vidéos, je veux que ce soit comme ça
l’a toujours été : que ce soit à propos
des gens que nous rencontrons, des
gars avec qui l’on skate et à propos des
choses qu’on fait ensemble. Cela ne
changera pas. Je veux aussi que Polar
Skate Co soit une plateforme pour
tous les gens qui aiment les choses
qu’on aime, comme les constructions
DIY, la réalisation de films, la photo,
le dessin, pour ne citer que quelques
champs d’action. Notre motivation est
d’inspirer les autres à être inspirés.
49 soma
Quels sont les projets ?
On commence tout juste notre
voyage, on a toute la vie devant
nous… On veut faire des tas de trucs
cool comme produire en masse des
« happy/sad shoes » (les chaussures
avec un sourire et une grimace)… Hé
hé, non, ça, ça n’arrivera pas, rassurez vous. On doit faire un site web
dans un futur proche, mais notre premier vrai gros projet est la vidéo Polar. On skate et on filme un maximum
en ce moment, mais l’hiver est déjà
là pour stopper tout ça… C’est tous
les ans la même chose, on commence
à être en forme et la neige arrive…
J’ai vu des photos du spot que
vous avez « arrangé » à Helsinki
dernièrement, quand est-ce que
vous venez en France, on a deux
ou trois spots à bricoler nous
aussi…
On commence par « réparer » les
spots autour du Pole Nord puis on
descendra lentement vers le Sud. Si
je regarde mon plan marketing, je
pense qu’on sera en France autour
de 2031. L’autoroute de speedbumps
de Malmö à Paris va prendre un peu
de temps à construire, et quelques
sacs de ciment aussi, mais on viendra en France tôt ou tard. « Viva la
France », j’aime votre pays, mais il
faut vraiment qu’ils améliorent les
cours d’anglais à l’école...
Hjalte Halberg,
kickflip
Oskar Rozenberg, aka
Little Oski, FS ollie devant
le bureau
soma 50
David,
blindside ollie
to fakie sur
les ruines de
Steppe Side,
première version
David Stenström
Quand est-ce que tu as
entendu parler de Pontus
pour la première fois ?
DS : J’ai vu Strongest Of The
Strange une fois, je ne savais
pas vraiment qui il était. La
première fois que je l’ai rencontré, c’était aux « Lucia
Classics » en 2008, (un
contest Suédois) il m’a dit que
j’avais un chouette bonnet.
Est-ce que tu as dû te
mettre à poil pour rentrer
dans le team ?
Personne ne le saura jamais.
Quelle est la pire et la
meilleure chose quand on a
Pontus comme patron ?
La meilleure c’est qu’il a la
sagesse d’un vieux sorcier. La
pire, c’est qu’il m’accuse parfois de choses que je n’ai pas
faites.
Est-ce que tu dois savoir
utiliser une truelle pour
skater pour Polar ?
Je n’en ai pratiquement
jamais touché, une fois peutêtre ?
51 soma
Michal, ollie, Varsovie. Photo : Kuba Bączkowski
Tjark, boardslide, Malmö. Photo Hendrik herzmann
TJARK THIELKER
Quand est-ce que tu as
entendu parler de Pontus
pour la première fois ?
TT : Je ne sais plus exactement, mais je pense que
c’était en 2002/2003. Il y a
eu cette pub Carhartt dans ce
magazine allemand « Boardstein », sur laquelle il y avait
une photo de Pontus et Vincent Gootzen assis sur un
canapé portant des T-shirts
et rien d’autre… Ha ha !
Est-ce que tu as dû te
mettre à poil pour rentrer
dans le team ?
Oui, et j’espère que personne
ne verra les images parce
qu’il faisait vraiment froid…
Quelle est la pire et la
meilleure chose quand
on a Pontus comme pa-
tron ?
La meilleure chose c’est la
motivation qu’il apporte à
la session et la pire, c’est la
partie du bouquin que je n’ai
pas encore lue… On verra.
Est-ce que tu dois savoir
utiliser une truelle pour
skater pour Polar ?
MICHAL JURAS
Quand est-ce que tu as Comment as-tu fini dans
entendu parler de Pontus In Search Of The Miracupour la première fois ?
lous ?
MJ : Quand la première vidéo est sortie (Strongest of
the Strange), j’ai été choqué
par l’intro (Pontus à poil).
Est-ce que tu as dû te
mettre à poil pour rentrer
dans le team ?
Ha ha ha, non !
Quelle est la pire et la
meilleure chose quand
on a Pontus comme patron ?
Je filmais depuis un moment
avec un filmeur polonais,
Kuba. Ils sont potes avec
Pontus. Puis je l’ai rencontré
sur un trip Nike à Malmö. Il
est ensuite venu à Varsovie
et il a filmé quelques tricks.
Finalement je suis retourné
à Malmö et j’ai filmé plus de
trucs. Je n’oublierai jamais
le filming de «ISOTM »,
tant de bons souvenirs…
Bien-sûr, c’était inscrit au
paragraphe 23 du contrat de
100 pages que j’ai dû signer.
Tu penses que le fait de
vivre dans une ville où il
peut faire si froid comme
Berlin, t’a aidé à être
choisi par Polar ?
Oui, et c’est sûrement le seul
point positif aux hivers berlinois. L’hiver à Berlin n’a rien
de drôle. Je n’en ai connu
qu’un pour l’instant, mais je
ne suis pas pressé de connaître
le deuxième… Au revoir l’été,
tu vas me manquer !
La pire c’est qu’il n’habite
pas en Pologne et la meilleure c’est que quand il fait
quelque chose, il ne le fait
jamais à moitié.
soma 52
Jérémie Daclin, pivot fakie
Photos par Sam Ashley
Texte par Fredd
53 soma
É
CLICHE
IN THE
U.K.
Au printemps dernier, les
gars de chez Cliché sont
partis renforcer la cohésion de leur groupe au
cours d’un séminaire en
Angleterre et en Ecosse.
Une pratique devenue
indispensable à toute entreprise désireuse de rester dans la course face à
une concurrence toujours
plus féroce.
É
Le principe du séminaire est très simple,
on se met au vert quelques jours pour apprendre
à mieux se connaître et on laisse l’alchimie se produire. Dans les années 80, en pleine ère Tapie, le
gros truc en matière de séminaires, c’était le saut
à l’élastique. Très bon révélateur de personnalité
et du degré d’implication dans l’entreprise. Cela
jouait sur des notions telles que le dépassement
de soi, la prise de risque, mais aussi, car tout
le monde, employés comme patrons, doit faire
face au mêmes défis, des notions d’entraide et de
solidarité… Idéal pour cimenter les liens au sein
d’une équipe, lever les appréhensions et au final,
accroître l’efficacité. Le séminaire d’entreprise est
devenu en quelques années un outil essentiel pour
manager. Aujourd’hui, sauter d’un pont accroché
à un élastique est un peu dépassé, on va plutôt passer un wee-kend dans des
cabanes en forêt, ou faire des courses d’orientation. Les cours de cuisine avec
des grands chefs étoilés sont assez bien côtés également... De vrais moments de
détente certes, mais pas des vacances ! Sous leurs airs décontractés, ces déplacements doivent rester professionnels et c’est là tout l’enjeu. « Le plus difficile c’est
de mettre en place un bon équilibre entre boulot et fun. Si le lieu est adapté, si les
activités plaisent à tout le monde et si le timing est respecté, alors ces colloques
sont réussis », explique Pierre Bichelot, directeur d’une agence organisatrice de
conventions et séminaires sur mesure. Car un séminaire représente avant tout
55 soma
Flo Mirtain, BS tailslide avant qu’un local ne
passe à l’eau en essayant de l’imiter...
Javier Mendizabal, la classe,
comme d’hab’ ! BS ollie.
Ne cherchez pas le manual dans cette séquence, il n’y en
a pas ! Joey Brezinski, BS powerslide flip fakie.
É
un investissement dont les employeurs
espèrent tirer un bénéfice à long terme.
Le séminaire doit révéler les talents et
réveiller les motivations. C’est dans cette optique que chez Cliché, ils ont décidé
d’allier plaisir et travail en allant d’une part répandre la bonne parole dans les
skateshops et skateparks de Grande-Bretagne, et d’autre part, prendre du bon
temps en équipe. On appelle ça le « team building », et dans le cas qui nous
intéresse ici, cela consiste surtout, il faut bien le dire, à se faire des barbecues
sur le parking du skatepark et boire des bières après la session et ça, non seulement ça vaut tous les sauts en élastique du monde, mais je ne suis pas sûr que
les spécialistes de l’organisation de séminaires vous le proposent déjà. À n’en
pas douter, ce sont des visionnaires chez Cliché.
Oui, bon, visionnaires, j’exagère peut-être un peu, parce qu’ils n’ont rien inventé
non plus, c’est plus ou moins comme ça que ça se passe, depuis toujours, dans
toutes les bonnes crèmeries. Le barbec’ et la bière, c’est pas forcément glorieux,
mais c’est quasiment les fondements de notre « culture ». Tout ce bla-bla sur les
séminaires pour parler d’un classique tour de skate alors ? Et bien détrompez-vous.
Il n’était pas si classique que ça finalement, ce tour. Parce que ça s’est un peu perdu
les vrais tours avec des démos et des passages dans les shops. Ça se fait toujours
57 soma
Charles Collet craquait un peu avec le Hip Hop
dans le van... Kickflip d’une bosse à l’autre. Ne
cherchez pas le footage, il a été perdu...
Sur ce spot, un flic est venu les virer en s’excusant de faire un boulot de merde...
John Tanner, BS smith.
Lucas Puig, BS 180 fakie 5-0 shove it out. « It’s all about the fun ! »
59 soma
É
beaucoup aux U.S., mais en Europe, avec la crise, les Américains
viennent de moins en moins, et faut pas trop compter sur les
marques européennes pour faire des tours à l’Américaine, avec
démo et tout le tintouin. Heureusement donc qu’ils sont là, les
Cliché, parce que quand on est jeune, c’est important les démos.
C’est pourquoi ils avaient sorti la grosse artillerie : Lucas Puig, Charles Collet, Sammy Winter, Javier Mendizabal, Joey Brezinski, Flo Mirtain, leur Anglais de service :
John Tanner et le p’tit jeune de la bande : Jérémie Daclin. Ils ont dû en prendre plein
la vue les jeunes. Je me souviens très bien de la première démo que j’ai vue, quand
j’étais gamin. Je me souviens de chaque pro présent, de chaque trick, de la couleur
de leurs T-shirts et s’il y en a un qui avait le malheur d’avoir la crève ce jour-là et donc
de skater moyennement bien, ou pire, sans sourire, il était catalogué à vie comme un
gros con qui ne vaut rien. Ce sont des souvenirs qui restent gravés à jamais alors il
faut faire attention. Y’avait déjà Jérémie Daclin d’ailleurs à cette démo, il n’avait pas
la crève ce jour-là et il skatait mieux que les Américains… Maintenant que j’y pense,
il ne doit pas être si jeune que ça en fait.
Bon, ce coup-ci vous en êtes persuadés, je n’étais pas sur ce tour et je ne fais
donc que broder avec le peu que je sais. Vous n’êtes pas si cons finalement. Normalement, Charles devait faire le texte, mais je lui ai demandé tellement tard
que j’ai dû m’y coller moi-même. C’est pas très pro de ma part, je le reconnais.
Mais il y a un clip sur l’internet où l’on peut voir qu’ils n’ont pas fait qu’enfiler
des perles et lancer des fléchettes sur des cibles. Tapez « Bullseye tour, cliché » et
PAF ! Vous verrez que ça a skaté sévère pendant ces deux semaines, notamment
Charles d’ailleurs, mais il n’a pas eu de bol avec le filmeur qui lui a perdu la moitié de ses footages. C’est pas bien grave en même temps, ce qui comptait vraiment sur ce tour, c’était de resserrer les liens et projeter les ressources humaines
de l’entreprise dans l’avenir, l’action et l’optimisme. Et oui, la prochaine fois, on
demandera un peu plus tôt à Charles de faire un texte…
Un cours de philo de Bastien Duverdier
et des photos de Kévin Métallier
61 soma
SATURÉ
EN GRÈCE
Revenant tout
juste de Grèce, j’ai
encore du mal à
croire que le pays
est sur le point de
mettre la clé sous
la porte. Mais
c’est tendance de
dire « putain c’est
la crise ! » alors
que personne n’y
comprend rien à
la bourse, au CAC
40, aux agences de
notation et à tout
le reste. Ce qui
est sûr, c’est qu’on
n’a pas besoin de
connaître les théorèmes économiques
pour manger des
tartines de féta,
danser le sirtaki et
tremper ses fesses
dans une mer bleuturquoise.
soma 62
John Gekopoulos, FS 50-50
THESSALONIKI
Si vous avez pris l’option «ère gréco-romaine» pendant vos longues études, vous allez être servi,
parce que figurez-vous que nous aussi. L’aire Gréco-Romaine, on l’a trouvée en empruntant la
rocade nord, au kilomètre 66. On y trouve, entre autres, des sandwiches triangle sans conservateur et avec double ration de fêta. Un délice.
Thessaloniki possède aussi de nombreux vestiges historiques, sans que cela n’ait empêché
l’évolution de la ville. Il n’est donc pas rare de croiser de plus ou moins grandes fosses en plein
centre-ville où des archéologues déterrent des bâtisses à la petite cuillère. Et au train où ça va,
il y a bien un émir du Qatar ou d’ailleurs qui va finir par arriver avec ses gros sabots, poser une
grosse valise de biftons et racheter tout ça pour en faire des boîtes de nuit ou des casinos. En
tout cas, c’est pas Maxime Génin qui l’en empêcherait, lui qui nourrit ses matinées de poker en
ligne !
LA CREPA
La Crepa est une sorte de crêpe bretonne géante, plus épaisse, où tu peux mettre tout ce dont tu as
envie à l’intérieur. Même avec 10 ingrédients différents, le cuistot arrive toujours à la fermer avec
une technique infaillible de pliage. On s’en est goinfré, même Hugo Maillard, pourtant breton de
souche, a fini par se rendre à l’évidence. Oubliez cependant celle au Nutella pour éviter l’overdose
de chocolat ou la mort assurée pour le plus robuste des diabétiques.
LE 6EME SENS GREC
Comme dans 99% des villes (a part peut être à Venise), Thessaloniki possède des parkings
et d’ailleurs, le plus souvent, ils sont pleins... Enfin, à première vue car le grec dispose d’un
sixième sens à ondes magnétiques, comme nos amis les dauphins. Le Grec parvient à voir des
places de parking invisibles d’un non-grec (ou d’un non-dauphin). En gros, lorsque le Grec
déboule dans un parking dit « plein », son subconscient l’envoie se garer juste derrière une
voiture déjà en place, puis le Grec se met à écrire « Salut, si tu veux que je bouge ma caisse
appelle au 0655421586 » sur un papier qu’il cale sous l’essuie-glace. Une technique praticable
en France, sous condition d’utilisation**.
MAX GENIN
Haris, le boss de Propaganda et accessoirement un gars fort sympathique, nous a conduis
sur tout les spots du coin. Un matin, on est allés sur trois spots, et il n’y en avait pas un qui
faisait moins de 13 marches… Alors pour une personne normalement constituée, cela met
un méchant coup de pression et de belles auréoles sous les bras. Mais si tu t’appelles Maxime
Genin (pour qui tenir en équilibre sur des rampes d’escalier est plus associé aux notions de
détente, loisirs, vacances, plutôt qu’à celles de danger, fracture ou claquage de tête sur béton)
ça te fout méchamment la motive !
**Forfait « fourrière » obligatoire
63 soma
Hugo Maillard, kickflip nose tap revert
LES INDIGNES-A-CHIEN
Vous connaissez forcement le nouveau mouvement des jeunesses européennes et américaines, qui manifestent pour un monde
meilleur en plantant des tentes Quechua
en centre-ville. Ils ne savent pas vraiment
contre qui ni quoi ils s’indignent, mais cela
reste tout de même très honorable d’organiser un mouvement protestataire anarchique
à l’échelle d’un continent. Malheureusement
une catégorie encore plus anti-sociale et
contestataire est venue en masse se greffer
à la manifestation : les punks-à-chien. Vous
savez ces résistants modernes, fagotés dans
du surplus militaire qui n’ont pas trouvé
meilleur outil de rébellion que de boire
des litres d’alcool entourés d’une meute
de dobermans en guise de tapis de sol. Ils
étaient là, sur la place de Thessalonique,
fidèles à leurs convictions, c’est à dire ultradèfoncés à 15h sous 40° à l’ombre, avec
probablement plus un seul neurone indigné,
mais toujours le piercing sur la visière de
leur casquette.
soma 64
Maxime Génin, kickflip
Au cas où, à ce moment-là, vous seriez éventuellement équipé d’une casquette
New Era flambant neuve avec la visière bien droite et l’autocollant brillant,
accompagné de votre homie Brandon Biebel, croyez-moi c’est pas le moment
d’aller trinquer un godet avec eux.
PUTAIN C’EST LA CRISE !
Avant de trouver une voiture de location, on a dû faire 3 concessionnaires.
Dans un premier temps, on demandait s’ils louaient bien des voitures ; là ils
répondaient «oui», et puis on rétorquait : «parfait, on va en prendre une».
Alors certes, ils étaient bien loueurs de voitures, sauf que des voitures, ils
n’en avaient plus… Une quantité inimaginable de magasins, en Grèce, se sont
totalement vidés depuis la fameuse crise, et n’ont jamais été re-remplis. Le
meilleur endroit pour amener sa copine faire du shopping en ce moment !
65 soma
Max, FS nose blunt
LES PETITS PLAISIRS AUTOROUTIERS
En revenant de Rama, nous étions sur l’autoroute avec la voiture que nous avait
gentiment prêté le père d’Haris. On somnolait tous plus ou moins jusqu’au moment où l’on a croisé une première voiture en marche arrière sur la bande d’arrêt
d’urgence, puis une deuxième, et plein d’autres ! Analyse faite, elles se dirigeaient
vers la sortie la plus proche pour éviter un énorme bouchon. Sur le papier, c’est
moins dangereux de faire carrément demi-tour, mais c’est vrai que c’est pas très
homologué de se retrouver à contre-sens. Donc on a fait pareil. On s’est retrouvé
derrière un camion du service autoroutier et comme un cadeau des Dieux, celui-ci
a bifurqué dans une entrée de service juste après l’embouteillage de l’enfer. Nous
l’avons suivi, et nous étions de nouveau tout schuss sur l’autoroute, en plaçant au
passage une belle quenelle aux centaines de bagnoles encore bloquées, dont celle
de notre pote Haris qui rentra 3h plus tard. soma 66
Bastien Duverdier, BS nose grind
VALATOURI
Avant, tous les bars étaient au bord de la
mer. Et puis avec la hausse des loyers, un
jour, quelqu’un a décidé de déguerpir pour un
aller au centre-ville, plus populaire, appelé
Valatouri. Il faut toujours qu’il y en ait un qui
emboîte le pas pour que le reste du troupeau
suive : depuis, tous les autres bars ont fini par
déménager là-bas. Aujourd’hui, Valatouri est
un quartier complètement désert la journée et
noir de monde la nuit, où chaque bar cherche
le moyen de couvrir le volume sonore de celui
d’à côté. Mon mojito se mélangeait tout seul au
67 soma
Maxime Génin, FS lipslide
son des basses, aidé par une samba à droite et de la hard-tech à gauche, si fort que
l’on entendait même plus le son de sa propre voix. Auparavant, sur la croisette,
les bars étaient régis par une règle limitant leur volume sonore afin d’éviter de
brutaliser les retraités ou les gosses de riches vivant dans les immeubles alentour.
Mais cette règle n’a pas déménagé à Valatouri ; plus personne n’y vit, et tous les
appartements ont des panneaux « À VENDRE » pendu aux balcons. J’ai envie de
vous répondre «logique» : tout le monde se fout que les pauvres ne puissent plus
dormir. Vu qu’ils n’ont pas d’argent, ils ne sont pas dangereux et c’est toujours une
bonne raison pour les repousser le plus loin possible du centre-ville...
Bastien remercie Haris, Nikos,
John et Valentino-Crepa.
soma 68
Aurélien Giraud, FS rock n’roll
69 soma
Texte et photos par Loïc Benoît
BUILD AND
DESTROY
Ce qui suit est l’histoire d’une construction
en béton et de sa démolition, le tout dans la
même semaine. Cela ne laisse que quelques
maigres demi-journées pour skater un peu et
produire des images. Une aventure prenant
place dans la banlieue verte de Lyon, avec
une équipe de motivés du cru. Je ne citerai
pas ici le nom de la société qui nous a gracieusement accordé un budget afin d’acheter
(et non voler) les parpaings et le mortier
nécessaire à la construction de cet ouvrage
hors-la-loi. Une plainte accompagnée d’un
procès en « bonne et due forme » planant
toujours au-dessus de nos têtes, je tiens à la
laisser en dehors de cela.
Malgré le rocambolesque de la situation à
venir, tout ce qui est raconté ici est vrai.
J’espère d’ailleurs que cet article se fraiera
un chemin jusqu’à monsieur le Maire de
Rillieux-la-pape, afin qu’il comprenne un peu
mieux notre démarche.
soma 70
Tout commence par la découverte de cet
immense bassin vide dans le parc d’un
vieux château (démoli depuis longtemps),
le tout sans franchir la moindre grille ou
le moindre mur. Vous vous doutez bien
que nous nous sommes vite sentis comme
chez nous ! Loin de tout rapport avec la loi
et quelque contrainte que ce soit. Après
avoir skaté ce bassin, apparemment façonné avec le même rayon que les bassins de
la Tour Eiffel, nous nous sommes vite mis
en tête de le bricoler à notre façon. En
cette fin d’été 2011, nos rêves d’extensions se sont vus exhaussés quand une
fameuse marque de chaussures gaufrées
nous proposa de financer la customisation d’un spot en béton en vue de faire
quelques images pour le lancement d’une
chaussure « en partenariat » avec une fameuse marque de roues de SF. C’est donc
début septembre que quelques motivés
de la région accompagnés d’un Anglais,
un Bayonnais et un gars du sud se sont
retrouvés dans le bassin, armés de pelles,
de balais et de truelles.
Le premier jour fut surtout consacré au
nettoyage et à l’achat de tous les éléments
71 soma
nécessaires à la construction : pain, fromage, tomates, binouzes, 110 parpaings,
une bonne dizaine de sacs de mortier, de
la colle à carrelage…
Le deuxième jour, les choses sérieuses démarrent : l’idée est de faire une longue extension de différents niveaux tout au long
d’un corner, mais aussi de faire un curb
en béton posé sur une pseudo plateforme
en terre d’un pseudo hip. Ça va ? Vous
suivez ? Nous récupérons très vite une
belle barre jaune que nous cimentons sans
tarder sur le haut d’une courbe. Le chantier bat son plein, nous sommes une bonne
dizaine à nous activer sur les différents
ateliers : construction du curb, fixation
de flat bar dans les arbres, montage de
l’extension niveau par niveau, la renforçant en perçant la courbe afin d’y enfiler
des tiges en acier… La petite équipe de
novices se débrouille plutôt pas mal et le
spot commence à prendre un autre visage.
Les lignes encore imaginaires fusent dans
nos esprits. Tout à coup, deux mamans
sorties de nulle part viennent nous questionner, pour essayer de comprendre ce
que nous sommes en train de faire. Elles
Kris Vile, ollie
viennent du lotissement d’à côté, nous
leur expliquons notre démarche, elles
nous font part de leurs inquiétudes quant
aux nuisances sonores, nous essayons de
les rassurer en leur expliquant que nous
n’avions aucunement l’intention de déranger qui que ce soit. Nous leur proposons
même d’initier leurs bambins aux joies
du ciment ou du skate. Une sympathique
rencontre qui se termine par de cordiaux
au revoir.
Nous reprenons notre besogne, le générateur tourne à plein régime, la perceuse
perce, nos mains fabriquent du béton sans
relâche… Nous avançons plutôt bien, mais
la nuit tombe alors nous commençons à
ranger le spot et l’apéro de fin de journée
prend place, quand soudain, deux policiers municipaux sortent des bois, comme
ça, par enchantement. Un petit contrôle
d’identité messieurs ? Mais bien sûr. Ces
messieurs en profitent pour nous rappeler nos droits et ainsi nous annoncer que
nous sommes des hors-la-loi construisant
« un édifice » en béton sur un lieu public
(terrain appartenant à la mairie) le tout
sans permis… On nous explique alors que
nous risquons une plainte de la mairie,
et toujours selon eux, un procès et une
lourde amende que « même le plus riche
d’entre vous ne pourra pas payer »… Nous
voilà donc comblés, mais ce n’est pas
fini. La soirée « forces de l’ordre » commence réellement quand l’un des agents
trouve par terre un petit sachet en plastique comprenant de quoi rouler quelques
joints… Du pain béni pour ces messieurs,
et le festival peut commencer. Nos bons
policiers municipaux se voient dans l’obligation d’appeler la vraie police, celle avec
des pistolets et des chiens. Dix minutes
plus tard nous voilà face à neuf agents et
un chien (pour info, de notre côté, nous
étions dix). Un peu démesuré dites-vous ?
Pensez donc… Tout est fait en double,
deux contrôles d’identité, deux fouilles,
double annonce « on fait venir le chien »
(mais en vain), s’en suit la vérification des
deux voitures, des triangles de sécurité,
le gilet fluo et j’en passe ! Les flics (pardonnez-moi l’expression), qui comptent
parmi eux, quelques « flèches » mais
aussi quelques êtres sensés, nous parlent
de tout, de leur « normalité des choses »
qu’ils estiment évidente et obligatoire…
Bastien Marlin,
smith stall
soma 72
Ils nous obligent aussi à retirer toutes
les tiges d’acier dépassant de l’extension
en construction afin de ne pas blesser les
bambins qui jouent dans le bois à deux
heures du matin (« Gaaaamin ! Viens là
gamin ! »). Nous comprenons alors que
nous nous sommes fait « balancer » par
nos deux copines des maisons Bouygues
à côté, les mamans sympa, cool non ?
Nous sommes donc là, face à neuf super héros à répondre à leurs questions
et écouter leurs remontrances pendant
deux bonnes heures. S’en suivra, en
guise de bouquet final, une visite au
poste pour quatre (ou cinq, je sais plus)
d’entre nous, pour défaut de présentation de pièce d’identité.Ces derniers
rejoindront leur foyer vers minuit…
Le lendemain, au lieu de commencer la
journée par notre visite quotidienne au supermarché local, nous nous sommes rendus directement à la Mairie accompagnés
d’un pote, « Papy », un local de l’étape,
un habitué du bal du coin, qui cotoie donc
occasionnellement monsieur le Maire.
Nous passons très rapidement pour des
fous à l’accueil, notre présence a l’air de
73 soma
gêner un peu. Six hooligans demandant
à voir Monsieur le Maire, ça fait tâche.
À ma grande surprise, notre culot s’avère
payant et une adjointe du Maire prend
le temps de me recevoir accompagné de
« Papy » afin de parler de « l’ édifice ».
L’entretien durera une heure, à l’issue de
laquelle je rédige une sorte de décharge
de responsabilité. Mais rien n’est encore
joué. Ce soir-là, vers 18h30, le Maire
m’appelle enfin pour nous accorder le
droit de continuer notre projet, mais aussi
pour nous faire promettre de le détruire
dès le lundi suivant. L’adjointe m’avait dit
que Monsieur le Maire nous appellerait
avant 19h, il l’a fait et nous lui en sommes
reconnaissants.
Le jeudi, nous n’avions donc plus de temps
à perdre. Nous avons abrégé certains de
nos projets, utilisé de la colle à carrelage
au lieu du mortier et nous avons commencé à filmer quelques lignes sur les parties
non customisées du spot. Le vendredi, le
spot était plus ou moins prêt, pas totalement sec, mais tant pis ! La police municipale est même venue nous rendre visite,
et du coup, a cautionné nos activités dites
Sam Partaix, FS nose grind
Popi, tree ride to fakie
« fun ». Cette dernière journée ensoleillée de la semaine fut riche en tricks,
il fallait être efficaces, nous savions que
le spot était désormais éphémère. On a
donc tout donné et le samedi fut donc
un peu plus « mou », heureusement que
le petit Aurélien a rejoint l’équipe des
maçons du cœur, accompagné de sa
maman, et qu’il a défoncé le spot !
Le lundi, je vous le donne en mille,
alors que j’étais sous la couette avec
la maladie qui pointait le bout de son
nez, la « dame de la Mairie » m’appelle
pour me dire : « allez hop hop hop
au boulot ». Je lui demande un sursis
mais aussi un entretien avec le Maire
en vue de lui montrer que notre « édifice » n’était pas si méchant et essayer
de le faire perdurer pour les jeunes du
quartier et ainsi créer une bonne dynamique autour du skate. La « dame de la
mairie » m’invite à lui écrire un mail,
chose faite dans les dix minutes qui
ont suivi. J’ai eu une réponse le jeudi
par téléphone et le vendredi matin par
mail, me demandant de tout détruire
pour le vendredi 16h00 ! On avait
perdu… On est donc revenus avec mon
pote Rémi, armés d’une masse pour
tout péter à contre-cœur. Au grand
regret de la mairie et du cher voisinage
nous n’avons pas nettoyé leurs déchets
qui s’amoncèlent depuis des années
dans ce bassin transformé en décharge
locale. Et ce sera donc la morale de
notre histoire, ce bassin aurait pu devenir un chouette endroit pour les jeunes
du coin, pour y pratiquer une activité
saine et créative, mais grâce à la bienveillance du voisinage et de la police
municipale et nationale, ce bassin est
redevenue une décharge sauvage et dégueulasse. Tout rentre dans l’ordre…
soma 74
LE QCM
Texte et photos par Pepas Suligoj
(sauf indiqué)
GEORGES
AGONKOUIN
- Question personnalité :
Qui suis-je ?
Skater niçois, connu entre
autres pour mon sourire, mes
résultats en contest et mes
nollies heel nose slide, je viens
de filmer pour la vidéo DC
France, je suis, je suis…
(suspense insoutenable)
Georges Agonkouin, bravo !
Oh ! détendez-vous, la réponse
était juste au-dessus. Et puis,
ce n’est pas Question Pour Un
Champion mais le QCM de
Soma, alors bon…
75 soma
Tré flip nose slide.
soma 76
LE QCM
Qui est Georges Agonkouin ?
□ Un célibataire qui aime bien voyager en Suède…
□٦Un Niçois supporter de l’AS Monaco !
□ Un skateboarder français plus ou moins professionnel…
□ Un type d’un mètre 90 environ et qui chausse du 47.
(du 46,5 et qui aime le skate !)
Que t’a apporté le fait d’être Champion de France 2007 ?
□ Pas grand-chose, à part une ligne en plus sur mon CV.
□ La gloire, l’argent, tout ça quoi…
□ Rien, mais ma mère était fière de moi !
□ Autre : un titre, a aide pour etre ŽcoutŽ par certains Žlus, qu’ils ne nous
٦
prennent pas tous pour des anarchistes fumeurs de... au moins, ils ne feront plus de
terrain de golf ˆ la place de skateparks ! On attend d’ailleurs une skate plaza, ˆ
Nice...
□٦ Trop de gars en slim
□ Trop de bédo
□ Trop d’égo
□ Trop de powerslides
Quel est le problème du skate français ?
٦
Que dirais-tu au sujet de ta part’ dans la vidéo DC France ?
٦
□ Ca aura été long et difficile, mais ça valait le coup de se jeter…
□ Attendez de voir celle de Julien Béchet…
□ Je suis satisfait, mais j’aurai bien repoussé encore la dead-line
□ J’ai besoin de vacances, là !
□ Autre : ma motivation premire est un hommage ˆ des personnes autour de moi
parties prŽcipitamment : ma grand-mre, Kristian Bomholt, Elsa Cropt, Christophe
BŽtille, Erik Abrahmson. Ensuite, une vidŽo DC France, c’est une bonne opportunitŽ,
j’ai donnŽ le max et tout le monde conna”t les alŽas d’une vidŽo, trouver un spot
pour chaque trick, blessures, mauvais temps, police et gardiens de sŽcuritŽ... Mais je
suis quand mme content, je pense que c’est le but.
Au sujet de Nice…
□ J’ai fait le tour, là…
□٦La mer, le soleil, que demander de plus ?
□ Ca vaut pas Marseille !
□ Tant que je voyage, je ne m’en lasse pas.
Et Barcelone ?
٦
□ Jamais plus de 6 mois par an !
□ Tout ou presque a été fait, maintenant, faut passer à autre chose !
□ Dès que je trouve un appart’, je fonce !
□ J’ai un peu de mal avec les Catalans, ou peut-être c’est eux qui ont du mal
avec moi…
77 soma
BS tail slide.
soma 78
FS 180°. Photo : Julien Deniau
79 soma
LE QCM
Qu’est-ce qui te fait faire autant de contests ?
٦
□ Si tu veux vivre du skate en France, t’es obligé…
□ Les sponsors, ça leur parle…
□ Pas les juges, c’est sûr !
□ L’ambiance est bonne et ça m’amuse. mais je n’en fais plus trop, a fait un
moment qu’on n’a plus de park dans la rŽgion...
S’il y avait la Street League en France, qui verrais-tu pour jouer le rôle
de Dyrdek ?
٦
□ Seb Daurel mme si on n’a pas vraiment d’Žquivalent en France. Hello ˆ Seb !
□ Marc Haziza
□ MDV
□ Vincent Bressol
□ Autre :
Au sujet du nollie heel flip nose slide…
٦
□ C’est mon fond de commerce !
□ Tant qu’il y aura des ledges en descente…
□ On m’a dit qu’il fallait que j’arrête...
□ Je suis passé au tré flip nose slide, maintenant !
□ Autre : on perd souvent plein de tricks quand on ne les fait pas souvent, je pense
le garder assez longtemps, et j’aime bien la sensation... Je sais faire plein de tricks
en curb et en hubba et le trŽ-flip nose je l’avais perdu puis repris.
Pourquoi portes-tu un casque audio sur toutes les photos ?
□ J’ai besoin de musique pour me balarguer !
□ Je sais, c’est pas terrible, mais j’ai un contrat...
□٦Bon ok, je mettrai juste des petits écouteurs dans les oreilles, la prochaine fois
□ C’était ça ou un bandeau Pull In sur la tête !
□ Autre : toutes les photos ont ŽtŽ faites la mme semaine, et je venais de recevoir
mon Uprock, c’est bien quand je suis seul ˆ rider, et les petits Žcouteurs ne tiennent
pas dans mes petites oreilles. Et puis on a encore le droit de faire ce qu’on veut, non !
Comment tu vois ton avenir ?
٦
□ Pourquoi pas bosser dans le skate comme team-manager ou un truc dans le genre…
□ On en reparle après la fin du monde !
□ Je monterai bien une marque de board ou de roues…
□ Je reprendrai bien les études…
□ Autre :
Au sujet de ce QCM…
٦
٦
□ C’est déjà fini ?
□ J’espère que personne ne le lira !
□ Vous m’avez bien fait marrer !
□ “Action speaks louder than words”
soma 80
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VANS
SHOP
RIOT
Texte et photos
par Vincent Coupeau
En 2010, le Vans
Shop Riot débarque en
France, à Chelles, ville
magnifique, puisque
c’est là que j’habite.
Pour cette deuxième
année, le Vans Shop
Riot 2011 s’est étendu
à toute l’Europe : 11
étapes, une par pays
sélectionné. Pourquoi
est-ce qu’Il n’y en
avait pas 27 ?
Je n’en sais rien.
Chaque pays a donc envoyé son équipe de choc
à la grande «manif’ des
magasins» du 8 Octobre. Pour la France,
c’est Nozbone (Paris)
qui avait été élu grand
champion le week-end
précédent, de justesse
face à Wallstreet (Lyon)
avec un enfant qui
faisait 540 en courbe,
quand même ! Comme je suis un peu chauvin, je me dois de
préciser que les gaillards de Nozbone (Grégoire Cuadrado, Akim Chérif et Rémy Taveira) ont vraiment bien skaté, rebondi sur les
murs, glissé sur les rails, fait des combinaisons étonnantes… avant de se faire éliminer
en quart de finale. Malgré cette élimination
précoce, on a quand-même eu du beau spectacle tout au long de la journée. Il y avait du
niveau, ça faisait longtemps, on était tous
d’accord là-dessus.
Voici ce que j’ai retenu : que les Israëliens
sont vraiment motivés (Israël c’est en Europe ?) ; que les Finlandais ont du style ; que
les Allemands ont beaucoup d’humour ; que
les Espagnols ont une nouvelle fois montré
qu’ils sont super doués, même si question
look ils sont restés bloqués dans les années
90 ; que les Polonais sont dans la place, si si,
et que les Italiens ont tendance à se casser
facilement des trucs…
Mais tout ça n’a pas suffi pour aller jusqu’en
finale où l’on retrouve l’équipe belge de Zumiez (composée d’Axel Cruysberghs, Fabian
Verhaeghe, et Kevin Tshala) qui a envoyé des
runs vraiment parfaits, mais vraiment similaires toute la journée. Alors il y’en a qui
adorent mais perso, moi bof ! C’est comme
regarder la même vidéo toute la journée, bon,
fallait voir la vidéo quand même, le Axel c’est
pas étonnant qu’il gagne tous les contests
en ce moment. Et Fabian Verhaeghe c’est
un sacré bonhomme aussi, pas le dernier à
s’envoyer baldinguer…
Comme dirait
Rob Smith,
« les garçons ne
pleurent pas ».
FS wall bash.
(Si vous ne
voyez pas le
rapport, c’est
qu’on est
vraiment des
vieux cons...)
Oli Tyreman, BS boneless. (Désolé,
j’ai épuisé mon stock de légendes
hilarantes, là...)
Comme c’est
écrit à droite
sur la photo,
Fabian
Verhaeghe,
se met un bon
vol, avant de
se poser en
nose-blunt.
(Si vous trouvez
ça drôle, c’est
que vous êtes
aussi con que
nous !)
Cette finale, ça faisait un peu
les «sages» contre les «hooligans». En face, les Anglais de
BlackSheep (Manchester), qui
ont vraiment fait le show. Assez
cinglés comme types. Et même si
dans un contest plus technique,
ou plus classique (et rasoir à
mon goût) ils auraient sûrement
perdu, cette fois-ci ça a fait la
différence. L’équipe comptait :
Edward Belvedere, un chouette
barbu qui skate un peu de tout ;
Nicolas Stanfield, le «techos»
de la bande ; Oliver Tyreman,
la fashion victime en boneless
back sur le grand wall ; et Rob
Smith, l’homme qui a vraiment
défoncé toutes les courbes du
park. Je ne vais pas faire la liste
de tous les tricks qui sont tombés, si vous n’étiez pas là cette
année vous avez vraiment raté
quelque chose !
BlackSheep sort donc vainqueur, et c’est mérité. Pour
le consoler, Axel fût nommé
homme de la journée (et ils
feraient mieux de l’élire homme
de l’année direct vu son palmarès)… Allez, j’arrête là… Salut
les techos !
vincent touzery – tailslide heelflip out
alex hermann – benoît renaux – francky eyoum
jonathan jean-philippe – paul denaux – joseph biais – yann garin
thomas renaux – benjamin delaboulaye
64 RUE ST HONORÉ – 01 40 41 98 69 – métro louvre rivoli/ les halles
www.starcowskate.com
87 soma
soma 88
EN VRAC
LE ZARKA
DU MOIS
Les bouquins de Zarka sont les meilleurs pour plusieurs raisons. La première, c’est que ça parle toujours de
skateboard. La deuxième, c’est que
ça ne parle pas uniquement de skateboard. Ça transpose cet objet à première vue pas très compliqué dans un
autre contexte, parfois vachement plus
compliqué, sans que ça ne le devienne,
compliqué. Alors ça nous conforte
dans l’idée que le skate est la meilleure
chose du monde parce que c’est vachement moins con que ça en a l’air. La
troisième raison, c’est que ça s’adresse aussi bien aux initiés qu’aux
simples curieux. En gros, si vos parents se demandent encore pourquoi vous persistez dans un truc qui vous ramène chaque jour des
croutes sur les genoux, faites-leur lire les bouquins de Zarka (y’en a
trois). Ils finiront par comprendre. La quatrième raison c’est que ça
fait toujours bien de lire un livre, dans le bus ou le métro, ça donne
l’assurance du type cultivé, ou du moins, qui se cultive, et en plus ça
fait passer le temps.
Celui-ci explore le lien avec l’architecture, l’aspect scientifique du
skate, les courbes, la gravité, tout un tas de choses ‘naturelles’ pour
un skateur mais qui s’expliquent par les lois de la physique ou des
mathématiques. Qu’est-ce qui différencie un plan incliné d’une
courbe, par exemple ? Pourquoi est-ce qu’il est impossible de carver
dans un fullpipe ?
Achetez ce bouquin les yeux fermés, prenez-en même plusieurs, que
vous offrirez à vos proches pour Noël, vous ne serez pas déçu ! - DT
LES TRICKS PAS
RENTRÉS (SUITE)
Dany Hamard, crooked transfer, Soma #5
L’excuse du photographe, Clément Le Gall :
« À l’époque j’étais encore en école de photo,
je courrais un peu plus après les parutions
que maintenant, on va dire... Je venais tout
juste d’investir dans des flashs et vu que je
ne faisais que de l’argentique, je ratais les
trois-quarts des photos. Quand j’ai développé
la péllicule et vu le résultat, j’étais vraiment
content de moi, au point d’en oublier que le
trick n’était pas vraiment validé. Dany m’en a
voulu aussi, mais bon... Faute avouée à moitié
pardonnée, non ? »
Free ride, skateboard, mécanique galiléenne et formes simples
de Raphaël Zarka, publié aux éditions B42. 19 euros
LE DOCUMENTAIRE
PHOTOGRAPHIQUE
Une fois que vous aurez lu le bouquin de Zarka, en ces froides journées
d’hiver, on vous conseillera Format Perspective, un documentaire sur la photographie de skate à travers l’oeil de 6 photographes reconnus en tant que
tel : Richard Gilligan, Alex Irvine, Stuart Robinso, Bertrand Trichet, Nils
Svensson et Sergej Vutuc. On vous a parlé du film dans le #24, qui a tardé
à sortir, mais ça valait le coup d’attendre. En plus
du DVD, vous aurez maintenant droit à un bouquin d’une centaine de pages présentant les
photos que l’on peut également voir dans le
doc. Un bouquin + un DVD : deux objets
distincts qui pourtant sont complèmentaires. A visionner, à feuilleter,
à lire... En espèrant que ça vous
donne envie d’aller faire des
images, de l’un ou l’autre
côté de l’objectif... - DT
Format Perspective
de Phil Evans, 35 euros le livre + le DVD (port compris)
ou 13 euros uniquement le DVD (port compris)
www.formatperspective.com
89 soma
LES
CHIFFRES
1053
Le nombre de kilomètres effectués
lors de la première étape du Tour
Sans Fin.
8,6
La largeur, en pouces, de la board
Rekiem/Soma.
Disponible à la vente uniquement sur
www.rekiem-skateboards.com
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Romain Queste
Guillaume Cazin
Sam Vroman
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Matthieu Souplet
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www.snowbeach.com /
EN VRAC
LES PAVÉS HOLLANDAIS
Marcel Veldman est le type qui fait Fluff, le magazine
hollandais à parution irrégulière. On vous a déjà parlé de lui dans Soma #15, souvenez-vous, il venait de
sortir le plus gros livre jamais paru sur le skateboard,
avec Nike SB. Si vous ne voyez pas de quoi je parle,
je vous laisse le soin d’aller remettre la main sur ce
numéro ou d’aller vous renseigner sur internet. Si si,
allez, c’est important de savoir ce qui se fait, et par
qui, dans notre petit monde... Vous constaterez très
vite que c’est à peu près toujours les mêmes... Et Marcel, c’est un bon. Même qu’il a fait ollie sur les trois
blocs de Macba, l’autre fois, à 38 ans. Le truc qui fout
bien la pression à tous les ‘photographes de skate’. Les
types comme moi, en gros...
Enfin bref, Marcel vient de sortir son nouveau Fluff
(#19) qui cette fois sera distribué dans toute l’Europe,
via Sole Technology (en clair, si votre shop local vend
du Etnies, Emerica, Es ou Altamont,
il y a des chances pour que ça
arrive par chez vous, enfin, en
France, on n’est jamais sûr
de rien...). Un nouveau
pavé de 200 pages,
avec une interview
Fluff #19
de Youness Amrani,
15 euros
un road-trip en Thailande, une tournée Perus, une
autre Supra, des tas de photos de soirées arrosées et
de filles à moitié déshabillées...
C’est son truc, à Marcel, les photos de soirée. Mais pas
le genre de photos où tout le monde est content de poser
face à l’objectif, Marcel va plutôt chercher les moments
où l’on est pas forcément dans son meilleur état, fouiner dans les recoins où c’est parfois trop suintant pour
s’y aventurer... Voilà le genre de clichés qu’il a compilé
dans son bouquin Roll Models, midnight to six, pris
plus ou moins entre minuit et 6 heures du matin, dans
les soirées « jetskate » européennes. On y reconnaitra
quelques grands noms du skate dans divers états, parfois
aux côtés de créatures envoutantes, ou quelques détails
insolites qui l’auront marqué ce soir-là...
Un bouquin et un nouveau Fluff pour Marcel. Et vous,
cher ami photographe de skate, vous avez fait quoi
cette année ? - DT
Roll Models, midnight to six
de Marcel Veldman,
éditions Vanderbooks,
500 exemplaires numérotés,
20 euros
www.marcelveldman.com
LE DOCUMENTAIRE
DE OUF
Don’t go there, they’ll burn your car, they’ll beat you up,
they’ll make you skate.
C’est sur ces quelques mots qui donnent le ton que s’ouvre
ce documentaire incroyable. Skatopia est né en 1995 de
l’imagination de Brewce Martin, un bowlrider fou d’une quarantaine d’années qui a racheté une vieille ferme au fin fond
de l’Ohio pour y construire son paradis : bowl avec cradle,
fullpipe, pool énorme et sûrement la plus belle collection de
boards au monde... tout y est.
Ce film, sélectionné dans de nombreux festivals, nous fait
suivre pendant une heure et demie quelques mois de la vie
de Skatopia, de Brewce (et de sa famille qui vit là aussi), des
locaux qui y habitent à l’année et des visiteurs de passage.
Entre sessions interminables, beuveries innombrables, destructions de voitures à la hache, construction d’un nouveau
bowl en quelques jours avant le Bowl Bash, l’énorme festival annuel où l’on peut aussi bien croiser Tony Hawk que
Duane Peters ou Dustin Dollin ; le tout est agrémenté de
tonnes d’images d’archive de 1988 à 2006 et de bonus
sans fin. À voir absolument, même si « le bowl c’est pour
les vieux ! » - Bernard Jallet
Skatopia,
88 acres of anarchy
en anglais sans sous-titres,
25 euros environ avec le port
www.skatopiathemovie.com
91 soma
EN VRAC
Alex Perelson. Séquence : Jelle Keppens
<
L’AUTO PROMO
Si, comme nous,
l’hiver, il vous arrive
de vous attacher une
board sous les pieds
pour descendre des
montagnes, alors peutêtre qu’Opium, le magazine de snowboard
annuel que l’on fait à
côté de Soma, pourra
vous intéresser. Même
format, même papier,
gratuit, dispo dans
les bons snowboardshops. - DT
OPIUM #2
dispo le 10 décembre 2011
ancien numéro dispo sur :
www.opiumsnow.com
93 soma
<
<
<
<
<
<
<
LE NOSE GRIND DE L’ANNéE
On hésite parfois entre la photo ‘single’ et la séquence.
Le plus souvent, on finit par se mettre d’accord sur l’un
ou l’autre, avec Fred, mais il arrive qu’on finisse par se
taper dessus à coup de smileys sur Skype pour qu’au final on décide de mettre les deux. Comme vous pouvez le
constater, c’est ce qu’il s’est passé ici. La ‘single’ est dans
l’article de la tournée Volcom, et voici la séquence. C’est
le seul endroit qu’on a trouvé. Mais bon, la dernière page
(de contenu) du mag, c’est un peu comme la dernière part’
dans les vidéos, non ? Non, effectivement... Mais quandmême, ce trick vaut son pesant d’or, il aurait même mérité
une double page, enfin, si on n’avait pas mis la single. Ah,
c’est compliqué... De toute façon, c’est pas vos histoires
tout ça, de quoi vous vous mêlez, d’abord ? C’est quoi ces
gens qui viennent fouiner, là ? Vous voulez pas non-plus
qu’on vous dise ce qu’il y aura dans le prochain numéro,
hein ? T’façon, on sait même pas ! Allez, bonne soirée,
nous, on s’casse ! - DT
« Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît. »
- Lino Ventura dans Les Tontons Flingueurs
Bastien DUverdier, nosepick stalefish
Malines - Photo : Davy Van Laere

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