Numéro trente-et-un / Dinosaures et skatologie

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Numéro trente-et-un / Dinosaures et skatologie
Numéro trente-et-un / Dinosaures et skatologie
The Pro Classics series includes the classic Vans shoes you know and love but updated and upgraded to meet the demanding
requirements of the Vans pro team. Available exclusively where boards are sold, Vans Pro Classics last longer and provide
the extra support and cushioning today’s skateboarders, like Nassim, need. See the full list of features at skate.vans.com
©2012 VANS, INC. PHOTO: JELLE KEPPENS
Nassim Guammaz
nose blunt
SKATEBOARDING
GASTÓN FRANCISCO PHOTO
NUMERO 31
Directeur de la publication Fred Demard [[email protected]]
Rédaction en chef David Turakiewicz [[email protected]] & Fred Demard Publicité David
Turakiewicz [[email protected]] assisté de Thomas « Zeb » Busuttil [thomas@somaskate.
com] Mise en page Tura Secrétaire de rédaction Valéry Blin Photographes Alex Pires
/ Khalid Chhiba / Johan Verstappen / Kab / Fabien Ponsero / Loïc Benoît / Yoann Kim /
Jelle Keppens / Guillaume Périmony / Nohan Ferreira / Manuel Schenck / Cédric Crouzy /
Guillaume Ducreux / Fred Ferand / Damien Marzocca / Paul Labadie
Soma est édité par Les éditions du garage SARL
13, rue de l’Isère 38000 Grenoble
[email protected]
ISSN : 1959-2450
Imprimé en France. Toute reproduction, même partielle, publication, édition,
ou sous n’importe quelle autre forme est interdite sous peine de nous voir
débarquer au milieu de la nuit la gueule enfarinée mais décidés à vous péter la
vôtre, ou éventuellement d’un procès en bonne et due forme qui vous coutera
aussi cher qu’une séance de chirurgie réparatrice.
Merci à pas mal de gens et en particulier Maxime Verret pour le coup de main,
ainsi que monsieur Yannosh.
Liste de diffusion, informations, anciens numéros, vidéos, commentaires
désabusés, publicités et autres blogueries... Tout est sur
www.somaskate.com
6 soma
Yann Garin ollie one foot, Paris
Photo par Alex Pires
SOMMAIRE
PAGE 10 - L’intro
Objectif lune.
PAGE 14 - Le jeune
Le coeur brisé par la Bones Brigade, il errait
dans les étroites ruelles de la vieille ville...
PAGE 16 - Le vieux
PAGE 52 - French Old School
Skate Jam
Comment dit-on « décathlon », en anglais ?
27 ou 37, c’est du pareil au même.
PAGE 20 - L’matos
Des chaussettes avec un pistolet dessus,
un caleçon avec des biscottes, un cube en
mousse marseillais, une bouteille d’alcool
tchèque... Vous êtes refaits.
PAGE 28 - Shut up and singles
La photo d’Eniz fait un peu tâche, au milieu
de toute cette grisaille.
PAGE 36 - In search of the
Mirapontus
Barcelone et Badalone en été, faut oublier,
C’est du côté de Malmö et Copenhague que
ça se passe, maintenant.
8 PAGE 46 - Le Vans Downtown
Showdown à Amsterdam
soma
Séphane « Toxic » Guillaume FS ollie,
Paris. Photo par Khalid Chhiba
Le rendez-vous annuel qui effraye les jeunes.
A juste titre.
PAGE 56 - Le Tour Sans Fin
« Into the wild »
De Bordeaux à Lyon, en passant par la lune.
PAGE 68 - Shut up and
sequences
Un crook BS lip, un switch heel sur un
double set et flip FS air sur un hip. Ou pas.
PAGE 78 - Le CPH Pro de ouf
Tintin Marzocca à la compète de skate.
PAGE 82 - Steve Caballero
C’est un putain de compétiteur en fait, le mec.
PAGE 86 - J Mascis
J Mascis VS Valéry Blin, ambiance
grosse déconne.
PAGE 88 - Le Vrac
Encore du Dinosaur Jr, des bouquins pour
continuer de faire intello et même du Koston.
INTRO
The bright side
of the moon
Une route de campagne qui n’en finit plus,
de chouettes paysages qui défilent, Pink Floyd dans l’poste,
les copains à côté et derrière, les boards et les tentes dans
le coffre. On se dit que c’est un beau pays quand même…
Malgré tout.
Mais bon, c’est quand qu’on arrive ? On traverse
des villages, de beaux villages, pittoresques à souhait, mais
sans intérêt immédiat. Les Limousines nous regardent passer en broutant l’herbe grasse et en se fichant royalement
qu’on se perde, la forêt ne donne définitivement pas envie
de tomber en panne, puis soudain un immense barrage
nous fait espérer qu’on y est bientôt. Mais la route continue
de s’enfoncer toujours plus loin. On commence à perdre
espoir, puis on tombe presque par hasard sur la paillote qui
abrite le bar/buvette dont on nous avait parlé. On prend
un café qu’on n’a pas volé et on apprend que le patron est
savoyard, ça vous fait une belle jambe, mais nous, ça nous
parle… Puis on saute dans le petit train « promène touristes » qui nous fait traverser la passerelle, et ce coup-ci,
on y est, sur l’île de Vassivière avec son centre international
d’art contemporain.
Le p’tit train s’arrête, on traverse un dernier
champ à pieds et on aperçoit enfin la surface de la lune.
Otro, sculpture skatable en béton phosphorescent et à l’as10 soma
Morgan Fabvre pivot fakie
Photo par Paul Labadie
pect lunaire, commande publique du ministère de la culture
et de la communication et de la région Limousin. Pourquoi
pas ? Si c’est nos impôts qui payent en plus, on aurait tort
de se priver. On droppe enfin, et instantanément on se déteste, parce que ce truc est horriblement dur à skater, parce
qu’on se rend compte que nos capacités d’adaptation en
milieu lunaire sont limitées. Le craddle est particulièrement
traître. Puis on finit par comprendre un peu, juste un peu,
le soleil se couche et tout s’éclaire, comme par magie. C’est
toujours aussi dur à skater, mais totalement génial. Un petit
pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité…
Oui, bon, faut pas exagérer non plus, mais
allez y faire un tour pour vos prochaines vacances avec
vos super potes et vot’ batmobile, vous nous en direz des
nouvelles. - FD
« Otro » est une oeuvre d’art réalisée par
Koo Jeong A, visible et skatable sur l’île
du lac de Vassivière, à cheval entre la
Creuse et la Haute-Vienne.
NICK TRAPASSO
ALL STAR
TRACTION
RUBBER
SOCKLINER
ABRASION
RESISTANT
SUEDE
THE TRAPASSO PRO II
ENGINEERED FOR
DESTRUCTION
i n s ta g r a m : @ s u p r a f o o t w e a r
s u p r a f o ot w e a r . c o m
erik ellington: frontside flip
the e lli ngton
dedicated to the pursuit of perfection in skateboarding
LE JEUNE
Max
Renaud
50-50 tout du long, à Rueil-Malmaison (92)
Photos par Johan Verstappen
14 soma
Age : 16 ans
Lieu de naissance : Suresnes (92)
Lieu de résidence actuel : St Germain
en Laye (78)
Années de skate : 5
Skateur de référence : Leo Romero
Vidéo de référence : La Element
« Future Nature »
Première board : Mon cousin anglais
m’avait filé une vieille board de son garage,
je connais pas la marque, ça devait être le
Décathlon anglais.
Où seras-tu et que feras-tu dans 15
ans ? Je me vois soit en France, soit en
Amérique, et je skaterai après le taf.
Sponsors : PW skateshop, Qhuit
We A c t i vi st B EN N Y FA I R FA X
S H OT AT S O U T H B A N K , L O ND O N
B Y G I OVA N N I R ED A
FOR MORE ON THIS
S UP ERLATIVE S PA CE
w es c . c om
LE VIEUX
Hedi
Hamdi
Nose pick à Bagnolet (93)
Photos par Kab
16 soma
Age : 27 ans ! Non, 37 !
Lieu de naissance : L’Isle Adam (95)
Lieu de résidence actuel : St Jean d’Aults (73)
Années de skate : J’ai commencé vers 12 ans avec un
skateboard pourri… Sérieusement vers 16 ans. 17 ans,
peut-être même.
Skateurs de référence : Je sais pas, j’en n’ai pas
vraiment. Plus les gens avec qui je skate, mes potes Jon,
Steph et tous les gars du zoo !
Vidéos de référence : La SOP Posse ! Je n’ai pas vu
toutes les vidéos, mais The End m’a marqué. Ou la
« Lick » de H-Street.
Première board : Je crois qu’on m’avait filé une
Lucero. Ensuite j’ai acheté une Jeff Kendall, Santa Cruz.
Où étais-tu et que faisais-tu il y a 15 ans ?
J’habitais encore à Parmain (95) et je crois que je
terminais mes études de prothésiste dentaire…
JOE GAVIN - KICKFLIP • PHOTO: SAM ASHLEY
–
ERIK ELLINgTON / LIzaRD KINg / TERRy KENNEDy / TOM pENNy / WINDSOR JaMES
SpENCER HaMILTON / bOO JOHNSON / KEvIN ROMaR / DaNE vaugHN / CHEWy CaNNON
–
KR3WDENIM.COM
–
KEVIN ROMAR
–
K-SLIM CHINOS
DISTORTION FLEECE
–
L’matos
1 Un marcel VANS/Skateboarder Mag pour laisser dépasser les tatouages
2 une board SKATE MENTAL jaune, rouge, bleue et blanche (et noire) en 8 pouces
3 une chaussure NIKE SKATEBOARDING Challenge Court pour jouer au tennis en
skate / 4 une casquette VOLCOM avec un élastique tout autour / 5 un sac à dos DC
pouvant contenir aussi bien des livres et cahiers qu’un sac de couchage et une petite
tente / 6 un caleçon CLEPTOMANICX en taille M (‘tention ça taille grand)
7 un cube en mousse «Marseille» gagné à la fête foraine l’autre jour
8 une chaussure SUPRA Cuban utilisable avec ou sans lacet / 9 un pantalon de type
Chino de chez MATIX / 10 la planche de Peter Watkins de chez BLACK LABEL en
8,5 pouces / 11 une chaussure droite CIRCA, pro-model de David Gravette
12 une paire de chaussettes SAVATE en coton / 13 une chaussure VANSSkateboarder Magazine à l’ancienne / 14 une chaussure droite GRAVIS bleu-marine.
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20 soma
Anchor products only available at select retailers.
Disponible en exclusivite chez Circle, Nozbone, Official et Zeropolis.
BIEBEL / JOHNSON / MARIANO / CARROLL / HOWARD / WELSH / ALVAREZ / GILLET / BRADY / JENSEN
FERNANDEZ / TERSHY / ESPINOZA / HAWK / WALKER / PEREZ / lakai.com / [email protected]
1 une casquette THE QUIET LIFE pour l’hiver / 2 une chaussure droite DC Mikey
Taylor tout ce qu’il y a de sobre / 3 une board Trauma prête pour le futur en 8,1
pouces / 4 une chaussure OSIRIS Chino low blanche comme neige / 5 un sac photo
de beau-gosse de chez GRAVIS / 6 une cassette vidéo «apprendre le skateboard»,
qui comme son nom l’indique, est faite pour apprendre le skateboard / 7 une board
PALACE en bois d’arbre et en 8 pouces de large / 8 une chemise VOLCOM avec
quelques lettres imprimées dessus / 9 un bonnet CHEELAX à l’envers / 10 une
chaussure droite CONVERSE Ka-one vulc simple et efficace / 11 deux chaussettes
SAVATE fabriquées en France / 12 un briquet / 13 une chaussure LAKAI Pico XLK
piquée à Akim Chérif pour le shooting / 14 une petite bouteille d’alcool fort rapportée
de République Tchèque dont le contenu est douteux / 15 un t-shirt VOLCOM avec
une photo de notre pote Jelle Keppens imprimée dessus.
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lucas
puig
ollie
lucas pro
www.adidas.com/skateboarding
© 2012 adidas america, inc. adidas, the trefoil logo and the 3-stripes mark are registered trademarks of the adidas group.
dylan rieder / gravisskateboarding.com
dylan
WWW.
SOMA
S K AT E
.COM
(sur l’ordinateur)
Charles Collet BS smith, Lyon
Photo par Fabien Ponsero
28 soma
numéro
XXXI
soma 29
Eniz Fazliov FS blunt, Mallorca
Photo par Jelle Keppens
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Idris Jani switch flip, Paris
Photo par Guillaume Périmony
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Nicolas Eustache ollie, Thomery
Photo par Nohan Ferreira
soma 33
Victor Pellegrin crooked grind à Umag (Croatie)
Photo par Loïc Benoît
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36 soma
IN SEARCH OF
THE
PONTUS
Converse France
par Tura
à Malmö
En vérité, on ne l’a pas cherché, Pontus. On avait son numéro
de téléphone, il était même prévenu qu’on arrivait, mais le
titre sonnait bien. Et une fois sur place, je peux vous dire
que ça n’a pas pris longtemps pour qu’on l’appelle. Quand je
dis « on », c’est Paul Grund, Kévin Rodrigues, Rémy Taveira,
Luidgi Gaydu (team manager), Ludovic Azémar (pour la
vidéo), et moi (pour le plaisir). Ça peut paraître évident
comme ça, mais c’est toujours important d’avoir une bonne
équipe pour voyager. Y’en avait bien un qui passait son temps
à ronchonner et essayer de faire croire qu’il était cool, mais
bon, vu que c’était moi, je n’ai pas eu à me plaindre.
soma 37
Kevin Rodrigues
wallride tirette
Wallride, oh yeah oh yeah
oh yeah
Tout a commencé lors de notre première
session à TBS, quand un “ Wall ride ! Oh yeah
oh yeah oh yeah ! ” fut entonné, probablement
par Pontus, et instantanément repris par
l’ensemble du groupe. Si vous ne voyez pas ce
dont il s’agit, je vous invite à aller visionner
immédiatement la «Polar promo» sur Youtube.
Chaque session s’accompagnait ainsi de cette
mélodie comme signe de ralliement et d’hommage à notre guide suprême. Pontus nous a
raconté que pendant un mois après la sortie de
cette petite vidéo, tous les skateurs de la ville
s’étaient mis à siffloter ça, parfois jusqu’au bar
pour commander une pinte. Un truc du genre :
«Une bière, oh yeah oh yeah oh yeah !».
38 soma
Paul Grund
alley oop BS flip
TBS
soma 39
Kevin Rodrigues
step hop
Malmeu
Ça se prononce comme ça (ö = eu), donc à l’avenir, que je ne vous entende
plus dire «Malmo». Ça va vous paraître dingue, pourtant ça n’a rien d’incroyable : on y est allés en train. TGV jusqu’à Cologne et puis train de nuit
jusqu’à Copenhague (après, c’est 20 minutes jusqu’en Suède). Sur place,
deux chambres en auberge de jeunesse nous attendaient. La différence avec
un hôtel, c’est que la salle de bain est la même pour toutes les chambres et
qu’on dispose d’une cuisine, qu’on ne s’est pas privés d’utiliser.
Autant d’un point de vue légal que de celui des habitants, le skate à Malmö
est plus que toléré. La municipalité a compris le skate, le tourisme que
ça génère, et l’importance d’avoir des bons skateparks tout en laissant la
pratique dans la rue libre. Et il est rare de se faire jeter d’un spot par des
petits vieux qui n’ont rien d’autre à faire... Un style radicalement différent de
Barcelone, mais qui pourrait presque permettre à la ville de postuler pour le
titre de Mecque du skateboard #2.
Située tout au sud du pays, à 600 kilomètres de Stockholm, la ville posséderait, en toute logique, le climat le moins rude. M’enfin, ça reste la Scandinavie quand-même. L’hiver, c’est au skatepark de Briggeriet et nulle part
ailleurs que ça se passe.
Malmö est également la capitale de la délinquance en Suède. Une statistique
à laquelle les nombreux touristes-planchistes étrangers doivent largement
contribuer. Parce qu’ils n’ont pas l’air bien méchant, les mecs de Malmö...
40 soma
Paul Grund
Ollie
Le système B
Contrairement à notre beau pays la France où nos concitoyens
peuvent s’adonner aux joies de l’alcoolisme sans aucune restriction, la Suède a décidé que les boissons alcoolisées au delà de
3,5° ne pourraient être vendues que dans ses magasins d’Etat,
délicatement nommés “Systembolaget”. Impossible donc de
s’acheter une bonne vieille bouteille de rouge ou une sale 8-6
après 18h ou le week-end, en dehors des bars bien entendu.
Pour les habitués de la petite canette du soir, ce détail aura eu
le mérite de leur faire prendre conscience que l’on pouvait aussi
faire sans, et que tout se passait aussi bien. Cela dit, le sujet
revenait souvent dans les discussions comme une chose impérative à faire dans la journée : aller acheter des bières au Systembolaget (sous-entendu : parce que celles du supermarché du coin,
à 3,5°, c’est pas assez pour s’mettre bien).
Dans tous les cas, s’il vous manque encore un peu de poil au
menton, on vous demandera une pièce d’identité afin de s’assurer
que vous avez bien au moins 20 ans.
soma 41
Paul Grund
FS 180
Michel
Marhinger
42 soma
Entre deux séjours à Christiania (le quartier des hippies et des
shitos à Copenhague), Michel est venu passer quelques jours
avec nous. Avec Michel, tout est plus lent. Les conversations
ralentissent avec son débit de 4 mots à la minute, les sessions
s’éternisent avec sa capacité à toujours être le dernier à rentrer
ses tricks. Tout ça ajouté à sa propension à foutre le cafard à
tout le monde dès qu’il y a un problème a fait qu’au bout de
quatre jours, on était presque contents de le voir partir. Sauf
que notre ami autrichien n’est pas chez Antiz pour rien, et que
lorsqu’il s’agit de faire du skate, que ce soit une courbe, un rail,
un gap, un park, un curb, n’importe quoi, Michel skatera avec
le même acharnement, et repartira la plupart du temps avec un
hammer en poche. Dans la voiture, Michel récitera les paroles
de n’importe quelle chanson qui passe à la radio, de Maiden à
Biggie en passant par Avril Lavigne puisqu’il semblerait qu’une
seule écoute lui suffise pour mémoriser les paroles, sans rire.
Et une fois à la maison, Michel s’accommodera d’un simple
tapis en guise de matelas et n’émettra que des commentaires
positifs sur la bouffe qui passera dans son assiette. Un vrai
hobo, et un bon guest, le Murl !
Rémy Taveira
BS air
Steppe Side
soma 43
Pontus Alv
FS grab
Pontus
Pensez ce que vous voulez de Pontus, de sa tendance à beaucoup parler de lui ou à montrer ses
attributs à tout vent, sa dévotion envers le skate est si grande qu’il mérite le respect. Rien qu’essayer
d’imaginer les tonnes de béton qu’il a remuées depuis toutes ces années foutrait mal au dos à un maçon portugais. Steppe Side 1, Steppe Side 2, Sibbarp, TBS (Train Bank Skatepark) et tout le reste
ont laissé des traces indélébiles dans le paysage
skate européen, voire universel, sans parler de ses
deux vidéos qui en auront affecté (infecté ?) plus
d’un… Malgré une période intense avec Polar et
l’organisation de la fameuse “Wallie World Cup”
au Bright, Pontus nous a trouvé une voiture de location pour une bouchée de pain, nous a prêté la
sienne, nous a montré tous ses spots secrets, nous
a emmenés faire la fête chez lui, nous a orientés,
dépannés, conseillés, trimballés, supportés… Et il
trouvait toujours le temps, après ses journées au
bureau à se battre avec ses clients et fournisseurs,
pour venir skater avec nous. Il a même débauché
Kévin de chez 5Boro, c’est dire s’il a vraiment
tout compris !
44 soma
Rémy Taveira
ollie
Copenhague
Copenhague et Malmö ne sont séparées que d’un petit bras de
mer au dessus duquel passe un pont de 7 kilomètres. Nous nous
sommes donc accordés une journée sur la berge d’en face, après
nous être acquittés d’une taxe de 40 euros pour emprunter le
pont en voiture. A 80 euros l’aller-retour, on vous conseille de
bien remplir la banquette arrière ou de prendre le train (20 euros
l’A/R environ)...
Copenhague est une agglomération d’un million d’habitants. A
côté, Malmö fait petite ville de province avec ses 300 000 habitants. Un peu plus avant-gardiste et plus riche, la capitale danoise
offre toutes sortes de spots, assez différents de ce que l’on peut
trouver en Suède. Son nouveau skatepark complètement dingue
est à visiter absolument, juste pour se rendre compte de ce que
des mairies sont capables de dépenser pour le skate, mais aussi
pour carver sous l’over-vert du bowl, et se dire que le moindre
grind tout là-haut est vraiment impossible. Et pourtant… Nous n’y
avons passé qu’une journée, juste assez pour se dire qu’il fallait
absolument que l’on y retourne l’année prochaine...
soma 45
Nassim Guammaz crail air
46 soma
Downtown
Showdown
Amsterdam
3-4 août 2012
Photos par Tura
Texte par Fredd
Qu’est-ce que c’est beau Amsterdam !
Ses paisibles canaux, les péniches, les
vieilles bâtisses, les fleurs, les amas de
vélos... Alors que mes camarades et
moi nous promenions dans ces petites
ruelles inondées de soleil à la recherche
d’une terrasse ombragée où déjeuner,
une question me taraudait l’esprit :
comment font les gens normaux pour
continuer à vivre dans un tel enfer ?
J’ai demandé à un chauffeur de taxi
s’il n’en avait pas marre de voir tous
ces cons de touristes venus en masse
dans l’unique but de se défoncer la gueule et d’aller aux
putes. Il m’a répondu du tac au tac : « Ben non, c’est
cool. Où est le problème ? » Le problème mon con,
c’est qu’elle est à gerber ta putain de ville ! Enfin… Je
me suis contenté de répondre : « Ah ben tant mieux
alors ! », mais le cœur y était. Vous l’aurez compris, je
déteste cette ville, et je vous invite à en faire autant.
Ceci dit, le Vans Downtown Showdown à Amsterdam
c’était vachement bien. Et voilà pourquoi…
soma 47
« Je suis vraiment
trop sensible pour
ces conneries. »
Déjà, il y avait Suicidal Tendencies en
concert et rien que pour ça, franchement, ça valait le déplacement. Suicidal c’est la bande-son du skate, tout le
monde connaît, tout le monde n’aime
pas, évidemment, mais tout le monde ne
peut que respecter et reconnaître l’influence qu’a eue le groupe sur le skateboard. Enfin, je crois, je ne connais pas
tout le monde non plus. Il y a forcément
des gens qui s’en foutent totalement et
c’est bien dommage pour eux, parce
qu’ils ne connaîtront jamais le bonheur
de se faire défoncer la gueule dans « le
pit » par des gros costauds fanatiques.
Sinon, pour en revenir à la partie sportive de l’événement, vous connaissez
tous le principe de l’émission ? Vans
invite des marques à dessiner leur module. Puis les teams s’affrontent sur lesdits modules et bien sûr, tous les fonds
sont reversés à Kaïras Sans Frontières.
Alors Moustène, qu’est-ce que tu nous
as préparé comme concept de ouf cette
année ?
Cette année, les modules étaient dessinés par Flip, Palace (de ouf !), Blueprint et Antiz. Chez Flip, Geoff Rowley
en personne a imaginé un module tout
à fait banal mon frère, mais surdimensionné, du coup, il n’était absolument
pas banal. Du tout. Palace, eux, ils ont
fait fort : un cendrier géant avec un
paquet d’OCB skatables, c’est pas du
meilleur goût, mais c’était franchement
génial. Et voir Penny skater la chose, ça
valait son pesant de cacahuètes. Blueprint avait fait une péniche en l’honneur
des marins qui chantent dans le port
d’Amsterdam et qui boivent et reboivent
et qui reboivent encore à la santé des
putains d’Amsterdam... Vous voyez quoi,
c’était classique, mais efficace. Antiz, en
grands romantiques qu’ils sont, avaient
dessiné un moulin, hommage poignant
au folklore et à la campagne hollandaise, j’en ai la larme à l’œil. C’était
franchement le plus beau module. Et je
ne dis pas ça parce que je les aime bien,
c’était le plus beau module un point c’est
tout. D’ailleurs, dans l’ensemble c’était
48 soma
vraiment les meilleurs modules de tous
les DTSD. Et c’était aussi, relation de
cause à effet de ouf, la meilleure édition
du Downtown Showdown (malgré ces
putain de coffee shops et les filles de
l’Est et d’ailleurs aux passeports confisqués, en vitrines).
C’était donc très bien, sauf que ce
contest m’a ouvert les yeux sur une
facette de ma personnalité que je ne
soupçonnais pas. Je suis vraiment trop
sensible pour ces conneries.
Déjà, comme je le disais juste avant que
je m’interrompe moi-même, les putes en
vitrines, ça m’a totalement chamboulé,
puis le documentaire sur la Bones Brigade, en avant-première, avec les mecs
qui pleurent à la fin comme dans une
émission de Delarue (avant qu’il nous
quitte, paix à son âme), mais en pire,
Guillaume Mocquin est
toujours un plaisir à voir
skater. Et à Amsterdam,
il ne nous a pas déçus,
que ce soit dans le bowl
en béton, ou sur les
modules Flip et Antiz,
il était chez lui... Ce FS
nose grind tail grab par
dessus le channel par
exemple, c’était vraiment
super balèze.
Un vrai champion le
Guillaume.
Y’avait deux Gallois dans cette session bowl organisée un peu en
marge de l’événement, Jake Collins et « Sox ». Ils était incroyables.
Le premier a fini par se mettre une tarte et s’est cassé le bras,
donc ils sont allés finir la fête à l’hôpital ; Mocquin et Remy Taveira
ont super bien skaté aussi et puis le DJ était super bon, il a même
passé le « 7 heures du matin » de Jacqueline Taïeb… Josh
« Manhead » Young n’a rien à voir avec ces gens-là, mais ce FS
nosegrind valait son pesant de peanuts aussi.
soma 49
« je suis allé aux putes et ça
m’a bien requinqué. »
S’il y avait une justice, Sylvain Tognelli aurait dû gagner sur ce
module. Il y a fait les deux meilleurs tricks à mon goût. Ollie in to
nose manual tout du long et ce five-0 ollie par dessus le trou to
five-0 to fakie. Mais bon, c’est vrai que ce Luan Oliveira n’est pas
mauvais non plus… La tête du juge !
50 soma
Ben Nordberg, c’est un putain de génie, mais il en fait vraiment trop… J’ai
une drôle d’impression de voir un porno gay sur internet quand je le regarde
skater. Après, j’me sens coupable. Vous voyez ce que je veux dire ? Comment
ça vous n’avez jamais regardé de pornos gay ? Même pas une fois ? Ben, allez
vite regarder la part’ Flip de Ben Nordberg, c’est pareil, en un peu moins crâde
quand même. Ce BS noseblunt sur le module Antiz était fou ! Il a fait ça comme
si de rien n’était, un vrai scandale.
c’était encore beaucoup trop d’émotion pour mon petit
cœur. Comme si ça n’était pas suffisant, les pubs Vans
romantiques et les interviews de mecs qui parlent de
la Half Cab pendant dix minutes diffusées sur écrans
géants, c’était trop de dramaturgie pour moi. Et puis,
finalement, Ben Nordberg avec son p’tit haut échancré, son pantalon moulant, son corps luisant et ses
cheveux au vent qui m’a ignoré tout le week-end…
C’est bien simple, le lendemain, je me suis enfermé
dans ma chambre d’hôtel de luxe, j’ai tiré les rideaux
et j’ai écouté Daniel Guichard. Après, bien entendu,
je me suis allumé un gros jocko, je suis allé aux putes
et ça m’a bien requinqué. Bon, je tergiverse un peu,
tout cela ne vous regarde pas vraiment, ce qu’il faut
que vous sachiez sur le week-end c’est que le concert
de Suicidal était fantastique, celui de Ray Barbee et
Tommy Guerrero aussi (il paraît… je l’ai loupé), que
le contest était franchement génial, que Cardiel en DJ
c’est toujours aussi triste et que Cab est sympa (voir
l’interview un peu plus loin dans ce magazine). Ah, et
que la Bones Brigade et Jean-Luc Delarue étaient faits
pour s’entendre.
C’est pas qu’il m’intimide ou quoi que ce soit, mais
je ne sais vraiment pas quoi dire à propos de cette
photo de Mark Froelich. Rien à redire en tout cas, il
est impeccable son BS nosebunt slide sur le module
Blueprint. Il est bon pour ce genre de tricks sur le nose
et en back. Wunderbach quoi.
Allez, à l’année prochaine bande de bâtards !
soma 51
Propos de G. Basdevant, J. Boileau et autres, librement interprétés par C. Queyrel
Photos par Guillaume Ducreux (cette page) et Fred Ferand
52 soma
Selon vous, qu’est-ce qui a fait le succès
de Woodstock ?
-La boue.
Bob Dylan sur CBS Radio Network, 1971
Lost
inFrench
Limousin
Old School Skate Jam
numéro sept
Parmi la catégorie pourtant riche, des fiascos cinématographiques,
“Don Quichotte” caracole fièrement en tête. Orson Welles par
exemple, s’y est brûlé les ailes pendant des années sans parvenir à le
finir de son vivant. Mais à ce jeu-là, la palme revient sans conteste
à Terry Gilliam et son “The Man Who Killed Don Quixote“. Dans
la liste des catastrophes qui ont ponctué ce tournage, l’épisode du
déluge engloutissant le matériel et bouleversant le décor naturel reste
à ce jour indépassable. Un documentaire, “Lost in La Mancha“ sorti
en salle deux ans plus tard sera la chronique de ce naufrage.
En arrivant sur les lieux de la septième FOSSJ le dimanche matin,
on pouvait se demander si ce documentaire n’était pas le meilleur
témoignage de ce qui s’était passé depuis l’inauguration de la veille…
soma 53
Plus d’info :
french.ossj.free.fr
www.escaut.org/urban-scale/otro
www.brusk.be
www.ciapiledevassiviere.com
Île de Vassivière, samedi 7 juillet 2012, matin. La
sculpture en béton de l’artiste coréenne Koo JeongA intitulée Otro est tout juste finie. La couche de
peinture phosphorescente appliquée la veille est
immaculée. Ce projet atypique, réalisé par L’Escaut
Architectures en collaboration avec l’association
Brusk (tous deux basés à Bruxelles) est une commande publique du Ministère de la Culture et de la
Communication et de la Région Limousin. L’œuvre
doit être inaugurée l’après-midi même, en présence
des responsables du Centre International d’Art et
du Paysage et des élus locaux.
Otro
Depuis les esquisses qui datent de 2008-09, le projet a été optimisé et (re)modelé en vue de répondre
aux exigences des usagers de la glisse, skate, roller
et BMX compris. Cette valeur d’usage est venue se
superposer à un propos artistique qu’on qualifiera
rapidement de plus propre à l’auteur : impression
du paysage sous la neige lors d’un séjour sur place,
projection d’un imaginaire onirique et fantasmagorique, etc. À priori donc, le mariage de la carpe et
du martien.
Plaisir d’esthète
Pour pénétrer dans la sculpture skatable, un passage nous invite à emprunter un plan incliné qui
s’enfonce dans un tunnel. Un boyau dont la forme
ne peut manquer d’évoquer ce que Gustave Courbet
a sobrement légendé, “L’origine du monde“.
Passage à l’acte
Malgré les craintes concernant la météo du weekend, le ciel s’est dégagé le samedi après-midi au
moment même où la plupart des skateurs arrivaient
sur le site. Pendant les quatre, cinq heures qui
ont suivi, on a alors assisté à l’une des plus belles
sessions que la FOSSJ et que le skate français
(disent les plus enthousiastes des alcoolisés) aient
connu. Une frénésie collective s’est mise à animer
les volumes et les surfaces d’une sculpture dont
on ignorait, quelques instants auparavant, qu’elle
permettrait ce genre d’extravagance. Le désir de
se lancer à l’assaut était une réponse à l’appel de
ces formes, comme si l’émotion qu’elles suscitaient
devenait tout à coup le moteur du corps. Autrement dit, le passage d’une émotion esthétique à une
motion pulsionnelle, cher à ce bon vieux Sigmund
Freud, lui aussi grand amateur d’art et de lignes en
tout genre…
Thierry « Dury » Durieu FS air © F. Ferand
Vie, mort et résurrection d’une œuvre d’art
Le propre du skateboard est de mettre en mouvement des corps, d’accélérer et d’en amplifier les
déplacements dans l’espace. Comme une sculpture
se patine sous l’effet d’un traitement de sa surface,
l’œuvre de Koo Jeong-A, soudain exposée aux assauts des skateurs, a enregistré ces transformations
sur une très courte durée. Ce processus naturel a
54 soma
Jérôme Chevallier BS ollie © F. Ferand
« De là à rejoindre la secte des
fidèles de Raël, il n’y a qu’un pas… »
Jean Terrisse FS grind nose grab © G. Ducreux
été une expérience vécue à corps perdu par les skateurs, et dont les effets ne pourront plus se détacher de l’œuvre. Son devenir en est à jamais affecté en retour et ses
futurs commentateurs devront désormais se résoudre à l’intégrer à leurs études. Un
cas d’école.
Retour sur terre
Le retour sur place le dimanche matin après une nuit de déluge fut une autre épreuve.
Le spectacle était à la mesure du déchaînement céleste qui s’était abattu sur ce coin
tranquille du Limousin. La tempête de grêle et les orages de la nuit avaient laissé un
terrain littéralement désolé. Les bowls étaient devenus d’immenses piscines de boue
et le spectacle tenait plus d’une FOSSJ septique qui aurait débordé que de l’image
idyllique d’une sculpture intégrée dans un paysage champêtre qu’elle offrait encore,
quelques heures auparavant…
La possibilité d’une île
Sur le terrain du clonage cher à Michel Houellebecq, nous ne pouvons qu’être solidaires
de ses prises de position. À la nuance près que pour nous, il ne s’agit pas d’humains
mais de terrains qu’il faudrait cloner ! Si d’aventure le modèle expérimenté à Vassivière
pouvait faire des émules et que nos campagnes françaises se couvrent d’étranges fantasmes de béton, les skateurs n’auraient certainement pas d’objections majeures à faire.
De là à rejoindre la secte des fidèles de Raël, eux aussi sensibles au clonage et dont
certaines architectures utopiques ne sont d’ailleurs pas sans évoquer Otro, il n’y aurait
finalement qu’un pas à franchir… Une piste pour l’édition 2013 ?
soma 55
« INTO THE
WILD »
par Tura
56 soma
LE TOUR
SANS
FIN
Episode 3
Bordeaux – St Léon – Périgueux
Limoges – Vassivière – Lyon
Après Nantes-Bordeaux en février, on est donc repartis de la
capitale girondine en compagnie cette fois de Jérôme Chevallier
(qu’on ne présente plus) du Belge Bram De Cleen (parce que c’est
notre pote, à Paul et moi, et que tout ça, de toute façon, c’est juste
une histoire de potes) et du champion de rhétorique lillois Valentin
Bauer. Nous avons pris la route vers l’est, histoire de ne pas faire
comme tout le monde (surtout éviter la Côte Basque en été...) avec
dans l’idée d’aller à un moment ou à un autre à Vassivière.
Pour cette troisième édition, notre moyen de locomotion allait être
le break de Jérôme, 400 000 kilomètres au compteur, sa remorque
et ses deux chiens. Avec nos tentes et nos sacs de couchage, on
s’était donné rendez-vous à Bordeaux, à midi, le 23 juillet...
soma 57
Lundi 23 juillet
Valentin et moi sommes au rendez-vous, fixé à midi chez Riot.
Sauf que le lundi, Riot n’ouvre
qu’à 14 heures. Alors on se
replie au Molly Malone’s (le pub
juste à côté) en attendant Bram
qui fait la grasse mat’ chez Alex
Richard, Paul qui arrive de Barcelone en covoiturage et Jérôme
qui sera notre chauffeur pour
la semaine. Histoire de tuer le
temps, Val m’initie à Instagram.
Je me dis qu’à défaut d’un bloggage quotidien, ça peut être
vachement plus simple (Somaskate #toursansfin) vu que je me suis
récemment équipé d’un téléphone intelligent. De toute façon, je n’ai
pas emporté mon ordinateur, j’ai bien l’intention de faire en sorte que
ce tour soit un peu les vacances…
Bram et Alex nous rejoignent en terrasse, il fait déjà 30° et il est prévu
le même temps pour toute la semaine. Morgan Fabvre et Fred PlocqueSantos passent par là à peu près par hasard et se motivent pour venir
skater avec nous. Jérôme et ses deux chiens Choco et Ali débarquent, et
Paul finit lui aussi par arriver. Le temps
d’aller s’acheter une tente à Auchan et
on décide d’aller skater les petits volcans en briques, à une demi-heure du
centre-ville. Une idée de Bram, qui
s’avère pas mauvaise puisque la moitié
du spot est à l’ombre.
Bonne session, qui se termine en slappy
sur le trottoir d’en face. Toujours bon
de finir la session en slappy.
58 soma
Valentin Bauer ollie, Périgueux.
Ce trick est du vol, un skateur
local l’avait déjà fait, mais
comme ça n’était jamais paru
et qu’on est des enfoirés, on l’a
refait. On n’a quand-même pas
la conscience tranquille, alors
citons au moins le nom du vrai
héros : Pierre Bonami. On te
doit une photo Pierre...
« j’ai bien l’intention de faire en
sorte que ce soit les vacances ! »
On retourne en ville faire quelques provisions, et on passe voir
Seb Daurel dans son chantier à Darwin (l’ancienne caserne
Niel). Aidé par Cédric Crouzy et Samy Idri, Seb est en train de
finir un nouveau spot
en béton dans un des
nombreux hangars
voués à la destruction dans quelques
années. Alors on se
rabat sur son bowl
en bois à côté de
la Skate House en
l’attendant.
Deuxième session courbe
de la journée, qui
dure jusqu’à la tombée de la nuit. On
pique-nique sur place
et vers 23h, Seb
nous invite à poser
les tentes dans son
jardin. On évite les
moustiques en montant les tentes dans
le noir et on finit par
se coucher, épuisés et
salés.
Bram De Cleen fakie pivot flip fakie, Bordeaux.
Après avoir annoncé tréflip nose pick fakie
et avoir bataillé pendant plus d’une heure et
demie, en vain, Bram s’est mis à essayer ce
trick et en 10 minutes, c’était plié.
soma 59
Alex Richard fastplant, Limoges.
Alex et le Tour Sans Fin, c’est
une longue histoire. 3 épisodes
et 3 fois présent au moins une
journée. Un putain de squatteur,
et bien elevé, en plus.
« A défaut d’une
douche, on pourra se
rincer dans la rivière »
Mardi 24 juillet
Le soleil cogne déjà à 10h, à l’avenir on pensera
à poser les tentes à l’ouest d’un arbre si l’on
veut faire la grasse mat’. Seb est déjà reparti
bosser, alors on décide de continuer notre route,
en direction de Périgueux. Bonne idée de rouler en début d’après-midi,
quand il fait trop chaud pour skater. A une vingtaine de kilomètres de
Périgueux, il y a un ditch/park en béton au bord d’une rivière qui mérite
le détour, à St-Léon-sur-l’Isle. On trouve facilement, et à peine a-t-on
garé la voiture que l’on est déjà tous à l’eau. Il fait tellement chaud que
personne n’a envie de skater le park, mais on se dit que ça pourrait être
l’endroit idéal pour planter les tentes ce soir…
On file à Périgueux, un contact sur place nous a parlé d’un spot couvert
(donc à l’ombre). Un café et une glace plus tard, on retrouve Yoris et
Victor dans les locaux de l’asso ABF (All Boards Family, les mecs du
«Skate à l’Ouest»), où ils ont monté une mini et quelques modules. On
y skate un peu et ils nous emmènent faire la visite des spots de street.
On commence par un rail posé à côté d’un plan-incliné dans une école,
puis une grande place avec des ledges en bois, un carrefour avec des
petits plans inclinés en briques, et on
se termine sur le fameux « rond-point
des poissons » où Valentin s’entaille le
coude et le genoux sur la mosaïque.
On remercie Yoris et Victor pour la
visite, on s’accorde un repas dans un
petit resto que l’on vous déconseille
(«Le snack de La Pataterie») et on
décide de retourner à St-Léon planter les tentes. A défaut d’une douche,
on pourra se rincer dans la rivière
demain matin…
60 soma
Jérôme Chevallier BS nose blunt, St-Léon-sur-l’Isle.
N’importe quel trick en haut de cette sorte de craddle est un exploit
(courbe foireuse, béton plein de cracks...). Alors quand Jérôme a
annoncé BS noseblunt, on a cru à une blague...
soma 61
« Il s’agit de se mettre dans le
sens du courant et de profiter
du paysage »
Mercredi 25 juillet
Jérôme Chevallier FS ollie, Limoges
Ouais, Jérôme est une sorte d’icône
avec son short vert, sa chemise
à fleurs, sa casquette et ses
chaussures dépareillées !
La nuit se passe sans encombre, on a même pensé à mettre les tentes
du bon côté des arbres. Au réveil, le ciel est aussi vide de nuage que
les batteries de nos téléphones niveau autonomie. C’est un peu bizarre
au début, et puis au bout de quelques heures on parvient presque à
oublier. On a nos tentes, un skatepark en béton à 10 mètres, un point
d’eau potable, une rivière… De quoi de plus pourrait-on avoir besoin
? Des toilettes ? Ouais, des toilettes…et du PQ ! Reste la rivière.
Alors d’après le bouquin «Comment chier dans les bois ?» (si si, c’est
un vrai bouquin), d’un point de vue écologique,
chier dans un point d’eau est un peu la dernière
chose à faire, mais quand on n’a pas le choix…
Il s’agit donc de se mettre dans le sens du courant et de profiter du paysage. Je vous épargne
les détails, et si vous n’avez jamais expérimenté
la chose, sachez juste que ce n’est pas désagréable et c’est toujours l’occasion de rigoler
en suivant du regard vos anguilles filer dans
l’eau… Bref, on n’a même pas encore skaté le
park, alors je motive les troupes pour essayer
de faire une photo sur le corner/craddle. C’est
62 soma
Morgan Fabvre wallride nollie,
Limoges (enfin, pas loin).
Un élan incliné, un mur pourri,
une replaque qui donne des
croutes aux genoux et un filet
d’eau dans le fond.
Pas de quoi faire peur
à Morgan.
Jérôme qui s’y colle.
Après BS disaster
en évitant les trous
en bas de la courbe,
Jer annonce BS noseblunt. Il est midi et
demie, et rien que de
rester assis à le regarder nous fait suer à
grosses gouttes. Alors
avant de reprendre
la route, on retourne
faire quelques sautper’ dans l’eau. Les
vacances, quoi.
On plie les tentes et
on rattache la remorque, direction Limoges où l’on a rencardé Morgan,
Fred et Alex chez Woodies skateshop. On arrive pile à la fermeture du
shop, alors Cédric (le boss) nous emmène faire le tour des spots alentour. Alex trouve un fast plant sur un bon gap, et on passe presque deux
heures sur une courbe naturelle en plein centre-ville. Il est 23 heures
quand Cédric décide de nous inviter à manger un gros plat de pâtes chez
lui (on est huit quand-même) et à passer la nuit dans son salon… L’occasion de recharger nos batteries et même de prendre
une douche. La meilleure
de l’année !
soma 63
Jérôme Chevallier noseblunt slide
En bon gars du Sud, Jérôme n’est jamais
contre une petite session en short par 35°
dans un ditch rugueux à souhait...
Loïc Durand melon fakie, Vassivière
Ca fait des années qu’on entend
parler de Loïc, alors quand on l’a vu à
l’oeuvre, on a compris pourquoi...
64 soma
« Le genre de ditch qui filerait des
boutons à Léo Valls. »
Jeudi 26 juillet
Avant d’aller à Vassivière, on a tous envie
d’aller jeter un œil au fameux «ditch de
Limoges» (en vérité à 45 minutes de là).
Le genre de ditch qui filerait des boutons
à Léo Valls. En plein jour, en plus ! Une
fois sur place, Jérôme évite les croûtes
et rentre deux tricks NBD sur l’arête,
pendant que Bram et Morgan trouvent
un wallride à faire de l’autre côté du
barrage. Tout ça est tellement Soma,
tellement Tour Sans Fin, qu’il est temps
d’aller faire un peu de courbe au nouveau
bowl sur l’île de Vassivière (qui ferait probablement vomir de dégoût Léo). Posé au
milieu d’un grand pré au bord du lac du
même nom, le seul moyen d’éviter l’insolation est d’aller dans l’eau, ce qu’on s’empresse de faire à peine arrivés (c’est
le vacances, oh !). Le bowl est en fait «une œuvre d’art skatable», imaginée
par Koo Keong, une artiste asiatique qui aurait eu dans l’idée de réaliser un
truc visible depuis la lune, même la nuit, puisqu’il est recouvert d’une peinture phosphorescente. Loïc Durand, local de l’étape, prend le temps de faire
quelques airs pour la photo et Jérôme trouve quelques nouvelles lignes improbables. Il reste des bières chaudes, deux melons et des cacahuètes dans la
voiture, ça sera notre repas de ce soir, il faut qu’on attende la nuit pour voir ce
que donne le bowl. Et effectivement, la peinture renvoie une lumière verdâtre,
juste assez pour rouler, mais trop peu pour imaginer faire autre chose que des
kickturns ou éventuellement des pivots fakie ou des BS disasters, si vous vous
appelez Morgan… Bonne expérience en tout cas, mais bon, il est 23 heures,
et on ne sait toujours pas où l’on va dormir…
Paul a un ami qui tient une auberge pas loin, et il y
aurait moyen d’y passer la nuit… Un coup de fil plus
tard et on est en route. On arrive à minuit sur une
place où vient de se terminer la fête annuelle du village. La buvette est en train d’être démontée mais il
reste des crêpes pour nous. L’accueil est chaleureux.
C’est fou comme tout est plus simple, plus humain à
la campagne…
Guillaume est en fait un ancien skateur parisien,
connu sous le surnom de «Aqua» par les mecs du
Troca, qui vient d’ouvrir «L’Auberge du Sauvage» (on
est à Rempnat, si vous passez dans le coin…) avec
son pote Clément. Les chambres n’ont pas été meublées, alors on pose nos petits matelas, et on a même
droit à une douche…
soma 65
Vendredi 27 juillet
Il y a eu un gros orage pendant la nuit
mais on n’a rien vu ni entendu. Le soleil
brille toujours autant. On se demande
où on pourrait bien aller aujourd’hui.
Après consultation, on est tous d’accord
pour aller à Lyon. Ça pourrait être parfait pour terminer la semaine et pour
repartir, la prochaine fois.
Avant de prendre la route, Guillaume et
Clément nous proposent d’aller déjeuner
à Tarnac, haut lieu libertaire français, dans une cantine locale où chaque jour,
n’importe qui peut venir cuisiner. Aujourd’hui, un couple d’Allemands a préparé
des spetzles. Si vous êtes Alsaciens, vous savez de quoi il s’agit et que c’est exactement ce qu’il nous fallait pour remplir nos estomacs. En apprenant qu’on est une
bande de skateurs, le barman insiste pour emprunter une board. On se dit qu’on
n’a pas trop envie de le voir se casser un truc sauf que le type rentre flip et tré
flip direct. En l’espace de 5 minutes, on fait partie du paysage et on aurait bien
envie de rester. Mais l’aventure nous appelle, l’horizon nous attend, la route nous
réclame, enfin… on se casse, quoi.
On passe l’après-midi à bouillir dans la voiture et Lyon nous accueille avec une
heure et demie d’embouteillages. Ça sent la fin des vacances. On pose nos affaires
dans le bureau d’Antiz, on va manger un couscous pas loin, mais tout le monde a
quand-même envie de skater un peu. La nuit est tombée, alors on dédiera cette
session à Léo. On
tente notre chance au
nouveau spot de Charpennes, celui de la
couv’ avec Gonz. Bram
et Valentin trouvent
chacun un truc à y
faire, et même un truc
ensemble. En fin de
soirée, on reçoit un
SMS de Loïc (notre
hôte pour la nuit) qui
nous dit que finalement, il a de la visite
ce soir, alors on se
trouve un petit coin
dans le bureau Antiz
au milieu des piles de
boards pour dormir.
Pour la douche, ce
sera une autre fois.
66 soma
« En l’espace de 5 minutes, on fait
partie du paysage. »
Bram De Cleen wallride crooked grind
Pour info, Bram mesure un mètre
nonante cinq...
Samedi 28 juillet
Maintenant que l’on sait que l’on arrêtera le tour ici, on a un peu
perdu notre motivation. On n’a pas skaté autant que l’on aurait
pu, mais on a tellement sué que l’on est épuisés. Enfin bon, il fait
un peu moins chaud, on est à Lyon, alors on se force un peu. On
trouve un gros ledge du côté de Confluence et on se rend compte
que depuis qu’on est là, on n’a croisé aucun skateur et les passants nous jettent
des regards et des commentaires haineux. Même dans le moindre bled perdu
du fin-fond de la France, on trouvait des
gens à qui parler, avec qui échanger. Il
va donc vite falloir qu’on revienne, pour
vite repartir de là… Rendez-vous dans
quatre mois, avec une nouvelle équipe.
Il paraît qu’on ira vers le sud...
Un grand merci à Cédric
de Woodies à Limoges
pour le gîte et le couvert, à
Seb Daurel pour toute son
oeuvre, à Guillaume pour
l’accueil à l’auberge du
Sauvage à Rempnat, Loïc
Benoît pour pas grand chose
mais quand-même, à Yoris
Couegnoux et Victor Borie,
Jérôme et la All Board
Family pour tout.
soma 67
Vincent Dallemagne ollie over to five-o, Paris. Séquence par Yoann Kim
68 soma
numéro
XXXI
soma 69
70 soma
Maxime Génin switch FS bigspin boardslide, Bordeaux
Séquence par Manuel Schenck
soma 71
72 soma
Samy Idri ollie up rock to fakie, Nïmes
Séquence par Cédric Crouzy
soma 73
74 soma
Matisse Banc noseslide & ollie in, Lyon
Séquence par Loïc Benoît
soma 75
Karim Chérif boardslide, Paris
Séquence par Tura
76 soma
Tintin
au
cph
pro
Les aventures de Tintin
Texte et photos
par Damien Marzocca
Marzocca, le petit reporter
Si vous en doutiez encore, ces quatre pages vont finir de vous convaincre que
Copenhague est une excellente destination pour l’été, surtout vers la période
du CPH Pro. Pour ceux qui planeraient complètement, sachez que cette ville
se trouve au Danemark, et que c’est en haut sur la carte, en Scandinavie.
C’est un endroit où les vélos sont plus dangereux que les voitures pour les
“piétons” que nous sommes. Les gens y mesurent deux mètres cinquante en
moyenne et il y a un fleuve qui traverse la ville, le long duquel il fait bon flâner. Copenhague se situe seulement à une demi-heure de train de Malmö et
de ses spots faits main, les filles sont jolies (les mecs aussi oui), Christiania
est toujours là et depuis deux ans il y a quand même le plus grand skatepark
en béton d’Europe, en plus d’une bonne tonne d’autres trucs géniaux à skater.
C’est bien simple, envoyez-y “Tintin Marzocca, le petit reporter” pour couvrir
le CPH pro et il y restera une semaine de plus, avec l’intention de faire tout
un tas de trucs, mais au final, il ne fera qu’un article sur le contest. En même
temps, ça tombe bien, c’est tout ce qu’on lui demandait… - FD
78 soma
Raven Tershy FS grind en air
max, un bras dans le plâtre et
coquard en prime.
« vous aurez de quoi vous faire
de bonnes frayeurs »
Le CPH Pro est la plus grosse concentration de pros
en Europe. Il en vient de partout, des Européens
bien sûr mais aussi des Américains, des Australiens
et même des Brésiliens. Comme à Munster ou Dortmund à l’époque, mais en moins gros quand même.
Et c’est un peu moins fou-fou qu’au Grand-Bornand
aussi. Comme à Lausanne alors ? Un peu comme à
Lausanne oui, mais en moins gros, parce que c’est la
crise, faudrait peut-être pas l’oublier.
Ishod Wair
BS overcrooked
Le street park indoor fait peau neuve à chaque
édition et cette année donc c’était assez polyvalent, avec un peu moins de transition qu’en 2011
pour laisser place à quelques “hubbas“, une table
avec rail et surtout un curb spécial wallies du plus
bel effet. Le jeune, grand, souriant et talentueux
Evan Smith notamment lui a mis une bonne claque
comme vous pouvez le voir ici. À noter que ce wallie bs tail slide 180° flip out a été rentré après un
wallie bs nose blunt slide “pour se chauffer”…
Assez déconcertant le gars. Dans le même sillon,
un type comme Austyn Gillette aura mis la larme à
l’œil à plus d’un spectateur. Mais rassurez-vous, il y
avait aussi des machines à tout rentrer qui font un
peu moins rêver. N’oublions pas qu’il s’agit d’une
compétition sportive ! Ainsi, Nyjah Huston, Chris
Cole et Ryan Decenzo, pour ne s’en prendre qu’à
eux, n’étaient pas venus pour enfiler des perles, ni
même pour sucer des glaçons. Pas non plus là pour
acheter du terrain… ou enculer des mouches. Enfin
bref, vous voyez, ils sont super efficaces, toujours
plus techs, toujours plus gros, toujours plus de maîtrise. Super super balèzes… Mais passons à autre
chose : Busenitz ! Comme tout le monde le sait, il
est La Classe incarnée, pourtant, il n’a pas gagné
Rune Glifberg
FS stalefish
le contest. Mais il a bien évidemment remporté
l’épreuve de sprint. C’est marrant comme dans le
skate, pour faire moins “sport“, pour donner un
petit côté humain à un contest, il suffit d’organiser
une course de vitesse. Dennis a donc laissé parler
ses évidentes origines jamaïcaines et poussé plus
vite que tout le monde, et notamment Brad Staba
en finale, ce qui faisait bien plaisir.
Au niveau des autres animations du week-end, on
retiendra le “Ring Of Spitfire” qui n’aura pas duré
bien longtemps en raison de soucis techniques. Il y
a aussi eu une méchante Jam session de pool avec
un Ishod Wair en feu. Autant en street qu’en courbe,
ce mec ne s’arrête jamais de skater, ni de sourire.
Et le meilleur pour la fin, c’était bien évidemment le
soma 79
Evan Smith wallie BS tailslide flip to fakie
contest de Bowl qui s’est déroulé dans le gigantesque snake conçu et imaginé par Rune
Glifberg, le local hero. Le bowl est aussi impressionnant que ses grands frères d’Oregon,
avec une partie over-vert que vous n’arriverez même pas à atteindre dans vos rêves skateboardistiques les plus fous, et une grosse partie de quatre mètres de profondeur avec
coping de pool. Largement de quoi vous faire de bonnes frayeurs si jamais vous décidez
d’aller y faire un tour. Selon mes confrères, c’était un peu moins impressionnant que l’an
passé. Mais bon, quand Rune Glifberg décide de s’envoler, ça ne déconne pas. Et quand
Brad McClain commence à envoyer la purée sans protecs à grands coups de tricks plus
techniques les uns que les autres, ça ne rigole pas non plus ! Personnellement, j’en ai eu
pour mon compte. Si le niveau a été jugé un peu moins ouf qu’en 2011, c’est à mon avis
parce que Raven Tershy le champion en titre, blessé,
n’a pas pu skater. Enfin… Je l’ai quand même vu défoncer le bowl quelques jours plus tard en sneakers de
running totalement inskatables. Il avait aussi un bras
dans le plâtre, un très chouette œil au beurre noir et
une arcade sourcilière pétée pour faciliter la chose.
Heureusement, il arrivait tout droit de Christiania, il
était donc bien anesthésié et il a donc pu “se promener“ dans le bowl à base de fs grinds dans l’over-vert,
juste pour le plaisir. Ça m’a complètement scotché, et
c’est sans doute ce qui m’aura le plus marqué lors de
mon séjour à Copenhague. Comme quoi, les contests,
c’est très bien, mais ce qui se passe autour vaut souvent
tous les runs de “Nyjah Ortiz” au monde.
80 soma
Park
1. Chris Cole
2. Ryan Decenzo
3. Ishod Wair
4. Nyjah Huston
5. Shane O’Neill
6. Walker Ryan
7. Taylor Bingaman
8. Austyn Gillette
9. Wes Kramer
10. Dennis Busenitz
Bowl
1. Brad McClain
2. Rune Glifberg
3. Josh Stafford
4. Sam Beckett
5. Nicky Guerrero
6. Curren Caples
7. Lance Mountain
8. Jake Collins
9. Alex Perelson
10. Taylor Bingaman
LÉCHOPPE - 11h/19h30 - Dim. 15h/19h30
29, rue au Maire - 75003 Paris - M° Arts & Métiers
facebook.com/LechoppeParisSkate
JAMAICA
1962 - 2012
INDEPENDENCY
PACK
Board - Grip
+ Tee shirt
60€
Roues
25€
LÉCHOPPE :
Distribution ONE MOVE :
01 44 61 51 23
01 42 05 80 91
[email protected]
[email protected]
STEVE
CABALLERO
Légende ordinaire
Steve Caballero a tout du chic type. Le prototype
même du voisin sympathique, souriant, aimable, le
genre bon père de famille, sans histoire, qui va à
l’église le dimanche. Limite Ned Flanders. Il arbore
une barbe grisonnante et rassurante et sa casquette
de vieux est constamment visée sur la tête. Il aime
les vieilles voitures, collectionne les figurines de super héros, dessine des dragons, bref, il a le profil
parfait du psychopathe fou dangereux qui cache bien
son jeu. Sauf que le gars est une célébrité dans le
monde du skateboard. S’il y en a un qui peut se targuer d’être une légende du skateboard, c’est bien lui.
Le gars est pro depuis 32 ans, son model de chaussure est reconduit tous les ans depuis vingt ans, il
était le meilleur de la Bones Brigade originelle (ceux
qui pensent que c’était Hawk ou Mullen sont invités
à refermer ce magazine et à aller se pendre) (ceux qui
pensent à Tommy Guerrero, je leur tire mon chapeau,
mais bon, faut regarder les choses en face les mecs :
Cab il était quand même un cran au-dessus). Bref,
une carrière exemplaire, sans la moindre anicroche
et là, en 2012, il est toujours au top, il vient même de
remporter la Protec pool party et n’a aucune envie de
raccrocher les crampons. Une vraie putain d’légende.
Mais en même temps, je me demande quelle valeur ça
a vraiment d’être une légende quand, il ne faut pas se
82 soma
voiler la face, personne en dehors des skateboarders
ne connaît votre existence ? Regardez Usain Bolt, le
mec a tout gagné, jamais personne n’a couru aussi vite
que lui sur 100m et 200m, il passe son temps à battre
ses propres records, collectionne les médailles d’or aux
J.O., mais le CIO estime qu’il va un peu vite en s’autoproclamant « légende », et qu’il faudra pour cela qu’il
fasse ses preuves en 2016… (Oui, je m’y connais un
peu en athlé et alors ?). Bon, j’admets volontiers que
cette parenthèse sportive peut sembler déplacée ici,
mais reconnaissez que c’est bizarre, Cab est l’un des
gars qui mérite le plus son statut de légende alors que
le grand public ne sait même pas à quoi il ressemble.
Pourtant, on bouffe du Hawk, du Mullen et du Sheckler
à toutes les sauces… Ça m’étonnerait pas qu’un de ces
beaux matins, il pète les plombs le Cab et qu’il butte
tout le monde dans son lotissement… Ce jour-là, vous
ne pourrez pas dire qu’on ne vous avait pas prévenus.
En attendant d’entendre parler de lui aux infos, Cab et
moi on est allés boire un coup l’autre jour à Amsterdam. Ouais mon pote, Cab et moi, au bistrot, comme
deux vieux copains, parlant du bon temps. Et voilà ce
qui est ressorti de cette rencontre au sommet…
Photo par Loïc Benoît
Intro et entretien par Fredd
Pourquoi est-ce que tu as choisi le skateboard et
comment l’as-tu découvert ?
Pourquoi, en 1976, j’ai choisi le skate ? Parce que c’était
fascinant, c’était un challenge aussi et ça avait l’air drôle
tout simplement. Cette impression de se déplacer en volant… C’était assez populaire quand j’ai commencé. Dans
mon quartier, les gamins avaient tous soit un vélo, soit
un skateboard. J’ai ensuite vu des magazines de skate
au supermarché et là j’ai commencé à me rendre compte
de ce que c’était vraiment que le skateboard. Il y avait
des photos de rampes, de skatepark… J’ai voulu faire la
même chose que ces gars sur les photos. C’était vraiment
difficile pour moi quand j’ai commencé, mais j’aimais ça
et j’ai tout de suite trouvé ça drôle et motivant.
Quel âge avais-tu ?
Douze ans.
Et tu es passé pro à quel âge ?
Je suis passé pro en 1980, donc j’avais 16 ans.
C’est plutôt rapide, non ? Ça n’a pas été « difficile »
trop longtemps…
Je suis devenu bon assez rapidement, oui. Quand le skatepark de Winchester a ouvert et que j’ai commencé à
vraiment m’entraîner, à essayer d’apprendre des tricks,
j’y allais tous les week-ends et je m’entraînais chez moi la
semaine. C’est un sport où assez rapidement je me suis
dit que je pouvais être bon. J’en avais essayé plusieurs
autres, comme le basket-ball, le football, le soccer [le vrai
foot - ndlr], mais ça ne me convenait pas…
Pour le basket, c’est sûr qu’il y avait comme un problème…
J’étais un peu petit pour le basket-ball, c’est vrai, ah ah !
En tout cas, j’ai senti que je n’étais pas fait pour les sports
d’équipe. J’ai essayé le BMX aussi. La « race », parce qu’à
l’époque, il n’y avait pas encore de tricks. Il fallait juste
arriver le plus vite au bout. Mais j’étais tellement petit que
même quand j’étais dans un groupe de mon âge, ils étaient
tous plus grands, ils avaient de plus grandes jambes et
bref, c’était difficile. Quand j’ai essayé le skateboard, je
me suis senti bien immédiatement. Être petit n’était plus
une contrainte.
C’est donc allé très vite pour toi, tu n’as jamais eu
besoin d’avoir un boulot en dehors du skateboard,
n’est-ce pas ?
J’ai commencé à gagner de l’argent grâce au skateboard
à 16 ans. Quand j’ai commencé à participer à des compétitions professionnelles. Puis bien-sûr, quand j’ai eu mon
premier pro model. Mais j’ai aussi gagné de l’argent grâce
à la musique avec mes groupes (the Faction, Odd Man
Out…) et aujourd’hui je fais aussi de l’illustration.
J’ai vu que tu avais fait une déco de skis !
Oui, j’ai eu l’opportunité de faire des skis pour Rossignol, c’était cool. J’ai aussi fait des décos pour Powell &
Peralta, Consolidated, pour Golden Dragon aussi.
Golden Dragon ?
C’est une sous-marque de Powell qui propose des boards
« Du vrai street ?
Ça remonte... »
complètes, pour les débutants. Je suis d’ailleurs « assistant brand manager » pour Golden Dragon.
L’illustration est ce que tu comptes faire après ta
carrière de skateur pro ? Même si elle semble ne
jamais s’arrêter ?
Je n’ai rien prévu. Je ne sais pas quand ma carrière de
skateur pro va s’arrêter en effet, j’essaye de faire durer…
[rires]
Qu’est-ce qui a changé pour toi entre le moment où
tu as commencé à la fin des années 70, début 80 et
aujourd’hui ?
La différence principale en ce qui me concerne, c’est que
c’est plus dur pour moi ! Mon corps ne récupère plus aussi
vite qu’avant, il est de plus en plus difficile de skater et de
se maintenir à un certain niveau. Ça demande beaucoup
plus de discipline, d’entraînement. Je dois faire attention
à ce que je mange, faire beaucoup d’étirements, boire
beaucoup d’eau, faire d’autres sports, prendre soin de
mon corps.
Quels autres sports ?
Je fais du mountain bike, de la moto-cross, du yoga… À
mon age [47 ans], si je me fais mal, j’ai besoin d’avoir une
bonne hygiène de vie pour ne pas mettre trop de temps
à récupérer. Mais j’ai encore des efforts à faire dans ce
domaine, ça demande beaucoup de travail de rester en
forme. C’est un travail constant.
Tu skates encore beaucoup ?
J’essaye de skater au moins trois fois par semaine, mais
c’est parfois seulement deux. Je dois jongler avec ma
vie de famille. Je suis marié, j’ai deux enfants… même
trois… Donc tout cela rentre en jeu, ma vie ne peut pas
tourner uniquement autour du skateboard, plus maintenant. Je dois faire attention à entretenir une bonne relation avec ma femme. On vient d’ailleurs d’ouvrir une
galerie tous les deux. Moitié boutique, moitié galerie. Ça
s’appelle « Bela la vie », c’est à Campbell en Californie, où
j’habite. Ma femme adore Paris, alors elle voulait ouvrir
une galerie dont le thème principal serait la France. Elle
y vend des bijoux, des trucs pour femmes… Et de mon
côté, tous les mois je présente une expo. Avec toutes mes
connexions, tous les artistes que j’ai rencontrés au cours
des années, j’ai réussi à me constituer une grosse liste de
contacts dans le domaine artistique. Les expos sont bookées un an à l’avance, ça tourne bien.
Il te faut des artistes français pour rester dans le
thème de la boutique.
Je n’en connais pas tant que ça en France, mais si l’occasion se présente…
Pour en revenir au skate, à quand remontes ta dernière session de street ?
C’était aux Berrics.
De vrai street !
Du vrai street ? Ça remonte alors…
Bon, on va dire que ça compte les Berrics…
On a fait un « text yo’self… » avec Powell-Peralta, là-bas,
soma 83
il y a un an. Et j’ai fait un autre truc encore avec le team
Powell à Double Rock pour le site Thrasher. Je ne fais
plus vraiment de street aujourd’hui. J’ai arrêté d’en faire
autour de 2000.
Oui, il skate super bien. Maintenant il y a aussi Sergie
Ventura et Sluggo en masters…
Merci. Oui, je faisais encore pas mal de rails à l’époque, je
filmais pour la vidéo Bones « Class of 2000 ». Mais c’était
la fin, après ça, je n’avais plus envie de me faire mal. Je me
suis donc remis à skater de la Vert’ et depuis je n’ai skaté
pratiquement que des rampes et des bowls. Je me concentre
là-dessus. J’ai recommencé à faire pas mal de contests…
Je trouve ça génial. Le fait que cela passe à la télé apporte
beaucoup au skate. Cela apporte de la légitimité au sport.
La compétition aide à repousser les limites du sport à
plusieurs niveaux. Cela pousse les gars à progresser et à
être consistant. Parce qu’en street, on n’est pas toujours
consistant. Une vidéo ne reflète pas la réalité, on ne réalise pas le temps qu’il faut pour rentrer un trick. Quand
tu regardes une compétition, là c’est la réalité. Et de voir
la consistance avec laquelle ces gars skatent aujourd’hui,
c’est incroyable. Je n’arrive pas à croire le niveau que ces
gars ont atteint ces dernières années. J’adore voir ça.
L’aire de street aux X-Games cette année était géniale.
Cela ressemblait à de vrais spots de street, c’était comme
un décor de cinéma, on aurait pu se croire dans une cour
d’école, c’était parfait.
Je me souviens du FS boardslide sur le rail de
Conforama à Lyon, c’était à peu près à cette période.
C’était vraiment balèze !
Oui, il y a tous ces contests aujourd’hui avec des
catégories « masters » ou « legends ».
Oui, c’est marrant. Mais ça demande beaucoup d’endurance, beaucoup d’efforts de participer à ces compétitions, d’autant qu’il y a beaucoup de nouveaux qui arrivent dans ces catégories aujourd’hui. Des plus jeunes… Je
crois que la limite c’est 38 ou 40 ans alors comme j’en ai
47, c’est difficile de rivaliser. Le niveau augmente.
Chris Miller est toujours incroyable…
84 soma
Il fait toujours des backflips, Sluggo ?
Oui, oui, toujours. C’est fou !
Et quel est ton point de vue sur les contests de street
d’aujourd’hui, les très gros, les Street League, les XGames…
« Une vidéo ne reflète pas la
réalité, quand tu regardes une
compétition, là c’est la réalité. »
C’est vrai que c’est impressionnant.
Oui, et ça rend super bien à la télé. Ces gars sont tellement bons, Paul Rodriguez, Ryan Sheckler, Nyjah…
Ils ne sont pas mauvais, oui…
Tu vois les gars aujourd’hui [au Downtown Showdown
à Amsterdam], ils sont très bons, ils font de trucs incroyables eux aussi, mais ils ne sont pas consistants.
Il y a une poignée de gars qui est vraiment au-dessus
du lot, quand-même…
Oui, et c’est la consistance qui fait la différence.
Quel est le dernier trick que tu aies appris, ou réappris ?
Ré-appris… Il y a les BS boneless et les BS blunts, j’y ai
pas mal travaillé. J’ai passé pas mal de temps dernièrement à réapprendre des tricks… Mais laisse- moi réfléchir
à un trick nouveau… Les feeble grinds ! J’ai appris il n’y
a pas longtemps, j’en avais jamais fait.
Les feeble grinds ? Vraiment ?
On les faisait to fakie, mais je n’en avais jamais fait en
repartant droit.
Et tu penses que c’est plus dur en normal ?
Oui. On a appris en fakie à l’époque, alors c’est plus dur
pour moi de réussir à tourner mon corps pour repartir
en avant…
Si tu le dis… Quel est le dernier trick que tu aies
perdu ?
Le stalefish ! Trop dur de grabber, je n’arrive plus à me
plier suffisamment. J’ai le même problème avec les tucknee inverts. Faut que je fasse des étirements… Peutêtre que ça reviendra un jour, mais ça va demander de
la discipline… En fait, il y a pas mal de tricks que je ne
peux plus faire parce que je ne suis plus assez souple pour
grabber…
En dehors du Caballerial, quel autre trick as-tu inventé ?
Les frontside boardslides, en pool. Lipslide to smithgrind.
Switch invert. À l’époque on appelait ça backward invert,
un opposite foot handplant quoi… Les FS gaytwist aussi.
Qui a trouvé le nom « gaytwist » ?
Lance Mountain et Neil Blender.
Neil Blender forcément…
Forcément oui… BS boneless aussi et le fs boneless en
vert. Varial invert… Et voilà, je crois que c’est tout.
Pas mal, pas mal. C’est une bonne liste. D’ailleurs,
en parlant d’innovateur, hier soir à la première du
doc sur la Bones Brigade tu as balancé un peu sur
Mark Gonzales…
maltraiter un peu. C’est des bons souvenirs…
Quelle fut ton implication dans le designe de ta
chaussure ? Je parle du premier model, la Cab.
Ce qui s’est passé, c’est que quand ils m’ont proposé de
faire une chaussure, ils pensaient à quelque chose de
proche de la Air Jordan, parce que c’est ce que je skatais
à l’époque. Alors j’ai dessiné quelque chose et ils avaient
commencé à travailler sur une chaussure de leur côté qui
était assez similaire, donc j’ai changé quelques trucs ici et
là. C’était une collaboration entre Vans et moi. Pour la
Half Cab par contre, c’était mon idée.
Parce que tout le monde coupait les Cab de toute
façon…
Oui c’était la mode à l’époque. Et comme je suis quelqu’un
de très à cheval sur la mode, je me suis mis à les couper
moi aussi, et là je me suis dit « mais pourquoi je fais
ça ? ». J’ai appelé Vans et je leur ai dit : « hé, j’ai une super idée. On va couper la chaussure là où tout le monde la
coupe, on met une photo de moi en half cab et on l’appelle
la « half Cab ». On la sort en plusieurs couleurs et on voit
comment ça marche… ». Et aujourd’hui, vingt ans plus
tard, c’est toujours une des chaussures les plus populaires.
Je crois qu’ils en sont assez contents chez Vans en
effet…
Oui, c’est assez unique qu’elle ait réussi à traverser les
époques, et qu’elle soit toujours dans la tendance, qu’elle
plaise toujours autant.
Tu n’en a pas marre parfois ? Ça fait vingt ans quand
même…
Non, il y a toujours de nouvelles couleurs, des nouvelles collaborations, de nouvelles matières, de nouveaux artistes…
Tu les collectionnes ?
J’ai une assez grosse collection. Je ne les ai pas toutes,
parce qu’il y en a que je n’ai même jamais vues. C’est
difficile de rester au courant de tout ce qu’ils sortent.
Il faudrait que j’aie un espion chez Vans qui me tienne
au courant de tout ce qui sort avec mon nom dessus…
J’habite à sept heures de route, je vais à L.A. de temps en
temps, mais je ne peux pas tout surveiller.
Mais tu n’en as toujours pas marre…
Non, toujours pas.
Bon ben à dans vingt ans alors, pour les quarante
ans de la Half Cab…
Ha ha, oui voilà, à dans vingt ans !
[rires] Oui… Je l’aime beaucoup et j’ai beaucoup de respect
pour lui, mais c’est vrai qu’à l’époque, il avait énormément
d’énergie et parfois il était un peu… Comment dire ?
Fatiguant ?
Oui, c’est ça. Il était fatiguant. Alors il nous arrivait de le
soma 85
Le
dinosaure
« skatez des plus grosses roues ! »
Les chroniques musique, les interviews de groupes,
généralement on évite. Mais quand on nous a
contactés pour rencontrer J Mascis à Paris pour
la promo du nouveau Dinosaur Jr I bet on sky, là on
a pas hésité. Parce que l’influence du groupe dans le
skate depuis 20 ans est immense, mais aussi parce
que l’on est tout simplement de bons fans de base.
Merde, Dinosaur Jr quand même !
Restait maintenant à faire parler J Mascis, aussi
légendaire pour sa musique que pour son manque
d’intérêt pour les dictaphones. Sympa quand-même,
et puis la petite lueur dans les yeux quand on lui
parle de skate fait plaisir... - par Valéry blin
Que fais-tu en Europe ces temps-ci ?
J MASCIS : J’ai fait quelques concerts et je suis là pour
la promo de I Bet On Sky. Je reviens juste de Londres où
je suis allé pour un film. Et je repars pour Los Angeles ou
Portland, je ne sais pas encore. Plus de concerts en Europe
pour l’instant.
Est-ce que tu as conscience de l’importance de la
musique de Dinosaur Jr dans le milieu du skate ?
Hum… J’en suis pas sûr. Je sais que notre musique a été
utilisée dans beaucoup de vidéos de skate… Ouais c’est cool.
Et comment tout ça a commencé ?
Je sais pas trop… Neil Blender est venu à un de nos
concerts durant la tournée de l’album Bug. Et on est devenus amis. Tout vient de Neil je pense.
Tu as vu certaines des vidéos dans lesquelles ta musique est utilisée ?
J’en ai vu quelques-unes… La dernière que j’ai vue c’est
Mind Field la vidéo d’Alien Workshop.
Est-ce que les marques de skate te demandent l’autorisation pour utiliser un de vos titres ? Et est-ce
que tu vérifies le résultat final avant d’accepter ?
Non, je ne sais pas. Je ne peux pas te dire comment ça
s’est passé. Je n’étais pas au courant pour la plupart des
vidéos… Neil me demande parfois mon accord sur certains projets. Mais personne ne nous a jamais envoyé les
montages pour avoir notre autorisation. Du moment que
le skate est bon, c’est cool.
Comment tu expliques ce lien si fort entre Alien
Workshop et Dinosaur Jr ?
ans à la fin des années 70, l’époque de Tony Alva tout ça…
Tu as de bons souvenirs du tournage du clip d’Over
it il y a quelques années ? (On le voit skater vraiment
bien, mais c’est en fait Kyle Leeper qui le double pour
les tricks - NDLR)
Ouais… C’était marrant. Je n’avais pas skaté autant
depuis très longtemps. Le cameraman était incroyable.
(Mike Manzoori, NDLR) Il pouvait skater en arrière tout
en tenant la caméra, c’était incroyable ?
Quels souvenirs as-tu de la soirée Thrasher l’an dernier à Paris à la Gaieté Lyrique ? Tu as pensé quoi de
la prestation des autres groupes, sincèrement ?
C’était cool… C’était quoi les autres groupes déjà ? (rires)
Je ne les ai pas vus. Même pas le groupe de Jake (Phelps,
le rédac chef de Thrasher - NDLR) Quand j’étais jeune,
je le “connaissais”, c’était un grand skinhead de la scène
hardcore de Boston. Il était venu me voir à la fin d’un
concert de mon groupe Deep Wound pour me dire qu’il
avait aimé comment je jouais de la batterie. Il m’avait fait
peur. On peut le voir dans le documentaire All Ages. Je ne
l’avais pas recroisé depuis que j’avais 15 ans. J’ai un peu
flippé quand je l’ai revu à Paris… (rires)
Les mecs d’Alien sont partis dans l’Ohio et à cette époque
ils avaient demandé à Neil Blender d’investir dans la
marque mais il n’a pas voulu… Bref, je les ai alors rencontrés grâce à lui et j’ai toujours été intéressé par les aliens
moi aussi. Donc on avait ce truc en commun…
A ton avis, quel titre de ton nouvel album pourrait
être utilisé dans une vidéo de skate ?
Ah ouais c’était cool, j’ai enregistré l’intro pour la vidéo.
Oh, je ne sais pas. (rires) Peut-être… skatez des plus
grosses roues !
Pour leur dernière vidéo, Mind Field, ils sont carrément venus filmer chez toi…
On te voit d’ailleurs skater avec Omar Salazar. Tu
skates encore un peu ?
Hum… (Silence) J’imagine bien le premier de l’album,
peut-être, Don’t pretend you didn’t know. Juste pour le
groove de la chanson, ça pourrait être bien pour du skate.
Pour conclure, tu as un dernier mot pour les skateurs
français qui liront cette interview ?
Ouais ! (rires) Un petit peu…
C’est quoi ton meilleur trick aujourd’hui ?
Je ne sais pas, peut-être celui que je fais dans cette vidéo, le
daffy. Je n’ai pas skaté de rampe depuis très longtemps, mon
trick préféré c’était le backside air. J’ai commencé vers 12
86 soma
I Bet On Sky de Dinosaur Jr, nouvel album
www.dinosaurjr.com
samuel partaix - frontside boardslide, melbourne / photo : loïc benoit
mus bennacer × akim cherif × gregoire cuadrado × lionel dominoni
lisa jacob × martin keller × mathieu lebail × jon monié
samuel partaix × kevin rodrigues × rémy taveira × sylvain tognelli
nozbone skateshop, 295 rue du faubourg st antoine 75011 paris - metro nation - 01 43 67 59 67
la boutique en ligne nozbone.com / le blog nozbone-skateshop.com
EN
VRAC
La liste non-exhaustive des videos parts
mises en musique par Dinosaur Jr
Duane Pitre, Rob Dyrdek et
Steve Claar dans Footage (G&S)
sur The Wagon (Green Mind)
Mike Vallely dans Speed Freaks
(Speed Wheels) sur Freak Scene
(Bug)
Neil Blender et Steve Claar dans
Speed Freaks (Speed Wheels) sur
Let It Ride (Bug)
Rudy Johnson dans Video Days
(Blind) sur Just like heaven (Fossils)
Rob Dyrdek dans Memory Screen
(Alien Workshop) sur The Lung
(You’re living all over me)
Duane Pitre dans Memory Screen
(Alien Workshop) sur Budge (Bug)
Donny Barley dans Eastern Exposure 3 sur On the Brink (Without a
sound)
Brian Anderson dans Jump Off A
Building (Toy Machine) sur Yeah We
Know (Bug)
Paul Zitzer dans Static sur Puke
And Cry (Green Mind)
Reese Forbes dans Element World
Tour (Element) sur Little Fury Things
(You’re living all over me)
Anthony Papallardo dans Mosaic
(Habitat) sur Forget The Swan (Dinosaur)
Omar Salazar dans Mind Field
(Alien Workshop) sur Creepies (Farm
deluxe edition) et Almost Ready
(Beyond)
Grant Taylor dans Mind Field sur
Grab It (Without A Sound)
Mikey Taylor dans Mind Field sur
Crumble (Beyond) - VB
Et un petit topo sur Neil Blender
Il est fort probable que la grande majorité de nos lecteurs ait du mal à comprendre la fascination qu’on a, nous autres vieillards, pour Neil Blender. Il faut
dire que le gars était pro au début des années 80 et qu’à la fin de celles-ci, il avait
déjà quitté le devant de la scène. Entre temps, il avait inventé une demi-tonne
de tricks comme le lien air, le bean plant, le hurricane, le fastplant… Et nommé
une demi-tonne d’autres manœuvres comme le no comply, le gay twist, etc, etc.
C’était donc un excellent skateboarder, fait indiscutable, sinon, il n’aurait pas été
pro, il aurait juste fait un magazine de skate… Mais au-delà de cela, Neil Blender
est un personnage hors norme, ultra créatif, dont l’influence sur le skateboard
est immense. Il a été l’un des premiers à dessiner lui-même les décos de ses promodels (ses planches s’arrachent aujourd’hui à prix d’or sur eBay), il était aussi
capable, en plein run d’un contest de « street », de sortir une bombe de peinture
de sa poche pour dessiner sur un obstacle, puis reprendre son run comme si de
rien n’était. Il a également été très fortement impliqué dans la création d’Alien
Workshop. Il a dessiné et continue de dessiner des décos pour des dizaines de
marques (dont dernièrement une série pour Black Label), il a fait des pochettes
d’albums pour Dinosaur Jr, des bédés pour les mags, et tout un tas de trucs tout
aussi remarquables et qui vont à l’encontre totale de ce qu’un mec comme Dyrdek
est en train de faire aujourd’hui, ce qui est assez paradoxal quand on sait qu’il
vient justement de racheter Alien Workshop… Mais ceci est un autre problème,
et en attendant que le monde s’écroule pour de bon, allez chouffer des vidéos de
Neil Blender sur youtube, tout de suite ! - FD
88 soma
Neil Blender, lui-même, quelque
part dans les années 80, shooté par
son pote Lance Mountain. La classe,
quand-même, de se faire prendre en
photo par Lance Mountain.
C
M
J
CM
MJ
CJ
CMJ
N
WWW.CRIMELAROCHELLE.COM
EN
VRAC
Le bouquin qui fait soi-même
En cette fin d’année 2012, on peut raisonnablement commencer à en avoir marre d’entendre parler de
« DIY ». C’est que la chose a le vent en
poupe. Le diailleouaille, c’est tendance mon
pote. On enfile une veste sans manche de
travailleur from Detroit, un bonnet de marin
pécheur, on arbore des tatouages de taulards,
on plonge les mains dans le béton et hop, à nous
les parus dans les mags de skate ! Ça, grâce notamment à des mags comme le nôtre (Kingpin aussi, et
d’autres…), vous en avez bouffé du spot construit à
l’huile de coude et à la franche camaraderie. Et à vrai
dire, à force, on en aurait presque marre. Et pourtant, nous
n’avons que de très bonnes choses à dire sur ce bouquin. Alors
oui, bien sûr, les gars qui éditent ce livre sont nos amis, et
de très bons potes de sessions, mais même s’ils n’avaient été
que de sombres hypsters en mal de reconnaissance, nous n’aurions
toujours pas réussi à penser le moindre mal de ce DIY là. Le livre
est simplement magnifique, alors rangez donc cette mauvaise foi au
placard, au moins pendant cinq minutes et accordez-nous encore un peu de votre attention.
Il s’agit là de 160 pages de photos d’un certain Richard Gilligan, photographe irlandais, qui a parcouru l’Europe
et les U.S. à la recherche de ses spots renégats en béton qui fleurissent en lisière des villes. Gilligan, qui peut
être un très bon compagnon de session lui aussi, a donc photographié des spots, vides, sans skateurs. Des spots
souvent éphémères, construits avec les moyens du bord, généralement sans autorisation et sans le moindre glamour. On n’est pas en Californie ici… Les photos sont donc à l’image des spots, brutes, sans paillettes, froides et
terriblement belles en même temps. Bref, c’est chouette, c’est du « DIY » et vous pouvez vous faire une idée de
la chose en allant sur leur blog (www.1980editions.com/diy-blog). - FD
DIY de Richard Gilligan
44 euros chez 19/80 éditions
Les surprises videomusicalogiques
Le skateboard en vidéo partage avec
le patinage artistique un goût certain
pour la musique synchronisée avec les
cascades. Une vidéo sans musique, vous
en conviendrez, c’est rare. Ça existe,
mais c’est rare. On parle de vraies
vidéos là, comme avant l’internet…
Bref, la musique et le skate main dans
la main, ça ne n’étonne plus personne,
encore que, parfois ça peut encore surprendre... Voilà dix musiques de vidéos
garanties sans Dinosaur Jr, Wu Tang
ou Suicidal qui ont eu leur petit effet
(de surprise) à l’époque… - FD
90 soma
« Nights in white satin » The Moody Blues - Heath
Kirchart dans la TWS Sight Unseen
« Traneing in » John Coltrane - Mark Gonzales dans
la Blind Video Days
« Avalanche » Leonard Cohen - Lisa Jacob dans la
vidéo Nozbone Rendez-vous
« Haunted and nervous » Sizzla & Anthony B
- John Cardiel dans la TWS Sight Unseen
« Everybody » Backstreet Boys - Sluggo dans la
RDS FSU
« Highway to heaven » la chorale des enfants de
l’église de Times Square - Lenny Kirk dans la Alien
Workshop Time Code
« Un autre monde » Téléphone - Jérémie Daclin
dans la Cliché Bon Appétit
« What a wonderfull world » Louis Armstrong
- Rodney Mullen dans la Plan B Questionnable
« J’ai du chagrin Marie » Michel Polnareff
- Chocolate vidéo Oui will Rock You
« Sonate au clair de lune » Beethoven
- Pat Brennen dans la Powell Celebrity Tropical Fish
Mentions spéciales pour la muisque de la vidéo
Planet Earth Animal Farm entièrement composée
de la BO de Star Wars, ainsi qu’à la musique de
la vidéo Rhythm Genesis composée exclusivement
de techno merdique…
toni brossard – switch FS noseslide
photo mathieu claudon
jonathan jean-philippe
thomas renaux – alex
hermann – benoit renaux
paul denau – joseph biais
franky eyoum
64/68 rue st honoré
01 40 41 98 69
métro louvre rivoli/les halles
w w w. s t a r c o w p a r i s . c o m
EN
VRAC
Le bouquin de photos
Beyond, c’est le nom d’un skate shop en Finlande qui vient de
sortir ce bouquin dans lequel on retrouve la vidéo «Yours Truly»
(en DVD) qui circulait encore sur le net il y a quelques semaines. Un
recueil rafraichissant de photos de skate sans chichi, avec que des noms
et des spots inconnus, et une seule phrase pour texte : « Ce livre est l’histoire illustrée des riders Beyond, de leurs sessions, de leurs voyages et le
plus important, des bons moments qu’ils ont passé ensemble.» Qu’est-ce qu’il
y aurait d’autre à dire ? - DT
Disponible pour 10 euros sur
www.beyondstore.fi/tuote/yours-truly-beyond-dvd-photobook
Le Pro-tarlé (le retour)
« Kevin Rodrigues, il a vraiment un
nom à se faire sponso Chocolate ! »
- Franc Bruneau AKA Semelle de plomb, ancien habitué du Trop Parlé de Sugar,
ex de Bastille et bifleur à temps partiel
Le bouquin de dessins
Olivier Benoît, Flag pour les intimes, est un skateur
nîmois de la première heure, il avait déjà une rampe dans
son jardin que t’étais même pas né, fils. Aujourd’hui, il vit
à Marseille, skate toujours et vient de sortir un bouquin
compilant plus de vingt ans de dessins, gribouillages et
peintures en tout genre. C’est assez perturbant à vrai
dire. Quand j’ai reçu le bouquin, j’avoue m’être posé
deux ou trois questions sur mon pote Flag… Ce qu’il est
important de préciser ici, c’est qu’il n’est ni un enfant
de six ans, ni un psychopathe fou dangereux. Tout du
moins, il n’a pas encore été officiellement diagnostiqué
en tant que tel. Après ce bouquin, la sentence va peutêtre tomber, en effet… Bref, on vous tiendra au courant.
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votre Bontempi, puis cliquez sur « shop ». - FD
10 euros, 100 pages, format A5, papier de qualité supérieure, pas cher mon frère.
À ranger à côté de la collection de Soma sur l’étagère.
92 soma
TOF: Florian El Gabteni.
Vincent Coupeau
CREA MS k a t e sho p. c om
10
RAISONS
d’adorer ou détester
Eric Koston
Vous avez remarqué comme c’est la
mode de détester Eric Koston, en ce
moment ? Certes, on en a bouffé pas
mal ces derniers temps, on frôle même
parfois l’overdose, mais bon… C’est
quand-même très symptomatique de
la post-adolescence : on finit toujours
par détester ses idoles.
Immigré thaïlandais devenu aujourd’hui millionnaire, Koston incarne
parfaitement le rêve américain. Et
qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il est
évident qu’il a toujours été plus ou
moins le meilleur. C’est bien là l’un des
seuls faits incontestables à son sujet..
Texte et séquence par Tura
Photo par Guillaume Périmony
Le détester...
Parce que faire des “dork tricks”, c’était
marrant quand il faisait encore des bons
gros hammers.
Parce qu’après les Koston 3, chez Es,
c’est devenu n’importe quoi.
Parce qu’il pousse comme une pétasse,
et qu’il n’a jamais appris à pousser autrement qu’en mongo lorsqu’il est en switch.
Parce que ça nous a tous fait bizarre
quand il a quitté Lakai...
Parce que lui et son pote Steve Berra ont
inventé des règles débiles pour les OUT.
Parce qu’on n’en peut plus de voir sa
tronche partout.
Parce qu’il aime trop le basket.
Parce qu’il est devenu trop “politiquement correct”. (De nouveau pote avec Paul
Rodriguez ?)
Parce qu’il y a trop de raisons de l’adorer. C’est donc devenu cool de le détester.
Parce que place aux jeunes !
L’adorer...
Parce que ses parts dans Mouse (1997), Menikmati (2000) et Yeah
Right ! (2002) sont juste complètement dingues, à tous les niveaux.
Parce qu’il a toujours su prendre des risques : quitter H-Street (au
moment où sortait son pro-model), quitter 101 (la marque de Natas Kaupas) pour aller monter Girl avec ses potes…
Parce qu’il n’est pas sponsorisé par un energy drink. Donc il sait que
c’est de la merde.
Parce que son déguisement de GG Allin dans “Chomp on this” était impeccable. Au passage, ça et sa crise au début de sa part dans “Yeah Right !”
ont bien démystifié le personnage, qui est soudain devenu plus humain.
Parce qu’il a fait switch tré sur les 7 (6) de l’EMB en 1991, BS noseblunt sur Hubba Hideout et inventé le Fandangle...
Parce qu’il sait tout faire, et qu’il faisait déjà tout il y a 20 ans, dont
des 540 en Vert’.
Parce qu’il a de l’humour et qu’il est plein d’autodérision. Ce qui n’est
vraiment pas donné à tout le monde.
Parce qu’il a réussi à s’embrouiller avec P-Rod, pour des histoires de
sponsors, il y a 10 ans.
Parce que les Koston 1 chez Es étaient techniques et sobres à la fois,
et parfaites pour skater.
Parce qu’il a la putain de classe !
Pourquoi faire des vrais tricks quand on peut
faire des dork tricks ? Tirette à Bercy.
94 soma
toni brossard – switch FS noseslide
photo mathieu claudon
jonathan jean-philippe
thomas renaux – alex
hermann – benoit renaux
paul denau – joseph biais
franky eyoum
05659452/65
6138
rue st honoré
01 40 41 98 69
métro louvre rivoli/les halles
w w w. s t a r c o w p a r i s . c o m
K E L L E N
J A M E S
B AC K S I D E
O L L I E
@ O S I R I S _ S H O E S
FAC E B O O K . C O M /O S I R I S S H O E S
@ O S I R I S s h o e s
t h e
F O R
n y c 8 3
M O R E ,
m i d
O S I R I S S H O E S . C O M
#KELLENSM4L
JUSTIN BROCK
C ON T ROL
Kevin Rodrigues - slappy BS smith - malmö
Photo : Tura
« Je me heurte parfois à une telle incompréhension de
la part de mes contemporains qu’un épouvantable doute
m’étreint : suis-je bien de cette planète ?
Et si oui, cela ne prouve-t-il pas qu’eux sont d’ailleurs ? »
- Pierre Desproges / Chronique de la haine ordinaire

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