Le drôle de rêve de Morgane Hedge

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Le drôle de rêve de Morgane Hedge
Le drôle de rêve de
Morgane Hedge
Alexia Archen-Leclere
Bonjour, pour ceux qui ne me connaissent pas, je m’appelle Dakota-Gé Alexia
Maria Louisa Elisabeth Morgane Neiphésis Hedge. Mes parents ne savaient pas
comment m’appeler alors j'ai hérité de tous leurs choix. Quelle galère, vous
n'imaginez même pas !
La plupart de mes connaissances m’appellent Morg. En effet, j’ai décidé de
m’appeler Morgane le jour de mon neuvième anniversaire : c'était le seul de
mes prénoms que je trouvais cool. Je viens d’avoir treize ans et je rentre en 4e.
Cette année, ma mère me change de collège. Pourquoi ? C’est un grand
mystère mais, apparemment, elle a décidé de me pourrir la vie. Eh bien, elle a
réussi. Je change d'école, je n'ai aucun repère, rien, le brouillard. C'est le noir
complet dans ma tête.
Je suis brune avec une mèche blonde devant et j’ai les yeux bleus. Je ne suis ni
spécialement mince ni spécialement grosse. Je ne suis pas très populaire non
plus, plutôt le genre de fille invisible à qui personne ne parle et qui, au fil du
temps, a commencé à aimer la solitude plus que les autres.
D’un naturel réservé, je n’arrive à me lier avec personne depuis que je suis
rentrée à la maternelle. La seule amie que je n’aie jamais eue depuis qu’on a
emménagé dans la région, c’est Lauren qui est issue d’une famille super riche.
Fermez les yeux et imaginez une maison blanche avec deux grosses colonnes
de chaque côté. Tournez-vous et regardez l’immense jardin et le centre de soin.
Le rêve. C’est à cela que ressemble sa vie. Gloire, paillette et champagne.
Lauren a toujours été très discrète et a peur de tous les insectes qui existent
sur Terre. Ses parents ont même engagé un désinsectiseur.
Quand je suis rentrée en 6e, nous nous sommes perdues de vue. Encore une
folie de ma mère qui tenait à m’inscrire dans une prestigieuse école privée dès
le collège. Me revoilà donc dans la même école qu’elle, à son plus grand
désespoir. L’internat devenait trop cher. Et oui, c’est la crise !! Alors, elle
n’avait pas vraiment le choix.
Je crois que j'aurais tout de même souhaité rester dans mon ancien collège
même si je suis contente de la retrouver. Car à l’internat j’étais loin de ma vie,
de ma mère, de mon père et de leurs problèmes familiaux. Je pense que ça
aurait été mieux pour tout le monde.
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Je vis dans une maison à la campagne avec ma mère et mes deux frères, Adrien
et Maxwell. Mes parents étant divorcés et pas en très bon termes, je ne vois
mon père que trois fois par an environ.
Je ne me sens pas bien en collectivité. Je ne sais jamais quoi dire aux autres.
Dès que l'on commence à me parler, j'ai des sueurs chaudes, je bégaie et dis
n'importe quoi.
Ma mère répète sans arrêt que je suis peu sociable. Ma psychologue, elle,
pense que c’est plus de la timidité et un manque de confiance en moi. Mais,
pour tout dire, j’ai peur que les autres me rejettent pour ce que je suis
vraiment. Quelqu’un qui aime les contes de fée, les histoires romantiques, les
robes de princesse (d’ailleurs je nierais avoir dit ça). Je suis une rêveuse qui
rêve au grand amour. Et qui aimerait avoir un confident qui ne me jugerait
jamais.
Je garde toutes ces choses au fond de mon cœur en espérant pouvoir les
raconter un jour, mais je n’ai pas assez de courage. Je ne dis jamais rien ni de
mes craintes ni de mes peines. Parfois, j’ai l’impression d’entendre mon âme
crier car toutes ces souffrances aimeraient sortir.
Mon niveau scolaire est plutôt moyen. Je ne joue d’aucun instrument et je
déteste le sport. Quand mes professeurs parlent de moi, ils me comparent à
une locomotive sans charbon ou à une fleur sans odeur.
Pour ce qui concerne ma famille, c’est assez simple. Ma mère, Drew Clarence
Hedge, travaille en tant que styliste, journaliste et conseillère de mode dans un
magazine. Mon père, William Hedge, est un homme d’affaires très occupé. Il
voyage beaucoup et pense plus à son travail qu’à sa famille.
D’ailleurs, c’est l’un des principaux points de discorde entre mes parents. Et je
ne vous dis pas quand ils commencent ces deux-là. Mais je suis contente
quand ils se disputent, car au moins le dialogue passe entre eux.
Mes frères sont tous deux de parfaits incompétents. Je m’ennuie à mourir avec
eux. Adrien est de deux ans mon aîné et Maxwell a six ans de plus que moi.
Vous l’avez compris, je suis la petite dernière. La petite chouchoute de tout le
monde. Quelle chance, mais c'est vraiment horrible ! Personne ne veut vous
voir grandir. J'ai toujours la même tapisserie que mes grands-parents m’avaient
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offerte pour mes trois ans. Pour mes parents, être la dernière signifie surpasser
mes deux frères afin de pouvoir annoncer fièrement à leurs collègues : mon fils,
ma fille est rentrée à Harvard. Le rêve de ma mère avant tout.
En ce qui concerne Adrien, il est au lycée. S’il pouvait faire comme il voulait, il
irait dans la prestigieuse école Juilliard School de New York. Son rêve : devenir
le plus grand musicien de tous les temps. Moi, je trouve qu’il joue de la guitare
comme un dieu, mais je ne dois pas être la seule vu le nombre de filles qu’il
ramène chaque semaine à la maison. Une nouvelle chaque jour !! Bref, depuis
que je suis entrée dans sa chambre pour lui emprunter sa guitare, je suis
interdite de visite. Il a fait une crise et j’ai cru que mon heure était arrivée. Il est
super effrayant quand il s’énerve. Ses yeux passent au rouge fusion. Première
règle avec lui : ne jamais le provoquer, je vous assure.
Quant à Maxwell, lui, il voudrait devenir un grand physicien. En regardant de
plus près les origines de son prénom, on peut se demander où il a été cherché
ça. James Clerk Maxwell, grand physicien et mathématicien écossais. On ne
s’est jamais beaucoup parlé. Les seuls mots gentils qu’il m’ait jamais dits sont :
«Je travaille, reviens plus tard.» Pour ce qui est de ma famille, c’est tout.
C’est à présent que mon histoire commence, ce jour de la rentrée. Ce jour où
ma destinée a changé. Ce jour, où moi, Morgan Hedge, simple adolescente est
devenue une fugitive recherchée dans un monde complètement inconnu !
Voilà l’histoire peu normale d’une aventure où tout vous semble un rêve. Mais
quand vous voyez que ce n’en est pas un. C’est un choc ! J’espère pouvoir me
souvenir de tous les détails pour vous en faire part. Mais n’oublions pas une
chose la vie est un long chemin que l’on empreinte mais c’est le destin qui en
décide la direction à prendre.
C’est à présent que cette histoire commence, celle d’une jeune fille qui devra
affronter ses craintes et ses peurs pour avancer. Une aventure étrange m’est
arrivé qui à bouleverser ma vie peu surprenante. Mais peu importe, le plus
important n’est-il pas de survivre et de s’amuser tant qu’on y est ? C’est
l’histoire de ma vie, d’une destinée difficile que j’ai dû affronté. Celle d’une
jeune fille folle croyant aux mythes, légendes et à la magie de l’irréel. Une
personne cherchant simplement pourquoi elle est venue au monde.
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Aujourd’hui, c’est la rentrée et je suis un peu stressée, car je ne connais que
Lauren dans ce nouveau collège. Je suis à l’heure. Le chauffeur de ma mère,
Harry, qui doit être au service de ma famille depuis la nuit des temps, attend
dehors et fume son cigare Montecristo. Je regarde cet immense bâtiment blanc
où commencent déjà à rentrer quelques élèves. Tous les visages me sont
inconnus, mais il ne faut pas que je panique. Trop tard, je suis angoissée, j’ai
une grosse boule dans la gorge et suis à deux doigts de pleurer.
Vite, il me faut un mouchoir. Oh, j'aperçois Lauren.
Je sors et me dirige vers elle. Elle est d’une classe étonnante avec son chemisier
violet qui fait ressortir ses yeux, sa jupe noire et ses magnifiques bottes, et moi
j’ai l’air pathétique avec mon jean et mon t-shirt. Elle me reluque de la tête au
pied et me dit sur un ton hautain de dame de la haute bourgeoisie :
«- Ah ok, ça devrait aller comme ça. T’aurais pu mettre quelque chose d’un peu
plus sympa quand même. C’est la rentrée, quoi !!!»
J’en étais bouche bée. Lauren, mon amie depuis toujours, qui copiais mon style
vestimentaire à l’école primaire, Lauren que je n’avais pas vue depuis deux ans
ne me disait ni bonjour ni comment vas-tu ? Je l’ai regardée ébahie. Je n’en
revenais pas, elle n’était plus la même. Cette petite fille encore plus timide que
moi avait totalement changé.
Elle a tourné les talons et m’a lancé :
«- Viens, je vais te faire visiter le bahut.»
Le collège comporte trois bâtiments principaux et une cafétéria. Ma visite a été
assez courte, car des élèves ont fait signe à Lauren de s’approcher.
Nous nous sommes dirigées vers les listes de classe. Lauren a tapé dans la main
des cinq autres filles puis m’a présentée :
«- Les filles, voici Morgane, une amie d'enfance.»
Elle avait bien appuyé sur le mot enfance. Comme si c’était nécessaire de le
préciser.
«- Salut Morgane, ont-elles répondu en chœur, voici Brittany, Elena, Lou, Emma
et Sue. On forme le groupe des B.E.L.L.E.S avec Lauren.»
Non mais ! Sérieux ! Qui forme encore des groupes ? C’est vraiment
complètement dépassé.
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Elles me souriaient en ayant l’air d’attendre que je leur dise quelque chose ou
que je leur fasse un éloge. J’ai simplement dit :
«- Bonjour,… je suis …Dako…non Morgane enchantée de … vous rencontrer.»
Impossible de trouver une présentation plus nulle. J’étais tellement intimidée
par leurs yeux de chouette fixés sur moi que je n’ai pas arrêté de bégayer. Elles
me regardaient comme si j’étais la dernière des bécasses.
Je suis allée voir les listes des classes. A mon grand désespoir, j’allais me
retrouver seule sans la seule personne que je connaissais. J’étais en pleine forêt
amazonienne, perdue parmi les singes.
Je suis entrée en classe. Le nom de notre professeur principal est Mme Leek,
une vieille dame d’une cinquantaine d’années au moins, qui porte des lunettes
et qui doit être à moitié sourde comme tous les profs de maths. Je m’ennuie à
mourir, je ne sais pas quoi faire. Je me retrouve seule, je me sens seule
abandonnée par celle que je croyais être mon amie.
Je regarde les aiguilles de ma montre tourner en espérant que la sonnerie ne
tarde pas pour que je puisse rentrer chez moi. Une fois mon souhait enfin
exaucé, je prends mon sac aussi vite que le vent et sors de cet endroit qui allait
devenir à présent mon enfer quotidien. Je marche le long de la rue, le vent
balaie mes cheveux, caresse mon visage. Espérant un miracle au plus profond
de moi pour que je ne puisse plus jamais retourner dans cet endroit. La voiture
de Harry est venue se placer à côté de moi, je me suis assise à l’arrière en
regardant la route défiler jusqu’à la maison.
«- Votre journée s’est bien passée, mademoiselle ?
- Ça peut aller.
- Votre mère reviendra vers 21h ce soir et vos frères dorment chez votre père.
Ils ne vous ont pas attendue car votre père était pressé.
- Très bien. Ce n’est pas grave, j’ai l’habitude.»
Ah oui, l’un des gros avantages avec ma mère, c’est qu’elle n’est jamais là. Mon
père a, quant à lui, une règle : il fixe le rendez-vous et, si vous n’êtes pas
ponctuels, il part sans vous.
Vingt minutes plus tard, nous sommes arrivés. J’ai couru jusqu’à mon lit. J’étais
épuisée. J’essayais de digérer ce qui m’était arrivé aujourd’hui. A l’heure du
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repas, Harry est venu toquer à ma porte, et il a déposé le plateau sur mon
bureau. J’ai hoché la tête et il est parti.
Je n’avais pas faim. J’ai pris le plateau et l’ai posé devant la porte. Que faire pour
tuer le temps ? Je n’en avais aucune idée. Mes paupières étaient lourdes. Je me
sentais mal, le désespoir de cette année scolaire à venir m’envahissait. Je savais
que j’allais me retrouver seule. On m’avait trahi. On m’avait abandonné.
J’espérais un miracle. J’ai fermé les yeux apercevant pour dernière image ma
chambre que je voyais chaque jour depuis dix ans.
Je sentais mon rêve m’emportait, m’arrachait à l’irréel. Quand j’ai rouverts les
yeux, je n’étais plus dans ma chambre mais dans un endroit complètement
différent. J’étais dans la neige grelottante, dans la pénombre de la rue.
«- brrr »
C’était tout ce que je parvenais à dire. J’avais si froid. Je n’arrivais pas à bouger.
Mes cheveux étaient trempés. Je ne voyais rien. Mais l’endroit où je me trouvais
était complètement différent de ce que j’avais connu jusque-là. C’était
tellement incroyable que les mots eux-mêmes ne peuvent décrire pareille
merveille.
La neige était d’une blancheur immaculée. En face de moi se trouvait une
maison lumineuse comme si tout était éclairé à la chandelle. Les grilles étaient
grandes et blanches. L’océan se trouvait tout près. A l’intérieur régnait une
ambiance festive et familiale. Je crois que c’est ce que l’on appelle le bonheur…
Dans cette neige si froide et glaciale, je ne souhaitais que dormir, oui, dormir
pour l’éternité. Cette neige me donnait envie de dormir et de rêver pour
toujours. C’était plus qu’un simple souhait. C’était comme une force qui me
plongeait dans la nuit Je voulais fermer les yeux et dormir pour l’éternité
jusqu’à ce que l’espoir que j’avais perdu dans ma vie de solitude revienne. Mais
était-ce vraiment la fin pour moi ? Où n’était ce qu’un simple rêve ? En tout
cas, c’était merveilleux d’avoir vu autre chose que la solitude dans ma vie à cet
instant. Mes yeux étaient en train de se fermer tout doucement…
Tout d’un coup, une voix forte a retenti près de moi :
«- Et toi ! T’es qui ? Tu es folle ou quoi ? Etre habillée comme ça ! Tu crois qu’on
est en été !!
- Hum…..
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- Allez debout ! Viens, tu habites où ? Je vais te raccompagner chez toi.
- Euh…14th Bay Street, Norfolk» (c’est en Virginie, j’habite en Amérique au cas
où j’aurais oublié de vous le dire, chers lecteurs)
A cet instant, j’ai ouvert les yeux, eh bien, je n’ai jamais été spécialement
intéressée par les mecs, mais celui-là, on peut le crier haut et fort, il est
canon !!
Il était blond aux yeux noisette, assez grand et vêtu d’un manteau de velours
gris. Il avait sûrement un an ou deux de plus que moi et il a dit d’un air sérieux :
« Elle me casse les pieds celle-là, elle n’arrête pas de me fixer, mais elle va finir
par se lever ou pas ». C’était justement ce qui le rendait trop craquant.
«- Tu veux ma photo ou quoi ? On ne va pas y passer toute la journée ! Tu as dit
que tu vivais où déjà ?»
Faire preuve d’impatience avec une fille, je n’aime pas du tout ça. Ce n’est pas
galant. Super, je me suis mise à parler comme ma mère, moi qui n’ai jamais
écouté personne et qui suis la première à être impatiente. Et oui, l’un de mes
défauts c’est que je ne supporte pas d’attendre.
J’ai réussi à me lever. Ouah, c’était un exploit, car j’avais l’impression que tous
mes membres étaient congelés. Mon mystérieux inconnu me dépassait d’une
bonne tête.
«- Euh …Je vie 14th Bay Street, Norfolk
- Désolé, je ne connais pas, tu peux être un peu plus précise ?
- C’est en Virginie. On est où ici ?
- La Virginie, je ne connais pas. Et ici, on est à Bellerive, la capitale de
l’Oceandrive.
- Et ça se situe où exactement ce pays, sur Terre ?
- Mais de quelle planète tu viens toi ! C’est quoi ça ? Ici on est sur Arcadion.
- Arcadion ????
- Arcadion, la deuxième plus belle planète de la dimension Jurix.
- Pardon… Oui, tu te moques de moi, c’est ça. C’est pas très sympa.»
Je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai pas réussi à le regarder en face. Je crois que
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j’étais rouge comme une tomate. Je déteste les blagues et les moqueries car à
chaque fois je rougis tellement je suis gênée.
«- Mais non, je ne me moque pas de toi. T’es sûre que ça va ?
- Non, ça ne va pas du tout. Je ne sais pas où je suis ? Je parle à un inconnu.
C’est la catastrophe !!
- T’es bizarre toi. Mais sérieusement tu viens d’où car j’ai jamais entendu parler
de …Norfolk.»
On a échangé un regard qui a mis fin à ce lourd silence et a remplacé des
dizaines d’explications.
Il m’a dit d’un air incertain :
«- Bon alors, je m’appelle Oliver, ravi de te rencontrer personne venant d’une
autre planète. Et il m’a tendu la main.»
Je lui ai tendu la mienne et me suis présentée à mon tour.
«- Je m’appelle Dakota-Gé Maria Louisa Elisabeth Morgane Neiphésis Hedge,
mais tout le monde m’appelle Morgane ou Morg.
-Enchanté, je n’avais jamais rencontré une personne venant de la Terre. Que
fais-tu ici ? Tu es ici en amie ou ennemie ? Tu es dans quel camp pour la Grande
Bataille contre le maître de la magie noire ?»
Assaillie de questions pour lesquelles je n’avais pas de réponse, je l’ai regardé.
De toute évidence, il attendait ma réponse, alors j’ai commencé à lui parler de
ma journée, de ma vie, de mes parents. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Mais il m’a
écoutée avec beaucoup d’attention et a ensuite dit :
«- Oui, je vois. Tu es là par accident en fait.
- Tu ne sais vraiment pas comment je peux retourner sur la Terre ?».
J’ai demandé cela en prenant un air aussi pitoyable et lamentable que possible.
Pour essayer de l’amadouer au cas où il voudrait me garder prisonnière ou me
vendre comme dans tout bon roman d’amour ou de science-fiction. Mais il
n’avait pas l’air d’être méchant. Enfin sait-on jamais.
«- Non, désolé, mais ton histoire est incroyable. Ça fait longtemps que je n’en
avais pas entendu une aussi bien. Ici, les histoires sont interdites depuis que le
maître de la magie noire est arrivé au pouvoir. Le temps s’est mélangé, plus rien
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ne fonctionne correctement. Beaucoup de sorciers sont partis à la guerre mais,
tu sais, si tu n’as pas le don pour en devenir un, tu es recalé en acolyte.
«- Sorciers ???Maitre de la magie…
- Oui, ici, ce sont les personnes qui ont un don.
- Je croyais que ça n’existait que dans les contes.
- Et non, comme tu vois.»
Il m’a alors fait un sublime sourire et j’ai failli m’évanouir.
«- Et toi, tu es un sorcier ?
- Oui et non, j’ai le don, mais pas de maître, alors je ne pourrais jamais
apprendre de formule.
- Tu n’as pas essayé tout seul ?
- Si, mais c’est difficile. Créer des formules, c’est super complexe.»
Soudain, il y a eu un coup de froid. Un tourbillon de vent a commencé à se
former. J’étais pétrifiée, incapable de bouger.
«-Morgane …
- Oui.
- Quand j’aurais fini de compter jusqu’à trois, on va courir très vite sur la droite,
mais surtout ne me lâche pas la main.
- Hein, mais pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe ?
- Un…
- Mais…
- Deux…
- Qu’est-ce que c’est ?...
-Et trois. Cours, Morgane.»
Nous nous sommes mis à courir. C’est à ces moments-là que vous vous dites
que vous auriez dû faire plus de sport. Le tourbillon nous rattrapait
dangereusement. Tout à coup, Oliver s’est arrêté net et a fait volte-face. Après
un bref coup d’œil, j’ai aperçu un cul de sac.
«- Bon, il va falloir combattre Jake.
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- Jake ??
-Oui c’est lui le tourbillon. Tous les sorciers sont spécialisés dans un élément
particulier. Cela dépend de ta famille.
- Et toi, c’est quoi ?
- Euh…il vaut mieux que tu ne le saches pas.
- C’est si embarrassant.
- Non, disons que c’est un secret et j’aimerais que ça en reste un.»
Je n’ai plus posé de questions. J’étais sûre que cela devait être un truc
embarrassant. Je riais au fond de moi, je trouvais ça drôle. J’essayais de deviner
ce que cela pouvait bien être mais un coup de vent m’a arrachée à mes
pensées. Le tourbillon s’est arrêté petit à petit. Et un garçon de quinze ans
environ est apparu. Il avait les cheveux noirs mi-longs et il portait une tenue en
cuir noir. Il avait aussi un affreuse cicatrice sur la joue gauche.
La bataille allait commencer !
Jake m’a regardée avec son regard de braise, me faisant remarquer en
esquissant un sourire :
«- Tu n’as pas de très bonnes fréquentations, ma jolie !»
Non, mais pour qui se prenait-il pour m’appeler ainsi ! Une boule d’énergie a
défilé devant moi et est allée droit sur Jake. Il l’a arrêtée sans grosse difficulté et
m’a dit sans me quitter du regard :
«- Oui, de très mauvaises fréquentations, c’est pour ça que je te dis adieu.»
Et il a lancé la boule droit sur moi. Je ne savais pas comment réagir. Oliver me
regardait, l’air horrifié, sachant qu’il n’arriverait pas à temps pour l’arrêter. Je ne
savais que faire, j’avais l’impression de vivre une scène au ralenti. D’ailleurs, ce
n’était pas qu’une impression, le temps s’était figé, plus rien ne bougeait. La
boule était là juste devant moi. J’ai fait le tour de celle-ci. Je l’ai touchée et
regardée incrédule. Oliver avait le visage figé, tout comme Jake. Je ne savais pas
si je devais rire ou pleurer.
Une voix a commencé à parler, et une sorte de spectre, d’esprit est apparu. Une
femme ornée d’une couronne dorée sur son front, vêtue d’une toile blanche.
Elle était presque transparente.
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«- Morgane, Morgane, ton destin n’est pas de mourir aujourd’hui.
- Qu’est-ce que c’est ? Mais qui êtes-vous ? Que se passe-t-il ?…
- Morgane, un jour prochain, tu reviendras ici plus forte, plus mature, mieux à
même de te défendre, et tu pourras alors aider ce monde. Mais aujourd’hui tu
es encore trop faible. Tu vas repartir chez toi maintenant.
- Mais que va-t-il se passer pour Oliver et pour Arca…
- Ne t’inquiète pas, quand tu reviendras ce monde aura sûrement encore
changé, mais tu pourras l’aider. Et ne pas échouer dans ta mission.
- Mais, je ne comprends rien. Qui êtes-vous ?
- Ne nous oublie jamais Morgane. N’oublie jamais Arcadion, n’oublie jamais qui
tu es vraiment … et fais toujours attention à ce qui se passe autour de toi. La vie
est un grand mystère qui mérite d’être exploité.»
Soudain, une lumière aveuglante me frappe. Mes jambes s’écroulent. Je tombe
de fatigue. Autour de moi, rien que du noir.
La lumière du jour me réveille. Je suis seule dans ma chambre. Ce n’était qu’un
rêve, me dis-je. Un rêve bien étrange. Tout d’un coup, je me fige. Si ce n’était
qu’un rêve, alors pourquoi la neige tombe-t-elle autour de moi ?
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