La JOIE - ACTE

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La JOIE - ACTE
La
JOIE
de la RÉSURRECTION
Art
16
Zurich
Directeur de l’Histoire de l’Art
Art-Communication : www.s-art.ch
L’Art et son Temps
La chapelle Sixtine à Rome,
est le siège du Conclave, le processus
par lequel un nouveau pape est élu.
Elle a été construite au temps du pape
Sixte IV, entre 1475-1483 et est
un ouvrage central de l’histoire de
l’art européen. Les peintures murales
ont été exécutées par les peintres
Sandro Botticelli, Pierre Pérugini,
Domenico Ghirlandaio et Cosimo
Rosselli. Michel-Ange Buonarroti
(1475-1564) peignit le plafond
de magnifiques œuvres d’art
illustrant le thème intitulé “Genèse”
entre 1508-1512, ainsi que
la peinture de l’autel du Jugement
Dernier entre 1535-1541.
La peinture du Jugement Dernier
fut commandée par le pape Clément
VII (1523-34), et terminée sous
Paul III (1534-49). Elle contient
environ 390 personnages sur
plus de 200 m2, dont beaucoup sont
plus grands que nature.
On pense que Michel-Ange effectua
ces fresques, sans l’aide d’autres artistes
ou d’assistants, ce qui n’était pas
habituel à son époque. Le Jugement
Dernier est une œuvre magnifique,
moderne, d’art sacré qui dure à travers
les âges.
Il est en même temps, une puissante
confirmation de la pensée
rédemptrice sur laquelle la foi chrétienne
est fondée.
Résurrection
“Le Jugement Dernier”
par Michel-Ange
Sa conception doit être comprise dans
le contexte des agitations au cours de
la Réforme (1525-26, guerre des paysans ;
1527, saccage de Rome).
Le monde chrétien n’avait jamais été
aussi ébranlé que pendant la Réforme.
Le Concile de Trente (1545-65) a
essayé de rétablir l’autorité de l’Église
avec tous les moyens disponibles de
la théologie et de la politique.
Le Jugement Dernier de Michel-Ange
est incontestablement au centre
du Manifeste de la foi chrétienne.
C’est un appel à attendre, plein
d’espérance, la joie de la résurrection.
L’art est capable de capturer admirablement
l’instant de la résurrection et la joie bienheureuse des rachetés au cours du
Jugement Dernier ainsi que, depuis
l’époque romantique, le jour du retour du
Seigneur (Salvator Mundi), “Le Jugement
Dernier” de Michel-Ange dans la Chapelle
Sixtine à Rome, a été représenté sur
de nombreuses portes de cathédrales
et d’églises sur les lieux de pèlerinage
(Autun, Vézelay, Conques, Beaulieu, etc.).
le Christ avait initialement été peint nu,
pour signifier que Dieu le Père l’avait créé
en tant qu’être humain. Cela provoqua
de l’opposition. Les adversaires de MichelAnge couvrirent tous les personnages
avec des voiles ou des pagnes en 1565.
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Il a également été un sujet de choix
du Moyen-Âge sur des toiles qui montrent
les rachetés et les damnés de façon
intéressante (par exemple, Stefan Lochner,
Jugement dernier, vers 1435, Rogier
Van Der Weyden, Jugement dernier,
autour de 1440, Hans Memling, Jugement
dernier, vers 1470, Luca Signorelli,
jusqu’en 1505.) La position centrale du
Christ est importante ; elle est représentée
séparant les rachetés ressuscités à gauche
et les damnés à droite.
Contrairement à cette tradition du Moyen
Âge, Michel-Ange a osé introduire deux
modifications principales : premièrement,
la séparation des méchants et des justes
n’est plus aussi clairement définie.
Il y a un grand tumulte. Les personnages
se déplacent comme dans un tourbillon
puissant devant un ciel d’azur en arrièreplan. Les morts se trouvent en bas
à gauche et sont réveillés du long sommeil
de la mort par les trompettes des anges.
Les anges n’ont pas d’ailes.
Ils sont positionnés au milieu du tableau
et montrent deux livres : le plus petit
détenu par l’archange Michel contient
les noms des bienheureux.
L’autre, le plus grand, contient la liste
des damnés. Deuxièmement :
Le style des fresques de Michel-Ange
est très différent de celles peintes entre
1508 et1512.
Il exprima un changement d’attitude
envers la vie : Dieu est le juste juge que
nul ne peut éviter, pas même la mère
du Christ... ou tout autre être humain.
C’est pourquoi les corps semblent si lourds
de souffrances, portant encore les traces
de leur vie terrestre.
Les couleurs contrastent avec le bleu
intense dominant. Les différents tons
de rouge changent presque tous
sans exception, pour des tons de brun
et de vert, pouvant aller jusqu’au noir.
Tout cela pour souligner l’interprétation
tragique des événements.
Cependant, derrière les personnages
du Christ et de sa mère, Marie (avec
sa robe bleu clair), la base est d’un jaune
extrêmement lumineux, afin de souligner
la puissance et l’intensité de ce moment.
Résurrection, Jugement Dernier
et Vie Eternelle
Au cours du Moyen Âge, le peuple avait
la ferme conviction que le jugement
dernier pouvait se produire à tout moment.
Il a donc essayé jour après jour de faire
de son mieux pour montrer à Dieu, sa foi,
espérant ainsi être autorisé à entrer
au ciel. Selon le livre de l’Apocalypse,
c’est seulement après le jugement dernier
qu’il y aura un “nouveau ciel” et
une “nouvelle terre”. Pour les chrétiens,
il s’agit de la “nouvelle Jérusalem”,
l’accomplissement final de toutes
les promesses du Royaume de Dieu.
“Resurrectio Domini, spes nostra”.
Comme le Seigneur est ressuscité
des morts, nous avons donc nous aussi
le sûr espoir que nous ressusciterons
d’entre les morts. “Resurrectio Domini,
Spes Nostra”. L’Église proclame cette
espérance de la résurrection avec joie
et souligne que Dieu le Père nous a donné
cette espérance inébranlable, en
ressuscitant le Christ d’entre les morts.
Même si nous devons mourir, nous ne
devons pas penser qu’avec la mort, la vie
est complètement terminée.
Jésus est ressuscité afin que nous ayons
la vie éternelle, si nous croyons en lui.
Cette proclamation est le cœur de
l’Évangile. Paul déclare avec emphase :
“Si le Christ n’est pas ressuscité,
notre prédication est inutile et votre foi
est vaine.” Il ajoute : “Si c’est seulement
pour cette vie que nous espérons en Christ,
nous sommes à plaindre plus que tous
les hommes” (1 Corinthiens 15/14, 19).
Le Christ a en effet détruit la racine
du mal. Toutefois, en tout temps et en tous
lieux, les croyants ont besoin d’affirmer
cette position de victoire avec les armes
de la justice, de la vérité, de la miséricorde,
du pardon et de l’amour. En Christ seul,
le mal peut être vaincu. Il est la porte
de l’éternité. Michel-Ange fit le portrait
d’un Christ magnifique et vivant qui
revient pour nous. Il n’est pas un dominateur strict et distant, comme dans le Moyen
Âge, mais plutôt un jeune homme debout
parmi nous. La peinture de Michel-Ange
confirme que le Christ est la lumière
dans la tourmente de la vie et que tous
ceux qui croient en lui passeront l’éternité
avec lui ! 쮿