Fabrication d`un e-centre de calcul
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Fabrication d`un e-centre de calcul
2ème journée thématique SILOGIN – Systèmes d'information, Logistique et Innovation 3 novembre 2011 – Nantes Fabrication d’un e-centre de calcul : cadrage spatial dans la chaîne logistique internationale. Véronique GUILLOUX Maître de conférences UPEC-Master management international (LEA). Résumé Si les recherches en systèmes d’information se sont penchées sur le concept de frames et la dimension temporelle, la facette spatiale est laissée de côté. Cet article porte sur le projet de dématérialisation des douanes européennes. La spatialisation du cadrage est analysée dans la cadre de la chaîne logistique internationale. Lors du passage du local au global, la qualité de l’inscription des messages est mise en exergue. Lors du passage du global au local, l’auteur appuie sur la notion de e-centre de calcul et des controverses portant sur les mécanismes interne et externe. L’intérêt de ce papier est de montrer que l’analyse des frames doit s’inscrire dans un cadre complexe où l’espace n’est pas donné ‘a priori’. De plus, la contribution de ce papier est de mettre en évidence le rôle d’un cadrage panoptique spécifique dans l’acceptation d’une nouvelle topologie. Mots clés : centre de calcul, frame, ANT, cadrage panoptique, e-customs 2ème journée thématique SILOGIN – Systèmes d'information, Logistique et Innovation 3 novembre 2011 – Nantes Introduction Le 11 septembre 2001, deux avions sont projetés sur les tours jumelles du World Trade Center. Brutalement le gouvernement américain réalise que le commerce international pourrait être utilisé par des terroristes pour envoyer des bombes nucléaires, biologiques ou chimiques. Un plan de modernisation du management des frontières est mis en place pour prévenir les menaces (McLinden et al. 2011). Le ‘US customs service’ est alors renommé’ US Customs and Border Protection’, et placé sous la tutelle du nouveau département stratégique de sécurité intérieure. Au sein des normes SAFE, l’organisation mondiale des douanes (OMD) décline elle aussi en Europe un vaste programme de sécurisation des flux du commerce international (projet ecustoms) (Tan et al., 2010). Dans le cadre de cette politique, depuis janvier 2011, les opérateurs lors d’une importation doivent transmettre au bureau de douane du premier point d’entrée en Union Européenne, un pré-message sous forme d’échanges de données informatisés. Dans la cadre maritime, les opérateurs parlent d’une révolution douanière car les changements sont importants et parfois mal vécus (Cognasse, 2010). En effet cette notification est envoyée avant même que les opérations de cargaison n’aient commencé dans les pays étrangers. Lors de la mise en place d’un nouveau projet, les chercheurs en systèmes d’information ont montré l’intérêt d’analyser les cadrages des différentes parties prenantes. Le suivi des schémas interprétatifs des acteurs est en effet essentiel pour comprendre le déroulement d’un programme. La perspective de cadrage a mené à des travaux intéressants en SI (Davidson, 2006). Cependant on peut noter certaines limites. Premièrement, s’il existe des recherches sur les frames d’un point de vue micro (Kaplan, 2008) ou d’un point de vue macro (Azad et Faraj, 2008), il est rare de trouver des articles portant sur l’articulation micro-macro. Si quelques auteurs effleurent cette jonction, ils la présentent de manière unidirectionnelle et non de façon récursive. Deuxièmement, nous pensons que l’influence de la variable temporelle sur les frames a été plus étudiée que la variable spatiale. De plus, si un auteur comme Boland (2001) parle de ‘spatial conceptualization of shared sense-making processes’, nous verrons par la suite que sa perspective est insuffisante car trop figée. Troisièmement, si des travaux passés ont montré que l’évolution des frames et leurs clôtures sur un sujet (c'est-à-dire leurs ‘irréversibilités’) mènent à la réussite du développement d’un système, nous montrons ici l’importance de la ‘réversibilité’ des frames dans l’implantation d’un nouvel artefact. Nous travaillons sur la fabrication d’un nouvel espace numérique avec deux frames spatiaux discursifs : du local au central et vice versa. Dans cet article, le processus spatial des frames au travers de l’extension du réseau du périphérique au global est illustré grâce au cas ecustoms. Nous avons effectué une étude longitudinale interprétative sur trois ans. L’intérêt de ce papier est de montrer que l’analyse des frames ne doit pas se limiter à une seule topologie mais doit s’inscrire dans un cadre plus complexe où l’espace n’est pas donné a priori : il devient contingent et relationnel. De plus, la contribution de ce papier est de mettre en évidence le rôle du cadrage panoptique dans l’acceptation d’une nouvelle topologie. 1. Fondations théoriques De nombreuses recherches en SI ont intégré la notion de cadrage. Après des recherches centrées sur le niveau individuel d’acception de la technologie, d’autres se sont focalisés sur l’aspect collectif quand le modèle mental est partagé par plusieurs utilisateurs similaires. Le passage de cet espace micro à l’espace macro, ni même sa fabrication n’ont été étudiés puisqu’il est créé à l’avance. Des recherches deviennent alors nécessaires pour montrer : Comment les personnes spatialisent la réalité ? Comment les frames participent à la construction de l’espace ? Comment l’espace devient lui-même performatif ? 2ème journée thématique SILOGIN – Systèmes d'information, Logistique et Innovation 3 novembre 2011 – Nantes 1.1. La spatialisation du cadrage à travers le mouvement Comme l’indique Soja (1993), la compréhension de l’espace-temps a fini par nous faire croire que le temps bouge pendant que l’espace est relégué à une chose strictement immobile et défini une fois pour toute ! L’espace est alors considéré comme non dynamique et rigide. Il est symbole des espaces mathématiques ou des espaces territorialisés strictement localisés. Boland (2001 p.3) parle alors de spatialisation du cadrage, en utilisant la métaphore du ‘container’ montrant bien sa fixité, ce qui de fait tend à fermer le débat sur son utilité. Toutefois cette vision est limitative. L’espace ne doit pas être prédéterminé et réifié une seule fois pour toute. Ainsi Law (1997) dans ‘topology and the naming of complexity’, déclare que la perspective A.N.T est une machine de guerre contre l’Euclidianisme. Les espaces ne sont pas des ‘containers’ mais sont eux même contenu dans le réseau. Les espaces sont créés, fabriqués de toute pièce. On peut considérer les territoires et leurs frontières comme des variables de réponse et non comme variables indépendantes. Ces ‘spaces’ sont alors très différents des espaces euclidiens car dans un réseau, la position spatiale est déterminée par un système relationnel. La proximité ou la distance ne sont plus mesurées de façon métrique : elles sont fonction de relations entre éléments. L’espace est considéré en termes de déplacement, de translation. Mesurer la distance ou la proximité (comme on le fait dans les espaces absolus) n’est plus en soi intéressant puisque les espaces sont maintenant considérés imbriqués, émergeant de liens socio-matériels. Dans cet article, le mouvement fonctionne sous forme d’aller-retour : de la périphérie au centre et de la tête de réseau vers le local. Le passage d’une logique d’espace pré-déterminé à une logique d’espace relationnel est négocié par les acteurs. L’étude empirique révèle les difficultés, les controverses lors de la mise en place de ce nouveau territoire. L’originalité est de focaliser non pas uniquement sur la fabrication de l’espace, mais aussi d’analyser la performativité de celui-ci. Nous montrerons que les acteurs sont réticents dans la mise en place de ce projet. De multiples confrontations vont avoir lieu. Nous verrons que l’avancement du projet du local au central et vice versa passe par un cadrage social du panoptique. Contrairement au dispositif panoptique que nous connaissons dans une prison (Foucault), notre étude montre que ce contrôle central est ‘mis en scène’. Ainsi les contrôlés potentiels participent au cadrage des règles de surveillance. 1.2. Le mouvement du local vers le global De nombreuses ressources sont mobilisées (matérielles, informationnelles, ressources humaines etc.. ). Latour (2006) liste les qualités de ces inscriptions. Elles doivent circuler du local au central, et donc être mobiles, pour être transportées d’un contexte à un autre. Elles doivent respecter l’immutabilité, c’est à dire que l’on peut rendre stable un objet dans des contextes différents. Pour ce faire, il faut trouver des conventions de codification ; enfin, les traces doivent être combinables, recombinables, superposables ; puisque des objets à l’origine sans rapport doivent pouvoir être mis en rapport. L’incorporation de l’inscription dans un texte permet à chacun de faire une exégèse particulière permettant d’offrir aux objets du monde et aux écrits la même homogénéité sémiotique. En effet l’inscription doit être aussi exacte ou convaincante que possible. Enfin la scalabilité permet de dominer l’infiniment petit tout comme l’infiniment grand. L’échelle des ‘sondes ‘ utilisées peut être variée à volonté sans qu’il n’y ait de changement dans leurs proportions internes. Dans l’article, nous montrons que le cadrage des inscriptions soulève de nombreux débats et incertitudes. 2ème journée thématique SILOGIN – Systèmes d'information, Logistique et Innovation 3 novembre 2011 – Nantes 1.3. Le mouvement du global vers le local L’inscription est à l’origine une entité autonome ; puis les différentes ressources locales vont être acheminées vers un point central où elles vont être classées, transformées, recoupées dans le but de créer un réseau d’associations. Les connaissances sont « capitalisées » : on les accumule, on les fait fructifier et on les démultiplie. Une fois ramenées aux centres de calcul, ces traces peuvent être mises en relation les unes avec les autres : c’est la mise en ‘équation’. Les rapports établis entre les inscriptions produisent alors des savoirs nouveaux, c’est dire que des connexions transversales s’ajoutent aux connexions verticales entre le local et le central. Ces derniers ne sont pas que savoir-abstrait : ils pourront ensuite être utilisés pour avoir prise sur la réalité via le ‘contrôle à distance’. C’est la naissance du concept de centre de calcul. L’originalité de l’étude de cas présentée est de mettre en évidence le rôle d’un cadrage panoptique dans le processus discursif spatial, tout comme de mettre en exergue des frames récursifs, réversibles. Ainsi les différentes parties prenantes participent ‘à l’aller’ à la fabrication d’un nouvel espace numérique mais ils négocient aussi ‘au retour’ les règles de surveillance que va appliquer la tête de réseau dans l’analyse synoptique des phénomènes. Si le panoptique est habituellement présenté de manière strictement fonctionnelle, notre contribution est de montrer ci qu’il est interprété de manières différentes par les parties prenantes. Ce que nous appelons le ‘panoptique frame’ facilite alors l’articulation entre espace-produit (trajectoire du local au global) et performativité spatiale (trajectoire du global au local). Ce résultat est en rupture avec la vision habituelle montrant la suprématie et la toute-puissance du global sur le local. L’asymétrie du pouvoir entre les personnes qui travaillent au sein du centre de calcul et ceux opérant en périphérie en est donc amoindrie. 2. L’étude de cas 2.1. Le projet électronique ICS dans le cadre de la dématérialisation des douanes Depuis 1993, le formulaire Cerfa Document Administratif Unique (DAU) est support des déclarations douanières pour les marchandises en provenance d’un pays non européen (ie pays tiers). Dans le passé, ce DAU était traité localement en face à face dans les bureaux de douanes. Le système SOFI en éditait la liasse papier. En 2005, le portail gouvernemental Prodou@ne est lancé, offrant un bouquet de e-services [moteurs européens de recherche RITA (Référentiel Intégré du Tarif Automatisé), TARIC (tarif intégré des Communautés européennes]. En 2006, l’onglet Delt@ permet de dématérialiser à distance le processus de dédouanement sans passer par le bureau de douane. En 2011, le projet ICS import control system est lancé. Il est positionné avant Delt@, c'est-à-dire avant la procédure propre au dédouanement du fret. Les opérateurs européens doivent envoyer un pré-message aux douanes communautaires nommé ENS (Entry Summary Declaration) notifiant l’intention d’envoi de fret depuis un pays tiers. La douane procède alors à une analyse de risque via l’automate de sécurité. Si elle est positive, cela génère un numéro de MRN (movement reference number) qui permet d’avancer dans le processus d’importation. L’intérêt de ce projet est multiple. Le cas de la mise en place du dédouanement électronique fournit un terrain très riche pour cette recherche en systèmes d’information. Premièrement, ce projet e-customs étant en cours, cela permet de suivre en direct les perceptions des acteurs au travers du ‘processus de cadrage’ que cela soit des points de vue technologique, politique ou social. Deuxièmement c’est un projet d’envergure internationale puisque les 27 pays européens le mettent en place. Il est aussi global puisque les acteurs des 2ème journée thématique SILOGIN – Systèmes d'information, Logistique et Innovation 3 novembre 2011 – Nantes pays tiers doivent y injecter des informations pour que les importations communautaires puissent être validées par les douanes. Cette dimension planétaire est incontournable quand on veut étudier le processus de cadrage spatial, les effets d’extension géographique d’un réseau etc…Troisièmement le projet de dématérialisation est complexe car il mobilise de nombreuses ressources hétérogènes. De nombreux transferts sont effectués pour transformer les ressources humaines en ressources informatiques. Dès lors, la problématique des ‘inscriptions’, la négociation des ‘mobiles immuables’ capable de rassembler les choses en quelques points deviennent fondamentales. Dans cet article, la centralisation du réseau s’effectue via les ‘Automates de sécurité’ véritables centres de calcul au sens de Latour (1989). Quatrièmement, le suivi longitudinal du projet nous permet de suivre l’extension du réseau. La dématérialisation en local est la première étape, puis le projet va au-delà de l’Europe avec ICS. Nous pouvons visualiser différentes ‘chaînes de traduction’ avec la transformation successives du flux d’information devant mener à de nouveaux savoirs. 2.2. Les acteurs de la chaîne logistique internationale Nous présentons ci-dessous les différentes activités au sein de la suply chain. Le transitaire (forwarding agent) est un spécialiste du transport de fret et travaille au carrefour de plusieurs activités : administratives, juridiques, logistiques et commerciales. Sur un plan administratif, il gère tous les documents, formulaires indispensables aux formalités inhérentes au transport de marchandises : douanes, documents d’expédition et attestations diverses (pour matières dangereuses, produits phytosanitaires, biens à double usage…). D’un point de vue technique, il organise concrètement le transport: trajets, modes d’acheminement (train, camion, bateau, avion, mixte…), destinations, délais, prix… Au chapitre commercial, il établit des cotations, devis terrestres, ariens, maritimes en fonction des exigences du client (marchandise classique, hors norme…). Le chargeur (freighter) désigne le propriétaire de la cargaison d'un navire, ou d'une partie de cette cargaison. Le chargeur peut être l'importateur ou l'exportateur, selon la nature du contrat commercial c'est-à-dire suivant l’incoterm. Le moyen de transport choisi est pour notre étude empirique le ‘Maritime’, qui représente le plus fort volume de fret transporté à l’international en comparaison avec l’aérien ou le routier. L’armateur qu’il soit propriétaire ou affréteur exploite un navire de la marine marchande. Dans cet article, nous nous focaliserons exclusivement sur le transport des marchandises containerisées voyageant donc à bord de porte-containers. Le NVOCC (non vessel operating common carrier) comme son nom l’indique ne possède aucun navire ; c’est un acheteur de capacité de transport maritime (acquisition en volume de slot) qu’il négocie ensuite à des clients transitaires représentant les chargeurs. Le NVOCC est en liaison avec les armateurs (ie transporteur maritime ou carrier), les chargeurs (exportateur shipper ou importateur), transitaires (forwarding agent). Le domaine d’activité des NVOCC concerne l’organisation du transport de marchandises conteneurisées 20 pieds, 40 pieds. Suivant le taux de remplissage des conteneurs, la pratique distingue les ‘Less than Containers Load’ (LCL) des ‘Full Containers Load’ (FCL). Les LCL (conteneurs incomplets) sont associés au groupage, c'est-à-dire que les envois sont empotés (groupés avec d'autres clients) dans un conteneur et dégroupés à destination par un prestataire. Les FCL signifie que la ‘boîte’ sera rempli au profit d'un seul chargeur (complet). Les relations juridiques de NVOCC au sein de la chaîne logistique peuvent se distinguer en deux parités : la première est la relation contractuelle entre le gestionnaire des activités NVOCC et le chargeur; la deuxième est la relation contractuelle entre le NVOCC et le gestionnaire de transport maritime international. Dans le premier cas, le statut juridique du NVOCC est d’être transporteur ; dans le deuxième, il est chargeur. Le NVOCC joue donc des rôles différents, il est doté donc d’une 2ème journée thématique SILOGIN – Systèmes d'information, Logistique et Innovation 3 novembre 2011 – Nantes double identité. La particularité de la pratique des NVOCC est qu’elle implique une multiplication des documents1 relatifs au transport des marchandises conteneurisées, entre le NVOCC et son client transitaire (House Bill of Lading2 HBL), et entre le NVOCC et le transporteur maritime (Master Bill of Lading MBL). Le HBL est donc le contrat de transport entre le transitaire et le NVOCC tandis que le MBL est le contrat de transport entre le NVOCC et la compagnie cargo. La douane intervient lors d’une importation de marchandise venant d’un pays tiers. Elle a historiquement une mission fiscale puisqu’elle perçoit la TVA, les droits de douane à l’importation dans l’union européenne (UE) et depuis plus récemment une mission économique. Ainsi aujourd’hui, les opérateurs dans le cadre du projet électronique ICS ont l'obligation de transmettre aux services douaniers les données exigibles à des fins de sûretésécurité préalablement à l'entrée du fret dans le territoire UE. ICS intervient donc avant le dédouanement réel de la marchandise. La liste suivante suivant récapitule les missions de ces groupes d’acteurs et liste des exemples d’entreprise. Tableau 1 : acteurs de la filière logistique internationale Chargeur NVOCC Transitaire Transporteur maritime (containerships) DGDDI (Direction générale des douanes et droits indirects) Définition Importateur (consignee), Exportateur (consignor or shipper) Transporteur maritime non opérateur de navire (acheteur de slot maritime) Il organise pour le compte du chargeur le transport de marchandises. Il peut revêtir plusieurs statuts selon qu'il est lié à son client par un contrat de mandat (transitaire mandataire) ou par un contrat de commission où il organise de façon autonome le transport (transitaire commissionnaire). porte-conteneurs pour fret maritime surnommés « porteboîtes » (exemple un navire avec une capacité de 1 000 000 EVP) Les services pour les opérateurs du commerce international sont les bureaux de douanes, les pôles d'action économique (PAE)… Exemple Opérateur du commerce international Eculine, Fast transit line, Vanguard, Shipco, Danmar Lines (DHL-Danzas), Pantainer Express Line (Panalpina)… etc Panalpina, SDV, Schenker, DHL Logistics, Kuehnenagel, Heppner… etc Objectif Achat vente l’international CMA-CGM, maerskline, Orient Overseas Container Line (OOCL), Hanjin Shipping, Mitsui O.S.K. Lines (MOL) … -pro.douane.gouv.fr est le nouveau site transactionnel de la douane (dédouanement électronique des marchandises). -les services ‘import control system’ (ICS) sont ouvert en EDI au moyen de solutions certifiés par la douane. de fret à Client Chargeur étranger Optimise le remplissage du container Transitaire Prestataire prenant en charge les opérations à l’import et export de marchandises. C’est un spécialiste des procédures concernant le commerce international. Chargeur Optimiser le remplissage du navire NVOCC, Transitaire, parfois chargeur Mission fiscale : La douane perçoit la TVA, les droits de douane à l’importation dans l’Union européenne. Mission économique : La douane a pour mission de fluidifier et de sécuriser les échanges commerciaux entre les pays tiers et l’espace communautaire. Non concerné 1 Il est important de comprendre cette pratique car elle explique dans la partie suivante de l’article les enjeux politiques de certains transferts d’information. 2 Le BL est connu en français sous le terme de connaissement maritime. 2ème journée thématique SILOGIN – Systèmes d'information, Logistique et Innovation 3 novembre 2011 – Nantes 2.3.Collection des données Nous avons interviewé des professionnels de toute la filière logistique dans le cadre d’entretiens semi-directifs et avons retranscrit la totalité des entretiens approfondis. L’étude ayant débuté en 2009 lors de la mise en place de la dématérialisation du processus douanier traditionnel, nous avons d’abord pris contact avec les chargeurs, les transitaires et les douanes. Ce n’est que lors de l’application autour d’ICS en 2011 que nous avons intégré de nouvelles parties prenantes aux procédures douanières. Nous avons donc ajouté les verbatims d’autres acteurs situés plus en amont de la ‘supply chain’ : les transporteurs maritimes, les NVOCC et un représentant d’un pays tiers, à savoir un auxiliaire du commerce international d’un pays tiers (commissionnaire situé au Mexique et au Canada). Tableau 2 : entretiens menés avec des acteurs de la filière fret maritime Chargeur Non vessel operating common carrier Transitaire Transporteur maritime (containerships) Douanes -Entretiens en face à face en 2010 avec une vingtaine de professionnels (déclarants en douane, responsable logistique) travaillant chez des importateurs français. -Suivi longitudinal d’un déclarant en douanes dans une PME -09/06/01entretien NVOCC a (20mn) -14/06/01 entretien avec un commercial d’un NVOCCb (1h) -14/06/01 entretien avec un import manager NVOCCc téléphone (20 mn) -Une dizaine d’entretiens avec des transitaires français sur le thème de l’importation -1 entretien avec un transitaire canadien. -Correspondances régulières mail avec un « Route Development Manager – Europe » au sein d’un transitaire étranger mexicain sur le thème d’ICS Maritime (DG et responsable qualité armateurs) 10/01/11 Entretien1 heure (téléphone) 3/01/11 Entretien 1 heure (téléphone) -chef de service Bureau de douane Ile de France 9/02/09 (deux heures) -entretiens avec des formateurs de l’école des douanes en 2010 lors de sessions de formation interactive en petit groupe Pour optimiser la triangulation des données, nous avons utilisé d’autres sources informationnelles. Des données externes secondaires comme celles publiées par des documents gouvernementaux, par la presse professionnelle se sont avérés particulièrement intéressantes pour comprendre l’actualité. Enfin, nous avons suivis des formations et des conférences professionnelles en lien avec notre thème de recherche. Tableau 3 : Participations à des formations et conférences Dédouanement import: remplissage des déclarations dématérialisées sur Delt@ dans prodou@ne Formation sur l’espèce tarifaire via Taric ou Rita Conférences sur ICS import control Inscription au colloque européen douanier Lyon où intervient la Direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI) (2jours) Organisation mondiale des douanes OMD à Bruxelles, journée porte ouvert au commerce (2 jours) 1er juin 2010 (1 journée) 12/03/2009 (1 journée) 13/10/2010 organisé par Ubifrance et 1/12/2010 organisé par direction régionale des douanes de Paris-ouest. ‘La notion de frontière est-elle la même pour tous ?’ centre des congrès de Lyon 17-11-01. Open Day for Trade Sharing Knowledge to Strengthen the Customs-Business Partnership 27-28 June 2011, WCO Headquarters. Nous avons effectué aussi une veille réglementaire régulière sur les sites des douanes française et sur le portail de la commission européenne. L’actualisation est d’autant plus nécessaire que le nouveau code des douanes en préparation se met en place en 2013. 2ème journée thématique SILOGIN – Systèmes d'information, Logistique et Innovation 3 novembre 2011 – Nantes Tableau 4 : Veille juridique Textes réglementaires régissant la mise en place de l’ICS. Liens utiles : Inscription à la mailing list Forum douanes entreprises -Le règlement CE n° 648/2005 du parlement européen et du Conseil ainsi que le règlement CE n° 1875/2006 de la Commission dits amendement sûreté modifiant le code des douanes communautaire et ses dispositions d’application -Notes de références (Cadre de normes SAFE de l’OMD – juin 2007)-CEE n° 2913/92, Annexe 30 A du 19/12/2006 -Circulaire douane française du 10/11/2010 – Mise en place de l’ICS Portail de la douane française : https://pro.douane.gouv.fr Portail de la Commission Européenne : http://ec.europa.eu/ecip/index_en.htm [email protected] http://www.douane.gouv.fr/menu.asp?id=163 2.4 Méthodologie de recherche Walsham (2000) indique plusieurs perspectives d’analyse en recherche, portant sur le lien SIglobalisation : niveaux individuel, groupe, organisation, inter-organisation et sociétal. Paradoxalement, à l’ère mondiale, il explique que les derniers stades sont sous-représentés. Il est partisan des études de cas critiques et approfondis tout comme des études sur les SIO et les recherches anti-ethnocentriques. Même si à la base, Walsham vise les recherches complémentaires sur les pays en voie de développement ou sur le multiculturalisme, son appel porte aussi sur des thèmes plus macro (hétérogénéité des T.I et interconnexion de l’espace global). Dans ce papier, l’espace n’est pas analysé que d’un point de vue local mais aussi d’une manière beaucoup plus globale. Dans cet article, nous nous basons sur une approche interprétative. Bjørn, Munkvold (2011) rappellent que cela relève plus d’un processus collectif que de l’exercice isolé. Dans une démarche inductive, il y a co-construction de l’étude de cas et de la théorie avec les interviewés. Le feedback des informateurs aux stades de la collecte des informations, de l’écriture ou de la diffusion des résultats est spécifique aux études interprétatives ; il enrichit le processus qualitatif académique. Sans parler de manière extrême de validation de notre travail par les interviewés, nous avons veillé à un fort dialogue avec les professionnels à toutes les étapes de la recherche. A titre d’exemple, l’interaction pendant deux jours, avec la douane et avec les opérateurs du commerce international, lors de forums sur les douanes, lors des journées Portes ouvertes pour le commerce à l’OMD sur le commerce, réunissant à chaque fois une centaine de professionnels, nous a permis avec les praticiens rencontrés de vérifier que notre démarche universitaire est crédible et que le résultat leur fait sens. Suivant le concept d’‘engaged scholarship’ de Van de Ven (2007), nous avons veillé à aller plus loin que le statut d’observateur extérieur en augmentant notre immersion professionnelle (Walsham, 1995). Ainsi, nous avons appris à utiliser le portail électronique de dédouanement prodou@ne3 en suivant des formations avec des enseignants de l’école des douanes. D’une part, cela nous a permis d’être plus crédible lors des discussions avec les acteurs et d’autre part, cela nous a permis de mieux comprendre les tensions au sein de la filière logistique. Une autre illustration est celle de l’apprentissage de la lecture du ‘Bill of lading’ document matérialisant le contrat de transport maritime conclu entre le chargeur et le transporteur maritime. Nous avons été formée par le commercial d’un NVOCC qui nous a expliqué les subtilités du BL dans la situation spécifique du groupage. Cet investissement s’est révélé par la suite extrêmement utile pour comprendre les enjeux politiques puisque les données du connaissement maritime sont envoyées à trois acteurs différents le transitaire, le transporteur mais aussi, depuis peu la douane européenne dans le cadre du projet étudié ICS import 3 https://testpro.douane.gouv.fr/prodouane.asp 2ème journée thématique SILOGIN – Systèmes d'information, Logistique et Innovation 3 novembre 2011 – Nantes control system. Ces deux mises en pratiques nous ont permis de faire en quelque sorte ‘l’exégèse’ de documents professionnels , de mieux appréhender le rôle de l’information circulant entre les acteurs, et de saisir les subtiles enjeux de pouvoir (Lash, 2002). Dans le but de mieux contextualiser la recherche, de mieux comprendre les pratiques quotidiennes des opérateurs, nous avons également pratiqué la méthode terrain dite ‘d’observation participante’ (Pickering, 1995). Nous avons accompagné sur plusieurs matinées un déclarant en douane dans une PME importatrice. Cela nous a permis de comprendre certaines subtilités du métier difficilement décryptables pour un chercheur en situation d’extériorité. Nous avons suivi en temps réel un dédouanement du fret provenant des USA et saisi dans l’ordinateur diverses inscriptions numériques telles que le code SH (sorte d’identité douanière de la marchandise). Rentrer les données dans le logiciel de douane n’est pas forcément intéressant ; par contre chercher intelligemment dans les bases communautaires le bon code l’est. Cette démarche active nous permis de comprendre le processus d’un bon dédouanement et à l’inverse ce qu’est une fausse déclaration d’espèce tarifaire. L’article portant sur la mise en place d’un centre de calcul par les douanes, il nous semble important de comprendre comment l’automate de sécurité peut relever certaines irrégularités. Enfin, nous nous sommes reposé sur la ‘méthode qualitative de l’étude de cas longitudinale’ (Lee, 1989). Halinen, Törnroos (2005) soulignent que plusieurs problèmes se posent pour l’étude de cas business : l’enjeu des frontières, l’enjeu de la complexité, l’enjeu du temps et l’enjeu des comparabilités de cas. 1-Dans ce cadre, nous avons travaillé sur les concepts de ‘microposition’ et de ‘macroposition’ des acteurs. Ainsi les relations dyadiques existent entre dans la chaîne logistique (Derrouiche, 2007), mais il est aussi intéressant de considérer le réseau comme une forme beaucoup plus large qu’un point focal (Chiasson et Davidson, 2005). Nous avons donc veillé par rapport au ‘centre’ représenté par le ‘customs calculation center’ à intégrer tous les acteurs ‘périphériques’, c'est-à-dire les opérateurs du commerce international au sens large (importateur, exportateur, transporteur, NVOCC, transitaire). Nous avons conscience que la frontière peut être encore plus large d’un point de vue douanier si l’on traite aussi le cas des ‘régimes économiques4’ mais nous avons fait le choix de ne pas l’intégrer. 2-la complexité est liée aux dimensions politiques, spatiales, économiques, juridiques, sociales, technologiques de notre sujet. Outre le nombre important d’interviewés pour couvrir aussi bien l’amont que l’aval de la ‘supply chain’, nous avons fait face à l’abondance d’information, aux problèmes d’actualisation des données, aux aspects de globalisation à travers les notions d’espace communautaire et de pays tiers.3 La dimension temporelle est cruciale pour l’illustration, les résultats générés par l’étude de cas et pour mieux saisir les changements des pratiques. Ainsi, l’analyse a démarré en 2009 lors du lancement du projet européen ‘e-customs’. Cette période d’observation de deux années nous a permis de suivre les étapes annoncées par Bruxelles (dématérialisation, certification de certains opérateurs OEA (opérateur économique agréé), ‘Import Control System’, automate de sécurité) mais aussi de noter les reports successifs de mise en application etc.. 4 La notion de comparabilité des cas est dérivée de Yin (1989). Les études de cas multiples peuvent être comparées de différentes façons. La comparaison peut être cross-nationale, entre les cas de différents secteurs et entre les cas d’un même secteur. Nous avons veillé pour chaque métier du commerce international à faire plusieurs entretiens de manière à mieux situer leurs identités et de mieux effectuer la segmentation de notre échantillon théorique. Cette démarche s’est avérée particulièrement utile pour le groupe NVOCC qui a été par la suite subdivisé en 4 La marchandise de statut ‘sous douane’ peut faire l’objet d’ouvraison supplémentaire dans d’autres pays 2ème journée thématique SILOGIN – Systèmes d'information, Logistique et Innovation 3 novembre 2011 – Nantes deux : les NVOCC filiales de transitaires et les NVOCC indépendants et qui pour certaines pratiques professionnelles liées à notre sujet réagissent de manière différente. 2.5 Protocole d’analyse Notre perspective théorique étant la ‘construction sociale d’une technologie’, les concepts applicables à notre recherche sont : recherche des ‘groupes sociaux’ appropriés, respect de la ‘flexibilité interprétative’ et enfin étude longitudinale jusqu’à si possible un phénomène de ‘clôture’ plus ou moins temporaire (Pinch et Bijker, 1987, Sahay et al., 1993). Pour respecter le concept de construction sociale d’une technologie’ nous avons sélectionné des acteurs liés de manière plus ou moins proche à l’artefact étudié. Le choix des ‘groupes sociaux’ a été ouvert : Si historiquement, nous n’avions sélectionné que les entreprises importatrices et les transitaires en lien avec la douane française, nous sommes rendus compte par la suite qu’il fallait étendre notre échantillon théorique à un réseau plus large pour avoir accès à des ‘frames’ de plus en plus étendus. Ces différents acteurs (privés, publics, franco-français, internationaux…) n’ont pas la même perception de la technologie et n’ont pas les mêmes attentes face aux problèmes qui émergent. La problématique devient d’autant plus complexe que les groupes appartiennent dans notre article à des métiers différents. Le mécanisme de «clôture » n’a pas été pertinent pour notre étude. En effet, comme l’indiquent Heeks and Stanford (2007 p.174), un projet de e-gouvernement, comme celui que nous étudions (ecustoms) ne peut pas se traiter totalement en terme de succès ou d’échec ou d’ouverture, fermeture d’un réseau car les applications sont toujours à réformer à un moment ou à un autre. On peut toutefois noter dans des études longitudinales comme la nôtre s’étalant sur plusieurs années, que face aux interprétations différentes, des solutions peuvent apaiser certaines controverses. Cela mène à une certaine forme de consolidation, stabilité et efficacité temporaires. Dans notre recherche, nous utilisons une approche processuelle pour analyser le processus d’extension des frames. Le terme de processus est utilisé pour souligner que les mouvements et les flux du local au central sont pris en considération. Nous nous sommes moins axé sur des auteurs comme Van de Ven & Poole (2005), Langley (1999) mais plus sur des chercheurs comme Law (2000), Law&Hetherington (2000) ou Hernes (2004, 2008). En effet les premiers associent l’analyse processuelle à des flux d’entités homogènes. Ils se reposent sur une analyse classique pour faire sens des données où le « comment » du flux est déjà prédéterminé alors que les seconds raisonnent sur l’hypothèse plus complexe d’un monde contingent, hétérogène. 3. Les résultats : la fabrication d’un nouvel espace numérique Le 1er Janvier 2011, dans le cadre d’ICS, la douane annonce aux opérateurs qu’ils doivent transmettre au bureau de douane du premier point d’entrée en Union Européenne un message EDI comportant la déclaration sommaire anticipée (E.N.S) de la cargaison. Ces messages qui seront ‘centralisés’ par la douane, doivent être déposés par les opérateurs (chargeur ou transporteur) introduisant le fret sur le territoire douanier de la communauté, 24 heures avant le chargement des produits dans le cargo maritime. Comme le montre le schéma suivant, le volet ICS du plan e-customs prévu en 2005 devait entrer en application au plus tard le 01-012011. Le cadrage des inscriptions codées au sein de l’ENS a été plus difficile que prévu. Les opérateurs sont très réticents vis-à-vis du projet ICS et font pression à maintes reprises pour 2ème journée thématique SILOGIN – Systèmes d'information, Logistique et Innovation 3 novembre 2011 – Nantes reporter la date buttoir de mise en application. Ce lobbying des entreprises a mené à une phase transitoire, une période d’observation, des mesures de souplesse. Schéma 1 : Dates buttoir annoncées et reports pour l’application d’ICS5 ‘Phase transitoire’ règlement CE n° 648/2005 règlement CE n° 1875/2006 règlement (CE) n° 273/2009 ‘Période d’observation’ 1/01/11 Date maximale d’entrée en application 30/01/11 Fin de la période d’ observation ‘Mesure de souplesse’ 1/01/11 Date maximale d’entrée en application Amendement sécurité ICS devait entrer en 2009 30 juin 2011 Fin de mesure de souplesse Notes aux opérateurs les 7 puis 14 puis 21 janvier les 1er, 28 puis 3 avril 2011 Fin 2011 Est-ce le dernier report ? 3.1. Cadrage du local vers le global Certains acteurs soulignent les problèmes d’immutabilité des données liés aux contraintes techniques. La réception des données est parfois aléatoire et incomplète. En effet initialement le projet européen e-customs devait se développer de manière identique dans les 27 pays communautaires. De plus chaque entreprise ne travaille pas avec les mêmes outils, ce qui renforce l’hétérogénéité et les problèmes d’inter-compatibilités. « L’informatique, ce n’est jamais le ‘plug and play’ ! Les systèmes sont tous différents. C’est prodou@ane en France, Pida en Belgique, Zefir en Pologne. Parfois les messages électroniques se perdent entre les Etats. Il faut se rendre aussi compte que les opérateurs ne travaillent pas avec les mêmes outils. Tout le monde n’est pas en TCPIP, Webservice ou XML. Edifact, X25 sont encore présents notamment en Allemagne et Hollande ! Pour certains pays, nous n’arrivons pas à récupérer correctement les messages d’autres douanes européennes ». La non mobilité est aussi abordée. Les informations présentes dans les documents de transport ne sont pas toutes codées. Le type de marchandise par exemple est noté en langue vernaculaire. Des difficultés linguistiques émergent. Un chargeur déclare avec humour : « si on envoie aux douaniers, le nom d’un composant électronique en chinois ou même en anglais, je ne suis pas sûr qu’ils le comprennent et qu’ils puissent en faire une analyse de risque… » Un autre déclare de manière sarcastique « Bien sûr ! Tout le monde parle anglais. Que ce soient les Russes ou les Polonais ». Les opérateurs sont alors partisans du développement du codage SH (système harmonisé) qui remplace le langage naturel. La scalabilité de l’inscription en découle. Le secteur privé pense que l’utilisation du SH est incontournable. Ils sont néanmoins opposés à un code à dix chiffres (SH10) comme celui présent dans le dédouanement Delt@. Le système harmonisé conçu par l’OMD, est un système gigogne à emboîtement direct (SH2, SH4 , SH6 pour respectivement 2, 4, 6, 10 codes etc..). Les opérateurs du commerce international ne veulent aller au-delà du code SH4 alors 5 Sources http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2009:091:0014:0015:FR:PDF http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2005:117:0013:0019:fr:PDF http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2006:360:0064:0125:FR:PDF https://pro.douane.gouv.fr/ActuAppli/wdActuvisu.asp?idna=2688|64 2ème journée thématique SILOGIN – Systèmes d'information, Logistique et Innovation 3 novembre 2011 – Nantes que certaines douanes européennes désireraient travailler sur le SH10. Le schéma suivant permet de comprendre le découpage de plus en plus précis de la marchandise. Schéma 2 : outil de recherche sur le code SH L’incorporation de l’inscription est reliée à un contexte incertain. Des problèmes d’ordre juridique vont se développer. Un opérateur du commerce international réplique : « Avec ICS, au nom de quel principe de droit international ai-je la force d’imposer à un exportateur chinois d’envoyer des informations à la douane française alors même que les marchandises ne sont pas sur le territoire européen ? Le redevable de l’information est responsable ? Mais responsable de quoi ? C’est le vague absolu ! Faudra-t-il appliquer le code des douanes ? Cela sera-t-il l’article 410 portant sur les infractions ? Mais quelle infraction ? Le fret ne sera même pas encore partie !!! ». Des soucis peuvent apparaître dans la transmission du nom des titulaires de l’OEA à cause de la longueur du réseau logistique. En effet, une supply chain sécurisée signifie que le chargeur, le transitaire, le transporteur sont OEA. Or certains professionnels déclarent : « je suis OEA, mon transitaire est OEA mais le transporteur qui envoie le pré-message aux douanes, ne transfère pas ces statuts aux douanes européennes. Or cela va jouer dans l’analyse de risque ». Cela est d’autant plus gênant que si la chaîne est labellisée OEA, des facilités sont accordées par les douanes. La complétude des inscriptions dans l’ENS est parfois limitée à cause de problèmes commerciaux et politiques. Dans le cas des NVOCC indépendants, le BL de groupage qui est transmis au transporteur ne fait jamais apparaitre le nom du véritable exportateur étranger car ces intermédiaires qui achètent l’espace dans les navires, ont peur que leurs clients transitaires traitent directement avec les armateurs. La douane lors du traitement de l’ENS n’a donc pas connaissance du nom de l’exportateur étrangers mais seulement de l’identité du NVOCC. Parfois, les transitaires agissent de la même manière vis-à-vis des transporteurs maritimes car « Les gros contrats pourraient être récupérés par la compagnie cargo ! ». « Ces pratiques sont aujourd’hui tolérées par les douanes à cause du lobbying de la profession… Mais dans ce cas, comment faire une bonne analyse de risque ? La douane américaine, elle, exige l’identité véritable du chargeur et non pas celle de l’auxiliaire du commerce international !». Le tableau suivant récapitule les caractéristiques des inscriptions circulant du local vers le global, c'est-à-dire des opérateurs du commerce international vers la douane européenne dans le cadre d’ICS. Il liste les solutions envisagées par les douanes et les controverses sous-jacentes menant à des négociations entre public et privé. 2ème journée thématique SILOGIN – Systèmes d'information, Logistique et Innovation 3 novembre 2011 – Nantes Tableau 5: Qualité de l’inscription (message électronique ENS) Facettes Problèmes Solutions envisagées par les douanes Mise en place d’une période d’observation Immutabilité Technique 27 systèmes européens parfois incompatibles Hétérogénéité des systèmes utilisés par les opérateurs Mobilité Linguistique Non maitrise des langues vernaculaires Scalabilité Finesse de l’identité de la marchandise Débat sur le code SH Incorporation Juridique Lois, codes à appliquer Qui est responsable de quoi La douane est incapable de répondre à cette question Incorporation Longueur de la chaîne logistique En bout de chaîne, on ne sait plus qui est OEA La douane est incapable de répondre à cette question Complétude politique Mélange de données commerciales et de données logistiques La douane ne veut qu’un seul émetteur pour l’ENS La dénomination des marchandises peut être en anglais Le SH peut aller jusqu’à 10 chiffres Pression de la part des opérateurs Les opérateurs font pression pour des mesures supplémentaires de souplesse Demande d’utilisation du code SH Les opérateurs ne veulent pas un code douanier plus précis que le SH4 Les opérateurs ne veulent pas appliquer le projet sans savoir ce qu’ils encourent. Les opérateurs demandent alors l’intérêt de cette certification Certains opérateurs, notamment les NVOCC décident de ne pas communiquer l’identité véritable de l’exportateur. Contrairement à un projet informatique classique où l’on procède à des tests avant la mise en production, l’étude de cas ICS montre que les opérateurs du commerce international soulèvent de nombreuses problématiques qui n’avaient pas été prévues au départ par les douanes. De plus les acteurs privés interprètent ICS de manière différente et participent au travers d’action de lobbying à la définition des informations à envoyer du local vers la tête de réseau (ie Douane). 3.2. Cadrage du global vers le local Une analyse de risque est alors opérée par les douanes via un automate de sécurité (A.S) à des fins de sûreté et de sécurité sur les éléments de l’ENS. L’automate procède à diagnostic en respectant les critères d’analyse de risque décidée à Bruxelles pour les 27 pays communautaires. L’Union Européenne peut alors prendre des mesures d’interdiction dans le cas d’envois considérés comme pouvant représenter une menace pour la sécurité : Risque A : Interdiction de chargement (ie No Load) ; Risque B : Contrôle douane au premier port d’entrée ; Risque C : Contrôle au bureau de douane de destination. La centralisation des messages au niveau des douanes peut être reliée au concept de centre de calcul (Latour, 1989). Leur traitement mène à un savoir qualifié de ‘confiné’ dans le global (Callon et al., 2001). Ce savoir est performatif dans le sens où il va influencer le relationnel avec les opérateurs. Pourtant si Latour souligne que l’accumulation des inscriptions crée une asymétrie avec les savoirs locaux, nous souhaitons grâce à notre étude de cas montrer au contraire que la tête de réseau pour faire avancer son projet doit intégrer le ‘cadrage panoptique’ des opérateurs privés. Si habituellement, le panoptique est présenté comme un dispositif fonctionnel non interprétable, nous montrons que dans des situations conflictuelles, il devient négociable. La mise en place du centre de calcul en janvier 2011 a mené à de 2ème journée thématique SILOGIN – Systèmes d'information, Logistique et Innovation 3 novembre 2011 – Nantes nombreuses controverses d’une part sur les ‘mécanismes internes’ et d’autre part sur les ‘mécanismes externes’ d’ICS. Nous appelons le premier, les règles internes de calcul de risque utilisées par l’automate et le second les règles externes de contrôle appliquées aux opérateurs par la douane. 3.2.1. Mécanismes internes Comme l’indique Latour (1989 p.586) « La construction des centres doit résoudre un paradoxe : les éléments doivent y être amenés de très loin – pour permettre à ces centres d’exercer leur domination à distance – sans les y amener pour de bon – pour éviter leur engorgement ». Or le verbatim récupéré auprès des opérateurs montre une inquiétude certaine quant à la fluidité de la chaîne logistique : « Avec l’analyse de risque, la main-levée sur la marchandise sera plus longue. Il y a risque d’embouteillage dans les ports…On est souvent dans des contraintes de flux tendus… et puis si je fais face à un no-load.. je fais quoi vis-à-vis de mon client ?. On a déjà vécu le bazar avec l’informatisation du transit et NSTI6. On ne veut pas revivre la même chose». Face à la pression, un représentant des douanes avoue que tous les critères de risque décidés à Bruxelles dans l’automate de sécurité n’ont pas encore été intégrés: « Nous avions peur de la montée en charge, peur de créer des embouteillages aux frontières…Nous ne pouvons pas nous permettre de bloquer le fret dans les ports… de sorte tous les critères de ciblage ne sont pas opérationnels ». Il confie : « Aujourd’hui le savoir généré par ICS sur la notion de risque n’est pas supérieur à avant… ». 3.2.2. Mécanismes externes Ils reflètent les règles de contrôle des opérateurs du commerce international par les douanes. Avant ICS, un douanier nous indique « Auparavant nous faisions du ‘contrôle alimentaire’ en frontière, c’est dire que nous faisions du contrôle pour du contrôle. Il fallait en faire … c’est tout … Aujourd’hui le but est de faire un contrôle ciblé, intelligent et si possible avant que la marchandise ne débarque en Europe via l’AS ». Nous avons vu dans une première partie que le secteur privé ne veut pas utiliser dans le contenu de l’ENS une codification SH plus fine que le code SH4, ne veut pas communiquer dans certains contextes l’identité réelle de l’exportateur étranger. L’annonce de la mise en place de l’Automate de Sécurité a été accompagnée d’autres revendications de la part des acteurs locaux. C’est ce que nous avons appelé mécanismes externes du cadrage panoptique. En particulier les opérateurs n’acceptent pas que la douane puisse avoir la possibilité de recouper les informations contenus dans l’ENS (système ICS utilisé par l’expéditeur) et celles contenu dans le dédouanement (système Delta utilisé par l’importateur français). Face à ces pressions la douane assure à court terme une non superposition des bases de données. Les opérateurs OEA certifiés par les douanes ne comprennent pas eux de devoir être scorés par l’automate de sécurité. Les facilitations accordées aux OEA sont encore en négociation mais d’ores et déjà leurs statuts leur permettent d’être traités avant les autres par la douane. En clair, le cadrage panoptique est censé optimiser le caractère relationnel de l’espace pour les opérateurs privés. La figure suivante récapitule le processus du cadrage spatial ainsi que le rôle du ‘panoptic frame’ dans l’articulation de l’espace fabriqué et l’espace performatif. 6 le NSTI Nouveau Système de Transit Informatisé est un volet informatique disponible dans prodou@ne. 2ème journée thématique SILOGIN – Systèmes d'information, Logistique et Innovation 3 novembre 2011 – Nantes Schéma 3 : cadrage spatial pour la trajectoire locale-centrale et vice versa. Global frame Mécanismes internes Immutabilité Mobilité Scalabilité Incorporation Complétude Mécanismes externes Panoptic frame Local frame Discussion et conclusion Notre recherche étend les recherches sur les frames technologiques de nombreuses façons. Premièrement le contexte international de notre étude est très stimulant car il permet d’avoir une vision spatiale de plus en plus étendue, l’espace de dédouanement repose sur la mobilisation d’acteurs de plus en plus nombreux (au départ français puis avec ICS étrangers) et des informations de plus en plus large (à l’origine transport, puis récemment logistique). Cette interconnexion des systèmes, des acteurs, des données pour la fabrication du système gouvernemental permet de travailler sur une étude de cas plus complexe que les terrains traités habituellement en e-gouvernement par exemple. Deuxièmement les études portant sur l’e-gouvernement comme celle de Azad, Faraj (2008, 2011) portent habituellement sur des frames technologiques classiques. Les frames liés au ‘centre de calcul’ sont différents dans la mesure où l’objectif du savoir créé ne vise pas la vie quotidienne et mais un savoir de prévention des risques. Notre vision des frames est donc plus stratégique puisqu’elle est liée aux prises de décision sécuritaire. Dans notre article, l’espace n’est pas compris de manière stricte comme des entités fixes mais plutôt comme des constellations ouvertes de relations sociales. Nous avons analysé un espace « in the making » plus complexe en se reposant sur les notions de topologie, c'est-à-dire d’un monde en mouvement. Les espaces et les frontières n’embrassent alors aucune réalité figée. Notre recherche confirme l’importance d’étudier les processus de frame. Si des auteurs comme Gal, Berente (2008), soulignent que la vision spatiale des frames est néfaste car elle supprime l’aspect temporel, nous pouvons voir dans notre étude que ce n’est pas le cas. En 2ème journée thématique SILOGIN – Systèmes d'information, Logistique et Innovation 3 novembre 2011 – Nantes effet le nouvel espace ne peut pas se construire en une seule fois. Les controverses des acteurs que ce soit sur les frames ‘aller’ ou les frames ‘retour’ ne peuvent se régler que dans la durée. Des études passées ont focalisé sur les contenus des frames et moins sur la structure. Des processus génériques ont été soulignés avec deux trajectoires discursives : du local au global. Notre étude a étendu la recherche en pointant du doigt deux propriétés structurelles du framing : le cadrage de l’espace fabriqué et le cadrage de l’espace performatif. Si Latour a mis en avant l’importance des inscriptions dans la réussite d’un centre de calcul, nous montrons que cette facette est insuffisante. Il faut en effet intégrer des frames sociaux, politiques, juridiques… Les résultats étendent la signification du terme panoptique. Si de manière traditionnelle, il désigne un dispositif de surveillance non relié à une interprétation. Notre étude de cas montre que ce dispositif fait l’objet d’un framing et donc à des interprétations différentes. Le panoptique est une construction sociale qui est établi par la pratique. Cette étude a des limites qui méritent d’être soulignées. Premièrement, nous avons effectué une étude empirique dans le secteur maritime. Il faudrait donc vérifier si les résultats sont les mêmes sur le vecteur aérien et maritime. Deuxièmement, il faudra étendre nos résultats lors de la mise en place du DRI (ie Douanes en réseau international) quand il y aura coordination des douanes au niveau mondial. Troisièmement la notion de cadrage spatial est ici développée dans un contexte polémique, il faudrait mener par comparaison une étude empirique dans un contexte moins controversé. 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