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“Ignorance est mère de tous les maux” De bas en haut à gauche : F. Nicolle, R. Lepeu, C. Guillaumie, J.-F. Ropert, G. Bonhomme et L. Bouyrie. De bas en haut à droite : C. Laignier, H. Ropert, R. Bouyrie, J. Statibene, R. Dédamme et L. Mardelay. (voir encadré page 11) “Il n’y a pas de hasards, il n’y a que des rendez-vous” P. Eluard FORTIFIONS LA PROTECTION SOCIALE Au dîner de la Presse de la Fête de l'Humanité, pendant que le SGLCE, largement rassemblé au stand de Gentilly, gueuletonnait dans une ambiance solidaire et fraternelle, je soupais à côté du directeur de la rédaction d'Alternatives économiques. Au cours de notre discussion, mon voisin lâcha : “ Sarkozy est un néokeynésien”. L'aplomb avec lequel il me “divulgua” cette info, conjugué à la notoriété de l'éditorialiste, me fit vaciller sur mes certitudes. Incrédule, je m'évertuais poliment à disséquer son erreur… et pourtant Philippe FRÉMAUX n'avait peut-être pas tout à fait tort. Les 17 et 18 septembre, l'ami de BUSH lui donnait pour partie raison. SARKOZY s'appliqua dans ses deux allocutions à démontrer la nécessité de l'intervention publique face à l'inefficacité des marchés pour désagréger notre système de protection sociale solidaire, atomiser le service public et liquider les fonctionnaires. Avec “SARKO keynésien”, c'est “la fin du laisserfaire”. l'état pourvoira aux insuffisances de la “main invisible” et se chargera de la besogne : l'Etat providence au secours des marchés, des assurances et de la finance. Le petit “Napoléon” (Napoléon III) du XXIe siècle affiche clairement les prétentions libérales, celles d'instituer les conditions d'une flexibilité des salariés et de l'emploi. Une Sécurité sociale “destinée à garantir les travailleurs et leur famille contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer la capacité de gain et de couvrir les charges de maternité et de famille”, une protection sociale qui contribue avec les services publics à la régulation du système économique est un véritable affront, une insulte à la doctrine libérale, doctrine dont l'idéologie mène, comme le soulignait Michel MULLER au dernier CEN de la Filpac, “à l'individualisme, au corporatisme, au communautarisme.” Mme PARISOT peut sourire, le président de la République tient le cap du patronat et des institutions européennes. Les réformes sur les régimes spéciaux, les restrictions pressenties pour le financement des retraites et de la santé acceptent d'emblée la loi des marchés. Des issues de progrès La politique de limitation des dépenses n'a pour seul but que de justifier une montée de la capitalisation dans le domaine des retraites et de favoriser l'arrivée d'assurances privées dans le système de santé et une protection sociale à trois étages : une protection minimale assise sur la solidarité nationale, un système assurantiel financé par des cotisations et des formules privées pour ceux en ayant les moyens. Pourtant, à la régression sociale programmée, il existe des issues de progrès. Certes, des réformes sont incontournables, mais sur la base du développement de la solidarité, de l'universalité et de l'efficacité des dépenses sociales. Qu'est-ce qui fait que nous ne pourrions pas avoir les moyens de dépenser davantage pour la santé, l'emploi, les enfants et la sécurité des vieux jours ? Cela suppose de remettre en question les dispositions des lois BALLADUR (1993) et FILLON (2003) pour les retraites, de rétablir l'égalité d'accès aux soins en proposant une réforme alternative Rabelais à la loi DOUSTE-BLAZY (2004). Concernant l'emploi, la légalisation du “travail au noir”au nom du “travailler plus pour gagner plus”, les exonérations de cotisations, véritable trappe à bas salaires, creusent le déficit de la Sécurité sociale. L'accroissement du nombre des travailleurs pauvres et de la précarité, associé à la politique de réduction de l'indemnisation du chômage, la remise en cause des minima sociaux exercent une contrainte ne favorisant pas un retour à un emploi de qualité et à une formation choisie. Face à cette politique de l'emploi aussi injuste qu'inefficace, il est urgent de mettre en place un système de sécurité d'emploi et de formation, sur le plan national comme sur le plan européen. Avoir les moyens de dépenser davantage implique un développement des recettes basé sur un financement centré sur l'entreprise, lieu de création des richesses. Une modulation du taux de cotisations en fonction du ratio masse salariale / valeur ajoutée inciterait à l'emploi stable, à l'augmentation des salaires et par conséquent, serait source de recettes supplémentaires pour la protection sociale. D'ores et déjà, tout en proposant à la discussion une véritable réforme de l'assiette des cotisations patronales, un certain nombre de mesures peuvent être prises comme l'arrêt de la politique d'exonération de cotisations. Il serait juste, aussi, que l'état régularise ses dettes anvers la Sécurité sociale. Dernier point, les revenus financiers des entreprises qui échappent à tout prélèvement social et s'accroissent, contre l'emploi et la croissance réelle, doivent être mis à contribution. Il en est de même des revenus financiers des banques et des institutions financières. Cela représente plus de 80 milliards qui ne vont ni à l'emploi, ni à la croissance. Bien évidemment, ces réformes ambitieuses impliquent une énorme mobilisation et une lutte des forces populaires contre les dogmes de l'économie libérale, fondée sur la domination des marchés. C'est vital, car le développement de la protection sociale est attaché au développement d'existence du peuple, des peuples. SOMMAIRE L’édito de Jean-François Ropert Le Grand Dossier Brèves P1 P2 à 9 P10 et 11 Le billet de Gilbert Octobre 2007/N°4 P12 Le Grand Dossier ENTRETIEN CROISÉ Notre dernier “grand dossier” laissait la parole aux “Jeunes”, ils exprimaient leurs premières sensations à la suite de leur entrée en presse. Certains d'entre eux découvraient le monde du travail…. La feuille de paie, le statut salarié, et quel statut… Le stage d'accueil qu'ils ont suivi à Blanqui, leur a permis de faire leurs premiers pas dans le syndicalisme du Livre CGT. Ils ont alors découvert notre histoire, faite de luttes, de propositions, de rapports de force, de négociations. Nul doute qu'ils sauront en tirer tout les enseignements pour leur avenir, et donc celui du syndicalisme. Aujourd'hui nous ouvrons nos colonnes à quatre secrétaires de notre catégorie,. À Paris ou en Province, ils vivent depuis plusieurs années une retraite bien méritée, comme on dit, mais tous restent attentifs à l’évolution de leur profession, de leur syndicat. R. Bouyrie, R. Lepeu, H. Ropert, et C. Guillaumie se sont rarement exprimés depuis leur départ. Secrétaires clicheurs et photograveurs, ils ont participé avec bien d'autres à la définition de notre statut, mais aussi à la construction et à la place de la CGT dans notre profession Lorsque nous leur avons proposé cet “entretien croisé”, ils ont été particulièrement intéressés et emballés de participer au débat qui traverse nos organisations. Ils l'ont fait en toute honnêteté et franchise, avec la ferme volonté de faire vivre la mémoire de ce syndicalisme bien particulier, ce syndicalisme du Livre, mais surtout avec l'immense espoir de voir la CGT se développer dans les métiers de l'information et de la communication. Jacques Salat Les réponses de C. Guillaumie et R. Lepeu ont été faites par écrit, celles de R. Bouyrie et H. Ropert retranscrites d’un entretien oral. Le congrès du SGLCE vient de s'achever avec la volonté de créer un véritable syndicat de la communication et de l'information, alors que le Syndicat des imprimeries (des imprimeurs… ?) et Info'com (ex-CSTP) ont vu le jour récemment. Que pensez-vous de la création de ces deux syndicats ? Vont-ils, selon vous, dans le sens de l'intérêt des salariés ? René Lepeu : Je pense sans tabou ni contrainte que l'orientation du SGLCE allant dans la perspective de la création d'un syndicat de l’information et de la communication est la seule voie menant à l'unité de l'ensemble des salariés de cette profession. Et, malheureusement, ce n'est pas la satellisation des différentes sections professionnelles qui peut créer ce rassemblement indispensable à l'avenir. Que peuvent attendre ou espérer les salariés de ces secteurs face à des sections professionnelles (ou syndicales) agissant sans orientation ou direction commune ? Cela ne peut conduire qu'à une aggravation de l'incompréhension, voire, à court terme, à une division exacerbée. René Bouyrie : Nous, nous sommes pour un syndicat de l’information et de la communication avec toutes les composantes de la profession. Cependant, les typos (la CSTP) ont créé “Info.com” sous prétexte qu'ils s'imbriquaient avec les journalistes dans les rédactions, qu'ils représentaient les forces principales, en voulant rallier tout ce qui était en rédaction dans leur syndicat “info.com”. Toutefois, je ne comprends pas (ou trop), pourquoi les rotativistes ont créé un syndicat des imprimeurs ? À mon avis, ils n'ont pas d’arguments valables à ce jour. Ils étaient au SGLCE où il n'y a pas eu de modifications fondamentales; c'est donc bien une divergence de fond. Le fait de créer un nouveau syndicat n'était pas nécessaire et ne va pas, bien sûr, dans le bon sens pour la défense des intérêts des travailleurs. Mais il faut se rappeler que, lorsque j'étais secrétaire fédéral chargé de la presse, j'étais souvent en opposition avec le secrétaire rotativiste de l'époque. Les rotativistes rencontraient très souvent les imprimeurs de René Lepeu : né en 1935 Responsabilités : - secrétaire “clicheurs - photograveurs” de 1967 à 1990. - Président et créateur de l'AFPPI de 1974 à 1990 - Président de la caisse Gutenberg de 1977 à 1990 - secrétaire du SGL de 1980 à 1990 - membre du CEN et du bureau fédéral de 1980 à 1990 - candidat du Parti communiste aux élections législatives dans le 2ème arr. de Paris en 1967 - secrétaire clicheur de 1970 à 1975 - permanent au comité central du Parti communiste de 1975 à 1979. - revient en presse en 1979 - rédacteur en chef de l'Imprimerie française puis créateur (avec Jacques Vermeersch) de l' Impac de 1982 à 1994. René Bouyrie : né en 1935 - délégué clicheur 10 ans à Issy-les-Moulinaux ( SPI société de presse industrielle) - secrétaire clicheur en 1975 - secrétaire fédéral de 1982 à 1990 (responsable presse) - départ en préretraite à 55 ans en 1990 - responsable de la publication “Présence”, journal de la fédération LSR de 1993 à 2000 Christian Guillaumie : né en 1946 - entre en presse en 1969 - délégué du personnel à “France Soir” (rue Réaumur) en 1972 - délégué syndical à “France Soir” en 1974 - secrétaire de la section photogravure en 1989, secrétaire du SGLCE et membre du bureau fédéral. - secrétaire presse en 1998 - président de l'AFPPI en 1991 - président de la caisse de retraite Gutenberg en 1992 - vice-président de la caisse Bellini-Gutenberg en 2002 - vice-président fondateur du groupe Audiens de 2002 à 2005 - président fondateur de Médiagraf de 1998 à 2002 - deux mandats d'administrateur CGT à l'ARCO (4 ans) Hervé Ropert : né en 1932 - secrétaire du GIA (groupe inter ateliers) à l'imprimerie Richelieu ("L'Aurore", "Paris-Turf" etc.) de 1960 à 1967 (les postes de délégués syndicaux ne furent créés qu'après 1968). 2 province, avec lesquels ils avaient l'intention de mettre sur pied un syndicat national des imprimeurs. Bien sûr, la fédération, à l'époque, était en opposition totale à ce projet. Mais le terrain était balisé pour la direction syndicale suivante des rotativistes, qui voulaient à tout prix prendre leur indépendance en négociant à part avec le patronat de la presse. Aujourd'hui, je pense que ce nouveau Syndicat des imprimeurs a aussi pour but d'absorber les autres catégories qui évoluent autour de la rotative. Mais cette division, comme toute division, ne va jamais dans le sens des intérêts des salariés, jamais. D'autant que cette situation déchire certains travailleurs, qui se demandent dans quel syndicat ils se retrouvent. Et au moment de défendre les intérêts, c'est bien l'unité de l'ensemble qui fait que tu te trouves être le plus fort. Hervé Ropert : C'est une démarche logique qui a commencé il y a plusieurs années et qui aboutit aujourd'hui avec le Syndicat des imprimeries comme à la modification du sigle CSTPen Info.com. Au moment des élections dans les entreprises, en prépresse comme dans les imprimeries, et c'est terrible, ces nouvelles structures condui- sent à une lutte fratricide entre adhérents de la CGT. Christian Guillaumie : Si l'idée n'est pas nouvelle, elle est pourtant toujours davantage d'actualité au fur et à mesure que fondent les années et les forces. La question aujourd'hui est de savoir si l'édification d'une organisation syndicale puissante et démocratique représentative d'un univers qui s'est démesurément étendu et dont les contenus professionnels ont subi des mutations majeures permettant aux salariés de réunir leur forces pour être en mesure de peser réellement sur les exigences des groupes de communication, se fera avec les ouvriers du livre et donc avec la CGT. Vouloir se limiter à des syndicats de métier, de secteur, de catégories ou d'entreprise, même s'il est indispensable que ces spécificités aient à l'intérieur de cette organisation des structures appropriées leur conférant les moyens d'une activité efficace, au plus près des salariés qui en relèvent, ne peut conduire qu'à l'impuissance, à la division, et donc à la disparition. Une organisation fourre-tout, ultra centralisée et pyramidale, dans laquelle les seuls interlocuteurs sont au sommet de l'organigramme, rayonnent sur tout le territoire et même au-delà, ne peut amener qu'à la même impasse. Une organisation efficace, réactive et en phase avec la réalité du terrain doit avant tout s'appuyer sur l'existant, pour dépasser l'immobilisme et ne pas sombrer dans la fuite en avant. La meilleure organisation n'est rien si la volonté de ses dirigeants est ailleurs que dans la prise en compte de la défense de l'intérêt de tous ainsi que dans l'indéfectible attachement au fonctionnement le plus démocratique et au respect des hommes. S'il s'agit d'une idée de simple bon sens, qu'aucun argument sérieux ne saurait contredire, sa mise en pratique est d'une autre difficulté. Elle touche inévitablement à des intérêts divers, à des conceptions de défense corporatiste, etc, qui, au regard des conséquences de l'affaiblissement syndical qu'engendre cette impuissance à concrétiser cette organisation unitaire, ne pèsent rien. Les deux catégories qui se sont structurées en syndicat : les rotativistes et les typos, ont toujours combattu cet objectif, pensant conserver une sorte de leader Ship historique que leur permettait une coordination comme le CILP(Comité intersyndical du Livre parisien). Rester l'interlocuteur privilégié du patronat de la 3 Le Grand Dossier ENTRETIEN CROISÉ Presse, et à ce titre, mettre en place une structuration syndicale en phase avec la stratégie patronale : séparer structurellement et statutairement le secteur des imprimeries des sites éditoriaux, soustraiter la maintenance et l'entretien et se dégager des NMPP en délocalisant le traitement et en liquidant ses salariés. Cette stratégie de scission a été menée par le secrétariat rotativiste dans les années 1990. A cette époque, pour eux, les typos étaient les indésirables : une espèce condamnée ; les catégories de maintenance : des parasites; le labeur : des fantômes; la FILPAC : l'ennemi. Toutes les tentatives de constitution d'un syndicat unifié engagées par le SGL, puis le SGLCE ont échoué non pas parce que les rotos défendaient une position contraire (ils n'avaient pas réussi à créer un syndicat autonome, la FILPAC et la Confédération s'étaient fermement opposées à l'opération de division) mais bien parce que les Typos, hypocritement ont toujours cherché et fabriqué des prétextes pour rejeter toute avancée dans ce sens. Au jeu du courtisé, des alliances circonstancielles et de l'affrontement direct avec les journalistes, ils pensaient peut-être jouer la montre afin de convaincre le patronat d'une autre solution que leur disparition. La création d'Info'com est la suite logique de cette vision. Pourtant la nécessité vitale de créer un nouveau syndicat de l’information et de la Communication, afin que les sensibilités et les intérêts professionnels soient bien pris en compte, que sa mission première soit de créer les conditions du rassemblement des salariés de chaque secteur, en rapprochant aux meilleures conditions statuts et conditions de travail, de redessiner les contours et les contenus professionnels afin que chacun s'y retrouve, ne faisait aucun doute et ne s'opposait surtout pas à une organisation représentative de l'ensemble, bien au contraire. 4 La nouvelle version de scission, pour affligeante qu'elle soit, ne peut étonner. Seul l'inqualifiable soutien fédéral à cette action de division suicidaire, qui creuse un peu plus le fossé d'incompréhension avec le SNJ /CGT et qui a permis la constitution de ces deux syndicats, scandalise. La saga de l’élection présidentielle illustre parfaitement l'énorme contradiction de la société d'aujourd'hui. D'une part, un immense désarroi devant une société qui se délite et qui abandonne ses fondements, dont la seule perspective est de survivre au détriment de l'autre, d'autre part, ce sauve-qui-peut général parfaitement mis en pratique par les élites politiques, où peu importent les principes si je sauve ma peau, voire si j'acquiers quelques rondelles de pouvoir et quelques subsides, bien sûr. On peut craindre, hélas, que la tragédie que constituent les derniers événements syndicaux, qui semblent trouver une terre d'accueil particulièrement fertile à Montreuil, ne ressemble beaucoup à cela. Bien évidement, les militants de l'unité syndicale n'inverseront pas seuls une tendance lourde qui s'est enracinée dans tous les rouages de la société française libéralisée. Néanmoins, leur responsabilité est grande, ainsi que le travail d'ailleurs, parce que s'il est un lieu, un levier capable de freiner cette dérive générale, de faire naître de nouvelles espérances, de résister au démantèlement programmé des droits sociaux, c'est bien le monde du travail rassemblé derrière une organisation unitaire, solidaire, réaliste, mais résolument ancrée dans ses valeurs par une conscience sociale et politique des intérêts et des idées qu'elle doit défendre et de l'enjeu de société qui en découle. À chacun sa pierre. Dans quelques jours, le congrès de la FILPAC se tient sur fond de crise et de divisions. Pouvez-vous nous rappeler dans quel but fut créée la FILPAC en 1986 ? Quel rôle y ont joué les photograveurs ? Avec quels objectifs ? Qu'attendezvous de ce congrès ? Que pensez-vous de l'évolution politi- que de la FILPAC ? Vous avez activement collaboré au journal fédéral (L'Imprimerie française puis Impac), quelle en était la ligne éditoriale ? Cette dernière est-elle toujours respectée aujourd'hui ? René Lepeu : La création de la FILPAC en 1986 est la concrétisation de l'union de deux secteurs professionnels complémentaires, d'un côté, la Fédération du livre, de l'autre la Fédération du papier-carton. Les grands groupes financiers d'alors étaient présents tant dans les imprimeries que dans la fabrication du papier; on y retrouvait certaines similitudes. En plus, rassembler deux fédérations qui voyaient leurs effectifs en baisse, suite aux restructurations permanentes, devenait inéluctable. Les discussions sur le rapprochement ont été très longues mais se sont réalisées dans la clarté et la transparence en 1986. Au niveau fédéral, dès le début des années 1980, le SGL, quelque peu éloigné de la FFTL, s'en est rapproché. En presse parisienne, nous sortions du conflit du “Parisien libéré”. Cela nous avait conforté dans l'idée que face à une telle provocation, notre lutte avait pris un caractère national et que nous avions pu compter sur nos camarades de province. Jacques Piot, alors secrétaire général de la fédération, a beaucoup œuvré à ce rapprochement. En ce qui concerne le congrès prochain de la FILPAC de novembre 2007, la fédération ne peut sortir de ce congrès, et ceci pour quatre années, dans une situation conflictuelle, avec peut-être un sentiment de victoire pour certains et d'injustice pour d'autres. Il faut, lors de ses travaux, qu'elle concilie, qu'elle fédère et qu'elle unisse : c'est son rôle et son devoir ! Et ce n'est pas, à mon avis, en assistant ou en aidant à la naissance de satellites syndicaux qu'elle s'y retrouvera. On dit d'ailleurs que “les hirondelles ne font pas le printemps” ! Je conclurai en ce qui me concerne, cette partie de la question, sur deux mots : mon engagement à la fédération des années 1980 relevait d'une démarche fraternelle et unitaire et elle le reste; car personne - comme dirait Henri Krasuki - non, personne, ne peut gommer l'histoire ! Le rôle des photograveurs : En 1982, notre camarade René Bouyrie, alors secrétaire de la section “photogravure”, prenait place dans un premier temps au bureau fédéral, devenant dans la foulée le représentant national du secteur presse comme permanent. Je faisais alors mon entrée au bureau national. La fédé ayant besoin d'un véritable outil de communication national, nous fûmes alors contactés, et Hervé Ropert, aidé en cela par les photograveurs de Paris-Print, prit ses fonctions à la fédération pour devenir, comme on le sait, le rédacteur en chef d’“Impac” (à l'époque “l'Imprimerie française”-ndlr). Dans le même temps, il fallait répondre aux attaques fusant de tous côtés. Commencé en 1982, le grand conflit “Les Dépêches de Dijon”, (appelées par la suite “La Bourgogne républicaine” pendant un an -ndlr), mené par la fédé, et pris en charge par le secteur fédéral presse, fut dirigé par René Bouyrie. À sa demande, l'ensemble des salariés de la presse parisienne s'est engagé auprès de “La Dépêche” et les photograveurs y ont pris toute leur place. Mais René en parlerait mieux que moi puisqu'il en fut le principal animateur. Le conflit de la Chapelle Darblay, qui a débuté en 1983, dans lequel pour la première fois se retrouvaient les deux composantes de la future fédération, ne fut pas le moindre auquel il a fallu faire face. Là encore, pour les salariés de la presse parisienne et bien entendu les photograveurs, ce fut un grand et beau combat. La manifestation de Toulouse en 1986 reste gravée dans ma mémoire : notre camarade Jean-Pierre Combébiac, alors secrétaire régional, était poursuivi par la justice toulousaine “pour action syndicale” bien entendu ! Il reçut alors l'appui des travailleurs parisiens lors de cette grande manifestation organisée dans la ville de Toulouse qui restera dans les mémoires. Il ne faut pas oublier qu’en 1997 R. Bouyrie a eu un genou éclaté quand les CRS ont été chargés de “nettoyer” le palais de justice du Mans, alors occupé par les salariés de KimberlayClark. Le lendemain toute la presse quotidienne était en grève ce qui fit dire à Jean Miot (président du SPP) : “M. Bouyrie, vous avez le genou le plus cher de France”. La question qui se pose (aujourd'hui) est : dans quel esprit et pour quels objectifs ? : tout simplement pour aider à une grande Fédération réunissant tous les salariés de nos professions, sans exclusive, dans le respect de chacun et surtout dans l'esprit fédérateur. Il faut donc qu'au prochain congrès fédéral que les mots conciliation, fédérateur et unité prennent toute leur place. René Bouyrie : En 1986, ce fut le congrès de Bombasnnes qui a concrétisé la fusion entre deux catégories de travailleurs : les travailleurs du papier-carton et les travailleurs du Livre qui militaient déjà dans une Union du papier et du livre (UTLP), avec des objectifs communs, dont Oswald Calvetti était le président et Jacques Piot, le viceprésident. Hervé Ropert : Après le congrès de fusion du papier et du Livre à Bonbannes en 1986, tout se modifie au congrès fédéral de Giens en 1990. Avant 1990, subissant peut être certaines pressions, Jacques Piot (secrétaire général de la FILPAC), alors que tous les responsables syndicaux partent à 60 ans, décide de reprendre un mandat. La section photogravure du SGLsoutenait (avec la section départ-imprimerie et celle des NMPP) la candidature de Michel Muller au poste de secrétaire général, qui a d'ailleurs été élu. Et il connaît très bien ceux qui le soutiennent, alors qu'à l'époque, la CSTP ne soutient pas sa candidature. D'ailleurs, pour remercier la section photogravure et ceux qui l'on soutenu, M. Muller invite tous les responsables syndicaux avec leurs épouses chez lui en Alsace pour une fête qui reste encore dans les mémoires. Dans son discours, il remercie publiquement la section photogravure et tous ceux qui l'on aidé. Alors, il serait bien quand même de ne pas oublier tout ça ! Et je ne comprends donc pas aujourd'hui son attitude envers la section photogravure. Et à mon avis, les positions actuelles de la fédération n'ont rien à voir avec un quelconque objectif d'efficacité syndicale mais en priorité la recherche de solutions pour résoudre les problèmes financiers qui sont très graves à la Fédération. René Bouyrie : Il existe automatiquement un important décalage entre ce que j'ai connu à mon époque et aujourd'hui. Cependant je ressens manifestement mais de loin par rapport à ceux qui sont sur le terrain,- le manque de prise en charge de la Fédération sur tous les problèmes qu'il y a en province. Chacun fait la grève dans son coin, mais franchement, ce qui me choque, c'est qu'il n'y a pas de grandes mobilisations orchestrées par la FILPAC. On a l'impression que tout va bien et la solidarité et la lutte sont le plus souvent exclues des discours que l’on entend. Cela m’ammène à penser avec un peu de nostalgie aux délégations SNPQR et SQD conduites le plus souvent par notre regretté camarade André Charvey.. Hervé Ropert : Je sais bien que le syndicat n'est pas un parti politique ; mais alors, maintenant, il n'y a aucune prise de position politique sur quoi que ce soit. Ce n'est pas parce que la Confédération prend ses distances qu'on n'a pas le droit de regretter que notre Fédération ne se prononce pas sur de grands événements politiques dont les conséquences sont très graves pour tous les salariés de ce pays, que ce soit, par exemple, pour les élections présidentielles ou sur le traité de Constitution européenne. Maintenant, en ce qui concerne “Impac” que je reçois toujours, donc que je lis, c’est avec un pincement au cœur. C'est incroyable, ce recul par rapport aux prises de position qu'il y avait dans “Impac”, sur le terrain, près des gens… Maintenant on n’énonce que de très grandes théories à longueur de pages… Michel Muller n'écrit plus les éditos - même quand c'est signé, ce n'est pas son stylealors que jadis les secrétaires fédéraux les écrivaient chacun leur tour. Maintenant, est-ce une impression, mais tout semble écrit par une seule personne ? De plus, il y a des articles dont je me demande quel est l’intérêt et que je ne comprend pas en particulier celui sur la photogravure, qu'on dirait écrit par un patron du labeur : cet article enterre la 5 Le Grand Dossier ENTRETIEN CROISÉ chambre typo (Info.com) et conseille à la photogravure de les suivre. Il faudrait leur répondre comme dans la chanson de Brassens : “Je suis Roger Bureau, ancien encore jeune, je secrétaire photograveur et vis encore, mon du SGLCE vieux Corneille, et je t'emmerde en attendant”… Les comptes-rendus du CEN, eux aussi, me laissent perplexe… Christian Guillaumie Celui qui possédait les moyens de fabrication de la presse en détenait le pouvoir. Ce constat avéré était encore d'actualité dans les années 1980. Le groupe de R. Hersant en était la preuve vivante. L'écrit ne pouvait se passer de papier, et le conflit des papeteries Chapelle Darblay (commencé en 1983) avait mis en évidence l'enjeu du contrôle du papier de presse. La volonté des patrons de presse de se dégager du système égalitaire de la coopérative des papiers de presse, tariat fédéral avec Jacques Piot. L'union du support et de la fabrication /distribution renforçait les deux secteurs et la FILPAC fut créée en 1986 sur cette base bicéphale. Jacques Piot en devint le premier secrétaire général en 1986 et Michel Muller lui succéda en 1990. La FILPAC dut affronter dès sa mise en place la deuxième attaque du même ordre : le démantèlement des NMPP. Cette attaque commença par l'éviction du secrétaire de la section et entraîna un affaiblissement durable de celle-ci puis ouvrit la voie à une offensive patronale ininterrompue. Le développement du papier domestique, l'appropriation des papeterie Françaises par les groupes étrangers et l'absence de liens et de proximité entre les salariés des deux industries ne permirent pas de transformer cette fusion en dynamique commune, chacun s'occupant de ses propres problèmes, souvent peu compréhensibles pour les autres. La gestion fédérale de cette phase a abouti vingt ans après à un constat d'échec. Mais la question principale n'est pas là. Si le contenant industriel (papier,fabrication, distribution) présentait un intérêt majeur pour les patrons de presse, très XVe congrès du SGLCE, en octobre 2007 pour introduire le marché concurrentiel, avait bien évidemment pour objectif d'entrer dans l'ère des grandes concentrations et de la construction de groupes de communication dominants que n'autorisait pas le système de péréquation de 1944, qui assurait l'égalité des coûts de fabrication et de distribution aux éditeurs. La fusion des deux fédérations du livre et du papier, à laquelle ont fortement contribué les photograveurs, répondait donc bien à un impératif stratégique capital. René Bouyrie faisait partie du secré- 6 rapidement, avec l'apparition des nouvelles technologies et procédures de réalisation et de fabrication, les groupes de communication se fondèrent sur le contenu (les titres, les agences, les régies de pub), les nouveaux supports écrits, électroniques, la télé et les réseaux de diffusion ( téléphonie, Internet, chaînes TV, radios, etc.) en s'appuyant toujours plus sur l'image. En 1986, cette question était déjà posée. La FILPAC aurait dû, sur la lancée de la fusion avec le papier, poursuivre le processus avec les fédé- rations et syndicats qui entraient dans le champ de la communication, à commencer par le contenu rédactionnel, qui constituait l'enjeu principal et combien démontré aujourd'hui, pour lequel les ouvriers du prépresse et la CGT étaient devenus, pour le patronat entre autres, parfaitement indésirables, donc destinés à disparaître. Il ne s'agit pas d'absoudre les journalistes, dont le corporatisme légendaire n'a rien à envier aux ouvriers du livre, mais l'absence totale d'écoute, de stratégie et d'initiatives de la fédération a conduit à la situation conflictuelle entre les ouvriers Julien Guérin, ancien du livre et les jour- secrétaire clicheur et premier secrétaire de la nalistes que cha- Gutenberg cun connaît, et pour la plus grande satisfaction du patronat. Les congrès se succédèrent sans jamais accorder l'intérêt que méritait cette question, et donc sans jamais dégager de stratégie d'union, qui aurait du éviter cette guerre fratricide avec le SNJ/CGT, la désolante situation d'aujourd'hui, et ouvrir de réelles perspectives pour tous. Fut-ce de l'inconséquence ? En tout cas pas de l'ignorance, car au même titre qu'ils ont activement contribué à la création de la FILPAC, les photograveurs ont constamment mis en évidence, à tous les échelons, l'urgence de répondre à cette question et jalonné leur parcours d'exemples d'approches communes avec les secteurs rédactionnels dans nombre d'entreprises. Il est vrai qu'à l'époque, pour certains, la classe ouvrière était en voie d'extinction, et la disparition des typos que seuls soutenaient les photograveurs, faisait partie du cours normal de l'histoire. Il est difficile d'espérer du prochain congrès de la FILPAC une évolution allant dans le sens de cette unification tant se sont verrouillées les positions et l'attitude de ses dirigeants qui de toutes façons n'ambitionnent pas une quelconque relève susceptible de réorienter la politique fédérale. Le congrès du SGLCE devra de nouveau porter haut et fort cet objectif et être en mesure d'en convaincre le plus grand nombre, en s'appuyant sur les expériences et les avancées qui ont pu être concrétisées. L'Impac, créé par Hervé Ropert à la naissance de la FILPAC, devait être l'outil d'expression et d'échange de cette quête unificatrice. Il est hélas devenu aujourd'hui l'organe de propagande et la voix de son maître. Les photograveurs, qui contribuaient activement à son comité de rédaction depuis l'origine du journal, ont préféré démissionner plutôt que de cautionner pareil changement de cap. C'est tout dire ! En 1990, le comité de groupe SOCPRESSE voyait le jour. Quels en étaient les objectifs ? René Lepeu : En ce qui concerne la création du comité de groupe de la SOCPRESSE, dans lequel la fédération et plus particulièrement René Bouyrie se sont investis, relevait d'une victoire syndicale nouvelle : pouvoir rassembler l'ensemble des éléments d'un groupe national tel le groupe Hersant de l'époque et pouvoir y consulter des informations d'ordre économique et social, mais aussi et surtout de pouvoir se rencontrer avec l'ensemble des acteurs de toute une profession. René Bouyrie (contribution écrite) : Commencée le 29 juin 1983, la longue bataille politique pour la mise en place d'un comité de groupe Hersant a abouti le 23 février 1990 par la signature d'un protocole entre la CGT et la SOCPRESSE, société dominante du groupe. La FILPAC CGT, largement représentée (18 élus sur 30), et les CE demandeurs se félicitaient à l'époque de ce résultat obtenu de haute lutte et à l'arraché grâce à une mobilisation sans faille émaillée par de nombreuses actions allant de l'entreprise jusqu'aux arrêts de travail coordonnés dans les nombreuses entreprises concernées. Le groupe était constitué de 33 sociétés déterminées par le jugement du tribunal de grande instance de Paris en date du 25 avril 1989. L'accord prévoyait un budget, un local équipé, un crédit d'heures pour les délégués et la prise en charge d'un expert comptable à l'année. Ainsi enfin, les représentants des salariés du groupe auront accès aux comptes et informations financières relatifs à l'ensemble du groupe et disposeront d'un outil supplémentaire d'analyse sur la stratégie du groupe. Ce n'est pas tant la loi du 28 octobre 1982 sur la mise en place du comité de groupe mais bien la nécessité de se doter d'un outil supplémentaire de travail apportant des informations sur l'activité économique, la situation financière politique de l'emploi, l'évolution de structures, les perspectives économiques et sociales pour l'avenir. Il reçoit également communication des comptes consolidés et à défaut les comptes annuels de toutes les sociétés du groupe. Il faut se souvenir qu'entre les années 1985 et 1990, Robert Hersant (nommé le papivore) et propriétaire du Figaro, étend son empire de presse en rachetant nombre de revues et quotidiens dans la France entière. Les conséquences sont que de nombreux journaux sont rachetés avec leurs personnels éditoriaux, employés et ouvriers du Livre. Les entreprises sont concentrées avec ce que cela entraîne de licenciements et de fermetures. La liberté de la presse est fortement malmenée par celui qui sert le pouvoir en place à la solde du grand capital (le groupe Hersant ne possède pas moins de six députés de droite à l'Assemblée nationale). Voici de nombreuses raisons qui ont motivé la création du comité du groupe Hersant. Certes, le contexte économique et politique n'était pas le même qu'aujourd'hui. Les batailles revendicatives étaient à l'ordre du jour et le mot “lutte” était dans toutes les bouches. Pour autant, a-t-on mis à profit l'outil que nous avions mis en place par la lutte ? C'est une réflexion. La disparition de deux secrétaires fédéraux élus au congrès de Giens (C. Lelièvre et D. Céran) avec Michel Muller n’a pas arrangé les choses. Aujourd'hui, à une grande échelle, les quelques grands groupes de presse, et d'une façon tout à fait banalisée, se partagent alternativement le gâteau de la presse nationale et régionale, se moquant parfaitement des grandes analyses et dissertations sur le pluralisme de la presse. Que pensez-vous de l'évolution des caisses paritaires ? (Mutuelle, prévoyance, retraite regroupées dans le groupe AUDIENS) René Lepeu : L'évolution des caisses paritaires était prévisible, la baisse des effectifs en particulier en rendait certaines fragiles. Dans les années 1989-1990, la caisse des cadres nous a contactés au même titre que la caisse du labeur, faisant suite à l'orientation gouvernementale pour un rapprochement de gestion de nos caisses, tendant à créer des caisses de branches professionnelles. Il faut dire qu'à l'époque la caisse Gutenberg, avec son fond social et la prévoyance, détenait pas mal de réserves financières, ce qui ne laissait personne indifférent. Ce rapprochement et l'ensemble de la gestion des caisses s'imposait, et il a été réalisé. À ceux qui pouvaient penser que cela nous apporterait une garantie définitive, il faut rappeler que rien ni personne n'est jamais à l'abri (d'un mauvais coup). Il faut que, dans ces organismes, nous gardions notre place, notre personnalité, et que nous restions vigilants à toute évolution. La concentration est plus souvent source de convoitise que de bonté. Christian Guillaumie, qui a participé à toute cette restructuration, peut en parler mieux que moi. Christian Guillaumie Le tout est de savoir si nous voulons conserver des régimes de garanties collectives en matière de santé et de retraite, ou comme nous y invite le libéralisme ambiant, laisser à chacun le soin de trouver l'hypothétique couverture qui lui siérait le mieux. L'institution n'est qu'un outil. Faute d'un réel engagement paritaire, qui ne peut 7 Le Grand Dossier ENTRETIEN CROISÉ être obtenu et maintenu que par un authentique rapport de force, une volonté accrue de l'organisation syndicale et une action soutenue des militants qui y siègent, la gestion et le contrôle échapperont aux salariés pour tomber dans les mains de gestionnaires professionnels qui iront naturellement vers des concepts assuranciels. Elle ne peut assumer sa vocation de solidarité que si les revendications en matière de couverture sociale et de retraite sont constamment actualisées, formulées et traduites en accords paritaires. Si nous sommes convaincus que le système de garanties collectives et de solidarité demeure la meilleure réponse, AUDIENS constitue un bon outil pourvu que, au bout de l'outil, nous soyons en capacité d'agir tant sur le patronat que dans l'institution pour pérenniser et valoriser ces droits et garanties, pour consolider et développer AUDIENS en lui préservant son identité à caractère professionnel et paritaire. Sinon la coquille sera vidée de son contenu et l'autoroute de l'individualisation de la couverture chère au MEDEF sera ouverte. La tâche est énorme et implique un engagement sans précédent de la profession, des responsables syndicaux, des militants et des salariés afin que ce qui s'est construit ne soit pas détourné au profit de solutions assurancielles basées avant tout sur l'attrait financier du très juteux marché de la santé et de la retraite. La bonne volonté des militants engagés dans ces organismes ne suffit pas. C'est le poids de toute l'organisation syndicale, d'un réel rapport de force affirmé, d'une présence active accrue, qui peut permettre de peser sur le cours des choses. Il a fallu près de cinq ans pour bâtir AUDIENS et faire en sorte que nos caisses paritaires trop petites pour survivre aux dispositions arrêtées par les organismes de tutelle ne disparaissent par 8 absorption et puissent constituer la base d'une construction d'avenir. Ce qui a été fait est certes perfectible, mais en créant AUDIENS, nous avons réalisé une institution unique en son genre. Par la fusion des diverses caisses de la presse, de l'audiovisuel et du spectacle, nous avons préservé leur caractère professionnel et paritaire, conservé la majorité et les responsabilités premières à la CGT. En créant la première structure unifiée du monde de la communication nous nous sommes donné un sérieux point d'appui propice au rapprochement et à l'unification syndicale des salariés de la communication. Ce lieu d'échange et de partage doit être mis à profit pour établir le dialogue et les passerelles entre les différents secteurs et se diriger vers la construction d'une grande fédération de l’information et de la communication. Une partie des photograveurs ont “basculé” dans la convention collective des journalistes dans les sièges éditoriaux, l'autre dans les imprimeries. Ces photograveurs sont devenus " techniciens de préparation ". Que pensez-vous de cette évolution vers de nouvelles qualifications ? René Lepeu : En ce qui concerne les photograveurs basculant dans la convention des journalistes, il faut s'en féliciter. Car, avions-nous, dans la situation actuelle, d'autres choix ? Je ne le crois, pas et je reste fidèle à ce que je disais plus haut : ce n'est pas en éparpillant nos petits que nous deviendrons grands. Il en va de même pour les photograveurs relevant des imprimeries : je pense que l'évolution est bonne et que leurs qualifications sont sauvegardées. Hervé Ropert : Personnellement, je pense que la photogravure, c'est un corps vivant ! Et qu'on aille vers de nouvelles qualifications, ça ne sera jamais fini. Dans la section photogravure, il y a quelque chose qui me plaît, c'est que depuis que je suis dans le métier (1954), les clicheurs puis les photograveurs ont tout le temps cherché à évoluer avec les techniques. René Bouyrie : On ne peut être que d'accord ; c'est une adaptation inéluctable à l'évolution des nouvelles technologies qui sont appa- rues sur la chaîne de fabrication d'un journal. Et on pense que l'on évoluera encore, au fur et à mesure que les technologies évolueront, on évoluera avec elles quelle que soit leur appellation si l'on continue comme on l'a fait jusqu'à présent. Ne me disait-on pas en 1951, quand je suis rentré à l’école Estienne, que la clicherie était terminée et que c’était une erreur d’apprendre un tel métier ! Hervé Ropert : Je voudrais faire une précision qui me semble fondamentale : les secrétaires de la section (clicheurs puis photograveurs) de Julien Guérin (secrétaire de 1947 à 1963) à Jean-François (Ropert) aujourd'hui sont toujours d'accord -quand ils se rencontrent- sur les orientations de la politique syndicale de la section, malgré la mutation professionnelle que l'on a connue, de clicheur à photograveur. Il n'y a pas une seule autre section où on peut citer cet exemple, où il y a eu un tel passage de témoin. Et je trouve cela formidable. Christian Guillaumie : Cette évolution était de toute façon inexorable. La capacité de s'adapter aux nouveaux contextes n'a jamais effrayé les photograveurs, bien au contraire. Ils l'ont bien souvent anticipé pour en maîtriser la conduite et défendre au mieux leurs intérêts. Pareille mutation impliquait pour se donner les meilleures chances, que tous les intéressés soient partie prenante de sa réalisation, d'avoir établi les bases et les principes du futur cadre syndical dans lequel pouvaient démocratiquement être pris en compte les intérêts de chacun, afin de se donner les moyens d'un nouveau et puissant rapport de force. Aujourd'hui la question de le faire ou non ne se pose plus, les photograveurs ne pouvaient rester sur le bord de la route, et il faut saluer le courage du secrétariat de l'avoir fait. Le bras de fer avec les journalistes ne peut servir que le patronat. Il s'agit au contraire, de prendre les initiatives susceptibles de générer confiance et compréhension. Rien n'est jamais perdu si l'on ne quitte pas l'objectif collectif et unitaire des yeux. La double appartenance au SNJ/ CGT et les points marqués par nos camarades dans les entreprises ne peuvent qu'encourager. Même si la tâche est ardue, il ne faudra pas perdre de vue que les photograveurs travaillant dans les imprimeries demeurent un point d'appui majeur et un lien solide. Vous vous exprimez aujourd'hui dans le quatrième numéro de la publication “Photograveurs”. Le lisez-vous, répond-il à vos attentes, que souhaiteriez-vous voir améliorer ? René Lepeu : La publication “Photograveurs” est une initiative heureuse (ceci n'étant pas de circonstance !). Heureuse, car elle permet une information relativement permanente de sa section d'origine, à laquelle nous restons tous très attachés. Je cite Henri Krasuki : “Un peu de corporatisme ne fait pas de mal, mais pas trop quand même” ! Quand on est retraité et retiré de la vie syndicale, et c'est mon cas, toute information concernant notre profession ou notre catégorie, nous replonge dans notre passé, et cela fait du bien, surtout lorsque la nouvelle est bonne. Peut être, concernant ce 12 pages, sans que cela puisse nuire à l'information recherchée, une petite brève sur la situation de nos effectifs, les départs en préretraite et les autres aussi (car malheureusement ils existent aussi). Nous restons nostalgiques et curieux. Nous avons tous à un moment travaillé, milité, manifesté ensemble, et ces nouvelles, bonnes ou moins bonnes, nous permettent “de rêver de notre passé”. Hervé Ropert : Personnellement, je trouve que c'est une excellente initiative. Et dans le précédent numéro, j'ai particulièrement apprécié les entretiens avec les jeunes, et franchement, ça m'a fait du bien. Parce qu'ils ont répondu ce qu'ils pensaient, sans langue de bois, et je crois que c'est vraiment une note d'espoir de voir qu'on peut encore s'entretenir avec des jeunes en photogravure, avec d'autres idées, d'autres points de vue, c'est normal, alors que beaucoup nous avaient enterré, c'est la vie qui continue avec une grande lueur d'espoir. René Bouyrie : Moi je voudrais apporter un avis au niveau de la présentation : il faut aérer beaucoup plus la mise en page; faire des encadrés et ne pas hésiter à couper les textes qui sont trop longs, même ceux (surtout ?) des secrétaires… Sinon, cela devient rapidement difficile à lire et risque d’en décourager certains. Ce serait dommage ! Christian Guillaumie : ILest bien, même s'il ne faut pas en faire une règle absolue, de pouvoir en toute liberté, du fait de la situation complexe que traverse la section et de la dissémination des photograveurs dans les entreprises, apporter les informations et expliquer les positions par un bulletin périodique. Il ne peut se substituer, dans cette période troublée, à la nécessité de pouvoir exprimer son point de vue dans les différentes publications syndicales ni aux indispensables tenues de réunions et d'assemblées. Les photograveurs actifs, préretraités et retraités ont éminemment besoin d'une information spécifique de leur catégorie, non pas pour se vautrer dans on ne sait quel corporatisme, mais parce que personne d'autre ne le fera à leur place. Des jeunes photograveurs ont intégré notre section ces dernières années. Dans le contexte actuel difficile, quel message voudriez-vous leur faire passer ? René Lepeu : Le message à faire passer aux jeunes est simple et difficile à la fois. Car entre le message reçu et la situation sur le terrain, il y a un tri à faire. Ce que je peux leur dire, c'est qu'ils ont intégré un beau métier, une belle section ; un métier riche de son histoire ; une section riche de ses engagements syndicaux. Un métier dont les luttes, les victoires, ont permis l'obtention de statuts non négligeables. Une histoire qu'il ne faut pas laisser tronquer. Des engagements qu'il ne faut pas abandonner, des statuts qu'il faut protéger et améliorer. Il faut journellement abonder dans la recherche de l'unité, sans abandonner sa personnalité : au syndicat comme dans sa section, chacun compte pour un ! Il faut participer à la vie syndicale pour soi, pour les autres. Malgré ce qui peut paraître comme difficile aujourd'hui à comprendre de notre mouvement syndical, il est du devoir de chacun de prendre sa place dans ce débat d'avenir. Au cours de sa longue histoire, notre mouvement, que ce soit nos syndicats, notre fédé, ont rencontré chacun des difficultés. Il les a à chaque fois surmontées. C'est ce que je vous souhaite : la vie est trop belle quand on y participe pour la laisser se détériorer. René Bouyrie : Le message que l'on pourrait faire passer aux jeunes (et moins jeunes) qui sont rentrés depuis ces dernières années, c’est qu’il faut qu'ils se prennent en charge, et qu'ils continuent la lutte de ceux qui se sont battus pour les faire rentrer dans le métier avec les statuts que l’on connaît. Hervé Ropert : Qu'ils ne s'endorment pas sur leurs lauriers ; c'est tellement facile, on gagne pas mal sa croûte, donc on ne bouge pas; mais c'est à eux de prendre le relais, car aussi rapidement on trouve un bon boulot, aussi rapidement on peut le perdre. Cette lutte (la défense de leur emploi et de leurs statuts) doit se faire avec la participation du plus grand nombre, personne ne peut et ne doit rester en dehors, car c'est bien les intérêts de tous qui sont défendus. Christian Guillaumie : Je ne crois pas avoir connu de périodes autres que difficiles durant les nombreuses décennies passées dans la presse parisienne. La nature des difficultés change, pas leur âpreté. De plus, notre profession n'a pas l'exclusivité de ces difficultés, elle subit au même titre que toutes, les conséquences de la politique libérale appliquée et amplifiée au fil des années. Son avantage est qu'elle en est parfaitement consciente et à même de se battre et de défendre les intérêts de ses salariés. Elle a aussi les qualités de son histoire, de ses acquis et de ses statuts, d'une organisation syndicale CGTencore puissante et d'un esprit de solidarité présent. Dans la France d'aujourd'hui, c'est une chance inestimable pour un jeune d'entrer dans cette profession, c'est une responsabilité également, car il lui incombera de porter à son tour la part du flambeau qui lui revient, s'il veut que l'histoire continue de s'écrire. 9 BREVES La Tribune/Les Echos La vente de la Tribune est toujours programmée, elle dépend du rachat par LVMH des Echos. Le Groupe Person est en négociation privilégiée avec B. Arnault. Les organisations syndicales ( principalement journalistes) ne souhaitent pas voir LVMH devenir l'actionnaire principal des Echos. Le Monde Paris J.-Marie Colombani débarqué du directoire, c'est P. Jeantet qui est élu par ses pairs à la tête du groupe Le Monde , et E.Fottorino à la tête du journal. Leur première mesure, se séparer des journaux du Sud, vendus par Lagardère à P. Hersant. Les premiers stages longs(trois mois) d'iconographe débutent pour les “anciens” photograveurs. France-Soir Nouveau système éditorial, et accélération de l'automatisation. Développement de F-Soir Net. Rachat de l'imprimerie de la Sémif de Dassault, en partenariat avec le célèbre Caron. France-Soir quitterait CIPP… à suivre. CIPP B.Riccobono l'incontournable opérateur a pour projet une imprimerie “Spéciale gratuits” notamment Métro, qui souhaite toujours s'épanouir en France. Un accord est signé par le SGLCE avec 1 poste de technicien préparation. Roissy-Print Une négociation est engagée pour l'ouverture d'une nouvelle imprimerie (IDN). L'éditeur du Figaro sera actionnaire avec un partenaire Italien. La réunion du 7 octobre entre l’organisation syndicale et l’actionnaire Seregni n’a pas permis de connaître le plan de charge de la future imprimerie, pas plus que l’ensemble des matériels qui y sont prévus. A Roissy comme ailleurs,modernisation est souvent associé à productivité et à sureffectif. Les élus du personnel veillent. Spéciale dernière Emissions de radio, de télé, livre… la crise de la presse passionne de nouveau, mais comme toujours ce ne sont pas les véritables causes qui sont mises en lumière, s’il y a crise c'est encore la faute, à la CGT et aux avantages des salariés. Pourtant le pouvoir de la presse et des médias intéresse, les grands patrons, ils s'arrachent les presses quotidiennes nationales et régionales. L'argent existe…, mais ils quémandent des subventions pour moderniser les entreprises et des fonds spéciaux. Seuls objectifs réduire les coûts et casser les statuts. Rumeur Malgré les recommandations présidentielles sur le travail des seniors, les patrons de presse rêvent d'un nouveau plan social financé par l'État. Réalité : Le président du SPP a repris sa tournée des ministères pour dégoter des fonds spéciaux permettant de nouveaux départs anticipés. Week-End W-E décentralise sa rédaction en rejoignant les Editions en direct à Aix en Provence dès décembre 2007. De nombreux salariés de Week-End refusent de suivre le titre, leur emploi est menacé. L'impression de WeekEnd reste pour le moment à CIPP. XVe Congrès du SGLCE M. Muller (donc la Filpac) renonce au dernier moment à sa venue à la maison du Livre à Blanqui et décide de ne pas participer aux travaux de notre congrès. Pour lui il est “inconcevable” d'être considéré comme un simple congressiste. À quelques semaines du congrès de Lille, le futur candidat au poste de secrétaire général se prive ainsi de l'écoute des délégués du plus grand syndicat de la fédération. N'y a-t'il pas pire sourd que celui qui ne veut entendre ? La centaine de délégués réunis à Blanqui, ont débattu pendant deux jours de la situation de la profession. Ils ont réaffirmé la nécessité d'un syndicalisme fort, combatif et unitaire. Seul ce syndicalisme CGT de propositions et de lutte permettra aux salariés de l'information et de la communication de se retrouver et de s'unir. Ensemble, ils construiront et porteront leurs revendications et se défendront face aux mauvais coups qui s'annoncent . Pour le VIe congrès de leur fédération (Filpac) les délégués ont demandé à leurs représentants de porter ce mandat clair lors des débats à Lille. Ils ont refusé de donner quitus à la direction fédérale sortante et proposé douze militants de leur syndicat au comité exécutif national. Et vous la Fédé vous la voyez comment? 10 BREVES Invité Odette Linès, présidente de l’amicale de Châteaubriant a été invité au congrès du SGLCE. A cette occasion, Marc Norguez lui a remis 5 expositions itinérantes réalisées par J. Vermeersch avec le concours des photograveurs. Ces cinq expositions de 16 tableaux permettront à l’amicale de faire vivre l'histoire de la Résistance et de l’Occupation dans les écoles. “L’Equipe” C’est dans l’unité que les organisations syndicales du journal “L’Equipe”, se battent contre la précarité. la direction de L’Equipe utilise pigistes et contrats à durée déterminée et refuse toute titularisation. Les salariés du journal ont vivement réagi pour imposer l’embauche des salariés précaires. Le Monde Ivry Des essais sur de nouveaux procédés de fabrication (sécheurs à ozone) se déroulent actuellement en collaboration avec les fournisseurs de matériel. Ils visent à l’amélioration de la qualité, notamment couleur, en vue de décrocher de nouveaux marchés publicitaires, ce qui aux dires de la direction, permettrait l’équilibre de cette imprimerie. “Figaro” Médiagraf dévelloppe son champ Ensemble ! d’intervention en formant les iconos et les reporters du titre Hommage à Guy Môquet Une déléguation d’ouvriers du Livre du SGLCE se rendra à Châteaubriant pour rendre hommage, à Guy Môquet et à ses vingt-six compagnons morts pour la liberté. Journal Off./Sacijo Un nouveau préfet a été nommé à la direction des Journaux Officiels qui se veut être le démarcheur au près des ministères afin d’obtenir de la charge de travail. Mais Il réfute l’idée d’un pôle public des publications officielles. Offprint sera en ligne fin octobre avec un très grand nombre de nouveautés. Tous à vos agendas ! Mobilisation Le ton est donné. Cris d’alarme, coups de gueule, les journalistes en appellent au citoyen. Le droit à l’information, c’est l’enjeu. Réunis le 4 octobre, les syndicats de journalistes ont tenu à le clamer haut et fort. Secours populaire Les chiffres de la pauvreté sont alarmants Donnez au Comité du Livre La dernière entrevue avec Francis Morel (directeur du groupe Le Figaro) n’a pas permis de lever l’inquiétude sur l’avenir de l’imprimerie. Comité de groupe Le Figaro Le périmètre du comité de groupe Figaro est maintenat définit par la direction (Roissy-print, Off-Print, Publi-Print, Le Figaro et l’AGPI). La CGT devrait avoir quatre élus. Médiagraf Le catalogue 2008 de Médiagraf Le traditionnel repas des photograveurs à la Fête de l’Humanité nous a permis cette année de faire vivre la démarche de notre section : “rassembler, unir, lutter”. A cette occasion, Marc Norguez (secrétaire général du Livre) a rappelé l’importance de ce genre de rendez-vous fraternel, qui a permis cette année de rassembler l’ensemble des composantes du SGLCE. C’est plus de 130 camarades qui ont dîné au stand de Gentilly. On pouvait se féliciter de la présence de nombreux camarades de l’imprimerie J.D.C. Cinq générations Il y a des traditions que l'on aime à voir perdurer. C'est le cas de celle qui permet chaque année de réunir les secrétaires de notre catégorie et les directeurs de l'école (Afppi Médiagraf). C'est bien sûr autour d'une bonne table que l'on se retrouve (voir photo en Une). Cette année, Roger Bureau, Julien Guérin , Guy Theil n'étaient pas au rendez-vous, malheureux de ne pouvoir participer à ce moment fort de fraternité, de respect, d'écoute et d'échange. Si la catégorie a toujours les premières faveurs de nos discussions, rapidement l'école, le syndicat, la Fédération, la politique… tous les sujets y passent. Le repas s'éternise toujours, a chacun une anecdote, un conseil, une photo… véritable repas de famille, la différence d'âge (Roger et Julien profitent de leur retraite depuis plus de trente ans) est vite gommée dès que le débat s'anime. Passage de témoin, message d'espoir réconfortant pour tous, surtout pour les jeunes,c'est aussi cela la CGT. 11 LE BILLET DE GILBERT C'est déjà la rentrée… Les éléments se sont déchaînés sur notre pays. Après ce printemps calamiteux et ses vagues bleues successives, l'été qui s'achève, lui aussi a été pourri. Pour ceux qui ont encore la chance de partir en vacances, le soleil fut rarement au rendez-vous. L'anticyclone n'a pas bougé malgré nos chers prévisionnistes, les vacanciers de juillet comme ceux du mois d'août ont déserté sous les trombes d'eau glacées, les plages, les campings où ils ont l'habitude de s'entasser. Tout le monde n'a pas cette chance d'être invité chez les " Bolloré " ou chez les “Cromback et les Agostinelli” il suffit de choisir ses amis. Alors faute de bons amis possédant un yacht ou un ranch californien, c'est sous le parapluie qu'ils se détendaient. Certains prétendent même que ces intempéries ont eu des conséquences salutaires pour l'activité culturelle de nos concitoyens. Malgré le prix des places, les visites de musées, de zoo, les lieux ou les spectacles historiques, les séances de cinéma ou de cirques ont rarement connu un tel engouement, merci madame Météo. Attention à nos portemonnaies. À ce rythme, nos budgets familiaux explosent rapidement, et tout cela se termine vite sous la toile de tente à inventer des jeux de société. Une augmentation du pouvoir d'achat serait la bienvenue, il va falloir aller la chercher. Pour tout dire mes vacances furent pour partie normandes, et pas trop arrosées..., à deux pas du château de Guillaume le Conquérant et non loin des plages du Débarquement, au cœur de la Suisse normande. Entre deux petites éclaircies rien de plus facile pour occuper mes petitsenfants… Quel plaisir de puiser dans ce patrimoine culturel en s'amusant ! Pas besoin de manettes électroniques pour ce jeu, une feuille de papier et un stylo suffisent. On y a tous joué sur les bancs de l'école : Nous recherchons, un verbe du premier groupe en 8 lettres, la première et la dernière lettre est un R. La définition du petit Larousse :ne pas céder sous l'action d'une force , lutter contre ce qui est dangereux. Lettre après lettre, le verbe Résister s'affiche, très facile ensuite de vérifier Les paroles de Lucie Aubrac, Résister doit toujours se conjuguer au présent : Je résiste Nous résistons Tu résistes Vous résistez Il ou elle résiste Ils ou elles résistent Dès maintenant il y a de bonnes raisons de le faire car si la pluie s'est arrêtée ,en ce début septembre, l'horizon social semble lui s'obscurcir vitesse grand V. Plus aucune hésitation il va falloir se bouger. Vivement l'été prochain ! Dessin Ph. Escoffier (Infographe à l’Equipe) Ps (Oups !) : Le petit agité de la “Lanterne” décrète la lecture dans chaque école, collège, lycée ou vestiaire… de la dernière lettre de Guy Moquet. Gageons que nos enfants tirerons un bon enseignement et feront bon usage des dernières pensées de ce jeune résistant, qui a sacrifié sa vie pour que nous vivions dans un monde meilleur. Certain qu'a son image, ils et elles se révolteront face aux inégalités et injustices J'ai confiance… J’entends déjà “le cri du peuple” Ah ça ira! ça ira! ça ira!… DIRECTION DE LA CATÉGORIE : Jean-François ROPERT Gilbert BONHOMME Pascal LEBÈGUE (trésorier) COMMISSION IMPRESSION : Laurent BOUYRIE COMMISSION S.ÉDITORIAUX : Laurent MARDELAY