Loi Travail Pourquoi je bouge…

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Loi Travail Pourquoi je bouge…
Loi Travail
Pourquoi je bouge…
Bulletin n°07 - 17 mars 2016
Lors de la manifestation du 9 mars contre la réforme du droit du travail, une journaliste
s'approche de moi et me glisse à l'oreille : "pourtant vous n'êtes pas concernés par le Code du
Travail à la Banque de France"…
Eh bien si, je suis concerné ! Plusieurs parties du droit du travail s'appliquent à la Banque et cela
encore davantage pour mes collègues contractuels ou salariés des filiales… De surcroît, les
références à la loi sont nombreuses dans les textes de notre entreprise et elles permettent de
veiller à l'existence d'un minimum de règles en matière de conditions de travail. A propos de loi,
ma première réaction sur le projet de texte, c'est de l'incompréhension. Comment peut-on
supprimer d'un trait de plume l'égalité des salariés devant la loi ? En
Moi Président
effet, dire que les accords, même en deçà de la loi, sont prioritaires
par rapport au Code du Travail, c'est enlever les garanties minimales
je ferai des
pour toutes et tous. Et certains ne se gêneront pas…
khonneries…
Pour ce qui est de mon temps de travail, je n'imagine évidemment
pas qu'un syndicat digne de ce nom puisse aujourd'hui négocier un
accord me contraignant à travailler 12H00 dans la journée ou
baissant la rémunération de mes heures supplémentaires… Mais
dans le futur, il n'est pas exclu que mes jeunes collègues soient
confrontés à cette question. Par contre il est clair que la Banque
pourrait librement ne plus comptabiliser les heures supplémentaires
sur la semaine mais sur une période de 16 semaines, ce qui change
tout puisque cela permet un lissage de la durée du travail sur
quasiment quatre mois. Je pense aussi à mes amis qui travaillent à l'imprimerie et qui pourraient
voir disparaître la journée continue puisque le projet ne prévoit plus la possibilité de rémunérer
les temps de pause et de restauration.
Et je n'oublie pas mon camarade agent de sécurité qui pourrait perdre du temps de repos s'il est
amené à intervenir pendant une astreinte. En effet, au lieu de bénéficier de 11H00 de repos
après son intervention, il ne pourrait décaler la reprise de son poste de
travail que de la durée de son intervention. Et la meilleure, c'est que cela
ne pourrait être reconnu en travail de nuit car, pour ce faire, il faut une
période de travail de 9H00 consécutives… Incroyable, mais vrai !
Autre sujet où je me sens concerné, les forfaits jours qui se sont bien
développés à la Banque pour les cadres, mais qui pourraient être étendus
à d'autres personnels. Et dans ce cadre le patron pourrait fractionner les
11H00 de temps de repos. De plus, il n'aurait plus aucune responsabilité si
le salarié au forfait ne prenait pas ses jours de congés et ses temps de
récupération. Quand on connait les propos de certains de nos dirigeants
prônant le travail 365 jours par an, ça ressemble un peu à une usine à
esclave, non ?
Syndicat national CGT de la Banque de France – 75-1647 – 35, rue Radziwill 75049 PARIS CEDEX 01
Téléphone : +33 1 42 92 30 44 – télécopie : +33 1 42 60 67 35 – [email protected]
Enfin, je m'interroge fortement sur la mise en place de ce fameux référendum qui est présenté
comme une grande avancée de la démocratie sociale. A partir du moment où cela autorise les
syndicats qui représentent 30 % des voix aux élections de soumettre un accord au vote du
personnel tout en empêchant les syndicats qui représentent 70 % des voix de s'y opposer, c'est
quand même quelque part une remise en cause de la représentativité des organisations
syndicales et donc du choix des électeurs. Et puis on ne dirige pas une entreprise à coups de
référendums dont les résultats sont forcément aléatoires (niveau de participation, pression,
chantage, …). Cela ressemble beaucoup à la stratégie de la Banque qui multiplie des réunions
dites collaboratives avec des agents parfois triés sur le volet, pour faire croire qu'elle prend en
compte la parole du personnel mais surtout pour mieux contourner les syndicats.
Alors aujourd'hui je le dis clairement. Trop c'est trop ! J'ai décidé de bouger pour exiger le
retrait pur et simple de ce nouveau projet du gouvernement qui fait la part belle au patronat au
détriment de toutes celles et tous ceux qui travaillent. Mon propos n'est pas juste de dire non.
Je veux avant tout que le droit du travail soit amélioré pour toutes les catégories de travailleurs.
Et dans ce sens j'aime bien les propositions de mon syndicat, la CGT, pour un Code du Travail du
XXIème siècle qui sont en portées depuis des années :

Instauration de la semaine à 32 heures pour faciliter les créations d'emploi mais aussi pour
réduire la durée d'exposition des salariés aux risques professionnels.

Lancement d'un "Nouveau statut du travail salarié" (NSTS), un socle de droits cumulatifs,
progressifs et transférables d'une entreprise ou d'une branche à une autre, de la sortie du
système scolaire à la fin de la carrière professionnelle et prenant en compte l'impact du travail
numérique.

Mise en place d'un véritable droit à la déconnexion et non de vagues chartes d'entreprises.

Fin des accords d'entreprise dérogatoires.

Principe majoritaire des accords : tout accord collectif est reconnu valide par la signature
d'organisations représentatives ayant recueilli plus de 50% des voix aux élections
professionnelles.

Négociations interprofessionnelles dans un lieu neutre et non plus au Medef qui,
actuellement, écrit également le projet d'accord.
Le 31 mars je suis dans la rue
On y va ensemble ?
Le Bureau Exécutif

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