Histoire et perspective de la santé au travail en France
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Histoire et perspective de la santé au travail en France
Histoire et perspectives de la santé au travail en France Dr. Maryse SALOU MIRTMO DRTEFP Ile de France 02/06/2008 Après la révolution de 1789 Afin de favoriser la libre entreprise La « loi Le Chapelier » interdit les corporations, les rassemblements paysans et ouvriers et le compagnonnage Elle interdira de fait durant tout le XIXème siècle les grèves, la constitution des syndicats et des mutuelles à but non lucratif Au début du XIXème siècle Le lien entre un salarié et son employeur est le contrat individuel L’ouvrier assume tous les aléas du travail en particulier les risques professionnels sous sa seule responsabilité L’employeur n’est redevable que du salaire selon le « prix du marché » L'Etat n'intervient pas légalement sur les conditions de durée, d'hygiène et de moralité de l'exécution du contrat Conséquences et Réactions Un rapport de force juridique largement en faveur des employeurs associé à une offre de main d'oeuvre supérieure à la demande Entraine un délabrement des conditions de vie et de santé des travailleurs. Les révoltes ouvrières en1830-34,1848 La nécessité de préserver une main d'oeuvre permanente, fiable, productive Les mouvements “philantropique” et “l’hygiénisme industriel” d’une bourgeoisie éclairée Amène progressivement l'Etat à s'inscrire dans le cadre du contrat de travail Intervention et régulation de l’État Pour une prise en compte de la santé des travailleurs D'abord les populations les plus vulnérables En 1840 : Loi régulant le travail des enfants Puis celui des femmes Puis tous les travailleurs en limitant à 10h le temps de travail quotidien Remise en cause progressive de la responsabilité unilatérale du salarié en matière d'accident de travail Reconstruction des collectifs ouvriers militants Mise en place des premières sociétés de « secours mutuels » oeuvrant à l’amélioration de la santé des travailleurs par protection financière contre la maladie et l’accident La loi du 21 mars 1884 autorise la création des syndicats professionnels Les années 1900 virent l'apparition « des délégués du personnel » Début du dialogue social sur les conditions de travail La Santé au travail variable d’ajustement d’un compromis social La consécration juridique Le 9 avril 1898 la Loi sur les Accidents de Travail toujours en vigueur entraîne : La présomption d’origine des AT puis des Maladies professionnelles, indépendante de la faute de l’employeur ou du salarié La réparation par indemnisation forfaitaire De 1900 à 1910 créations des l’inspecteurs du travail, du ministère du travail, du code du travail Régulation de la santé au travail Au début du XXème siècle la relation tripartite entre les employeurs, les salariés et leurs institutions représentatives et l’État est en place. Des lois et règlements sur les principes généraux de salubrité des locaux et la protection des travailleurs sont edictés En 1934 mise en place d’un contrôle médical obligatoire des travailleurs soumis à des risques particuliers En 1937 création de l’inspection médicale du travail En 1945 une ordonnance stipule que les services médicaux sont contrôlés par les Comités d’entreprise Création du système de médecine du travail La loi du 11 octobre 1946 après celle du 28 juillet 1942 organise et généralise le système de médecine du travail. Elle oblige les employeurs du secteur privé à organiser une surveillance médicale pour leurs salariés. La loi du 30 octobre 1946 organise la branche AT/MP de la Sécurité Sociale Il existe peu de liens entre ces 2 institutions financées par les employeurs dans un but de généralisation de la protection de la santé des travailleurs priorisant la prévention Les premiers principes de la médecine du travail « Éviter l’altération de la santé des travailleurs du fait de leur travail » par : Un examen clinique individuel prépondérant: Dépistage précoce des affections Aptitude à la tenue du poste de travail La production d’un savoir sur les conditions de travail En 1952 contrôle des services par les représentants des salariés. De 1947 à 1982 les CHS deviennent CHSCT Les principes de la médecine du travail toujours en vigueur L’universalité, la médecine du travail s’adresse à l’ensemble des salariés du secteur privé L’employeur considéré comme le responsable de la santé des salariés a en charge le financement et la gestion des services La gestion patronale est contrôlée par l’Etat et les représentants des salariés La spécialisation et l’indépendance des médecins du travail L’orientation exclusivement préventive de leur action, il s’agit d’éviter la dégradation de l’état de santé des salariés, et non de leur prodiguer des soins Évolution du système Développement de la prévention collective Au milieu des années 70 officialisation du “tiers temps”. Le médecin doit consacrer un tiers de son temps à l’action en milieu de travail Visites des entreprises Etudes des postes de travail En 1988 obligation pour le médecin de rédiger des plans d’activités En juillet 2004 institution de la fiche d’entreprise De la médecine du travail à la santé au travail Sous l’impulsion des Directives européennes De 1991 à 2002 introduction dans le code du travail De la pluridisciplinarité Les services de médecine du travail deviennent des services de santé au travail Du Document Unique d’Evaluation des risques à la charge de l’employeur Elargissement de la notion de santé à la santé mentale La réforme de juillet 2004 Sous la pression de la démographie médicale Tente de rééquilibrer les deux outils d’investigation de la santé au travail : Renforcement de l’effectivité du tiers temps consacré aux actions collectives en milieu de travail Diminution de la périodicité de l’examen médical clinique systématique Renforcement de l’indépendance des médecins du travail Renforcement du contrôle social au sein des services de santé au travail Crise de l’amiante et retour du juridique 2002-2004 : arrêts Cours de Cassation et du Conseil d’État qui concluent à la faute inexcusable de l’employeur et le condamne à une réparation intégrale des dommages causés aux salariés Obligation de résultats pour les employeurs et non plus seulement de moyens 2004 : troisième arrêt du Conseil d’État qui met en cause la responsabilité de l’État garant de la santé au travail L’État se doit de réinvestir le champ de la santé au travail au même titre que celui de la santé publique et selon les mêmes obligations Changement des politiques publiques de sécurité sanitaire De nouveaux outils dans le champs de la santé au travail Création de l’INVS et de son département Santé Travail : veille et alerte sur l’état de santé des personnes au travail Création de l’AFSSET : agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail, organisme d’expertise scientifique De nouvelles méthodes La planification La Loi de santé publique en août 2004 inclut une dimension santé au travail dans ses objectifs Le Plan gouvernemental de santé au travail (20052009) sous la responsabilité des services régionaux du ministère du travail (PRST) Le Plan cancer inclut les cancers professionnels Volonté gouvernementale d’intriquer les Plans de Santé Publique, de Santé environnementale et de Santé au travail et de les décliner au niveau régional en interinstitutionnel Des ambiguïtés persistantes Médecine de sélection ? (aptitude et emploi) Médecine de prévention ? Médecine d’entreprise ? Médecine de santé publique ? La fonction du médecin du travail reste ambivalente : En charge de la protection de la santé du salarié Conseiller de l’employeur, des salariés et de ses représentants Concernant l’amélioration des conditions de vie et de travail dans l’entreprise L’adaptation des postes des techniques et des rythmes à la physiologie humaine Cette double mission doit s’exercer dans le cadre des rapports sociaux Les enjeux de la santé au travail au XXIème siècle Des écarts persistants d’espérances de vie liés aux catégories socioprofessionnelles Des contraintes physiques traditionnelles, chimiques et biologiques impactant la santé des salariés Des risques résultant des nouvelles organisations du travail, technologies modernes, compétitivité mondialisée, intensification du travail: Les TMS Le développement des troubles psychosociaux Des formes précarisées d’emploi et une mobilité croissante des trajectoires professionnelles Le vieillissement et le maintien de la population au travail