Lucien HERVE - Galerie Maubert

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Lucien HERVE - Galerie Maubert
Lucien HERVE
Photographe
Lucien Hervé
1910-2007
« Vous avez l’âme d’un architecte et savez voir l’architecture. », Le Corbusier.
Lucien Hervé est une des figures majeures de la photographie d’architecture.
Lucien Hervé, Chapelle Notre Dame du haut à Ronchamp, 1950-1955.
Lucien Hervé, Église à Hyvinkaa, Aarno RUUSUVUORI
De son vrai nom Laszlo Elkan, Lucien Hervé est né en 1910 à
HódmezőVásárhely en Hongrie.
Jeune, Lucien Hervé s’intéresse à tout : peinture, musique, mode,
sport... En 1928, il étudie l’économie politique à Vienne ainsi que le dessin
à l’Académie des Beaux-Arts. En 1929, il arrive à Paris. Il est alors recruté
par une banque. Son travail en tant que dessinateur lui donne l’occasion
de vendre ses modèles à des couturiers de renom comme Chanel, Rochas,
Worth… Lucien Hervé se rapproche également du journalisme : en 1938,
il réalise des clichés pour le magazine Marianne où il collabore avec le
photographe Müller.
Lucien Hervé, naturalisé français en 1937, devient photographe de
l’armée sous l’autorité du colonel de Lattre de Tassigny. Fait prisonnier en
1940, il est détenu dans un camp à Hohenstein et condamné en conseil de
guerre. Il parvient à s’évader, rejoint la résistance française et réintègre le
PCF sous le nom de Lucien Hervé. Il participe à la libération du pays. En
1947, il reprend son Rolleiflex maniable et entame des collaborations avec
les magazines France Illustration, Regards et Point de vue et débute sa série
PSQF (Paris Sans Quitter ma Fenêtre).
C’est en 1949 que Lucien Hervé fait la connaissance de Le Corbusier.
Une rencontre qui va littéralement changer le cours de son existence. Lucien
Hervé est désormais photographe d’architecture. Il devient le photographe
officiel de Le Corbusier. Le travail et l’œil visionnaire de Lucien Hervé
suscitent rapidement l’intérêt d’autres architectes comme Alvar Aalto, Marcel
Breuer, Pier Luigi Nervi, Richard Neutra, Oscar Niemeyer, Jean Prouvé...
En 1955, il accompagne Le Corbusier à Chandigarh et Ahmedabad. En 1961,
on le retrouve au Brésil. En 1962, il photographie des sites archéologiques
au Liban, en Syrie ou encore en Iran. En 1965, diminué par la maladie, il
expérimente le photomontage à partir de ses tirages.
Tout au long de sa carrière, Lucien Hervé a su allier philosophie
humaniste et pensée architecturale dans une photographie aux franges de
l’abstraction.
Lucien Hervé a été distingué par de nombreux prix, notamment la Médaille des Arts Plastiques (Académie
d’Architecture de la Ville de Paris en 1993) et le Grand Prix de photographie de la Ville de Paris en 2000.
Ses œuvres sont entrées dans les plus grandes collections internationales et sont montrées dans les musées du monde
entier. En France, sa patrie d’adoption, où on l’honore de rétrospectives au Centre Pompidou (1987, 2010), au Musée
des Arts Décoratifs (1963, 1966), à la Bibliothèque Nationale (1964 et 2007), à la Fondation Le Corbusier (2007),
au Musée Carnavalet (2005), à l’Espace Louis Vuitton (2006), au Musée Réattu à Arles (1985), à la Maison de la
Photographie Robert Doisneau, Gentilly (2011). Dans son pays natal et notamment Budapest, où l’on multiplie les
expositions personnelles : Musée des Arts Décoratifs (1963), Musée des Beaux-Arts (2010) et Musée Vasarely (2007 et
2010). Et partout en Europe (Collection Berardo à Lisbonne (2008), CIVA à Bruxelles (2005), musée de l’Architecture
à Liège (1986), Musée d’architecture de Finlande à Helsinki (1963, 1976, 1987)...) et dans le monde (India Habitat
Center à New Delhi (2007), Fine Arts Museum à Chandigarh (2007), Ullens Center for Contemporary Art à Pékin (2009),
Museu de Arte Contemporânea de Niterói (2009)...).
Galerie Maubert
20 rue Saint Gilles - 75003 PARIS
www.galeriemaubert.com
Lucien Hervé donne à la photographie d’architecture ses lettres de
noblesse. Exploitant la capacité de la photographie à générer un langage
formel autonome, Lucien Hervé pousse la photographie d’architecture
jusqu’à l’abstraction. Il construit des images résolument modernes, aux
lignes dynamiques et aux éléments minimalistes. Son jeux d’ombre et
lumière, la perfection de cette géométrie, touche au sacré.
Lucien Hervé, Abbaye du Thoronet, 1951.
Lucien Hervé, Abbaye du Thoronet, 1951.
Lucien Hervé se définissait comme athée. Pourtant, il s’est
régulièrement intéressé aux lieux empreints de spiritualité, que ce soit les
premières églises chrétiennes en Syrie du Nord (1962) ou bien des édifices
religieux modernes comme la Chapelle Notre Dame du Haut à Ronchamp
de Le Corbusier (1950-1955). Dans ces photographies, la matière sacrée,
qu’elle soit pierre ou béton brut, est frappée d’une puissante lumière.
Cette même lumière avec lequel le photographe écrit, cette même lumière
qui guide les fidèles.
“ Celui qui a fait ces photos ne peut pas être athée ! ”, s’ecriait le réalisateur
Pierre-André Boutang devant les images de la merveille cistercienne du
12eme siècle, l’Abbaye du Thoronet, en 1986 à la Vilette. Du clocher,
des larges voutes, surgit une lumière envoutante qui tombe sur les dalles
de pierre, telles des notes de musique noires et blanches. “L’ombre et la
lumière sont les haut-parleurs de cette architecture de vérité, de calme et
de force.” (Le Corbusier)
Composant ses photographies autant avec son sujet qu’avec des
ciseaux, Lucien Hervé taille dans le bâtit et saisit l’esprit d’une création.
Il donne à voir sans artifice. Le tirage est un moment important dans
l’élaboration du cliché, c’est là que le photographe façonne l’image, travaille
les ombres, sculpte les détails. Lucien Hervé appréhende les bâtiments
sous l’angle du détail. Une vision fragmentée et parcellaire. Ses images
restituent la perception humaine grâce à un travail de cadrage singulier
: des plans resserrés, des vues en contre-plongée et une construction
minutieuse de l’image rythmée par les lignes. Dans un jeu, sans cesse
renouvelé, de dissimulation et de mise en lumière, il confère à ses images
mystère et étrangeté.
Lucien Hervé, Abbaye du Thoronet, 1951.
Si son œuvre apparaît si singulière, c’est que Lucien Hervé est un
précurseur, un visionnaire qui sublime l’anecdote pour traiter frontalement
la question du mystère de l’esthétique, celle du dialogue entre l’ombre et
la lumière.
«Dans les photographies de Lucien
Hervé, l’ombre et la lumière forment
des contrastes riches et parfois
violents, des compositions où se
retrouvent sans doute les traces
proches ou lointaines des recherches
du Bauhaus ou des constructivistes,
en tous cas le goût de réinterprétation
et de structuration du monde, de
l’invention
permanente.»,
selon
Pierre Puttemans.
Lucien Hervé, Cathédrale de Brasilia, 1961.
Galerie Maubert
20 rue Saint Gilles - 75003 PARIS
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