Ses premiers pas sur scène, ses premiers déclics, ses premiers
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Ses premiers pas sur scène, ses premiers déclics, ses premiers
Ses premiers pas sur scène, ses premiers déclics, ses premiers thèmes… 1954 est une année décisive : Lucien passe l’examen de la SACEM (la Société des Auteurs Compositeurs et Editeurs de Musique). Il y déposera une quinzaine de chansons jusqu’en 58 et la plupart sont toujours inédites, en dehors de « Défense d’afficher » que Pia Colombo interprétera en 1959 et « Les amours perdues » que Juliette Gréco chantera en 1961. Ces chansons sont déposées sous le pseudonyme de Julien Grix. De 1954 à 1957 : il commence à jouer dans des clubs en tant que pianiste, il écrit pour le cabaret de « Madame Arthur », travaille plusieurs étés dans un club du Touquet, et surtout est engagé en 56 comme pianiste et guitariste au Milord l’Arsouille. Au milieu de cette initiation à la scène et au monde du spectacle et de la nuit, une rencontre, ou plutôt une vision, a lieu. Lucien a l’occasion de voir Boris Vian sur scène et il est très impressionné. Cela se passe vraisemblablement en 1955, à la Fontaine des Quatre Saisons ou aux Trois Baudets et pour lui c’est un premier déclic, au niveau de la découverte du personnage, de sa philosophie et de sa personnalité : les thèmes qu’il aborde sont d’un réalisme inconnu pour l’époque, son humour décalé vient en ligne directe du surréalisme et de la pataphysique, son attitude est à la fois celle d’un grand timide et d’un provocateur. Et c’est cette attitude, plus encore que la démarche artistique de Vian, qui prouve à Lucien qu’on peut non seulement être différent, mais qu’on peut aussi oser montrer ses différences au public. Une grande intégrité : un nouveau fil rouge, fondamental Cet axe de l’attitude, qui restera omniprésente tout au long de la carrière de Gainsbourg, et qui est étroitement liée à une grande intégrité. Pendant toute sa carrière, pendant toute sa vie, et on sait de quelle façon chez lui la carrière et la vie sont si étroitement mêlées, il gardera cette attitude de sincérité, de profonde honnêteté. Cette règle éthique a souvent été à la source de pas mal de malentendus, depuis le moment où il a commencé à partager son intimité avec le public, c'est-àdire depuis la pochette (et le contenu même s’il est plus métaphorique) de « Melody Nelson » en 1971, jusqu’à la fin de sa vie où cette démarche est parfois allée jusqu’à l’obscénité.