SYNTHESE DE MATERIAUX DE TYPE HYDROTALCITE Mg-X
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SYNTHESE DE MATERIAUX DE TYPE HYDROTALCITE Mg-X
SYNTHESE DE MATERIAUX DE TYPE HYDROTALCITE Mg-X-HDL ET Cu-X-HDL (X : Al, Fe, Cr) .APPLICATION DANS LA REACTION D’HYDROGENATION DU BENZALDEHYDE. Melle ZAZOUA Hanene Résumé de mémoire de Magister en chimie (2010) Directeur de thèse : Mr SAADI Adel, Maître de Conférences Laboratoire de Chimie de Gaz Naturel, Faculté de Chimie, U.S.T.H.B L’hydrogénation sélective des aldéhydes aromatiques en alcools insaturés correspondants est une réaction d’une grande importance industrielle. L’alcool benzylique, produit issu à partir de l’hydrogénation directe du benzaldéhyde utilisé comme flaveur dans les aliments, antimicrobien dans les préparations pharmaceutique, composant de synthèse organique, composant de parfum, préservateur, solvant et agent réducteur de la viscosité dans plusieurs cosmétiques. Au cours de l’étude présentée, nous nous sommes consacrés à l’étude de la réaction d’hydrogénation en phase gazeuse du benzaldéhyde sur des catalyseurs bimétalliques de type hydrotalcite calcinés et non calcinés Mg-M-HDL et Cu-M-HDL (M=Al, Fe, Cr). Les hydrotalcites étudiés ont été préparés par la méthode de co-précipitation à PH constant (PH≈10), avec un rapport molaire M+2/M+3=2. Pour la caractérisation des catalyseurs, nous avons eu recours à un certains nombre de techniques physico-chimiques d’analyses permettant la connaissance de la morphologie, des propriétés de surface et du cœur des solides catalytiques telles que : l’analyse chimique élémentaire par absorption atomique, la mesure de la surface spécifique des catalyseurs par la méthode BET, la diffraction des rayons X (DRX) et la spectroscopie infrarouge à transformée de fourrier. L’étude des propriétés catalytiques de ces solides sur la réaction d’hydrogénation du benzaldéhyde a été réalisée en régime dynamique sous un flux d’hydrogène (débit= 1l.h -1) dans un domaine de température de la réaction variant entre 80 et 200°C. Les résultats obtenus ont révélé, qu’en plus de la formation de l’alcool benzylique, l’apparition du toluène et du benzène. Nous avons également montrés que les activités les plus importantes sont obtenues sur la série du cuivre calciné et non calciné et les sélectivités les plus marquantes en alcool benzylique sont obtenues sur la série de magnésium calciné et non calciné. La calcination des catalyseurs entraîne une augmentation de l’activité catalytique sans affectée le rendement en alcool benzylique. Enfin, l’étude de l’influence du mode de prétraitement des catalyseurs sous un flux réducteur (hydrogène) ou neutre (azote), nous a permis de supposer les deux type de mécanisme responsable de la formation de l’alcool benzylique : la dismutation de Cannizzaro qui nécessite la présence des groupements hydroxyles basique de surface et l’hydrogénation directe avec intervention des espèces de surface provenant de la dissociation du dihydrogène moléculaire. INTRODUCTION Les aldéhydes aromatiques (benzaldéhyde, vanilline, cinnamaldéhyde, citral………) sont des produits indispensables pour la synthèse d’intermédiaires ou de produits finis à haute valeur ajoutée, notamment dans les industries pharmaceutique, alimentaire et de la parfumerie. L’hydrogénation sélective des aldéhydes aromatiques en alcools correspondants est une réaction d’une grande importance industrielle puisque ces produits servent à la fabrication des détergents liquides, des produits cosmétiques et pharmaceutiques [1]. L’alcool benzylique est produit industriellement par hydrolyse du chlorure de benzyle, par oxydation du toluène ou par hydrogénation du benzaldéhyde. Il est présent naturellement dans plusieurs végétaux et aliments. Il est utilisé notamment comme flaveur dans les aliments, antimicrobien dans les préparations pharmaceutiques, intermédiaire de synthèse organique, composant de parfum, préservateur, solvant et agent réducteur de la viscosité dans plusieurs cosmétiques [2]. En catalyse hétérogène, les sélectivités en produits de réaction obtenues lors de la réaction d’hydrogénation du benzaldéhyde dépendent principalement de la nature des catalyseurs utilisés, des conditions expérimentales [3,4], de la nature du couple acido-basique, de la réductibilité des catalyseurs [5,6], du support utilisé [7] et du prétraitement [8]. Vannice et Poondi [6] ont montré que l’hydrogénation du benzaldéhyde sur des catalyseurs à base de platine supporté dans un domaine de température 60-220 °C conduit à la formation de l’alcool benzylique comme produit principal, et que l’augmentation de la température de la réaction favorise la formation du toluène et du benzène. Ils ont également montré que l’hydrogénation de l’alcool benzylique sur les mêmes catalyseurs et sous différentes conditions réactionnelles permet d’obtenir seulement du toluène qui est issu par une réaction d’hydrogénolyse de la liaison C=O du benzaldéhyde et non à partir de l’alcool benzylique. CHO CH2OH CH3 H2 + + CO H2 H2 + H2O Dans une autre étude liée à la transformation du benzaldéhyde sur les alcalino-terreux (MgO, CaO, SrO, BaO) qui conduit à la formation de l’alcool benzylique, du toluène et du benzène [9], les auteurs ont montré que : Sous atmosphère neutre (azote), la dismutation du benzaldéhyde ne se produit que sur les oxydes possédant des hydroxyles basiques forts. Seulement MgO produit sélectivement l’alcool benzylique, les autres oxydes alcalino-terreux sont très productifs en toluène et en benzène à une température de réaction élevée. Le mécanisme suggéré pour la réduction du benzaldéhyde à l’alcool benzylique est que les groupements hydroxyles sont consommés au cours de la réaction de transformation et seules les conversions initiales peuvent rendre compte du nombre de sites actifs présents initialement sur la surface du catalyseur, la disparition des groupements hydroxyles les plus basiques accompagne la formation de benzoate de surface selon un mécanise type Cannizzaro : Sous hydrogène, la réduction du benzaldéhyde en alcool benzylique ne se produit que sur les oxydes activant la dissociation de l’hydrogène moléculaire en surface (CaO, SrO, BaO). Cependant, l’hydrogénation directe de la fonction carbonyle apparaît comme étant le chemin réactionnel le plus probable pour expliquer la formation d’alcool benzylique. En général, les catalyseurs bimétalliques trouvent une vaste application dans le domaine de la chimie fine, en offrant une meilleure activité catalytique, une bonne sélectivité et durée de vie. Parmi ces catalyseurs, on trouve les hydroxydes doubles lamellaires (HDL), appelés aussi argiles anioniques qui s’apparentent à l’hydrotalcite naturelle Mg6Al2(OH)16(CO3).4H2O. Ces matériaux composés de feuillets empilés, selon une structure de type brucite Mg(OH)2, dans laquelle les cations divalents sont placés au centre d’octaèdres d’ions hydroxydes (OH-) et les unités octaédriques forment un nombre infini de feuilles en partageant leurs bords, les feuilles empilant l’un sur les autres par l’intermédiaire des liens hydrogéné [10,11]. I- PARTIE EXPERIMENTALE I-1- Synthèse des catalyseurs La performance des catalyseurs est fortement liée aux conditions de leurs préparations, dont la température, la vitesse d’addition des réactifs, la concentration des solutions, la nature des anions intercalés, le pH des solutions et le rapport molaire (M2+/M3+). La technique de préparation des hydroxydes doubles lamellaires la plus utilisée est la méthode de co-précipitation. Cette méthode consiste à précipiter simultanément au moins deux éléments au sein d’une solution généralement aqueuse. Le premier élément doit être bivalent (M+2) et le second un élément trivalent (M+3), il faut d’abord choisir le rapport molaire (X) entre les deux métaux qui coexisteront dans la structure du composé final. Les solides Mg-M-HDL et Cu-M-HDL (M=Al,Cr,Fe) ont été préparés par la méthode de co-précipitation à pH constant (pH ≈10)[12], qui consiste à mélanger deux solutions : Une solution (A) : contient un mélange de sels de nitrates d’un métal bivalent M(II) (NO3).6H2O (M=Mg, Cu) et de sels de nitrates d’un métal trivalent : M(III) (NO3).9H2O (M=Al, Fe, Cu), définie par un rapport molaire M(II) / M(III) égale à 2, dissous dans 50 ml d’eau bidistillée. Une solution (B) : contenant de carbonates de sodium (Na2CO3) et d’hydroxydes de sodium (NaOH) dissous dans 50 ml d’eau bidistillée. Le mélange ainsi obtenu est ajouté pendant une période de temps d’environ 90 minutes à température ambiante sous une forte agitation mécanique. Lorsque la réaction de précipitation est achevée, le gel résultant est mis à reflux à 60-70°C pendant 15 heures afin de permettre la croissance des cristaux. Une fois le traitement thermique terminé, le produit est filtré puis lavé plusieurs fois avec l’eau bidistillée jusqu’à l’élimination complète des ions excédentaires sur le solide (NO3-, Na+, etc..) puis sécher à l’étuve à (70°C) durant une nuit, le produit obtenu est sous forme d’un solide frittable, qui doit être broyer dans un mortier d’agate, ce qui donne une poudre très fine ressemblant au talc. Enfin la calcination des catalyseurs a été effectuée à 600°C dans un four avec une entrée d’air, pendant quatre heures, et une montée en température de 5°C/min. I-2- Caractérisations physico-chimiques des catalyseurs : De nombreuses techniques de caractérisation permettant la connaissance de la morphologie, des propriétés de surface et du cœur des solides catalytiques ont été développées pour tenter d’expliquer les changements d’activités et des sélectivités des catalyseurs. Pour notre travail, nous avons eu recours à un certains nombre de techniques physico-chimiques d’analyses telles que : l’analyse chimique élémentaire par absorption atomique (AAS), la mesure de la surface spécifique des catalyseurs par la méthode BET, la diffraction des rayons X (DRX) et la spectroscopie infrarouge à transformée de fourrier (IRTF). I-2-1- Analyse chimique par absorption atomique Cette méthode de dosage permet de déterminer les teneurs massiques en éléments dans les matériaux et de proposer une formulation aux catalyseurs. Les résultats regroupés dans le tableau-1 montrent que les rapports molaires M2+/M3+ des matériaux, sont en bon accord avec ceux calculés compte tenu des concentrations initiales en sels (rapport théorique M2+ /M3+ =2). D’autre part, les valeurs de «X» obtenues (comprises entre 0.27 et 0.37) sont relativement proches aux valeurs optimales d’une bonne cristallisation de la structure hydrotalcite [10-13]. Tableau -1 : Analyse chimique par absorption atomique. Rapport Rapport M2+ M3+ théorique expérimental x Formules chimiques 2+ 3+ 2+ 3+ M /M M /M 3+ Al 2 1,96 0,270 Mg0,530Al0,270 (OH)2 (CO3)0,135,0,71H2O 2+ 3+ Mg Cr 2 2,02 0,305 Mg0,615Cr0,305 (OH)2 (CO3)0,173,0,84H2O 3+ Fe 2 2,03 0,330 Mg0,670Fe0,330 (OH)2(CO3)0,165,0,80H2O 3+ Al 2 2,27 0,305 Cu0,694Al0,305 (OH)2 2+ Cu (CO3)0,173,0,841H2O 3+ Cr 2 2,49 0,286 Cu0,714Cr0,286 (OH)2 (CO3)0,143,0,70H2O 3+ Fe 2 2,01 0,357 Cu0,643Fe0,357 (OH)2(CO3)0,143,0,80H2O I-2-2- Détermination des aires spécifiques par la méthode BET La surface spécifique représente la surface accessible par unité de masse, elle correspond à la somme de la surface interne des pores et de la surface externe des grains. La surface d’une poudre peut être déterminée à partir des isothermes d’adsorption de l’azote. Les résultats rapportés par le tableau-2 révèlent que la surface spécifique des hydrotalcites non calcinés varie entre 50 et 70 m2/g pour la série Mg et entre 30 et 40 m2/g pour la série Cu. D’autre par, la calcination des catalyseurs conduit à une augmentation considérable des aires spécifiques. Pour les hydrotalcites au magnésium, les surfaces varient entre 110 et 120 m2/g comparativement aux hydrotalcites au cuivre (70-80 m2/g). Ce résultat peut être expliqué par le fait que durant l’étape de calcination les solides subissent des phénomènes de déshydroxylation, de déshydratation et de décarboxylation de la structure. Tableau -2 : Surface spécifique des hydrotalcites non calcinés et calcinés. Catalyseurs Mg-Al-HDL SBET des non calcinés (m2/g) 68 Volume total poreux non calcinés (cm3/g) 0,369 SBET des calcinés à 600°C m2/g 117 Mg-Cr-HDL 65 0,337 112 Mg-Fe-HDL 59 0,236 110 Cu-Al-HDL 38 0, 189 79 Cu-Cr-HDL 36 0,112 81 Cu-Fe-HDL 33 0,103 75 I-2-3- Diffraction des rayons X (DRX) La diffraction des rayons X permet d’identifier la nature des phases cristallines et les paramètres de la maille élémentaire d’un solide. Dans notre cas, cette technique permet d’avoir des renseignements sur le feuillet et sur l’espace interfeuillet. Les diffractogrammes des différents échantillons non calcinés sont représentés sur la figure-1. L’allure générale des spectres est typique des composés de type hydrotalcite [14,15]. En effet, cette caractéristique est représentée par l’existence des pics intenses et symétriques aux faibles valeurs de 2θ et des pics moins intenses et généralement asymétriques aux valeurs angulaires plus élevées. Le premier pic situé à 2θ≈ 11° a été indexé comme étant (003) et correspond à d003≈ 7,8A° selon la loi de Bragg. Cette réflexion de base correspond à l’espace interfeuillet, elle permet de calculer le paramètre c de la maille. La réflexion intense aux enivrons de 2θ≈ 60° a été indexé comme étant (110) et correspond à d110≈ 1.54A°. Cette réflexion est indépendante du mode d’empilement des couches constituant l’hydroxyde lamellaire. En effet, la distance inter-réticulaire de la raie (110) représente la moitié de la distance métal-métal dans le feuillet. (003) 600 400 (003) 300 (006) 400 (012) (015) 200 (018) Intensité (u,a) Intensité (u.a) 500 (110)(113) (006) (012) (015) 300 (018) 200 Cu-Al-HDLnc Mg-Cr-HDLnc 100 Mg-Fe-HDLnc (110)(113) 100 Cu-Fe-HDLnc 0 0 Mg-Al-HDLnc 10 20 30 40 2Theta(°) 50 60 Cu-Cr-HDLnc 70 10 20 30 40 50 60 70 2Theta(°) Figure -1 : Diffractogrammes des hydrotalcites des deux sériés Mg et Cu non calcinés. On note sur les diffractogrammes de RX des hydrotalcites calcinés (figures-2), la disparition des différents pics caractéristiques de la structure hydrotalcite. Ce dernier s’est totalement décomposé pour former les oxydes métalliques. Figure -2 : Diffractogrammes des hydrotalcites des deux sériés Mg et Cu calcinés. I-2-4- Spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier (IR) La spectroscopie infrarouge est une méthode spectrale couramment utilisée en catalyse, elle permet de caractériser ou d’identifier les fonctions d’un produit catalytique et de vérifier sa pureté par absence de bandes caractéristiques d’un composé étranger. Dans le cas des hydrotalcites, cette technique permet de détecter la présence d’anions carbonate indésirables, via la bande de vibration caractéristique ν3(CO3) aux alentours de 1360 cm-1 [16]. Les spectres infrarouges des échantillons non calcinés présentés sur la figure-3. L’allure des spectres est similaire à celle des hydroxydes doubles lamellaires contenant des anions carbonates intercalés, les bandes d’absorption de nos échantillons sont les suivantes : 1049 2924 Cu-Al-HDL nc Cu-Cr-HDL nc Cu-Fe-HDL nc 556 Transmittance Transmittance Mg-Al-HDL nc Mg-Cr-HDL nc Mg-Fe-HDL nc 1638 1638 2924 1049 533 3440 3440 1686 1386 4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 -1 Nombre d'onde (cm ) 4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 -1 Nombre d'onde (cm ) Figure -3 : Spectres IR des échantillons des deux séries Mg et Cu non calcinés Une large bande aux environs de 3400 cm-1 qui correspond à la vibration d’élongation des groupements hydroxydes lamellaires liés aux différents métaux [16]. Une petite bande de vibration observée au voisinage de 3000 cm-1 qui correspond à l’élongation des molécules d’eau liées aux anions carbonates [10,17]. Une bande de vibration observée au voisinage de 1630 cm-1 peut être attribuée à la déformation des molécules d’eau intercalées [10,17]. Une bande de vibration observée au voisinage de 1380 cm-1 qui correspond à l’élongation antisymétrique des carbonates interlamellaires (CO3-2) [10,17]. La figure-4 représente les spectres IR des hydrotalcites calcinés à 600°C. L’analyse des profils révèle une diminution sensible de l’intensité des bandes apparaissant aux environs de 3400 cm-1 et 1630 cm-1 qui correspond à une déshydroxylation et une déshydratation des catalyseurs ainsi que la disparition des pics aux environs de 3000 cm-1 et 1000 cm-1 liée probablement à une décarboxylation de la surface. Ce phénomène peut conduire à la diminution de la distance interlamellaire. 835 1638 2924 Cu-Al-HDL calciné Cu-Cr-HDL calciné Cu-Fe-HDL calciné 590 Transmittance Transmittance Mg-Al-HDL calciné Mg-Cr-HDL calciné Mg-Fe-HDL calciné 1049 2924 3440 1638 1386 1386 4000 3500 580 3440 3000 2500 2000 1500 1000 500 -1 Nombre d'onde (cm ) 4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 -1 Nombre d'onde (cm ) Figure- 4 : Spectres IR des échantillons des deux séries Mg et Cu calcinés. II- REDUCTION DU BENZALDEHYDE La réaction de transformation du benzaldéhyde sur les catalyseurs hydrotalcite non calcinés et calcinés produit de l’alcool benzylique, du toluène et du benzène. Selon les conditions expérimentales choisies, nous n’observons pas la réduction du cycle aromatique de l’aldéhyde benzylique. II-1- Test catalytique Les propriétés catalytiques de nos catalyseurs ont été déterminées en réaction d’hydrogénation du benzaldéhyde en phase gazeuse et à pression atmosphérique. Cette réaction a été réalisée en utilisant un montage fonctionnant en régime dynamique. Avant chaque réaction, les solides catalytiques subissent un prétraitement sous atmosphère hydrogène ou azote. Les conditions du prétraitement sont comparables pour tous les catalyseurs. La programmation de température utilisée est la même quelque soit le gaz de prétraitement (hydrogène ou azote). Elle comporte une montée en température (β=4°C/min) de l’ambiante jusqu’à 350°C suivie d’un palier isotherme de 2 heures. Le débit du gaz vecteur de prétraitement est maintenu constant (1 l.h-1) et la masse du catalyseur est égale à 0.1g. Une fois le catalyseur prétraité dans les conditions expérimentales préalablement citées dans le paragraphe précédent, le réactif est entraîné par l’azote avec un débit de 2 l.h -1 sous une pression fixe PO obtenue en traversant un saturateur maintenu à une température constante (50°C). La température de la réaction varie entre 80 et 200°C. Les canalisations sont suffisamment chauffées à l’aide des cordons chauffants pour éviter la condensation du réactif et des produits formés. 500 Après l’étape du prétraitement soit réducteur en présence d’hydrogène (noté R) soit neutre en présence d’azote (noté N), le catalyseur est porté à la température de la réaction. Le domaine de température étant fixé entre 80°C et 200°C. Le mélange réactionnel benzaldéhyde/H2 (mode R-R) ou benzaldéhyde/N2 (mode N-N) est envoyé vers le réacteur puis vers l’analyse chromatographique CPG-FID (R-R : pré-réduction sous hydrogène réaction sous flux d’hydrogène). Les chromatogrammes obtenus nous permettent de calculer le taux de transformation globale (TTG) et les sélectivités en produits (Seli). II-2- Mise en régime des matériaux catalytiques Nous avons suivi l’évolution de la réaction de réduction du benzaldéhyde en fonction du temps de travail sur les catalyseurs calcinés et non calcinés à des températures variables. La température de la réaction est maintenue constante toute au long de la manipulation jusqu’à atteindre ce qu’on appel le régime stationnaire. Durant cette étape de la réaction, les catalyseurs deviennent stables grâce à l’équilibre entre la vitesse d’adsorption et de désorption du réactif et des produits de la réaction. II-2-1- Catalyseurs hydrotalcite non calcinés L’évolution de la réaction d’hydrogénation du benzaldéhyde au cours du temps de travail est obtenue sur deux séries d’hydrotalcite non calcinées Mg-M-HDLnc et Cu-M-HDLnc (M : Al, Fe, Cr), les résultats regroupés dans la figure-5 révèlent que : Les catalyseurs Mg-Al-HDLNC, Mg-Fe-HDLnc et Mg-Cr-HDLnc sont dans l’ensemble stables et l’état stationnaire est atteint dès le début de la réaction. A basse température de la réaction, les catalyseurs Mg-Cr-HDLnc et Mg-Al-HDLnc subissent une faible désactivation au début de la réaction puis se stabilise après deux heures de travail, le siège de la réaction est purement cinétique et le phénomène de désactivation peut s’expliquer par le fait que l’équilibre de la vitesse d’adsorption-désorption dépend du temps de travail. A haute température de la réaction (200°C), un phénomène assez particulier est obtenu sur les catalyseurs Mg-Fe-HDLnc et Mg-Al-HDLnc. La conversion du benzaldéhyde tend à augmenter au début de la réaction pour atteindre un maximum puis les solides subissent une désactivation plus ou moins importante et deviennent stables au bout de 3 heures environs. Les catalyseurs de la série du cuivre sont stable et plus actif que celle du magnésium et le régime stationnaire est obtenu dés le début de la réaction. Les solides Cu-Fe-HDLnc et Cu-Al-HDLnc subissent une faible désactivation dans tout le domaine de température étudié pour atteindre l’état stationnaire au bout d’une heure de réaction. Le solide Cu-Cr-HDLnc subit une faible activation au début de la réaction avant d’atteindre son régime. La faible augmentation de la conversion pourrait être liée à la présence des sites actifs de nature différente. 1,4 25 1,2 80°C 100°C 15 120°C 10 150°C 35 1 30 80°C 100°C 25 100°C 120°C 0,8 150°C 200°C 0,6 0,2 5 30 60 90 120 150 180 210 30 60 Temps (minutes) 210 240 10 5 0 60 90 120 150 180 60 90 120 150 180 80 80°C 100°C 60 120°C 150°C 40 200°C 210 240 80°C 60 100°C 120°C 40 150°C 200°C 0 10 30 60 90 120 150 180 210 Temps (minutes) 10 30 60 90 120 150 180 Temps (minutes) Figure-5 : Evolution de la conversion du benzaldéhyde en fonction du temps de travail : séries Mg-M-HDLnc et Cu-M-HDLnc (M=Al ; Cr ; Fe) non calcinées. II-2-2- Catalyseurs hydrotalcite calcinés Pour la plupart des catalyseurs hydrotalcite calcinés à 600°C, les résultats rapportés dans la figure-6 montrent que le régime stationnaire est généralement atteint au bout de deux heures de réaction. Les solides calcinés restent stables durant toute la réaction dans le domaine de la température étudié : Concernant la série du magnésium, le catalyseur Mg-Al-HDLC600 est le plus stable avec des conversions variant entre 5% et 30% tandis que le rendement ne dépasse pas 4% sur les solides Mg-Fe-HDLC600 et Mg-Cr-HDLC600. 240 80 20 Temps (minutes) 210 Cu-Al-HDLNC 0 30 30 100 20 10 10 Cu-Cr-HDLNC Conversion (%) 15 180 100 80°C 100°C 120°C 150°C 200°C 20 90 120 150 Temps (minutes) Temps (minutes) Cu-Fe-HDLNC 25 200°C 0 10 240 Conversion (%) 10 150°C 15 10 0 0 120°C 20 0,4 200°C 5 Conversion (%) 80°C Conversion (%) 30 20 Mg-Al-HDLNC Mg-Cr-HDLNC Conversion (%) Conversion (%) Mg-Fe-HDLNC La série du cuivre est également stable mais beaucoup plus active comparativement aux solides à base de magnésium. 210 240 Mg-Fe-HDLC600 Mg-Cr-HDLC600 8 80°C 5 100°C 120°C 4 150°C 3 200°C 2 6 80°C 100°C 50 120°C 150°C 40 Conversion (%) 6 Conversion (%) 7 200°C 4 2 0 30 60 90 120 150 180 210 240 30 20 0 0 10 80°C 100°C 120°C 150°C 200°C 10 1 10 30 60 90 Temps (minutes) 120 150 180 210 10 240 30 60 90 Cu-Fe-HDLC600 120 150 180 210 240 Temps (minutes) Temps (minutes) Cu-Cr-HDLC600 Cu-Al -HDLC600 100 100 80 80 80°C 60 Conversion (%) Conversion (%) Conversion (%) Mg-Al-HDLC600 100°C 120°C 40 150°C 200°C 80°C 60 100°C 120°C 40 150°C 200°C 20 20 0 0 10 30 60 90 120 150 180 210 240 Temps (minutes) 10 30 60 90 120 150 180 210 Temps (minutes) Figure-6 : Evolution de la conversion du benzaldéhyde en fonction du temps de travail : séries Mg-M-HDLnc et Cu-M-HDLnc (M=Al ; Cr ; Fe) calcinées. II-3- Evolution de la réaction en fonction de la température L’étude de l’influence de la température de la réaction sur les propriétés catalytiques est réalisée par une méthode dite « créneaux » afin d’estimer à la fois l’effet des variables opératoires et la stabilité des solides étudiés. Les activités et les sélectivités obtenues sont étudiées en fonction de la température dans l’ordre suivant : 200°C, 120°C, 150°C, 80°C, 100°C. II-3-1- Catalyseurs hydrotalcite non calcinés Les résultats illustrés dans la figure-7 montrent que l’activité des catalyseurs croit avec la température de réaction pour atteindre à 200°C des valeurs maximales. Des activités importantes sont obtenues entre 120°C et 200°C sur les catalyseurs Cu-Cr-HDLnc et Cu-AlHDLnc. Sur les catalyseurs Mg-M-HDLnc, les conversions sont moins importantes dans le domaine de température 80-200°C. 240 100 10 80 Conversion (%) Conversion (%) 8 Mg-Al-HDL (NC) 6 Mg-Cr-HDL (NC) Mg-Fe-HDL (NC) 4 60 Cu-Al-HDL (NC) Cu-Cr-HDL (NC) 40 Cu-Fe-HDL (NC) 20 2 0 0 80°C 100°C 120°C Température 150°C 80°C 200°C 100°C 120°C 150°C 200°C Température Figure -7 : Evolution de la conversion du benzaldéhyde en fonction de la température de la réaction sur les catalyseurs non calcinés de Cu-M-HDLnc et Mg-M-HDLnc (M = Al ; Cr ; Fe) L’évolution du taux de transformation en produits de réaction (Fig-8) montre que l’alcool benzylique est formé dans tout le domaine de température étudié alors que le toluène et le benzène se forment préférentiellement à plus haute température de réaction : A l’exception de l’hydrotalcite Cu-Fe-HDLnc, l’alcool benzylique est produit sélectivement sur tous les catalyseurs non calcinés. A basse température de réaction (80°C), l’alcool apparaît comme le seul produit de la réaction d’hydrogénation du benzaldéhyde avec une sélectivité de 100% sur toute la série Mg-M-HDLnc et sur le catalyseur Cu-Cr-HDLnc, l’augmentation de la température conduit généralement à une diminution voir disparition de ce produit, ce qui n’est pas le cas avec certains catalyseurs. 100 100 Cu-Al-HDL (NC) Cu-Cr-HDL (NC) 80 Sélectivité % Sélectivité % Cu-Fe-HDL (NC) 80 Mg-Al-HDL (NC) Mg-Cr-HDL (NC) 60 60 40 Mg-Fe-HDL (NC) 20 0 40 80°C 100°C 120°C Température 150°C 200°C 80°C 100°C 120°C Température 150°C 200°C Figure -8 : Evolution de la sélectivité en alcool benzylique en fonction de la température de la réaction sur les catalyseurs non calcinés de Cu-M-HDLnc et Mg-M-HDLnc (M = Al ; Cr ; Fe) Le toluène (Fig-9) est sélectivement obtenu sur toute la série d’hydrotalcite à base de cuivre et seulement sur Mg-Fe-HDLnc pour la série à base de magnésium. L’analyse des résultats obtenus révèle que l’augmentation de la température de la réaction favorise 40 120 35 100 Sélectivité % 30 25 20 15 Mg-Al-HDL (NC) 10 Mg-Fe-HDL (NC) Mg-Cr-HDL (NC) Cu-Al-HDL (NC) Cu-Cr-HDL (NC) Cu-Fe-HDL (NC) 80 60 40 20 5 0 0 80°C 100°C 120°C 150°C 80°C 200°C 100°C 120°C 150°C 200°C Température Température Figure -9 : Evolution de la sélectivité en toluène en fonction de la température de la réaction sur les catalyseurs non calcinés de Cu-M-HDLnc et Mg-M-HDLnc (M = Al ; Cr ; Fe) Le benzène (Fig-10) est obtenu sur les solides les moins actifs. En effet, il apparaît dès 80°C sur les solides Cu-Fe (88%), à 120°C sur Mg-Al et à 200°C sur Mg-Fe. On notera l’inexistence de ce produit sur le reste des solides catalytiques 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 100 Mg-Al-HDL (NC) 80 Sélectivité % Sélectivité % Sélectivité % l’apparition de ce produit seulement si la conversion du benzaldéhyde est élevée. Mg-Cr-HDL (NC) Mg-Fe-HDL (NC) 60 Cu-Al-HDL (NC) Cu-Cr-HDL (NC) 40 Cu-Fe-HDL (NC) 20 0 80°C 100°C 120°C Température 150°C 200°C 80°C 100°C 120°C Température 150°C 200°C Figure -10 : Evolution de la sélectivité en benzène en fonction de la température de la réaction sur les catalyseurs non calcinés de Cu-M-HDLnc et Mg-M-HDLnc (M = Al ; Cr ; Fe). II-3-2- Catalyseurs hydrotalcite calcinés Dans les mêmes conditions expérimentales, les résultats rassemblés dans la figure-11 montrent que la réactivité des catalyseurs calcinés croit avec la température de la réaction et atteint son maximum à 200°C. Des conversions importantes sont apparut sur les hydrotalcites à base de cuivre. 25 100 Cu-Al-HDL (C-600) 80 Mg-Al-HDL (C-600) Mg-Cr-HDL (C-600) Conversion (%) Conversion (%) 20 Mg-Fe-HDL (C-600) 15 10 Cu-Cr-HDL (C-600) Cu-Fe-HDL (C-600) 60 40 20 5 0 0 80°C 100°C 120°C Température 150°C 80°C 200°C 100°C 120°C 150°C 200°C Température Figure -11 : Evolution de la conversion du benzaldéhyde en fonction de la température de la réaction sur les catalyseurs calcinés de Cu-M-HDLC600 et Mg-M-HDLC600 (M=Al ; Cr ; Fe). L’évolution de la sélectivité en produits de réaction obtenue sur les catalyseurs hydrotalcites montre que : Dans tout le domaine de la température étudié (figure-12), l’alcool benzylique apparaît sur les deux séries de catalyseurs à base de magnésium et de cuivre. L’augmentation de la température de réaction entraîne une diminution plus ou moins importante de la 100 100 80 80 Sélectivité % Sélectivité % sélectivité. 60 Cu-Al-HDL (C-600) 40 Cu-Cr-HDL (C-600) Cu-Fe-HDL (C-600) 20 60 Mg-Al-HDL (C-600) Mg-Cr-HDL (C-600) 40 Mg-Fe-HDL (C-600) 20 0 0 80°C 100°C 120°C Température 150°C 200°C 80°C 100°C 120°C 150°C 200°C Température Figure -12 : Evolution de la sélectivité en alcool benzylique en fonction de la température de la réaction sur les catalyseurs non calcinés de Cu-M-HDLC600 et Mg-M-HDLC600 (M = Al ; Cr ; Fe). Le toluène (Fig-13) est pratiquement inexistant sur la série à base de magnésium Mg-MHDLC600 tandis qu’il apparaît sur les hydrotalcites à base de cuivre, l’augmentation de la température entraîne l’apparition et l’accroissement de la sélectivité du toluène pour atteindre, à 200°C, des valeurs maximales sur Cu-Al (96.6%), Cu-Cr (98.8%) et Cu-Fe 0,5 0,45 0,4 0,35 0,3 0,25 0,2 0,15 0,1 0,05 0 100 80 Sélectivité % Sélectivité % (67.2%). Mg-Al-HDL (C-600) Mg-Cr-HDL (C-600) Mg-Fe-HDL (C-600) Cu-Al-HDL (C-600) 60 Cu-Cr-HDL (C-600) Cu-Fe-HDL (C-600) 40 20 0 80°C 100°C 120°C 150°C Température 200°C 80°C 100°C 120°C 150°C 200°C Température Figure -13 : Evolution de la sélectivité en toluène en fonction de la température de la réaction sur les catalyseurs non calcinés de Cu-M-HDLC600 et Mg-M-HDLC600 (M = Al ; Cr ; Fe). Le benzène apparaît seulement entre 120°C et 200°C sur les catalyseurs les moins actifs Mg-M-HDLC600 et l’augmentation de la température conduit à l’accroissement de la sélectivité (Fig-14). Par contre, aucune trace de ce produit n’est obtenue sur les hydrtalcites à base de cuivre. 0,5 70 60 0,4 50 40 Mg-Al-HDL (C-600) 30 Mg-Cr-HDL (C-600) 20 Mg-Fe-HDL (C-600) Sélectivité % Sélectivité % Cu-Al-HDL (C-600) 0,3 Cu-Cr-HDL (C-600) 0,2 Cu-Fe-HDL (C-600) 0,1 10 0 0 80°C 100°C 120°C 150°C Température 200°C 80°C 100°C 120°C 150°C Température Figure -14 : Evolution de la sélectivité en benzène en fonction de la température de la réaction sur les catalyseurs non calcinés de Cu-M-HDLC600 et Mg-M-HDLC600 (M = Al ; Cr ; Fe) 200°C II-4- Effet de la calcination Les résultats regroupés dans le tableau-3 montrent que l’étape de la calcination joue un rôle très important qui peut influer sur les performances catalytiques. On effet, l’analyse des résultats fait apparaître un accroissement plus au moins important de la conversion du benzaldéhyde sur l’ensemble des solides étudiés. Tandis que l’étape de la calcination n’a pas beaucoup affectée le rendement en alcool benzylique. (Sélectivité en alcool %) (Sélectivité en alcool %) Conversion% Conversion% Tableau -3 : Etude comparative de la conversion du benzaldéhyde (sélectivité en alcool benzylique) sur des hydrotalcites non calcinées et calcinées. T Réaction °C 80 100 120 150 200 NC : Non calciné Mg-Al (NC) 0,3 (81,3* ) 0,3 ( 100) 1,4 (96 ) 2,2 (94 ) 7,6 (93,0 ) Mg-Al (C) 1,2 (100) 2,2 (100) 3,6 (100) 6,4 (100) 20,7 (100) Mg-Cr (NC) 0,2 (100) 0,3 (100) 0,30 (100) 0,20 (100) 0,4 (100) Mg-Cr (C) 2,3 (100) 1,9 (100) 3,3 (100) 2,4 (100) 2,2 (79,2) Mg-Fe (NC) 1,0 (100) 1,2 (100) 1,40 (100) 1,30 (100) 9,4 (54,0) Mg-Fe (C) 0,3 (100) 0,4 (100) 0,4 (100) 0,8 (63,5) 1,1 (39,4) Cu-Al (NC) 0,4 (32,1) 0,3 (50,6) 2,9 (81,2) 9,8 (59,5) 90,0 (36,0) Cu-Al (C) 1,3 (100) 2,4 (100) 6,6 (99,2) 97,6(46,3) 98,3 (3,4) Cu-Cr (NC) 1,6 (100) 42,0(93,3) 98,0(16,5) 100 (4,7) 100 (0) Cu-Cr (C) 0,7 (100) 3,3 (100) 88,5(89,6) 99,3 (3,0) 98,8 (1,1) Cu-Fe (NC) 6,6 (0) 4,8 (0) 6,2 (0) 11,0 (0) 7,4 (0) Cu-Fe (C) 29 (100) 33,5 (100) 91,5(93,9) 94 (77,0) 87,8 (32,8) ; C : Calciné ; * Sélectivité en alcool benzylique. II-5- Influence de la nature du métal II-5-1-Influence des Métaux bivalents et trivalents Dans cette partie, nous avons tenté d’étudier l’influence des métaux bivalents et trivalents sélectionnés pour la préparation des hydrotalcites calcinés sur les propriétés catalytiques (tableau- 4 et 5) : le cuivre associé aux éléments trivalents conduit à des résultats plus intéressants que les hydrotalcites à base de magnésium et que l’écart de la conversion devient plus important avec l’augmentation de la température de la réaction. A l’inverse de la sélectivité, le magnésium est plus favorable à la formation de l’alcool benzylique que le cuivre. l’association des ions trivalents Al3+, Cr3+, Fe3+ à l’ion bivalent Cu2+ conduit à des conversions importantes du benzaldéhyde comparativement aux ions trivalents associés à l’ion Mg2+. Tableau -4 : Influence des métaux bivalents (Mg2+ et Cu2+) sur les propriétés catalytiques. Conversion % (Sélectivité en Alcool %) T (°C) Mg-Al Cu-Al Mg-Cr Cu-Cr Mg-Fe Cu-Fe 80 1,2 (100) 1,3 (100) 2,3 (100) 0,7 (100) 0,3 (100) 29 (100) 100 2,2 (100) 2,4 (100) 1,9 (100) 3,3 (100) 0,4 (100) 33,5 (100) 120 3,6 (100) 6,6 (99,2) 3,3 (100) 88,5(89,6) 0,4 (100) 91,5(93,9) 150 6,4 (100) 97,6(46,3) 2,4 (100) 99,3 (3,0) 0,8 (63,5) 94 (77,0) 200 20,7 (100) 98,3 (3,2) 2,2 (79,2) 98,8 (1,1) 1,1 (39,4) 87,8 (32) Tableau -5 : Influence des métaux trivalents sur les propriétés catalytiques. Conversion % (Sélectivité en Alcool %) T (°C) Mg-Al Mg-Cr Mg-Fe Cu-Al Cu-Cr Cu-Fe 80 1,2 (100) 2,3 (100) 0,3 (100) 1,3 (100) 0,7 (100) 29 (100) 100 2,2 (100) 1,9 (100) 0,4 (100) 2,4 (100) 3,3 (100) 33,5 (100) 120 3,6 (100) 3,3 (100) 0,4 (100) 6,6 (99 ,2) 88,5(88,7) 91,5(93,9) 150 6,4 (100) 2,4 (100) 0,8 (63,5) 97,6(46,7) 99,3 (3,0) 94 (78,2) 200 20,7 (100) 2,2 (79,2) 1,1 (27,3) 98,3 (3,2) 99,8 (1,1) 87,8 (32) II-6- Effet du mode de prétraitement Dans le but de mieux cerner le rôle du gaz de prétraitement réducteur (H2) sur les propriétés catalytiques, nous avons choisi de tester le solide le plus performant dans la production de l’alcool benzylique Mg-Al-HDLC600. Dans les mêmes conditions expérimentales, le gaz de prétraitement réducteur (H2) est remplacé par un gaz de prétraitement neutre (flux N2). Le solide est prétraité à 350°C sous azote pendant deux heures puis on fixe la température de la réaction. Ensuite, le mélange benzaldéhyde/H2 est envoyé vers le réacteur. Conversion (%) 80 80 C° 70 100 C° 60 120 C° 150 C° 50 200 C° 40 30 20 10 0 0 30 60 90 120 Temps (minutes) 150 180 210 Figure -15 : Evolution de la conversion du benzaldéhyde en alcool benzylique en fonction du temps de travail selon la procédure N (350°C)-R (Tr=80-200°C). Quelque soit la température de la réaction, les résultats regroupés dans la figure-15 montrent que l’activité catalytique augmente au cours du temps de travail pour atteindre un maximum après une heure de réaction puis tend à diminuer régulièrement pour atteindre le régime stationnaire après trois heures de réaction. Le passage du prétraitement réducteur (RR) vers le prétraitement neutre (N-R) a entraîné une augmentation de la conversion du benzaldéhyde (tableau-6). Tableau-6 : Effet du prétraitement sous H2 ou N2 sur l’activité catalytique à différentes températures de réaction. Températur e (°C) 80 100 120 150 200 Prétraitement réducteur /H2 /350°C Réaction PhCHO/H2/TR (°C) Conv Sel Alc Sel Tol Sel Ben 1,2 100 2,2 100 3,6 100 6,4 100 20,7 100 - Prétraitement neutre /N2 /350°C Réaction PhCHO/H2/TR (°C) Conv Sel Alc Sel Tol Sel Ben 11,8 100 10,8 100 19,1 100 19,3 100 19,2 100 - III- DISCUSSION DES RESULTATS L’objet de cette section est de trouver une explication aux différentes activités obtenues et au comportement des catalyseurs bimétalliques calcinés et non calcinés, de manière à trouver une corrélation entre les propriétés catalytiques et les propriétés physico-chimiques des solides, ainsi que l’influence de certains paramètres opératoires afin de déterminer les sites actifs responsables de l’hydrogénation du benzaldéhyde. Les catalyseurs de la série Mg calcinés et non calcinés sont moins actifs dans la réaction d’hydrogénation du benzaldéhyde. A l’inverse, les activités les plus marquantes sont obtenues sur la série du cuivre calciné et non calciné : Le prétraitement réducteur (noté R) peut entraîner une modification de la surface : augmentation de la basicité due à la réduction probable de la surface et la possibilité de régénération des groupements hydroxyle de surface [18]. Selon la procédure (R-R), ce résultat est probablement dû au caractère non réductible de l’ion Mg2+. Les activités les plus marquantes sont obtenues sur la série du cuivre calciné et non calciné (à l’exception de Cu-Fe-HDL non calciné), la présence de l’ion Cu2+ qui possède un caractère réductible pourrait faciliter la dissociation de l’hydrogène à la surface du catalyseur. Dans nos conditions expérimentales, le noyau aromatique de l’aldéhyde benzylique n’est pas hydrogéné, cela suggère que l’aldéhyde aromatique ne réagit avec le catalyseur que par la fonction carbonyle. A l’exception du solide Cu-Fe-HDL non calciné, les hydrotalcites étudiés s’avèrent très sélectifs en alcool benzylique. Dans tout le domaine de température étudié, certains solides produisent uniquement de l’alcool benzylique même avec l’augmentation de la température de la réaction. Ce résultat est très important du fait que ce produit est généralement connu comme étant un composé de basse température [18,19]. Le schéma réactionnel envisagé correspond à l’hydrogénation directe du benzaldéhyde avec intervention des espèces de surface provenant de la dissociation du dihydrogène : + C H C6H5CHO H---H O - O - + H H M H H O C H O M O O H H M O C M O M C6H5CH2OH H O M Le toluène est généralement connu pour être un produit issu, soit d’une réaction consécutive d’hydrogénolyse de la liaison (C-OH) de l’alcool benzylique [20,21,22] soit du benzaldéhyde par clivage de la liaison C=O [20]. En effet, l’alcool benzylique est une molécule complexe qui possède plusieurs centres actifs comme le proton acide, l’oxygène basique de la fonction O-H et un hydrogène réducteur de la fonction exocyclique C-H. Différentes suppositions peuvent être envisagées pour la formation du toluène à partir d’alcool benzylique. Cependant, l’obtention d’une conversion importante du benzaldéhyde en toluène sur les hydrotalcites à base de cuivre calcinés et non calcinés est probablement due à une protonation de la fonction O-H de l’alcool benzylique adsorbé sur un site acide de Brösted suivie d’une hydrogénolyse de l’espèce protonnée du site adjacent : H M H C H O H H H2 + H2O CH3 O M M H H O M Dans la réaction d’hydrogénation du benzaldéhyde, le benzène peut être produit par une réaction dite d’hydrogénolyse. C’est une coupure de la liaison C-C externe du benzaldéhyde [23,24]. Dans notre travail, le benzène est produit exclusivement à haute température de réaction sur certains solides hydrotalcites calcinés à base de magnésium. L’augmentation de la température augmente la sélectivité de se produit. Si on se réfère à la littérature, les espèces benzoates sont omniprésentes sur les catalyseurs fortement basiques [9]. Nos résultats vont dans le même sens grâce à la présence de la phase MgO après calcination (confirmer par DRX). L’intervention du caractère acido-basique des catalyseurs pourrait être à l’origine de la formation du benzène : O H O M C O CO2 O M O M O M La calcination des catalyseurs à 600°C, révèle une augmentation dans l’activité catalytique, due probablement à la foramtion d’oxydes métalliques et d’oxydes mixtes, conférant une surface spécifique élevée (> 100 m2/g) et une meilleure dispersion de la phase active. Ce résultat entraîne également la création de sites basique O-2 et OH-. L’étude de l’effet de la nature du gaz du prétraitement réducteur (H2) ou neutre (N2), nous ont permis de supposer que la réduction du benzaldéhyde sur un catalyseur calciné, fait intervenir deux mécanismes responsable de la formation de l’alcool benzylique : La dimutation de Cannizzaro, cette réaction nécessite la présence et la consommation des groupements hydroxyles basiques de surface. L’hydrogénation directe, cette réaction nécessite l’intervention d’espèces actives de surface provenant de la dissociation du dihydrogène [9]. CONCLUSION Nous avons synthétisés des catalyseurs à base de métaux de type hydrotalcite ([M+21-x M+3x (OH) 2] x+ [An-] x/n . m H2O). Les échantillons préparés par la méthode de coprécipitation (avec pH=10 et un rapport M+2/M+3=2) sont caractérisés par différentes techniques physico-chimiques d’analyses. L’analyse chimique par absorption atomique a permis de confirmer que les valeurs « x » obtenues sont relativement proches aux valeurs optimales d’une bonne cristallisation de la structure hydrotalcite. La détermination des aires spécifiques par la méthode BET a montré que les matériaux calcinés possèdent des surfaces spécifiques plus importantes comparant aux hydrotalcites non calcinés. L’analyse structurale par diffraction des rayons X des échantillons non calcinés, confirme l’obtention de la structure hydrotalcite par la présence des pics caractéristiques. Après calcination à 600°C, la diffraction des rayons X révèle l’effondrement de la structure de l’hydrotalcite pour former des oxydes métalliques. La spectroscopie infra-rouge montre l’obtention des bandes caractéristiques de l’hydrotalcite contenant des anions carbonates intercalés. Cette technique confirme la déshydroxylation, la déshydratation et la décarboxylation des catalyseurs calcinés. Pour évaluer les performances catalytiques des catalyseurs hydrotalcites synthétisés, nous avons opté pour la réaction d’hydrogénation du benzaldéhyde en phase gazeuse. Pour cela, nous avons cerné les conditions réactionnelles et l’influence de quelques paramètres. La transformation du benzaldéhyde sur les hydrotalcites non calcinés et calcinés conduit à la formation de l’alcool benzylique, du toluène et du benzène. La nature des mécanismes intervenant dans ces réactions est liée à la nature du métal étudié. Les principales conclusions que l’on peut établir sont les suivantes : Les catalyseurs de la série Mg non calcinés et calcinés sont moins actifs dans la réaction d’hydrogénation du benzaldéhyde mais les plus sélectifs en alcool benzylique. Les activités les plus marquantes sont obtenues sur la série Cu calcinée et non calcinée, l’augmentation de la température de la réaction a entraînée une augmentation de la conversion du benzaldéhyde avec l’apparition du toluène. Le benzène apparaît seulement sur le catalyseur Cu-Fe-HDLNC. La calcination entraîne une augmentation de l’activité catalytique sans affecter le rendement en alcool benzylique. Ce résultat est probablement lié à l’augmentation de la surface spécifique après la formation des oxydes métalliques. L’étude de l’influence du mode de prétraitement, nous a permis de confirmer l’intervention simultanée de deux types de mécanismes responsables de la formation de l’alcool benzylique. l’hydrogénation directe, qui nécessite la dissociation du dihydrogène moléculaire et la dismutation de Cannizzaro qui nécessite la présence des groupements hydroxyles basique de surface. BIBLIOGRAPHIE [1] A.J.Kaufmann et R.J.rue bush, Proceedings of word conference on Oleochemicals into 21st Centry, A.O.C.S, T.H.Applewhite Ed.10 (1990) 25. [2] A.Pichard, Ineris fiche de données toxicologiques et environnementales des substances chimiques, VN°2 (2005) 18-20. 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