Une passerelle vers l`emploi

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Une passerelle vers l`emploi
MARCHÉ DU TRAVAIL
Journal des arts et métiers – décembre 2012
FAITS & CHIFFRES
L’emploi poursuit
sa progression
L’emploi est en croissance soutenue au troisième
trimestre de l’année selon le baromètre récemment publié par l’Office fédéral de la statistique
(OFS). La Suisse compte 4,12 millions d’emplois
au troisième trimestre, soit une augmentation de
1,9% par rapport à la même période de l’année
précédente. Le secteur secondaire a gagné 13 000
emplois (+1,3%), le tertiaire 63 000 (+2,1%).
Malgré une très légère baisse de l’indicateur
d’évolution de l’emploi en comparaison annuelle
(–0,6%), les entreprises prévoient encore d’augmenter leur personnel lors du trimestre à venir.
Faible progression des
salaires en 2013
La hausse des salaires en Suisse sera modeste
en 2013. Elle devrait atteindre 0,8% en termes
nominaux, selon une enquête UBS publiée le
mois passé. L’inflation étant estimée à 0,6% pour
l’année prochaine, l’augmentation réelle devrait
s’établir à 0,2%. L’enquête relève des différences
importantes suivant les secteurs. Les employés
de la chimie et de la pharma peuvent s’attendre
à une hausse de 1,3%, tandis que les salaires devraient stagner dans le tourisme. Les économistes
UBS voient deux raisons à cette évolution timide
des rémunérations. Les entreprises ne doivent
pas compenser l’augmentation des salaires nominaux pour compenser l’inflation : elle s’est révélée
négative en 2012 et sera positive, mais faible, en
2013. De plus, un certain nombre d’entreprises
ont vu leurs chiffres d’affaires baisser en raison
de la situation morose en Europe et du franc fort.
Handicap et aide au travail
Deux personnes handicapées sur trois exercent
une activité professionnelle et un quart d’entre
elles bénéficient d’une aide au travail. Ces résultats ressortent d’un module d’enquête sur
l’emploi des personnes handicapées conduit par
l’Office fédéral de la statistique en 2011. Cette aide
consiste le plus souvent en une adaptation organisationnelle (télétravail, horaires flexibles, tâches
moins physiques). Il peut également s’agir, mais
plus rarement, d’une assistance personnelle par
une tierce personne ou d’un équipement spécial.
600 000 personnes, soit 11% de la population de
15 à 64 ans, sont considérées comme handicapées
selon la définition utilisée dans cette étude.
Légère hausse du chômage
en octobre
Le taux de chômage a légèrement augmenté au
mois d’octobre. Il a atteint 2,9% contre 2,8%
en septembre. Selon les chiffres du Secrétariat
d’Etat à l’économie (SECO), 125 536 personnes
étaient inscrites auprès des Offices régionaux
de placement à fin octobre 2012. Pour le SECO,
cette hausse n’est pas une surprise et s’explique
principalement par le facteur saisonnier.
AIDES POUR
LES EMPLOYEURS
Les services ORP répertoriés ci-dessous sont
gratuits pour les demandeurs d’emploi et les
employeurs :
n placement des personnes en
recherche d’emploi
n présélection rapide et professionnelle de
candidats appropriés
n conseils dans les questions liées
au marché du travail
n procédure simple pour l’enregistrement de
postes vacants
n prise en considération des emplois dans
l’ensemble de la base de données des ORP en
Suisse et sur demande, sur le télétexte, les
bornes self- service SSI et/ou Internet
(www.espace-emploi.ch)
n collaboration avec des agences
de placement privées
Les adresses des ORP sont disponibles :
n sur Internet www.espace-emploi.ch
n sur le télétexte, TSR 2,
à partir de la page 430
n par le biais de la coordination ORP du
Secrétariat d’Etat à l’économie,
Marché du travail et assurance-chômage,
Effingerstr. 31–35, 3003 Berne,
tél. 031 325 32 64.
IPT INTÉGRATION POUR TOUS –
sabilité sociale des entreprises.
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La réinsertion professionnelle comme instrument de la respon­
Une passerelle vers l’emploi
2012 marque le 40e anniversaire d’IPT
intégration pour tous. Cette fondation
privée a pris ses racines en 1972,
née de la volonté d’entrepreneurs de
proposer une passerelle vers l’emploi
pour les personnes en difficulté face
au marché du travail ou atteintes
dans leur santé.
Aujourd’hui, sa mission est plus que
jamais d’actualité. Le marché du travail, fragilisé par la crise, reste difficilement accessible pour les travailleurs
peu ou pas qualifiés, de plus de 40
ans, au chômage de longue durée, et
présentant de surcroît une problématique de santé. Ce sont ces personnes
qui rencontrent le plus de difficulté
pour retrouver le chemin de l’emploi
qui sont au cœur de l’activité d’IPT.
Dans ce contexte, la réinsertion pro-
LA FONDATION IPT
Au bénéfice de contrats de prestations avec l’Office fédéral des assurances sociales, le Secrétariat d’Etat
à l’économie, les cantons et les
communes, IPT est reconnue d’utilité
publique et sans but lucratif. Active
dans tous les cantons romands ainsi
que dans ceux de Bâle, Berne, Zurich
et du Tessin, la Fondation emploie
plus d’une centaine de collaboratrices
et collaborateurs. En étroite collaboration avec les services de l’emploi,
les services sociaux, les offices AI, les
assureurs privés, les médecins et les
entreprises, IPT accompagne chaque
année 2500 personnes vers l’emploi.
En 2011, par le biais de 1000 placements fixes ou temporaires, IPT a
permis à plus 40 % des personnes
suivies de retrouver durablement le
chemin de l’emploi. Par ailleurs, environ 2000 stages ont été organisés au
sein des entreprises partenaires pour
permettre aux personnes de tester et
de réentraîner leurs compétences ou
d’en acquérir de nouvelles.
fessionnelle des personnes atteintes
dans leur santé ou en difficulté face
au monde du travail est une nécessité
sociétale et une composante incontournable de notre système socioéconomique. Une intégration réussie
sur le marché de l’emploi profite non
seulement à la personne qui retrouve
par là même l’estime d’elle, une place
dans la société et un revenu, mais également à l’entreprise qui recrute une
force de travail compétente et, plus
largement, à la société qui renforce
ainsi sa cohésion et progresse dans
l’esprit de solidarité, tout en diminuant ses charges sociales.
Plusieurs limites
Bien qu’étant la voie idéale, l’intégration par le travail se heurte malheureusement à certaines difficultés qui
peuvent parfois devenir des limites,
voire des obstacles à un maintien ou
à un retour sur le marché primaire du
travail. Ces limites relèvent le plus souvent de la sphère médicale ou privée.
Elles sont renforcées par le fait que
les entreprises ont comme but premier, comme but vital, de garantir leur
pérennité et ce dans un contexte global de concurrence internationale de
plus en plus vive. Pour ces dernières,
en particulier les PME, confrontées
d’abord et avant tout au défi gigantesque de leur survie économique, l’intégration des personnes atteintes dans
leur santé ne va pas de soi. Mais avec
un support adéquat, de la compétence
et de la conviction, le résultat obtenu
est meilleur qu’avec de la contrainte.
Mieux que les quotas
Au contraire de certains de ses voisins
qui ont mis en place des systèmes
de quotas, la Suisse privilégie une
approche centrée sur la coopération
avec les entreprises. Nos autorités,
de même que les représentants des
employeurs, sont opposés à l’introduction de quotas d’intégration qui
L’intégration des personnes atteintes dans leur santé permet de lutter contre la
progression des coûts de l’assurance sociale.
ne feraient que desservir les objectifs
visés. Cette position confirme que
l’insertion sur le marché du travail
ne peut avoir d’effets positifs que si
elle se réalise sur une base volontaire.
Ceci tant dans l’intérêt des entreprises que – et il est important de le
souligner – dans celui des personnes
atteintes dans leur santé.
En effet, que ressentiraient ces dernières, si elles étaient intégrées dans
une entreprise non pas en raison de
leurs qualités et de leur volonté,
mais uniquement tolérées en raison
de quotas ? Perspective guère encourageante qui ne manquerait pas
d’avoir des conséquences néfastes
sur l’ambiance de travail au sein
de l’entreprise. Dès lors, l’idée des
quotas qui revient de temps à autre
sur le tapis doit être combattue avec
force et conviction. Il s’agit d’une
idée dangereuse. Les places de travail
ne se créent pas par décret. Ce que
démontrent parfaitement les expériences tentées à l’étranger.
tion professionnelle est indissociable de l’engagement des employeurs, il convient toutefois de
préciser qu’une entreprise n’est pas
par définition une institution sociale d’insertion. Elle a néanmoins
une responsabilité sociale, qui est,
en premier lieu, d’assurer sa pérennité. Mais cet engagement peut également s’exercer dans le domaine
de la réinsertion professionnelle.
Selon sa situation, une entreprise
peut ainsi participer à l’insertion
dans l’économie des personnes qui
s’en sont éloignées pour des raisons
de santé notamment. Elle pourra
d’autant mieux le faire, si nous lui
permettons d’évoluer dans les meilleures conditions-cadre possibles.
Enfin, ne perdons pas de vue que
l’intégration dans le monde du travail des personnes à capacité limitée constitue le moyen le plus sûr
de lutter contre la progression des
coûts des assurances sociales.
Des employeurs engagés
Si la réussite des mesures d’inser-
INTERNET
www.fondation-ipt.ch
Le réseau AFP accompagne les apprenants et les
­entreprises formatrices. Il soutient les titulaires d’une AFP à entrer dans le monde du travail.
RÉSEAUX D’ENTREPRISES FORMATRICES –
Assurer avec succès la transition après l’apprentissage
L’intégration professionnelle implique
de surmonter de nombreux obstacles.
Pour les jeunes qui ont terminé leur
scolarité obligatoire avec de faibles
qualifications, la préparation personnalisée visant à faciliter le passage de
l’école à l’apprentissage (transition
I) a fait ses preuves, tout comme le
soutien apporté par un réseau d’entreprises formatrices. De plus, un suivi à
court terme offert lors de la transition
II – passage de l’apprentissage à l’entrée dans la vie professionnelle – peut
aussi se révéler très utile, une aide que
propose le réseau AFP (attestation fédérale de formation professionnelle).
Ce réseau regroupe les réseaux d’entreprises formatrices de différents cantons. Leur engagement en faveur des
jeunes aux aptitudes plutôt pratiques
est infatigable. Leurs campagnes de
sensibilisation ciblées en vue de créer
un plus grand nombre de postes de
formation et de meilleures chances
professionnelles – notamment en ce
qui concerne la formation initiale de
deux ans couronnée par une attestation fédérale de formation professionnelle AFP – commencent lentement
à porter leurs fruits. Pour les petites
et moyennes entreprises, il est d’ailleurs temps d’agir. L’évolution démographique (moins de jeunes ayant
achevé leur scolarité obligatoire se
décident à faire un apprentissage)
renforce la pénurie de main-d’œuvre
qualifiée. Cela signifie que les entreprises formatrices doivent se montrer
ouvertes en matière de sélection. Au
lieu de se baser unilatéralement sur
une batterie de tests, elles devraient
savoir que les stages d’observation
sont souvent plus pertinents. Les
jeunes, notamment les immigrés, ne
reçoivent que peu de soutien de leurs
parents dans leurs démarches de postulation ou durant leur apprentissage.
Un coach du réseau d’entreprises
formatrices gagne plus rapidement
leur confiance. En cas de problèmes
à l’école ou sur le lieu de travail, il
peut intervenir de manière ciblée et
décharger ainsi les entreprises formatrices. Conséquences positives : il y
a moins d’interruptions de contrats
d’apprentissage.
Système perméable
Mais même après avoir achevé sa formation professionnelle initiale avec
succès, le jeune adulte n’a pas résolu
tous les problèmes. Doit-il envisager
de poursuivre un autre apprentissage
en vue d’obtenir un certificat fédéral
de capacité CFC ? Ou doit-il plutôt
chercher à avoir plus d’expériences
pratiques ? Notre système de formation, et en particulier le système dual
(école-entreprise), est perméable et
c’est très bien ainsi.
En plus de son activité de coach, Nico
Scheidegger du Lernwerk, support du
réseau d’entreprises formatrices du
canton d’Aarau, conseille aussi les
jeunes ayant achevé leur apprentissage ou qui sont à la veille d’obtenir leur attestation fédérale au terme
d’une formation de deux ans. Il sait
combien il est important de s’adapter
aux besoins individuels : les jeunes
ne sont pas tous arrivés au même
point. Certains n’ont qu’une vague
idée de ce que sera leur futur avenir
professionnel. Il faut donc en tenir
compte en choisissant la méthode
de conseil la plus efficace, précise
Nico Scheidegger. Lorsqu’un emploi
ou une place d’apprentissage se présente, un coach aide, pendant la période d’essai par exemple, à clarifier
certains points et à permettre ainsi
à la personne concernée de prendre
de l’assurance à son nouveau poste.
Les responsables du personnel au
sein des entreprises sont aussi mieux
sensibilisés et font en sorte de supprimer certains obstacles éventuels à
l’entrée dans la vie professionnelle.
l’apprentissage à un emploi régulier
(transition II). Plus de 300 jeunes de
cinq cantons se trouvant dans cette
situation ont profité de ce soutien.
Presque 70% des participants au projet ont jusqu’à maintenant trouvé un
emploi ou se sont décidés à poursuivre leur formation professionnelle
en vue d’obtenir un CFC.
Le réseau AFP est soutenu financièrement par le Crédit Suisse dans le
cadre de son initiative « Tous unis
contre le chômage des jeunes ». Le
contrat de collaboration ayant été
prolongé d’une année, le Crédit
Suisse met ainsi jusqu’en 2014 des
moyens à disposition des réseaux
d’entreprises formatrices afin de
soutenir de manière ciblée les titulaires d’une AFP. Les entreprises qui
s’adressent à un réseau d’entreprises
formatrices pour recruter leur personnel en profitent aussi : elles bénéficient de forces de travail jeunes,
loyales, productives et formées à la
pratique ainsi que d’un suivi attentif
durant la période d’essai.
Christine Rennhard
Communication et coordi
nation du réseau AFP
Plus de 300 bénéficiaires
Le réseau AFP offre, depuis 2010
déjà, un soutien pour le passage de
INTERNET
Contact de membre du réseau AFP
en Suisse romande : www.fribap.ch