L`alpha-fœtoprotéine (AFP) est une glycoprotéine (4 % de

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L`alpha-fœtoprotéine (AFP) est une glycoprotéine (4 % de
AFP
L'alpha-fœtoprotéine (AFP) est une glycoprotéine (4 % de carbohydrates), de masse relative 67 kDa. Elle est présente
normalement dans le sérum fœtal, sa synthèse étant localisée au foie fœtal, au sac vitellin et à un moindre degré, à la
muqueuse gastro-intestinale. Le pic de production maximum se situe entre la 12ème et la 14ème semaine de grossesse. Dans le
sang maternel, l'AFP provient du transfert placentaire. Le taux augmente jusqu'à la 30ème semaine de grossesse, puis
diminue. Après l'accouchement, la baisse du taux est rapide chez la mère et l'enfant : la demi-vie de l'AFP étant de 4 à 6
jours, elle devient indétectable en 4 mois chez l'enfant.
Les dosages d’AFP sont possibles sur le sérum, le liquide amniotique et parfois, les liquides de ponction. Les techniques
sont immuno-chimiques.
La limite supérieure de la normale est en général comprise entre 10 et 20 µg/l.
Des taux élevés d’AFP sont rencontrés lors de pathologies hépatiques bénignes :
•
dans 30 à 50 % des hépatites virales aiguës, où ne se pose pas alors de problème diagnostique en raison du contexte
clinique ;
•
dans 10 à 30 % des hépatites chroniques et des cirrhoses, avec alors le problème d'une complication en carcinome
hépato-cellulaire (CHC) (un seuil de 200 ou 400 µg/l est alors évocateur du passage à l'hépatocarcinome).
En cancérologie, l'intérêt majeur de l'AFP réside dans ses fréquentes augmentations au cours du CHC, qui représente 1 %
des cancers toutes étiologies confondues et environ 90 % des cancers primitifs du foie. Les valeurs peuvent alors atteindre
plusieurs milliers de µg/l. Son dosage, en association avec l'échographie et la ponction-biopsie, représente un outil majeur
du diagnostic et du suivi. En France, son incidence est faible, de l’ordre de 10 pour 100 000 habitants mais l’épidémie
croissante d’hépatite C fait craindre une augmentation importante des CHC dans les prochaines années.
Les récurrences après traitement sont fréquentes (40 %). Au seuil de 100 µg/l, l’AFP présente, pour le diagnostic de
récurrence de CHC, une sensibilité de 38,7 % et une spécificité de 93,2 %. Cependant, un certain nombre de "faux positifs"
de l'AFP (pas de récurrence hépatique et AFP supérieur à 100 µg/l) sont liés à des métastases à distance (poumon, paroi
abdominale). Il faut donc bien retenir l'intérêt de l'AFP dans le diagnostic de récurrence locale et de métastases. De plus,
l'élévation de l'AFP est en relation avec le volume des nodules récurrents. Après chirurgie, la réascension du taux d'AFP
pourrait également être due à la régénération physiologique du tissu hépatique.
Dans les hépatoblastomes et CHC de l'enfant, l'élévation de l'AFP se produit dans environ 80 % des cas et atteint
fréquemment plusieurs dizaines de milliers de µg/l. Elle ne présente pas de corrélation avec la taille et le degré de
différenciation de la tumeur. La ré-augmentation du taux après chirurgie prédit le développement de métastases
pulmonaires. Le suivi consiste en un dosage par mois pendant la chimiothérapie et pendant 12 à 24 mois.
L'hétérogénéité des formes d'AFP selon leur degré de fucosylation conditionne des précipitations différentes par la
concanavaline A et d'autres lectines ; elle pourrait permettre de différencier l'AFP du CHC, de l'AFP des maladies bénignes
: certaines études retiennent un seuil de 17 % d'AFP fucosylée comme évocateur du CHC.
L'AFP est aussi un marqueur des tumeurs testiculaires. Son taux est augmenté dans environ 70 % des tumeurs germinales
non séminomateuses. Elle intervient alors dans le diagnostic et le suivi thérapeutique, associée au dosage de la chaîne
β libre de l'hCG.
Dans différents cancers (tératocarcinomes ovariens, tumeurs gastriques, pancréatiques, coliques, bronchiques), on peut
observer une élévation variable de l'AFP.
Les taux élevés dans le sérum maternel au cours du deuxième trimestre de la grossesse ont été utilisés depuis les années 80
pour le dépistage des anomalies de fermeture du tube neural et des anencéphalies dans les populations où la prévalence était
importante (pays anglo-saxons). Depuis 1997, en France, le taux d’AFP en combinaison avec des dosages d’hCG ou de
sous unité bêta libre de l’hCG et/ou de l’estriol non conjugué (marqueurs sériques maternels) est utilisé pour le dépistage de
la trisomie 21 fœtale et de la non fermeture du tube neural au cours du deuxième trimestre de la grossesse.
Par ailleurs, les dosages d’AFP sont réalisables dans le liquide amniotique pour le dépistage des dysraphies spinales mais
sa sensibilité et sa spécificité sont très inférieures à celle de l’étude qualitative des cholinestérases.
Cholinestérases, hCG, Trisomie 21 fœtale (marqueurs sériques maternels de la)
DENIS I., BEAUDONNET A., PICHOT J., ROUBILLE M., GELINEAU M.C.
Mise au point d’une méthode de dosage de l’alpha-foetoprotéine fucosylée et évaluation dans le diagnostic biologique du carcinome
hépato-cellulaire sur cirrhose.
Ann Bio Clin 2000 ; 58/1 : 85-90.

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