NOSE TO TAIL - Viande Suisse
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NOSE TO TAIL - Viande Suisse
LAUSANNE, le 23 juillet 2015 VII HGH NOSE TO TAIL 5 Une série sur l’utilisation de l’animal entier No 23 F U BŒ 8 L’ANIMAL L’an dernier, le nombre de bovins abattus en Suisse a légèrement augmenté, tout comme la consommation de viande de bœuf, qui a atteint 11,5 kilos par habitant. Plus de 80% de la viande de bœuf consommée est suisse, mais les importations restent nécessaires. D’après un sondage de GfK Switzerland SA, 35,7% des personnes interrogées disent privilégier la viande suisse parce qu’elle provient d’élevages locaux, 27,6% en raison de sa qualité et 21,4% car, dans notre pays, les animaux sont bien traités. En Suisse, 79% des bovins des races Limousine, Charolaise, Simmental, Angus et Brune passent en effet du temps en plein air. Tous les articles de la série parus jusqu’ici sont visibles sur: viandesuisse. ch/nosetotail SUURE MOCKE •• Ingrédients pour 4 personnes: 1 kg 200 g 1 2 4 5 10 1 7 dl 4 cs 30 g 2 dl un peu 50 g d’épaule de bœuf suisse (provenant si possible d’un animal jeune) de légumes (mirepoix) petit poireau feuilles de laurier clous de girofle baies de genièvre, écrasées grains de poivre noir, écrasés branche de romarin de vin rouge (Dôle ou Pinot Noir) d’huile d’olive de concentré de tomates de Dôle ou de Pinot Noir de Maizena de beurre très froid sel et poivre PRÉPARATION •• 1. Découper les légumes en gros dés. Mettre tous les ingrédients de la marinade dans un bol, ajouter le vin rouge et y déposer la viande. Laisser le bol au réfrigérateur pendant une semaine. Retourner la viande tous les deux jours. 2. Retirer la viande et les légumes de la marinade. Porter lentement à ébullition le jus de la marinade puis le passer au chinois. Faire roussir les légumes dans deux cuillères à soupe d’huile d’olive, ajouter le concentré de tomates et faire rissoler. Déglacer avec 2 dl de Dôle ou de Pinot Noir, faire réduire de moitié. Verser le jus de la marinade, porter à ébullition, saler. Saisir la viande dans l’huile d’olive, la déposer dans la sauce, couvrir, placer le tout dans un four à 160 degrés et faire braiser pendant trois à quatre heures. 3. Retirer la viande et la réserver au chaud. Passer la sauce au chinois, la dégraisser, la faire réduire jusqu’à obtenir 5 dl, ajouter la Maizena et rectifier l’assaisonnement. Avant de servir, ajouter des dés de beurre froid dans la sauce et bien mélanger. Découper la viande en tranches, dresser les assiettes et verser la sauce sur la viande. RÔTIR OU BRAISER P our Alex Rufibach, chef cuisinier et pa- les conditions d’élevage ou l’alimentation», aftron du Restaurant zum Brunnen à Frau- firme pour sa part Stefan Holzer, boucher à Hinbrunnen (BE), la viande évoque bien sûr delbank (BE) et fournisseur d’Alex Rufibach. le plaisir. Mais aussi le travail. Car sa spéciaA vrai dire, il est un sujet nettement plus imlité est le Suure Mocke, un rôti mariné qui exige portant que cette discussion sur l’éthique de une longue préparation et qu’il sert avec de la l’abattage: le gaspillage. Or, pour l’éviter, la seule purée de pommes de terre maison. Les connais- solution consiste à cuisiner tous les morceaux. seurs viennent de loin pour déguster son Suure Mocke, qu’ils considèrent comme le meilleur Vive le ragoût! du monde. Sa recette fait l’unanimité. Et nous aimerions donc plutôt commencer par par- Le boucher Stefan Holzer n’abat pas plus de ler d’autre chose: avant qu’un steak ou un rôti bêtes que nécessaire. Et il est donc très heureux ne fasse notre bonheur, il faut tuer un animal. d’avoir des clients comme Alex Rufibach ou l’établissement pénitentiaire de HindelCes derniers temps, cette question bank, qui lui achètent surtout des a suscité de vifs débats. Afin d’éviter morceaux convenant à la préparale stress du transport à ses vaches, tion de rôtis ou de ragoûts. Pour son un éleveur zurichois a en effet deSuure Mocke, Rufibach utilise de mandé l’autorisation de les abattre l’épaule provenant d’une jeune vache. lui-même dans ses champs. Nombreux sont ceux qui l’ont félicité pour «L’épaule est parfaite pour les mets cette initiative. Mais il a aussi été braisés, que j’adore cuisiner», dit-il. très critiqué. «En plat du jour, je sers souvent un ALEX «En Suisse, nous faisons tout ragoût, un goulash ou des tranches RUFIBACH pour éviter les situations qui stressent braisées accompagnées de bramata sert du Suure les bêtes», explique Peter Schneider, et mes clients en redemandent. Il faut Mocke dans responsable du secteur Classification braiser le bœuf jusqu’à ce qu’il soit bien son restaurant & Marchés chez Proviande. «Les életendre. Or, grâce aux fours combinés depuis 36 veurs se chargent d’habituer les bovins modernes, qui peuvent être réglés au ans. «Mon plat à la présence des hommes. Tous ceux degré près, c’est facile.» qui participent au transport des ani- préféré est aussi Alex Rufibach n’achète jamais de maux sont formés. Les trajets durent mon assurance- bœuf entier. Mais il en propose tous les vie», dit-il en entre deux et quatre heures, alors que morceaux alternativement. Outre le souriant. la durée autorisée est de six heures. Le Suure Mocke, disponible tous les jours, processus d’abattage a été conçu pour on trouve actuellement sur sa carte de que les bêtes souffrent le moins possible. Le la salade de museau, des tripes à la sauce tomate stress qu’elles vivent pendant le transport est et des spaghettis à la bolognaise. «Je sers aussi comparable à celui que nous connaissons à la du cœur. Je le saisis à feu vif, le laisse cuire juste veille d’un long voyage», ajoute-t-il. En fait, per- ce qu’il faut et le dépose sur une salade verte. Un sonne n’a intérêt à affoler les animaux, car le vrai régal!», s’exclame notre cuisinier dont la stress fait baisser le pH de la viande. «Les heures passion semble inextinguible. «Mes clients rafqui précèdent l’abattage ont moins d’impact sur folent aussi de ma langue de bœuf aux câpres acla qualité de la viande que la race, la durée de vie, compagnée de purée.» De temps à autre, il cui- LE BOUCHER Directeur de la maison «Metzg & Markt Holzer» à Hindelbank, Stefan Holzer achète les bêtes qu’il abat à des éleveurs de sa région. Ainsi, les trajets parcourus par les animaux sont courts. A l’exception des chevaux et des volailles, il abat toutes les bêtes dont il a besoin, son entreprise étant du reste habilitée à abattre des cabris. Il est par ailleurs détenteur d’une franchise de Volg. Son magasin attirant beaucoup de particuliers, ceux-ci forment le gros de la clientèle de sa boucherie. Mais il fournit également des restaurateurs comme Alex Rufibach et des cantines, dont celle de l’établissement pénitentiaire de Hindelbank, qui lui commandent surtout des morceaux pour la préparation de rôtis ou de ragoûts. Il abat aussi des vaches laitières, dont il vend les morceaux pour les rôtis, et propose un service de traiteur. www.metzgereiholzer.ch sine également de la joue de bœuf braisée, du bouilli à base de côte plate ou de sternum et des boulettes de viande hachée. «Le tout fait maison, avec de la purée, des petits pois et des carottes – comme le veut la tradition.» Un jour, un critique a écrit que la cuisine de Rufibach était risquée. Il ne voulait pas dire qu’elle était dangereuse, mais bien que ses spécialités étaient tellement connues que tout un chacun se croyait autorisé à donner son avis. «Du coup, j’ai proposé à mes clients du canard laqué ou de l’osso buco à la sauce pimentée», se souvient-il, «mais ils n’ont pas vraiment accrochés, car ils préfèrent mes plats traditionnels.» Gabriel Tinguely Vos expériences en rapport avec la valorisation de l’animal entier et vos recettes à base de morceaux de viande peu utilisés nous intéressent. Veuillez nous les décrire en quelques mots, que vous enverrez à [email protected]. Les meilleures contributions seront publiées dans le dernier article de la série.