Relation d`aide et approche psychologique de la Personne Âgée
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Relation d`aide et approche psychologique de la Personne Âgée
Relation d’aide et approche psychologique de la Personne Âgée Le 15 Mars 2007 Chantalle SERVAIS, psy- chologue et psychothérapeute, formatrice en communication, intervenait à Festi’Val (Quesnoy sur Deûle) dans le cadre des conférences-débats du C.L.I.C. Métropole Nord Ouest. Dans une relation d’aide, l’aidant, quel qu’il soit, doit d’abord se connaître et connaître l’autre, comprendre ce qui se passe chez lui, chez l’autre, entre lui et l’autre. C’est en partant de ce postulat, avec des exemples, des histoires simples, des conseils, que s’est articulée la conférence de Chantalle SERVAIS. ЖЖЖЖ Comprendre Qu’est-ce que le vieillissement ? Qu’est-ce qui caractérise l’homme ? En vieillissant, l’homme redevient ce qu’il n’a jamais cessé d’être, un sujet temporaire. Et Chantalle SERVAIS illustre cette affirmation en comparant la vieillesse au « Plan de vol » d’un avion : d’abord la pente de montée, l’enfance, puis le vol en palier, l’âge adulte et enfin la pente de descente, le grand âge. Pendant toute la durée de cette expérience aérienne, le passager subit et ne peut rien faire d’autre, pour bien vivre le voyage, que de s’adapter en trouvant des aménagements. Selon l’américain Erik ERIKSON (1950), cité par la psychologue, il y a 7 stades dans la vie d’un homme : la Petite Enfance, l’Enfance, l’Adolescence, l’Age adulte, l’Age mur, l’Age avancé et le Grand âge. Il établit une correspondance entre les âges et les tâches de vie à accomplir, et affirme ainsi que ce qui se joue dans la vieillesse est en lien avec l’enfance, le passé. Il explique par exemple que, dès la naissance, le nourrisson va développer des émotions, en fonction du contexte d’éducation, de soins, etc. et que ces émotions vont laisser une trace indélébile. « Il y a eu des théories où les médecins disaient – Il faut laisser pleurer les enfants, les faire manger à heure fixe- comme si tous les enfants étaient pareils ! Pire, honteux : on entendait –Laissez-le crier, ça lui fera la voix !-. Avec ce genre d’attitude le bébé va comprendre qu’il a beau demander, on ne va pas lui donner. Cela va semer en lui une graine de méfiance qui peut resurgir dans le grand âge. » explique Chantalle SERVAIS. Quels sont les besoins des personnes âgées ? « La satisfaction des besoins est essentielle pour le maintien de la vie. Ce n’est pas une chose acquise une fois pour toutes. Tout au long de la vie les besoins vont surgir, se développer, évoluer. Dans l’ordre on trouve : les besoins physiologiques (respirer, manger, boire, etc.), le besoin de sécurité (physique, matérielle, psychologique), les besoins relationnels (aimer, être aimé, reconnu…), l’estime de soi, la réalisation de soi. En vieillissant, il reste trois besoins fondamentaux : être aimé et en sécurité, être utile et productif, exprimer des émotions brutes. L’homme est également responsable de ses besoins et il doit placer ses priorités.» Pourquoi les personnes âgées ont-elles tendance à se répéter ? Chez les personnes âgées la mémoire immédiate tend à diminuer, tandis que la mémoire du passé devient très active. Lorsqu’une personne âgée raconte une anecdote de son enfance (mémoire du passé), le jour suivant elle a oublié qu’elle l’avait raconté (mémoire immédiate). Pourquoi deviennent-elles agressives ? « L ‘agressivité est rarement le fruit du hasard. » Souvent le soignant, l’aidant, ne connaît qu’une infime part de l’histoire de la personne âgée 1/2 qu’il accompagne. Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui, dans son histoire personnelle, viendrait expliquer le fait que telle personne ne supporte pas qu’on la coiffe, qu’on la touche ? Quel est son rapport avec son corps ? Qu’en est-il des rapports avec les personnes âgées désorientées ? Démence ? Alzheimer ? Il est important de communiquer avec les personnes âgées désorientées, quoiqu’il en soit. « On dénombre de plus en plus de personnes atteintes d’Alzheimer. Alzheimer est une maladie qui se caractérise par la destruction progressive des cellules du cerveau. Or il a été prouvé que certains patients, chez lesquels on avait reconnu des symptômes au niveau comportemental, n’étaient en rien atteints par la maladie. Deux explications à cela. Certaines personnes vivent perpétuellement avec l’angoisse de la mort, et à la fin de leur vie, souvent inconsciemment, elles développent une démence qui va en fait les protéger de la réalité. On peut dire qu’il s’agit là d’une forme de sagesse. La seconde explication est basée sur une réalité générationnelle : « avant » il ne fallait pas dire, pas parler de soi, pas exprimer les ressentis… Or avec la vieillesse, les choses qui ont été refoulées remontent à la surface. Si elles sont trop difficiles à dire ou à accepter, la personne âgée peut là encore se protéger en se laissant glisser vers une certaine forme de démence. L’américaine Naomi FEIL a développé une méthode, dans les années soixante, notamment inspirée de l’écoute empathique, des théories d’Erik ERIKSON, de la PNL,etc. qui se fonde sur la reconnaissance de la valeur de la personne et de ce qu’elle dit, même si cela semble incompréhensible. » Chez les personnes âgées désorientées, des bribes de choses importantes peuvent sortir de propos confus. « Les buts des personnes très âgées désorientées sont : d’éviter les sentiments douloureux d’inutilité liés au moment présent, de lutter contre l’ennui en stimulant les souvenirs, de raviver la mémoire des plaisirs sensoriels du passé, de résoudre les conflits non résolus en exprimant leurs émotions. » Que dire des personnes âgées qui ont un vieillissement pathologique ? Elles sont ces personnes qui répètent à l’envi « Je ne sers plus à rien ». Elles ne sont pas parvenues, à l’heure de l’âge mûr, à réorienter leur vie, à lui donner un nouveau sens. Elles se coupent progressivement des autres, et se raccrochent à tout ce qui les sécurise. Aider L’aidant, le soignant, ne doit pas précéder, mais servir l’autre, être à ses côtés. Aider ce n’est pas : apporter des solutions, ses solutions, à l’autre. Aider, accompagner, c’est faire preuve d’empathie, comprendre l’autre, comprendre son point de vue. Aider c’est d’abord écouter. Il faut écouter l’autre pour comprendre entre les lignes. Il faut savoir parfois accepter d’entendre la souffrance de l’autre. Aider, c’est s’adapter au rythme de l’autre, se mettre à son niveau, par le regard, par le ton de voix. Attention à ne pas infantiliser la personne âgée… Avec une personne âgée désorientée, il faut apprendre à traverser la route. Lorsqu’elle est dans son monde, il est inutile de chercher à la ramener de force à la réalité. L’aidant, le soignant, doit la rejoindre sur son terrain. Imposer ne sert à rien et peut susciter l’agressivité. L’aidant doit se protéger. Il est également important qu’il prenne du temps pour lui-même, pour se ressourcer. « Les personnes âgées peuvent transférer sur les aidants des images de leur passé, des choses désagréables. Sachez, vous, les aidants que vous n’êtes pas la cible. En tous cas que ce n’est pas dirigé contre vous ! » Agir… pour bien vieillir ! « La vieillesse ça se prépare ! A 40 ans il faut se projeter dans un futur. C’est important. Il faut s’accepter. Les personnes qui refusent d’accepter la réalité, dépensent une énergie folle ! ». Les personnes qui vieillissent bien sont celles qui : -> restent ouvertes aux relations, avec toutes les catégories d’âges, qui ne s’isolent pas -> ont toujours été d’un naturel optimiste, qui ont su rebondir quoiqu’il arrive, -> qui ont refusé la culpabilité à l’occasion d’événements douloureux, qui ont préféré chercher à comprendre pour continuer à avancer…. Qui ont refusé de s’inscrire dans une spirale négative « Je suis une victime ! » -> vivent davantage dans le présent, au jour le jour, -> gardent un mental actif ! -> refusent l’angoisse, génératrice de perte de temps et d’énergie (seules 7 % de nos angoisses sont justifiées !) -> ont retrouvé un sens à leur vie (après le vol en palier…) -> sentent qu’elles font partie d’un tout, d’un cercle, qu’elles ne sont pas seules au monde, objet de toutes les attentions… Nathalie MATHIS—[email protected] Ecrits Journalistiques & de Communication Tel. 03.20.92.10.33 Renseignements et informations : Monsieur Olivier MILOWSKI- Directeur - CLIC Métropole Nord Ouest—100 rue 2/2 du Général Leclerc—59350 SAINT ANDRE — Tel : 03.20.51.60.83 — Email : [email protected]