Parachet Béréchit - Consistoire de Paris

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Parachet Béréchit - Consistoire de Paris
La paracha de la semaine est la section hebdomadaire de la Torah, lue rituellement chaque Chabbat, dans toutes les synagogues à travers le monde
Ces cours ont été dispensés dans le cadre de journées d'études organisées à la mémoire du regretté Grand Rabbin de Paris David Messas (zatsal),
par et à l'initiative de son fils, rav Ariel Messas, en la synagogue Beth Hamidrach Maguen David - Ahavat Shalom, fondée par son père zatsal en
2005.
PARACHAT VAYIKRA
Rav Daniel Abdelhak*
L’estime pour la famille Messas, ainsi que pour Rabbi David et Rav Ariel, m’ont obligé à parler aujourd’hui,
malgré la prescription médicale de garder le silence pendant 5 jours. »
Vayikra est la première parachah du Séfer du même nom.
Le Séfer Vayikra est aussi appelé torat cohanim, la loi des prêtres.
Ainsi, dans le langage de nos maîtres, les différents houmachim, livres de la Torah, portent des noms
différents de ceux que nous leur attribuons habituellement.
Béréchit est appelé Séfer hayétsira, le livre de la création ; Chémot, Séfer haguéoula, le livre de la
délivrance ; Vayikra porte le nom de torat cohanim, service sacerdotale. Le Séfer Bamidbar se prénomme
Houmach hapékoudim, le livre des comptes, car il commence par la mitsvah de compter les enfants
d’Israël.
Enfin, le Séfer Dévarim est appelé Michné Torah, la répétition de la Torah, car l’ensemble des mitsvot de la
Torah y est répété par Moché rabbénou.
La paracha Vayikra parle essentiellement des différents sacrifices offerts dans le Temple de Jérusalem.
Les sacrifices étaient à base animal ou végétale. En référence à cela, deux grands traités du Talmud, que
sont les traités Zéva’him (allusion à l’offrande animale) et Ména’hot (allusion à l’offrande végétale)
développent ces deux thèmes.
Aussi, certains sacrifices sont obligatoires, d’autres sont facultatifs. De plus, certains sacrifices sont
entièrement consumés sur l’autel telle que la olah, l’holocauste, alors que d’autres sont partiellement
consumés et consommés par les cohanim, tels que les sacrifices expiatoires, les ’hatat et acham. Un seul
sacrifice pouvait être consommé par un Israël: il s’agit du korban chlamim, le sacrifice appelé Chélamim.
Chlamim désigne le pluriel du mot chalom. Il est dit à propos de ce sacrifice : « chalom lagavoah, chalom
lacohanim, chalom labéalim », Ce sacrifice faisait « la paix » entre D.ieu, les prêtres et les propriétaires de
ce sacrifice.
En effet, une partie de ce sacrifice était consumée sur l’autel, donc offerte à Hachem, une autre partie est
consommée par les prêtres, et une enfin une autre partie de ce sacrifice était consommée à son
propriétaire.
L’activité sacerdotale était un exercice qui occupait une place centrale dans le Temple ainsi que dans
l’activité spirituelle du peuple juif. Malheureusement, de nos jours, le privilège d’assister à de telles
manifestations nous a été ôté, alors que, comme dit la michna de Pirké avot, des Maximes des pères, ce
service constitue un des piliers sur lesquels le monde repose :
« Le monde repose sur trois piliers fondamentaux que sont la Torah, le service du culte sacré et des
sacrifices dans le Temple, et les œuvres de bienfaisance incluant la charité, la générosité, l’hospitalité. »
Pourquoi considérer ces trois concepts comme soutiens du monde ?
Tout d’abord, la Torah constitue le pilier central du monde car c’est pour elle et par elle que le monde fut
créé. Le Midrach commentant le premier verset de la Torah « Béréchit bara élokim ét hachamaïm véét
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haarets » : Au commencement D.ieu créa le ciel et la Terre, enseigne que l’on pourrait traduire béréchite,
non pas par « Au début » comme on le fait traditionnellement, mais par : « Pour le début ». Ce verset
pourrait vouloir dire dès lors, que c’est « pour le début », pour la Torah qui s’appelle réchit, « début », que
D.ieu créa le ciel et la terre. A l’image d’un architecte qui élabore un plan avant une construction, D.ieu
élabora d’abord Torah, puis il créa le monde en fonction de ses enseignements.
D.ieu créa des palmiers et des cédratiers car figurait dans la Torah le précepte de prendre le loulav. D.ieu
établit un système économique dans le monde afin de permettre la mitsvah de tsédaka, du don aux
nécessiteux qui permettras à certains recevront ce que d’autres donnent.
Concernant, le second pilier, la avoda, Hachem promit à Noa’h après le déluge, de ne plus jamais anéantir
le monde.
Lorsque D.ieu perçut l’odeur agréable du sacrifice offert par Noah, dès sa sortie de l’arche, Hachem conclut
une alliance de ne plus détruire l’humanité, alliance qui se manifesterait par l’arc en ciel.
Aussi, le monde ne peut tenir sans hessed comme il est dit : « olam hessed ybané ». Hachem agit envers
nous mesure pour mesure : pour mériter la bonté d’Hachem, il faut se montrer généreux avec autrui.
Le Maharal de Prague aborde différemment la michna de Pirké avot citée précédemment.
Le Maharal fait remarquer que le monde constitue un vrai paradoxe : Hachem créa le monde uniquement
pour l’homme, et non pour les minéraux et végétaux qui demeurent complètement au service de l’homme.
Ainsi le minéral sert le végétal, le végétal sert l’animal mais tous sont au service de l’homme.
Pour quelle raison Hachem créa-t-il le monde pour l’homme ?
Hachem créa le monde pour le bien : à chaque jour de la création, Hachem contempla puis valida
positivement son œuvre en prononçant les mots ki tov.
Seul le lundi fit exception à cette règle, et ce, pour deux raisons.
Tout d’abord, le travail de ce jour ne fut achevé que le lendemain (d’où l’emploi double des mots ki tov , le
mardi). Aussi, Hachem demanda aux eaux de se scinder afin d’obtenir des eaux terrestres et des eaux
célestes, d’où la naissance de la mahloket.
La division et la séparation étant des concepts négatifs, la signature de ki tov d’Hachem du deuxième jour
est absente.
« Vayar Elokim ét kol acher assa véhiné tov méod. »
Ici, Hachem valida positivement l’ensemble de la création mais, paradoxalement, les mots ki tov sont
absents lors de la création de l’homme.
Hachem créa le monde pour le bien, et l’homme constitue la couronne de la création.
Si l’homme ne constitue pas une créature positive, pourquoi créer le monde ?
Aussi, pourquoi l’homme n’incarne-t-il pas la dimension du bien, alors que le monde fut créé pour lui ?
L’homme est le seul être où l’expression « ki tov » ne figure pas. En fait, l’homme n’est pas bon par
essence, mais il doit le devenir en choisissant le bien et en s’écartant du mal, grâce à son libre arbitre. A la
fin de la création, il est dit qu’Hachem contempla l’ensemble de la création et vit que c’était « tov méod. »
Le mot méod a les mêmes lettres qu’Adam : l’homme deviendra bon quand il aura travaillé ses mauvaises
tendances, et amélioré sa nature égoïste.
« ki yetser lev haadam ra minéourav » / l’homme par nature a de mauvaises tendances et un égoïsme
insupportable. L’homme sera bon seulement lorsqu’il le deviendra.
Comment l’homme pourra-t-il devenir bon ?
Les trois outils permettant à l’homme de devenir bon sont les trois éléments cités dans la michna que sont
la Tora, la avoda et la gémilout hassadim. Ces éléments se réfèrent à trois domaines qui sont la personne
vis-à-vis d’elle-même, vis-à-vis d’Hachem et vis-à-vis du prochain.
L’homme doit d’abord atteindre la perfection de sa propre personne. Il doit avoir de bons traits de
caractère, et s’améliorer. Puis, il se mettra au service d’Hachem, en pratiquant Tora et mitsvot. Enfin, il
travaillera son altruisme en aimant son prochain comme soi-même : « véhaavta léréakha kamokha. »
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Pour accéder à la perfection dans ces trois dimensions, il est indispensable d’étudier la Tora, d’adresser des
louanges à Hachem, puis de penser aux autres en aimant son prochain. La Tora, qui est elle-même bonne
(« ki lékah tov natati lakhem torati al taazovou ») nous rendra alors bon.
La Guémara Ménahot 53 ramène :
« Que celui qui est considéré comme bon vienne recevoir le bien de celui qui est bon, afin de le prodiguer
aux gens biens. »
Ainsi, Moché considéré comme bon à sa naissance, reçut la Tora qualifiée de bonne (« ki lékah tov natati
lakhem »), d’Hachem qualifié de bon (« tov Hachem lakol ») afin de la donner à un peuple bon (« hétiva
Hachem latovim vélécharim bélibotam. »)
On retrouve ces trois dimensions d’être « tov » / bon vis-à-vis d’Hachem, des autres, et de soi-même dans
une Guémara. Celle-ci rapporte qu’une personne souhaitant devenir hassid devra selon certains étudier le
sujet des bérakhot, selon d’autres, étudier les lois juridiques (nézikin) ou bien les Pirké avot / Maximes des
pères afin de s’en imprégner dans ses midot au quotidien.
Le Maharcha explique que ces trois conseils constituent une seule et même entité. Pour devenir bon,
étudier les Pirké avot permet de se travailler soi-même ; étudier Nézikin renforce notre rapport aux autres,
et approfondir les bérakhot permet de renforcer notre lien avec Hachem.
« Rabbi David Messas, par l’organisation d’une telle journée par Rav Ariel, a relevé ce défi d’être bon dans
tous les domaines.
La personnalité de Rabbi David transpirait cette perfection dans ces trois dimensions. Rabbi David savait
prier, étudier ; il aimait la Tora et la faisait aimer aux autres. On n’oubliera jamais son grand altruisme et
son sourire rayonnant.
Il eut le mérite d’avoir un fils qui lui ressemble ce qui illustre les propos de nos sages : tout celui qui laisse
un enfant lui ressemblant est considéré comme s’il n’avait pas quitté ce monde.
L’idée de Rav Ariel d’avoir réuni 26 rabbins, est une chose extraordinaire.
Qu’on puisse mériter d’assister à la venue de machiah bimhéra béyaménou. Amen ! »
* RAV DANIEL ABDELHAK
Rav Daniel Abdelhak est né à Casablanca. Rav Daniel a grandi à Rabat où son père dirigeait un Lycée-yechiva. Il arrive en France à
l'âge de onze ans. Il passe deux ans à Marseille, puis étudie de longues années à la Yéchiva et au Collel d’Armentières sous la
direction de Rabénou, Rav Guershon Libman zatsal, un héritier de la grande et très belle tradition de NOVARDOK. Rav Daniel
Abdelhak débute son engagement communautaire en enseignant la Torah dans différents établissements tels que la YECHIVA
KÉTANA à Pierrefitte fondée par le Grand Rabbin Yossef Haïm Sitruk, la YECHIVA KÉTANA du Raincy sous la direction de son
fondateur Rabbi Yaacov Toledano zatsal. Rav Daniel Abdelhak enseigne également à Otsar Hatora de Créteil, ainsi qu’à Merkaz
Hatora. Fort d’une très belle réussite, le Rav Mordehai Rotenberg, lui confie la direction de son école. Rav Daniel Abdelhak est
aujourd’hui, et depuis neuf ans, le Rabbin de la grande belle et dynamique communauté OHALEY YAACOV de la rue Henri Murger
dans le 19ème arrondissement de Paris.
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