La reconnaissance des écrivains bourbonnais

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La reconnaissance des écrivains bourbonnais
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DIMANCHE 1er OCTOBRE 2006
ALLIER
c Département
MOULINS ■ La remise des Prix Allen 2006 s’est déroulée hier, au Colisée, à l’occasion de la XXIe rencontre des arts et lettres en Bourbonnais
La reconnaissance des écrivains bourbonnais
QUESTIONS A…
Emmanuel
Le Roy Ladurie
Cinq auteurs bourbonnais ont reçu le Grand
Prix et les quatre Prix Allen 2006, hier, à
Moulins, lors de la XXIe rencontre des arts et
lettres en Bourbonnais.
MARLÈNE LESTANG
[email protected]
E
crivains, artistes, éditeurs, serviteurs et restaurateurs du patrimoine Bourbonnais se sont retrouvés, hier, au Colisée, à
Moulins, pour la XXIe rencontre des arts et lettres en Bourb o n n a i s. Un é v é n e m e n t
automnal organisé pour valoriser la production littéraire
bourbonnaise et remettre les
Prix Allen à leurs plus
brillants auteurs, placé cette
année sous le parrainage de
l’historien Emmanuel Le Roy
Ladurie.
Une réponse
à la diminution
de la lecture
Jean Cluzel, président du
j u r y d e s Pr i x A l l e n , n’ a
pas manqué de rappeler que
ces Prix sont une réponse à la
diminution effrayante de la
lecture en général et à la position encore trop mal considérée de la province dans la
vie intellectuelle française :
« Les Prix Allen, c’est la fête
des livres comme porteurs
d’idées. C’est aussi l’occasion
d’organiser des rencontres
entre les écrivains bourbonnais et parisiens, car le territoire voué au développement
des idées doit être sans frontières ».
Grand Prix pour l’ensemble de son œuvre. Pierre
Vaisse, né à Saint-Pourçainsur-Sioule, ancien élève de
l’ENS, professeur d’histoire
de l’art, professeur d’univer-
sités à Lyon 2, Paris X puis
Genève, et professeur invité à
Berlin, Siegen et Giessen, a
reçu la récompense suprême
pour ses Études transversales.
« Chacun pourrait trouver
un point d’intérêt pour ses
propres recherches dans
l’œuvre de Pierre Vaisse.
L’histoire de l’art a trouvé un
représentant qui lui fait véritablement honneur », a souligné Annie Regond dans sa
présentation de l’auteur, qui,
avouant « garder le Bourbonnais intact dans son cœur, n’a
jamais voulu le soumettre à
l’examen de son esprit ».
Pr ix Allen. Frédér ique
Chevalier a été distinguée
pour sa Grande histoire de la
France et des Français. « Une
grande première mais aussi
un encouragement » pour
cette Bourbonnaise d’adoption depuis deux ans.
Un prix a également été remis à la Société bourbonnaise des études locales, pour
son hommage à André Leguai : Les Ducs de Bourbon,
le Bourbonnais et le royaume
de France à la fin du Moyen
Âge.
Les Destins d’Allier d’André Touret, somme remarquable sur la vie économique, sociale, politique et culturelle du département, agrémentée d’une série de portraits, ont eux aussi reçu les
éloges du jury.
Jury qui a enfin plebiscité
le travail minutieux de Jean
Lagardette et de ses quelque
60 co-auteurs pour la rédaction du Panorama Bourbonnais 1950-2000. L’ouvrage recevra d’ailleurs le Prix de
l’Académie des sciences morales et politiques, en novembre, à Paris. ■
EN BREF
VOYAGE
LA MUTUELLE NATIONALE TERRITORIALE À PARIS. La section de
l’Allier de la Mutuelle Nationale Territoriale organise un
voyage à Paris pour ses adhérents, vendredi 20 octobre.
Le programme comportera, outre la visite des
principaux monuments, la visite guidée du Musée d’Orsay
le matin et celle du Musée des Invalides l’après-midi.
De s po in ts de dép ar t s ont p révus d e Mon tluçon ,
Toulon-sur-Allier et Villeneuve-sur-Allier.
Pour tous renseignements, s’adresser à Claude Lanoux (tél.
06.87.48.33.38) et pour les inscriptions au 0.820.201.202.
Après jeudi 5 octobre ce voyage sera ouvert à toutes
personnes intéressées. ■
Parrain de la XXIe Rencontre
des arts et lettres en Bourbonnais
Membre de l’Académie des sciences morales et politiques, professeur
honoraire au Collège de France et
ancien administrateur général de la
Bibliothèque nationale de France,
Emmanuel Le Roy Ladurie pose son
regard d’historien sur le monde d’aujourd’hui.
PROPOS RECUEILLIS PAR
MARLÈNE LESTANG
LAURÉATS. Degauche à droite : Jean Auba, François Lacoste, André Touret, Jean-Yves Vif, Frédérique Chevalier, Madame
Leguai, Jean Cluzel, Marie-Thérèse Tety, Pierre Vaisse, Annie Regond, Emmanuel Le Roy Ladurie et Jean Lagardette.
PHOTOS NICOLAS FRADET
Hubertine Auclert, « un soldat du féminisme »
Un colloque consacré à
la militante bourbonnaise
Hubertine Auclert (18481914) a ouvert la XXIe rencontre des arts et lettres en Bourbonnais.
Une militante
pour l’égalité
civique
des femmes
Une femme dont « on ne
peut pas dire qu’elle soit très
connue en Bourbonnais », a
déploré Jean Cluzel, « alors
qu’elle est bien de chez nous
et que je la rattache personnellement au phénomène du
Messianisme Bourbonnais ».
JEAN AUBA.
Correspondant de l’Institut.
Les animateurs du colloque se sont donc attachés à
réhabiliter la mémoire de
cette enfant de l’Allier, née à
Saint-Priest-en-Murat, éduquée dans un couvent de
Montluçon et qui, toute jeune, a manifesté la foi la plus
« Hubertine
Auclert,
la suffragette,
est sans doute
plus connue
à l’étranger
qu’en France »
ardente avant de consacrer
ensuite sa vie au combat
pour l’égalité civique des
femmes.
Hubertine Auclert est à
l’origine de quelques faits
d’arme qui méritent d’être
connus et reconnus du grand
public et qui font d’elle, ainsi
que l’a très joliment exprimé
Jean Auba, « un soldat du féminisme ».
Elle a notamment tenté, en
1880, de se faire inscrire sur
les listes électorales, à Paris,
en vain. Elle a également organisé l’un des premiers boycotts fiscaux de l’histoire, arguant que l’expression « tous
les Français » excluait les
femmes quand il s’agissait de
voter, alors pourquoi ne les
excluait-elle pas quand il
s’agissait de payer l’impôt ?
Hubertine Auclert s’est
aussi battue pour que les
vendeuses des grands magasins obtiennent le droit de
s’assoir pendant leurs heures
de travail.
Autant de combats qui interpellent et l’élève au rang
de grande dame de la cause
féministe d’avant-garde. ■
TRUITE ■La pêche sportive à la mouche, passion d’ Émile Tachon
Retourner à l’école de la nature
ÉLOGES. L’inspectrice d’académie Danièle Ravat a été saluée
par le préfet pour son « très grand professionnalisme ».
ARRONDISSMENT
DE VICHY
EXPOSITIONS
Vichy ». Au musée de l’Opéra,
maquettes de décors, costumes et
photos sépia. Tous les jours, sauf
lundi et jours fériés, de 15 heures à
18 heures, jusqu’au 30 novembre.
Kimono
indigo. Au
musée
d’Afrique et d’Asie, 16, avenue
Thermale,
rétrospective
du
vêtement populaire japonais
(1868-1912). Ouvert de 14 heures à
18 heures, jusqu’au 31 octobre.
Tél.04.70.97.76.40.
A VENIR
Dernier au revoir
à Danièle Ravat
sieurs sénateurs, députés,
conseillers généraux et maires de l’Allier étaient venus
dire au revoir à Danièle Ravat, au côté de représentants
de la police et de la justice.
Autant de « partenaires » avec
lesquels elle a eu des
« échanges courtois et efficaces » dont elle s’est félicitée.
« Je considère que l’école
est ouverte sur le monde et
sur la vie ». La nouvelle retraitée va regagner sa commune natale, Marcillat-enCombraille.
« Je vais suivre mon époux
qui est inspecteur général, on
va vivre dans l’Allier et à Paris. Et j’espère bien aussi faire
des voyages ». ■
CE WEEK-END
VICHY. « Mozart à l’Opéra de
RETRAITÉE
« Vous avez montré l’exemple de l’exigence, de l’expertise et de la régularité ». Le
préfet de l’Allier, Patrick Pierrard, a salué le travail de Danièle Ravat en tant qu’inspectrice d’académie pendant
deux ans dans l’Allier, soit
trois rentrées scolaires.
A l’occasion de cette réception en préfecture, vendredi,
pour le départ à la retraite
d’« une personne qui aime à
prendre du recul », le préfet a
retracé son parcours depuis
son entrée dans l’Éducation
nationale… en 1968 !
Et de souligner son « esprit
d’ouverture », sa « capacité
de dialogue » comme son
« sens de l’autorité ». Plu-
Quelle est votre vision de l’histoire à la lumière des nombreux travaux que vous avez menés ?
■ Je crois que nous sortons d’une période où il était
bon de faire de l’histoire scientifique. Là, on revient
plutôt à l’histoire des idées. Je travaille notamment sur
la question du climat et je suis un peu inquiet, je
l’avoue, de l’histoire réelle : il y a l’effet de serre, dont on
se demande s’il ne va pas conduire à la mort de l’humanité dans les siècles à venir, et puis les divers fanatismes
auxquels il est difficile de remédier. Même si une éducation scientifique pourrait aider.
Les médias facilitent-ils selon vous l’approche et la vulgarisation de l’histoire des idées dont vous parlez ?
■ Oui, sans aucun doute. Les gens sont bien mieux
informés qu’autrefois. Ceci dit, nombreux restent ceux
qui prennent et qui voient ce qu’il y a de plus médiocre
à la télévision ou sur Internet, au lieu de faire des choix.
L’invention du livre au XVe siècle a largement facilité le
développement intellectuel ; j’espère qu’il en sera
de même avec les nouveaux médias mais je n’en suis
pas certain.
Quels sont vos travaux en cours ? Vos prochaines publications ?
■ Je ne veux pas faire trop de choses à la fois. Je
travaille actuellement sur l’histoire du climat, dont j’ai
déjà publié deux volumes et peut-être bientôt un troisième, quitte à faire plus tard, si j’en ai la possibilité, un
abrégé de cette histoire. Je pense que ce n’est pas mal,
vu le contexte actuel, de mettre en garde les humains et
de leur faire prendre conscience que le climat est une
variable qui joue un rôle important, plus qu’on ne
l’imagine vraiment, dans notre histoire.
Je viens également de republier les œuvres des Platter,
une famille suisse qui a beaucoup voyagé en France et
en Europe au XVIe siècle, et dont l’histoire est étonnamment représentative des mutations intellectuelles, religieuses et sociales de l’Europe de la Renaissance. C’est
un projet qui me tient à cœur. J’en ai déjà publié trois
tomes et j’espère avoir le temps de faire le quatrième,
voire le cinquième.
CUSSET. « Cirque Bang Bang… une
nuit sur terre » à l’espace
Chambon. Jeudi 5 et vendredi
6 octobre, à 20 h 30, sous
chapiteau, les jongleries du
quotidien par la compagnie Le
Pied sur la tête.
BRUGHEAS. Du métal à la chanson
française. A l’invitation de « La
Sauce à sons », samedi 7 octobre,
à 20 h 30, quatre groupes sur la
scène de la salle des fêtes :
Benetcha (chanson française),
Kénis de Kable (néo-rock destroy),
Pad’Lézard (rock français) et, enfin,
Prima
Nocte
(meta).
Renseignements et réservations au
06.22.36.63.75.
AILLEURS
SAGESSE. Émile Tachon ou la passion de la pêche et de la nature.
Les années ont donné à
Émile Tachon une philosophie de la vie : la nature connaît bien des choses et il suffit de se mettre à son école,
non seulement pour apprendre, mais aussi pour trouver
le bonheur.
À 86 ans, il parle avec toujours autant de passion de la
pêche sportive à la mouche ;
dont il a fondé la première
école de l’Allier au sein de la
« Truite du Sichon ».
C’était en mai 1985. Le
président Pierre Talon lui
avait laissé libre cours pour
initier les jeunes à cet art difficile. « Une technique qui ne
va pas de soi car il faut apprendre à lancer une soie sur
le moulinet, étaler la ligne
avec la mouche comme si un
véritable insecte tombait à
l’eau, naturellement », explique-t-il, avec dans le regard
la même flamme que quand
il était gamin et qu’il avait
« commencé » dans le Sichon. L’apprentissage est
parfois long et difficile et le
ferrage du poisson est des
plus délicats à apprendre.
Il faut commencer avec les
poissons blancs, plus nombreux que la truite, trouver
une bonne synchronisation
des gestes, et la rapidité
d’exécution ne s’acquiert que
par la pratique.
« Un antistress
à conseiller
à tous »
Le ferrage efficace s’obtient
par un mouvement court et
précis, il faut faire très atten-
tion à la position des mains,
sans compter d’autres paramètres indépendants de la
volonté de chacun : l’influence du vent, la hauteur d’eau,
la température…
Emile Tachon commença
donc en 1985 avec seize élèves de 13 ans au Pont de la
Mère. « Ils étaient tous plus
ou moins doués, mais je me
souviens de deux d’entre eux
qui etaient formidables Patrick Faure qui a fondé une
école à Saint-Germain, et Michel Boyer, président dégroupement Sioule-et-Bouble ».
Les écoliers allaient donc
pécher dans le Sichon, la Besbre, la Sioule, et le premier
concours eut lieu en 1986 à
Jaligny : 34 pêcheurs au départ, et sept membres de la
« Truite du Sichon » classés
dans les dix premiers. L’école
a grandi et, gérée aujourd’hui
DEMAIN
par Michel Gaillardin, elle
dispose de quatre moniteurs.
On y fait toujours les mouches soi-même, encore un
travail de précision qui nécessite beaucoup de dextérité, avec des hacles de coq ou
de canard montés sur des hameçons qui ressemblent
comme deux gouttes d’eau
aux couleurs de l’insecte.
Emile Tachon se souvient
alors de ses plus belles prises : des truites jusqu’à 2 kg
550, des brochets de 4 kg 800,
des sandres de 3 kg, et mémé
des ombles chevalier.
Des pêches « miraculeuses » quand il affirme avec
sagesse : « Non seulement on
découvre la nature, mais le
corps médical reconnaît luimême que c’est un antistress
à conseiller à tous, une saine
fatigue qui procure une détente bénéfique ». ■
CLERMONT-FERRAND. Lacuna Coil à
la Coopérative de Mai. Mi-ange mi
démon ce néo-metal made in
Italia.
A
20 h 30.
Tél.
04.73.14.48.00
ARRONDISSEMENT
DE MONTLUCON
AUJOURD’HUI
MONTLUÇON. « Toi c’est moi ! » au
théâtre
municipal. Une
comédie musicale pour lancer
l’ouverture de saison. A 16 heures.
Tarifs de 2 à 27 €.
Journées de la vue. Une dizaine de
sculpteurs au château de la
Louvière, de 10 heures à 18 heures.
SAINT-ANGEL. Marché
d’artisans. 8e marché d’artisans
avec concours de lancer de
charentaises dans l’après-midi.
EXPOSITIONS
MONTLUÇON. Au
d’art
moderne
fonds
et
contemporain. Oeuvres des 9 +,
de 15 heures à 19 heures.
DÉSERTINES. Moinique
Dallagiacoma. A
l’espace
François-Mitterrand,
salle
Jean-Bougret, jusqu’au 7 octobre.
CÉRILLY. Musée
Charles-Louis
Philippe. Ouvert de 15 heures à
18 heures, jusqu’au 31 octobre. Tél.
04.70.67.52.00.
ÉPINEUIL-LE-FLEURIEL. Ecole du
Grand Meaulnes. Ouverte de
10 heures à 12 heures et de
14 heures à 18 heures.
Jusqu’au 15 novembre.
ARRONDISSEMENT
DE MOULINS
AUJOURD’HUI
SAINT-GÉRAND-DE-VAUX. Fête de la
pomme et du boudin. Au château
de Saint-Géran, de 10 heures à
18 heures, avec banquet costumé
à 12 h 30, sur réservation (adulte
12 €, enfant 8 €). Tél.
04.70.45.11.42.
SOUVIGNY
ET
SAINT-MENOUX. Journées musica-
les d’automne. Sur le thème
« Musique et Patrimoine » avec
concerts, conférences et visites
notamment à l’auditorium de
Souvigny et Saint-Menoux. Tél.
04.70.43.99.75.
YZEURE. 20e anniversaire du
comité de jumelage de Bendorf. A
10 heures, aubades aux Bataillots
et aux Pouzeux, etc. Ouvert à tous.
Fête de Saint-Bonnet des
vendanges et du vin bourru. A
partir de 11 h 30, route de
Bourgogne, avec fête foraine,
retraite aux flambeaux, etc. Tél.
04.70.44.30.03
ou
04.70.44.56.76.
EXPOSITIONS
BUXIÈRES-LES-MINES. 31e Salon
international des arts. Jusqu’au
dimanche 8 octobre, tous les jours
de 14 h 30 à 18 h 30, à
l’ensemble municipal de loisirs.
Entrée gratuite.
CHATELPERRON. Préhistorama
«
Entre
Néandertal
et
Cro-Magnon
». A
partir
d’aujourd’hui, tous les jours de
14 heures à 17 heures, sauf lundi
et mardi. Tél. 04.70.34.84.51.
MOULINS. Peintures
de
Marie-Nicole
Guillaneuf
et
Monique
Rimoux. Jusqu’au
4 octobre, tous les jours, de
14 h 30 à 18 h 30, à la galerie
Bourbons.