Télégramme 20 janvier 2010

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Télégramme 20 janvier 2010
16. Concarneau
Jeudi 20 janvier 2011 Le Télégramme
Rock. Les Jerry’s, les pionniers concarnois
reprises, des Beatles bien sûr mais
aussi de Chuck Berry et toutes les
nouveautés de l’époque. « Le frère
de Marc Perru habitait aux ÉtatsUnis, on avait donc certains disques avant même qu’ils ne sortent
en France », souligne Guy. Les
Jerry’s se démarquent des autres
groupes du secteur par un niveau
d’anglais « correct » et leur énergie scénique.
« On n’était pas les meilleurs musiciens de la région mais il y avait
un vrai feeling entre nous qui a
fait monter la sauce ».
Des qualités qui leur permettent
de remporter, à Pont-l’Abbé, le
27 mars 1966, le tremplin du tout
premier festival rock de Bretagne
devant des artistes venus de toute
la région et d’enregistrer dans la
foulée un 45 tours dans les studios de l’ORTF à Rennes.
Les Concarnois de
l’époque se
souviennent d’eux
comme des
« Beatles de la
Cornouaille ».
Dans les années
60, les Jerry’s ont
été l’un des
groupes phares du
rock en Finistère.
Les Jerry’s en concert à Pont-l’Abbé, en 1966, à l’occasion du premier festival rock organisé en
Bretagne. (Photo DR)
La sortie au mois de novembre dernier d’un livre (*) retraçant l’histoire du rock en Bretagne remet sur
le devant de la scène l’aventure
du groupe concarnois « Les
Jerry’s ».
L’histoire débute le 10 avril 1963,
à l’occasion de la fête du lycée
Pierre-Guéguen. Sept jeunes
Concarnois, âgés de 16 et 17 ans,
parmi lesquels Fanch Richard, à la
trompette, et Marc Perru, à la batterie et à la basse, présentent un
répertoire de cinq morceaux (des
instrumentaux) et font un véritable tabac.
À l’entracte du Celtic
Flairant la bonne affaire, le gérant
du cinéma le Celtic, M. Le Bourhis
leur propose de venir présenter
trois ou quatre morceaux durant
les entractes, entre le documentaire et le film principal. « Comme à
la messe, on faisait la quête à la
fin du concert », se rappelle
aujourd’hui Fanch Richard. Rapidement, on fait appel aux Jerry’s
pour animer un bal de noces à
Scaër. « En quinze jours, il nous a
fallu apprendre près de 30 morceaux. Malgré cela, on a dû les
rejouer au moins trois fois au
Que sont-ils devenus ?
« On n’était pas les
meilleurs musiciens
de la région mais il
y avait un vrai
feeling entre nous
qui a fait monter la
sauce ».
Les anciens Jerry’s
cours de la noce », s’enthousiasme Fanch Richard.
L’époque de La Souricière
Le gérant du Celtic a alors l’idée
géniale de transformer l’arrière-salle du cinéma en un petit club baptisé « La Souricière ». Une salle
enfumée d’une centaine de places
où toute la jeunesse branchée
rock du Sud-Finistère vient danser
au son des Jerry’s. Le groupe s’y
produit chaque week-end durant
plus d’un an. À cette époque
(1964), le « canal historique » des
Jerry’s se compose de Jean Nin
(guitare solo et chant) et Guy
Le Dréau (guitare et basse) qui
jouaient auparavant dans « Les
D’jans » et rejoignent Fanch
Richard, désormais guitariste et
chanteur, et Marc Perru. Le saxophoniste Loïc Hascoët se joint
régulièrement à eux.
Stars locales
C’est alors que commence une
période faste pour les Jerry’s :
« De 64 à 66, on était sur notre
petit nuage, on est devenus des
stars locales ! » se souvient Jean
Nin. Le répertoire est composé de
* « Rock, 50 ans de musique électrifiée en Bretagne ». Les éditions de
Juillet.
Jamais reconnu
à sa juste mesure
Cependant, nombre de ses
amis et anciens partenaires
s’accordent à penser que le
talent de l’artiste n’a jamais été
reconnu à sa juste mesure. Suite à sa disparition en 2009,
Daniel, le frère du guitariste,
s’est rapproché des membres
du collectif « jazz en Bretagne » pour tenter de remettre
sur le devant de la scène
l’œuvre du guitariste.
C’est dans cette optique qu’une
soirée hommage lui sera consacrée le 3 février à la Taverne
des Korrigans.
Jean Nin, Guy Le Dréau et Fanch Richard en 2011. Let’s rock !
Guy Le Dréau, après la naissance de son fils, remise lui aussi
sa basse et ses amplis en 1972
pour travailler à la Sécurité
sociale. Pour rappel, la première formation des Jerry’s (celle
qui donna le concert au lycée
Pierre-Guéguen en 1963) était
composée de Bernard Cormerais (guitare), Henry Duvail (guitare), Christian Beuzeville
(Ondoline, l’ancêtre de l’Orgue), Jean-Paul Gauthier (piano), Marc Perru (batterie et basse), Fanch Richard (trompette)
et Jean-Yves Thomas (batterie).
C’est de ce dernier, surnommé
Tom, que vient le nom du groupe (en référence à Tom et
Jerry).
Joseph Grass
Un hommage à Marc Perru le 3 février
Un plateau de
musiciens de haut
niveau se réunira le
3 février pour
rendre hommage au
talent du guitariste
concarnois disparu
en 2009. Il débuta
sa carrière au sein
des Jerry’s.
Parmi les nombreux musiciens
ayant intégré les Jerry’s, certains ont connu une belle carrière musicale. Outre Marc Perru,
on citera évidemment le Quimpérois Dan Ar Braz (qui s’appelait encore à l’époque Daniel Le
Bras) mais également le batteur Michel Santangelli. Il s’illustre ensuite aux côtés de Stivell mais surtout d’Higelin et
enregistre même avec Iggy Pop
le hit planétaire « China Girl ».
Après la fin des Jerry’s, Jean
Nin a continué à œuvrer au
sein de nombreux groupes,
notamment « Avel » ou « 66 ».
Fanch Richard a décroché des
guitares vers 1970 avant de faire carrière dans l’immobilier.
Soirées de feu au Phare
Cette même année, les Jerry’s se
produisent dans toutes les salles
de Bretagne et jouent régulièrement à La Redoute, le club rock de
Brest (aujourd’hui Le Vauban). Ils
animent, au printemps, une série
de concerts restés mémorables au
Phare, une boîte de nuit des
Sables Blancs. Fin 66, Guy quitte
les Jerry’s « pour partir au sapin ».
Une nouvelle page s’ouvre pour le
groupe qui intègre de nouveaux
musiciens (lire ci-dessous) et continue de tourner avec succès dans
le circuit des bals et des dancings
jusqu’au milieu des années 70.
Quarante ans plus tard, les Jerry’s
sont entrés dans l’Histoire du rock.
Sans nostalgie ni fierté excessive,
simplement heureux d’avoir vécu
une belle aventure qui résonne
aujourd’hui comme un témoignage sur l’époque.
Marc Perru en 1979, à l’époque du groupe « Nemo ». (Photo DR)
Marc Perru est sûrement le
musicien concarnois ayant fréquenté les plus grandes scènes.
Après avoir débuté en tant que
batteur au sein du Bagad puis
fondé les Jerry’s, il se consacre
à « la six cordes » et décide de
monter s’installer à Paris en
1967. C’est là qu’il intègre les
groupes de jazz-rock « Cruciférius » (monté par un certain
Christian Vander, futur batteur
de « Magma ») puis « Nemo »
avec lesquels il effectue ses premiers passages télé et tournées
internationales. Lorsque les
membres de « Nemo » se séparent, Marc Perru va devenir l’un
des musiciens de variété les
plus recherchés. Il officie alors
dans l’ombre de France Gall
(pour laquelle il compose l’intro
du tube « Musique »), Mort
Shuman, Carlos etc. avant que
son ami Dan Ar Braz ne songe
à lui pour lui succéder comme
accompagnateur d’Alan Stivell.
Il sévira par la suite aux côtés
de Sheila, Didier Lockwood,
Gérard Manset ou encore
Renaud. En 1995, il publie son
unique album solo, « Enter »
distribué par Coop Breizh.
Un bœuf
La soirée débutera par une prestation du Trio Jean-Marc Goujon, un flûtiste qui officie en
tant que soliste dans l’ensemble Mathéus. Jean-Marc Goujon a participé à l’album
« Enter » de Marc Perru. Suivra
le Quartet de René Goaër
(saxo), avec Marc Delouya à la
batterie, Etienne Callac à la basse et Yvonnick Penven à la guitare. Enfin, de nombreux autres
musiciens devraient être présents pour animer un « bœuf »
autour des thèmes composés
par Marc Perru.
> Pratique
Le 3 février, à la Taverne
des Korrigans, à 20 h 30.
Entrée libre.

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