Lyon, carrefour des épices - Archives municipales de Lyon

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Lyon, carrefour des épices - Archives municipales de Lyon
LYON, CARREFOUR DES EPICES
Le nom d’épices recouvre une grande diversité de produits qui forment trois catégories :
les épices dans le sens actuel du mot, c'est-à-dire ce qui sert à relever les mets et appartient au
domaine de la cuisine et de la gastronomie
les produits médicinaux
les matières nécessaires à la teinture des étoffes, les plantes tinctoriales (les galles, le bois d’Inde…)
On emploie aussi de manière équivalente le mot épices ou drogues, épicerie ou droguerie. Toutes les
épices entrant à Lyon pour y rester ou pour y transiter doivent être soumises au garbeau. Les épices
citées dans le garbeau sont très nombreuses mais certains produits ne correspondent pas à notre
perception du mot épices, comme le riz ou les amandes, d’autres n’apparaissent pas comme le safran
ou l’alun qui font l’objet d’une réglementation particulière.
Pour connaître précisément les différents usages des épices citées, dans les trois domaines concernés,
plusieurs dictionnaires très utiles comme les pharmacopées des 17e et 18e siècles, sont en ligne sur
« Gallica », la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France :
http://gallica.bnf.fr/?lang=FR
Au 16e siècle, si la soierie représente l’activité économique principale, le commerce des épices est loin
d’être négligeable. Dans le marché des épices, Lyon est un des relais majeurs des grands centres
d’entrée et de redistribution des épices méditerranéennes et atlantiques en Europe que sont Venise,
Gênes, Lisbonne ou Anvers.
Les épices méditerranéennes arrivent du Levant dans les grandes villes italiennes Venise ou Gênes,
grâce à l’activité des marchands italiens. Peu à peu, en raison de l’importance des foires lyonnaises, la
route des Alpes, c'est-à-dire la route par voie de terre, concurrence puis cause le déclin de la route
maritime qui conduisait les épices dans les ports du Bas Languedoc.
L’ouverture de la nouvelle route portugaise des épices, qui pouvait affaiblir la place de Lyon dans ce
commerce au profit des ports de la côte atlantique mieux situés, ne la met pas en péril. Les foires
captent même une partie des épices atlantiques en provenance du grand centre d’Anvers par la route de
Champagne ou du port de Bayonne, des ports de La Rochelle et Nantes, via Limoges ou du port de
Rouen. Après 1540, la supériorité des épices méditerranéennes s’affirme à nouveau. A ce moment, le
développement de Marseille, port royal depuis la fin du 15e siècle et centre d’affaires des colonies
italiennes cause le déclin des routes alpines ; dans la deuxième moitié du 16e siècle, Marseille occupe
alors une place prépondérante dans l’importation des épices au profit des foires de Lyon. Dans le
domaine du commerce des épices, Lyon devient alors une annexe financière et commerciale de
Marseille
Lyon est un important centre de redistribution des épices. Négociées aux foires, celles-ci sont destinées
en majeure partie au Royaume de France, d’abord à la ville elle-même qui est la principale cliente pour
les boutiques des épiciers et des apothicaires puis à la proche région. Elles sont aussi expédiées à Paris
qui est le grand centre de consommation, puis viennent les villes qui ont des liens commerciaux comme
Archives municipales de Lyon - le Garbeau de l'épicerie 1519 - CC 4292
© Crédits
Reproductions photographiques : Gilles Bernasconi, Archives municipales de Lyon
Commentaires : Tania Levy, doctorante en histoire de l'art, La Sorbonne-Paris IV et chargée d'étude et de recherche, I.N.H.A
Anne-Catherine Marin, Archives municipales de Lyon
Transcription : Thomas Bernard, élève de l’Ecole des Chartes / Anne-Catherine Marin, Archives municipales de Lyon
Graphisme et assistance technique : Esprit public
Tours, Troyes, Orléans, Limoges ou Toulouse. Il existe également une clientèle allemande, de
Nuremberg en particulier.
Dans le commerce des épices à Lyon, ce sont les marchands italiens qui occupent une place
prédominante pour l’importation des épices. Les autres marchands étrangers, malgré des tentatives des
marchands allemands puis portugais ou espagnols, ont un faible rôle de même que les marchands
français ou lyonnais. En fait, les marchands allemands se consacrent au commerce du safran dont ils
ont le quasi-monopole.
L’importation des épices nécessite d’importantes mises de fonds et il n’est pas étonnant de trouver les
marchands et financiers italiens aux premières places. Ils tiennent les deux bouts, l’approvisionnement
en provenance du Levant et la redistribution à Lyon. Parmi les marchands italiens, on trouve les
Florentins avec les familles Panchati, Nazi, Gondi ou Gadagne, les Vénitiens, les Gênois, les Lucquois
avec la banque des Bonvisi, les Milanais et les Piémontais. Parmi ces derniers, Etienne Turquet, qui
contribua au développement de la soierie à Lyon à partir de 1536, a d’abord été un importateur d’épices.
A côté des marchands importateurs italiens, les marchands épiciers lyonnais occupent une place
secondaire mais cependant, une dizaine de maisons dont celles de Jean Sève, des Scarron, des
Camus, des Teste sont bien présentes. Ces familles sont citées dans les premiers folios du document
parmi les personnes présentes à la promulgation des ordonnances.
Pour en savoir plus, voir : Richard GASCON. Grand commerce et vie urbaine au 16e siècle, Lyon et ses
marchands. Paris, 1971, en 2 volumes.
Archives municipales de Lyon - le Garbeau de l'épicerie 1519 - CC 4292
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Reproductions photographiques : Gilles Bernasconi, Archives municipales de Lyon
Commentaires : Tania Levy, doctorante en histoire de l'art, La Sorbonne-Paris IV et chargée d'étude et de recherche, I.N.H.A
Anne-Catherine Marin, Archives municipales de Lyon
Transcription : Thomas Bernard, élève de l’Ecole des Chartes / Anne-Catherine Marin, Archives municipales de Lyon
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