The Meaning of the Library. A Cultural History

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The Meaning of the Library. A Cultural History
Analyse de Joachim SCHÖPFEL
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The Meaning of the Library. A Cultural
History
I2D - Information, données & documents
vol. 53, n°1, mars 2016
©ADBS
Oxford : Princeton University Press, 2015
- 300 p. - ISBN : 978-0-691-16639-1 : 35 US$
Alice Crawford (edited by)
« UNE ENQUÊTE MERVEILLEUSE SUR LA BIBLIOTHÈQUE »
Peut-être le plus important livre publié en 2015 sur les bibliothèques est cette collection de douze cours magistraux sur l’histoire culturelle des bibliothèques, de l’Antiquité grecque et romaine jusqu’à nos jours. Ce livre réunit
les « King James Library Lectures », un cycle de conférences organisées par l’Université de Saint Andrews en Écosse
entre 2009 et 2013, durant une période qui a vu disparaître plus de 200 bibliothèques et 8 % des postes de bibliothécaires au Royaume-Uni, dans le cadre d’une politique d’austérité budgétaire.
Alice Crawford, éditrice scientifique de ce livre et bibliothécaire dans le domaine des humanités numériques à
l’Université de Saint Andrews, insiste sur cette menace politique et sur l’idée répandue que les nouvelles technologies suffisent plus
ou moins et qu’en fait tout le monde devient en quelque sorte son propre bibliothécaire d’une collection de matériel numérique.
« Why libraries? What are they for? » Chaque conférence essaie de donner une réponse à ces questions, pour une époque historique
donnée, avec l’accent sur les représentations sociales et culturelles. Ensemble, elles sont portées par la conviction que la bibliothèque
est une entité organique, en constante mutation, un concept qui sans cesse se réinvente : « All the essays in this collection consider
“the library” as a changing and organic entity, something that is constantly adapting and becoming something else. Through the lens
of these lectures we see it like a kaleidoscope image, forever nudged into new versions with each turn of the cylinder; a concept endlessly and energetically reinventing itself ».
L’ouvrage contient trois sections. Six essais sont consacrés à l’histoire des bibliothèques, dont douze pages spirituelles signées Robert
Darnton sur le voyage des livres de l’éditeur-imprimeur aux rayons des bibliothèques à travers la France au Siècle des lumières, en
soulignant l’effort des bibliothécaires et commerciaux (« booksellers ») pour rendre accessible la connaissance à un large public :
« Both knew that knowledge is power […] both created the foundations for the world of knowledge that is available to readers today ».
Richard Gameson, professeur de l’histoire du livre à l’Université de Durham, rappelle que la bibliothèque médiévale devait contribuer
à la sainteté et à la sagesse et mettait la sélection des sources avant leur nombre et exhaustivité. « True wisdom was grounded more
in depth than in breadth of reading […] a lesson […] we could usefully relearn today ».
Les trois chapitres de la deuxième section analysent l’image et l’imaginaire de la bibliothèque dans les récits littéraires, la poésie et les
films. Cette dernière contribution, signée par Laura Marcus, professeure de littérature à Oxford, révèle le contraste entre l’image d’un
espace d’une rationalité ordonnée et la représentation d’un lieu hanté, archive de connaissances secrètes et occultes. Un essai érudit
qui restera sans doute une référence pour les liens complexes entre le cinéma, les bibliothèques, la littérature et le livre.
La dernière section regroupe trois réflexions sur le positionnement et l’évolution des bibliothèques. John P. Wilkin de l’Université de
l’Illinois et ancien directeur du HathiTrust rappelle les quatre piliers des bibliothèques de recherche (conservation, partenariat avec
l’enseignement et la recherche, publication, création et gestion d’espaces pour les usagers et collections), décrit leurs défis, met
l’accent sur le leadership nécessaire dans les domaines de la conservation (curation) et de la publication, et exprime sa conviction
qu’elles vont rester à l’avenir des « hub of intellectuel life » sur le campus, à condition de travailler avec les usagers (« intensive partnerships with the communities ») et en réseau (« away from isolated and isolating activities »).
Le dernier chapitre est un cours magistral sur la contribution des bibliothèques au développement des sociétés démocratiques, signé
James H. Billington, directeur de la Bibliothèque du Congrès jusqu’en janvier 2016. Quelques extraits : « Libraries are places for the
pursuit of truth », « Communities are held together by communication », « Books are our guardians of memory, tutors in language,
pathways to reason », « Libraries are antidotes to fanaticism [and] temples of pluralism », « Librarians [are] gate keepers to
knowledge ».
Alice Crawford avait résumé le livre en une phrase : « “A place to read” may be meaning enough for any library ». À la Princeton University Press revient le mérite d’en avoir fait un beau livre, joliment illustré et composé, avec un appareil bibliographique riche et un
index utile. L’ouvrage a reçu un accueil extrêmement favorable aux États-Unis et au Royaume-Uni (« une mine d’or », « une ressource
inestimable », « irrésistible », « une enquête merveilleuse sur la bibliothèque », un « lovely book »). On lui souhaite beaucoup de lecteurs en France… et peut-être même un éditeur ?■

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