Chapitre 5: Séries de Laurent, résidus
Transcription
Chapitre 5: Séries de Laurent, résidus
Université de Bourgogne Licence de Mathématiques Département de Mathématiques Compléments d’analyse Chapitre 5: Séries de Laurent, résidus 1. Prolongement analytique et singularité Soit f une fonction holomorphe dans un ouvert connexe U de C. Si z0 est un point de U , on sait qu’on peut développer f en série entière sur le disque D(z0 , r) le plus grand possible de centre z0 et inclus dans U : ∞ X f (z) = an z n . n=0 Cependant la série an z n peut avoir un rayon de convergence R supérieur à r. Il existe alors un point z1 de la frontière de U tel que |z − z1 | = r et une fonction holomorphe g sur le voisinage V = D(z0 , R) de z1 qui coı̈ncide avec f sur D(z0 , r) ⊂ U ∩ V . On dira alors que z1 est un point de la frontière de U qui est régulier (pour f ). P Attention: On ne sait pas s’il existe une fonction g analytique sur un voisinage V de z1 qui prolonge f , c’est à dire qui coı̈ncide avec f sur tout V ∩ U ! Ce problème dépend de la géométrie de U . Si U est convexe, si z1 est un point régulier de ∂U si V est un ouvert contenant z1 , il contient un disque D(z1 , ρ) et D(z1 , ρ) ∩ U est convexe donc connexe. On suppose, comme ci-dessus qu’il existe g holomorphe sur D(z1 , ρ) qui coı̈ncide avec f sur D(z0 , r) ∩ D(z1 , ρ) ⊂ U ∩ D(z1 , ρ) alors f − g est holomorphe sur U ∩ D(z1 , ρ) et nulle sur D(z0 , r) ∩ D(z1 , ρ) donc f = g sur U ∩ D(z1 , ρ) (principe des zéros isolés), on peut prolonger f par g. On verra cependant des cas où ceci n’est pas possible par exemple où U est l’ensemble C \ R+ des z qui ne sont pas réels positifs ou nuls. 2. Points singuliers isolés, série de Laurent Soit U un ouvert de C. Un point frontière p de U est dit isolé s’il existe un disque D(p, r) de centre p tel que U ∩ D(p, r) = D(p, r) \ {p}. L’ensemble ouvert D(p, r) \ {p} est un cas particulier de couronne de centre p: Définition (Couronne) Une couronne de centre p est définie par la donnée de deux nombres r1 et r2 tels que 0 ≤ r1 < r2 . La couronne C est alors l’ensemble des z de C tels que r1 < |z − p| < r2 . 1 Une couronne C est connexe mais pas convexe. Soit f une fonction holomorphe sur la couronne C. Soit z un point de C, r tel que |z| < r < r2 et γr le cercle de centre p et de rayon r γr (t) = p + reit . En général, on n’a pas la formule de Cauchy: Z f (ζ) 1 dζ f (z) 6= 2iπ γr ζ − z puisque f n’est pas holomorphe en p ! Heureusement, il y a une formule qui la remplace. R Lemme (L’intégrale γr f (ζ) dζ ne dépend pas de r) Soit f une fonction holomorphe dans C. Alors pour tout r et r0 tels que r1 < r < r0 < r2 , on a: Z Z f (ζ) dζ = f (ζ) dζ. γr γr0 Preuve Posons, pour r ≤ s ≤ r0 , Z ϕ(s) = 2π Z f (p + seit )iseit dt. f (ζ) dζ = γs 0 Comme on intègre sur un compact une fonction de classe C ∞ , on a: 0 2π Z 0 ϕ (s) = it 2it f (p + se )ise 2π Z f (p + seit )ieit dt. dt + 0 0 Posons u(t) = f (p + seit ), on a u0 (t) = f 0 (p + seit )iseit donc: 0 Z ϕ (s) = 2π 0 it Z u (t)e dt + 0 2π it Z 2π (ueit )0 (t) dt = f (p + se2iπ )e2iπ − f (p + s) = 0. u(t)ie dt = 0 0 On a donc bien ϕ(r) = ϕ(r0 ). Corollaire (Généralisation de la formule de Cauchy) Soit f analytique dans la couronne C et z un point de C. On a pour tout r et r0 tels que r < |z − p| < r0 , Z Z 1 f (ζ) 1 f (ζ) f (z) = dζ − dζ. 2iπ γr0 ζ − z 2iπ γr ζ − z Preuve On définit la fonction g sur C par: g(w) = f (w) − f (z) w−z 0 g(z) = f (z). 2 si w 6= z Puisque au voisinage de z on peut développer f en: f (w) = ∞ X an (w − z)n n=0 avec an = f (n) (z) n! , on a au voisinage de z (sauf peut être en z): g(w) = ∞ X n−1 an (w − z) n=1 = ∞ X an+1 (w − z)n . n=0 Cette formule est vraie aussi en z, g est holomorphe au voisinage de z, elle est aussi holomorphe ailleurs dans C et on peut lui appliquer le lemme. On obtient: Z Z Z Z dζ f (ζ) dζ f (ζ) dζ − f (z) = dζ − f (z) . γr ζ − z γr 0 ζ − z γr0 ζ − z γr ζ − z Comme |z − p| > r = |ζ − p| dans les premières intégrales, on a: n ∞ 1 1 X ζ −p 1 1 1 =− =− =− . ζ−p ζ −z (z − p) − (ζ − p) z − p 1 − z−p z − p n=0 z − p Et donc Z γr dζ 1 =− ζ −z z−p Z 0 ∞ 2π X Z 2π ∞ rn+1 i(n+1)t 1 X rn+1 e dt = − ei(n+1)t dt = 0. n n (z − p) z − p (z − p) 0 n=0 n=0 On a vu que la dernière intégrale vaut 1. Le corollaire est prouvé. Corollaire (Développement de f en série de Laurent) Soit f analytique dans la couronne C et z un point de C. Il existe des nombres (an )n∈Z tels que: ∞ ∞ X X a−n f (z) = + an (z − p)n . n (z − p) n=1 n=0 1 ) est convergente pour |z − p| > r1 , la seconde pour |z − p| < r2 . Les La première série (en z−p coefficients an sont uniques et donnés par les formules: Z Z 1 f (ζ) 1 an = dζ, a−n = f (ζ)(ζ − p)n−1 dζ 2iπ γr (ζ − p)n+1 2iπ γr si r1 < r < r2 . Ce développement est le développement en série de Laurent de f . Preuve C’est la même preuve que celle utilisant la formule de Cauchy. On prend r et r0 tels que r1 < r < |z − p| < r0 < r2 , on écrit la formule ci-dessus et on développe la première intégrale comme pour la formule de Cauchy: Z γr ∞ X f (ζ) dζ = an (z − p)n ζ −z n=0 3 avec 1 an = 2iπ Z γr f (ζ) dζ. (ζ − p)n+1 Pour la seconde intégrale, on écrit comme ci-dessus: ∞ f (p + reit ) 1 X f (p + reit )rn eint = − reit − z z − p n=0 (z − p)n donc puisque la série converge normalement sur γr , Z 2π 0 Z 2π ∞ X f (p + reit ) it 1 f (p + reit )rn+1 ei(n+1)t dt. ire dt = − n+1 reit − z (z − p) 0 n=0 Comme ces intégrales ne dépendent pas du choix de r et r0 , les séries convergent dans toute la couronne. On montre l’unicité du développement comme dans le cas des fonctions homomorphes sur un disque. Si ∞ ∞ X X 1 , f (z) = a0n (z − p)n + a0−n (z − p)n n=0 n=1 ces séries convergeant la première pour |z − p| < r2 , la seconde pour |z − p| > r1 , on peut fixer r entre r1 et r2 et calculer: Z 2π Z 2π X 1 f (p + reit ) 1 it an = ire dt = n a0k rk eikt e−int dt 2iπ 0 rn+1 ei(n+1)t 2r π 0 k∈Z X rk−n Z 2π a0k ei(k−n)t dt = a0n = 2π 0 k∈Z Z 2π Z 1 rn 2π X 0 k ikt int a−n = f (p + reit )rn−1 ei(n−1)t ireit dt = ak r e e dt 2iπ 0 2π 0 k∈Z X rk+n Z 2π = a0k ei(k+n)t dt = a0−n 2π 0 k∈Z puisque la série converge normalement en t ∈ [0, 2π].. 3. Etude de f au voisinage d’un point singulier isolé Revenons à notre fonction f qui est holomorphe sur un disque privé de son centre D0 (p, R) = D(p, R) \ {p}. On vient de voir que f a un développement de Laurent en a: f (z) = ∞ X n=0 n an (z − p) + ∞ X a−n (z − p)n n=1 La fonction: u(z) = ∞ X a−n (z − p)n n=1 4 (0 < |z − p| < R). est la partie singulière de f en p. Il y a alors trois cas: Cas 1 u = 0 Dans ce cas, pour tout z de D0 (p, R), f (z) est la somme d’une série entière de rayon de convergence au moins R. En posant f (p) = a0 , on obtient un prolongement de f en une fonction holomorphe sur D(p, R). On dit que f a en p une singularité artificielle et que p est un point régulier de f . Réciproquement, si f peut être prolongée en une fonction holomorphe sur D(p, R), bien sûr, par unicité des dévelopements, son développement de Laurent est le développement de Taylor du prolongement en p. 1 Cas 2 u est un polynôme non nul en z−p Dans ce cas on a: a−1 a−m a−2 u(z) = + ... + + z − p (z − p)2 (z − p)m avec a−m 6= 0. Alors bien sûr (z − p)m f (z) est prolongeable en une fonction holomorphe dans D(p, R) mais pas (z − p)m−1 f (z) et réciproquement. On dit alors que p est un pôle de f d’ordre m. 1 Cas 3 u n’est pas un polynôme en z−p Dans ce cas, on dit que f a en p une singularité essentielle isolée. Par exemple si v est une fonction holomrphe qui n’est pas un polynôme: v(z) = ∞ X bn z n n=0 avec une infinité de bn non nul, la fonction f (z) = v( z1 ) a en 0 une singularité essentielle. Définition (Fonction méromorphe) Soit U un ouvert de C et {p1 , . . . , pk } un ensemble fini de points de U ou {p1 , . . . , pk , . . .} une suite de points de U sans points d’accumulation. Si f est une fonction définie et holomorphe sur U \ {pi } et si chaque pi est un point régulier ou un pôle de f , on dit que f est méromorphe sur U . 4. Indice d’un point par rapport à un lacet Définition (Lacet) Une courbe paramétrée γ : [c, d] −→ C tracée dans C est un lacet si elle est continue, C 1 par morceaux et si γ(c) = γ(d). Si γ est un lacet et si z est un point de C \ γ([c, d]), on définit l’indice de z par rapport à γ comme le nombre: Z Z d 1 dζ 1 γ 0 (t) Ind(z, γ) = = dt. 2iπ γ ζ − z 2iπ c γ(t) − z Lemme (L’indice est un entier) L’indice de z par rapport à γ est un entier. Ind(z, γ) ∈ Z. Preuve On pose Z h(t) = c t γ 0 (s) ds. γ(s) − z 5 La fonction h est continue, C 1 par morceaux et sa dérivée est h0 (t) = γ 0 (t) γ(t)−z . Posons alors −h(t) g(t) = e (γ(t) − z). g est continue, C 1 par morceaux et sa dérivée est: g 0 (t) = −h0 (t)e−h(t) (γ(t) − z) + γ 0 (t)e−h(t) = 0. On a donc: g(t) = g(c) = e−h(c) (γ(c) − z) = γ(c) − z, pour tout t de [c, d]. En particulier: g(d) = e−h(d) (γ(d) − z) = e−h(d) (γ(c) − z) = γ(c) − z ou e−h(d) = 1, il existe un entier k tel que h(d) = 2ikπ ou 1 Ind(z, γ) = 2iπ Z c d γ 0 (s) h(d) ds = = k ∈ Z. γ(s) − z 2iπ En fait k représente le nombre de tours que γ fait autour de z. Les seuls cas qui nous intéressent sont les deux cas suivants γ est la paramétrisation d’un arc tournant autour de z dans le sens contraire de celui des aiguilles d’une montre (sens positif ou, comme les physiciens disent, on tourne autour d’un domaine U qui est toujours à gauche du lacet et z ∈ U ) On suppose donc que l’on peut écrire γ(t) = z + r(t)eiθ(t) , les fonctions r(t) > 0 et θ(t) sont C 1 par morceaux et θ(t) est croissante θ0 (t) > 0. On suppose aussi que l’on fait k tours c’est à dire que r(d) = r(c) et θ(d) = θ(c) + 2kπ Alors Ind(z, γ) = k. En effet: Z d 0 Z d 0 Z d 1 1 (r (t) + ir(t)θ0 (t))eiθ(t) 1 r (t) dt + Ind(z, γ) = dt = iθ0 (t) dt 2iπ c 2iπ c r(t) 2iπ c r(t)eiθ(t) 1 i(θ(d) − θ(c)) = [ln(r(t))]dc + = k. 2iπ 2iπ De même, si on effectue k tours autour de z dans le sens négatif, c’est à dire avec les mêmes hypothèses mais θ(t) décroı̂t et θ(d) = θ(c) − 2kπ, on a Ind(z, γ) = −k. En fait on se restreindra dans tous les exemples à k = 1. 5. Le théorème des résidus Définition (Résidu de f en p) Soit f une fonction holomorphe sur un disque D0 (p, R) privé de p. Soit: f (z) = ∞ X an (z − p)n + n=0 6 ∞ X a−n (z − p)n n=1 son développement de Laurent en p. On appelle résidu de f en p le nombre Z 1 Resp (f ) = a−1 = f (ζ) dζ 2iπ γr si 0 < r < R et γr (t) = p + reit . C’est la dernière formule qui a donné le nom de résidu à a−1 : c’est ce qui reste quand on intègre f sur le lacet γr . Théorème des résidus (Calcul de l’intégrale de f ) Soit U un ouvert convexe de C p1 , p2 , . . . , pk un nombre fini de points de U , f une fonction holomorphe sur U \ {p1 , . . . , pk }, γ un lacte tracé dans U et ne passant par aucun des points pi . Alors Z k X f (ζ) dζ = 2iπ Ind(pi , γ)Respi (f ). γ i=1 Preuve Regardons d’abord le cas où il n’y a pas de pôles, f est holomorphe dans U . Fixons un point p hors du lacet γ : [c, d] −→ U \ {p}, f est développable autour de p dans un disque D(p, R): f (z) = ∞ X an (z − p)n . n=0 Si γr (t) = p + reit est un cercle de rayon r < R, on a vu que: Z Z f (ζ) dζ = γr 2π f (p + reit )ireit dt = 0 ∞ Z X n=0 2π an rn+1 ei(n+1)t dt = 0. 0 Pour γ, pusque U est convexe, on peut pour chaque t tracer le segment [p, γ(t)] = {p + s(γ(t) − p), 0 ≤ s ≤ 1} dans U et psoer: Z g(s) = d f (p + s(γ(t) − p))sγ 0 (t) dt. c On a g(1) = R γ f (ζ) dζ et g(0) = 0. Mais on a aussi: d Z 0 [f 0 (p + s(γ(t) − p))s(γ(t) − p)γ 0 (t) + f (p + s(γ(t) − p))γ 0 (t)] dt g (s) = c et comme ∂ [f (p + s(γ(t) − p))(γ(t) − p)] = f 0 (p + s(γ(t) − p))s(γ(t) − p)γ 0 (t) + f (p + s(γ(t) − p))γ 0 (t), ∂t on a aussi 0 Z d ∂ [f (p + s(γ(t) − p))(γ(t) − p)] dt c ∂t = f (p + s(γ(d) − p))(γ(d) − p) − f (p + s(γ(c) − p))(γ(c) − p) = 0. g (s) = 7 Donc le théorème est prouvé si f est holomorphe dans U . Dans le cas général, on regarde chaque partie singulière ui de f en pi : près de pi , f s’écrit: f (z) = ∞ X an (z − pi )n + n=0 ∞ X ∞ X a−n = an (z − pi )n + ui (z). n (z − p ) i n=0 n=1 En fait, on a vu que la fonction ui est la somme d’une série convergente dans tout C \ {pi }. On note donc toujours ui cette fonction sur C \ {pi } et on a maintenant une fonction holomoprhe sur U \ {p1 , . . . , pk }: k X g(z) = f (z) − ui (z). i=1 Par construction, g s’écrit au voisinage de chaque pi comme: X g(z) = (f (z) − ui (z)) − uj (z), j6=i c’est à dire comme une somme de fonctions holomorphes près de pi et d’une fonction qui admet un prolongement holomorphe en pi . Donc g est holomorphe en pi , elle est holomorphe sur tout U . On peut appliquer la première partie de la preuve à g et on obtient: Z 0= Z f (ζ) dζ − g(ζ) dζ = γ γ k Z X i=1 ui (ζ)dζ. γ Mais pour chaque i, par un argument maintenant classique Z d a−n γ 0 (t) dt n (γ(t) − p ) i n=1 c d Z d ∞ X a−n a−1 1 = γ 0 (t) dt + − n − 1 (γ(t) − pi )n−1 c c γ(t) − pi n=2 Z 1 = a−1 dζ = 2iπRespi (f )Ind(pi , γ). γ ζ − pi ui (ζ)dζ = γ ∞ Z X Pour utiliser cette formule, il faut savoir calculer Resp (f ). Dans certains cas, ce calcul est aisé. Par exemple s’il existe une fonction holomorphe f1 telle que: f (z) = f1 (z) , (z − p)m alors le résidu de f en p est le coefficient de (z −p)m−1 dans le développement de f1 en série entière. En particulier si m = 1, c’est f1 (z) Resp (f ) = f1 (p) f (z) = . z−p De même si f est un quotient de deux fonctions holomorphes f (z) = 8 P (z) , Q(z) avec Q(z) = (z − p)Q1 (z) et Q1 (p) 6= 0, alors P (p) P (z) P (z) Resp (f ) = 0 f (z) = = . Q (p) Q(z) (z − p)Q1 (z) 6. Application du théorème des résidus au calcul d’intégrales On peut utiliser le théorème des résidus pour calculer des intégrales par exemple des intégrales de la forme Z ∞ f (x) dx. −∞ Supposons que f soit la restriction à l’axe réel d’une fonction encore notée f qui est holomorphe dans l’ouvert: U = {z ∈ C, Im(z) > 0} \ {p1 , . . . , pk } = H \ {p1 , . . . , pk }. Alors pour tout R > 0, on considère un lacet γ qui est formé de deux chemins γ1 (t) = t (−R ≤ t ≤ R) puis γ2 (t) = Reit (0 ≤ t ≤ π) c’est à dire ( γ1 (t) si t ∈ [−R, R] γ(t) = γ2 (t − R) si t ∈ [R, R + π] Si R est assez grand, on a |pj | < R pour tout j et il est clair que Ind(pj , γ) = 1 pour tout j donc on a: Z R Z π k X f (x) dx + f (Reit )iReit dt = 2iπ Respj (f ). −R 0 j=1 Supposons enfin que: Z π lim R→∞ f (Reit )iReit dt = 0, 0 alors: Z ∞ f (x) dx = 2iπ −∞ Z ∞ −∞ La fonction f (z) = Respj (f ). j=1 Exemple Montrons par exemple que: 1 (z 2 +1)3 k X dx 3π = . (x2 + 1)3 8 est holomorphe dans l’ouvert U = H \ {i} en i elle a un pôle d’ordre 2, on peut calculer son résidu en i en posant z = i + w et en développant en w: 1 1 1 w −3 f (i + w) = = = − 1 + ((i + w)2 + 1)3 w3 (w + 2i)3 8iw3 21 2 1 3w 3w =− 1− − + ... , 3 8iw 2i 2 9 le résidu de f est le terme en 1 w: Resi (f ) = 3 . 16i D’autre part l’intégrale sur le demi cercle γ2 est: Z π iReit dt. IR = 2 2it + 1)3 0 (R e Mais on a: iReit R (R2 e2it + 1)3 ≤ (R2 − 1)3 → 0. La fonction à intégrer tend donc vers 0 uniformément en t donc limR→∞ IR = 0, d’où la valeur de l’intégrale. P (x) avec deg(Q) ≥ deg(P ) + 2. Cet exemple se généralise aux fractions rationnelles f (x) = Q(x) Supposons maintenant que la fonction f s’écrive f (z) = g(z)eimz avec m > 0 où g est une fonction holomorphe dans U . On utilise le lemme de Jordan. Rπ Lemme de Jordan (Condition pour que limR→∞ 0 f (Reit )iReit dt = 0) Lorsque R tend vers l’infini, l’intégrale Z π it (m > 0) R eimRe dt 0 reste bornée. Si limR→∞ g(Reit ) = 0 uniformément en t dans [0, π], alors Z Z π it lim f (ζ) dζ = i lim g(Reit )ReimRe eit dt = 0. R→∞ R→∞ γ2 0 Preuve it On calcule eimRe = e−mR sin(t) donc, puisque sin(π − t) = sin(t), Z π Z π Z π2 Z π −2mRt imReit −mR sin(t) −mR sin(t) e dt = 2 e dt ≤ e π dt ≤ e dt = 0 0 0 Ce qui prouve le lemme. Par exemple, on veut calculer Z I= 0 ∞ 0 π . 2mR cos(x) dx. x2 + a2 (Cette intégrale existe évidemment). Comme la fonction à intégrer est paire et que impaire, on a: Z 1 ∞ eix dx I= 2 −∞ x2 + a2 et on peut appliquer le lemme de Jordan. Posons f (z) = et Resia (f ) = P (ia) Q0 (ia) = e−a 2ia . eiz z 2 +a2 = P (z) Q(z) , Le lemme de Jordan s’applique puisque: lim g(Reit ) = lim R→∞ Donc I= 1 R→∞ R2 e2it + a2 1 π −a 2iπResia (f ) = e . 2 2a 10 = 0. sin(x) x2 +a2 est le seul pôle dans H est ia