Républiques, villages et communautés d`enfants
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Républiques, villages et communautés d`enfants
c n a h e s supplément de la lettre conservatoire national des archives et de l’histoire de l’éducation spécialisée Supplément du N° 36 - octobre 2010 Républiques, villages et communautés d’enfants, un idéal concerté de l’après Seconde guerre mondiale Du 5 au 10 juillet 1948, l’Unesco convoque l’ensemble des directeurs de villages d’enfants à une conférence internationale au village Pestalozzi de Trogen-Heiden (fondé par Walter Robert Corti en 1946 dans le canton d’Appenzell, Rhodes extérieures, Suisse). 14 délégués appartenant à 6 pays différents, 11 experts, originaires également de six pays, 4 participants à titre divers et douze observateurs répondent à l’appel. Après échange sur les différentes expériences menées pour la plupart d’entre elles durant le conflit mondial et en faveur des enfants sans foyer, une définition est retenue pour qualifier la notion commune de communautés d’enfants : « les organisations éducatives ou rééducatives à caractère permanent, fondé sur la participation active des enfants ou adolescents à la vie de la communauté, dans le cadre des méthodes d’éducation et d’instruction modernes – et dans lesquelles la vie de famille se combine de diverses façons aux modalités de la vie de collectivité ». Le 10 juillet, en clôture du colloque, une Fédération internationale des communautés d’enfants (FICE) est fondée, censée promouvoir et réaliser cette idée, en assurant notamment les contacts internationaux entre éducateurs ainsi qu’entre les enfants. Si les références sont nombreuses à des initiatives plus anciennes comme celle de Boys Town dans le Michigan ou de Georges Junior Republic (« Freeville ») en Pennsylvanie, pour la première fois il y a tentative de confédération ou tout du moins de plateforme d’échange concertée. Cette rencontre de 1948 permet ainsi d’interroger ce qui fait apparemment consensus autour de la notion de participation de l’enfant à la vie d’une collectivité mais aussi les différences dans les conceptions et les réalisations. En interpellant les expériences menées concomitamment dans plusieurs pays, nous souRevue Impetus publié par l’Unesco, numéro spécial sur les communautés d’enfants, haitons analyser les ambiguïtés de cet n°8-9, septembre-octobre 1949 : en légende de la photo : « Il se gouverne lui-même » apprentissage à la citoyenneté et à l’uto- 4 >>> >>> pie de l’entente internationale qui se fait par mimétisme ou délégation de responsabilité et est réalisé paradoxalement en monde clos, coupé des contingences extérieures. En France, l’association nationale des communautés d’enfants affirme regrouper plus de 55 initiatives parmi lesquelles on trouve des expériences aussi différentes que la République de Moulin Vieux dans l’Isère du couple Henri et Henriette Julien, celle de Vercheny créé par l’ancien légionnaire Robert Ardouvin, le Hameau-école de Longueil-Annel avec la figure prédominante du Dr Robert Préaut, l’œuvre des villages d’enfants Rhône-Alpes dirigée par Marius Boulogne, le « Rayon de soleil » de Pomeyrol à Saint-Etienne-du-Grès, le centre de la Mayotte à Montlignon avec Fernand Cortez, la maison du Renouveau à Montmorency dirigée par Claude François-Unger, l’École de Beauvallon à Dieulefit dans la Drôme avec Marguerite Soubeyran et Simone Monnier, le centre de Ker-Goat dirigé par Paul Lelièvre et tant d’autres encore dont l’histoire reste à faire. Un premier symposium a eu lieu à Genève le 15 septembre dernier et un groupe de travail s’est constitué en partenariat avec l’Unesco et l’OSE France. Nous sommes preneurs de tous témoignages ou documents sur la question qui constitue encore un point aveugle de l’histoire de l’éducation spécialisée. Histoire d’une amitié. La république d’enfants de Moulin-Vieux. 2ème Partie: « La construction ». Bande dessinée réalisée par les enfants de la République, 1952 Histoire d’une amitié. La république d’enfants de Moulin-Vieux. 1ère Partie: « Les origines ». Bande dessinée réalisée par les enfants de la République, 1952 2 La lettre du CNAHES - n°34 - février 2010 3