Économie de l`entreprise et de l`emploi Investissement et croissance
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Économie de l`entreprise et de l`emploi Investissement et croissance
Institut National du Travail et de la Formation Professionnelle Cycle préparatoire au concours interne d’inspecteur du travail 2016 Économie de l’entreprise et de l’emploi D. Glaymann, Université d’Évry-Val-d’Essonne Investissement et croissance : corrigé Introduction - Accroche:àl’heureoùlacroissancepeineàrepartirenFranceetenEurope,l’interrogationsurlesliens entrelacroissanceetl’investissementestd’uneimportanteactualité. - Définitionsdesmotsclés:investissement(différentstypesetacteurs);croissance. - Problématique : Existe-t-il des liens de causalité entre investissement et croissance ? Ces liens sont-ils automatiques?Sont-ilsréciproques? - Annonceduplan. 1. L’investissementadeseffetsquantitatifsetqualitatifsfavorablesàlacroissance A) Lesdifférentstypesd'investissementscontribuentàrendrelacroissancepossible Lesinvestissementspermettentdemainteniroud’accroîtrelevolumeetlaqualitédelaproduction 1. Parmi les investissements (I) matériels, les I de remplacement permettent de maintenir l'état du stock de capital fixe (CF) et donc la production et la croissance (C), les I de capacité augmentent le stock de CF et permettent donc d’accroître le volume de production, les I de productivité modernisent l'appareil de production en rendant possible de renouveler et développer les productions. L'incorporation du progrès technique (via les I de productivité) a des effets quantitatifs mais aussi qualitatifs en transformant la production.Mais,leseffetsquantitatifsnesontpasidentiquesentoutesituationniàtouteéchéance. 2. Dans le domaine des I immatériels, les I de formation permettent à la main d'œuvre d'améliorer sa qualificationetdoncaccompagnentlamodernisationdesproductions,lesIenR&Djouentdanslemêmesens, lesIenmarketingetpublicitécontribuentàélargirlavente.Toutcelapoussedonclaproductionàcroître. 3.LesIpublicsjouentégalementunrôleparticulierdufaitdesexternalitéspositivesqu'ilsengendrentsurla production des agents privés, avec des effets quantitatifs et qualitatifs. Ces I peuvent être décidés de façon volontariste et jouer un rôle contracyclique face à un ralentissement économique momentané (cf. Keynes). L’actionpubliquepeutaussiconsisteràfavoriserlesIprivésviadespolitiquesmonétairesoubudgétaires. B) Sansinvestissements,lacroissancenepeutqu’êtrefaible,voireinexistante Fauted’I,laproductionpeineàcroîtreenvolumeetàévoluerenqualité. 1.Onnepeutguèreaccroîtrelesvolumesdeproductionsionnelesanticipepaseninvestissant:lesIactuels conditionnentlaproductionetlaCultérieures. 2.L'Iestundesvecteursduprogrèstechniquequ’ilincorporedansl’appareildeproduction.Sansceprogrès technique,laCrisquedenepasdureretlesvariationsqualitativesd’êtrefaibles.Nepaschangerconduitàne pascroître. 3. On observe néanmoins que la réalisation d’I passés ne garantit pas que l’activité économique atteigne le niveau de C potentielle. Il arrive en effet que le CF qui a été acquis au moyen des I ne soit pas totalement employé,commecelaarrivepourlamain-d’œuvredisponibledontunepartiepeutêtreauchômage. Après avoir montré en quoi l'essor des I tend à accélérer la C, analysons maintenant les différents mécanismes économiquesquipermettentdeprécisercequifavoriseceliendecausalité. 2. L’investissement favorise la croissance en agissant sur l’offre et sur la demande comme l’enseignentlesdifférentesthéorieséconomiques. A) L’Ifavoriselacroissanceeninfluençantl’offrecommel’expliquentleséconomistesnéoclassiques 1. Les I de renouvellement maintiennent la capacité de la production, les I de capacité l'augmentent, les I de modernisationaméliorentlaproductivité.Enaccroissantlarentabilitédel’offre,desIjudicieusementchoisis, c’est-à-dire rentables alimentent la C selon la théorie économique néoclassique. La référence à la Loi des débouchés(deJBSay)leurpermetenoutred’affirmerl’impossibilitéd’unesurproductiondurable. 2. Ces économistes incitent donc à rendre l’I attractif en proposant que tout soit fait pour rendre l'environnementéconomiqueetsocialfavorableàl’I(Cf.leThéorèmedeSchmidt:«Lesprofitsd'aujourd'hui sontlesinvestissementsdedemain,quisontlesemploisd'après-demain»). 3.LorsquelarecherchederentabilitéconduitàprivilégierdesIDE,leseffetssurlaCetsurl’emploiontlieusur d’autresterritoiresmêmes’ilspeuventaussiavoiruneffetdanslespaysd’origine L'automaticité de ces relations est en outre contestée par les économistes keynésiens qui insistent sur l’importancedelademandepourfavoriserlesinvestissements. B) Selonleskeynésiens,l’IcontribueàlaCenactivantlademandeeffectivedontilestunecomposante. 1.Danslalogiquekeynésienne,lacausalitélieenfaitIetdemandeglobale(comprenantlaconsommationdes ménages,l’Iprivé,l’Ipublicetlesexportationsenéconomieouverte).Pluslademandeestélevée,plusilyaura d’IetpluslaproductionetlaCserontimportantes. 2. Mais le niveau de l’I choisi par les entrepreneurs peut générer une C insuffisante pour atteindre le plein emploi,quiestréciproquementuneconditionnécessaireàladurabilitédelaC.Lespouvoirspublicsdoivent doncagirpourstimulerl’I:enbaissantlestauxd'intérêtet/ouendiminuantlesimpôtssurlesbénéfices,mais aussi en développant des I autonomes (non induits par la croissance) et parallèlement en distribuant des revenussupplémentairesauxménagesàfortepropensionàconsommer. 3.Cettethéoriejustifieunepolitiqued’Iautonomedel'Étatquis'appuiesurlemultiplicateurd'investissement. L'ÉtatdécidedesInecorrespondantaprioriàaucunedemandesolvable(autoroute,TGV,fuséeAriane...)pour provoquerdesrevenussupplémentaires(profits,bénéfices,salaires),doncdesdépensesdeconsommationet desIfavorablesàlaC. Avec des explications et des choix de politique économique différents, on observe que tous ces économistes s’accordentàpenserquel’IagitpositivementsurlaC.Qu’enest-ildelarelationinverse? 3. Réciproquement,lacroissancepermetd’alimenterl'investissement A) Différentsmécanismesmontrentquelademandeagitsurl'investissement 1.Lademandedesdifférentsagentséconomiquesliéeàl’augmentationdesrevenusqu’entraînelaCalimente une augmentation des I des entreprises pour leur permettre d’y répondre (cf. «l’accélérateur d’investissement»). 2. Lathéoriekeynésiennemontrequel’anticipationd’unetellehaussedelademandeeffective(solvable)joue unrôledécisifpourpousserlesentreprisesàinvestir. B) L’observationempiriqueconfirmelaréalitédecesphénomènesd’entraînementréciproque 1. En conduisant à augmenter la demande des ménages, la demande extérieure et l’épargne intérieure, la C incite (ou désincite si elle est faible) les entrepreneurs à investir d’une part en leur donnant des ressources pourl’autofinancementetd’autrepartdesfacilitésd’emprunt. 2. L’I apparaît donc à la fois comme une condition et comme une conséquence de la C, en révélant une dynamiquesystémiqueentrel’IetlaC. 2.Ceslienssystémiquess’expliquentnotammentparladimensionsociopsychologiquedeladécisiond’investir oudenepaslefairecarlaCencoursauneffetfortsurleniveaudeconfianceoudecraintedansl’avenir. Conclusion LesliensdecausalitéentreIetcroissanceCassezsolidementétablisetlaréciprocitédesliensnedoitpasêtre sous-estimécarilsaidentàcomprendrelesconditionspermettantdetrouverleniveauoptimald’Iparrapport auxobjectifsdeCrecherchés. Au-delà,onpeuts’interrogersurlerythmeetletypedeCetd’Isouhaitablesdansl’optiquedudéveloppement durable (intégrant les effets des activités économiques sur l’environnement) et du développement humain (donnantprioritéauxretombéessurlespopulations).Lefaitqu’IetCsoientpositivementcorrélésn’implique pas qu’il soit judicieux de les maximiser sans s’interroger sur leurs conséquences économiques, sociales et environnementales.