Biographie de S Fallou

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Biographie de S Fallou
Biographie de S Fallou
L'hagiographie mouride rapporte la naissance de Cheikh Mouhamadou FADL à 7 mois de celle
de Cheikh Mouhamadou Moustapha son aîné, soit le 27 du mois de Rajab qui coïncide
précisément avec le jour du voyage nocturne : Al Isrâ (le Voyage Nocturne) Wal Mihrâj
(l’Ascestion)
Cette expression arabe signifie en français " le voyage nocturne (al Isrâ) et l’Ascension " (Al
Mihrâj).
· Le voyage nocturne (Al Isrâ)
Il s’agit là du voyage terrestre de la Mecque vers Jérusalem, et plus précisément de la Mosquée
Sacrée (Al masjidil Harâm) vers la Mosquée AL Aqsâ.Il est dit dans le Coran :
" Louage à Celui (DIEU) qui fit voyager son Serviteur, de nuit (Asrâ), de la Mosquée Al Harâm à
la Mosquée Al qsâ, dont nous avons béni les environs afin de lui montrer certains de nos
signes, parce qu’Il est Celui qui entend tout et qui voit tout " (Sourate 17 Verset 1)
Selon le récit de Ibn Abbas, c’est à la veille du lundi, 27 du mois de Rajab que l’Archange
Gabriel vint trouver le Prophète en compagnie de sa fille Fatima. Ayant entendu quelqu’un
frapper à la porte, Fatima s’empressa d’aller ouvrir et à sa grande surprise, elle trouva une
personne extraordinaire, indescriptible qui lui dit : " Je désire voir Mouhamed (Paix et Salut sur
Lui)". Fatima rentra chez son père et lui dit " Père ! il y a à la porte une personne dont sa vue
m’a tellement effrayée, et je n’ai jamais vu de ma vie une créature pareille et elle veut te voir "
Le Prophète (Paix et Salut sur Lui) sortit et reconnu l’Archange Gabriel à qui il demanda après
l’avoir salué les raisons de sa visite inopinée. Celui-ci répondit : " Prépare-toi Prophète, apaise
ton cœur et viens avec moi car cette nuit tu vas t’entretenir avec ton SEIGNEUR "
Le Prophète (Paix et Salut sur Lui) sortit alors avec Gabriel et trouva AL Bourâq, la monture que
le SEIGNEUR lui a affecté pour le voyage projeté. Le trajet vers Jérusalem, sur le dos de AL
Bourâq, fut couvert en un clin d’œil.
· L’ascension (Al Mihrâj)
A la suite de ce voyage terrestre de la Mecque vers Jérusalem, Le Prophète et l’Ange Gabriel
continuèrent leur route mais cette fois-ci vers le Ciel dans la même nuit. " Et en un clin d’œil, raconta le Prophète (Paix et Salut sur Lui) nous fûmes dans le ciel le plus inférieur qu’une
distance de plus de 500 années de marche sépare de la terre " (Ibn Abbas, AL Isrâ-u Wal
Mihrâj, P.10)
C’est ainsi que Seydina Mouhamed (Paix et Salut sur Lui), sur Al Bouraq et en compagnie de
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Gabriel fit le tour de toutes les stations célestes du SEIGNEUR. Il eut à vivre des faits
mystérieux et à faire des découvertes extraordinaires, qui dépassent l’entendement humain, et
qui établissent la Grandeur incommensurable de DIEU et la Prééminence de son Prophète
(Paix et Salut sur Lui). Indubitablement et de façon incontestable, il rencontra à cette occasion
son SEIGNEUR de visu et eu avec LUI un entretien, pour ne pas dire " tête à tête ".
Rappelons nous ce qu’en dit Cheikh Ahmadou Bamba dans " Mawâhibun-Nâfih " (Les Dons du
Profitables) :
" Il (le Prophète -PSL-) a obtenu la Gloire lors de l’Ascension Nocturne de son corps, de
manière évidente et sans fantaisie. "
" Gloire à mon SEIGNEUR Qui a fait voyager le Bien Aimé dans la nuit pour Sa Proximité, en
Le Purifiant ! "
" Il a voyagé la nuit après une purification, Il a perpétré la Joie parmi les Prophètes. "
Les écrits du CHEIKH extraits de Jezboul Khouloub nous suffisent sur les faits qui se sont
déroulés durant cette nuit.
Extrait jezbou Khouloub sur le kazou rajab
152. Accorde Prière et Salut au Voyageur de l'Ascension Nocturne sur "Al Bouraq" vers les
Cieux, Mouhammad, et honore son Parti
153. Il passa la nuit à déchirer les Sphères Célestes, dans les Desseins d'une Audience Auprès
de DIEU ; et les Prophètes Le rencontrèrent par approbation et marque d'honneur
154. ils Le vénérèrent, Le mirent à leur Tête, L'honorèrent, se soumirent à Lui par humilité et Le
glorifièrent, par considération à sa Dignité Respectable
155. ils s'humilièrent, car ils connaissaient certes son Rang, ils magnifièrent sa rencontre (avec
eux) et ils confessèrent son Avantage et sa Supériorité
156. ils s'empressèrent par des signes de bienvenue, de largesse, de courtoisie, de joie et de
proximité, pour son SEIGNEUR Qui accorde la Prééminence
157. Chacun d'entre eux, individuellement, commença à rendre grâce, ayant entendu le Nom
de l'Intercesseur des intercesseurs, qui était avec le plus éminent Loyal (Gabriel)
158. Chacun d'eux, individuellement, a fait ses Eloges, après avoir été heureux de sa Mission
et il leur illumina la poitrine, pour la reconnaissance du bienfait
159. il les quitta et s'éleva Haut sur sa Monture "Al Burâq"; pour rencontrer son BIEN-AIME ; Il
perçait les voiles des Mystères de DIEU, CELUI Qui accorde le Bienfait
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160. Puis il revint à sa demeure, ses Voeux pleinement satisfaits Auprès de DIEU ; Il fit
disparaître les peines et les causes de disgrâce
Cette naissance a eut lieu à Darou Salam en l'an 1305 de l'hégire du Prophète (PSL) soit
1887/88 de l'an romain. Sa mère s'appelait Sokhna Awa Bousso et est originaire de Affé dans
le Sud du Djoloff.
Il entama ses études coraniques chez Serigne Ndame Abdou Rahmane LO à Darou Halimou-lKabîr, village plus connu sous le nom de Ndame. Il effectuera plus tard le " Tadjid" (ou l'art de
comprendre le texte coranique) avec son oncle Mame Mor Diaara puis avec Mame Thierno
Birahim. Il habita avec son père à Mbacké-Bâri et fit aussi partie de ceux qui le rejoignirent dans
son
second exil à Saout-el-Ma en Mauritanie. C'est là bas que le Cheikh, l'ayant un jour réuni avec
son
frère Cheikh Modou Moustapha et son cousin Mor Rokhaya BOUSSO leur tint ce discours : "Je
ne
suis le père, ni le frère, ni l'oncle d'aucun d'entre vous. Je suis une créature vouée au Service
de son
Seigneur. Et ceux d'entre vous qui auront choisi de suivre le chemin tracé par mon Seigneur,
ceuxlà
seuls, seront mes fils, mes frères, mes neveux, mes talibés", C'est ce jour là qu'il renouvela son
serment d'allégeance et son engagement indéfectible de demeurer au service du Cheikh pour
la
FACE de l'Eternel. C'est pourquoi il déclara dans un poème : "Nos espérances reposent en toi,
ô toi
qui nous à ouvert les portes de la Félicité. Je t'échange en ce jour mon rang de fils en
contrepartie
de l'honneur d'être ton disciple. Et quand tu daignera me gratifier de cet honneur insigne je te
prierai de l'accepter comme mon offrande de disciple".
Après quatre années de séjour en Mauritanie Cheikh Mouhamadou FADL restera encore avec
son
père à Thiéyène puis à DIOURBEL à partir de 1912. Il est rapporté que de là à 1927, date de la
disparition du Cheikh, il fit de mémoire 28 copies reliées du Saint Coran dont il fit don à son
père. Il
lui offrit également sa maison, sise alors avenue de la gare à DIOURBEL, qui était une belle
demeure couverte de tuiles rouges avec, à chaque angle, le signe de l'étoile et du croissant. Le
Serviteur du Prophète lui exprima ce jour là sa reconnaissance à travers un verset qui accordait
à
DIEU Seul le pouvoir de le récompenser.
C'est également à l'issue de ses recherches que la carrière de Ndock fut découverte et que le
Cheikh lui assignat comme but de sa vie l'édification de la Mosquée de TOUBA.
Huit mois après la disparition de son père, Cheikh Mouhamadou FADL entreprit le Pèlerinage
aux
lieux Saints de l'Islam en compagnie de ses oncles Mame Cheikh Anta Mbacké et Serigne
Mbacké
Bousso, de El Hadj Mayoro Fall, Serigne Moulaye Bousso, Serigne Mandiaye Diop et de
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Serigne
Ibrahima Dia. Au cours de ce périple, du 7 mars au 28 juin 1928 à bord du bateau "AMASTY",
les
pèlerins eurent l'opportunité de visiter : au Maroc la Mosquée construite par Moulaye Hassan
en
1315 Hégire, en Egypte les tombeaux du Prophète Daniel, celui de Luqman, de Mouhammad
Busri
et Abdoul Abbas Al-Masri à Alexandrie ; puis au Caire le mausolée de Ahmad Al-Bakari, celui
du
Compagnon du Prophète (PSL) Umar Ibn AL-?AS, de Sidi Kalil, de Rokhaya soeur de Hassan,
de
Hussein puis l'Université Al-Azhar. Ils visitèrent naturellement le tombeau du Prophète (PSL) à
Médine
puis ceux de ses Califes "Râchidoûn" (Bien-Guidés), des compagnons, ceux de la famille du
Messager (PSL) puis la première Mosquée construite par le Prophète (PSL): Al-Khoubâ.
El Hadj Fallou eut même le rare privilège de pénétrer le 21 mai à l'intérieur sacré de la Kaaba
où il
effectua 8 rakkas.
Les liens qui unissaient Serigne Fallou à son aîné (le Calife) Cheikh Mouhamadou Moustapha
dépassaient à telle enseigne le seul cadre de la consanguinité que le Calife lui demandait très
souvent de baptiser les nouveaux villages qu'il créait. Serigne Fallou écrivit ainsi à l'occasion de
l'inauguration de Taïf : "Ô toi qui erres dans la crainte des calamités de ton temps, trouve refuge
chez le Calife Moustapha à Taïf." Il réitéra ainsi avec le successeur de BAMBA les liens
d'allégeance et d'affection profonde qui l'unissaient à son père, dévouement qui se traduisit
notamment par son adhésion totale à l'effort d'édification de la Mosquée avec son frère dont il
fut, un jour de 13 juillet 1945, préposé à la succession.
En 1945, Serigne Fallou, devenu second khalife, se plongea corps et âme dans la poursuite
des travaux de la Grande Mosquée. Il eut l’insigne bonheur, le 7 Juin 1963, d’en procéder à
l’inauguration et d’y diriger la première prière. Son khalifat est encore évoqué de nos jours
comme une période particulièrement faste pour le pays. Tous les Sénégalais, toutes
confessions et toutes ethnies confondues, le considèrent comme un vrai thaumaturge, un
homme qui a reçu du Créateur le pouvoir de faire des miracles.
Les vieux se rappellent que son avènement a coïncidé avec l’éradication de l’épidémie de peste
qui a décimé le pays vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale. La famine qui menaçait la
population a alors pris fin et cela a marqué le début d’une ère de prospérité économique, de
sécurité alimentaire et d’absence de calamité marquante. Les jeunes générations, qui n’ont pas
le bonheur de l’avoir connu, recueillent des témoignages le décrivant comme un grand-père
débonnaire, à la générosité absolument indescriptible, auprès duquel toutes les détresses ont
trouvé solution.
N’était-il pas le recours de tous les sénégalais, quelle que puisse être leur origine, contre les
abus de l’Administration ? Pourquoi l’a-t-on surnommé "na am mu am, du am du am" ? Il était
crédité du don de Dieu de voir se réaliser toutes les prières qu’il formulait, comme s’il donnait
des ordres aux éléments. Les exemples sont nombreux pour attester de ce don. Combien de
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fois a-t-on fait état de paysans venus solliciter ses prières pour déclencher la pluie à un moment
où une trop longue pause pluviométrique avait commencé à installer l’inquiétude dans leurs
cœurs ? Ce qu’il s’en est suivi chaque fois est encore présent dans les esprits : une abondante
pluie qui contraint les solliciteurs à regagner leur village au triple galop sous la bourrasque,
alors que, quelques instants auparavant, rien ne laissait prévoir un tel déchaînement des
éléments.
Nombreux sont les gens qui vivent avec la conviction qu’il suffit d’invoquer Serigne Fallou en
l’appelant par son sept fois, pour obtenir réalisation de ses vœux. En tout cas, le souvenir de
son fils aîné, surnommé Serigne Modou Bousso Dieng est encore frais dans nos mémoires. Il a
hérité de son père l’appellation "na am mu am, du am du am" : il a démontré à l’envi qu’il lui
suffisait de formuler un vœu pour en voir la réalisation.
Ne soyez donc pas surpris si l’on vous dit que Serigne Fallou avait le pouvoir de parler aux
animaux. A ce propos, ses contemporains rapportent un fait surprenant certes, mais très
édifiant. Des talibés sont venus un jour se plaindre auprès de lui d’un cheval rétif, par la faute
duquel les travaux d’emblavure d’un champ qu’il leur avait confiés avaient été sérieusement
retardés. En effet, l’animal s’était montré particulièrement récalcitrant à tirer le semoir auquel il
avait été attelé. Le marabout le fit venir et, le prenant par la bride, lui adresse cette harangue :
"N’as-tu pas honte ? Là où personne ne veut être en reste pour gagner les grâces de Serigne
Touba, toi qui as l’opportunité de t’impliquer, tu refuses de donner ton concours ! Vraiment tu
me fais de la peine ! Je te plains !" Les témoins abasourdis virent le cheval baisser la tête,
rabattre ses oreilles et verser de chaudes larmes de repentir. Il fut désormais presque
impossible de ramener à la maison à la fin d’une journée de travail : pris d’une ardeur
inextinguible, il refusait s’arrêter de travailler quand, au coucher du soleil les talibés exténués ne
pensaient qu’à regagner leurs chaumières.
Ce guide charismatique a laissé le souvenir d’un homme convivial, doté d’un très grand sens de
l’humain et particulièrement doué pour trouver le bon mot destiné à détendre l’atmosphère et à
mettre à l’aise ses interlocuteurs. Combien de fois a-t-il sorti d’affaire des justiciables sur le
point de connaître les affres de l’incarcération, non pas pour assurer l’impunité à des malfrats
mais pour donner une seconde chance à des citoyens qui, pour avoir une fois trébuché, n’en
sont pas, pour autant, devenus irrécupérables pour la société ? Sous son magistère, la ville de
TOUBA a connu un développement très important. En effet il a fait procéder au lotissement et à
l’électrification de la cité tout en améliorant les infrastructures existantes. Il a fait bitumer les
routes et a installé un premier forage à Darou Manan pour l’approvisionnement en eau. La
Grande Mosquée porte sa marque indélébile : elle lui doit les cinq majestueux minarets qui la
signalent à des kilomètres à la ronde et dont la plus grande est dénommée Lamp Fall, en
hommage à Cheikh Ibra FALL, le fondateur de la Confrérie des Baye Fall.
Selon l’exemple de son Maître et de Serigne Mouhammadou Moustapha, le premier khalife, il a
eu, lui aussi, à créer des villages - Daara très prospères dont nous retiendrons : Ndindy,
Madinatou Salam, Alia Mbepp, Touba Bogo. Ces daara étaient le plus souvent supervisés par
des anciens talibés de Serigne Touba.
Il est à noter que les revenus générés par ces exploitations ont été utilisés à financer la
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construction de la Mosquée ou à soulager les talibés en difficulté ou encore à entretenir les
nombreux Maures que le Cheikh a ramenés de son séjour à Khomack. Cet être d’exception
nous a quittés en 1968 pour rejoindre, nous en sommes persuadés, les rangs des bienheureux
Combattants de Bedr.
D’où tirons-nous une telle conviction ? De la relation d’un événement, authentifiée par la
crédibilité incontestable des témoins oculaires. En effet on raconte qu’un des vieux disciples du
Cheikh avait pris la malencontreuse habitude de se prévaloir de son âge chaque fois qu’il
s’adressait à Serigne Fallou. Il n’était pas rare, chaque fois qu’il évoquait un événement ancien,
de l’entendre dire, avec une pointe d’ironie, au Khalife : "Evidemment, tu es trop jeune pour t’en
souvenir... Au moment où cela se passait, tu n’étais pas encor né....Certes, tu es le Khalife,
mais moi, je suis ton doyen par l’âge... "
Ceux qui connaissent Serigne Fallou savent qu’il se déplaçait avec une légère claudication,
dont personne au demeurant, ne connaît la cause. Un jour, alors que le vieux talibé, à son
habitude dissertait sur son âge respectable par rapport à l’extrême jeunesse du Khalife, celui-ci,
excédé, rétorqua : "Où étais-tu, toi qui si âgé, lorsqu’à la Bataille de Bedr, je recevais cette
blessure à la jambe ?" Et, joignant le geste à la parole devant une assistance médusée, il
exhiba une cicatrice à sa jambe.
Personne, pas même ceux qui l’ont vu naître, ne se souvient que Serigne Fallou ait jamais été
blessé à la jambe, de toute sa vie. Que faut-il en conclure ?
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