Saint Sébastien, saint Antoine

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Saint Sébastien, saint Antoine
fiche de visite
Saint Sébastien, saint Antoine,
Retable d’Issenheim
De part et d’autre de la Crucifixion, deux figures sur des socles, comme des statues.
Saint sébastien montre que l’on peut accepter sereinement la souffrance, et Saint Antoine lui, sait tenir à
distance le malin et la maladie : Il reste imperturbable alors qu’un démon -femelle qui plus est- veut
pénétrer (il a brisé la vitre) pour le tenter et l’agresser.
Ils encadrent l’horrible scène de désespoir de la crucifixion ; on peut garder confiance.
Ils sont là tous les deux, comme deux recours solides, en exemple et en soutien.
Fenêtre ouverte, sur le ciel
et le paysage,
corps offert.
L’étoffe lègère couvrant saint
Sébastien n’est pas retenue,
elle flotte, fluide. Le corps de
saint sébastien presque nu
s’offre, serein, aux flèches du
malin : le feu du ciel.
Fenêtre fermée aux agres sions,
corps protégé.
La main de saint Antoine
tire le pan du lourd manteau qui l’enveloppe et le
referme sur son corps.
Saint Antoine a le pouvoir
de protéger des feux, quels
qu’ils soient.
Saint Antoine est représenté
quatre fois dans l’ensemble
du retable, sa physionomie
est ici massive et rude, proche de celle de sa représentation sculptée de la
caisse du retable.
Son aspect paraît plus
élégant, délicat, dans les
panneaux de la Visite à
saint Paul et de L!Agression.
Sébastien était un soldat
romain : il avait été condamné à mort pour s’être
converti à la foi chrétienne.
Mais transpercé de flèches,
il était toujours vivant !
Depuis ce matyr et ce miracle, il symbolise la capacité
à endurer la souffrance : un
exemple à suivre pour les
malades présentés devant le
retable.
Une première présentation ancienne du retable au musée montrait ses
deux panneaux inversés ; à droite , ou à gauche, à gauche ou à droite ?
Aucun document d’origine n’est là pour répondre à cette question.
Mais aujourd’hui, la plupart des spécialistes s’accordent à privilégier cette
solution en fonction de plusieurs indices, en particulier la position des deux
fenêtres présentes, qui semblent ainsi s’ouvrir vers un extérieur, hors
champ.
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MIEUX VOIR LE TRAVAIL DU PEINTRE
Les dessins préparatoires montrent que Maître Mathis
n’hésite pas à transformer la réalité observée, il allonge le
poignet gauche, les deux mains s’écartent, le geste
acquiert une grâce aérienne.
La grisaille : c’est une
technique picturale (un
seul ton de gris est modulé, par mélange avec du
blanc, en camaïeu) qui
donne l’illusion de la
sculpture. Mais
Grünewald, à la différence d’autres peintres, ne
traite en grisaille que certains éléments, le socle,
la colonne. Il oppose à la
pierre inerte les figures,
colorées, vivantes.
Les socles sont constitués de
complexes agencements
mobilisant les ressources de la
perspective. Une végétation
envahissante perturbe ces
jeux géométriques rigoureux.
SAVOIR ET COMPRENDRE
La tradition voudrait que l’on
soit ici en présence d’un
autoportrait du peintre, mais
nulle preuve scientifique ne
permet de l’affirmer.
Des flèches :
elles transpercent le corps, mais
elles ont ici valeur de symbole :
elles transmettent la maladie (les
feux du ciel : la peste en particulier, le mot peste recouvrant au
moyen-âge diverses maladies).
Une symbolique existe encore
aujourd’hui : un cœur percé d’une
flèche évoque des feux ...
plus doux.
Le paysage offre au regard qui
était posé sur la dure image
de la crucifixion, la possibilité de
s’échapper vers des lointains,
doux et vaporeux...
Deux conceptions opposées de la figure humaine
Tournée vers la renaissance italienne ?
Saint Sébastien par ses proportions et son rapport au
paysage semble trouver sa source en Italie.
Encore rattachée au monde gothique?
La figure massive de saint Antoine occupe tout l’espace de la
peinture comme une statue dans sa niche, un espace fermé.
Mais Grünewald a-t-il fait, lui-même, ce voyage en Italie? Nul document écrit ne l’atteste, mais sa peinture
prouve sa connaissance de certaines œuvres et artistes de la Renaissance italienne.