Le scandale de la viande de bœuf qui n`en était pas
Transcription
Le scandale de la viande de bœuf qui n`en était pas
EDITO Le scandale de la viande de bœuf qui n'en était pas U n scandale à l'échelle européenne secoue depuis plusieurs semaines les autorités sanitaires de tous les grands pays européens, la filière de l'industrie agro-alimentaire et les consommateurs de viande de quasiment tous les pays d'Europe. Jusqu'ici sont épargnés seulement ceux qui ont fait le choix de payer une viande davantage contrôlée et parmi ceux-là, la totalité de ceux qui mangent casher. La " tromperie économique " organisée à vaste échelle fait apparaître de nombreux acteurs et intermédiaires de différents pays européens et porte en France au moins sur 750 tonnes de viande de cheval dont 550 ont servi à la confection de 4,5 millions de plats cuisinés prétendument à base de bœuf. Chaque jour apporte son lot de révélations : après les surgelés, les plats préparés, les restaurants via le numéro 1 mondial de l'industrie agro-alimentaire. Tout dernièrement voilà que le scandale européen s'exporte à Hong Kong où l'on dénonce l'absence de tests de détection de médicaments vétérinaires du fait de l'origine frauduleuse de la viande. Car derrière la fraude économique et la tricherie auprès des consommateurs, il y a potentiellement risque sanitaire. Certaines substances présentes dans des carcasses d'équidés peuvent être dangereuses pour la santé humaine. En France, des carcasses en provenance du Royaume Uni et contenant ce puissant antidouleur pour les chevaux ont été saisies et détruites par les autorités sanitaires. A Londres, la police a procédé à des interpellations après que des millions de faux steak de bœuf ont été découverts et retirés du marché et que des hôpitaux comme des cantines scolaires ont été livrés sans connaissance de cause, ni tests sanitaires préalables. Avis aux consommateurs juifs et non juifs, cette fraude qui consiste à faire PAR JOËL M E R GUI* passer des vessies pour des lanternes et du cheval pour du bœuf est tout simplement impossible dans la filière casher. Les règles alimentaires très strictes du Judaïsme imposent le respect de l'animal et celui du consommateur. Être sensible, l'animal n'est pas une “chose” dont la “destruction” serait banale. Non seulement une bête ne doit pas souffrir au moment d'être abattue, mais sa vie ne peut lui être ôtée par une machine. Seul un homme formé rigoureusement, respectueux des lois et conscient de la portée de son geste peut abattre “religieusement” des animaux pour les rendre propres à la consommation. Depuis les récents procès faits au casher, une formation spécifique et obligatoire permet à tous les opérateurs d'abattoir de se former à la protection animale. Double niveau d'exigence pour nous, cette formation est vécue par notre filière comme une compétence supplémentaire et évidente. Ni blessé ni maltraité, l'animal ne doit présenter aucun signe de maladie pour être “conforme”, autrement dit casher. C'est pourquoi une surveillance particulière s'exerce en amont mais aussi de la viande casher. C'est justement en raison de ce coût élevé que l'industrie agro-alimentaire ne peut dégager de forte marge. Strictement encadrée et peu rentable dans un système économique utilisant la loi de l'offre et de la demande par le jeu de sous-traitants et d'intermédiaires, la cacherout est entièrement supportée par ses consommateurs. Au regard du scandale de la viande de cheval déguisée en bœuf, les nombreuses polémiques autour de la viande casher devraient cesser et au contraire mettre en valeur un système de traçabilité, de fiabilité, de confiance et de qualité qui avait d'ailleurs fait ses preuves au moment de la crise sanitaire de la vache folle. Aucun consommateur de viande bovine casher n'avait été touché. Parce qu'ils achètent casher, les consommateurs sont assurés de trouver du bœuf sous l'étiquette bœuf et pas un "minerai" dont la composition est douteuse et opaque. Ils sont certains de ne pas êtres les dupes de fraudes massives, où la rentabilité à plus de valeur que les valeurs elles-mêmes. Les consommateurs américains non juifs ne s'y trompent pas : ils achètent, très nombreux et depuis longtemps, les produits casher américains En achetant casher, les consommateurs sont assurés de trouver du bœuf sous l'étiquette bœuf sur la viande elle-même, qui ne doit présenter aucune lésion impropre à la consommation casher. Une fois la viande vérifiée, tamponnée, scellée, le processus de contrôle est loin d'être achevé puisque la surveillance doit être stricte et constante jusqu'à l'assiette du consommateur casher. Au sortir des abattoirs comme à l'entrée des boucheries ou des chaînes de production, un contrôleur qualifié veille au strict respect du cahier des charges casher. Différentes étapes de contrôle sur la nature et la qualité des matières premières -sous la supervision d'un surveillant qualifié- garantissent une traçabilité constante et justifient le coût plus élevé synonymes à leurs yeux de qualité et de transparence. Aujourd'hui la cacherout anglaise observe avec satisfaction que la population anglaise non juive se reporte sur la viande casher anglaise. Du monde anglo-saxon - pour qui la consommation de cheval est taboue comme le porc l'est à d'autres- viendra peut-être la preuve que l'on peut être à la fois un consommateur averti, un défenseur des animaux et un esprit laïc ouvert. Reste que l'autre grand scandale dans cette affaire est d'avoir sacrifié et gaspillé la vie de plusieurs milliers de chevaux pour réaliser un profit frauduleux. -*Président du Consistoire I N F O R M A TIO N J U IVE F évrier 2 0 1 3 5